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Early Modern Parisian Soundscapes

 

Recueil

de

Chansons,

Vaudevilles, Sonnets,

Epigrammes, Epitaphes

Et autres vers

Satiriques & Historiques

Avec des remarques curieuses

Années 1715 et 1716

Vol. XIII

 

Ordonnance                1715                     [1]

Le Pere le Tellier, veüe et aprouvée par toutes les Facultez du monde.

1.o Prendra le bon Pere, tous les jours 6. onces de Manne dans un bouillon rafraichissant, pour radoucir sa poitrine.

2.o Trois Lavemens par jour, composez d’huille de grace, et de miel de Narbonne, pour nétoyer ses Intestins.

3.o Ira prendre l’air à Germini Dioceze de Meaux, ou chez un autre Prélat de ses amis, pour laisser reposer sa teste.

4.o Se fera ouvrir la veine du chef, du pied ou du Coeur, pour éviter le transport.

5.o Se baignera tous les jours dans l’eau de la Samaritaine, pour apaiser la chaleur de ses Entrailles.

6.o Usera de Tisanne faite avec du Chiendant qui croit au Port Royal des Champs, pout uriner facilement.

7.o Se purgera trois fois en pleine Lune avec 30. grains de Tarte émétique, 50. grains de Laudanum, 13. onces de Catholicum fin, 4. dragmes de crocus metalorum, pour évacuer l’atrabile qui le dévore.

8.o Usera d’élébore en guise de Tabac pour purifier son cerveau.  [2]

9.o Mangera tous les jours du potage aux éscrevisses et aux vipers, pour lui rafraichir le sang.

10.o Prendra tous les jours double doze d’opium, pour le faire bien dormir.

11.o Prendra de l’eau de Forges, ou de Bourbon avec le lait d’Anesse, ou de Truite, pour lui renouveller le temperemment.

12.o N’ecoutera surtout le dit Pere aucune confession, ni ne vacquera à aucune affaire ecclesiastique durant tout le tems des remedes, ce qui seroit tres préjudiciable à sa santé.

13.o Et si enfin tous ces remedes ne produisent aucun effet, ce qui pourroit arriver a cause de sa mauvaise constitution, il se retirera à la Fleche, où il ira humer pour toujours l’air natal en basse Normandie.

 

Combat à mort              1715                    [3]

de Dame Constitution.

Messieurs et Dames, vous êtes avertis que Dimanche prochain 1.er Septembre 1715. à huit heures précises du matin, on vous donnera le divertissement d’un grand Combat et le plus terrible que vous ayez jamais veu; C’est un animal sans pareil, qui a êté amené d’Italie par la Grande Trope des S.rs Ignaces qui ont eu l’honneur de jouer devant tous les Princes de l’Europe. Les S.rs Ignaces jaloux de la réputation de nos Chiens qui ont écrasé tous les animaux qu’on leur a présentez, ont fait venir ce monstrueux animal dans l’espérance de les détruire. Il est vray qu’il est épouvantable. Il a 101 testes, son poil est en partie blanc et en partie noir, son regard est foudroyant, ayant une queüe toute hérissée d’anatêmes: Il est seul de son espece, on l’apelle Clementine. Il sera secondé dans le Combat par un Renard nois qui a 3. Cornes, et qui est un animal le plus malin qu’on ait pû trouver dans le Renard. Il sera aidé par un Lion prodigieux qui a fait trember bien du monde; Mais nous sommes si persuadez de la bonté dt de la valeur de nos chiens, que nous ne doutons

                                                                    [4]

point de sa défaite, ce qui ne pourra pourtant arriver qu’aprés la mort du Lion, Le Renard vous fera voir un beau jeu d’artifice, et les Chiens seront menez au combat par un autre Animal qui paroist tres doux. Il a le corps rouge, et la teste blanche, avec cette douceur aparente, vous serez émerveillé de voir avec quelle fierté et constance il se conportera dans la Bataille. à Versailles dans une Maison, où pend pour enseigne le Grand Louis.

 

Vera                      1715                                 [5]

Au sujet de la constitution.

La constitution a fait mourir le Roy,

C’est Fagon qui l’accuse, et Baudin en fait foy:

Il faut par de nouveaux suplices

La punir et tous ces complices.

A quatre chevaux autrefois

Fut tiré l’assassin du meilleur de nos Rois;

Mais Louis ne veut pas qu’on vange ainsi ses mânes.

Or puisque quarante ignorans,

Un jaquette noire et deux rouges soutanes,

De cette meurtriere êté les garands,

Soit dit qu’elle sera par eux comme autant d’asnes

Escartellée à belles dents.

 

Sur la Constitution                      1715                          [6]

Jadis le Pape Pie aux ventres dévoyez,

Fit faire des privez d’un salutaire usage;

Clement XI. aujourd huy pour achever l’ouvrage

Fournit des torcheculs qu’on avoit oubliez.

 

Billet                                           1715                            [7]

d’enterrement de Dame Constitution.

 

Messieurs et Dames.

Vous êtes prié d’assister au Convoy, service, et enterrement de Dame Constitution fille naturelle du Pape Clement XI.e qui se fera dans l’Eglise des Jesuites, rue S.t Antoine, M.r l’Archevesque de Bordeaux Officiera, les R. P. Doucin et le Tellier meneront le deuil, et le M.r le curé *vivans de S.t Médéric sera l’oraison. Funebre, elle est morte de chagrin d’avoir perdu 77. pour 100.

M.r l’Archevesque de Paris à beaucoup gagné à cette mort, il a êté nommé à l’Abbaye de Notre Dame de la Victoire; l’Abbé Servient à l’Abbaye de Vatan, en attendant mieux; M.r de Targny revient de Rome en poste pour lui jetter de l’eau benite.

                                                    Requiescat in pace.

 

Epitaphe                          1715                   [8]

de la Constitution.

Cy gist Dame de grand renom,

Mauvaise Constitution,

Fille du Diable, ou d’un Jesuite,

Flateur, scélerat, hipocrite;

Je croirois même avoir bien du,

Si je l’apellois sodomite;

Puisque mal du nom de satan l’estant aussi,

Ce n’est que d’eux qu’elle est sortie.

Passant plaignez son triste sort.

Elle se croyoit déja Reine;

Mais quand elle vit le Roy mort,

Cela lui a fait tant de peine

Que tout lui déplaisant icy

Elle a voulu mourir aussy.

 

Vers                         1715                            [9]

Si l’Université de cette grande ville,

Abatit le Poirier qu’on estime si peu,

Ce fut obeir à ce mot d’évangile;

L’Abre de mauvais fruit soit jetté au feu.

 

Plainte                            1715                             [10]

des Jesuittes contre le Peintre du Portrait du Roy.

 

Peintre d’où vient que ton pinceau?

Exécuter de tes ouvrages

Ne represente en ce Tableau

Qu’un Roy, où il faut les trois Mages?

 

Reponse

Mes Peres, c’est que vôtre couteau,

Exécuter de vôtre rage

En ayant deux au Tombeau,

Il n’es pas d’avantage.

 

Contreveritez                            1715                          [11]

Aux Jesuittes Franςois accorde ton estime.

Tourne au plutost casaque à l’adverse parti;

Aime jusqu’à l’excez quiconque est leur intime

Noailles qui les attaque, a le coeur perverty;

Tient pour un franc Payen Quesnel qui leur résiste.

Bochart qui les épaule, est sans ambition;

Estime homme de bien Tellier qui les assiste;

Celuy qui les controlle est sans religion;

Croit saint, et immortel Escobar leur grand Pere.

Cyran leur adversaire, est peut être en enfer.

Croit bien haut dans le ciel Tambourin leur confrere,

Pascal qui les fit taire, est avec Lucifer.

 

Sur les Jesuittes                     1715                                [12]

Démons, Démons quittez vos fers,

A un souper je vous invite;

Proserpine dans les enfers

Vient d’accouncher d’un Jésuite.

 

Autres

C’est donc vous Troupe sacrée,

Qui en voulez vous au coeur des Rois?

D’un vieux Cerf aprés les abois

On en donne aux chiens la curée.

 

Autres

Un compagnon du Pere Ignace,

A juré sur ses grands Dieux,

Que Louis avoit pris place,

Au plus éminent des cieux.

Son frere, lui dit, qu’en/ le croyez vous, Pere?

Pour moy je n’en crois rien:

Ou le Diable avec sa proye

A êté volé en chemin.

 

Sur le Pere le Tellier                 1715                      [13]

Tellier n’est il pas si habile homme,

D’avoir fait de si grands efforts?

Avec tout son crédit de Rome,

Pour n’estre qu’un garde du corps.

 

Vers                                1715                                [14]

Vous auriez pû grand Roy

Suivre Jesus et sa Loy,

Sans tant aimer sa compagnie;                                    les Jesuittes

On ne l’a connoît pas aux cieux,

Si du monde on l’avoit bannie

Vous et chacun en seroit mieux.

 

Epitaphe                    1715                          [15]

du P. le Tellier

Cy gist le Tellier d’exécrable mémoire,

En deux mots voicy son histoire.

Il fut un fourbe déloyal,

Il tourmenta l’église, abatit Port Royal;

J’admire par quelle avanture,

Son corps repose en ce Tombeau;

Il devoit être la pasture

Ou d’un vautour, ou d’un corbeau.

 

Sur le Portrait du P. le Tellier.        1715               [16]

Ce fourbe dont tu vois la figure hipocrite,

Osa duper un Pape, osa tromper un Roy:

Il fit tous ses efforts pour renouveller sa Loy.

Quoi depos! il fut bon Jésuitte.

 

COURSILLONNADE                      1715                   [17]

Par Harouet

Ȏ du Théatre aimable souveraine,

Belle du Clos fille de Melpomene,

Puissent par vous, ces vers être goutez!

C’est la justice amour les a dictez.

Ce petit Dieu de son aisle legere,

Un Arc en main parcouroit l’autre jour

Tous les recoins de vôtre sanctuaire,

Loges, Foyez, Théatre, tour à tout;

Un chacun scait que ce joly séjour

Fut de touts tems du ressort de Cithere.

Hélas! amour, que tu fus consterné,

Lorsque tu vis ce Temple profané,

Et ton rival de son culte hérétique,

Establissant l’usage frénétique,

Accompagné de ses menins chéris,

Fouler aux pieds les Mirthes de Cipris,

Prés du jourdain, prés d’un climat fertile

Cet ennemi depuis tant renommé,

Elût, dit-on, son premier domicile:

Mais par le feu son pais consumé,

Ne scait comment, fur en Lac transformé.

Ce trait n’est point dans la métamorphose:

Mais gens de bien m’ont expliqué la chose,

Tres doctement, et partant ne veux pas,             [18]

M’écroire en rien la verité du cas.

Qu’ainsi ne soit chassé de son azile

Le pauvre Dieu courut de ville en ville.

Il vient en Grece: Il y donna leςon

Plus d’une fois à Socrate, à Platon.

Et puis aprés il fit sa résidence,

Tantost à Rome et tantost à Florence,

Cherchant partout, si bien vous l’observez,

Peuples polis, et par art cultivez.

Maintenant donc le voici dans Lutece,

Séjour fameux des effrénez désirs,

Et qui vaut bien l’Italie et la Grece,

Auoiqu’on en dise, au moins pour les plaisirs;

Là pour tenter nôtre foible nature,

Ce Dieu paroît sous humaine figure.

Et si n’a pris Bourdon de Pelerin

Comme autrefois l’a pratiqué Jupin,

Quand voyageant aux bas lieux où nous sommes,

Quitta les cieux pour éprouver les hommes,

Trop bien il s’est e Marquis déguisé,

Leste équipage, et chere de satrape,

Chez nos blondins l’ont impatronisé

Comus, Silene, Adonis, et Priape,

Sont à sa table, où Messer Apollon

Vient quelque fois joüer du violon

Au demeurant il est haut de corsage.

Bienfait, et beau, l’amour dans son jeune âge                                [19]

Pour compagnon l’auroit pris autrefois,

Si de l’amour il n’eût brave les Loix:

Dans ses yeux brille et luxure et malice;

Il est joyeux, et de gentil maintien.

Faites êtat qu’il ne défaut en rien,

Fors qu’on m’a dit qu’il lui manqué une cuisse.

Finalement on voit de toutes parts

Jeunes mignons suivre ses étendarts,

Dont glorieux il paroît à tout heure

Sur ce Théatre aux Muses destiné,

Où par racine en triomphe amené

Le tender amour a choice sa demeure.

Que dis-je hélas! l’amour n’habite plus

Dans ce réduit, désespéré, confus,

Des fiers succés du Dieu, qu’on lui préfere

L’enfant aisle s’est enfuy chez sa mere

D’où rarement il se montre icy bas.

Belle du Clos, ce n’est que sur vos pas

Qu’il vient encore par fois souvent pour vous entendre,

Du haut des cieux, j’ay veu ce Dieu descender

Sur ce Théatre, il vole parmy nous,

Quand sous le nom de Phédre, ou de Monime,

Vous partagez entre Racine et vous

De nôtre encens le tribute légitime.

Que si voulez que cet enfant jaloux

De ces beaux lieux désormais ne s’envole

Convertissez ceux, qui devant l’idole                                 [20]

De son rival ont fléchi les genoux.

N’etes pour rien Pretresse de son temple:

A l’hérétique il faut prescher d’exemple.

Or venez donc avec moy, quelque jour,

Sacrifier à l’autel de l’amour.

 

Vers                         1715                             [21]

Par Harouet

 

Usé du jeu que pratiquoit Socrate,

Un Moliniste auprés d’une béate,

Par maint effort excitoit au plaisir

Nature lente a suivre son désir.

Tant lente êtoit, qu’encore seroit gisante

Sans le secours d’une main bienfaisante,

Cela dit lors le caffard transporté,

Ouvre à mes yeux le secret de la grace.

La suffisante auroit par bleu rate,

Si dans sa main n’eût trouvée l’efficace.

 

Le Parnasse                       1715                         [23]

Par Harouet

 

Pour tous Rimeurs habitans du Parnasse;

De par Phebus, il est plus d’une place,

Les rangs n’y sont confondus comme icy,

Et c’est raison feroir beau voir aussi

Le fade auteur d’un sonnet ridicule,

Sur même lit couché prés de Catule,

Ou bien la Mothe ayant l’honneur du pas,

Sur le harpeur ami de Moecenas.

Trop bien Phoebus scait de sa république,

Regler les rangs, et l’ordre hiérarchique,

Et dispensant honneur et dignité

Donne à chacun ce qu’il a mérité.

Au haut du Mont sont fontaine d’eau pure,

Rians jardins, non tells qu’à Chastillon

En a planté l’ami de Crébillon,

Et dont l’art seul a formé la parure.

Ce sont Jardins ornez par la nature;

Là sont Lauriers, Orangez toujours verds.

Anacréon, Virgile, Horace, Homere;

Dieux qu’à genoux le bon Dacier revere

D’un beau laurier y couronnent leur front.

Un peu plus bas, sur le penchant du Mont,

Est le séjour de ces esprits timides,

De la raison partisans insipidus,                            [24]

Qui compassez dans leurs vers languissans

A leur Lecteur font hair le bon sens.

A donc, amis, si quand ferez voyage,

Voua abordez la Poétique plage

Et que la Mothe ayez désir de voir,

Retenez bien qu’illec est son manoir

Là ses consorts ont leurs testes ornées

De quelques fleurs presqu’en naissant fanées,

D’un sol avide incultes nourrissons,

Et digne prix de leurs maigres Chansons;

Cettuy païs n’est païs de Cocagne,

Il est enfin au pied de la Montagne;

D’un bourbier noir l’infecte profondeur,

Qui fait sentir sa malplaisante odeur

A tous chacuns, fors à la troupe impure,

Qui va nageant dans ce Fleuve d’ordure.

Eh! qui sont ils ces Rimeurs diffamez?

Pas ne pretend que par moy soient nommez.

Mais quand verrex chansonniers, faiseurs d’odes.

Rauques corneurs de leurs vers incommodes,

Peintres, Abbez, Brocanteurs, Jettoniers,

D’un vil caffé superbes Cazaniers,

Où tous les jours contre Rome et la Gréce

Des médisans se tient bureau d’adresses:

Direz alors, en voyant tel gibier,

Cecy paroît citoyen du bourbier.

De ces Grimauts la croupissante race                            [25]

Et cettuy la incessamment croace

Contre tous ceux, qui d’un vol asseuré

Sont parvenus au haut du Mont sacré.

En ce seul point cettuy people s’accorde,

Et va chercher la fange la plus orde

Pour en noircir le Monins d’Hélicon,

Et polluter le Throsne d’Apollon:

C’est vainement. Car cet impur nuage,

Que contre Homere en son aveugle rage

La gent modern assembloit avec art,

Est retombé sur le Poëte Houdart:

Houdart ami de la troupe aquatique,

Et de leurs vers aprobateur unique,

Comme est aussi le Tiers estat auteur

Dudit Houdart unique admirateur.

Houdart enfin, qui dans un coin du Pinde,

Loin du sommet, où Pindare se guinde,

Non loin du Lac est asses ce dit-on,

Tout au dessus de l’Abbé Terrasson.

 

Epigramme                                    1715                                      [26]

D’amour et de mélancolie,

Selemnus enfin consumé,

En fontaine fut transformé;

Et qui boit de ses eaux, oublie

Jusqu’au nom de l’objet aimé;

Mais pour oublier Gbycerie

J’y courus hier vainement:

A force de changer d’amant

L’infidelle l’avoit tarie.

 

Chanson                                1715                                           [27]

Sur l’air: Quoiqu’elle n’ait point d’escharpe

 

L’Ambassadeur de Perse

Arrive dans Paris,

Crainte qu’à la renverse

Son Excellence tombis,

Sur un cheval d’Espagne

Il êtoit bien monté;

Comme sous Charlemagne

L’on vit pareille entrée.

 

Un Jeudy à dix heures

Monsieur de Matignon,

Avec l’Introducteur,

Furent en sa Maison;

En pompeux equipage

Suivis de leurs Laquais

Avec Messieurs leurs Pages

Qui avoient des plummets.

 

En une belle langue

Matignon plein d’esprit,

Fir une belle harangue,

Dont voicy la copie;

La charpente en est drolle,                              [28]

Car un nouveau recue

En a fait les parolles,

Elle est ainsi concüe.

 

Ouy à son excellence,

Le grand Roy des François,

M’envoye par preference

Vous faire des souhaits;

Vous conduire à la ville,

De la ville, à la cour;

Mais avant que d’y estre,

Font passer aux fauxbourgs.

 

En habit magnifique

La marche commença;

Mais par malheur tragique,

La pluye sur eux tomba;

Adieu la Mascarade,

Adieu les beaux habits;

Ce n’est plus Ambassade,

Ce sont des vras Chianslits.

 

Chanson                         1715                          [29]

Sur l’air: La curiosité

Sur l’Ambassadeur de Perse.

 

Du bout de l’univers, je vies voir grand monarque,

            Ta beauté;

Dans ta charmante cour, sans cesse l’on remarque,

            La rareté,

De mon affection, grand Roy, reçois pour marque,

            Ma curiosité.

 

Plus grand que Salomon, merveille sans seconde,

            Ta beauté;

Fait passer le Persan sur la terre, et sur l’onde,

            La rareté;

Tu mérites Louis de tous les Rois du monde,

            La curiosité.

 

Au moment que je vois ta Majesté brillante

            Ta beauté;

Tout ce que j’aperçois surpasse mon attente

            La rareté,

Je me sens enchanté, et mon ame contente,

            Ma curiosité.

 

Chanson                            1715                                 [30]

Sur l’air: Or escoutez petits et grands.

Sur la Samaritaine.

 

Arrestez vous icy passant,

Regardez attentivement,

Vous verrez la Samaritaine

Debout auprés d’une fontaine:

Vous n’en scavez pas la raison,

C’est pour laver son cotillion.

 

Regardez de l’autre costé,

Comme le Seigneur est posté,

En l’entretenant de la grace,

Il lui parle de l’efficace;

Mais il lui parle doucement

De peur de l’emprisonnement.

 

Chanson                       1715                           [31]

Sur l’air: A la façon de Barbarie etc.

Au sujet de la Constitution.

 

On dit que du Pape Clement

La Bulle est hérétique;

Et que Phillipe le Régent

Est un bon catholique;

Mais pour la constitution

La faridondaine la faridondon,

On la recevra dans Paris, biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Epitre                              1715                            [33]

Au Pere le Tellier

 

Ton crédit et ta gloire ont pris une autre face;

Rien ne peut, le Tellier, soulager ta disgrace;

L’Archevesque jouit d’un triomphe nouveau,

Quand le tient se détruit dans la nuit du tombeau,

Par tes Ordres cruels l’éloquence craintive

Laissa gémir longtems la vérité captive,

Elle recouvre enfin toute sa liberté.

L’Orage se dissipe, et lui rend la clarté.

Mais répond à présent, et montre nous quell titre,

Des principes de foy t’erigeoit en Arbitre;

L’exil et la prison signalant tes fureurs,

Punissoient l’innocent sous prétexte d’erreurs;

Tu versois le poison dans le sein de l’Eglise,

Sans que la plainte alors nous pût être permise.

Quels desordres, Ô Ciel! et que de lâchtez!

Livrant leur conscience a prix de Bénéfice;

Ils t’accordoient ainsi les plus honteux services.

Sur ton égarement, ouvre un moment les yeux;

Connois de ton esprit l’effort audacieux.

Il fait naître aujourd’huy ces funestes disputes

Qui nous causent toujours d’inévitables chûtes.

C’est lui qui n’escoutant que de faux préjugez

Abandonne au péril tant de gens engagez.

Quelle ardeur t’animoit, voila quelle est la suitte                     [34]

Qu’aporte à tes desseins cette aveugle conduitte?

Tu vois ce qu’à produit ta folle ambition;

De nos scavans Prélats elle romp l’union,

Et voulant tout ranger sous son obeissance,

De l’Eglise allarmée affoiblit la puissance.

Estoit-ce la comme il falloit prévénir

Les maux qui selon toy ménaçoient l’avenir?

Avoue icy plutost qu’une gloire trompeuse

Flatoit les sentimens de ton ame orgueilleuse;

Tu tâchois d’affermir ton pouvoir combattu,

Sur les tristes débris du mérite abatu;

Mais puisque ton projet avorte en sa naissance,

Desormais la retraite est l’unique asseurance.

Qui te reste pour fuir les ennemis jaloux,

Qu’arme contre toy seul un trop juste courroux.

 

Lettre                             1715                                [35]

d’un Jesuitte à un de ses Confreres de Province, sur la déroute de sa Compagnie.

 

Je t’escris, cher amy, les yeux baignez de pleurs,

Nous sommes arrivez au comble des malheurs,

Je le répete encore en répandant des Larmes;

Tout est perdu pour nous, il faut rendre les armes,

Il faut fermer l’ecole avec le tribunal,

Et donner gain de cause à notre Cardinal;

Quel chagrin! quelle malheur pour nôtre compagnie!

De chanter malgré nous une Palinodie.

Bientost nous allons voir Port Royal, rétably.

Nos tribunaux à bas, nos Colleges détruits,

Tellier à la Bastille, et Lallemand en cage,

L’un et l’autre faisant un drôle de ramage;

Bientost nous allons voir Jouvency dans les fers,

Et dans la fosse aux Lions, Daniel avec ses vers,

Dans peu nous pourons voir Quesnel avec sa clique,

Imposer au public, et nous faire la nique,

Les Tourneux, et du Guet, Nicole, et les Sacis,

Fleurir plus que jamais au milieu de Paris;

Jansénius enfin et la troupe arrogante,

Se moquer des Prélats, triompher des quarante,

Débiter au public leurs dogmes hérétiques,

Et remplir l’univers de Livres satiriques,

La canaille déja contre nous mutinée,                           [36]

Nous insulte partout faisant une huée,

Nous n’entendons aussi qu’injurieux brocards

Sur la société, fondre de toutes parts;

Déja les prétendus deffenseurs de la grace,

Ménaçant hautement de nous mettre en leur place,

Dans ces affreux cachots où nous les avions mis,

Par Lettres de cachet de l’aimable Louis,

Les portes en effet en sont toutes ouvertes,

Et à l’entrée du Roy on les a veu desertes;

Ah! quel malheur pour nous d’avoir das la Regence,

Un Prince tout remply de mérite et de science,

Un Cardinal encore, en dépit de Tellier

Premier dans le Conseil et tenir le cahier,

Passer dans l’univers pou un parfait modele,

De vertus, de douceurs, de science, et de zele,

Tous les Prélats enfin qui nous êtoient soumis

Rechercher les faveurs entrer dans les partis,

Nôtre société je t’en asseure enrage,

De ce voir a deux doigts d’un si triste naufrage;

Pour moy, qu’en pense tu, mon tres fidel amy,

Je ne suis pas encore dans le cas de l’édit;

Volontiers je feray une douce alliance

Dans le charmant séjour où je pris naissance,

Esprés je n’ai point pris aucuns ordres sacrés,

Pour pouvoir quelque jour m’establir à mon gré.

Je suis prest de porter le plumet et l’éspee,                         [37]

Ou d’aller demeurer dans une Isle esloignée;

Qu’en dis tu cher amy? de grace imite moy,

Profitons des bontés de nôtre deffunt Roy,

Le Prince avant sa mort par sa belle ordonnance,

L’accorde et le permet avec complaisance,

Et celuy d’entre nous qui las d’être pédant

Voudra vivre à sa mode, et devenir amant;

Mais fuyons les douceurs dans l’art de bien aimer,

Et pour faire bien mieux, songeons à nous lier

Par un heureux hymen a une chaste epouse,

Qui ne soit point coquette, avare ni jalouse,

C’est le moyen de vivre icy bas plus content,

Que ne peut jamais l’être un Jesuitte Régent.

Adieu donc pour toujours ma cher Compagnie

Puisqu’on est parmy vous si notté d’Infamie.

 

Chanson                              1715                           [38]

Sur l’air de l’Alleluia.

 

Les Jesuittes et les Maltotiers,

Auront le sort des Escoliers

Le Régent les étrillera.

            Alleluia.

 

Quand Phillipe Duc d’Orleans,

Aura chassé Ignace aux champs,

Tout Paris de joye chantera.

            Alleluia.

 

Tous les évesques Gallicans,

De Loyola les partisans,

S’en vont retourner, ça et là;

            Alleluia.

 

Que dira nôtre saint Papa,

Quand Loyola on chantera,

De chagrin il trépassera.

            Alleluia.

 

Chanson                              171                                 [39]

Sur l’air: de Joconde.

Au sujet de deux Assemblées de Sorbonne, du 2e. et 5 Décembre 1715.

 

En Decembe au prima mensis,

La Sorbonne Assemblée,

Par Humblot et par ses amis

Voyant la paix troublée

Prit sagement la balle au bond;

Et sans lâcheté nulle,

Pour refuter son faux dictum

S’explique sur la Bulle.

 

Ce jour donc, il fut dit tout net                         1.ere Assemblée

Librement et sans crainte,

Que par le précédent Décret

Obtenu par contrainte:

Icelle Constitution

Fut certes régistrée

Par des Lettres de Jussion,

Et non pas aprouvée.

 

Lorsqu’en suitte il fut quesion                           2.e Assemblée

Pour consommer l’affaire,

De revoir la conclusion,

Comme c’est l’ordinaire,                                    [40]

Quelques uns touchés en secret

De vive repentance,*

Condamnerent comme un forfait                     

Leur timide silence.

 

Ô que le spectacle en fut beau!

La Sorbonne scavante,

Se relevant de son Tombeau

Ne parut pas plus tremblante.

On la vit cette Faculté

A l’honneur de la France,

Parler avec liberté

Qu’eut Gerson à Constance.

 

Mais de tout cecy, que dira

A Rome le Saint Pere?

Sans doute il excommunira

Ces Docteurs par colere;

Ne craignons rien, le Parlement

Qui scait fort bien son thême,

Par un plus sage jugement

Levera l’anathême.

 

*l’Abbé Lembert dit, pudet me tandiu tacitisse………exterritus fui…… veniam peto. Le Curé de S.t Gervais, et deux autres l’imiterent.

 

Chanson Historique                    1715                           [41]

Sur l’air: Lan la. bis.

Au sujet de la Bulle Unigenitus du Pape Clement XI. et sur la disgrace de ses partisans.

 

La Bulle à plus d’un deffaut,

Qu’on chante aujourdhuy tout haut,

            Et contre la Foy,

            Et contre le Roy.

On l’a trouve exécrable;

J’en dirois plus encore, hé quoi!

Trop longue en est la Fable, lanla, bis.

 

Celle in Coena Domini,

Et l’unam sanctam aussi,

            Que nous rejettons,

            Que nous détestons,

Ne sont pas plus mauvaises,

Leurs ménaces tres méprisons,

Comme pures fadaises, lan la. bis

 

Concile Nationnal,

Vous ne ferez plus grand mal; 

            Car de Chauvelin,                          Avocat général dévoué aux Jesuittes.

            L’horrible dessein

Que levoit tout obstacle,                        [42]

D’abord est renversé soudain;

Comme par un miracle, lan la bis.

 

Ce beau mignon de Rohan,

Ce balon rempli de vent,

            Est pris par le bec,

            Fut il de Lameck;

Autant par sa naissance

Que de Conan-Mériadec,                                 Roy de la Bretagne dont une généalogie

La véritable engeance, lanla bis.                     fabuleuse fait descendre ce Cardinal

 

Que dirons nous de Bissy?

Pour moi j’en diray, fi fi,

            Thiard factieux,

            Thiard furieux,

Vouloit déposer Noailles;

Et se seroit fait à nos yeux

Lévesque de Versailles; lan la bis.

 

Le Prélat de Montpellier                                        Colbert de Croissy

N’a rien voulu publier:

            Ah! qu’il a bien fait,

            Son procedé net

Le rend tres respectable:

Et si son ouvrage il parfait,                                      [43]

Il est incomparable; lan la, bis.

 

Metz et Verdun qui d’abord,

N’ont pas assez fait d’efford;

            Se fortifieront,

            S’entrexciteront;

Et quoique Rome en grogne,

Engoulesme, Arras, se joindront

Avec eux, et Boulogne; lan la, bis.

 

Hélas! celui de Paris,

S’attirera le mépris;

Donnant sans raison,

.....................................

Explication au Décret du S.t Pere,

Dont jamais la Religion,

Rien de bon ne peut faire; lan la, bis.

 

Partisans de Molina

Vous puez comme kaka;

            Depuis que Clement,

            Que Noailles dément,

Disciple de Sfondrate*

A receu dans le Parlement

Un rude coup de patte; lan la, bis.

 

*Auteur du Livre intitulé Nodus predestinationis que 5. Prelats de France ont denoncé au Pape Innocent XII.

 

L’audatieux le Tellier,                            [44]

Qui nous faisoit tous plier,

Honteux et confus,

Ne se verra plus,

Traitter de Réverence;

Car le voila, dit on exclus,

Du Conseil de Conscience; lan la, bis.

 

Vers le Pape avec honneur

Targnu docte, ou bien Docteur,

            Envoyé du Roy,

            Revient chez Louvoi;

Et ne comprend pas comme,

Il trouve tout en désarroi,

A son retour de Rome; lan la, bis.

 

Retirez-vous à Pamprou*,                           *Ferme et maison en Poitou appartenante aux Jesuittes.

Peres dont nous avons prou,

            L’Allemant, Doucin,

            Daniel, Hardouin

Et vous grand Tournemine*,                       *Il a un air farouche, et l’ésprit violent.

D’esprit, de coeur, ultramontain,

Et dont pire est la mine; lan la, bis.

 

La Sorbonne en bref sera,

Hors de prise à ces gens là,                                * La Faculté de Théologie forcée par Lettres

            Et la Faculté*                                               de cachet a enregistrer la Bulle

            Mise en liberté,                                           [45]

Et le Sindie le Rouge,

Sans honneur, et sans dignité,

Renvoyé dans son bouge; lan la, bis.

 

Faisant un nouveau Recteur,

Poirier son prédécesseur;

            Se voit a l’instant,

            Couvert pleinement,

De la honte à lui deüe,

Que d’un commun consentement,

A long traits il a buë, lan la, bis.

 

L’Instruction des Prélats,

Dont ils faisoient si grand cas,

            Est a rémotis;

            Et tous interdits

D’une démarche lente,

Ils vont partir, adieu vous dis,

Nosseigneurs les quarante, lan la bis.

 

Pontchartrain l’eusse tu cru?

Don Jerosme est revenu;

            On revoit icy

            Thierri, d’Albriffi,

Turquois, Habert, Witaffe,

Bragelogne et Bidal aussi

Qui reprendront leur place; lan la, bis.              [46]

 

Quel revers souffre en ce tems,

Le Correcteur des Feuillants,                             l’Abbé Henriot

            Ce futur Prélat,

            Cet Experlucat,

Cet homme nécessaire:/ Tres digne des Galeres;

Henriault que fortune abbat;

Déplore sa misere, lan la, bis.

 

Nos Prélats et nos Docteurs,

Revenus de leurs frayeurs,

            S’en vont en repos,

            Gaillards et dispos,

Nous prescher l’évangile.

Auquel ils ont tourné le dos

Dans un tems moins facile, lan la, bis.

 

Les scavans, et bons curez,

Heureusement délivrez,

            Des Déclamateurs,

            Et Délateurs.

Réformeront les Theses

Des Mandarins Prédicateurs:

Qui s’emparent des chaises; lan la, bis.

 

Enfin l’église et l’état,                               [47]

Vont reprendre leur éclat;

            On verra la paix,

            Regner désormais

En tous lieux dans la France;

Et l’on ne se plaindra jamais,

De la sage Régence; lan la, bis.

 

Vera                         1715                           [48]

 

Cette Doctrine meurtrière

Qui de nos Rois jadis termina la carriere,

Par le fer et par le poison;

Moins sanglante, et non moins cruelle,

Avec la Constitution

Les perd pour vanger sa querelle.

 

Chanson                               1715                     [49]

Sur l’air: Dans le bel âge.

Sur toutes les Dames de la cour.

 

Mademoiselle de Tourpe, ou de Villefranche.

              S.te Facile

A tous venans disoit

Qu’elle êtoit fille;

De pas un ne vouloit;

Mais quand on la pressoit,

Et qu’au fait on venoit,

Pour peu qu’on fut habile

Toujours on la trouvoit,

            S.te Facile.

 

            Madame de Parabere, et Madame de Rupelmonde.

            S.te Nitouche

Quand sa mere aprochoit

Faisoit la souche

Pas un mot ne disoit;

Mais quand elle sortoit,

Et que seule elle êtoit

Autrepart qu’à la bouche

Bientost l’amant baisoit.

            S.te Nitouche.

 

            Madame de Courcillon.                 [50]

            S.te Modeste.

Prenoit honnestement

La main le reste,

Le tout avec un gand.

Pour rien n’auroit voulu,

Toucher un membre nud,

Cette beauté celeste

Fit si bien qu’on la cru,

            S.te Modeste.

 

Madame la Marechale d’Estrées.

            S.te Contente.

D’Amants choisy n’avoit

Que prés de trente.

A ce qu’elle disoit,

Dont elle recevoit,

Comme elle souhaitoit.

Tous les jours une rente,

Qui certes l’a rendoit.

            S.te Contente.

 

            Madame S.t Germain Beaupré, fille de Doublet Persan, fort laide.

            S.te Commune

A tous venans montroit

Qu’elle êtoit brune,

En plus d’un endroit,                            [51]

Au jour si l’on vouloit,

Assise, ou bien tout droit;

Et même au clair de Lune,

Toujours preste on trouvoit

            S.te Commune.

 

            Madame de Gacé.

            S.te Fringante,

Que tous les jours montoit,

Troupe riante,

Jamais ne se lassoit,

Dés que l’un finissoit,

L’autre recommenςoit,

Cette beauté charmante

A chacun se montroit

            S.te Fringante.

 

            Madame de Castelnau.

            S.te Eveillée.

Vingt fois d’amant changeoit

Dans la journée;

Pas n’estoit son forfait,

Jamais ne s’endormoit,

Toujours elle vouloit

Recevoir l’accolée,

Malheureux qui baisoit;

            S.te Eveillée.

 

            Madame de Nesle-Mailly.                       [52]

            S.te Commode.

Prestoit à tous venans

Selon leur mode,

La fesse ou le devant,

Assise ou bien debout,

Tout êtoit de son gout,

Cette douce méthode,

La fit nommer par tout.

            S.te Commode.

 

            La Princesse de Rohan.

            S.te Acroupie.

Sur son cul se tenoit

Pour quelqu’envie,

Jamais ne se levoit;

Mais quand on lui vouloit,

Dans un certain endroit,

Planter l’Arbre de vie,

Sitost debout êtoit.

            S.te Aeropie.

 

            Sur la même.

            Un Pucelage,

Est un oiseau leger,

Qui de sa cage,

Veut toujours s’envoller,

Faut le laisser aller,

Et ne lui point laisser,                            [53]

Croistre tout son plumage,

Si l’on veur dénicher;

            Un pucelage.

 

            Madame de la Vrilliere.

            S.te Bassette

A des démangeaisons,

Rien ne l’arreste

Pour apaiser son C....

Pour elle tout est bon,

Petits, moyens, et longs,

A f......... toujouts preste,

On trouve sans faςon,

            S.te Bassette.

 

            Sur la même.

            S.te Fidelle,

Pressé par son mary

Pour avec elle,

Passer toute la nuit,

Refuse ce parti

En s’ecriant Naugis.

Je seray toujours telle

Que je te l’ay promis,

            S.te Fidelle.

 

             Madame de Jonsac.                               [54]

            S.te Propete,

Tous les jours se servoit

De savonnette,

Et beaucoup en usoit,

Pourque certain endroit

Fut propre et plus étroit;

Aussi en amourette

Chaque amant la trouvoit

            S.te Propete.

 

            Sur la même.

            S.te Largette.

Dés longtemps se servoit

De savonnette,

Pour l’avoir plus étroit,

Son tems elle perdoit,

Point ne retressissoit;

Diable de la recette,

Toujours on la trouvoit,

            S.te Largette.

 

            Madame la Duchesse. Bourbon-Condé.

            S.te Féconde

Qui depuis si longtems

Peuple le monde,

Même aprés quarante ans,

Un cruel mal de Dents,                              [55]

Impose rarement;

Quoique le Roy en gronde,

Vous resterez toujours,

            S.te Féconde.

 

Madame de Berry.

            S.te Madelaine.

A tous venans donnoit,

La fine laine

Que son bichon portoit;

A elle rien n’avoit,

Car tres noble elle êtoit,

Et sans reprendre haleine,

Toujours se présentoit,

            S.te Madeleine.

 

            Mademoiselle de Clermont.

            Tout est aimable,

Chez vous charmante Iris,

Rien n’est semblable;

Mon coeur en est épris,

Mes yeux en sont surpris,

Et ce qu’on croyoit fable

Jusques à vos mépris,

            Tout est aimable.

 

            Mademoiselle de Charollois.                       [56]

            S.te Finette.

A les yeux pleins d’eclat,

L’humeur folette,

Et le teint délicat;

Si tu n’est pas ingrat,

Amour change l’estat,

De la jeune fillette,

Tirée du célibat,

            S.te Finette.

 

            Mademoiselle de Melun.

            S.te Pucelle.

Avoit bien résolu,

D’etre cruelle,

Tant qu’elle auroit vecu;

Mais un Moine passa,

Qui d’un coup l’engrossa,

Et puis dit à la belle,

Soyez avec cela,

            S.te Pucelle.

 

            Mademoiselle de Villefranche.

            S.te Pleureuse.

Un mouchoir à la main,

L’esprit resveuse,

Dans un coing du jardin,

Son amant la trouva,                                   [57]

De son amour parla;

Elle devint joyeuse;

Il nous manquoit cela,

            S.te Pleureuse.

 

           Mademoiselle d’Armagnac.

            S.te Glorieuse.

Redressée jusqu’aux dents,

Faisoit la pieuse,

Refusant ses amans;

L’histoire dit pourtant,

Qu’un fade courtisan,                              Ravetot

La trouve doucereuse

Ce qui depuis la rend

            S.te Glorieuse.

 

Madame de la Varenne-Bontemps.

            S.te Boudeuse.

N’a pas beaucoup d’esprit,

Est ennuyeuse;

Jamais ell ne rit,

Même avec son amant,

Elle parle en pleurant,

Et cette humeur resveuse,

Quitte tres rarement.

            S.te Boudeuse.

 

            Madame de Polignac.                          [58]

            S.te Gourmande,

Engloutissoit les voeux,

Et la demande,

De tous les amoureux,

Financiers, jeunes ou non,

Marquis, Ducs et Barons;

Enfin toute la bande,

Mésuroit tout du long,

            S.te Gourmande.

 

            Madame d’Arginy.

            S.te Mutine.

Aux yeux doux éveillez

Porte une mine,

Qui dit, Messieurs, baisez,

Elle seroit à tous,

Sans un mari jaloux,

Dont l’humeur l’assassine,

Qui jette au rendez vous

            S.te Mutine.

 

            Madame la Princesse de Rohan.

            S.te Chanteuse.

Qu’un tour de croupion

Rendu boiteuse;

Ne scait pas dir non;

Laquais, ou cavalier,                                    [59]

A chaussur à son pied;

Et pour la voir heureuse,

Il faut à ce métier,

            S.te Chanteuse.

 

            Madame de Monasterol.

            S.te Lubrique.

Qui preschoit S.t Germain,

Tres bien se pique,

D’aller à toute main,

Assise, ou bien debout,

Chacun voit à S.t Cloud,

La fameuse boutique

Où l’on baise partout,

            S.te Lubrique.

 

            Madame la Duchesse de Bourbon.

            S.te Féconde,

A tous momens conςoit,

Ce que l’amour faisoit,

Le bain le défaisoit;

Ainsy de tout le monde,

Jour et nuit concevoit,

            S.te Féconde.

 

            La jeune Princesse de Conty.                                [60]

            S.te Estourdy.

A tous venans disoit,

De ses amis,

Le mal qu’elle en scavoit,

Peu de sens elle avoit,

Car bien on lui rendoit

En racon tant sa vie;

Mais rien ne corrigeoit.

            S.te Estourdie.

 

            Madame la Duchesse jeune.

            S.te Agacente.

Du sang des demis dieux

Toujours contente,

A faire les doux yeux,

Se fait voir en tous lieux,

D’un souris gracieux,

Sans cesse prévenante,

Pour les jeunes et les vieux.

             S.te Agacente.

 

            La Duchesse d’Albret, la Trimoille.

            S.te Commode.

Se preste à nos besoins,

Et s’accommode,

Sur le plus, sur le moins,

Chez elle point de rang,                                 [61]

Le petit et le grand,

Chacun vit à sa mode

Ce qui fait aimer tant

            S.te Commode.

 

            Madame de Mouchy-forcade, elle est triballe avec la Duchesse de B.

            S.te Commode,

Eut toujours des amans

Fut à la mode;

Des ses plus jeunes ans,

A present à la Cour,

Elle y sert à l’amour,

Elle en garde la porte,

L’on y trouve toujours.

            S.te Commode.

 

            Madame la Duchesse de Saint Simon.

            S.te Sévére.

Nous donne à tous la loy,

Quoique bien fiere;

On l’aime malgré soy,

De l’amour encouroux

Elle peint le dégoust,

Cherchons tous à lui plaire

Qu’elle ne soit plus pour nous,                      [62]

            S.te Sévere.

 

            Mademoiselle d’Armagnac

             S.te Sévere.

Quand on luy fait la cour,

N’escoute guere,

Et coupe toujours court;

Mais elle aura son tour,

Certain marché d’amour,

Signé de pere et mere,

Fera changer un jour.

             S.te Sévere.

 

             S.te Mutine,

Aime dans le discours,

Que l’on badine,

Elle en rit tous les jours,

Des jeux et des amours,

Elle scait les détours;

Tout cela nous anime;

Mais redoutons toujours,

            S.te Mutine.

 

            Madame Savary dite la vieille médaille. Elle est cordeliere de Trone.

            S.te Antique,

Dont je chante le nom,

Encore se pique;                            [63]

Que son minois soit bon;

Mais il n’est plus d’aloy,

Et dés qu’on aperςoit

Cette viele relique

Chacun chante a part soy,

            la S.te Antique.

 

            Madame d’Ancénis, Gorge.

            S.te Coquette.

D’un grand nombre d’amans,

Scait faire emplette

Par ses heureux talens;

Son but au jeu d’aimer,

Est de scavoir charmer,

Sans que pas un lui mette,

Ce qui la fait nommer,

            S.te Coquette.

 

            Madame de Lassy la jeune, Montataire.

            S.te Commode

A fort bien réussi,

Selon la mode,

De la cour d’aujourdhuy,

Elle preste son mary,

Dont on se réjouit,

Et dit qu’il s’accommode.

Je veux mourir ainsy,                                 [64]

            S.te Commode.

 

            Madame de Lassey.

             S.te Commode,

Pour unit deux amans,

Scait la méthode,

D’y pourvoir seurement,

Mais de scavoir comment,

Ce merveilleux talent;

La met fort à la mode,

Chacun va reclamant,

            S.te Commode.

 

            S.te Enfantine,

Quoique sans favory,

N’est point chagrine,

D’avoir un vieux mary,

En vain tous les amours,

S’offrent à son secours,

.........................................

Ils la trouvent toujours,

            S.te Enfantine.

 

            S.te Prudente,

A son ancien amant

Toujours constante,

Se conduit sagement;                       [65]

Car la nuit seulement,

Dans un apartement,

Sans crainte de la Tante,

Se donne du bon tems,

            S.te Prudente.

 

            La jeune comtesse de Tounerre, fille de Madame de Blanzac. On l’apelle la trop tost veuve. Elle naquit à 4. mois de ménage.

            S.te Doucette

Que sa grand Maman,

Dit si parfaite,

S’offre à tous les passans;

Mais son air suffisant,

Son cul maigre et puant,

Sa mine si mincette,

Font refuser souvent,

            S.te Doucette.

 

            La Princesse de Nassau-Mailly.

            S.te Effrontée.

Couroit toute les nuits,

Dans les allées,

En cherchant qui lui fit,

Trouva partout déduit

Dangeau du S.t Esprit,

Dieu qu’elle fut glacée                            [66]

Quand cet homme lui dit,

            Quelle effrontée.

 

            La Marquise de la Valiere-Noailles.

            S.te Efftontée,

Prenant de tous estats

Franche lippée,

Asseure ses esbats,

Princes, Officiers, Prélats,

Grands, petits, maigres et gras,

Autant que son aînée*,                         *Estrées.

Elle aime le tracas,

            S.te Effrontée.

 

            La vieille Princesse de Montauban.

            S.te Justesse,

Faisoit tous ses efforts,

Pour mettre en presse,

Un membre et ses consorts;

L’amant s’escria lors,

Je péris loin des bords,

Serrez moy ma Princesse,

Où  l’on vous nomme à tort,

            S.te Justesse.

 

            La veuve du vieux Marquis de Locmaria.     [67]

            S.te Badine.

A chaque amant disoit,

Que la gésine,

De baiser l’empeschoit;

Mais d’un coup de poignet,

La friponne faisoit,

Si bien roidir l’eschine,

Que partout on fessoit/ festoit,

            S.te Badine.

 

            La Marquise de Nesle – Mazarin.

            S.te Bienaise.

Ne peut être un moment,

Sans qu’on la baise,

C’est son amusement,

Ce n’est qu’en l’eprouvant,

Qu’elle prend un amant;

Son coeur est tout de braise,

Ce qui la rend souvent,

            S.te Bienaise.

 

Epitaphe                       1715                      [69]

du Roy Louis XIV.

 

Icy repose nôtre Roy,

La vieille qui nous fit la loy,

Le Confesseur, et les Finances,

Le pouvoir des deux éminences,

L’orgueil du Pontificat,

Et l’honneur de plus d’un Prélat.

 

Autre

Cy gisent en même Tombeau,

Le grand LOUIS, & les Finances,

Et la Bulle et l’Edit nouveau,

Et de Tellier les manigances;

Mortels qui visitez ce lieu,

Le plus célebre de la France,

Aprenez qu’il faut craindre Dieu,

Et mettre en lui son espérance.

 

Autre

Cy gist nôtre Invincible Roy,

Qui meurt pour un acte de foy.

Il est mort comme il a vécu

Sans nous laisser un quart d’Eseu.

 

Epigraphe                                              [70]

du Roy Louis XIV.

Cy dessous est inhumé

Qui suprimant fut suprimé.

 

Autre

Cy gist au milieu de l’Eglise,

Celui qui nous mit en chemise,

Et s’il eut plus longtems vécu,

Il nous eut fait voir le cu.

 

Autre

Cy gist Louis le petit,

Dont tout le peuple est ravi,

S’il eut vécu moins de vingt ans,

Il eut êté surnommé Louis le Grand.

 

Autre

Cy gist le Grand Bourbon,

Qui ne fut, hélas! que trop bon;

Preservez-le, Seigneur, de l’eternelle flame

Comme il a pris nos biens, daignez prendre son ame.

 

Vers                         1715                             [71]

Sur la mort du Roy.

 

Quoi! parceque LOUIS, et Constitution,

          Gisent tous deux sous même Tombe

Les Jesuittes, dit-on, sont dans l’affliction

          Et leur Ordre à ce coup succombe.

Du contraire pour moy je me sens convaincu,

          Et voicy sur quoy je me fonde;

Tout le monde à présent va leur tourner le cu,

          Ils sont les plus heureux du monde.

 

Epitaphe                           1715                             [72]

du Roy Louis XIV.

 

Cy gist le maître des Impots,

Qui mourut de la gangrêne;

Il en mérita bien la peine,

Ayant rongé son peuple jusqu’aux os.

 

Autre

Cy gist Louis le Fortuné,

Que la Parque vient de surprendre;

On dit que Dieu l’avoit donné;

Mais qu’il n’a pas voulu le reprendre.

 

Autre.

Cy gist qui fut un grand Monarque,

Tandis qu’il vecut icy bas.

Car on le voyant dans sa Barque,

Lui dit, tu ne passeras pas.

Tu mangeois la haut tout le monde,

Reprit-il, d’un ton de travers;

Dans cette demeure profonde,

Tu mangerois tous les Enfers.

 

Epigraphe du même Prince.              1715                 [73]

 

Icy gist, de qui les Edits,

Nous ont tous rendus misérables;

Qu’il aille droit en Paradis,

Et son Conseil à tous les Diables.

 

Autre.

Icy gist le Roy des Impots,

Dont chacun à l’ame ravie

Que Dieu lui donne le repos,

Qu’il nous ôta pendant sa vie.

 

Autre.

Ce gist le Pere des Impots,

Disons lui des Patenotres,

 S’il est en haut pour son repos,

Il y est aussi pour le nostre.

 

Autre.

Cy gist le plus grand de nos Rois,

Qui fut chéry de ses sujets,

Du tems de ses généreux faits.

         Si vox populi, vox Dei,

Il est ailleurs qu’en Paradis.                        [74]

 

Autre.

Cy gist sous ce Tombeau

LOUIS le Grand et ses Finances,

La Bulle et son Edit nouveau.

 

Autre

Cy gist........mais non je me ravise,

Cherchez ce Monarque plus bas,

Le Diable en a purgé l’église

Dés le moment de son trépas.

 

Vers sur le même

A S.t Denis comme à Versailles,

Il est sans coeur et sans entrailles.

 

Entretien                            1715                        [75]

de deux Paysans dans S.t Denis.

 

Aga compere Michau,

Vois-tu dans cette Eglise

Ce grand bouteur d’Impots,

Qui nous laissa que la chemise.

S’il avoit plus longtems vecu

J’aurions montré le cu;

Morgué disons lui une anquienne,

Affin que Dieu par sa bonté

Le boute en lieu de seureté;

Car j’ons trop peur qu’il ne revienne.

 

Vers sur la mort Roy.                  1715                    [76]

A peine nôtre Grand Louis

Est-il gisant à Saint Denis,

Que l’on insulte à sa mémoire.

Peuple ingrat, le pourra t’on croire?

Tant qu’il vécut, vous scavez bien

Qu’il ne voulut que vôtre bien.

 

Autres

Non Louis, n’estoit pas si dur qu’il le parut,

Son trépas nous le justifie,

Puisqu’aussi bien que le Messie,

Il est mort pour nôtre salut.

 

Autres

Enfin l’homme immortel est mort.

Malgré sa superbe devise.

La Parque a terminé son sort,

Pour le bien de l’éstat, et celui de l’église.

 

Autres

LOUIS le Grand par excéllence

Est heureusement trépassé,                   [77]

Ayant en trois ans fricassé

Tout son Revenu par avance;

S’il eut vécut encore deux ans,

Nous eussions passez  par ses Dents.

 

Autres

Aprens nous mon pauvre scaron,

Si Louis à la même flame,

Prés le redoutable Achéron

Qu’il avoit pour ta chere femme.

 

Autres

Pace data Populis moritur, nec pace fruitur.

Pace Deus Regi det meliore frui.

Tam longum est, exquo de fleat funera Gallus,

Humor ab sit oculis ne fleat ille tuum.

 

Epigramme                       1715                            [78]

Sur la mort de Louis XIV.

 

Le Roy Louis tel qu’il fut

Par sa mort nous justifie

Que tout ainsi que le Messie,

Il est mort pour notre salut.

 

Epitaphe                            1715                             [79]

Sur la mort de Louis XIV.

par un Anglois.

 

Hic jacet insignis proedo, concoctor, adulter,

       Hunc magnum triplici dicere jure potes.

 

                      Traduction de l’épitaphe cydessus.

Louis le Grand n’est plus, il est réduit en poudre,

Ô! François répandez l’encens de toutes parts.

Il imita trois Dieux par l’Adultere, Mars,

Mercure par le vol, Jupiter par la foudre.

 

Le Tombeau                    1715                              [80]

du Roy

par Rousseau.

 

France de ton tiran orne ainsi le Tombeau,

                                ou

Au Tiran de la France élevez un Tombeau,

Sur la mauvaise foy fonde/ fondez son Mausolée,

Qu’il s’eleve au dessus armé du noir flambeau,

Dont il brûla jadis l’Europe désolée,

Qu’il y foule à ses pieds un peuple gemissant,

Que pour vertus au coin d’un cercueil/ marbre teint de sang,

Le desespoir, la mort, la disette/ fureur, et la fain

Y voilent leur pâleur de lambeaux funéraires,

Qu’avec la volupté les amours adulteres,

S’empressent d’y graver ses crimes sur l’airain;

Et que la haine y trace en hideux caracteres,

Ce Titre affreux. Cy gist le fleau du genre humain.

 

Si la France au moment que ta course est finie,

Ne pleure point, LOUIS, ne t’en étonne pas.

Ses yeux baignez de pleurs pendant toute ta vie

Se trouvent épuisez au jour de ton trépas.

 

Le Pater                       1715                             [81]

 

LOUIS qui faisoit autrefois

Trembler les Princes et les Rois.

Dans sa vaste puissance,

Nous faisoit avec complaisance,

L’apeller...Pater noster.

 

Qu’est devenu ce nom fameux,

Ce nom même glorieux,

Sous qui trembloit toute la terre

Hélas! pour la paix ou la guerre,

A peine scait on aujourd’huy.

                          Qui est.

 

Tes Alliez et tes amis,

Tes rivaux et tes énnemis,

S’aplaudissent de ton désastre,

Et te regarde comme un astre,

Eclipsé de la terre, In Coelis.

 

Tes pauvres malheureux sujets

Voyent tes ambitieux projets.

En murmurant au fond de l’ame;

Et chacun a l’envy te blâme

Au lieu de dire de ton nom, Sanctificetur.

 

On attend impatiemment,                           [82]

La fin de ton regne accablant,

On en déteste la durée,

Et le plus timoré

Haït et méprise justment, nomen tuum.

 

Quand on parle d’un Marlboroug,

On voudroit servir son joug,

Pour éviter ton dur empire,

Tout ton peuple aprés lui soupire

En désirant tres ardemment; Adveniat.

 

L’on voit avec étonnement

Ton ridicule entestement,

Pour une vieille édentée,                            Madame de Maintenon

Que les Démons ont empruntée

Pour Regnum tuum.

 

Cette mégere d’Enfer,

Qui nous rend ton regne de fer,

Te sceut, si bien mettre à la chaîne,

Que tout ce que veut cette Reyne

Tu lui dit lâchement, Fiat.

 

Ce vieux singe de Démon,

Dispose de tout sous ton nom;

Et comblée de sa victoire,

Sans se soucier de ta gloire,                                [83]

Toste jusqu’à Voluntas tua.

 

Elle te rend si odieux

Par ses Conseils pernicieux,

Qu’on trouvera dans ton histoire,

Qu’elle a terny toute ta gloire,

Et t’a fait mépriser, sicut in coelo & in terra.

 

Tous les jours mille et mille gueux

Deviennent fiers et glorieux,

A la faveur de cette idole;

Et soutenus de sa parole,

Volent impunement, Panem nostrum quotodianum.

 

L’on entend parler que d’Impots,

Levez par ses cruels supots,

Qui jamais lassez de rapine

Crient a cette Proserpine, Da nobis.

 

Tes Généraux si mal choisis,

Tes Mareschaux mouls et transis,

Sont du choix de cette femme,

Qui par une conduitte infame

Nous deshonnorent, Hodie.

 

Ouvre tes yeux à ton malheur,

Devient sensible à ton honneur,                                     [84]

Défais toy de cette sorciere,

Renvoy lui sa condition premiere,

Renvoy là à ses Dindons; Et dimitte nobis.

 

Oste la capitulation

Fais cesser toute éxaction:

Nous te rendrons tous nôtre zele,

Nous t’aimerons d’un coeur fidele,

Prend seulement sur toy, Debita nostra.

 

Fais toy bien moins craindre qu’aimer,

Ne te laisse pas tant charmer,

Par une flaterie;

Sert le vray Dieu sans momerie,

Il t’aimera, sicut & nos.

 

Soit plus fidele à tes Traitez,

N’attente plus aux libertez

De mille nations diverses:

Pour lors nous te dirons, Dimittimus.

 

Soulage ton peuple accablé

Qui de ses voeux t’a comblé,

Tu trouveras dans ses prieres

Qui donnent de la terreur Debitoribus nostris.

 

Regne sur toy même, il est temps,

Tu feras moins de mécontens;

Choisis des Ministres sinceres,

Et de ton peuple sois le Pere.

     Sed libera nos a malo. Amen.

 

Chanson                         1715                               [86]

Sur l’air: Le fils de Gabrielle.

 

Jamais Louis d’Henry quatre,

Ne fut le petit fils;

Lui même alloit combattre

Ses fiers Ennemis;

Louis bornoit ses conquestes à Trianon,

A compter des sornettes

A la Scaron.

 

Vers                             1715                                   [87]

Sur le Roy Louis XIV.

 

Violer la nature aux dépens d’une Armée,

Transporter sur les Monte la seine courronnée,

Forcer l’homme timide a devenir soldat,

Donner droit aux Traitans d’elire un Magistrat,

Abolir la Noblesse, en faire de nouvelle,

Traiter le droit des gens de pure bagatelle,

Enfraindre les Traitez sans honneur et sans foy,

Croire que l’univers n’est crée que pour soy,

Morguer avec mépris tous les Roys de la terre,

D’un long regne passer plus des deux tiers en guerre,

D’avides Maltotiers proteger les rigeurs,

Des ministres cruels ignorer les fureurs,

Se livrer tout entier aux Traitres Loyolistes.                     les Jesuittes

Pis que des Mécroyans, traiter les Rigoristes.                  les Jansenistes

A mil honnestes gens ravir la liberté,

Réduire tous ses peuples à la mandicité,

Des bras d’un tendre époux enlever une femme,

Confondre dans son sang le fruit de cette flamme,

De Métaux recherchez, se dresser un Autel,

Enchaisner les humains aux pieds de l’Immortel,

Au milieu de la paix faire aux hommes la guerre,

Par le fer et le feu en dépeupler la terre.

Accabler sous le poids du rang et de l’honneur

Des Monstres d’un amour dont frémit la pudeur

Avilir tout pour eux, dignitez et naissance;                           [88]

Voila tout ce qu’à fait le héros de la France.

 

Vers                                    1715                                                 [89]

Sur la figure de la Place des Victoires.

 

Quand je vous vois, ne scais à quel propos,

Sur le chef de LOUIS poser cette couronne;

Je ne puis m’empescher de vous dire en deux mots,

Que vous êtes bien bonne.

Qu’à t’il tant fait ce Monsieur le Héros?

Qu’ecraser ses sujets, et n’espargner personne;

Se laisser gouverner par l’antique Scaronne;

Aux gens de bien préférer des cagots;

Aux fripons et aux fats confier les affaires;

Nous laisser pour Bourbons de petits Montespans,

Et vous voulez le couronner de gloire?

Mais non je m’abusois, je vous vois en suspens.

Cadédis! haut le bras Madame la Victoire.

 

                                 ou

Quand je vous vois en l’air poser cette couronne,

Sur le chef de LOUIS, ne scais à quel propos.

Si c’est pour nous railler, ha je vous la pardonne.

Mais qu’à t’il fait? parlez, ce Monsieur le héros.

Il foula ses sujets sans épargner personne,

Se laissa gouverner par l’antique scaronné;

A tous les gens de bien préféra des cagots,

A des fripons, des fats, confia ses Affaires;

Par de honteuses paix finit d’injustes guerres,

Et donna pour Bourbons de petits Montespan;                        [90]

Pour cela vous voulez le couronner de gloire?

Mais non je m’abusois, je vous vois en suspens,

Cadédis, haut le bras Madame la Victoire.

 

Medailles                          1715                                           [91]

de Louis XIV.

 

Au milieu des grandeurs, vainere sa vanité,

Estre un parfait miroir de la divinité,

Du seul bruit de son nom renverser des murailles;

Suspendre pour la paix le cours de ses batailles,

Mesler à ses travaux d’héroïques plaisirs,

Sur la regle des Loix mésurer ses désirs,

Etoufer les erreur et les tenir esclaves,

Captiver les Duels par de justes entraves,

De la seule vérité fidele partisans,

Renverser le désir de l’adroit courtisant,

Mesme à ses ennemis arracher des louanges;

De fierté, de douceur, faire d’heureux meslanges,

Se tenir toujours loin de toute extrémité,

De ses puissans estats bannit l’iniquité,

De concerter lui seul les plus fins politiques,

Connoître leurs détours, et leurs routes obliques,

Estre le ferme apuy de la Religion,

Ennemy du faux zele, et de la passion;

A parer les autels employer sa dépense,

Attirer par ses voeux le bonheur de la France,

Soulager l’indigent dans sa mandicité,

Des captifs pour la foy payer la liberté,

Establir avec soin les plus sages maximes,

Protéger l’Innocent, et réprimer les crimes,

Dépeupler chaque jour l’empire du Démon,                            [92]

N’aimer que les vertus qui sont dans Maintenon,

Mourir en vray héros, en Chrestien, en Monarque,

Du Trosne sans frayeur voir aprocher la Parque;

Voila du Grand Louis les mémorables faits,

Ne mérite t’il pas nos pleurs et nos regrets?

 

Revers de la Médaille

S’elever des Autels, pousser sa vanité,

Jusqu’à prendre le nom de la divinité,

Au mépris des Traitez suspendre des Murailles,

Livrer en pleine paix de perfides Batailles,

Forcer les elémens a servir ses plaisirs,

Sans respecter les Loix, contenter ses désirs,

Traiter ses ennemis comme de vils esclaves,

Leur donner sans raison des fers et des entraves,

Estre l’unique Dieu du fade Courtisans,

Abandonner son peuple au cruel Partisans,

Croire par ses beaux faits mériter des louanges,

Du pur sang des Bourbons faire d’affreux mélanges,

Et pour pousser l’erreur jusqu’à l’extrémité,

N’aimer que les enfans de son iniquité,

Avoir pour confesseur des rusez politiques,

Qui menent les esprits par des routes obliques,

Se jouer hardiment de la Religion,

Ne s’en servir jamais que pour sa passion;                  [93]

Continuer le cours d’une affreuse dépense,

Sans pitié, sans égard pour l’estat de la France;

Réduire ses sujet à la mandicité;

A ceux qui se plaignoient, oster la liberté

Contraindre des esprits a suivre des maximes,

Qui peuvent en vertu, transformer tous les crimes;

Construire un Testament, ouvrage du Démon,

Ou du moins de Voisin, ou de la Maintenon,

Mourir en fils d’Ignace, et non pas en monarque,

Croire qu’un lâche voeu, pourra fléchir la Parque:

Voila du Grand Louis les mémorables faits;

Ne mérite t’il pas nos pleurs, et nos regrets?

 

Vers                               1715                                         [94]

sur ce que l’on ne sonnoit point à Paris, aprés la mort du Roy Louis 14.

 

Tout le monde s’etonne,

Que le Régent du Royaume,

Ne fait point sonner dans Paris.

            La raison! la voicy.

C’est qu’estant econome,

Il conserve la corde,

Pour dans tous les quartiers,

Faire pendre les Maltotiers.

 

Vers                                 1715                                        [95]

Sur la mort de Louis XIV.

 

Le jour que l’Argent diminüe

Le roy Louis finit son sort,

Sa ruse n’est pas inconnüe;

Il a voulu qu’on dise: On perd à sa mort.

 

Autres

 

Le Riy Louis 2. fois 7.

Bourbon le Grand par Lettre 7.

Né das un mois qu’on nomme 7.

Agé d’onze fois 7.

Qu’on chifre par deux sept,

Le premier jour du mois de 7.

Est mort ce Louis deux fois 7.

Dans l’année de 7.

 

Cadédis que de 7! Grand Dieu que de Potences!

Bourbon laisse aprés lui.

Que dis-je, en faut il moins pour délivrer la France,

Des voleurs d’aujourd’huy.

 

Sur le Pere le Tellier                      1715                       [97]

 

Le Révérend Pere Tricorne

En passant disoit d’un air morne;

Il est donc mort Ludovicus?

Nous voila pas mal fichus,

Si nous avons tous fait des nostres,

Si nous en avons fichus d’autres,

On va nous rendre dent pour dent,

Je n’en suis que trop convaincu,

Car je scais bien dés a present

Que nous en avons dans le cu.

 

Vers                         1715                             [98]

Sur le Roy Louis quinze.

 

On rime bien sur sept et pourquoi pas sur quinze?

Allons faisons des vers, mais n’e faisons que quinze.

Ce fut en sept cent dix, en Fevrier le quinze

Que le Roy vint au monde, il regne en sept cent quinze,

Formons des voeux pour lui multipliez par quinze,

Plût à Dieu que sa vie passe quatre vingt quinzem

Qu’il ait des descendans plus de quinze fois quinze,

Que son sang regne encore des siecles plus de quinze,

Que le dernier vingt cinq revienne au dénier quinze,

Que de quinze Traitans on en suprime quinze,

Et qu’ainsi par Mentor plus habile que quinze,

Bientost l’estat remis en vaudra plus de quinze,

Et chacun bénira Philippe et Louis quinze.

 

Vers                              1715                            [99]

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Omnia fecit spargendo largiter aurum.

Armis pauca; dolo plurima jure nihil.

 

Il fit tout par argent, beaucoup par artifice,

Tres peu par la valeur, et rien par la Justice.

 

Contre les Chefs des Financiers.          1715            [100]

 

Qu’a Castel il soit deffendu,

De penser Rebours le cocu,

De l’une et l’autre chaudepisse;

Que tout pouri, tout vermoulu,

Portant ecriteau de son vice,

Ayant toujours la galle au cu,

Sur un fumier ce gueux périsse.

 

Que le Biffi soit confondu,

Que pour apaiser la justice,

Du Dieu que le traitre a vendu;

Malgré sa Robe d’Ecrévisse

Soumis à son prieur tondu,

Torche au poing il aille a l’office.

 

Que le des Maretz soit pendu,

Que le Berry dans l’or fondu,                   Malon

Satisfasse son avarice,

Et que malgré l’horreur de son suplice,

Il meure apres l’avoir rendu.

 

Vers                         1715                          [101]

Par Harouet.

 

Tristes et lugubres objets!

J’au veu la Bastille et Vincennes,

La Chastelet, Bicestre, et mille prisons pleines,

De braves citoyens, de fideles sujets;

J’ay veu la liberté ravie;

De la droite raison la regle peu suivie:

J’ay veu le peuple gémissant,

Dans un rigoureux esclavages;

J’ay veu le soldat rugissant

Crever de faim, de soif, de dépit et de rage;

J’ay veu les sages contredits,

Leurs remontrances inutiles:

J’ay veu des Magistrats vexer toutes les villes,

Par des criants Impôts, et d’injustes édits:

J’ay veu sous l’habit d’une femme

Un Démon nous faire la loy;

Elle sacrifia son Dieu, sa foy, son ame,

Pour séduire l’esprit d’un trop crédule Roy;

J’ay veu cet homme épouvantable,

Ce barbare enemi de tout le genre humain

Exercer dans Paris, les armes à la main,

Une Police abominable:

J’ay veu les Traittans impunis:

J’ay veu les gens d’honneur persécutez, banis;

J’ay veu même l’erreur en tout lieu triomphante,            [102]

La vérité trahie, et la foy chancelante;

J’ay veu le lien saint avili,

J’ay veu Port Royal démoli;

J’ay veu l’action la plus noire

Que puisse jamais arriver,

Tout l’eau de l’occean ne pourroit la laver,

Et nos derniers neveux auront peine à la croire;

J’ay veu dans ce séjour par la grace habité

Des Sacrilegues, des Profanes,

Remuer, tourmenter les Mannes,

Des Corps marquez du sceau de l’Immortalité,

Ce n’est pas tout encore: J’ay veu la Prélature

Se vendre, et de venir le prix de l’imposture:

J’ay veu de saints Prélats de venir la victime

Du feu divin qui les anime

O tems! O moeurs! J’ay veu dans ce siecle maudit

Ce Cardinal l’ornement de la France,

Plus grand encore plus saint que l’on ne dit

Ressentir les eforts d’une horrible vengeance;

J’ay veu l’hipocrite honnoré;

J’ay veu, c’est dire tout, le Jesuite adoré,

J’ay veu ces maux sous le regne funeste,

D’un Prince que jadis la colere céleste

Accorda par vengeance à nos désirs ardens.

J’ay veu ces mau, et je n’ay pas vingt ans.

 

Centurie                             1715                                 [103]

1504 de l’Impression de Valence 1569        

 

Quand par Ormus viendront gens de passage.

En l’autre obscur, ita le vieux Lion*,                     *Louis XIV.

Sera de l’Orleans* fait grand usage                       *Regent du Royaume.

Et d’icy Bastard la punition.

 

Epigramme                       1715                                  [104]

Sur le Roy Louis XIV.

 

Ce Monarque fameux adoré dans Versailles,

Fut l’auteur innocent de nos calamitez;

Il chérissoit son peuple, il estimoit Noailles,

Qu’il a tous deux persécutes;

Plus grand par sa vertu, que par son Diadême,

Il eut êté parfait s’il eut vécu par lui même:

Sa mort de tout Paris, fait l’unique entretien,

Gémissant des malheurs où la France est reduitte;

Il est mort ce Monarque, en héros, en Chrestien,

Quoiqu’entre les bras d’un Jesuitte.

 

Discours                         1715                        [105]

prononcé par M.r de S.t Port Avocat général au grand conseil, à Vincennes en Septembre 1715. lorsque le Grand Conseil y alla rendre ses devoirs au Roy.

 

Sire,

Nous nous presentons au Trosne de V.re M. pour y renouveller le Serment de nostre fidélité. Nous espérons revoir en vous la sagesse de Mgr le Dauphin, vôtre pere, la mansuétude de vôtre Ayeul, et la gloire du feu Roy vôtre Bisayeul, à qui vous succedez. Les exemples du Prince Régent raniment déja leurs cendres, la Sagesse formera votre coeur, et Dieu fera le reste.

 

Chanson                                  1715                                          [106]

Sur l’air: de Joconde.

Sur Louis quatorze.

 

Pour paroître au grand Tribunal,

                  Enfin Louis déloge,

Bien des gens en disent du mal,

                  Et peu font son éloge;

Pour laisser ses mannes en paix

                  Je ne veux rien escrire,

L’honneste homme ne doit jamais

                  Ni mentir ni médire.

 

Chanson                                  1715                                          [107]

Sur le Dies irae.

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Il est donc mort ce Grand Bourbon,

Regretté de la Maintenon,

De le Tellier, et de Fagon.

 

Vous ses sujets la larme à l’oeil

Regardez ce Prince au Cercueil,

Et de sa mort portez le deuil.

 

Il nous laisse à tous en mourant

De quoy plus amerement,

Puisqu’il nous laisse sans argent.

 

Mais cherchez, vous entrouverez

Dans la bourse de des Maretz,

Et de gens comme Bourvalais.

 

Faites de génereux efforts,

Pour enfoncer leurs Coffres forts,

Puis pendez au gibet leurs corps.

 

Que des Maretz soit écorché,

Et par menus morceaux tranché,

Personne n’en sent faché.

 

Mettez le Tellier in pace,

Que Fagon soit récompensé,

Il a le Royaume sauvé.

 

Sans cet ignorant médecin

Qui de Louis fut l’assassin,

Nos maux auroient duré sans fin.

 

Or prions tous le Roy des Rois

Que jamais l’Empire François

Ne tombe sous des dures Loix.

 

Que le Régent doux et benin

Inspire à son petit Cousin

D’estre juste, paisible, humain.

 

Et pour qu’il pratique cela,

Qu’aucun Enfant de Loyola,

N’aproche de ce Prince là.

 

Chanson                                  1715                                          [109]

Sur l’air: Oh reguingué.

Sur la mort du Roy LOUIS quatorze.

 

Or aprenez peuple Francois,  bis

La mort du plus grand de nos Rois;

Oh reguingué, oh lonlanla,

Je vais vous conter la maniere

Dont il a fini sa Carriere.

 

D’un mal tres dangereux atteint,  bis

Il apella son Médecin,

Oh etc.

Mais las! pour ce pauvre Monarque,

Mieux eut valut mander la Parque.

 

Cet Esculape malencontreux,  bis                               Fagon.

Cet Esope monstreux;

Oh etc.

Pour conserver si chere teste,

Fit assembler mainte autre beste.

 

De leur homicide sabat,

Patience, est le résultat.

Oh etc.

Cependant du malheureux sire,

Le mal a chaque instant empire.                        [110]

 

Sentant donc son mal aggraver, bis

Sa conscience il veut laver;

Oh etc.

Et pout la nettoyer bien vûe,

L’humble le Tellier le visite.

 

Sire, dit il, premierement, bis

Ne devez vous rien? non vraiment.

Oh etc.

Des Marets qui bien me séconde,

Dit qu’il a payé tout le monde.

 

Des amours de la Montespan, bis

Mon coeur, mais en vain, se repent,

Oh etc.

Toujours malgré sa repentence,

Je sens remords de conscience.

 

Rasseurez vous, dit le Docteur, bis

Cela n’est rien, sur mon honneur.

Oh etc.

Ne l’avez vous pas bien payée?

Ouy la faute est donc pardonnée.

 

Mais du le Roy, pour Maintenon

Dois-je l’epouser tout de bon?                         [111]

 

Oh etc.

Non certes, répondit le Pere;

Jamais vous ne la fites mere.

 

Donnez moy l’absolution, bis

Ah de la Constitution.

Oh etc.

Dit le faux saint, rendez mon maître,

Et ce Prélat envoyez paître.                          Noailles

 

Sans cela point de Paradis, bus

Et de par Dieu je vous le dis.

Oh etc.

Sire pour une bagatelle,

Ne perdez la gloire éternelle.

Hé bien reprit le grand Bourbon, bis

Soit mon pere, j’y consens donc.

Oh etc.

Taillez, rongez, à votre zele,

Je remets la sainte querelle.

 

Aux Bénéfices même encore, bis

Vous nommerez aprés ma mort.

Oh etc.

Donnez-les à vôtre ordinaire,

A gens d’une vie exemplaire.                          [112]

 

Il harangua d’un soin égal, bis

Tous les Princes du sang Royal.

Oh etc.

Mesme le Dauphin en personne,

En Maintenon la toute bonne.

 

Je meurs, dit il, car tout prend fin, bus

Vous Prince, parlant au Dauphin.

Oh etc.

Vivez, imitez vôtre Pere,

Regnez en paix, jamais en guerre,

 

Vous Monsieur le Duc d’Orleans, bis

Pour mon fils, Régentez céans.

Oh etc.

Des Maretz, je vous recommande,

Homme de probité tres grande.

 

Et vous cher objet de mes voeux, bis

Je vous fais mes derniers adieux.

Oh etc.

Louis vous regrette mignonne,

Bien plus qu’il ne fait sa couronne.

 

Vous tous, Princes petits et grands, bis                     [113]

Soyez amis en tous les tems.

On reguingué, oh lonlanla.

Vous êtes tous parens, je pense,

Vivez en bonne intelligence.

 

A temps se tut le Potentat, bis

Ayant si bien reglé l’estat.

Oh etc.

Qu’on diroit veur son indigence,

Qu’en ce jour il a pris naissance.

 

Deux ou trois jours aprés cela, bis

Un Empirique le traita

Oh etc.

Mais que l’heure ou non soit venüe,

Comme bourreau Médecin tüe.

 

Or voila notre bon Roy mort, bis

Priez donc pour lui Dieu bien fort,

Oh etc.

Qu’il lui fasse miséricorde,

Et place à son ame il accorde.

 

Mais priez-le aussi d’un grand coeur, bis

Qu’au Médecin, au Confesseur.

Oh etc.

Il donne pour leur récompense                         [114]

Dedans l’enfer pleine indulgence,

 

Toujours cependant sous son nom, bis

L’on publie édits sans faςon.

Oh reguingué, oh lonlanla;

Mais s’il n’en avoit rendu d’autres,

Il seroit au rang des Apostres.

 

Chanson                             1715                              [115]

Sur l’air: La faridondaine, etc.

 

Quel prodige surnaturel.

En ces lieux ca paroistre!

Que vois-je! c’est l’homme immortel,

Qui veut cesser de l’estre;

Tremblez au peuple de Sion!

La faridondaine, la faridondon,

Plus d’un malheur je vous prédis, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

La mort se presente à ses yeux,

Sous une autre Couronne;

Je le vous qui fait ses adieux

A sa toute Mignonne.                              la Maintenon.

Je meurs, dit il, c’est pour raison;

La faridondaine etc.

Vous serez Reine à S.t Denis, biribi

A la faςon etc.

 

Il se tourne vers le Dauphin,

Et lui tient ce langage:

Mignon je vous laisse à la fin,

Un charmant héritage,

Profitez-en car il est bon;

La faridondaine etc.

Depuis la paix, tout y fleury, biribi,                           [116]

A la faςon etc.

 

Ensuitte il parle à son neveu,                                     le Duc d’Orleans

Et lui dit ce qu’il pense,

Je meurs content, puisque dans peu,

Vous aurez la Régence,

Mon Testament vous en fait Don;

La faridondaine etc.

Mon dernier Codicile aussi, biribi

A la faςon etc.

 

Tellier sans se faire apeller,

S’en aproche avec zele,

Si vous voulez, dit il, aller,

A la gloire éternelle,

Laissez-moy la commission,

La faridondaine etc.

De remplir vos devoirs icy, biribi,

A la faςon etc.

 

Le Roy répond, je le veux bien,

Nominez aux Bénéfices,

Je vous connois homme de bien,

Sans fraude et sans malice.

Ah! Sire que vous êtes bon;

La faridondaine etc.                                     [117]

Dit ce Confesseur attendry, biribi,

A la faςon etc.

 

Voyant toute la Cour en pleurs,

Il parle et la console:

Adieu pour toujours, je meurs,

Car je perds la parole.

Alors se tait le grand Bourbon.

La faridondaine etc.

Laissant a penser bien de lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Franςois préparez-vous au deuil,

Je le vois, il expire,

Il entre enfin dans le cercueil,

En héros qu’on admire;

Plongez-vous dans l’affliction,

La faridondaine etc.

Puisque vous perdez tout en lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Je vois Phillipe au Parlement,

Demander la Régence;

Deut-il y paroistre charmant,

Il n’aura rien, je pense;

Car suivant ma prédiction;

La faridondaine etc.                                      [118]

Le Testament sera suivi, biribi,

A la faςon etc.

 

Peuples courrez voir en pleurant,

L’homme de Diogene,

La mort en son char triomphant,

A Saint Denis l’emmene;

Que de filles se souviendront,

LA faridondaine etc.

D’avoir veu son convois de nuit, biribi,

A la faςon etc.

 

Hélas! falloit-il qu’il mourut;

Ce Prince tant aimable,

Son zele pour nôtre salut,

Estoit inconcevable;

Avec la Constitution,

La faridondaine etc.

Il nous menoit en Paradis, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Sa sagesse et son équité,

Brilleront dans l’histoire,

Par lui le mérite exalté

En publiera la gloire;

Et du Pérou jusqu’au Japon;

La faridondaine etc.                                    [119]

On ne parlera que de lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Si vous êtes chargez d’Impôts,

Il n’en êtoit point cause;

Il désiroit vôtre repos

Pouvoit-il autre chose?

Vous lui faisiez compassion,

La faridondaine etc.

Il songeoit plus à vous, qu’à lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Vous alliez vivre tous heureux

Dans une paix profonde,

Son ardeur à combler vos voeux,

L’auroit rendu féconde;

C’estoit là son ambition,

La faridondaine etc.

Mais voila vôtre espoir détruit, biribi,

A la faςon etc.

 

Il eut, sensible à vos besoins,

Fait regner l’abondance,

Il eut rétablit par ses soins

Bientôt la confiance;

Il y travailloit tout de bon;

La faridondaine, la faridondon,                          [120]

Avec des Maretz et Bercy, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [121]

Sur l’air: la faridondaine.

Sur le Roy Louis XIV.

 

Passant cy gist Louis le Grand,

Qui fit plus qu’Alexandre,

Quand il mourut ce Conquérant

N’avoit plus rien a prendre;

Hommes, femmes, filles et garçons,

La faridondaine, la faridondon;

Dites De profundis pour lui biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [122]

Sur l’air: la faridondaine etc.

 

La Scaron a dit à Madot,

Mettez dans vous louanges,

Que LOUIS s’en va tout de got,

Coucher avec les Anges;

Le Tellier est sa caution;

La faridondaine, la faridondon,

Pour le flanquer en Paradis, biribi,

A la façon de barabarie mon amy.

 

Il fit son quatrieme voeu,

Estant en défaillance.

Tellier dit, vous tromperez Dieu,

Avec nôtre nuance;

D’Ignace emportez le Cordon,

La faridondaine etc

Car on n’en voudra plus icy, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [123]

Sur l’air: O filij et filiae.

Sur la mort de Louis quatorze.

 

Enfin ce grand jour est venu

Que nous avons tous attendu

Pour Louis chantons Libera.

                  Alleluia.

 

Le Tellier et ses adhérans,

Des gens de bien cruels tirans,

Vont tenir ailleurs leur Sabat.

                  Alleluia.

 

Des lâches Rohan et Bissy,

Qui le Pape ont si bien servy;

Jamais on ne se servira,

                  Alleluia.

 

Le Nonce va, non sans chagrin,

Reporter au Prélat Romain,

Son torchecul plein de caca,

Alleluia.

 

Par l’avis du Prélat vanté

A qui tout alloit être osté,                                 [124]

Desormais tout on donnera.

                 Alleluia.

 

Dedans Saint Cir la Maintenon,

Va se renfermer ce dit on;

Mais sa cassette on vuidera.

                  Alleluia.

 

Les Traittans vont être chassez,

Quand on les aura bien taxez,

S’ils ne payent, on les pendera,

                  Alleluia.

 

Des Maretz avec de Bercy,

Si vox populi, vox Dei,

A la potence dansera;

                  Alleluia.

 

La pauvre Caisse des Emprunts,

Qu’ils mettoient au rang des defunts,

Dedans peu ressuscitera.

                  Alleluia.

 

Malgré le cruel Partisant

En paix le pauvre Paysan,

S’il a semé recueillera;                               [125]

                  Alleluia.

 

Enfin le grand Duc d’Orleans,

N’aime que les honenstes gens,

Oh le bon Régent que voila;

                  Alleluia.

 

Les Jesuittes et les Financiers,

Sont devenus tous éscoliers;

Nôtre Régent les fouëtera.

                  Alleluia.

 

Chanson                     1715                          [126]

Sur l’air: La faridondaine etc.

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Sur les bords de l’Acheron,

L’Invincible Monarque,

Croit fierement à Caron;

Hé! qu’on prépare la Barque.

Ne parlez plus si haut Bourbon

La faridondaine, la faridondon

Icy vous serez obeï, biribi,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Votre nom m’est assez connu,

Dit le Pilote sombre,

Entrez vôtre tour est venu,

Je vais passer vôtre ombre;

Venez-vous combattre Pluton?

La faridondaine etc.

Parlez vous serez obeï, biribi,

A la faςon etc.

 

Estoit-ce vôtre intention

De laisser à la France?

Avec la Constitution

Le repos, l’abondance;

Pauvre Louis, ah! voyez donc;                     [127]

La faridondaine etc.

Comme vous avex réussi, biribi,

A la faςon etc.

 

Puis donc que tu connois mon nom,

Du Louis téméraire,

Garde pour un autre sermon,

Qui pourroit me déplaire,

Je t’offre mon affection;

La faridondaine etc.

Caron lui dit un grand mercy, biribi,

A la faςon etc.

 

Ose-tu bien railler un Roy?

Dit Louis en colere,

Ont quoique mort, donne la Loy

Aux deux bouts de la Terre;

J’y regne dans les coeurs, dit-on;

La faridondaine etc.

Caron lui dit tout comme icy, biribi,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Chanson                           1715                  [129]

Sur l’air des Pendues

Sur le Roy LOUIS quatorze

 

Or escoutez mes chers amis

Le tres véritable récit,

L’Histoire de notre Monarque;

Et vous jugerez si la Parque,

A bien, ou mal fait de trencher,

La trame d’un Prince si cher.

 

Son pere le Roy des Franςois,                           Louis XIII.

Tous les jours faisoit des souhaits,

Pour que la Reyne vint enceinte,

Y prioit les Saints, et les Saintes;

Le Cardinal prioit aussi,                                      Le Cardinal Mazarin.

Et beaucoup mieux y réussit.

 

Au bout de neuf mois vint au jour,

Un petit enfant de l’amour,

Avec des Dents longues et belles.

Lors on consulta son estoille,

Et dés ce tems là l’on prédit

Qu’il mangeroit grands et petits.

 

D’abord sur ses mamans testons

S’exerςca ce maître glouton,                               [130]

Et leur montra ses Dents cruelles:

Il leur déchiroit les mamelles;

Chacune d’elles le quitta,

Puis une Louve* l’alaita                         *Perrette du Four, femme de M. Ancelin, pere et mere                                                                 de l’Evesque de Tulle. Elle ressembloit à une Louve.

 

Quand il commenςa de regner,

Il auroit deu se faire aimer;

Pour démentir la prophétie;

Mais elle n’est que trop accomplie,

Car il n’a cessé de ronger,

Et nous faire tous enrager.

 

Nous lui prêtames nôtre Argent,

En beaux Louis, et beaux écus blancs;

Croyant qu’il seroit honneste homme;

Mais nous scavons a present comme,

S’est être fou de s’affier

A gens que l’on ne peut coffrer.

 

Il nous vendit de ses Billets,

Qu’il disoit être bons effets,

Pour avoir cours dans le Commerce,

Pour en payer toutes ses dettes;

Mais a present ce beau papier

Ne peut servir qu’à s’essuyer.

 

Les uns le nomment Louis le Grand,                 [131]

Et d’autres Louis le Tiran,

Louis le Banqueroutier, Louis l’injuste,

Et c’est raisonner assez juste;

Car n’eut autre raison jamais,

Qu’en disant, voulons et nous plaist.

 

Ce Prince n’avoit pas pourtant,

Le coeur dûr comme un Diamant;

Car il aimoit la Damoiselle,

Quand il avoit jeune cervelle;

Puis êtant devenu barbon

Il prit la veuve de Scaron.                      la Maintenon.

 

Le Confesseur qui le scavoit,                 le Pere le Tellier.

Pour pénitence lui donnoit,

D’exterminer les Jansénistes,

Dont en poche il avoit la Liste;

Et chaque péché pardonnoit

Pour une Lettre de Cachet.

 

En deux mots voicy le portrait,

De ce Directeur si parfait;                      le Pere le Tellier

Cet homme qui passe sa vie,

De Jesus en la Compagnie;

Mais je crois bien qu’il le trahit

Car il a l’air de l’antéchrist.

 

Ȏ la plaisante invention!

Que cette Constitution;

Elle êtoit pleine d’indulgence,

Elle exemptoit de pénitence,

Louis y avoit tant de foy,

Qu’à tout moment il la baisoit.

 

Ce Prince ayant regné longtems,

Malgré nous, et malgré nos dents;

Fut attaqué de maladie,

Qui ménaςoit beaucoup sa vie;

Il regarda venir la mort

Comme feroit un esprit fort.

 

Il composa dedans son lit,

Le dernier tome des Edits;

Il regla toute la Finance

De ce pauvre peuple de France;

Tous ses Billets il retira,

Et c’est ainsi qu’il s’aquitta.

 

On fit venir des Medécins,

Mais soit qu’ils ny connussent rien,

Ou que par esprit de prudence,

Voulussent en délivrer la France,

Ils l’ont mis dans le monument,

A nôtre grand contentement.

 

Aussitost son trépassement,                    [133]

On l’ouvrit d’un grand ferrement,

On ne lui trouva point d’entrailles.

Son coeur êtoit pierre de Taille,

Son esprit êtoit tres gâté

Et tout le reste gangrené.

 

Avec la Constitution,

Son coeur enfermé dans du plom,

Fur envoyé chez les Jesuittes

Par un beau trait de politique,

De droit il leur apartenoit,

Et puis personne n’en vouloit.

 

Sitoist qu’il fut enseveli

On le porta à Saint Denis,

Sans pompe, et sans magnificence,

Afin d’eviter la dépense,

Car à son fils il n’a laissé,

Pas de quoy se faire enterrer.

 

Or prions le doux Jesus Christ,

Qu’il envoye au devant de lui,

Ses Anges rangez en Bataille;

Car on asseure que le Diable,

Le regardant comme son bien,

Doit l’enlever sur le chemin.

 

Triolet                     1715                                          [134]

Sur le Roy LOUIS XIV.

 

Cy gist le Grand Roy des Impots,

Des Maltotiers amy fidelle;

Il est mort pour nôtre repos;

Cy gist le grand Roy des Impots,

Il nous a rongé jusqu’aux os,

Et tout pris dans nôtre escarcelle.

Cy gist le grand Roy des Impots.

Des Maltotiers l’amy fidelle.

 

Chanson                                  1715                                          [135]

Sur l’air: Il a batu son petit frere.

Sur le Roy Louis XIV.

 

L’abominable Banqueroute,

Que Louis fait dans sa déroute

Va charger la Barque à Caron;

Il meurt si gueux dans son vieil âge,

Qu’on craint que la veuve Scaron,

N’ait fait mauvais mariage.

                                                      Ou

L’épouvantable Banqueroute,

De Louis le Grand dans sa déroute,

Surcharge la barque à Caron;

Et des survivans le plus sage,

Dit que la veuve de Scaron,

A fait un mauvais mariage.

 

Requeste                            1715                                [137]

presentée à Monseigneur le Duc d’Orleans par les Dames Harangeres.

                  On la dit être de du Freny.

 

Les Harangeres de Paris,

Plus maîtresses que leurs maris;

Viennent faire la révérence.

Au nouveau Régent de la France,

Phillipe grand Duc d’Orleans,

Que Dieu vous conserve longtems;

Nous ne pouvons assez vous dire

La joye que nous avons, beau sire,

D’aprendre que le Parlement,

Aye cassé le Testament,

Qui vous ôtoit une Régence

Que le mérite et la naissance,

Vous donne, et que d’un avis,

Nous demandions au bon saint Louis.

Il nous exauce, dont Dieu grace,

Et vous allez tenir la place

Pendant longtems de nôtre Roy,

Et vous nous donnerez la Loy.

Quand nous pensons à vos largesses,

Et considérons vos promesses,

Il semble que vous ramenez

Les siecles d’or tant renommez.

Vous avec commencé grand Prince.

Par voir l’homme de la Province,             [138]

Vaut mieux dire de l’univers,

Qui mérite les plus beaux vers;

Vous avez veu le Saint Noailles,

Vous rafraichissés nos entrailles,

Recevant bénédiction

D’un Prélat dont l’attention

A gouverner son Dioceze

Nous à tous ravi d’aise.

Si vous prenez nôtre conseil,

Cet Archevesque sans pareil

Donnera tous les bénéfices;

Et vous aurez des éscrévisses.

Truites vives, et saumons frais

Si vous renvoyez des Maretz,

Avec sa bande Satanique,

De Partisans, dont la boutique

Gagne plus en un seul moment,

Que nous toutes pendant cent ans;

Que vous trouverez de ressource

Dans leur abominable bourse

Pour payer la Caisse d’Emprunt,

De vôtre cher Oncle defunt,

Et mainte autre tres grosse dette,

Pour laquelle chacun s’inquiette

Nous esperons que Dieu aydant,

Par vos bons soins vous ferez tant,

Que bientôt nous serons tous quittes,                     [139]

Et des Impots et des Jesuittes,

Excepté Pere du Trevous

Qu’aimerons pour l’amour de vous,

Et pour les conseils tres utiles;

Qu’il donne à vos illustres filles,

Quoiqu’on dise que quelque fois

Il hausse le ton de sa voix.

Ne voulant qu’aucune Princesse

Lise le Canon de la Messe;

Mais passons cet article là,

Et croyons que malgré cela

Il est homme à bonne doctrine,

Et n’est pas de ceux de la Chine,

Et bien moins de ceux de Paris

Qui sont tombés dans le mépris,

Mais laissons là tous ces bons Peres,

Qu’ils racommodent leurs misteres

Qui sont un peu trop éventés.

S’ils ont recours à vos bontés,

Et qu’ils proscrivent leur doctrine,

Alors faites leur bonne mine,

Comme on fait à Saint Nicholas,

Nagez, et ne vous y fiez pas.

Bientôt vous ferez faire gille

A ceux qui sont à la Bastille

Pour n’avoir d’autre iniquité,

Que d’avoir dit la vérité.                      [140]

Tout les Notaires de village

Apréhendent vôtre langage.

Ainsi que tous les chicaneurs

Abusez par les Procureurs,

Tous les aprobateurs de Livre,

Ausquels Voisin donnoit à vivre,

Gabellistes, Agioteurs,

Avec tous les méchans auteurs,

Comme les Traisneurs de rapiere,

Qui mettent les gens dans la biere,

Par vous seront bientost bannis,

Ou plustôt seurement punis.

Nous vous demandons une grace,

De faire chasser de la place

A force de gros nerfs de boeuf

Tous les Chansonneurs du Pontneuf,

Dont les Chansons impertinentes

Gatent l’esprit de nos servantes,

Dont le naturel est enclin

D’allez chez Dame Pataclin,

Et si vous purgez les guinguettes,

De toutes sales amourettes,

Cette Dame de grand pouvoir

Sera seule dans son manoir,

Et la grande salpétriere

Ne sera plus qu’un cimetiere,

Et le Compere d’Argenson                                  [141]

S’occupera dans sa maison,

Non plus à poursuivre le vice;

Mais à nous rendre la justice,

Et par là Paris sera net,

De Coësse blanche, et vert bonnet.

Mais pour le bonheur de la France.

Il faudra donner la Finance

Au Religieux d’Aguesseau,

Auquel réservons un vaisseau,

De la plus charmante marée;

Si mieux vous ne voules qu’Astrée;

Pour récompenser ses travaux,

Lui y confie bientôt les Sceaux.

Alors Madame la Justice

Confisqueroit le pain d’éspice,

Et l’on verroit fleurir l’éstat,

Sous cet Illustre Magistrat,

Prione vôtre Altesse Royalle

De passer un jour par la Halle,

Et vous aurez asseurement

Un magnifique compliment.

 

Chanson                                  1715                                          [142]

Sur l’air: Mr le Prevost des Marchands.

http://www.parisiansoundscapes.org/link/funeral-orations-king

Sur N….. de Quiqueran de Beaujeu, Evesque de Castres qui a fait l’Oraison funebre de Louis XIV à St Denis. Il avoit êté autrefois P. de l’Oratoire à Paris, et sorti de la Maison St Honoré parce qu’on ne vouloit pas lui accorder une Chambre à cheminée.

 

Ce grand Prélat en Orateur,

Qui dans le Stile adulateur,

Passe pour un homme célèbre,

S’est fait siffler de l’auditeur,

Dans sa longue Oraison funebre,

Comparant Louis au Sauveur.

 

Pour moy je trouve dans sa mort,

Avec Jesus un grand raport;

Et le Censeur mérite blâme,

De siffler la comparaison,

Puisqu’on voit plus d’une Ste Ame,

A sa mort sortir de prison.

 

Epitaphe                       1715                          [143]

Sur le Roy Louis XIV.

Cy gist le Roy Louis le Grand,

Il avoit le coeur d’Aléxandre,

La mort n’a pris ce Conquérant,

Que quand il n’eut plus rien a prendre.

 

Autre

Cy gist l’Idole de la France,

Et l’ennemi de son repos;

Il fut un gouffre de finance,

Et l’azile des Impots.

 

Autre

Cy gist le Roy des Maltotiers,

Le Partisan des Usuriers,

L’Esclave d’une indigne femme,                      la Maintenon

L’énnemi juré de la paix.

Ne priez point Dieu pour son ame,

Un tel monstre n’en n’esut jamais.

 

Chanson                   1715                          [145]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Nous avons perdu LOUIS,

Vraiment ma commere ouy.

Il a finy sa carriere,

Vraiment ma commere voire,

Vraiment ma commere ouy.

 

Les Présidens sont assis,

Vraiment etc.

Princes, Ducs et les Pairs;

Vraiment etc.

 

Tous les Conseillers aussy.

Vraiment etc.

C’est pour quelque bonne affaire;

Vraiment etc.

 

Scais tu de quoi il s’agit?

Vraiment etc.

C’est un Régent qu’on veut faire,

Vraiment etc.

 

C’est Phillipe Dieu mercy,                           Duc d’Orleans

Vraiment etc.

Ce Prince est fort débonnaire,                    [146]

Vraiment etc.

 

Ma foy il vaut bien Louis,

Vraiment etc.

Il fera mieux nos affaires,

Vraiment etc.

 

On dit qu’il a établi

Vraiment etc.

Six Conseils pour les Affaires.

Vraiment etc.

 

Pontchartrain en sera t’il?

Vraiment etc.

Il portera l’écritoire,

Vraiment etc.

 

Des Marets en est aussi,

Vraiment etc.

Il netoyera la poussiere,

Vraiment etc.

 

Le Tellier viendra t’il?

Vraiment etc.

Pour travailler aux carrieres,

Vraiment etc.

 

Reverons nous Jouvency,                      [147]

Vraiment etc.

Pour le conduire aux Galeres,

Vraiment etc.

 

Les Peres ont bien du crédit,

Vraiment etc.

Comme j’en ay par derriere;

Vraiment etc.

 

Chassons donc hors de Paris,

Vraiment etc.

Cette engeance de vipere,

Vraiment etc.

 

Que ferons nous de Bissy?

Vraiment etc.

Jettons-le dans la riviere,

Vraiment etc.

 

Le Rouge et Tournelly,

Vraiment etc.

Ont donné du nez en terre,

Vraiment etc.

 

Certain Prélats aujourd’huy,

Vraiment etc.

S’en sont allez par derriere,                            [148]

Vraiment etc.

 

Ce sont tous les énnemis,

Vraiment etc.

D’un saint Prélat qu’on révére                                  Noailles.

Vraiment etc.

 

Les differents sont bannis,

Vraiment etc.

On en perdra la mémoire.

Vraiment etc.

 

Nous lirons donc sans soucy,

Vraiment etc.

La Bible, et les Saints Peres,

Vraiment etc.

 

Et Quesnel reviendra t’il?

Vraiment etc.

Nous lui ferons bonne chere,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                       1715                             [149]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Or te voicy donc icy?

Vraiment ma Commere ouy.

Tout va t’il bien ma Commere?

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Scais tu qu’on vient d’etablir?

Vraiment etc.

Six Conseils, un pour la guerre.

Vraiment etc.

 

Un pour la Finance, et puis, etc.

Un pour les Affaires éstrangeres.

Vraiment etc.

 

Un gros lourdeau est banny,

Vraiment etc.

C’est Pont chartrain sans mistére,

Vraiment etc.

 

Le des Marets l’est aussi,                             

Vraiment etc.

Le Voisin loin n’ira guere,

Vraiment etc.

 

Que faut il faire à Bercy?                         [150]

Vraiment etc.

Chasses-le à coup d’estrivieres.

Vraiment etc.

 

J’allons vivre sans soucy,

Vraiment etc.

Et nous aurons de quoi boire,

Vraiment etc.

 

Doit-on pendre Jouvency/ Proscrira t’on Jouvency

Vraiment etc.

Et le Tellier son Confrere,

Vraiment etc.

 

Hardouin sera fléuri,

Vraiment etc.

Comme aux droits des Rois contraire (1)

Vraiment etc.

 

Nous gardenta l’on Bissy?

Vraiment etc.

Il nous donnera la foire (2),

Vraiment etc.

 

Jugera t’on le party/ Où placer tout ce party,

Vraiment etc.

Dans la Salpétriere,                          [151]

Vraiment etc.

 

Plus de Jesuittes à Paris,

Vraiment etc.

Et j’irons a l’Oratoire,

Vraiment etc.

 

Viste allons de ce pas cy,

Vraiment etc.

Voir le Régent notre/ ce bon pere,

Vraiment etc.

 

Nous saluërons avec luy,

Vraiment etc.

Madame sa bonne mere,

Vraiment etc.

 

Toute sa famille aussi,/ Sa famille réjouit,

Vraiment etc.

Elle est digne de memoire,/ Tout Paris l’a révere,

Vraiment etc.

 

Aime-tu le bon Louis?

Vraiment etc.

Et son aimable vicaire?

Vraiment etc.

 

Que dirons de tout cecy?

Vraiment etc.

Les quarante et le S.t Pere,

Vraiment etc.

 

Que Noailles soit bény,

Vraiment etc.

Belle sera son histoire,

Vraiment etc.

 

La Régence Dieu mercy,

Vraiment etc.

Sera digne de mémoire,

Vraiment etc.

 

Prions bien Dieu aujourd’huy,

Vrayment ma Commere ouy,

Rien ne ternisse sa gloire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                           1715                            [153]

Sur l’air: La faridondaine etc.

 

Le Duc d’Orléans établit

Un Conseil de Régence,

De gens de bien qu’il a choisi,

Pour gouverner la France.

Des Marets en est, ce dit on,

La faridondaine la faridondon

Rebours, Caumartin, Guyet, Bercy, biribi,

A la faςon de Barbarie mon amy.

 

Les Agrioteurs, les Traittans,

Les suports de Finance,

Sont charmez de ces changemens,

Et l’on va voir en France;

Pleuvoir des Déclarations,

La faridondaine etc.

Qui vont augmenter leur crédit, biribi,

A la faςon etc.

 

Tout le monde aplaudit au choix

Qu’à fait sa Révérence;

Des Quarante qui par leurs voix

Vont recevoir en France,

La Sainte Constitution;

La faridondaine etc.                            [154]

Le Moliniste rétably, biribi,

A la faςon etc.

 

Des Prélateurs de S.t Louis,

Admirons la puissance,

De l’Archevesque de Paris,                        Noailles.

Pleurons la décadence;

Et sans cesse dans l’afflication;

La faridondaine etc.

Du pouvoir qu’on voit à Bissy, biribi,

A la faςon etc.

 

Pour vous Princes, Seigneur et Grands,

Qui par vôtre naissance,

Estes assis au premier rang,

Et gouvernez la France;

Vous allez tomber ce dit on,

La faridondaine etc.

L’on verra regner des Commis, biribi,

A la faςon etc.

 

Peuples qui depuis si longtems,

Vivez dans l’abondance,

Qui n’avez point des Partisans

Soulage l’indigence,

Ils vont sur vos biens, se dit on,                        [155]

La faridondaine, la faridondon,

Exercer leur grand appétit, biriby,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Chanson                      1715                                  [157]

Sur l’air: Vous m’entendez bien.

 

Nostre Archevesque à le dessus                            Noailles.

Le Tellier, vos soins sont superflus;

Aprés une défaite, hé bien

Il faut batre retraite, vous m’entendez bien.

 

Tiran de la Religion,

Que sert vôtre prédiction?

Le destin plus propice, hé bien,

Confond vôtre malice, vous m’entendez bien.

 

Mais l’on est trop interressé

A punir vôtre cruauté;

Que bientost la Bastille, hé bien,

Soit votre domicille, vous m’entendez bien.

C’est là monstre d’iniquité

Où vous devez être enfermé.

Vos plus affreux suplices, hé bien,

Vont faire nos délices, vous m’entendez bien.

 

Tant de malheureux innocens

Qui gémissent depuis longtems:

Sortent de l’ésclavage, hé bien,

Où les mit vôtre rage, vous m’entendez bien.

 

Le Tellier a veu qu’au cercueil,                     [158]

Le crédit trouve son écueil;

Ainsi finit la gloire, hé bien,

De la Cohorte* noire, vous m’entendez bien.                   *les Jesuittes.

 

Chanson                     1715                            [159]

Sur l’air du Confiteor.

 

Paissez, ne craignez plus le loup,

Disoit à son troupeau, Noailles,

Un Chasseur les écarte tous;

Paissez en paix mes cheres ouailles,

Pour renverser nos énnemis,

Il ne nous en coute qu’un Louis.

 

Le Tellier triomphoit desja,

Le mal alloit prendre racine;

Rome chantoit Alleluia.

Sans un coup de la Médicine,

Contre Mareschal et Fagon,

Qui pert la Constitution.

 

L’Inquisition de Goa,

Alloit être établie en France,

Et l’on avoit nommé déja

Dans un conseil de conscience

Pontchartrain grand Inquisiteur,

Et d’Argenson éxécuteur.

 

D’Argenson ne se mesle plus,

Que de l’employ qui le concerne,

De corriger quelques abbus,                             [160]

De faire abaisser les lanternes:

Adieu donc tout nôtre crédit,

Cailly (1), Tiserant (2), et Champy (3).

 

Pour établir l’Ordre partout,

Le Régent de tous côtés lorgne,

Et dans la Marine surtout,

Il ne veut point de Conte borgne,

Pontchartrain en est aquia;

De quel oeil verra t’il cela?

 

  1. Commere du Chasteller favori de M. d’Argenson.

       2./ 3. Exempts.

 

Chanson                       1715                      [161]

 

Orleans le voicy,

Tout prest a faire plaisir

Au peuple. bis.

 

Au plutost fais icy

Reconduire Jouvency.

Pour pendre; bis.

 

Le Tellier avec lui;

Mais garde dans un estuy,

Soubize. bis.

 

Que donner à Bissy.

Au noir Voisin du Plessis?

Bissêtre, bis.

 

Où mener le party?

De cette canaile icy?

Au Diable. bis.

 

                                                                    [162]

Dom Turquois sans soucy

Et le bon viellard aussi,

Jerosme. bis.

 

Fait venir à Paris, / Si tu rends à nos cris

Quesnel avec ses écrits,

D’Hollande, bis. / Louanges. bis.

 

Nous lirons Dieu mercy,

La grande Bible de Sacy,

Nicole. bis.

 

On dira son avis,

A chaque prima mensis,

Sans crainte. bis.

D’Aguesseau et Fleury,

Nôtre Dame de Paris,

Noailles. bis.

 

Qu’à jamais soit bény,

L’heureux jour que naquit

Philippes. bis.                             d’Orleans.

 

Chanson                             1715                            [163]

Sur l’air de Lanturlu.

 

Tellier ta disgrace,

T’attire du mépris,

Que la populace,

A trop bien apris.

Chacun l’abandonne

Comme on feroit un pendu;

Lenturlu.

 

Renonce à la gloire

D’etre auprés du Roy,

Car ta robe noire

Cause de l’effroy

A ce jeune Prince,

Qui te croiroit Belzebu;

Lenturlu.

 

Du tems de la Chaise,

Ton prédécesseur,

L’on suivoit a l’aise,

La voye du Sauveur;

Mais par ta malice,

Quesnel est mis au rebut;

Lenturlu.

 

Va trouver le Pape,                               [164]

C’est ton réconfort,

Car si on t’attrape,

Hors de son ressort,

De ton imposture;

Tu payeras le tribut;

Lanturlu.

 

Par reconnoissance

Certain Cardinal,

A par complaisance,

Sans peine et sans mal,

Souscrit à la Bulle,

Etant tout frais émoulu;

Lanturlu,

 

Le peuple de France,

Satisfait, content,

De ta décadence

En louë le Regent;

La joye est parfaite

De te voir ainsi déchu.

 

Chanson                         1715                          [165]

Sur l’air: Ma raison s’en va grand train.

 

Qu’il est doux de voir régir

Prince qui scair obeïr!

                  Le Duc d’Orleans,

                  Dés qu’il est Regent,

Nous fait voir des merveilles,

Et la France va recueillir

Le fruit de mille veilles, lanla. bis.

 

Ministres et Partisans,

Gens nourris de nôtre sang,

                  Vos travaux passez

                  Vont être pesez

A la juste Balance;

Et vous serez récompensez

Au désir de la France, lanla. bis.

 

L’avide main de Bercy.

Ne suis plus son apetit.

                  Six Conseils prudents,

                  Pleins d’honnestes gens,

Vont fermer la Boutique,

Il n’en est plus sous ce Régent

De pouvoir despotique, lanla. bis.

 

Le Controlleur général                          [166]

Ne nous fera plus de mal

                  Adieu des Marets, / Adieu ce fripon,

                  Qui tendoit les rets/ Qui sous le Neron,

Pour nous faire la guerre/ Nous déclaroit la guerre,

La Régence en veut tout expres/ de bon

Purger toute la terre lanla. bis.

 

L’abondance au front serain,

Nous ouvre déja son sein,

                  Usuriers hiboux

                  Rentrez dans vos trous;

La veuve et le Pupille

Ne voudroit pas perdre un seul sol,

Sur les Contracts de ville, lanla. bis.

 

Les perfides Agioteurs

Ne seront plus en faveurs;

                  Ces monstres hideux

                  Redevenus gueux

Chargez de paperasses,

Seront desormais dans ces lieux.

Les derniers de leurs races, lanla. bis.

 

Le Pape instruit de nos Loix

Va souffrir/ soutenir nos anciens droits.

                  L’Unigénitus,

                  Battu de rébus,                                   [167]

Conte à tous sa disgrace:

Ses décrets ne seront receus,

Que des Dindons d’Ignace, lanla, bis.

 

L’Archevesque de Paris,                              Noailles

Sans s’emouvoir d’aucuns bruits,

                  Conserve la foy.

                  Les droits de son Roy.

Sans lui seul trémontane,

S’assujetissoit cette fois,

L’église Gallicane, lanla. bis.

 

Gens de bien, scavans Docteurs,

Casuistes, Directeurs.

                  Aqui se lâchoit,

                  Lettre de cachet,

Vivez libres en France:

Sans l’examen rien ne se fait

Sous l’auguste Régence, lanla. bis.

 

Le Parlement cette fois,

Rentre dans ses anciens droits.

                  L’Unigenitus

                  Battu de rébus,

Conte à tous sa disgrace,

Décrets ne seront plus receus,

Que des Dindons d’Ignace, lanla,                            [168]

Que des Dindons d’Ignace.

 

Chanson                              1715                               [169]

Sur l’air de Mais

Sur Louis XIV.

 

Ȏ sort cruel!

L’invincible Monarque,

L’homme immortel,

Est tombé sous la Parque;

                  Mais,

Laissons-le passer la Barque

Ne le rapellons jamais.

 

Chanson                                 1715                                 [170]

Sur l’air: Dans le bel âge.

 

Sous la Régense

Que l’on goûte d’apas,

Que l’opulance

Va naître en ces Climats,

Un Prince vertueux,

Aimé chéri des Dieux;

Va par sa bienveillance,

Rendre le peuple heureux

Sous la Régence.

 

Chanson                                  1715                                          [171]

Sur l’air: Oh reguingué.

Les Adieux de Louis XIV.

 

Enfin Louis le Grand est mort,

La Parque a fait un noble effort,

Oh reguingué, oh lonlanla.

Elle vient de trancher sa vie,

Toute l’Europe en est ravie.

 

Sentant son heure s’aprocher,

Les Grands il envoya chercher.

Oh etc.

Puis aprés sans Céremonie,

Dit ces mots à la Compagnie.

 

Je vais rejoindre mes parens,

Qui m’attendent depuis longtems;

Oh etc.

Je voudrois avant ce voyage,

Détruire icy leur héritage.

 

Adieu Reine de Maintenon,

Autrefois femme de Scaron;

Oh etc.

Vos Conseils et vôtre prudence,

Mériteroient bien la Régence.                           [172]

 

Recevez mes embrassemens,

Dauphin; mais dans fort peu de tems;                           Louis XV.

Oh. etc.

Je vous attends sur le rivage,

Phillipe aura soin du voyage.                                             Le Duc d’Orleans, Regent.

 

Adieu Duchesse de Berry,

Il vous faudroit un bon mary;/ Prenez cinq ou six bons amis!

Oh. etc.

Pour soûtenir votre dépense,/ Qui mieux que la Haye scache faire.

Prenez party dans la Finance/ Ce que vous a fait vôtre Pere.

 

Pardonnez moy ma belle soeur,

Vous avez encore sur le coeur,

Oh. etc.

D’une Bastarde l’alliance,

N’est-elle pas du sang de France.

 

Adieu mon neveu d’Orleans,

Vous avez de si grands talens.

Oh. etc.

Pour succeder à ma Couronne,

Que déja je vous l’abandonne.

 

Trois Dauphins les ont éprouvez,                    [173]

Pour vôtre gloire en est-ce assez?

Oh. etc.

Sinon voicy le quatriéme,

Agissez avec lui de même.

 

Et pour vous Prince de Condé,

Vous n’êtes qu’un Prince hazardé.

Oh. etc.

Henry quatre mon cher grand pere,

Connoissoit bien tout ce mistere.

 

Vous Bossu Prince de Conty,

Du même endroit êtes sorty.

Oh. etc.

Admirez la haute naissance,

De ces Princes du sang de France.

 

Adieu nouveaux Princes du sang,            le Duc du Maine et le Comte de Toulouze

Que je fis à la Montespan.

Oh. etc.

Mais êtois-je seule à les faire?

N’auriez vous point eu plus d’un pere?

 

Tachez de conserver le nom,

Le glorieux nom de Bourbon:

Oh etc.

Prenez garde qu’un téméraire,                         [174]

De d’Antin ne vous fasse frere.

 

Pour vous j’ay renversé les Loix,

C’est le privilege des Rois.

Oh etc.

J’en jouissois en asseurance,

Plus qu’aucun autre Roy de France.

 

Adieu docile Parlement,

Aqui j’ay donné fort souvent.

Oh etc.

Pour récompenser ses suffrages,

Tant d’augmentations de Gages.

 

J’aurois mal fait pour mes projets,

De faire pendre des Marets,

Oh. etc.

Mon neveu ne vous en défaites,

Tant qu’il restera quelques dettes.

 

Dévot Clergé, Prélats Franςois

Soyez toujours soumis aux Rois,

Oh. etc.

Aux dépens de vos consciences

Vous en aurez la récompense.

 

Tres sainte Constitution,                             [175]

Que je crois sans restriction.

Oh etc.

Je ne scay pourtant qui l’a faite,

Du Pape, ou du Diable en cachette.                    Clement XI.

 

Adieu Jansénisme maudit,

Des Marets qu’on fasses un édit./ Chan.er qu’on fasse un édit.

Oh etc.

Pour en purger toute la terre,

Je vais le porter à saint Pierre.

 

Pere Tellier ne craignez rien,

Je vous le dis, tout ira bien.

Oh etc.

Votre doctrine est trop commode,

Pour n’estre pas toujours de mode.

 

Je meurs, je vais en Paradis,

Vous me l’avez toujours promis.

Oh etc.

Saint Ignace est en sentinelle,

Je l’entends et vois qu’il m’apelle.

 

Proverbe a deviner                            1715                            [177]

Réponse par Madame de Vatry.

 

Je ne m’en deffends pas; j’aime le sérieux,

Et croy qu’on ne peut être heureux,

Que lorsqu’on scait sur la sagesse

Régler son coeur, ses désirs, sa tendresse;

Heureux , cent fois heureux qui croit que l’immortel,

Prépare aux vertueux un bonheur éternel.

Des hommes, cependant qu’elle est donc la folie?

Ils vivent presque tous selon leur fantaisie.

Ils n’ont devant les yeux, jamais que le présent.

De leur coeur corrompû, le Seigneur est absent,

Que ne risquent-ils point en suivant leur caprice,

Et que risqueoient-ils en s’eloignant du vice.

Qu’ils scachent que leur Dieu pour lui forma le coeur,

Et qu’on trouve en lui seul un solide bonheur.

 

Chanson                           1715                            [178]

Sur l’air: Dirai-je mon confitéor.

 

Je ne scaurois chanter encore,

Les agrémens de la Régence;

Car je ne vois point rouler l’or,

N’y qu’on ait banni l’indigence;

Quand je verray courir l’argent.

Alors je loueray le Régent.

 

L’esprit de Dieu fit tout de rien,

D’un souffle puissant, et suprême,

Helas! nous souhaiterions bien

Que le Régent en fit de même,

Et que son souffle intelligent

Créa beaucoup d’or, et d’argent.

 

Vraiment je ne m’etonne pas!

Si son Altesse à la Royalle,                           le Duc d’Orleans

Cherchoit jasis dans les matras,

Une pierre Philosophale;

Il prévoyoit qu’estant Régent,

On voudroit qu’il fit de l’argent.

 

Vers                          1715                             [179]

 

Ces jours passex de l’Abbé de S.t Pierre*,                        Castel de S.t Pierre.

On me montroit un buste tant parfait,

Qu’on ne pût voir si c’estoit chair ou pierre,

Tant le Sculpteur l’avoit pris trait pour trait;

Si que restay perplex et stupéfait,

Craignant toujours de faire une méprise.

Puis dit soudain: Non ce n’est qu’un portrait,

L’original diroit quelque sottise.

 

Fable Allégorique                            1715                        [181]

Sur l’éstablissement des Conseils.

A.S.A.R. Monseigneur le Duc d’Orleans.

 

Climat chéri des Dieux, France, que je t’ay plaint!

Non de voir contre toy toute l’Europe en armes:

Trop de fois la victoire a calmé nos allarmes;

Ta chute par le fer n’est pas ce que j’ay craint.

J’ay craint d’autres malheurs inconnus à l’histoire;

Plaise au Ciel qu’après nous on ait peine à les croire:

J’ay craint qu’un Bourvalais n’inventât le sécret,

                  Aprés douze ans de gloire

                  De mettre l’Estat en décret.

                  Autrefois des peuples rebelles,

Burent l’eau teinte en sang, on vit leurs premiers nés

Par le Ciel en couroux justement condamnés;

On vit sur ces ingrats pleuvoir des Sauterelles:

Sans doute que les Dieux encore plus mécontens

De ne nous pas trouver plus soigneux de leur plaire,

Ont voulu nous punir au fort de leur colére,

                  Par un Déluge de Traitans.

 

Mais un mort plein d’esprit, et bon homme d’affaires,

Piqué de voir la terre en proïe à ses Confreres,

Et de ne pouvoir plus partager le gâteau,

Résolut de leur nuire au delà du tombeau.

                  Dés qu’il eut passe l’onde noir,                                [182]

                  Il sut en sortant du Batteau,

Remontrer à Pluton qu’il venoit pour sa gloire;

Que les pauvres humains faisoient compassion;

Surtout, que les Franςois êtoient à la torture:

Que le Traittant de l’eau vouloit qu’on la bût pure;

Qu’un autre s’etant mis à la dévotion,

Vouloit faire taxer les Mânes d’Epicure;

Qu’un langueyeur de Pores offrant un million

Pour que des plus sensuels toute la nourriture

                  Fut reduitte au petit salé,

Par Guerbois, et Crespy venoit d’etre empalé:

Que les Droits de menu, de gros et de barriére,

Faisoient quitter le vin pour le Cidre, et la Bierre;

                  Que la grace êtant en parti,

Les friands en esté buvoient au bain-marie;

                  Que le joueur assujeti,

                  A payer sur chaque partie,

Et les droits de cachet, et les frais de Régie,

Préféroit au piquet, à l’ombre, au Pharaon,

                  La Marelle, et le Pair-a-non;

Enfin que les Traittans renversoient tout en France;

Que par eux les plaisirs alloient tout de travers;

Que puisqu’ils tourmentoient jusques à l’innocence,

Il n’alloit plus rester à la toute puissance

                  De suplices pour les pervers;

Que les momens devenoient chers,                            [183]

Et qu’il falloit en diligence,

Revendiquer la compétence,

Sans quoi les Partisans, bourreaux de l’Univers,

                  Alloit dérober aux Enfers

                  Le préciput de la souffrance.

 

                  L’avis du Damné parut bon:

                  On lui permit pour récompense

                  De prendre un droit sur le charbon;

                  Mais il choisit par préférence

D’être fait Boute-a-port de la Barque à Caron;

Avec les droits, profits, honneurs, et préscéance,

                  Tel qu’avoit le mauvais Laron.

 

Quoi! tout Dieu que je suis, dit Pluton en colere,

                  On voudroit me faire la Loi!

Les plus vils des mortels sont plus Diables que moi!

                  Vite qu’on déchaine Cerbere;

Qu’il aille par mon ordre à chaque cachot noir,

                  Avertie mon Conseil Aulique,

Qu’il ait a s’assembler au Bucher politique,

Pour penser aux moyens de sauver mon pouvoir.

Des Cheins, et Thevenin, au tein pasle et livide,

Gardoient à ce discours un silence timide;

Mais leur air interdit revela leur sécret;                         [184]

Eux qui dans les Enfers jouënt un si beau role,

                  Furent exclus du Tabouret,

Et Pluton leur ôta la plume et la parole.

 

                  Chaque Classe de Matotiers

                  Alloit avoir la vespérie;

Les Chefs, les Soustraittanc, les Scribes, les Courtiers,

                  Laquais devenus sousfermiers;

Tout de Pluton, sur l’heure eur senti la furie;

                  Mais il attendoit compagnie.

 

Une foule de Dieux proscrits de l’Univers,

                  Devoit finir par les Enfers,

                  Leur Course errante et vagabonde,

                  Comptant d’y voir des habitans

                  Plus traitables que les Traittants,

Et beaucoup moins démons que les Démons du monde.

 

Alors on annonςa la volupté, les jeux,

                  Et la fugitive abondance,

Qui des quatre vingt neuf êtoient sortis de France,

                  Le Dieu des Païs ténébreux,

                  Poliment fut au devant d’eux;

Non pourtant, sans frayeur, qu’une telle visite                        

N’egayat un moment les rives du Cocyte.

 

                  L’Accueil fut froid; mais d’un grand air;                       [185]

Jamais chez les Damnez on n’eût un tel spectacle;

                  Il n’est pas de plus grand miracle

                  Que de voir les jeux en Enfer.

 

                  Enfin les Dieux et les Déesses

                  Aprez le premier compliment,

                  Ayant meslé confusément,

                  Les reproches et les promesses,

                  Firent leur racommodement.

 

Ca dit aux autres Dieux, le Dieu des païs sombres,

N’ai-je pas quelque lieu de me plaindre de vous?

                  Voyez vous ces chétives Ombres,

                  Méritent-elles mon couroux?

Vous surtout qui faisiez l’honneur de ma couronne,

Depuis prés de trente ans, aimable volupté,

                  Vous ne m’avez donné personne,

                  Qui mérite d’etre cité.

On ne voit à ma Cour que coeurs pétris d’ordure,

                  Et l’élite de la nature.

Ne scauroit plus souffrir pour avoir trop souffert:

                  Mon Palais seroit un désert

                  Sans le désespor et l’usure.

 

Et vous, que chacun aime à l’adoration,

Abondance, pour qui tout l’Univers soupire,                       [186]

                  Franchement pouvez vous vous dire

                  Déesse de distinction?

Hé! que m’envoyez cous? que de la valetaille?

Des faquins que l’on voir regorger de Tresors?

Des Champignons dorez, qui par de beaux de hors

                  En impose à la Canaille;

Mais dont l’ame, et le nom étendus sur la paille

                  Font pitié sur les sombres bords.

 

Cependant, quel oubli du plus tendre mistére!

Et quelle solitude à Paphos, à Cithére!

                  Pour un Vautour, pour un Furet,

Toujours quaerens quem devoret.

 

Enfin pour un Traittant qui désole et qui pille.

                  Combien de gens de qualité,

Vertueux par necessité,

N’ont pas de quoy payer la moindre pecadille?

 

Puissant Dieu des Enfers, crient les voyageurs,

Pourquoy par vos mépris, irriter nos douleurs?

Vous soufrez, nous soufrons, nôtre honte est commune;

Que ne nous vangeons meme de l’aveugle fortune!

                  Qui fait seule tous nos malheurs.

 

La Folie s’est livrée à gens farcis de vices,

Qui fixent ses faveurs, ou plutôt ses caprices;

Pour qui, depuis trente ans elle épuise les soins;

L’honneur, le nom, les Dons, les talens, les besoins

                  Suplantez par les Artifices,

Faute de pots de vin sont oisifs et languissent;

                  C’est ce qui lá touche le moins.

 

Le mérite isolé, méprisé, par merveilles;

Est réduit au Suréne, et boit en tremblottant,

Tandis qu’un la Forest devenu soustraittant,

Sable le Sillery sans compter les Bouteilles.

 

Cette fortune enfin qui nous fait mépriser,

A le front à nos yeux de se Diviniser,

Comme si ses vapeurs êtoient autant d’oracles,

                  Et ses sottises, des miracles.

Il faudroit réprimer ce pouvoir absolu,

Qui scait tourner en Loy ce qu’elle a résolu,

Qui la rend à son gré, prodigue sans réserve,

                  Pour le rebut du genre humain.

Quand mille honnêtes gens ont a peine du pain;

Que ne déférons nous ce pouvoir à Minerve;

Des Marauts enrichis, ne feroient plus les Dieux.

                  Tant qu’elle prit soin de la France,

On voyoit réussir la Guerre et la Finance,

Et les plaisirs s’entrouveroient mieux.                         [188]

 

Hélas! qui peut scavoir quels lieux Minerve habite,

Ayant quitté les Cieux pour une nation

                  Qu’elle aimoit à la passion,

Et qu’elle gouvernoit comme sa favorite.

Elle y fixa longtems son habitation;

Mais voyant que l’honneur alloit se faire hermite,

Et que la bonne foy du monde êtoit proscrite;

                  La Terre de Promission

                  Luy parût la Terre maudite;

Elle fuit; on ne scait en quelle Réligion;

Ne seroit-elle point sur les bords du Cocite?

 

Non, répondit Pluton, dés le premier signal

                  D’un Ministére despotique,

Par un noble dépit, en bonne politique,

Elle fut se cacher au Palais Royal.

 

C’est là qu’incognito, sa sagesse profonde,

Du Déluge nouveau voulant sauver le monde,

N’examinoit les Cieux que par un soupirail.

Tous les vents déchaînez joint aux fureurs de l’onde

Répondent vainement au Tonnerre qui gronde;

Minerve des humains renouvelle le Bail.

                  Mortels ne craignez plus l’orage,

                  On est a l’abri du Naufrage,                               [189]

                  Dés qu’elle prend le Gouvernail.

 

A ces mots le dépit fit place à l’espérance;

Le départ des Enfers est toujours gracieus:

Les jeux, la volupté, les ris et l’abondance,

Embrasserent Pluton, et firent diligence,

                  Pour joindre Minerve en ces lieux.

Ne nous quittez donc plus, ô secourables Dieux,

                  Dieux tutelaires de la France:

Chassez-en pour toujours les plaintes, les soupirs;

                  Que ces lieux par vôtre presence

Redeviennent encore le Climat des plaisirs.

 

Ne votez plus d’un monde à l’autre,

Si jusqu’aux Immortels tout périt dans le nostre;

                  Renaissez comme le Phénix;

Ou si nous voir périr est vôtre seule peine,

                  Faites que les bords de la Seine

                  Soient les antipodes du Stix.

 

                  Mais quel bruit! qu’est-ce qu’on publie?

Déja l’on voit partout en Province, à Paris,

                  La confiance rétablie,

Les Juifs chassez du Temple, et l’usure abolie,

L’honneur remis en place, et les Traittans proscrits.

Dés que du bien public Philippe s’inquiette;                       [190]

On respecte, on adore, et ses bienfaits et ses dits.

                  Quel changement dans les Edits!

                  On les craignoit, on les souhaite.

 

                  Corsaires du plus bas aloy,

Algériens Franςois, homicide cabale;

Gens nez sans feu, sans lieu, nouris sans foy, sans loy,

                  Donneurs d’avis, secte infernale,

                  A vôtre tour tremblez d’effroy.

                  Rouillé, Noailles, Villeroy,

Scavent assez l’Aritmétique

Pour soustraire au profit du Roy

Les trois quarts de vôtre Boutique:

Ils ne reconnoissent, dit on,

Pots de vin, ni tours de baton.

Du calcul de l’honneur ils scavent tous les nombres,

Ils scauront déchifrer vos monstrueux Tresors,

Et peut être irez vous sur les rivages sombres

                  Demander aux plaintives Ombres,

                  Trois en dedand, deux en dehors.

 

Attachez comme la Sangsuë

A tout âge, tout bien, tout êtat, et tout rang;

Vous aimiez trop a voir la vertu toute nüe.

Rendez lui le drap d’or, rendez nous sang pour sang.

                  Qu’on vous mette à la même épreuve,

Où vous nûtes longtems l’Orphelin, et la veuve;

Que le néant enfin reprenne pour jamais

                  Vôtre nom avec vos forfaits.

 

                  Alors chacun de bonne grace,

Pour soulager l’Estat, scaura s’exécuter;

                  Il est bien juste d’acquitter

                  Le papier qui court sur la place,

Il est juste qu’enfin l’officier soit payé,

Que les Déniers publics prennent une autre route,

                  Que du terme de Banqueroute,

Le fidele Marchand ne soit plus effrayé,

Qu’on ne retarde plus les Rentes de la ville,

                  Qu’on ne paye rien en papier,

                  Que chacun fasse son métier;

Et qu’on mette au Billon toute charge inutile.

 

Prince, à qui nous devons la fin de nos malheurs,

Voy ce qui te revient d’avoir seiché nos pleurs:

                  Du Mont Sacré jusqu’à la Hale,

                  Grands et petits, sont tes prosneurs;

                  Tout Paris fourmille d’autheurs;

                  A Cezar le jour de Pharsale,

                  Mérita moins de vrais honneurs,

Et rien n’honnore tant l’ame vraiment Royale,

Que l’homage de tous les coeurs.                               [192]

 

Si l’on rime pour toy, ce n’est point par momie,

Ny par l’espoir de mettre un talent à profit;

                  On pense, on sent ce qu’on escrit,

                  Et cette ressource infinie

                  Sert de suplément au génie;

                  On dit toujours bien ce qu’on dit,

                  Quand le coeur fait parler l’Esprit.

 

                  D’où vient donc? est-ce par paresse

                  Que je n’ay point fendu la presse

De ce monde attentif, et prompt à te louër?

                  Non; mais si je l’ose avouër,

J’avois quelques raisons, et voicy ma finesse.

 

                  Quand tout le monde aura chanté

                  De tes talents l’universalité

Dans les combats tes travaux militaires,

Et dans la Pais ton amour pour les Loix,

Ce caractére enfin qui devient pour nos Rois

                  Le modele des caractéres.

Quand on aura vanté les maniéres, l’humeur,

L’air, l’affabilité, les graces infinies,

                  Toutes les qualitez du coeur,

                  De l’esprit, toutes les parties,

                  Et tout genre un profond scavoir,                        [193]

L’usage modéré du souverain pouvoir;

On ne pensera pas aprés cet assemblage

Qu’il puisse encor rester matiére a quelque ouvrage,

                  Et le Poëte qui choisit,

                  Epuisé, mettra bas sa Lyre:

                  Mais lorqu’on croira tout dit

                  Je trouverai beaucoup a dire.

 

On me verra glaner dans le champ des neuf soeurs,

A mon zele pour toy les Muses attentives,

Scauront bien par ton nom éterniser mes fleurs,

Quoiqu’elles soient les plus tardives;

Si d’Apollon les favoris

Par leurs empressemens ont remporté le prix,

                  Pour en dédommager ma plume,

                  Prose et vers me seront permis;

                  Et de ce qu’ils auront obmis

                  Je prétends t’offrir un volume.

 

Envoy à M.r Rouillé du Coudray.

Né grand et vertueux, de ton fonds assez riche,

La plus haute fortune, et la grandeur postiche,

                  Ne sont point un aimant pour toy;

L’amitié de Phillippes* et l’estime publique,                    *le Duc d’Orleans Regent.

Servir utilement ta Patrie, et ton Roy,                    [194]

Rouillé, je te conois, c’est là ce qui te pique,

 

Ah! que les gouts sont differents!

                  Tu haïs toutes sortes d’offrandes,

                  Et l’encensoir, ny les Guirlandes

Ne te touchent pas plus que les sacs de mil francs,

 

Tu recevras pourtant le présent je t’offres;

Rassure toy, Rouillé, ce n’est qu’un compliment

                  Qui ne vient point asseurement,

                  Ni d’un Traittant, ny de son Coffre;

Et j’ay sceu malgré moy te louër sobrement.

 

                  Quoim Mordieus, tu me refuses.

Est-ce que tu confonds les Traittans et les Muses?

Ce paralelle affreux deshonnore Apollon.

Ah! je t’entens; tu crois les louanges des Ruses

Qui servent d’Agio dans le Sacré Vallon,

 

Je suis tout prest d’en croire quelque chose,

Honneste homme jamais ne receût rien pour rien;

Cependant quand je veux que tu reςoives bien

                  La Fable que je te propose;

Peut être à cent pour cent cherchai-je à trafiquer,

Et serois-je en effet faché de la troquer

                  Contre un petit mot de la prose.

 

La Chronique                    1715                           [195]

véritable du preux Chtr Dom Philippus* d’Aurelie, où l’on voit les faits d’Armes, amours, et autres moultes joyeuses avantures de plusieurs Barons et noble Dames.

                                                                                                                  *M.r le duc d’Orleans Regent

Table des Chapitres.

 

Chapitre 1er.

Comme Déodatus (1) Roy de Gaule tomba grievement malade.

 

Chapitre 2e.

Comme les Médecins et Saltimbanques, firent une Consultation sur la maladie de Deodatus, & lui dirent que s’il n’en mourroit point, il en pourroit réchaper.

 

Chapitre 3e.

Comme Déodatus n’en pouvant revenir, fit ses adieux à Scavonie (2) Dame Souveraine de ses pensées.

 

Chapitre 4e.

Comme Deodatus se fit amener son arriére petit fils Louison (3); comme il lui recommanda la justice, la chasteté et de chercher le bien de ses sujets.

 

(1) Le Roy Louis XIV.

(2) Madame de Maintenon.

(3) Monseigneur le Dauphin.

 

Chapitre 5                                                       [196]

Comme Déodatus mourut, et fut joyeusement inhumé, et comme lui succéda son arriere petit fils Louis, fils de Louis du Moulin.

 

Chapitre 6

Comme Dom Philippus d’Aurelie fur déclaré Tuteur de Louison, et comme le comte des Tectorages (1), et le grand Chef (2) helvétique, prenoient patience en enrageat faute de mieux.

 

Chapitre 7

Comme malgré l’aide de S.t Pierre l’Archevesque Turpin remporta la victoire sur le grand enchanteur Acignivo.

 

Chapitre 8e.

Comme le Baron de la Couleviere fut expulse pour ses méfaits par Dom Philipus d’Aurelie.

 

Chapitre 9

Comme Dom Philippe d’Aurelie passoit joyeusement son temps, et ne manquoit point de trepudice a l’Assemblée nocturne.

 

Chaptre 10

Comme Dom Philippus d’Aurelie courant les ruës de Lutece, pour deffendre la béauté de la Dame de Biturgie*, mit plusieurs grandes avantures, afin sans aucun péril de sa personne.

                                                                                                                             *Madame de Berry

(1) Le Comte de Toulouze

(2) Le Duc du Maine

 

Chapitre 11                                                          [197]

Comme la Dame de Biturgie choisit pour sa garde 50. Monstres apellez Mirebalais.

 

Chapitre 12

Comme Dom Philippus d’Aurelie voulant renouveller l’histoire des Patriarches choisit Noë & Loth pour ses modelles. 

 

Chapitre 13

Comme Dom Philippus d’Aurelie renchérissoit sur les travaux d’Hercule, en entretenant 60. Maitresses.

 

Chapitre 14

Comme le Prince Gobbo* cherchant avanture dans l’Isle de Cithere, fur attaqué dans la ville Morivaline, et navré cruellement par un monstre apellé le Chien de S.t Cosme.

                                                                                                        *le Prince de Conty chez la Morival

Chapitre 15

Comme le Prince Gobbo aprés sa guérison, suivy de plusieurs preux Chevaliers d’Armes, détruisit la ville Morivaline, et mena la Dame du lieu en triomphe par toutes les ruës et carrefour de Lutece.

 

Chapitre 16

Comme le Prince Gobbo meurtrit la Princesse du viol avec oeufs durs, et la navigation nocturne qu’elle fut obligée de faire avec un tres piteux Crevecoeur*.

                                                                                                                      *Marquise de Crevecoeur.

Chapitre 17                                                         [198]

Comme en présence de Dom Philippus d’Aurelie et de la Dame Biturgie commenςa le tres redoutable combat entre le preux Chtr Dom Courcillonigo* de la Durjambe et l’Infante** Amisuere Dame de Bisaissie, et comme s’ensuivit le pillage des Chateaux d’Orgeadie, et de Limonadie.

 

Chapitre 18

Comme l’éscuier égrefin se fit des manches de la culotte de sa Dame, et tout ce qui en advint.

 

Chapitre 19

Comme le Prince Gobbo*** allant au concert des Fées fur arresté dans son char; et le sage Enchanteur qui conduisoit un hipogrife fut moult vilainement accoutré par les Mirbalais et la D.e de Biturgie.

 

Chapitre 20

Comme Dom Philippus d’Aurelie prit pour juge dans la ville de Lutece un Clerc qu’il crut d’abord moult versé és Loix.

 

Chapitre 21

Comme le dit Clerc avoit êté élevé aprentif mire chez son pere, qui êtoit le mire de Deódatus.     (Fagon et Fourqueux)

 

Chapitre 22

Comme par fraude astuce et mal engin ledit Clerc acquit lots et crédit.    

 

Chapitre 23

Comme ledit Clerc malversa à l’encontre de plusieurs

 

*Courcillon de Dangeau

**La Vandeuse de Liqueurs à l’Opera

***le Carrose de M.r le Prince de Conty arresté par l’Ordre du Marquis de la Rochefoucault Capitaine des Gardes de Madame la Duchesse de Berry.

 

                                                                       [199]

personnes, et pour ce eut le mal talent des bons et Loyaux habitans de Lutece.

                                                                                                                                         d’Argenson.

 

Chapitre 24

Comme les habitans de Lutece presenterent à Dom Phillipus d’Aurelie une Requeste, où les méfaits dudit Clerc êtoient exprimez, et de ce qui en advint.

 

Chapitre 25

Comme au signal donné par Dom Philippus d’Aurelie le gentil Chevalier de la Fortequeüe, qui portoit un cotte d’Armes noire, et pour cimier sur son armet 4. cornes, fit vider les arςons au faux glouton Bourvalaisis de la rapine, qui par fraude et mal engin avoit envahi les tresors de la belle fleur de lys.

                                                                                       Bourvalais pris prisonnier et ses biens saisis.

Chapitre 26

Comme le faux glouton Bourvalaisis de la rapine dut jetté en obscure prison, et illec aboyé sans cesse par un des plus acharnez dogues noirs de Dom Philippus d’Aurelie, nommé Machalton.

 

Chapitre 27

Comme Don Philippus d’Aurelie avec l’avis du sage enchanteur Ruliginosos au col droit, délivra ceux de la Gallicie de la fureur d’un monstre qui avoit cent testes et mil mains, nommé Agiot.

 

Chapitre 28

Comme Dom Philippus d’Aurelie découvrant son

                                                                                 [200]

éscu enchanté sur lequel êtoit pour devise Déclaration, rendit immobile tous les traitres, Maraus, Sarrazini et faux gloutons qui combattoient sous les enseignes du Griffon.

 

Chapitre 29

Comme la Fée Vrillerine ne pût être vaincüe en combat singulier par Don Philippus d’Aurelie pour s’etre servi d’Armes de trop foible trempe.

 

Chapitre 30

Comme Dom Philippus d’Aurelie cherche sa mie, et aprés l’avoir trouvé ne scay bonnement que lui dire.

 

Chapitre 31

Comme la Dame de Biturgie fait claquemurer toutes les portes de son Palais, fors une ouverte à tout le monde.

 

Logemens                         1715                         [201]

 

M.r le Duc d’Orleans, au bonhomme Loth, ruë Jean pain molet.

M.r le Duc au Sauvage, rue bornée.

M.r le Prince de Conty au singe vert rue de la savonnerie.

M.r le Comte de Charoillois à l’Adonis ruë du petit Lion.

M.r le Duc du Maine au Diable boiteux, ruë Montorgueil.

Le Marechal de Villars à la ville de Condrieux rüe Montorgueil

Le Duc de Richelieu aux Pages du Roy, rue S.t Bon.

M.r de Gacé à la petite victoire, ruë de Richelieu,

Le Duc de Noailles à la faveur ruë de la Harpie.

M.r le Gontault au Ganimede rue des mauvaises parolles.

M.r de Nesle à la précaution inutile rue de la corne.

M.r de Lassé, le fils, à l’industrie rue de Bourbon.

M.r de Jonsac au Mercure Galant ruë du Croissant.

M.r de la Valliere à la grande cousine ruë du Paon.

Le Prince de Soubize à la femme pucelle, ruë du Boeuf.

Le Duc d’Aumont à la belle Ambassade ruë S.t Pierre.

M.r de Breteuil au pied de boeuf, ruë de Bailleul.                        [202]

M.r des Maretz à la Monnoye, ruë du reposoir.

M.r de Gesvres à la Poupée, ruë Chapon.

Le Duc de Brancas à la ville de Sodome, ruë des Juifs.

M.r le Chancelier, au Phaëton, ruë aux Ours.                   *voisin

M.r de la Haye à l’Arbaleste, ruë de Berry.

Mad.e de Berry au puis d’amour rue des Déchargeurs.

Mad.lle de la Rochefuryon, à la Picarde, ruë des bons enfans.

Mad.e la Princesse de Conty la jeune, au poupard, ruë des singes.

Mad.e la Duchesse du Maine au compas de proportion, ruë des Marmouzets.

Mad.e de Lambese à la Bavaroise ruë Froidmanteau.

Mad.e de Polignac au coeur volant ruë perduë.

Mad.e de Jonsac à la savonnette, ruë de Conty.

Mad.lle de Villefranche à la belle Image rue Bétizy.

Mad.lle de Montbrun à la pucelle d’Orleans ruë des Rats.

Mad.e de Gesvres au repentir ruë Jeanpain molet.

Mad.e la Duchesse d’Albret au bien venu, ruë de la Huchette.

Mad.e de Nesle à la Grivoise rue du hazard.

Mad.e de Monasterol à la Guimbarde, ruë du puis d’amour.    [203]

Mad.e de Bousols au grand calibre, ruë de la cour des Miracles.

Mad.e de la Tremouille au menton de galoche ruë de l’Eschaudée.

Mad.e de Gacé à la Guinguette ruë de l’égout.

Mad.e de la Vrilliere à la petite vertu ruë gratieuse,

Mad.e d’Espinoy à la Babillarde ruë des Lavandieres.

Mad.e de Duras à la boule blanche ruë Patignau.

Mad.e de Villars à la Laye rue de Richelieu.

La Comtesse d’Evreux au lingot d’or, quay des 4. Nations.

La Comtesse de Roye à la Guenon parcé ruë vuide gousset.

 

Entretien                                1715                              [204]

 

Le Cardinal de Rohan

Peccavi tradens sanguinem justum.

 

Rome

Quis ad nos.

 

Le Pape

Domine non te negabo

 

Le Régent

Rogo pro te ut non deficiat fides tua.

 

Le Pere Quesnel

Vide Domine afflictionem meam quoniam erectus est Inimicus.

 

Le Régent

Ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.

 

Port-Royal

Portae nostrae destructe sunt, sacerdotes nostri gementes, vigines squallidae et oppressa amaritudine.

 

Le Régent

Cum pisis fui in tribulatione eripiam eas et glorificabo eas.

 

M.r d’Argenson.

Vis imus?

 

Le Régent

Age quod agis porto unum est necessarium.

 

La Sorbonne.

In tenebris collocavit me, conclusit nostras meas Lapidibus quadris semitas meas subvertit.

 

Le Régent                                                             [205]

Argue obscera increpa in omni patientia.                        

 

Les éxilez de retour

Proexisti Domine à conventu malignantium à multitudine quaerentium iniquitatem.

 

Le Régent

Venite benedicti perdam omnes qui loquuntut mendacium.

 

Les Feuillans Éxilez

Parvuly ducti sumus ante faciem tribulantis.

 

Le Régent

Tu conversus confirma fratres tuos.

 

Dom Turquois

Locuti sunt adversum me lingua dolosa et sermonibus odii circundederunt me.

 

Le Régent

Sicut ventus urens dispergam eos: Dorsum et non faciem ostendam eis in Die perditionis eorum.

 

Le Pere d’Albizzi

Cum sceleratis reputatus sum.

 

Le Régent

Habitabis in tabernaculo tuo.

 

Le Procureur général                                    [206]

Justitiam mean non abscondi.

 

Le Régent

Justitia tua in ecclesia magna.

 

Les Capucins

Ecce reliquimus omnia, secuti sumus uian iniquitatis oegipto dedimus manum ut saturaremut pane patres nostri peccaverunt et non sunt et nos iniquitates eorun portamus, quid ergo erit nobis?

 

Le Regent

Non assumet et neque baculum, neque peram, neque calceamenta in pedibus vestris, neque in zona es sed assumetis conguentum in capite quod descendit in Barbam, Barbam Aaron.

 

M.r des Maretz

Non intres in judicuum cum servo tuo Domine.

 

Le Régent

Redde rationem villicationis tuae.

 

Pontchartain

Venite congregamini omnes bestiae terrae properate ad devorandum.

 

Le Régent

Bonum erat ei si natus non fuisset homo ille.

 

Le Marquis de Torcy

Qui retribuunt mala pro bonis detrahebant mihi quoniam sequebar bonitatem.

 

Le Régent

Fruge serve bone, et fidelis super multa te constituam

 

Sur M. le Duc d’Orleans Régent                1715                 [207]

 

Quel spectacle êtonnant se presente à mes yeux!

Je vois le Régent de la France,

Ne s’occuper que de Bals et de dance,

Et sans cesse avillir son rang, et ses Ayeux.

Cet esprit que l’on croioit sublime,

Dont les projets êtoient si beaux,

Pour nous donner le repos;

Va nous replonger dans l’abisme.

Il a pour se combler de gloire

Choisi d’illustres favoris,

Simonnet (1), Noailles (2) et du Fargis (3),

C’est un beau trait pour son histoire.

Saint Simon fier de son rang

Ne s’occupe que de son titre,

Il est fripon poltron belistre                                                  Cet endroit est faux et mal apliqué

Aussi sort-il d’un vilain sang.

Mais icy changeone de langage,

Je vais parler d’un demy dieu,

Les héros de son nom se connoissent en tous lieux,                Noailles

N’ont-ils pas sur le Ter signalé leur courage,

Ce digne rejetton d’une si noble race;

 

(1)   le Duc de S.t Simon Conseiller de Regence.

(2)   le Duc de Noailles Chef du Conseil des Finances.

(3)   du Fargis qui entre dans les plaisirs, il est fils de Delrieu Maitre d’hostel ordinaire du Roy, et auparavant dans les affaires.

 

Plein d’orgueil et de vanité,                     [208]

Se croit plus de capacité

Qu’il n’en faut pour remplir sa place;

Cet impudent Minstre deshonnore son maistre,

Il le baise amoureusement;

Judas baise Jesus, et ce fut autrement,

Cependant celui cy nous paroist aussi traître.

Je connois peu ce du Fargis;

On dit qu’il est honneste homme,

Il n’est pas de l’ancienne Rome,

Il n’eut point êté d’Auguste le Favoris.

 

Sur le feu Roy Louis XIV                   1715                         [209]

Quel rage impétueux! quelle rage effrenée!

                  Travaille a l’instant tous les coeurs!

A peine de LOUIS la course est terminée,

Ses sujets déchaînez vomissent mille horreurs,

De Libelles grossiers l’injurieux déluge,

                  Inonde la ville et la Cour.

La Halle même en critique à son tour,

Au Rimeur insolent preste un honteux refuge.

                  Que faut il pour vous exciter,

Traitres adulateurs, troupe avide et servile?

Le sordide interrest en éloges fertile,

                  N’a t’il plus rien à vous dicter?

A l’Immortalité vos flatteuses promesses

                  Desormais ne l’elevent plus;

L’Escrivain le plus vil attaque ses foiblesses,

Vous n’osez seulement deffendre ses vertus.

Pourquoi vous démentir? quelle ame assés altiere

Pouvoit à ce héros refuser son respect?

                  N’eut-on pas dit à son aspect,

                  Qu’il regnoit sur la terre entiere?

                   Vit-on jamais d’explots plus beaux?

                  Au bruit de ses premieres Armes,

Le Batave saisi des plus vives allarmes

                  Chercha son salut dans les eaux.

Jusqu’où ses ennemis par de promptes retraites            [210]

N’ont ils point élevé sa suprême grandeur?

                  Que de talens! que de splendeur!

Mais c’est trop hazarder les plus scavantes plumes.

Pourroient elles réduire au gré de l’Univers

                  La matiere de cent volumes

                  A la mesure de cent vers?

                  Sous tant de monumens illustres;

Ce Monarque, il est vray, paroist ensevely;

Apres avoir brillé pendant plus de dix Lustres

                  A la fin l’estoile a pasli.

Hochstek et Ramilly, Turin et Barcelonne,

L’hiver le plus affreux, l’usure au front d’airain,

Tant de malheurs ensemble ébranlerent le trosne,

                  Sans ébranler le souverain.

                  Tous ces événemens sinistres

                  Jusqu’aux injures des saisons,

Tous les égaremens des Chefs et des Ministres

Sont pour le condamner d’implacables raisons.

Les bouillantes ardeurs de la tendre jeunesse,

Sont un crime à luy seule, rien ne peut l’excuser,

De ses ans prolongez la constante sagesse

                  Est un modele a mépriser.

Caezar fut adultere, et jadis Alexandre

                  N’ecouta que la vanité;

                  L’un et l’autre mit tout en cendre.

Ont ils moins les honneurs de la postérité?

La mort impréveüe facile                                     [211]

De leurs sanglans efforts interrompit le cours.

Dans le sein de la paix d’un oeil ferme et tranquile

                  Louis compta ses derniers jours;

Non que de ces vainqueurs la profane arrogance

Lui fit avec mépris insulter le trépas;

Soumis à l’eternel il vit sans résistance

                  Cet instant qu’il ne craignoit pas.

Pourquoi donc, insensez, par les traits les plus lâches

Jusques dans le Tombeau troublez-vous son sommeil?

Il avoit ses défauts, le soleil à ses taches,

                  Mais il est toujours le soleil.

Malgré tous vos sermons un coupable caprice

                  Vous soustrait au devoir promis.

                  Rendez lui du moins la justice

                  Que lui rendent ses Ennemis.

Du plus grand de nos Rois éleve necessaire,

Régent vous répondez a nos tristes souhaits

Vous voulez maintenit les biens qu’il nous a faits,

Et réparer les maux qu’il nous a laissé faire;

Mais dévoilez la scene, et sans être surpris,

                  Vous verrez sur les vains Théatres

                  Des fourbes dans vos Idolatres

                  Des ingrats dans vos favoris.

 

Chanson                        1715                           [212]

Sur l’air: de Joconde.

 

Disparoissez faits de LOUIS.

Tant vantez au Parnasse:

Nos honneurs s’en vont abolis,

Philippe les efface;                                  le Duc d’Orleans Regent

Il a retabli les Duels,

Remis le Jansenisme.

Bientost nous verrons des Autels

Rendus au Calvinismes.

 

Chanson                           1715                             [213]

Sur le petit air de la Fronde.

On croit ce couple d’Harouet, et sur le sujet de sa prison.

 

De l’Estat sujet inutile,

Plus que feu ton pere imbécile,

Plus que ton Oncle détesté;

Mauvais donneur de faux breuvage.

Non tu ne l’as jamais esté,

Il faut pour cela du courage.

 

                                            1715                           [214]

Contre ceux à qui Louis XIV, a fait du bien, et qui sont les 1.ers à se déchaîner contre lui.       par Haniele.

 

Vous coeurs ingrats à qui LOUIS.

                  A prodiguez ses récompenses,

Pendant sa belle vie, tous étiez éblouis;

A present qu’il ne peut scavoir vos impudences

De mille traits affreux vous ternissez sa gloire,

Par vos coups redoublez vous souillez sa mémoire.

Hélas! le sage Esope prévoyoit l’avenir

                  Votre portrait est dans ses Fables,

Et je vous y renvoye pour vous punir,

                  De vos morsures épouvantables;

Il fut un fier Lion pendant dans sa digne vie,

                  Devant qui loup, boeuf, cheval plie;

Mais tous à sa mort lui donnerent un coup de dent,

Devenus forts de sa foiblesse,

L’Asme y rua d’un air tres impudent,

Je remarque en vous deux, même bassesse.

 

Chanson                         1715                         [215]

Sur l’air, Du Branle de Metz.

 

Cesse de t’en faire accroire,

Pour quelqu’éclat de beauté,

Cursay, l’on est rebuté;                             Rioult de Cursay

Par ta marche et par ton goitre,

Et pour les sécrets apas,

Si Rothelin l’on doit croire,                        Orleasts Rothelin

Et pour les sécrets apas,

Il les faut chercher bien bas.

 

Avec ce goitre effroyable,

Cet air plat et déhanché

Un esprit sot et bouché,

Crois tu que l’on soit aimable:

Cursay des sécrets apas,

Si des Cartes en est croyable,

Cursay etc.

Le chemin est large et bas.

 

Nous pouvons sans médisance

Rire un peu de la Poncet,

De son précieux caquet,

De son air de suffisance,

Elle a beau peindre son teint,

Il ne presche qu’abstinence;                           [216]

Elle a beau etc.

Tout son barbouillage est vain.

 

Il faut que la Flamanville*,

Ait place dans nos chansons,

Ses mines et ses faςons

Enchante toute la ville,

Malgré sa gale au menton;

Elle a dompté la Castille.

Malgré etc.

Elle a fait rage du C....

 

Laissons en paix la Fontaine,

Respectone ses cheveux gris,

Quoiqu’elle offre ses débris,

A qui veut prendre la peine.

Le seul Commandeur charmé                                   le Chtr d’Hautefort

De cette Samaritaine.

Le seul etc.

Gratte le gris pommelé.

 

De ses Chansons qu’on publie,

Cessez de craindre les traits;

La Motte avec tant d’attraits,

On peut braver leur folie.

 

* Médisante et dont le visage est souvent couvert de gale. Elle a eu pour amant un Espagnol.

 

Vos yeux ces puissans vainqueurs,                      [217]

Charmeroient même l’envie;

Vos yeux ces tendres vainqueurs

Disposent de tous les coeurs.

 

Si tu veux Muse chagrine

De ta satirique ardeur,

Voir esteindre la fureur;

Jette les yeux sur Francine,

Vois ses atraits, sa douceur,

Cette taille noble et fine,

Admire ses traits vainqueurs

Parle comme tous nos coeurs.

 

Chanson                          1715                              [219]

Sur l’air: Vrayment ma Commere ouy.

 

Sur M.r le Comte de Pontchartrain Secretaire d’Estat, démis par Monsieur le Duc d’Orleans, aprés la mort du feu Roy en 7.bre 1715.

 

Est-il vray ce que l’on dit?

Vraiment ma Commere ouy.

Que Pontchartrain est parterre;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

On dit qu’il est bien marry

Vraiment ma Commere ouy.

De n’avoir plus l’éscritoire;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Il êtoit si bon amy,

Vraiment ma Commere ouy.

Il êtoit si débonnaire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

On dit qu’il prend le party,

Vraiment ma Commere ouy.                            [220]

De se faire voir à la foire,

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Ce sera bien mieux pour luy,

Vraiment ma Commere ouy.

Que de rester à rien faire;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Est-il vray qu’on prend son fils?                            Monsieur le Comte de Maurepas.

Vraiment ma Commere ouy.

Vaudra-t-il mieux que son pere?

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Lettre                           1715                            [221]

des R.R.P.P. Capucins, au R.P. le Tellier.

 

A tres haut, et tres fin Jesuitte,

Le Révérend Pere le Tellier,

Grand Inquisiteur Emérite,

Et du feu Roy Pénitencier.

       Ferme arcboutant du Molinisme,

Jadis fleau du Jansénisme;

Plus Roy que le Roy dans l’éstat,

Dans l’église plus que Prélat,

Plus que Pape, que le Pape mesme,

Sans Mure, Crosse, ou Diadême.

Quel revers! tout vôtre pouvoir

De Rome à des Moines l’espoir;

Du même coup que LOUIS tombe.

      Mais encore que le Confesseur

S’eclipse avec le feu pescheur,

Que de vôtre floire passée

Ne vous reste que la pensée.

Pour si triste et douleureux cas,

Vos amis ne chageront pas.

Si pourrez par nôtre tendresse

A partager vôtre détresse

De mesler les amis Loyaux,

Que confondiez avec les faux.                 [222]

Donc à vôtre Révérence,

Jurent nouvelle obéissance,

Les Général, Définiteurs,

Et Gardiens et Prédicateurs;

Bref, la Gent tout à vous soumise

De Révérends a barbe grise.

      Or, comme trotons par les champs,

Plus qu’aucun des Moines trotans,

Et que pour vous faisons ronde,

Plus que tous les Moines du monde,

Si qu’il n’est Carmes n’Augustins,

Ne Cordeliers, ne Célestins,

Qui scachent mieux suivre à la piste,

Et vous lever un Janseniste:

Aussi vous aprendrons-nous mieux

Par quels propos séditieux,

Chacun aujourd’huy vous déchire

Et s’outrecuide de maudire

Par grande abomination

La Sainte Constitution.

      Puis quand vous aurez veu saint Pere,

Combien peut leur chant vous déplaire,

Si pourrez de vôtre cerveau

Tirer expédient nouveau

Qui change, en longues doléances,

Leurs légeres réjouissances:                          [223]

Sitôt que le bon Pénitent

Aproche de son noir moment,

Mouchard Barbu se met envoye

Capuchons vont quester leur proye,

Et partout font ouvrir le coeur

De ceux que resserroit la peur;

On vous dispense, avec adresse,

Force questeurs de toute espece;

Questeurs de Bleds, questeurs de Bois,

Questeurs d’huisle, questeurs de noix,

L’un preschant la Vierge Marie,

L’autre un Patron de Confrairie,

Tous en doctrinez cauteleux;

Et leurs tablettes avec eux,

Dans le Coche, dans la gargote

Chez le Curé, chez la dévote:

Mais las! Révérend Pere en Dieu,

Faut il vous dire qu’il n’est lieu,

Où l’on n’attaque à toute outrance

Voire défunte Révérence,

Et ne soyez raillé, joué,

Blazonné, berné, bafoué.

Le scavant trouve que Tacite

 A prophétisé qu’un Jesuite

Feroit bien du mal aux Franςois

Et qu’il vous a peint sous ces traits;                    [224]

“Homme sans nom, vil, méprisable,

Toujours preste a changer autruy,

Il scait dissimuler pour lui.

Quoique haut, et d’une humiere fiere;

Flateur, il scait ramper par terre;

Sous une aparente pudeur,

L’ambition ronge son coeur.

S’il est quelqu’un dont le mérite

Fait ombre aux projets qu’il médite;

Sur un mémoire présenté

Cet homme est bientost écarté.

Un mortel seul par ignorance

L’honnore de sa confiance;

Content, il offre un front d’airain

A la haine du genre humain.

D’autres d’une naissance obscure

Comme lui, corrigeant l’injure

Fouloient aux pieds l’humble innocent,

Puis sont tombés en un instant.

Vils Délateurs, dont les services

Méritoient les derniers suplices;

Un gain seur, et de grands honneurs

Sont les appas de leurs fureurs.

Effrayez du mal qui nous presse

Nous demandons si la sagesse

Peut encore au monde avoir lieu,

Par un modeste et seur milieu,                          [225]

Entre la flatterie honteuse

Et la ferneté dangereuse.”

L’ignorance dit: Pour être au Roy

Ce Pere en scait-il mieux sa Foy?

Je doute fort de sa croyance.

Ceux à qui l’on fait violence

Sont tous scavans, et gens de bien:

Mais les autres....... n’en disons rien,

Mon Curé deffend dand son Trosme

De dire du mal de personne.

      L’homme de cour, d’un ris malin

Ainsi vous nazarde en chemin:

Ah! la voila la Chattemitte,

Qui nous cache un fougueux Jesuitte;

Le voila ce beau Révérend

Qui tous les jours en se montrant

Voyoit tomber les Eminences,

S’anéantir les Excellences,

Se prosterner les grands Prélats,

Ramper les graves Magistrats.

Un regard êtoit une grace,

Pour l’avoir on briguoit la place;

Il falloit prendre les devants,

D’ebusquer mille Courtisans;

Là par force, icy par souplesse,

Se faire joure, fendre la presse,                           [226]

Tant qu’enfin l’on se vit posté

Sous le regard tant souhaité.

Ouvroit-on? l’on disoit, sans doute,

Il m’apercevra sur sa routte:

Mais le capricieux coup d’oeil

Se refusoit avec orgueil.

Plus loin l’altiere Révérence

Alloit repandre l’esperance.

Au coeur du mortel bienheureux

Sur qui daignoient tomber ses yeux.

Donc saisi d’une autre avenüe

L’on mandioit encor sa veuë,

On s’allongeoit, on se dressoit;

Tout à coup l’heure qui sonnoit

Fermoit la port impitoyable:

On donnoit le manege au Diable,

Et l’audience et le Portier,

Et surtout le Pénitencier

Or aprés fortune si belle

Que pour un mot lasché contre elle,

Un honneste homme êtoit perdu,

Qu’est le bon pere devenu?

Moine, non pas Moine ordinaire,

Disant patenostre et Breviaire,

Chantant son re, mi, fa, sol, la,

Pour gueusant cy, gaudissant là;                        [227]

Mais, Moine à jamais mémorable

Par sa politique exécrable

Moine, Turc, et non pas Chrestien,

Moine l’horreur des gens de bien.

      Or oyez des Prélats d’Eglise,

La gent si souple, et si soumise,

Ils perdront bientost le respect

Et desja disant en secret;

Ce Jesuite avoit bien a faire

D’engager nostre caractere

Dans cette Constitution;

Où n’avons onc rien veu de bon,

Fors tous les points qu’elle condamne

Chacun de nous, ainsy qu’un asne,

Courboit stupidement le cou,

Et couroit gayment sous le joug.

Il nous menoit à la baguette;

Le traître et la Marionette

N’obëy pas mieux à la main,

Que nous autres à son dessein,

Vils artisans de l’édifice

Qu’eleve avec tant d’artifice

Aux frais de nôtre autorité

Le tres fine société.

Depuis soixante ans elle crie

Qu’une épouvantable hérésie                          [228]

S’exhale du fonds des énfers,

Qui va noircir tout l’Univers

On s’emeut, et plein d’un saint zele;

On cherche, on agit; Paroît elle?

L’avex vous veuë en Occident?

Nous fuyons jusqu’en Orient.

Prélats, Docteurs, toute l’église,

S’eveillent crainte de surprise.

Point d’hérézie, hors les érreurs

Des moux et benins Directeurs.

Qu’on s’aveugle, que le mal presse

Que Pierre et Paul en sont tachés,

Tels et tels cantons entichés:

Et par adroites manigances

Les poussent auprés des puissances.

Morale aisée, et doux Docteurs

Eurent toujours la Clef des coeurs,

On les y croit, on les écoute.

Trouvent-ils quelqu’un sur leur route

De taille a disputer contre eux?

Ils le vont déclarer lépreux;

Mais lépreux dont l’air empoisonne,

Et perd tout ce qui l’environne.

Il a beau dire, je suis sain,

On vous le hape un beau matin,                  [229]

On vous le met à la Bastille,

On vous le purge, on vous l’étrille;

Signez cecy, croyez cela,

Vous ne guérirez que par là.

Longtems la manoeuvre fut telle

Pour la déplorable séquelle;

Jesuites seuls donnoient la loy,

Fagotoient à leur gré la Foy.

Plaignez-vous, vous voila coupable

A ce tribunal redoutable,

Dont ils sont les hauts justiciers,

Le Pape et le Roy, les Greffiers.

Or nous Prélats gens fort habiles

Et cervelles vrayment subtiles;

Car il faut parler rondement,

Au moins quand nul ne nous entend,

Si Cardinalat, si Pairie,

Gras éveschés, riche Abaye,

Si pensions, si Cordons bleus

Ne nous avoient bouché les yeux;

Si nous avions dans la retraite

Plus aimé Livre que toilette;

Bien loin d’en croire l’impudent

Qui metoit noir, où tout est blanc:

Point n’eussions fait de Foy nouvelle;

Et le cry du peuple fidelle                         [230]

Ne nous auroit point fait sentir

L’affront sanglant d’un démentir.

Troupe fourbe, autant que crédule,

Nous n’aurions pas dit à la Bulle

Ȏ l’admirable invention!

A Rome ouy, en France non;

Si ne verrions nôtre Confrere

Tiré du ténébreux mistére,

Plaindre a présent ses envieux;

Et vainqueur discret, et pieux,

Surcharger nôtre ignominie

Par le poids de sa modestie.

Ainsi s’expriment les Prélats,

La robe ne leur cede pas,

Les gens de robe, tres saint Pere

Vous apellent net, un Faussaire,

Qui trahissés d’un coup la Foy,

Le Pape, l’éstat, et le Roy.

La Foy, couvrant d’affreux nuages,

Des points clairs, et de saints usages.

Le Pape, ayant agioté,

Sa pauvre infaillibilité.

L’Estat, sacrifiant à Rome

La liberté et le Royaume.

Le Roy, qui sans sujets sera

Sitôt que Rome tonnera.                          [231]

Puis fort au long, Révérend Pere,

Nos gens détaillent la matiere,

Mais laissés ces bec affilez

Batre l’air et vous consolez,

Car en voicy dont le langage

Tourne plus à vôtre avantage.

Ce sont, Messieurs les libertins,

Gens abombances et festins,

Gros garςons a vastes bedaines,

Aimant bien gentilles fredaines,

Traits malins et joyeux propos,

Bref, gens tous ronds, et point cagots.

Ma foy ce Jesuite est bon Diable,

Disent ils, et fort charitable

Nous n’ouvrions les Livres Saints,

Il nous les retire des mains.

Ce qu’on faisoit par négligence,

Faisons-le par obeissance:

La Bulle est seure caution

Pour avoir l’absolution.

J’avois crû par foiblesse extrême,

Qu’on déplaît à Dieu, si l’on n’aime,

Un peccavi nous sauve tous;

Rions, chantons, enyvrons nous,

Estoit si chien que de la crainte

On n’ait à la mort quelqu’atteinte

C’est assez, et puis n’a t’on point                             [232]

En tous tems la grace à son point?

Le Ciel s’obtient sans tant d’avance,

Parbleu ménageons la dessence.

Sur ces affreuses vérités

Qui tant nous ont épouvantez.

Aujourd’huy le Commode de Pere,

Répond un doute salutaire.

Le Pape en revient avec luy,

Maints Prélats luy donnant apuy,

On en croyoit trop, on varie,

Tant qu’enfin aujourd’huy l’on nie

Ce qu’hier l’on croyoit certain.

Remetons a croire à demain,

De cecy ne faites que rire,

Puisque le libertin tire

Trop lubrique conclusion

De vôtre constitution.

C’est moins par maligne critique,

Que par pure défaut de Logique;

Mais voicy les esprits baourus,

Des Lougaroux, des malotrus,

J’entens les vieux Apostoliques,

Ces graves écclesiastiques,

A souliers larges, longs manteaux,

Manches êtroites, grands chapeaux.

Or ces jeuneurs à face blême,                      [233]

Disent à la Bulle anathême,

Est tout net, ne leur citez pas

Le Pape, et les Doctes Prélats.

Ils vous disent la Bulle est claire,

Ce qui condamne le Saint Pere

Ce sont les articles, qu’il dit

Offrir l’erreur dés qu’on les lis;

Mais par un détour ridicule

On s’aperçoit que das la Bulle

On ne peut trouver la clarté

Qui marque l’héréticité.

Si ce qu’on lit est ce qu’on frape,

Il faut avouer que le Pape

Avec Augustin a proscrit,

Saint Paul, l’église, son esprit,

Ses prieres, et sa pratique;

Mais qu’un Pape soit hérétique!

C’en est trop, ont dit les Prélats,

Hé bien! nous ne le dirons pas.

Disons que la Bulle est obscure,

Et justifions la censure,

En portant les foudres lancés

Sur des faux sens, quoique forcés;

Mais n’attaquer que des chimeres,

Quand Rome en veut aux choses claires;

 C’est dire au Pape sans façon                             [234]

Vous mentés, Quesnel a raison,

C’est traiter de façon brutale

L’Infallibilité Papale.

Bien l’ont senti nos grands Prélats,

Gens polis, fins et délicats;

Et d’ingénieuse maniere

Ils ont fait valoir au saint Pere,

Leur tres humble acceptation:

Mais chut, sur l’explication.

Or par quelle étrange alliance

Verroit-on dans cette occurence

L’aimable et simple vérité

S’unir à la duplicité!

On cherche a satisfaire ensemble

Ses interrêts, et Dieu! L’on tremble

De se brouiller avec son Roy,

Et l’on se brouille avec la Foy.

On unit des sens hérétiques

Aux termes plus Catholiques.

De la plus pure piété.

La vérité toujours craintive

Devient languissant et captive

Sous les fausses précautions,

De cent vaines restrictions.

L’exil fait déserter la chaire,                             [235]

Elle est en proye au mercenaire,

Qui parle dans ses entretiens,

Aux éspions, plus qu’aux Chrestiens;

Loin cette infame politique

Qu’enfanta l’orgueil Jesuitique,

Et dans nôtre simplicité

Mourons tous pour la vérité.

Deut la Gent en ruse féconde

Etonner de nouveau le monde,

Par quelque ressort infernal

Renverser nôtre Cardinal.                                  Noailles

A l’erreur n’ouvrons point l’entrée

Par une paix fausse et plastrée,

Et pour Dieu n’expliqueons jamais

Des points si clairs, des points si vrays.

Sans doute par tant de Batailles

La ferme et le pieux Noailles

N’a pas voulu s’aproprier

L’honneur de molir le dernier;

Et d’un Livre qu’il a fait faire

On ne lui verra pas extraire

Des sens qu’il scait bien dans son coeur

Que n’ont n’y les mots ni l’auteur;

Tout est perdu s’il capitule,

L’erreur est l’ame de la Bulle,

La Calomnie en est le fin.                              [236]

Tout accommodement est vain;

S’il l’a reçoit, il justifie

Et l’Erreur, et la Calomnie;

Mais il n’a sans doute accepté

Qu’en faveur de la vérité,

Le nouveau rang, que sa droiture

Malgré ses rivaux, lui procure.

Donc sous ce sage conducteur

Sion reprendra sa splendeur;

Ses enfans sans crainte, et sans guerre

Releveront son sanctuaire,

Et contre eux le Samaritain

N’aigrira plus le souverain,

Ainsi le dévot vous dénote,

La sucrée avec son oeil doux.

Mon Dieu, dit elle, où sommes nous?

On n’entend plus ce qu’on veut dire,

On ne scait plus ce qu’il faut lire,

Ce qu’on avoit toujours eû blanc

On le dit tout noir a present.

Ce que des Saints Prélats commandent,

Les Jesuites nous le deffendent,

Quoiqu’ils rendent de l’Evangile,

La méditation facile,

Quoiqu’ils versent avec douceur                          [237]

L’onction jusqu’au fond du coeur,

Qu’ils ne preschent que le Silence,

Le travail et l’obeïssance,

Qu’ils répandissent de saints degouts,

Sur ce que le monde a de doux.

Des Prélats disent d’un auteur

Que l’esprit saint remplit son coeur.

Et les Jesuites, que le Diable

Y verse un venin détestable.

Du Guet, Nicole, et le Tourneux

Comme Quesnel sont dangereux;

Quoiqu’on puise dans leur lecture

Une lumiére et vive et pure,

Quesnel, Nicole, & le Tourneux

Sont des Scélérats selon eux;

Dés qu’un Livre vous édifie

Le Diable y souffle l’hérésie;

Et nous mene aux derniers malheurs

Par la pénitence et les pleurs.

Ils veulent nous en donner d’autres,

Substituter les leurs aux nostres:

Mais ceux dont ils nous font présent

On meurt de froid en les lisant.

Si ces Peres vouloient bien faire,

Ils devroient pour se satisfaire

Les arracher, ses Livres Saints,                               [238]

De nos coeurs comme de nos mains.

Ainsi le Clergé, la Noblesse,

Et le Bourgeois, et la Duchesse,

Et le scavant, et l’ignorant,

Et le petit comme le grand,

Par mille discours téméraires

Vous maudissent vous et vos Peres.

L’un dit cecy, l’autre cela,

N’azade ici brocard par là,

Si que c’est pitié de voir comme

Depuis Paris jusques à Rome,

Chacun vous siffle, et qui pis est,

Vous siffle sans être suspect.

De ce coup fortune perverse,

Combien de gens ta main renverse.

Voila, voila les cruels tours

Qu’on voit jouër tous les jours,

Aveugle et bizarre Déesse,

De perdre ainsi ceux qui sans cesse

Alloient humbles adorateurs

A Saint Louis t’offrir leurs coeurs.

Pour les gens de la Confrairie

Plus de graces, plus d’Abaye,

Plus de Mitre, plus de Chapeau,

Bref ni petit, ni gros morceau:

Mais bien fortes turlupinades.

Quolibets, et sornettes fades.                  [239]

Surtout, pauvres valets de piéd

Sont en grand deuil et détourbié,

Sans respect pour la barbe antique

Ny pour le haillon séraphique,

Ny pour les sacrés escarpins,

On fait la guerre aux Capucins.

Jadis comme aides Molinistes

Nous parlions haut aux Jansenistes

Pour n’être en la secrette mis,

Ils nous régaloient comme amis,

En prouvoient leut sainte Doctrine

En ruant pour nous en cuisine.

Nous allions prosner les progrés

Que la Bulle n’avoit pas faits.

On l’avoit receüe en Espagne,

En Portugal, en Allemagne.

On avoit coffré tel Docteur,

Bastillé tel Prédicateur.

On alloit voir certain mistere

Dont il falloit encore nous taire.

Le Cardinal faisoit sa paix.

Nous connoissions tous les secrets,

La fin, les moyens, les obstacles.

On nous écoutoit comme Oracles,

Bref, Capucins alloient, venoient,

Décidoient, rioient, fricassoient;                      [240]

Si que dans toute la Campagne

Ils trouvoient païs de Cocagne.

Mais las! toute nostre splendeur

Tombe avec le Confesseur.

Donc s’en vont projets, expérances,

Courses, Stations, et bombances,

Et sont receus les Capucins

Par charité comme gredins.

Bien comptions, tres Reverend Pere,

De vous instruire en cette affaire,

Des personnes et des Cantons,

Comme par cydevant faisions.

Mais par trop le monde en fourmille,

Et les portes de la Bastille

Qui batoient jadis sous vos Loix,

Ne reconnoissent plus vôtre voix.

Ains ceux que par fines pratiques

Aviez enclos comme hérétiques,

Ils en sortent tous triomphans.

Ce beau Phillipes d’Orleans,

Le plus déclaré Queneliste

Que deviez mettre en vos Listes,

Las! par ses horribles méfaits

A dérangé tous vos projets.

Il vous a suplanté, le traitre,

Vous n’etes rien, il est le maître,                                    [241]

Quoiqu’eussiez d’adroite façon

Reglé son pouvoir et son nom,

On parle, on escrit, on raisonne:

Mais il n’inquiette personne,

Les Jansenistes en sont foux,

Il est plein d’esprit, il est doux,

Laborieux, ferme, oeconome;

Ils le donnent pour si prudhomme

Que si l’on les croit qujourd’huy

La France périroit sans luy.

Mais observons en patience

Comme ira sa belle Régence.

On verra qu’il scait mieux régner,

Ou d’Orleans et de Tellier,

Qu’il prenne garde à sa personne

Jesuites la lui gardent bonne,

Le pauvre sire, je le plains,

S’il tombe jamais dans leurs mains.

Or pour charmer nôtre grévance,

Nous pouvons trouver alégeance,

Vérité, pain, vie, onction

Dans vôtre Constitution,

Constitution consolante,

Théologique, et tres scavante,

A laquelle finallement

Ne manque qu’un point seulement,                 [242]

Tant belle elle est, et bien conçüe;

Ce point là, c’est d’estre reçeue

Et partant vous baisent les mains,

Les tres dignes Capucins.

 

Du 12. Sept. 1715. du Grand Couvent.

 

Epigramme                          1716                         [243]

Sur les Jesuites.

 

L’Idolastre Société,

De tout temps en monstres féconde;

D’un Roy fit sa divinité,

La voila sans Dieu dans ce monde.

 

Autre

 

Des Jesuites, dit on, la ruine est entiére,

Chez le Régent ils n’ont aucun accez;

Je pense d’une autre maniére,

Et je crois qu’ils gagnent leur procez,

Puisqu’on leur tourne le derriere.

 

Epigramme                       1716                           [244]

contre M.r d’Argenson.

 

On dit que le Régent à bien lié les mains,

A cet homme dont l’ame est dure autant qu’avare,

Qui ne songeoit qu’à troubler les humains

Par une police barbare;

Ce sera pour le peuple un plaisir sans égal

D’avoir bientost ce laid visage

Crever de dépit et de rage,

De ne plus faire tant de mal.

 

Chanson                               1716                                   [245]

Sur l’air: de la Palice est mort.

Sur la Constitution

 

Cy gist la Constitution,

Bastarde d’Ignace, et de Pierre,

Fille de Louis par adoption,

Et sa presomptive héritiere.

Passant plaignez son sort,

Elle est more par simpathie;

Car helas! s’il n’estoit pas mort

Elle seroit encore en vie.

 

Chanson                          1716                              [246]

Sur l’air du Confiteor.

 

Régent chasse Boulainvillier,

Croi moi laisse là son grimoire,

Tous ses Écrits, tous ses papiers;

Valent ils ton Laboratoire?

Qui scait mieux que ta fille et toy,

Le tems que doit vivre le Roy.

                       ou

Régent renvoye Boulainvillier

Ne consulte plus son grimoire,

Tant de calcul sur le papier

Ne vaut pas ton Laboratoire?

Qui scait mieux que Noailles et toy

Combien de tems vivra le Roy.

 

Chanson                             1716                            [247]

Sur l’air: Voire lanla.

Sur Mad.e de Monasterol.

 

Charmante Monasterol;

On y suis au desespoir,

Ma foiblesse me désole.                             le Chtr de Bavieres qui la rata.

J’ay touché sans m’emouvoir

Voire lanla, lan derirete,

Voire lanla, lan derira.

 

Chanson                             1716                            [248]

 

Le Diable qui Adam tenta,

Jalous de tant de gloire,

Luy fir suivre les Loyola;                        les Jesuites.

Chacun en scait l’histoire,

L’enfant de Cithere en pleura,              Cardinal de Rohan.

Dans les bras de sa mere.

 

Vengeone-nous, mon fils, dit Venus,

Punissons cet outrage;

Pour Melun de tous le rebut,                Mademoiselle de Melun née en 1671

Inspire lui ta rage,

Et que sans grace et sans veru,

Elle fixe ce volage.

 

Chanson                      1716                            [249]

Sur l’air: Alleluya.

Sur Mad.e de Monasterol.

 

La Monasterol enragée

De se voir ainsi délaissée,

Chez d’Aremberg se présenta,

                  Alleluya.

 

Un jour elle alla le trouver,

Monsieur voulez vous m’eprouver,

Je suis en habit de combat,

                  Alleluya.

 

Le gros Flamant par charité                      le Duc d’Aremberg

Voulu bien la belle exploiter;

Mais bientost il la renvoya,

                  Alleluya.

 

Car aprés en avoir tâté

Jamais ne put recommencer,

D’Agénois nous aprit cela,

                  Alleluya.

 

Ne scachant plus que faire icy

A Marsillac elle prend le V.............              Marsillac Colonel qui a le pouce coupé

La voila réduite a cela,

                  Alleluya.

 

Belle Coursillon pour le déduit,

Le pauvre Charlot* l’a petit;

Et vous ne peschez point par là.

                  Alleluya.

 

*Charles de Lorraine d’Armagnac dit le Prince Charles.

 

Chanson                       1716                         [251]

Sur l’air Robin turelure.

Sur l’Évesque d’Auxerre, lorsqu’il abandona le parti du Cardinal de Noailles.

 

Petit Esope mitré,

Tu crois aprés ton parjure,

Que Tellier te va titrer,

                  Turelure,

D’une grosse prélature,

                  Robin turelure.

 

De l’Archevesque Fortin,

Tu muguette la parure;

Mais tu n’en tasteras brin,

                  Turelure,

Ce n’est pas pour ta figure,

                  Robin turelure,

 

A Versailles chausses bas,

Tu fus une heure en posture;

Pour y recevoir hélas!

                  Turelure,

Sur ta chétive fressure

                  Robin turelure.

 

La peur te fir jaboter,                                 [252]

Tu trahis ta signature,

L’on te fit reculoter,

                  Turelure,

Ainsi finit l’aventure

                  Robin turelure.

 

Chanson                        1716                          [253]

Sur l’air: Alleluya.

Sur l’Abbé de Broglie Agent du Clergé et de la Constitution, de mauvaises moeurs et de réputation.

 

L’Abbé de Broglie à tant gratté

La Rochepot où vous scavez,                            fille du chancelier Voisin.

Qu’à la fin Evesque il sera.

                  Alleluya.

 

Si de ce beau couple charmant,

Il en pouvoit naistre un Enfant,

Combien le Clergé chantera.

                  Alleluya.

 

Chanson                      1716                             [254]

Sur l’air de Mais.

 

La Chabannois, cette beauté peu fiére,

A d’Aremberg découvrit son derriere;

                                    Mais

                  Il est construit de maniere

                  A n’y retourner jamais.

 

De son pertuis sa grandeur respectable,

Faisoit frémir un v.............. si miséravble;

                                    Mais

                  Eut il esté formidable,

                  Il lui faut un Mirbalais.

 

De mille plis son ventre est le réfuge,

Son vaste C............ incessamment se purge;

                                    Mais

                  Vergagne en peut être juge,

                  Il en a fait le portrait.

 

Chanson                    1716                       [255]

Sur l’air des Triolets

 

Il vous manque des Triolets

Trop aimable Monasterol;

En voulez vous quelques couplets,

Il vous manque des Triolets,

D’Aremberg s’en va pour jamais.

Adieu donc le quay de l’école;                 où logeois le Prince d’Aremberg

Il vous manque des Triolets.

Trop aimable Monasterol.

 

C’estoit au temps de l’Angelus,

Que vous faisiez vôtre priere;

Chez vous un Autel à Venus

C’estoit au temps de l’Angelus.

Alors pour offrande dessus

Vous presentiez vôtre derriere.

C’estoit au temps de l’Angelus.

 

J’ay oui dire à ce gros Flamant;

Sans l’en estimer d’avantage

Que sans le secours de l’encens,

J’ay oui dire à ce gros Flamant

Sur la victime tres souvent.

Il n’auroit consommé l’ouvrage,                      [256]

J’ay oui dire à ce gros Flamant.

 

La Chabannois vous l’enleva                        N....d’Escourbleau Sourdis

Et c’est un vilain tour a faire,

Le même Autel, le même bras.

La Chabannois etc.

Consolez vous l’encens brusla,

Il êtoit ma foy necessaire.

 

Chanson                           1716                             [257]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Nous avons donc un Edit?

Vraiment ma commere ouy,

Pour taxer les gens d’affaire,

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Bourvalais s’e ressent-il?

Vraiment ma Commere ouy,

Dans la Bastille on le serre

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Miot est-il avec luy?

Vraiment ma Commere ouy,

Ils feront donc bonne chere,

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Est-il vrai ce qu’on ma dit?

Vraiment ma Commere ouy,

Qu’on y mettra les Notaires

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Rendront ils ce qu’ils ont pris?

Vraiment ma Commere ouy,

C’est le meilleure de l’affaire;

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Iront ils au Pilory?

Vraiment ma Commere ouy,

Ils y iront même au Galere

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

De pendus en sera t’il?

Vraiment ma Commere ouy,

S’ils sortent de leurs tannieres;

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                      1716                          [259]

Sur l’air: A la façon de Barbarie.

 

Tous les Maltotiers de Paris,

Sont en grande tristesse,

De voir Miot et Bourvalais pris

Pour leur grande richesse

Dont on leur demande raison;

La faridondaine, la faridondon,

Pour les avoir si bien acquis, biribi,

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Ces deux illustres scélérate

Si remplis d’arrogance

Ont ruiné tous les éstats

Qui composent la France;

Mais les voila dans la prison,

La faridondaine etc.

Où l’on scaura les divertir, biribi

A la façon etc.

 

Tremblez vous, tous vous associez

D’avoir suivi leur trace

Aussi bien que tous vos Caissiers,

Vous aurez une place;

Dans cette Royale Maison;

La faridonaine etc.

Où vous trouverez du crédit, biribi,                    [260]

A la façon etc.

 

N’attendez pas que la question

Fasse avouer vos crimes:

Faites vôtre Confession,

Offrez quelques victimes.

Non des agniaux; mais des millions

La faridondaine etc.

Et vous irez en Paradis, biribi,

A la façon etc.

 

Chanson                      1716                          [261]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

pleurez tous gens de Finance,

Vos plus beaux jours sont passez;

Le Régent veut que d’importance

Vous serez enfin repassez,

                  Et étrillez.

Pleurez tous gens de Finance

Vos plus beaux jours sont passez.

 

Bourvalais se désespere

D’estre accroché le premier.

Il voit venuir l’heure derniere

Qui doit enfin l’associer

                  Avec Cordier.

Pleurez etc.

 

Miotte choisit sa retraite

Dans le coin de son grenier,

Cette inspiration secrette

Le rendra à son premier métier,

                  De Palfrenier.

Pleurez etc.

 

La Vieuvulle et son complice

Moureront tous deux de regrets                        [262]

De rendre à Madame justice,

Tous les gros profits qu’ils ont fait

                  Et l’interrest.

La Vieuville etc.

 

En quelle place funebre

Doit-on pendre le Normand,

A cause de son nom célebre

La croix du tiroir est vrayement

                  Son monument.

En quelle etc.

 

Tout va reprendre sa place,

Le Régent nous le promet;

Mais si chacun rentre en sa place,

Sur le pavé que de Laquais,

                  Grands et bienfaits,

Tout va etc.

 

Chanson                       1716                        [263]

Sur l’air: A la façon de Barbarie

A l’occasion de la 1.re representation du Bal au Palais Royal le 2. Janvier 1716.

 

Cesse France de t’allarmer,

Reprens tes espérances,

Et ne songe plus qu’à sauter,

Qu’à recorder tes dances;

Noailles par sauts & par bonds,

La faridondaine, la faridondon,

Fit merveille au bal de jeudy, biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Bien gravement il  entra*

D’un air de bienséance;

Puis tout d’un coup il s’engagea

Dans une contredance;

Il y fit le petit Balon,                                             Danseur de l’opéra.

La faridondaine etc.

Il en a remporté le prix, biribi,

A la façon etc.

 

Poursuit, Prince, soutient to choix,

Tu a fait bonne emplette,

De trois honorable bourgeois,

 

*Il avoit le pied dans les vignes aussi bien que beaucoup d’autres qui venoient de souper chez M.r d’Antin.

 

Gens de bonne défaite,                                       [264]

Du Coudray, des Forts et Fagon.

La faridondaine. etc.

Ils ont tous trois beaucoup d’esprit, biribi,

A la façon etc.

 

Du Coudray plus dur que l’acier,

Fagon plus dur encore,

Des Forts est caustiques et altier,

En vain on les implore,

L’humeur leur tient lieu de raison,

La faridondaine etc.

Mais ils réussirons aussi, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Noailles nôtre President

Estoit le seul en France,

Que pouvoit choisir le Régent,

Pour regler ses Finances

Le bon ordre de sa Maison;

La faridondaine etc.

Un grand augure nous en fourny, biribi,

A la façon etc.

 

Son pere êtoit un grand guerrier,

Son ame guerriere,

Il scavoit assez son métier,                                 [265]

Pour toujours en arriere

Se metre à l’abry du canon,

La faridondaine etc.

Vive vive Monsieur son fils, biribi

A la façon etc.

 

Ce laborieux financier

Travaille à toute outrance,

Il n’epargne point le papier,

C’est là toute sa science.

Du sac il a montré le fond,

La faridondaine etc.

C’est pourquoy tout va aujourd’huy, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Des autres si l’on ne dit mot

Ce n’en est pas la peine:

On ne scait quel est le plus sot,

Un borgne l’autre meine,

C’est une troupe de Dindons,

La faridondaine etc.

Que Noailles éleve et conduit, biribi,

A la façon etc.

 

Ne rions plus venons au fait,

Le Conseil de Finance,

Est de tous le plus imparfait,                      [266]

Et le plus d’importance.

Où Diable a t’on pesché Fagon,

La faridondaine etc.

Falloit autant garder Bercy, biribi,

A la façon etc.

 

Que dis-je je suis imprudent

De juger de la sorte;

Bientost pour avoir de l’argent,

Chacun prendra la hotte;

Au moins du Coudray ce dot on,

La faridondaine etc.

Le croit, je suis de ton avis, biribi,

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Chanson                      1716                              [267]

Sur l’air: O reguingué, o lon lan la

Sur Madame la Duchesse de Berry.

 

Or escoutez petits et grands, bis

Un tres funeste evenement;

O reguingué o lon lan la,

A l’endroit d’une jeune dame,

Qui en a le regret dans l’ame.

 

Dans le Luxembourg ce dit on, bis

Elle a fait un joly poupon,

O reguingué etc.

Et quoique tout le monde en glose,

Tout les jours fait la même chose.

 

La uit du Dimanche au Landy, bis

Les douleurs elle ressenti,

O reguingué etc.

Mais en moins d’une demie heure,

Elle est accouchée ou je meure.

 

La sage femme on apella, bis

La voyant elle s’écria,

O reguingué etc.

Princesse que vous êtes habile                        [268]

D’avoir sitost fait une fille.

 

La mere est de bonne Maison, bis

Elle est du vray sang de Bourbon;

O reguingué, o lon lan la;

Mais nous en ignorons le pere,

Car ils êtoit trop à lui faire.

 

Chanson                        1716                             [269]

Sur l’air: Il a batu son petit frere.

 

Ce n’est pas le fils, c’est le pere,

C’est la fille non pas la mere;

A cela prés tout est au mieux.

Ils ont déja fait Eteocle,

Et s’il vient a perdre les yeux,

C’est le vray sujet de Sophocle.

 

Chanson                       1726                             [270]

Sur l’air de Joconde.

Sur Madame la Duchesse de Berry.

 

Desja vôtre esprit est guéry

Des craintes du vulgaire,

Grande Duchesse de Berry

Vous baisez sans mistere;

Un nouveau Loth vous sert d’éspoux                        le Duc d’Orleans

Mere des Moabites.

Faites encore sortir de vous,

Un peuple d’Amonites.

 

Epigramme                        1716                          [271]

Par Arouet à M.r le Duc d’Orleans, pour se justifier d’avoir fait le précédemt couplet.

 

Non, Monseignur, en vérité

Ma muse n’a jamais chanté

Tous ces Jean f............... d’Amonites.

Brancas vous répondra de moy,

Un rimeur sorty des Jesuites,

Des peuples de l’Ancienne Loy,

Ne connoist que les sodomites.

 

Chanson                             1716                         [272]

Sur l’air: Quand Iris prend plaisir a boire

 

Ne parlons plus de pénitence,

Ny de vertu, ny de prudence,

Livrons nous à tous les plaisirs,

Les jeux, les ris, l’amour, le vin, la dance,

Sous la Régence sont permis;

Imitons l’aimable Cypris*,                       *Madame de Berry

Son pere aura toute indulgence.

 

Chanson                      1716                          [273]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

Sur Mad.e la Duchesse de Berry.

 

La Berry n’est plus si sotte,

De s’en tenir au Papa,                             le Duc d’Orleans.

La grosse Ragotte

Met sous sa cotte,

Tantost sticy, tantost stila,

La Berry n’est pas si sotte

De s’entenir au Papa.

 

Chanson                        1716                         [274]

Sur l’air: Lon lan la derrirette.

 

C’est la Duchesse de Bourbon,

Qui met tout le monde en chanson,

Lon lan la derirette,

Excepté ceux qui lui ont mis

Lon lan la deriri.

 

Chanson                        1716                          [275]

Sur l’air: C’est la pure vérité.

 

On dit que le Luxembourg                                    Madame de Berry.

Sert de réduit à l’amour,

Ce n’est qu’un médisance;

On dit qu’à l’intempérance

Un autel on a dressé,

Que nuit et jour on encense,

C’est la pure vérité.

 

On dit que chez les Condé

Les amants sont bien traitté,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit que par complaisance,

La Maman de son costé                                        Madame la Duchesse

Prend aussi part à la Dance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que certain Roué

La Duchesse à sceu charmer,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que pour pierre d’attente

Ce qui n’est pas écrasé,

Faute de mieux la contente

C’est la pure vérité.

 

On chante belle Conty,                              [276]

L’excez de vôtre apéty,

Ce n’est qu’une médisance;

Aux yeux de toute la France,

La Fare que vous chérissez

Met le faux en évidance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que la Suryon,                                            M.lle la Rochesuryon

Voudroit bien changer de nom,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit que par prévoyance,

Et pour fuir l’oisiveté,

Martin l’instruit par avance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que malgré sa beauté,

Que la Lambese la gasté,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit qu’avec indulgence

Ses parens l’ont fait traiter,

Quand elle eut conté sa change,

C’est la pure vérité.

 

On dit que sa soeur Duras

Peupleroit bien un haras,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit qu’elle met par avance,                                   [277]

Aux dépens de sa beauté

Plus d’un étalon en dance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que la Baufremont

A tous dit pis que leur nom,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que sans conséquence

Elle peut tout hazarder,

Sans craindre la médisance

C’est la pure vérité.

 

On dit que le grand Villars

Doit sa fortune aux hazars,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit qu’outre sa vaillance

Sa femme de son costé

A mérité récompense,

C’est la pure vérité.

 

Chanson                        1716                            [278]

Sur l’air: Philis prend plaisir à boire.

 

Adieu donc, Partisans infames;

Pensez maintenant à vos ames ,

Le loisir vous en est donné.

Nôtre Régent plus grand qu’on ne peut dire.

A sauver, vous a condamné,

Vous avez assez friponné.

A nôtre tour, à nôtre tour nous allons rire.

 

Chanson                       1716                              [279]

Sur l’air du Confiteor.

 

Tancin (1) vous avez de l’esprit,

On le voit par votre conduite.

D’Argenson vous avez séduit

Pour mieux éviter la poursuitte

De vôtre affreux débordement

Qui vous fit chasser du couvent.

 

Boulinbrock est tu possedé?

Quelle est ton idée chimerique?

De t’amuser à Chevau.......

La fille du Saint Dominique?

Crois-tu que d’elle er d’un Toris

Il naîtra un Antéchrist?

 

Pense tu donc plaire au Régent

En chavau............ cette Guenippe?

Il la ratée depuis trois ans 

 

(1)   N..... Guerin de Tancin 1.ment Religieuse. On dit que M.r Dillon Lieutenant general des Armées lui fit un enfant. Elle vint à Paris, obtint une nomination d’une place aux D.cs Religieuses de Neuville les nones en Bresse, où elle n’a pas êté, en enfin en vertu d’une pretendüe protestation contre ses 1.ers voeux, ils ont êté declarés nuls. Sa soeur la Feriol lui a menagé quelque bien avec lequel elle a agiotée a Paris sous la protection de M.r d’Argenson Lieutenant de Police son tenant, auquel elle a donné la verole dont il est mort, et dans le besoin elle lui a aussi servy d’espion.

(2)   Il êtoit Secretaire d’Estat de la Reyne Anne d’Angleterre et est refugié à Paris.

 

Et a juré par Saint Philippe                       [280]

Qu’il mépriseroit tout mortel

Sacrifiant à cet Autel.

 

La Feriol (1) à moins d’esprit

Avec son grec et sa science,

En laissant eschaper Coigny,

Homme de tres grande importance,

Pour sa fortune et sa santé,

Bon Dieu! qu’il s’estoit mal niché.

 

D’Huxelles (2) ne l’a voit jamais

Que tremblant, perdant la parole,

Il déteste ses vieux atraits,

Où il a gagné la verolle,

Hélas! dit-il, tout éperdu,

Du moins si je l’eus pris en c........

 

(1)   On a dit d’elle qu’elle tenoit chez elle la petite assemblée du Clergé, a cause du nombre d’Abbez qui alloient chez elle. On a dit que son frere êtoit trop bien avec elle, et que ce fut sur l’avis que l’on en donna au Roy, qu’il ne fut pas fait evesque. Il y en a bien eu d’autres.

(2)   Le Mareschal d’Huxelles loge auprés d’elle. Leurs maisons communiquoient par le jardin.

 

Chanson                       1716                        [281]

Sur l’air des Pendus.

Louange et blâme du Cardinal de Noailles.

 

Parlons de nôtre cardinal,

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Destituant plus d’un Jesuite;

On ne peut blâmer sa conduite:

Mais en dispersant Port Royal,

Il faut dire, qu’il a fait mal.

 

Parlons du même Cardinal

A t’il etc.

Jugeant que la Bulle est maudite,

On ne peut blasmer sa conduite:

Mais n’osant s’exprimer tout net,

Il faut dire qu’il a mal fait.

 

Parlond toujours du cardinal

A t’il etc.

Quand de Quesnel le Livre il louë

Personne ne lui fait la mouë;

Mais lorqu’un tel Livre il defend

On la lui fait asseurement.

 

Parlons toujours du Cardinal,                               [282]

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Quand du Cas* il fait quelqu’estime,                             *le cas de conscience

Il ne fit pas un fort grand crime;

Mais quand il le fit retracter,

Alors tous devoient résister.

 

Parlons toujours du cardinal

A t’il etc.

Faisant signer le Formulaire,

Quant au Droit, qu’on le laisse faire;

Mais lorqu’il fait signer le fait,

Il faut dire, que mal il fait.

 

Palons toujours du Cardinal,

A t’il etc.

A Rome dénonςant Sfondrate,

Sa Foy comme son zele éclate;

Mais abandonnant ce projet,

Il faut dire, qu’il a mal fait.

 

Parlons toujours du cardinal,

A t’il etc.

Quand il défend la comédie,

Qu’il n’ait pas bien fait, je le nie,

Mais quand pour aumosne il y met,

Une taxe à lui c’est mal fait.

 

Encore un mot du Cardinal,                                [283]

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Quand par ses moeurs il édifie,

Il est juste qu’on le publie:

Mais quand Lotterie il permet,

Alors on dit qu’il a mal fait.

 

Chanson                       1716                                    [284]

Sur l’air: Blaise revenant des champs.

 

Bourvalais venant des champs,

Tout dandinant, bis

Fit rencontre d’un Exempt,

Et puis ils s’en furent,

Dans une closture.

 

Chanson                          1716                              [285]

Sur l’air de Joconde.

 

L’Edit qui nous met aux abois,

Auteur de nos miseres,

Est du plus juste de nos Rois,

Qui du tems de nos peres

Le fit pour punir les forfaits

De semblables canailles,

De la Vieuville, et Beaumarchais

Grans pertes des Noailles.

 

Chanson                            1716                             [286]

Sur l’air: Terrible en paix, paisible en guerre.

                                    ou

                  Il a batu son petit frere.

 

Avec d’Aumont, d’Antin, Noailles,

Nous ne craignons point de Batailles;

Prince tu peux nous réformer;

Ils sufisent pour nous défendre,

Que viendroit-on icy chercher?

Ils ne laisseront rien a prendre.

 

Chanson                          1716                                 [287]

Sur l’air des Cloches.

Sur M.r le Bas de Montargis.

 

A te voir,

Montargis,

Avec ton Saint Esprit;

Que croire. bis

 

Que tu as mis,

Ton esprit,

A faire valoir icy

Grimoire. bis

 

Auras-tu

Trop d’éscus,

Aprés avoir tout rendu,

Au peuple, bis

 

En voyant,

Ton habit,

On sera tout ébaubis

D’y voir: bis.

 

L’ornement,

Apliqué                                                                    [288]

Sur le Bas en jolivé

D’un Asne, bis.

 

Epigramme                           1716                         [289]

Sur M.rs Crozat & Montargis.

 

Pour prescher l’humilité

Mortels remplis de vanité;

Voyez jusqu’où le Saint Esprit s’abaisse,

Crozat, et Montargis l’ont trouvé dans leur caisse.

 

                                    autrement

Pour vous prouver l’humilité,

Voyez homme plein de fiérté;

Combien le Saint Esprit s’abaisse

Le bas la trouvé sa caisse.

 

Chanson                       1716                          [290]

Faite à l’occasion de M.r le Duc d’Orleans qui a donné 50000# a une fille qu’il a voulu baiser, et qu’il a raté.

 

La qualité n’est que sotise,

Le rang seul vaut il nos desirs?

En amour je prendrois pour devise,

Moins de grandeur et plus de plaisir.

 

Lorsque mon ardeur est extrême

Quand je suis en feu dans tes bras,

Tu me rates, hélas! quand on aime

Je suis seure qu’on ne rate pas.

 

Foin de la grandeur incommode,

Un coeur tendre doit s’allarmer;

En ratant l’on se met à la mode.

Les Bourgeois scavent bien mieux aimer.

 

Chanson                        1716                                  [291]

Sur l’air de la Fronde.

                  ou

Il a battu son petit frere.

 

Que nôtre Regent et sa fille                                    la Duchesse de Berry.

Commettent maintes pécadilles,

C’est un fait qui semble constant;

Mais que par lui elle soit mere,

Se peut il que d’un même enfant,

Il soit le grand pere et le pere.

                  ou

Que le Regent avec sa fille

Commette quelque pécadille,

Je le roiray facilement;

Mais ce que je ne scaurois croire,

C’est qu’on puisse d’un même enfant

Estre le grand pere et le pere.

 

Si pourtant comme on le présume

Au monde elle ait mis un posthume,

Il faut bien lui donner un nom;

Ainsi sans être téméraire,

C’est la Rochefoucault, de Pont,

Gontaut, Rion, la Haye, Salvaire.

 

Qu’avec Lassay la Bourbon f..............                                  [292]

Il n’est personne qui en doute,

Ils ont même tous deux raison;

Mais la belle devroit lui dire

Qu’avec plus de discrétion

Chez une veuve on se retire.

 

Que la jeune Duchesse en rage,

Que son mary n’en fasse usage.

En est-on surpris? non vrayment,

En pareil cas un amant vange;

Que du Chalat soit cet amant

Le choix m’en paroist fort étrange.

 

Que la Conty soit enragée

A un singe d’etre attachée,

Cela ne se peut autrement;

Mais qu’elle s’entienne à la Fare.

Ou son apétit n’est pas grand,

Ou sa retenuë est bien rare.

 

Que Suryon impatiente,

Avec le Marton se contente,

Cela n’est pas étonnant;

Mais qu’elle l’aimant à la rage

N’en éprouve aucun accident,

Elle est plus heureuse que sage.                                  [293]

 

Que Charolois jeune et fringante

Pour Richelieu soit complaisante,

C’est assez le sort de son sang;

Mais qu’à ce chois elle se tienne

A son âge belle maman

En occupot demy douzaine.

 

Que le Duc s’empresse pour Nesle

Il flatte l’humeur de la belle,

Et son époux n’en dira rien;

Mais qu’en soupant chacun la darde

Comme un autre Saint Sébastien,

Que de Castel elle se garde                       Chirugien qui guerit de la vérole.

 

Que Jonsac/ Jonquette à Conty se donne,

Elle s’allie à la couronne,

Quelle gloire pour les Haynaux!

Mais que sans garder de mesure

Tous les Roquets lui soient égaux,

Pour le Jonsac quelle coëffure!

 

Que la belle Monasterolle,

Se donne pour mille pistolle,

Je trouve qu’elle faisoit bien;

Mais que pour une on en jouisse,

Et meme tres souvent pour rien,                           [294]

Ma foy gare la chaudepisse.

 

Qu’habile en vers, qu’habile en prose,

Locmaria* nuir et jour compose,

Puisqu’aimer lui semble commun;

Mais que sans cesse elle s’occupe,

Au sot combat de conque contre un,                              Bataille des Jesuittes.

Sapho ne fut jamais si duppe.

 

Qu’à du Maine laide et nabotte,

Un Malezieux leve sa cotte,

Le marché pour tous deux est bon;

Mais que le Polignac n’en bouge

Et couche avec cet embrion

C’est faire honte au Chapeau rouge.

 

Qu’au tendre Nagis la Vrilliere

Donne jouissance pléniere.

La Dauphine en fit bien autant;

Mais qu’au Régent elle se vouë

Pour la fortune du galant

Plaisant pivot, plaisante rouë.

 

Que même elle se prostitüe                                la Monasterol.

Au dernier laquais de la ruë;

Cela m’est fort indifferent;

 

*Elle est veuve du vieux Marquis de Locmaris Lieutenant general.

 

Mais que la putain soit méchante,                      [295]

Et veuille en imposer aux gens;

C’est etre par trop insolente.

 

Que la Melun* jeune et gentille

Se brouille avec sa famille,

Cela se peut il autrement;

Mais que d’Evreux elle suplante

Et f....... avec son amant

C’est être mauvaise parente.

 

Qu’ayant le coeur un peu trop tendre

Gacé partout se laisse prendre,

Le mal est commun dans Paris;

Mais que dans l’ardeur la plus forte,

Elle et d’Aremberg soient surpris,

Où sont les verroux de la porte?

 

Que pour rendre Orleans propice,

Maillebois s’offre en sacrifice,

Sauvant du gibet des Maretz;

Quel jugement en doit en faire?

Aime t’elle ses interrests?

Le déduit, ou bien son beaupere?

 

*Fille de la duchesse d’Albret qu’on dir avoir enlevé le jeune Soubize a la Comtesse d’Evreux.

 

Chanson                          1716                               [297]

Sur l’air des Landiris.

 

Petite d’O pour le déduit*,  

Est-ce vray tout ce que l’on dit?                  

Vous vous êtes apliqué Bussy**.

 

Vôtre mary tout effrayé

Chez la Coligny est allé;

Ma soeur je viens pleurer icy.

 

Dodo ne faut pas vous fascher,

Allons je veux vous consoler;

Aussitôt lui a prier le v.........

 

Le pauvre enfant tout consterné

N’osoit encore la regarder;

Hélas! bien lui en avoit pris.

 

Des qu’il eut veu ce large estuy,

Et que ce C...... il eut senty;

Ah! ma soeur comme il put icy.

 

C’est bien à vous petit amoureux,

A trouver que je l’ay baveux;

La Feuillade me l’a bien pris.

 

* Fille du Marquis de Lassay et de la Bastarde de M.r le Prince sa 3.e femme      

** l’Abbé, fils du comte de Rabutin

 

Petit Charolois je vous plains,                            [298]

De courtiser une Catin,

Qui est le rebut de Paris.

 

Qui dit Catin en dit assez,

On ne s’y peut jamais tromper;

C’est la guaisne de tous les v........

 

C’est pour Monasterol enfin

Que successeur de S.t Germain,                le Chtr, frere du Marq. de S.t Germain Baupré.

Vous vous jettez dans le mépris.

 

Aprenez qui vous remplacez,

Et quel honneur vous aquerez.

Je veux vous en faire rougir.

 

De sodome tout essoufflé,

L’Abbé d’Auvergne est arrivé;                      En arrivant aux Eaux elle lui donna la verolle.

En se debottant il fut épris.

 

Chanson                        1716                          [299]

Sur l’air: Alleluya

 

Monsieur le Duc à Sessac dit,

Je voudrois être ton amy;

Aussitost il lui fit cela.

                  Alleluya.

 

Aprés s’en être un peu servy,

A Putanges il la rendit;

Et à la Meuse il retourna.

 

A Gacé de Nesle disoit,

Le même sort je crains ma foy,

Pour Meuze il me plantera là

                  Alleluya.

 

Gacé du propos êtonné,

Parût d’abord embarassé;

Mais aprés il l’a rasseura,

                  Alleluya.

 

De Nesle ne craignez donc rien,

Je connois mon Prince trop bien;

Pour la chasse il balancera.

                  Alleluya.

 

A d;Agénois la Nesle à dit,

Adieu mon cher petit amy,

Vous ne me ferez plus cela.*

                  Alleluya.

 

Ce n’est point changement de goût,

Mais pour contenter mon époux,

Monsieur le Duc me le fera.

                  Alleluya.

 

Je ne pourrois pas le tromper,

Déja son confident Gacé.

Ne me quitte pas d’un seul pas,

                  Alleluya.

 

Le d’Agénois fort courroucé,

Cherchant partotu a se vanger,

Chez Monasterol s’en alla.

                  Alleluya.

 

Plus par son dépit que par goût,

Il voulut bien lui faire un coup;

Mais point il ne recommenςa.

                  Alleluya.

 

Depuis disné jusqu’à soupé,

 

*La Monasterol avoit gagné une des femmes de Chambre de Madame de Nesle qui avertit le Marquis de Nesle, et elle fut prise sur le fait avec le Comte d’Agenois.

 

Elle f..... en asne débâté,                           [301]

Tant grand est l’apétit qu’elle a.

                  Alleluya.

 

La médisante Baufremont                         N.......... de Courtenay laide et méchante.

Par Pezeux fit fourbir son C......

Pour lui quelle travaille est cela!

                  Alleluya.

 

Le Chevalier quoique fourny,

Ne suffit pas pour le déduit,

De cette Messaline là.

                  Alleluya.

 

Le d’Aremberg tout essoufflé

Sur un canapé l’a jetté;

Mais aussitost il débanda.

                  Alleluya.

 

La Courcillon toute effrayée

A Parabere s’en est allée,

Et son histoire lui conta;

                  Alleluya.

 

Belle Seignelay pour le déduit,

La Feuillade est il fort au lit?

Par ma foy je ne crois pas.                         [302]

                  Alleluya.

 

La Duras à ce que l’on dit,

De Richelieu a pris le v.....,

La Charolois en boudera.

                  Alleluya.

 

La Villequier nous a dit,

Je suis lasse de mon mary,

Son pere le remplacera./ Le Pezé le remplacera.

                  Alleluya.

 

Belle Princesse de Conty,

Poupart à le v..... trop petit/ La Fare a le v... trop petit.

La Nouë vaut bien mieux pour cela*.        

                  Alleluya.

 

Monasterol à ce qu’on dit,

A pris de Baviere le v.....

De même qu’à son bon papa.

                  Alleluya.

 

A Villequier elle avoit dit,

Je veux que tu sois mon amy;

Mais le vilain n’en voulut pas.

                  Alleluya.

 

*1.er éscuier du Prince de Contry, et 4.e fils du Marquis de Langeaix

 

Le Comte d’Agénois a dit,                     [303]

Ah! frand Dieu quel goufre est cecy!

Je ne puis suffire à cela.

                  Alleluya.

 

La petite de Chastillon

N’a qu’à se gratter le menton;

Nul ne veut lui faire cela.

                  Alleluya.

 

Elle vouloit bien agacer

Le Marquis au nez retroussé;                             Gontaut.

Mais la Bercy l’en empescha,

                  Alleluya.

 

Le d’Espinoy avoit choisit                          N.... Gorge retenuë par les charosts dévots.

Pour ses esbas la d’Aucenis;

Mais ma foy il n’a pris qu’un rat,

                  Alleluya.

 

La jeune Comtesse d’Evreux,

A le C..... moindre que les yeux,

Cependant elle fait cela.

                  Alleluya.

 

Belle Maman si vous chassez,                       Madame la Duchesse, mere.

L’aimable Marquis de Lassay;

La Motte le remplacera;                                  [304]

                  Alleluya.

 

Rupelmonde de ta beauté,

Le tems bientost sera passé,

Fais-le donc tant que tu pourras.

                  Alleluya.

 

Maillebois a dit au Régent,

Faites-le moy donc plus souvent,

Et mon beau pere chantera.

                  Alleluya.

 

Du matin jusques à midy,/ Locmaria toute la nuit

Locmaria bransle des v..../ S’amuse a mesurer son v....

Sans jamais se lasser le bras.

                  Alleluya.

 

La Vrilliere a dit au Régent,

Je suis à vous pour de l’argent;

Autrefois Rebours m’en donna.

                  Alleluya.

 

Aprés avoir bien veu des v....

Elle s’est tenuë à Nangis;

Il est bon pour faire cela.

                  Alleluya.

 

La Montbazon a ce qu’on dit,                          [305]

Du Prince de Rohan prend le v....,

Du Bordage s’en faschera.

                  Alleluya.

 

Duras a fait la jonction

De Son derriere et de son c.....,

Allons mes amis voir cela.

                  Alleluya.

 

On vouloit scavoir dans Paris,

Qui avoit le plus grand pertuis

Aussitost Cany s’ecria,/ Aussitot Villette banda,

C’est la Duras. / Alleluya.

 

La jeune Duchesse, dit-on,

Avoit pris le petit Marton:

Mais elle aime mieux du Chalar.

                  Alleluya.

 

La jeune de Roye, ce dit-on,                        fille de Du Caffe .

A pour amant Castelmoron:

Mais Duretal lui fait cela.

                  Alleluya.

 

La des Alleurs à son fils dit*,

 

*l’Ambassadrice vouloit lier son fils avec la Monastero pour en tirer de l’argent.

 

J’ay trouvé une place icy;                    [306]

Mais le vilain le refusa.

                  Alleluya.

 

La d’Evreux à ce que l’on dit,

Trouve que Soubiza la petit;

Un plus gros le remplacera.

                  Alleluya.

 

C’est d’Angennes* à ce que l’on dit,

Qui va remplacer ce petit v......,

Toutes les Bouillons il f.....

                  Alleluya.

 

*Il avoit eu une affaire avec la Duchêsse d’Albret sa fille dont on prétend qu’elle a eu un enfant avant d’epouser le jeune Melun.

 

Le d’Espinoy s’etoit vanté

D’avoir la d’Evreux chevauché,

Que pour Polignac il quitta.

                  Alleluya.

 

Mais on lui rend justice icy,

En attribuant à son amy,                               le Duc de Richelieu.

Tout ce que de mauvais il a.

                  Alleluya.

 

Le Bournonville et la Jonsac.

Ensemble dont le tic tac;

Le pauvre enfant s’en sentira                           [307]

                  Alleluya.

 

Villequier auroit toujours vecu

Sans jamais avoir êté f.......

S’il n’eut soupé chez du Cheila.

                  Alleluya.

 

Courcillon l’emmena chez lui,

Et lui dit mon petit ami;

Mais le fait est qu’il l’encu....

                  Alleluya.

 

La Talart à ce que l’on dit,

De plus de trois mois s’est mépris,

Dans un an elle accouchera.

                  Alleluya.

 

A d’Espinoy elle avoit dit

Fais cocu mon pauvre mary,

Je n’accouche pas sans cela.

                  Alleluya.

 

La jeune Soubise dit-on,

A le plus puant de tous les .......

Son nez rouge nous l’indiqua.

                  Alleluya.

 

D’Evreux vôtre mauvaise foy,                      [308]

Vous fait fort peu d’amis, je croy,

Soubize est dupe, ou le sera                              le jeune.

                  Alleluya.

 

On le trompe facilement,

Il est benin et bon enfant;

Mais un plus vif l’en vangera.

                  Alleluya.

 

Le petit Gesvres ce dit on,

Tous les jours vous prend vôtre c.......

Et avec vous il fait cela.

                  Alleluya.

 

La Cursay à ce que l’on dit,

Veut encore lui prendre le v......

Mais point il ne fera.

                  Alleluya.

 

Le Brossoré est enragé

De voir ce train recommencé,

Par ma foy il la rossera,

                  Alleluya.

 

La de Gié à ce qu’on dit,

Couche avec le vieux Thury;

il ne peut plus faire cela,                                  [309]

                  Alleluya.

 

La Darcos n’aura plus d’amans,

Elle est vielle et n’a plus d’argent,

Disons lui tous un libera.

                  Alleluya.

 

Jonsac est devenu jaloux,

Jonquette dit qu’elle s’en f....

Et que toujours elle fera.

                  Alleluya.

 

Il a beau lui donner des soufflets,               Il la soufflera chez le Prince de Conty.

Des nazardes, des camoufflets.

Jamais son bois ne tombera.

                  Alleluya.

 

La Mimure disoit à Gontaut,                          d’Achy Marquise de Mimure.

Vous n’êtes pas assez ribaut,

Vous futes éxilé pour cela.

                  Alleluya.

 

A Segur (1) disoit le Rémond (2)

 

(1)   fils du Lieutenant général.

(2)   Jadis maîtresse de Monsieur de Bavieres.

 

De grace prenez moy le c......                    [310]

Il fit plus, car il s’y logea.

            Alleluya.

 

La pauvre S.t Germain-Beaupré

A tout le monde l’a montré;

Mais elle a trop de poil au bas.

                  Alleluya.

 

Chanson                      1716                                [311]

Sur l’air: Or nous dites Marie.

 

Or nous dites de Nesle

Qui vous a fait quitter;

D’Agenois si fidelle

Pour un autre Berger,

Hélas cet imbécile

Ce maquereau gasté

Qui sans cesse babillé

M’est venu débaucher.

 

Mais que dira Surville,                                            Hautefort.

Qui vous f..... si bien,

Il contoit par la ville

Renouer son tendre lien;

L’un n’est que Gentilhomme,

L’autre est Prince du sang,                                          M. le Duc.

Et s’il n’est pas bel homme,

Au moins a t’il un rang.

 

Sortant de chez d’Alluye,

Où allez-vous le soir;

Cette commode amie,

Fournit t’elle un f....toir;

Bourbon dans un carrosse

M’attend pour chamailler;

 

Mais ce n’est qu’une rosse,                             [312]

Dés qu’il faut chevaucher.

 

Dites-nous jeune Prince

Comment pour contenter,

Vostre eschine si mince

Peut elle résister?

Femme si vigoureuse

Pour mon temperamment,

Ne scauroit être heureuse

Avec un seul amant.

 

Expliquez-nous de grace

Qui vous a fait quitter

La Cessac dont la grace

Scavoit vous enchanter?

Je le vois tout de même,

Et l’aime tendrement;

Mais son âge me gesne

Je suis trop jeune amant.

 

Sans parler de la Nesle,

Cessac en vérité

Crois-tu le Duc fidelle

A ta vieille beauté?

Ton inceste publique

Découvre à tous venans

Que ta perverse clique                             [313]

Tu fais passer le tems.

 

Mais qu’avoit fait la Meuze,

Pour vous en dégouter,

Son air de prétieuse

Parroissoit vous toucher?

Elle est trop grimaciére

Et n’a nul agrément,

Ce n’est qu’un chimére

Sans aucun sentiment.

 

On disoit qu’avec elle,

Vous vouliez dégainer,

Que cette sotte belle,

Vouloit vous gouverner;

Ma soeur avec la Fare,

M’y vouloit engager;

Mais son esprit bizare

M’auroit fait enrager,

 

Cette jeune Princesse,

Se divertit donc bien;

A t’elle la bassesse

D’ecouter ce mâtin?

Elle a sceu la maniere

De gagner son bossu,

On ne peut plus lui plaire,                            [314]

Qu’en le faisant cocu.

 

Large Monasterol,

Vray gibier de bordel,

Ta féconde vérole

Détruits tous les mortels;

Remply ta destinée,

Péry honteusement,

Dans un gouffre abimée,

Disparoist à l’instant.

 

Je consacre à ta gloire

Ce peu de mots tracez,

Au temple de mémoire

Ils y seront gravez:

Infame Messaline

Ouverte à tous venans,

Qu’avec toy seul s’abisme

D’Aremberg ton amant.

 

Tu chante la de Nesle,

Sessac l’a démontée;

Crois-tu le Duc fidelle

A ta vieille beauté?

Ton inceste publique

Découvre à chaque instant

Que ta perverse clique                              [315]

Tu fais passer le tems.

 

Or nous dites Duchesse

Quand Lassay quittera?

Que deviendront vos fesses

Qui vous les grattera?

Chacun dit que la Motte

Comme un jeune étourdy,

Mettre sous vôtre cotte

Un demy pied de v.......

 

Chanson                      1716                          [316]

Sur Madame de Rémond maîtresse de Milord Colifchet, femme de Rémond Bourgeois d’Angoulesme qui assassina d’un coup de pistoler Arnault Lieutenant general d’Angoulesme avec qui il êtoit dans la voiture publique, il se sauva en Flandres où sa femme fut maîtresse de l’électeur de Bavieres, aidé de cette protection, il voulut en 1706. proffiter de l’amnistie que l’évesque d’Orleans a droit d’accorder à tous les criminels à son avenement, mais son affaire fut trouvée si grave qu’il n’y put réussir.

 

Une haleine impure,

Des testons sans bout,

Un ventre à fressure,

Le C... loin dessous.

Voila ce que baise

Celuy qui lui met

Un peu trop a laise

Son Colifichet.

 

Chanson                          1716                          [317]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

 

Faite à l’occasion des difficultez que font les Princes du sang, de laisser traverser le Parquet par les Princes Légitimez quand ils vont au Parlement.

 

Admirez le fils intrépide,

Des Condez, ces braves guerriers,

En plein paix il est avide

D’un nouveau genre de Lauriers.

 

Pour son Chef d’oeuvre de vaillance,

Il jure d’arracher le jour,

Aux Minotaures de la France                             M. le Duc du Maine etc.

Aux fruits d’un criminel amour.

 

Cecy lui vint en fantaisie

Quand Louis eut passé le pas,

Il jura car pendant sa vie,

Princes du sang ne juroient pas.

 

Je consens de voir par la gresle

Secher les costeaux Bourguignons,

Ne baiser jamais la de Nesle

Tant qu’il sera à faux Bourbons.

 

J’establis mon champ de bataille                               [318]

Dans le Parquet du Parlement;

Je donne d’estoc et de taille

S’ils le traversent seulement.

 

Le jour pris pour ce beau fait d’armes,

Fut quand on jugeoit Richelieu;

Tout le Parlement en allarmes,

Faisoit cette prier à Dieu.

 

Grand Dieu! sauvés Toulouze et Dombes,

Si vous n’empeschez leur trépas!

Sous Bourbon l’un et l’autre tombe,

Dieu les exauce, il n’y vient pas.

 

Chanson                          1716                         [319]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

faite à Chantilly sur la petite vérole qui prit à M.r le Duc.

 

Sur vos jours la Parque en balance

Ménaςoit de n’en tramer plus,

Prince, et nous revoyons en France

Rome en pleurs pour Germanicus.

 

Pour arrester ce coup funeste,

Tout pourroit être demandé,

Pour Admete il fut une Alceste,

Tout est Alceste pour Condé.

 

Le Ciel calme enfin nos allarmes,

La faveur vous rend à nos voeux;

Joye éclatez, tarrissez larmes,

Nous célébrons un jour heureux.

 

A l’honorer que tout s’apreste,

Que son bonheur redouble encore,

Qu’il soit le jour de cette feste

Le premier des jours de Nestor.

 

Minerve, Bellonne, et victoire,                                 [320]

Tutelaires du sang de Bourbon,

Conservez des jours dont la gloire

Fera l’eclat de vôtre nom.

 

Desja promettant un Achille,

Et montrant un Fabricius,

Pour éxécuter un Camille,

Il délibet en Fabius.

 

France encore quelques années,

Et s’il faut alors des exploits,

Nous verrons sous ses destinées

Et les Senef et les Roerois.

 

Chanson                        1716                              [321]

Sur l’air: Que j’estime mon cher voisin.

 

De Chantilly le magister,

Autrement dit le maître

A dit le Prince est magister

Que Messieurs ses ancestres.

 

A las Chasse il sonne du cor,

Il est Prince à la ville,

Dans les Conseils c’est un Nestor,

A Fribourg un Achille.                                         Au siege en 1713.

 

Il fait des autres le bonheur

Il ne songe qu’à plaire

Et quoiqu’il soit fort grand Seigneur.

Il est amy sincere.

 

Chanson                            1716                           [322]

Aux champs, à la ville à la cour,

Tout chante à l’envie le tour,

De la santé de son Altesse;

Ainsi le peuple grec ravi,

Poussoit de grans cris d’allégresse,

Quant Alexandre fur guéry.

 

Chanson                           1716                              [323]

Sur l’air: de Joconde.

Sur le S.r de la Pierre Principal du College de la Marche.

 

La Pierre dit qu’il mangera,

Jusques à sa culotte,

Pour rétablir le rectorat

De Poirier sa Marotte.

Mais Poirier par un sentiment

De gratitude pure,

Le prie avec  empressement

D’espargner la doublure.

 

Chanson                       1716                                       [324]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

 

Le Seigneur a dans l’Evangile,

Maudit le stérile Figuier;

Et l’Université docile

A coupé le mauvais Poirier.

 

Chanson                        1716                                       [325]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine etc.

 

Je respecte la Régence,

Mais dans mon petit cerveau,

Je me figure la France

Sous l’emblesme d’un tonneau;

De cette pauvre futaille,

Le Régent tire sans fin;

Tandis qu’au fausset Noailles,

Escamotte un pot de vin.

 

Réponse.

 

Je consens que la Régence,

Soustire nôtre tonneau,

Pour avoir de la Finance,

Qu’on égorge le troupeau,

Et qu’à Noailles on permette

De voler impunément;

Pourveu qu’apprés on le mette

Coste à coste du Normand.                            Condamné aux Galeres par la Chambre de justice

 

Chanson                         1716                           [326]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine.

 

Sur Madame la Duchesse de Berri qui avoit fait fermer les portes du Jardin de Luxembourg à okusieurs honnestes gens, hommes et femmes, qui s’y promenoient entre 9. et 10. heures du soir et ausquels elle y fit passer la nuit, sans égard à toutes les prieres qu’on lui fit.

 

Si l’on fait fermer la porte

Du jardin du Luxembourg;

C’est cette grosse jouflotte

Qui nous a joué ce tour;

Elle eut mieux fait la coquette,

De faire boucher le trou

Le voisin du trou qui pettr

Par où elle fait joujou.

 

Chanson                          1716                        [327]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine.

Contre les Jesuites.

 

Toy qui croy que malgré Rome;

Les Ignatiens sont abas.

Et qui voudroit scavoir comme

Ils sortiront d’embarras;

Je crois que cette culbute

Ne les étourdira pas;

Car les Dindons dans leur chute

Sont de la race des chats.

 

Chanson                      1716                            [328]

Sur l’air: L’amour la nuit et le jour.

 

Mon impotent mary

Quoique d’un gout contraire;

Me fait perdre l’esprit,

En m’empeschant de faire toujours

La nuit et le jour.

 

Aimable Polignac

Sans l’importune mere,

Avec le sot Fronsac,

Vous scauriez fort bien faire toujours,

La nuit et le jour.

 

Chanson                            1716                           [329]

Sur l’air de la Cabaretiere.

 

Je ne suis pas la Rupelmonde,              Recourt de Lens de Rupelmonde

Dit la Maillebois courroucée,

Non je n’aime pas tout le monde,

Faites ailleurs vôtre marché,

J’en voulois un, je l’ay trouvé.

Retournez donc à la blonde;

J’en voulois un, je l’ay trouvé,

Ma soeur n’en a jamais assez.

 

Chanson                      1716                          [330]

Sur Madame le Boulenger,

 

Trop orgueilleuse Boulengere,

Vous donnez donc du nez en terre;

Pour le coup vous nous étonnez,

On est surpris de vôtre chute;

Car vous faisiez la culbute

Jadis ailleurs que sur le nez.

 

Chanson                         1716                            [331]

Sur l’air: de Moy.

Sur Madame de Nesle.

 

J’ay des amans, je suis jeune et bein faite,

                  J’ay beaucoup d’agrément;

L’on dit partout que je suis fort coquette,

                  Que je le fais souvent.

Je leur répond sans en faire la fine;

                  Je suis Mazarine moy,

                  Je suis Mazarine.

 

Chanson                       1716                              [332]

Sur l’air des cloches

 

Le Gacé est chassé,                                Madame la Princesse de Conty la jeune.    

Le Conty vous a laissé                       

La Fare, la Fare.

 

Chanson                        1716                         [333]

Sur l’air: Laire la, laire lan laire.

 

Le Chevalier de Matignon,

N’est receu en c.... ny en c......,

Il médit de toute la terre;

Laire la , laire lan laire,

Laire la, laire lan la.

 

Hier au bal nôtre Régent,

D’un air tendre, affable, et charmant,

Vouloit baiser la Parabere,                                      Baudéant.

Laire etc.

 

La Parabere de son costé,

Ne voulant pas le refuser;

Troussa sa jupe et laissa faire,

Laire etc.

 

La Marquise de Castelmoron,

Est porteuse d’un si grand C.....,

Que Montfort lui fair par derriere.                         l’Abbé.

Laire etc.

 

Chanson                        1716                            [334]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

D’Arginy fait bien la fiere,

Pour six freluquets qu’elle a,

                  Elle s’imagine,

                  Qu’avec sa mine

Jamais son C..... ne jeûnera;

D’Arginy fait bien la fiere,

Pour six Freluquets qu’elle a.

 

D’Arginy n’est pas trop riche;

Mais elle paye comptant,

                  Elle n’est pas sévere

                  Pour l’ordinaire,

Qu’à ses amans les moins pressans.

D’Arginy n’est pas trop riche,

Mais elle paye comptant.

 

Chanson                       1716                          [335]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

Courcillon fait bien la fiere

Pour les deux amans qu’elle a;

                  Le Prince Charles

                  Fort bien la baise;

Mais d’Aremberg n’a pris qu’un rat;

Courcillon fait bien la fiere

Pour les deux amans qu’elle a.

 

Chanson                       1716                           [336]

Sur l’air de Lampon.

 

La Courcillon ne veut pas, bis

Que d’Aremberg perde ses pas. bis

Elle lui preste le derriere,

Son devant à trop d’affaires.

Lampon, lampon,

Camarade lampon.

 

A Madame de Polignac                     1716                    [337]

habillée en homme au Bal.

 

De Psiché seriez-vous l’amant,

De l’amour seriez vous la mere;

Mon coeur s’embarque également.

Et pour Florence et pour Cithere.

 

Sur l’Abbé Pelegrin                           1716                       [338]

qui a fait l’Opera de Telemaque.

 

La matin Catholique, et le soir Idolatre,

Il dîne de l’Autel, et soupe du Théatre.

 

Sur Samuel Bernard                                                      [339]

par Rousseau.

 

Or est monté depuis peu sur un char,

Un eschapé d’Ismaël et d’Agar;

Qu’on connoist tel à son ton judaïque,

A son trafic, à sa mine Hébraïque;

Haro, dit il sur le jeune garςon,

Il faut le pendre il a fait la Chanson;

Qui te la dit, race de Mardochée?

Aux nations de tout tems reprochée

Qui Chrestien est par fausse trahison

Juge toujours contre droit et raison.

 

Chanson                           1716                                [340]

Sur l’air du branle des festes du cours.

 

Ma foy l’on a beau dire,

Le bois manque à Paris;

Ce discours me fait rire

Puisque tous nos maris

En ont provision sur leurs testes chauves,

                  Et je suis asseuré

                                    L’ésté,

                  Que s’ils parroissent,

                                    L’on iroit,

                  A l’ombre dans les ruës.

 

Triolet                        1716                           [341]

 

Ce Malet qui vient d’etre esleu,

Ne scait non plus que sa femme;

A t’il escrit, même a t’il lû.

Ce Malet qui vient d’estre esleu,

Non; mais des Marets l’a voulu,

Il vient d’en signer l’Ordonnance.

Ce Malet qui vient d’estre esleu,

Ne scait rien plus que sa finance.

 

Chanson                        1716                        [342]

Sur l’air du Marais ou de l’Archevesque de Rouen.

 

Pour reformer la France,

Le Régent livre enfin

Provinces et Finance.

A Noailles et d’Antin,

Et ce Prince adirable

Passe les nuits à table

En se noyant de vin

Auprés de sa putain.

 

Chanson                          1716                         [343]

Sur l’air: Vous qui vous moquez par vos ris.

 

L’amour dés longtems confia,

Son charmant Sacerdoce,

A jeune et gracieux Prélat,                                  le Cardinal de Rohan.

Plus galant que Mendoce,

Et dans son temple transfera

Et sa Mitre et sa Crosse.

 

A son grand Prestre il prodigua,

Ses faveurs les plus cheres,

Et fit tant que son nom vola

Sur tout nôtre hemisphere;

Pape et Rois chacun s’envia

Le bonheur de lui plaire.

 

Le Diable qui Adam tenta,

Jaloux de tant de gloire

Lui fit suivre les Loyola,                                         les Jesuittes.

Chacun en scait l’Histoire

L’enfant de Cithere en pleura,

Dans les bras de sa mere.

 

Chanson                        1716                          [344]

Sur l’air de Joconde.

 

Philippe tu ti est mépris,

Et tu ne dois pas croire

Que le chemin que tu as pris

Illustre la mémoire;

Je crains bien que tes favoris

Ne prennent sur ta gloire,

Si l’on voit un jour leur avis

Former seuls ton histoire.

 

Chanson                      1716                        [345]

Sur l’air: Amis ne parlons plus de guerre, parlons d’amour etc. ou Iris prend plaisir a boire.

Les 4. premiers couplets sont du grand Prieur.

 

Ne parlons plus de politique

                  Qu’importe à moy,

Qui gouverne la République,

                  Lorsque je bois,

A ton la paix, à ton la guerre,

                  Je n’en scay rien;

Mais j’ay ma bouteille et mon verre,

                  Tout ira bien.

 

Que l’on conserve à la Régence

                  L’autorité,

Que le Gouvernement de France

                  Soit respecté;

Que l’on éleve les plus dignes

                  De tous estats,

J’en seray content si nos vignes

                  Ne gelent pas.

 

Que la hauteur et l’ignorance

                  Donnant la Loy,

Prétendent regler la Finance,                              [346]

Du jeune Roy.

Et que la Chambre de Justice,

                  Soit juste ou non,

Chacun adore son caprice,

                  Moy mon flacon.

 

Que le party des Jansénistes

                  Ait le dessus;

Que les superbes Molinistes

                  Soient confondus;

Que Quesnel prouve en son ouvrage

                  L’amour divin,

A tous je donne mon suffrage,

                  Si j’ay du vin.

 

Que de Pelerins de Cithere

                  Ce Carnaval.

De la nuit cherchant le mistere,

                  Courant au bal;

Pour moy je reste ferme à table,

                  Et jour et nuit

J’y bois ; si le sommeil m’accable

Je cours au lit.

 

Que tous les jours on emprisonne

                  Des Partisans.                                   [347]

Que l’on tire de leur personne,

                  Beaucoup d’argent,

Je ne crains rien de la justice

                  Pour le certain;

Ne croyez pas que je périsse

                  Si j’ay du vin.

 

Que dedans la Conciergerie

                  Les Logemens

Deviennent des Chambres garnies

                  Pour les Traittans;

Qu’on les pende, qu’on les fustiges,

                  Pour leur larcin,

De tout cela je ne m’afflige

                  Si j’ay du vin.

 

Chanson                      1716                        [348]

Sur le même Air que la précédente.

 

Qu’en France maint Esprit pulule

                  Contre la Loy;

Que tout soit pour une Bulle                              la Constitution.

En désaroi;

Qu’à Rome Clement sans scrupule

                  Risque la Foy.

Je siffle tout jusqu’à sa mule

                  Lorsque je bois.

 

Qu’il veuille gloser sur la Bible,

                  En souverain;

Qu’il soit un Pontif infallible

                  Dans Bellarmin;

Qu’il soit homme répréhensible

                  Selon du Pin,

Tout cela me paroist plausible,

                  Le verre en main.

 

Que l’orgueilleux Rohan s’eveille

                  Tout éperdu;

Que Bissy penaut s’emerveille

                  D’estre tondu;

Que Tellier ait baissant l’oreille

                  Du pied au cu;                                  [349]

Je ne pense qu’à ma bouteille

                  Quand j’ay bien bû.

 

Que la Société moins fiere                            les Jesuittes.

                  Ronge son frein;

Que Doucon boufi de colere

                  S’echauffe en vain;

Que l’on se torche le derriere

                  De son tocsin.

Je ris de leur douleur amere

                  Quand j’ay du vin.

 

Quand ce superbe Essein d’Ignace                                les Jesuittes.

                  Trafique en dol,

Qu’il ose parler de la grace.

                  Contre S.t Paul.

Et qu’il crosse sur l’efficace

                  Saint Augustin;

Tout cela ne vaut pas ma tasse,

                  Quand j’ay du vin.

 

Que l’infame Maltotier creve,

                  Dans sa prison;

Que Vourvalais franchisse en greve

                  Maint eschelon,

Qu’une corde au gibet éleve                             [350]

                  Son Compagnon;

Que m’importe qu’on les acheve

                  Quand j’ay du bon.

 

Que le Normand jouë en Galere

                  De l’Aviron;

Qu’on parle de rogner la Sphere/ serre

                  De d’Argenson;

Que son Gruet fume la terre

                  De Montfaucon;

Tant que j’ay du vin dans mon verre.

                  Je dis bon bon.

 

Chanson                       1716                         [351]

Sur le même Air que les précédentes.

 

Que le Marchant se désespere

                  Faute de gain;

Que l’Artisandans sa misére

                  Gueuse son pain;

Que le Bourgeois comme un Poëte

                  Meure de faim.

Pour moy je ris de leur disette

                  Le verre en main.

 

Qu’un peuple soit prompt a médire

                  Sot et changeant.

Qu’à belles dents Pasquin déchire

                  Nôtre Régent.

Que dans ses coffres il attire

                  Tout notre argent,

En beuvant je ne fais que rire

                  Du soin qu’il prend.

 

Chanson                        1716                      [352]

Sur l’air de l’Archevesque de Rouen.

 

Qu’un Régent plein de foiblesse,

Change à tout moment d’avis;

Que Saint Simon sans noblesse

Soit hay de tout Paris;

Que Canillac, la Caillette

Sans raison toujours Caquette;

Je me ris de leur destin,

Pourveu que j’aye du vin.

 

Logemens de la Cour        1716                       [353]

 

M.r le Duc d’Orléans au pilote incertain, rue Jean-pain-molet.

M.r le Duc de Bourbon au sauvage hipolite, ruë bornée.

M.r le Prince de Conty au singe vert à la savonnerie.

M. le Comte de Charolois à l’Adonis ruë du petit Lion.

M. le Duc du Maine au Diable boiteux à la vallée de misere.

M.r de Rohan au grand Cerf, ruë Jean beau sire.

M.r d’Antin au riche Laboureur rue de l’éperon.

M.r d’Estrées à l’Amiral Voock, ruë Jean qui ne peut.

M.r de Noailles ..................... rue de la Harpe.

M.r de Lorges au borées, rue du petit musque.

M.r de la Force aux Armes de Bourbon, rue baniche.

M.r de Lassé pere au Prolée rue de la friperie.

M.r de la Feuillade au Pair de France, Places des victoires.

M.r de Tallard au mérite inconnu ruë des aveugles.

M.r de Montsoeau au facheux ruë de la Coutellerie.

M. d’Aumort à la belle Ambassade ruë saint Fiacre.

                          

                                                                       [354]

M.r de la Motte à la Lanterne de l’Isle d’amour ruë de l’Arcade.

M.r le Chancelier au Plateon, ruë aux Ours.                           voisin.

M.r de la Haye à l’Arbaletrier, ruë de Berry.

M.r de Canillac......................au Marais.

 

Dames.

Mad.e de Berry à a fille d’Auguste ruë perduë.

Mad.e la Duchesse mere, à la mere des amours, Pont aux Choux.

Mad.e la Duchesse jeune aux graces contrefaites, ruë des avances.

Mad.e la Princesse de Conty mere, à la femme habile, ruë de la Lune.

Mad.e la Princesse de Conty jeune au poupart ruë du snge.

Mad.e de Polignac au coeur versant ruë perduë.

Mad.e de Montbrun soeur de Mad.e de Villefranche à la recluse rue d’Orleans.

Mad.e de Nesle à la gourgandine ruë du hazard.

Mad.e de Baufremont au pla ruë des rais.

Mad.e de Coligny au petit dodo à la Chifonniere.

Mad.e de la Vrilliere à la petite vertu ruë de Gonesse.

Mad.e de la Ferté à la Messaline vieille orangerie.

Mad.e de Duras au prez rue des Cordeliers.

Mad.e de Duras la jeune, à la boule blanche ruë putigueux.

Mad.e Locmaria à la dixiéme puride de Carmes.                   [355]

Mad.e de Parabere a la Susanne rue pusigueux.

Mad.e de Courcillon aux oreilles de Midas ruë Charlot.

Le Cardinal de Noailles au bon Pasteur, place des victoires.

 

Triolet                               1716                                            [356]

 

Quand l’âge d’or reviendra,

L’Argent circulera sans doute.

Quand l’âge d’or reviendra

Le peuple s’en ressentira.

Il aura des Billets d’Estat,

Il n’aura plus de banqueroute,

Car le Régent protegera

La Banque de Laze qui le f....                             Law.

 

Vers                             1716                                    [357]

 

En vain de nos malheurs bornant le triste cours,

Le Ciel plus que jamais attentif à nos jours

Par une ingrate paix, fruit de nôtre victoire,

Croiroit rendre imparfaits ses soins, et nôtre gloire,

L’abondance (present le plus digne des Dieux)

Avec le paix, dit on, va regner en ces lieux,

L’or qu’avoit enfouy la plus sanglante guerre

Doit renaître bientost du centre de la terre,

Et nos champs vrais Péroux, desormais a nos yeux,

Vomiront à grands flots ce métail précieux.

Telle est Damon, telle est la publique espérance;

Mais veux tu la dessus scavoir ce que je pense

Avant qu’on rémédie à tous nos maux passés.

Et qu’à ceux dont encore nous sommes ménacées

On trouve un infallible et suprême antidote.

On pourra voir la cour redevenir dévote,

Le Régent au destin scavoir se résigner,

N’etre plus dévoré de l’ardeur de régner,

La Berry des Laïs n’estre plus la premiere,

Et ne plus surpasser Babet la Bouquetiere,

Condé par le secours de deux regards vainqueurs,

 A sa suitte entraîner, captiver tous les coeurs,

Conty du grand Conty representer l’image,

Saint Georges poursuivant le perfide Hanouer

Conquérir en héros le trosne d’Outremer,                       [358]

Les fils de Loyola par d’imposteurs sophismes                les Jesuittes

Cesser de méditer encore de nouveaux schismes

Voisin, Bercy, Pleneuf, Pontchartrain, des Maretz

En pécheurs repentans confesser leurs forfaits.

L’avide d’Argenson employer son office

Desormais à  des soins plus haut que la police,

Bourvalais, le Normand remis dans leur Bureau,

Mourir d’une autre main que celle du Boureau,

Nos Modestes de Cour, et nos saintes Nitouches,

Aux hommes se montrer séveres et farouches,

Gesvres de sa vertu montrant l’effort suprême,

Donner à sa Maison un véritable Tresmes,

Villars, Mallet, la Frce aprendre a l’univers

S’ils savent ce que c’est ce que prose, ce que vers,

Le nouvel Arlequin mieux que feu Dominique,

Aux vices de son tems, un jour faire la nique,

Le Poëte sans fard receu de ses Lecteurs,

Gibblas das la grande salle entouré d’achepteurs,

Et pour m’enveloper aussi dans la satire,

Et prouver encore mieux ce que je viens de dire,

Moy même je pourray de ce vers insencsé

Ainsi que Seligny me voir recompensé.

 

Chanson                            1716                                  [359]

Sur l’air de l’Eschelle du Temple.

 

Que l’ambitieux courtisan,

Peste et crie contre le Régent;

Que tous les Pairs soient en colere;

Que le Parlement boude aussi,

Que le Traittant se désespere,

Cela ne fait pas mon soucy.

 

Mais je vois impatiemment

En public danser le Régent,

Et sans respect pour sa personne;

Tout promet indiscretement

Prest à changer ce qu’il ordonne

Si Noailles pense autrement.

 

Mais pourroit il honnestement

Estre pour lui moins complaisant;

Au bal il le nomme son maître,

Et l’embrasse amoureusement;

Il ne scauroit trop reconnoistre

Un si public attachement.

 

Ce second et petit Régent,

Jure à son Prince, à chaque instant

Qu’aidé de Rouillé son confrere,                             [360]

Il va faire rouler l’argent;

Mais voit-on quelqu’un qui l’espere?

Et que l’on croit à son serment.

 

Si le trop crédule Régent

Veux finir nos maux promptement;

J’en scay le moyen nécéssaire,

C’est de chasser incessamment

Noailles et son cruel confrere,

Car sans cela jamais d’Argent.

 

Chanson                          1716                                   [361]

Sur l’air: du haut en bas etc.

 

De mal en pis;

C’est ainsi qu’alloit le Royaume,

De mal en pis;

Disoit on du temps de LOUIS:

Mais le.....................compose un baume

Qui va changer cet axiome,

                  De mal en pis.

 

Chanson                            1716                               [362]

Sur l’air du Confiteor.

 

La Messaline de ....................

L’oeil e fau, lair plein d’arrogance;

Dit en faisant charivari,

Qu’elle est la premiere de France,

Elle prend ma foi tout le train

D’etre la premiere putain.

 

Chanson                           1716                               [363]

Sur l’air des Cloches.

 

Le grand Duc et Régent,

Son épouse et sa maman;

                  Vivat vivat.

 

Le Villars à present

Va contenter tous les gens

                  De guerre. bis

 

Villeroy songe à nous

Nous n’avons tous pas un sol,

                  En bource.

 

Si j’estois des Marets,

A chaque instant je craindrois

                  La Corde.

 

Bourvalais et Bercy,

Sont tous aussi bien que lui,

                  Pendables.

 

Et Voisin risque bien

D’estre dans peu de tems rien             

                  Qui vaille.

 

Chancelier chancelant,

Chanceleras tu longtems

                  Justice. ter.

 

Chanson                        1716                            [364]

Sur l’air de Lampon.

 

Le Tellier est dételé,

Des Marets est demeuré,

Nôtre Chancelier chancelle;                         Voisin

Tout Ministre en a dans l’aisle

Lampon, lampon,

Camarade lampon.

 

Chanson                          1716                            [365]

Sur l’air: Vous m’entendez bien.

 

Le Voisin nôtre Chancelier,

Dit qu’on le traite en écolier,

Scachant la Loy entiere; hé bien!

Qu’on le tient en lisiere,

Vous m’entendez bien.

 

Les uns excusent des Marets,

Pour moy je n’y prens ni n’y mets;

Il le sera peut être; hé bien!

Cela fera connoître,

Vous m’entendez bien.

 

Le Gentilhomme Pontchartrain,

A dit-on retranché son train:

Il rougira de honte, hé bien!

Bon c’est un plaisant Comte

Vous m’entendez bien.

 

Le Rebours offre un million

A Castel pour sa guérison;

Il tient bon cet apostre. Hé bien!

Il en laschera d’autres,

Vous m’entendez bien.

 

Le seul Torcy de bonne foy,                        [366]

A servi le peuple et le Roy;

Le Régent le conserve, hé bien!

Pour son corps de reserve

Vous m’entendez bien.

 

Au reste le noir d’Argenson

N’eleve plus si haut le ton;

Il garde la Police. Hé bien!

C’est là tout son office,

Vous m’entendez bien.

 

Le Nonce, le Tellier et Rohan,

Ont passé la nuit à Cachan;

En grande conférance; he bien!

Sur la persévérence.

Vous m’entendez bien.

 

L’autre jour Monsieur de Paris

D’une pressante envie fut pris,

Le Tellier ce bon Pere. Hé bien!

Lui torcha le derriere

Vous m’entendez bien.

 

Tant de malheureux innocens

Qui gémissent depuis longtems.

Sortent de l’esclavage, hé bien!                          [367]

Où les mit vôtre rage,

Vous m’entendez bien.

 

Chanson                             1716                            [368]

Sur l’air des Rochelois; ou de l’Eschelle du Temple.

 

C’est la pieuse d’Ancenis                           Gorge.

Aqui Melun à fait un fils,

Elle n’a point d’impure flame,

Et ne manque pas un sermon;

Elle abandonne à Dieu son ame;

Mais à Melun son grand C......

 

La Maugis* à ce que l’on dit,

Fait un grand bruit dedans Paris;

A présent cinquante Pistolles

N’esbranleroient pas sa vertu;

Mais avant qu’elle eut la vérolle

On la f................ pour un Escu.

 

*Danseuse de l’opéra, d’où le Duc d’Ossonne l’a retira pour en faire sa maîtresse. Il est mort de la vérolle à Paris en 1716.

 

Chanson                        1716                              [367]

Sur l’air: Quand je quitteroir ma Climene.

 

Madame Fillon dans son rolle,

Pourra trouver une putain;

Comparable à la Monasterolle

Quand je cessera d’aimer le vin.

 

La Mothe payera la Darc                      la Comtesse d’Arcos mere du Chtr de Bavieres.

Cet Iris à l’air enfantin,

Persuadera qu’encore elle marque

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Vous presenterez la figure,

D’Angennes, d’un homme bien sain

La Tremoille sera nette et pure,

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Les Provinces et la Finance,

Livrez à Noaills et d’Antin,

Feront bénir le Régent de la France,

Quand je cessera d’aimer le vin.

 

Le Régent fuira la crapule,

Les Chimistes et les devins;

Sur sa fille il aura scrupule,

Quand je cessera d’aimer le vin.                             [370]

 

A ses apetits la Princesse

Meura sagement quelque frein,

Elle aura de la délicatesse,

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

La Conty aura l’air severe,

On estimera son Gobin,

Sa soeur sera plus chaster que sa mere

Quand je cesseray d’aimer le vin.  

 

De quelques pudeur les Noailles

Voudront bien couvrir leur larcin;

Pour le peuple ils auront des entrailles,

Quand je cesseray d’aimer le vin.  

 

Lassay pour sa vieille Duchesse,                   la Duchesse mere.

Aura l’air délicat, et fin,

Chacun l’aimera pour la politesse

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

D’Espinoy de sa belle fille

Voudroit écarter le blondin;

Mais elle perdra l’air de sa famille

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Tu ranime pour ton beau frere,                          [371]

Coligny tes yeux grenadins;

Ah! fais plutost maudite sorciere

Prendre du Tabac a pleines mains.

 

Chanson                          1716                               [372]

Sur l’air de Joconde.

A Madame la Duchesse du Maine.

 

Ce grand air, ce souris charmant

                  Orné de badinage;

Du Maine cet empressement

Nous fait voir qu’à vôtre âge

Vous voulez donner de l’amour;

Mais qui pourroit en prendre.

Seroit un héris dans ce jour,

                  Plus brave qu’Aléxandre.

 

Chanson                             1716                              [373]

Sur l’air: Quand on a passé quarante ans.

 

La Nesle à un tempérament,

                  Tres étonnant,

                  Tres surprenant;

Mais ce qu’elle a de bien joly,

                  C’es l’ouverture,

                  Que la nature,

Fit pour les v.............

 

Mais qui a un vilain pertuis

                  C’est a d’Alluye,

                  C’est la d’Alluye;

Et cependant pour un Escu.

                  Le Merinville,

                  Met son éguille,

                  Dedans son cu.

 

Monasterol l’on pretend,

                  Qu’il est si grand,

                  Qu’il est si grand;

Qu’on dit même qu’un Allemand,

                  Prince de Hesse,

                  A pris tes fesses

                  Pour ton devant.

 

La Sessac encore à présent,                          [374]

                  Veut des amans,

                  Veut des amans:

Hélas! n’est-il pas suffisant

                  D’estre commode,

                  C’est bien la mode,

                  A cinquante ans.

 

Triolets                          1716                            [375]

 

Parlons un peu de Matignon,                            le Chevalier.

Non pas de l’aîné que j’honore;

Mais du cadet méchant fripon;

Parlons un peu de Matignon,

Il mene la vie de Chausson,

Et finira plus mal encore.

Parlons un peu de Matignon,

Non pas de l’aîné que j’honore.

 

Amis beuvons à Saint Frémont,

C’est un autre Dieu de la table,

Que c’est un aimable dragon.

Amis beuvons à Saint Frémont,

Estant jeune il fout....... en C.....,

Estant boug..... il boit comme un Diable.

Amis beuvons à Saint Frémont

C’est un autre Dieu de la table.

 

Chantons aussi Luines et Bouillon,

Ces deux convives incomparables,

L’un boit et f......... fille et garçon.

Chantons aussi Luines et Bouillon,

L’autre rate en c....... et en c.........

Et qui pis est, il triche à table.

Chantons aussi Luines et Bouillon.

Ces deux convives incomparables.                           [376]

 

A la santé de nôtre Abbé,                             l’Abbé Molé mort de la petite vérole 1716.

Et que Laze f.......... les autres,

Il est sain, et point vérolé.

A la santé de nôtre Abbé,

Il f........ en Asne débaté,

Et décharge comme in asostre.

A la santé de nostre Abbé,

Et que laxe f........... les autres.

 

Chanson                            1716                                  [377]

Sur l’air: L’amour la nuit et le jour.

 

Vive nôtre Régent,

Il est si debonnaire,

Qu’il est comme un enfant,

Qu’on tient par la liziere toujours.

La nuit et le jour.

 

On dit que le Régent

A raté la Vrilliere;

Cette belle prétend,

Que Nangis scait mieux faire toujours

La nuit et le jour.

 

Pour nostre gros Charlot                             le Prince Charles de Lorraine.

Est toujours seur de plaire,

A la bru de Dangeau,

Il voudroit bien lui faire toujours

La nuit et le jour.

 

Entendrai-je en tout temps

Crier ma belle mere,

Contre les jeunes gens,

Qui voudroient bien me faire toujours

La nuit et le jour.

 

Chanson                                                                 [378]

 

 

 

 

 

 

Chanson                            1716                             [379]

sur l’air: Creusons tous le Tombeau.

 

Enfin grace au Ciel,

Veus est rétablie,

Nos prudes sot sans fiel,

Leurs maris sans furie,

Et l’Ange* Gabriel                                         *Marquis d’O le fils.

Est de la Confrairie.

 

Quel Dieu par ses ardeurs,

Belle et sage Andromaque*                       *Marquise de Mailly.

A pû secher vos pleurs

Dés la premiere attaque.

Est-ce un des trois vainqueurs

De la Reine d’Itaque?                                  *Madame d’O.

 

En segret Velleron

Le soir vous desennuie,

Et sans égard, dit on,

Pour vôtre modestie,

Il fait rougir le front

De vôtre pruderie.

 

Vous qu’amour fit exprés

Aimable la Vrilliere;

Rendez vous aux attraits,

D’un Prince qui veut plaire,                               [380]

Pour combler ses souhaits,

Imitez la Vailliere.

 

Chanson                           1716                             [381]

Sur l’air: des Boudrillons.

 

B..............* que veux tu faire?                           *Berry

De ce petit Rions*, boudrillon,                           *d’Aidie de Rions

Chacun dit en colere

Ce n’est qu’un avorton boudrillon.

Petit boudrillon, boudrillon dondon.

Petit boudrillon, boudrillon dondon.

 

Ah! calme ta colere

Si j’aime de Rions boudrillon;

Il me scait mieux faire,

Que Boudart*, que Pons boudrillon,                     *Le Marquis de la Rochefoucault.

Petit boudrillon etc.         bis.

 

De Pons se désespere,

Hélas! j’etois si bon boudrillon;

Hé quoy! l’on me préfere

Un si petit bouchon, boudrillon,

Petit boudrillon etc.         bis.

 

Chanson                         1716                           [382]

Sur l’air: de Mais.

 

Esope* êtoit d’une êtrange structure,                 *Mr le Prince de Conty.

L’esprit en lui réparoit la nature.

                      Mais

Qui n’en a que la figure

Devroit se taire à jamais.

 

Chanson                          1716                          [383]

Sur l’air des Boudrillons.

Contre le Marquis de Gesvres.

 

Nesle que veux tu faire?

D’un petit avorton Gevrillon:

Son ame ne vaut guieres,

Plus que son corps, dit on, Gevrillon,

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don,

Petit Gevrillon Gevrillon don don.

 

Peut être pour Mercure,

Tu crois qu’il êtoit bon, Gevrillon;

Mais Conty nous asseure

Que ce n’est qu’un brouillon, Gevrillon.

Petit Gevrillon etc. bis

 

Quelque part qu’on le mette,

Ce n’est qu’un guenillon, Gevrillon,

Si l’himen le rejette,

Autant fait Cupidon, Gevrillon;

Petit Gevrillon etc. bis.

 

Moins femme que Caillette,

Singe de Courcillon, Gevrillon.

Dans le bas il répete                                       [384]

Son rolle et son jargon, Gevrillon.

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don,

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don.

 

Chanson                            1716                        [385]

Sur l’air des Boudrillons.

 

Arbitre de la scêne,

Aprés nous Courcillon, bougrillon,

Si tu veux qu’on te prenne

Pour un autre Apollon, fout..... bougrillon;

Petit bougrillon, bougrillon, don don,

Petit bougrillon, bougrillon don don.

 

Melpomene et Thalie

Ont juré tout de bon, bougrillon,

Que dans l’Académie,

On placera ton nom bougrillon;

Petit bougrillon etc. bis.

 

Pour illustrer ta race

On l’établit, dit on, bougrillon;

Sans elle dans la crace

Seroit ton Courcillon, bougrillon.

Petit bougrillon. etc.

 

L’évantail que tu porte

Ajoute à ton renom, bougrillon;

On croit que tu l’emporte

Sur feu Monsieur Chausson, Bougrillon.

Petit bougrillon etc. bis

 

Mais c’est trop se méprendre,                          [386]

Tu n’est qu’un fanfaron, bougrillon,

Et tu ne veux que prendre

L’air d’un bon Compagnon, bougrillon,

Petit bougrillon etc. bis.

 

Tandis que tu badine

Avec un Histrion, bougrillon;

Ton épouse plus fine

Voit Charles en ta maison, bougrillon.         le Prince Charles de Lorraine, fils de M.r le Grand.

Petit bougrillon etc. bis

 

De ton humeur jalouse,

Dis-nous donc la raison, Bougrillon,

Auprés de ton épouse

Tu fais le Celadon, Bougrillon,

Petit Bougrillon etc. bis

 

Contre Charlot qu’elle aime,                                   le Prince Charles

Tu fais le furibin, bougrillon;

Tu ne fis pas de même

Contre un Duc à Toison, Bougrillon,                       d’Aremberg.

Petit bougrillon etc. bis

 

Monasterol habile

Luy ravit ce mignon Bougrillon.

Le d’Aremberg facile                                                 [387]

La rata ce dit-on, bougrillon.

Petit bougrillon. etc. bis.

 

Chez une Ambassadrice,                                          Madame des Alleurs, femme

Remply d’émotion, bougrillon.                              de l’Ambassadeur de Constantinople

Tu fus de son caprice

Luy demander raison, bougrillon.

Petit bougrillon. etc. bis

 

F.......... vas tu sans cesse,

Ménage des coüillons, bougrillon;

Surtout craint la vérolle,

Plus du Cu que du c..... bougrillon.

Maître bougrillon, bougrillon, don don,

Maitre bougrillon, bougrillon, don don.

 

Chanson                        1716                           [388]

Sur l’air du Confiteor.

A l’occasion de la rupture du mariage du Marquis de Villeroy avec Mademoiselle de Rohan. Elle a épousé depuis le Duc de la Meilleraye.

 

Contre Eugéne et contre l’Anglois,

Tu montras jadis ta vaillance,

Grand Mareschal de tes exploits,

Nous aurons longtems souvenance,

Pour finir ton rare portrait

Ajoute encore ce nouveau trait.

 

Aussi brave que feu Cezar,

Devient aussi fin politique;

D’un nom proscrit craint le hazard,

Moque toy de la Foy publique,

Romp avec des gens sans crédit,

C’est Contade qui te le dit.

 

Les Noailles sont ton apui,

Tu pourras nouveau favori

Remplir dignement ta carriere,

Et briller gouvernant l’éstat

Autant que tu fis au combat.

 

Chanson                         1716                          [389]

Sur l’air: la Faridondaine etc.

 

L’on est party pour l’Isle-Adam.

En grande confiance.

De bien y employer le tems

Aux plaisirs de la Danse.

Ah! que ce voyage est boufon,

La faridondaine, la faridondon.

Qu’il doit contenter un mary, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Escoutez Dames de Paris,

Je vais parler sans feinte,

Je commence par la Conty,

Que la Fare f...... sans crainte,

Il succede à ce Matignon;

La faridondaine etc.

Qu’il prenne garde d’y réussit, biribi,

A la faςon etc.

 

A ton mignon jeune Conty,

L’on prétend faire outrage;

On nous a dit qu’Albergotti                          Neveu du Chtr des des Ordres et mal fait.

N’en veut plus faire usage;

Il s’est vanté ce mirmidon;

La faridondaine etc.

 

De se donner d’autres plaisirs, biribi,                       [390]

A la faςon etc.

 

Que dira-ton de Charolois?

Et de son humeur sombre?

Qu’elle est entestée d’un minois                              le Duc de Richelieu

Haï de tout le monde,

Qu’il est fier, et qu’il est poltron,

La faridondaine. etc.

Aussi chacun le traite icy, biribi,

A la faςon, etc.

 

La Crozat aime se dit-on,                                    N.........le Gendre femme de Crozat;

Malgré son humeur fiere,

Un certain fat, nommé Gramont,                     frere du President de Gramaque de Toulouze.

De taille assez grossiere:

Elle le paye ce dit-on,

La faridondaine etc.

De l’aveu de son cher mary, biribi,

A la faςon de barbarie mon ami.

 

Chanson                           1716                            [391]

Sur l’air: Petit Boudrillon etc.

Sur le Duc de S.t Simon.

 

Régent que veux tu faire?

De ce petit Simon, Boudrillon,

Vil insect de terre,

Vray gibier de lardon, Boudrillon.

Petit Boudrillon, boudrillon, don don,

Petit Boudrillon, boudrillon, don don.

 

Tout le monde s’etonne

Que tu souffre Simon, boudrillon;

Qui chez toy se cramponne,

Comme un petit morpion, boudrillon,

Petit Boudrillon etc. bis

 

Prens l’avis salutaire

D’escarter ce brouillon, boudrillon,

Au public tu dois plaire.

Et chasser ce fripon, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis

 

L’orgueil insuportable

Du petit mirmidon, boudrilllon,

Le rend impraticable                                 [392]

Jusques dans ta maison, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Il traitte de Jean-fesse

De Mesmes (1) en ta maison, boudrillon,

Fais lui dire des Messes,

Aux petites Maisons, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

D’où te vient tant de gloire

Dis moy petit Simon, boudrillon,

Nous n’avons dans l’histoire

Jamais trouvé ton nom, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Roussi (2) se désespere,

De moy, que dira t-on? Boudrillon;

 

(1)   M.r le Duc de S.t Simon touva chez M.r le Régent M.r le Duc de la Feuillade qui partoit à M. le 1.er President. Le 1.er  President ayant quitté le Duc de la Feuillade, le Duc de S.t Simon lui dit qu’il avoit êté en mauvaise compagnie. L’origine de ce different vient de ce que les Ducs accusent le 1.er President d’avoir dit au feu Roy qu’ils cabaloient pour troubler dans la future minorité contre le Duc de Maine, et d’avoir par là indisposé le Roy contre eux et se l’estre rendu favorable pour les Presidents à Mortier.

(2)   M.r le Comte de Roussy ayant sceu que M. le Maal Duc d’Harcourt vouloit venre sa Charge de Capitaine des Gardes du Corps, pria M.r le Duc de S.t Simon d’en demander l’agrément au Régent. On dit qu’au lieu de le demander pour M.r de Roucy il le demanda pour le Duc de Lorges son beaufrere. M.r de S.t Simon dit que M.r le Regent demanda une personne titrée M.r d’Harcourt proposa son fils, qui fut receu.

 

Si j’avois une affaire                                      [393]

Avec cet avorton, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Pour calmer ta colére

Dit Mazarin bouffon, boudrillon.

Fais lui voir son grand pere,

Et puis nous en rirons, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Dis lui que Bassompierre,

Par mépris, ce dit on, boudrillon.

Ne voulut à son pere

Donner coups de bâton, boudrillon,

Petit boudrillon etc. bis

 

Et vous Dame Simonne

Au coeur loyal, et bon, boudrillon,

Charitable personne,

Fouëtez vôtre Simon, boudrillon.

Petit boudriloon etc. bis.

 

Tout le monde s’etonne

Que tu souffre simon, boudrillon,

Qui chez toy se cramponne,

Comme un petit morpion, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis.

 

Il remuë, il cabale,                                              [394]

Et fait le furibon, boudrillon,

Et jape avec scandale,

En toute occasion, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis.

 

Il déclare la guerre,

Au Parlement, dit on, boudrillon,

Et pour le faire taire,

Il escrit un factum, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis

 

Tu veux qu’on te saluë

Au Parlement, simon, boudrillon,

Lorsque chacun te huë

Jusques au polisson, boudrillon,

Petit boudrillon etc. bis.

 

Simon est en démense,

Où le logera t’on, boudrillon;

On le mettra, je pense,

Aux petites Maisons, boudrillon.

Petit boudrillon. etc. bis.

 

Chanson                           1716                          [395]

Sur Mad.e la Duchesse de Berry.

 

Que Berry par emportement,

Par débauche avec son amant

Ait attrapé la Chaudepice;

Je le croirois facilement;

Mais dire que c’est par caprice,

Curiosité seulement,

C’est une trop grande injustice

Qu’on fait à son tempéramment.

 

Chanson                              1716                                [396]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

Sur Madame de Jonsac fille de Henaut Fermier Général.

 

La Jonsac fait bien des mines

Pour du savon qu’elle a.

                  Elle s’imagine,

                  Tant elle est fine,

Que son savon la rétressira.

La Jonsac fait bien des mines,

Pour du Savon qu’elle a.

 

Chanson                                1716                               [397]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

Le vieux Bouzol est si aise

Qu’on ne scauroit le tenir.

                  La Vintimille,

                  Qui est si gentille

Sous lui fretille et sa guenille lui fair roidir.

Le vieux Bouzol est si aise,

Qu’on ne scauroit le tenir.

 

Richelieu fait bien le fier

Pour les deux Pages qu’il a;

                  Il s’imagine,

                  Qu’avec sa mine,

Tous ses affrons on oubliera.

Richelieu fait bien le fier

Pour les deux Pages qu’il a.

 

Chanson                         1716                            [398]

Sur l’air des Mais

Contre le Duc de S.t Simon.

 

Petit Houzart du Régent de la France,

Greffier des Pairs, nous l’imposons silence;

                  Paix.

Souviens toy de ta naissance,

Bourgeois poltron, et punais.

 

Chanson                          1716                           [399]

Sur l’air des Bourgeois de Chartre.

 

Le Clergé la Noblesse,

Suivi du Tiers Estat,

Demandent à vôtre Altesse                                 le Régent

De finir le débat.

D’un corps tout nouveau né,                                Ducs et Pairs

Déserteur des trois autres.

Bouddi d’un vain renom, don don,/ Qui paré d’un vieux nom don don,

Paré d’un faux éclat, la la,/ Sans en avoir l’eclat, la la.

Comme les faux Apostres./ N’a d’apuy que le vôtre.

 

Chanson                          1716                         [400]

Sur le petit Air de la Fronde.

 

Que S.t Simon dans sa colere

Attaque la Noblesse entiere,

Je me ris de cet avorton;

Et d’abord pour me satisfaire

Je prens ce roquet au menton,

Et je lui fais voir son grand pere.

 

Grand ennemy de la Noblesse,

Petit Duc avec qu’elle adresse

Te crois tu faire un grand renom;

Nous t’avons veu faux politique,

Nous te voyons traître et fripon,

Trois points pour ton panégirique.

 

Chanson                          1716                         [401]

Sur l’air: Terrible en paix, paisible en guerre.

Sur M.r  le Duc de S.t Simon.

 

S.t Simon croit par son adresse

Avilir toute la Noblesse,

Et subjuguer le Parlement.

Cette entreprise est téméraire;

Mais un sot un impertinent

Croit que tout est facile à faire.

 

Chanson                          1716                         [402]

Sur l’air du Confiteor.

Sur M.rs les Ducs et Pairs.

 

Les Ducs et Pairs du tems passé,

Respectables par leurs naissances,

Ne se sont séparez.

D’avec la Noblesse de France;

Ceux cy qui n’en sont point issus/ Aujourd’huy les nouveaux venus.

En appellent comme d’abus.

 

Faites donc corps modernes grands,

Avec vos Illustres Duchesses;

Car vous prétendez vainement

D’être les chefs de la Noblesse,

Séparez-vous, elle y consent,

Allez briller au Parlement.

 

Chanson                      1716                         [403]

Sur le mariage des enfans de Madame la Mareschalle de Noailles.

 

Ma mere vous avez eu

Une grande peine,

D’avoir desja pourveu

Une demy douzaine;

Mais croyez vous être au bout,

Vrayment ce n’est pas là tout;

Car la Da, da, da,

Car la yen, yen yen,

                  Car la Da,

                  Car la yen,

Car la Dayen peste

D’estre encore de reste.

 

Et quand vous la maririez

En seriez vous quitte.

Aprés cela vous auriez

Encore une suitte.

N’en apercevez vous pas

Encore une sur vos bras?

Déja Man, man, man,

Déja Sac, sac, sac:

                  Desja man,                                                  [404]

                  Desja sac,

Desja Mansac crie

Que l’on la marie.

 

Mon fils, dans ce mauvais tems,

Si plein de misére,

Pour marier tant d’enfans,

Comment faut-il faire?

Et comment avez-vous fait?

De ce galant si parfait.

La Gui, gui, gui, gui,

La che, che, che che,

La Guiche engage

Cherchoit mariage.

 

Et comment avez vous fait?

Pour la seconde;

Qui dit qu’elle vouloit

Estre dans le monde,

Vous vous êtes pressé,

Nos voisins de la placer.

Que la Coat, coat, coat,

Que la quin, quin, quin,

                  Que la Coat,

                  Que la quin,

Que la Coatquin dise,                                    [405]

Qui l’a si bien mise.

 

Avez vous servi plus mal

Cette jeune belle;

Qui du Grand Vice-Amiral                          d’Estrées.

Ferut la Cervelle.

Leurs atraits sont-ils moins doux?

Pour quel sujet voulez vous?

Que la d’Es, d’Es, d’Es,

Que la trées, trées, trées,

                  Que la d’Es,

                  Que la trées,

Que la d’Estrées regne,

Et sa soeur se plaigne.

 

Lorsque vous avez voulu

Vous choisir des gendres,

A vos pieds vous avez veu,

Les coeurs les plus tendres.

D’un mignon gentil, poli,

Tout plein d’esprit, tout joli,

Bientost la, la, la,

Bientost va, va,va,

                  Bientost La,

                  Bientost Va,

Bientost la Valliere,                                    [406]

Creve la visiére.

 

La cinquiéme sans sortir

Hors de sa famille,

Trouve de quoi s’assortir

D’un party qui brille.

Et sans avoir eu besoin

De porter l’amour plus loin,

La Beau ma, ma, ma, ma

La beau, noir, noir, noir,

                  La Beauma,

                  La beau noir,

La Beaumanoir laisse

Chez soi la tendresse.

 

Quand il a falû venir

Jusqu’à la sixiéme;

Vous avex sceu lui fournir

Ce qu’un bon coeur aime,

Sur la glissoire d’amour,

Que chacun glisse à son tour;

Si la Gon, gon, gon,

Si la drin, drin, drin,

                  Si la Gon,

                  Si la drin,

Si la Gondrin passe                                      [407]

Qu’on suive sa trace.

 

Toutes ont eu des époux

A la fleur de l’âge;

Elles ont receu de vous

Ce doux avantage.

Deux dernieres n’ont rien eu,

Cela leur paroît bien crû,

Ainsi que, que, que,

Ainsi les, les, les,

                  Ainsi que,

                  Ainsi les,

Ainsi que les autres,

Ces deux lá sont votres.

 

Le Culot est revolté,

La chose est certaine.

Le couvent est déserté,

Il fait trop de peine;

On aime bien mieux causer,

Folatrer, rire et danser,

Que la di, di, di,

Que la sci, sci, sci,

                  Que la di

                  Que la sci,

Que la discipline,                                          [408]

En chanter Matine.

 

Culot à quoy pensés vous?

De quitter le voile;

Vous aviez un air si doux

Sous la blanche toille.

Ah vive la liberté,

........................................

C’est un grand, grand, grand,

C’est un su, su, su,

                  C’est un grand,

                  C’est un su,

C’est un grand suplice,

Que d’être novice.

 

C’est un rigoureux tourment

Qu’estre en pénitence,

Et garder incessamment,

Un profond silence;

Et quand on pourroit parler,

Peut on vous dissimuler;

Combien, vous, vous, vous,

Combien dé, dé, dé,

                  Combien vous,

                  Combien dé,

Combien vous déroute                                   [409]

Une soeur escoute.

 

Mais un Culot doit scavoir

Que pour l’ordinaire,

Le party qu’il peut avoir,

C’est un Monastere;

Je n’y scaurois plus rester,

Dés demain je veux jetter,

Le froc, aux, aux, aux

Le froc aux or, or,

                  Le froc aux

                  Le froc or,

Le froc aux orties,

Plus de reparties.

 

La maîtresse alors lui dit

Adieu donc ma fille,

Et culot lui répondit,

Adieu donc la grille.

Adieu la Communauté,

Je n’en ay que trop tasté;

Jamais je, je, je,

Jamais ny, ny, ny,

                  Jamais je

                  Jamais ny,

Jamais je n’y rentre,                                    [410]

Ce n’est pas mon centre.

 

Chanson                         1716                       [411]

Sur l’air: Quand Iris prend plaisir à boire.

                                    ou

Amis ne parlons plus de guerre.

 

Que la hauteur et l’ignorance

                  Donnent la Loy,

Prétendent regler la Finance

                  Du jeune Roy,

Et que la Chambre de Justice

                  Soit juste ou non,

Chacun adore son caprice

                  Moy mon flacon.

 

Que du dedans de nôtre France

                  L’heureux destin,

Soit commis à la vigilance

                  Du Duc d’Antin;

J’aurois une bien folle idée

                  De ses talens

S’il ne rendoit la vie aisée

                  Aux bons enfans.

 

Chanson                       1716                        [412]

Sur l’air des Pendus.

Sur la cour, et le Gouvernement.

 

Rejouissez vous aux abois,

Esclaves qu’on nomme Franςois;

Ne pleurez point vôtre indigence,

Dans les Conseils de la Regence,

Vous trouverez satisffaction,

Salut et bénédiction.

 

Bénédiction et bonheur,

Vous n’aurez plus aucun malheur,

Franςois je vous le certifie;

Vous allez passer vôtre vie,

Ainsi qu’à Cocagne en Congo,

Et vous aurez tout a gogo.

 

Gogo, Lisette, et Barbichon

Personnages de grand renom,

Donnent aux conseils suffrages,

Et à qui veut leurs pucelages;

Marque d’abondance et de bien,

Car tout cela ne coûte rien.

 

Rien n’est plus doux, plus familier

Que nos Dames au grand Colier,                       [413]

Vulgairement dites les Princesses;

Elles remuent Croupieres et fesses,

Mieux qu’oncques ne fit la Fillon,

Et donnent encore pension.

 

Pensons, bijoux, et chevaux,

Or, donnent à leurs Damoiseaux.

De Luxembourg la jeune hotesse,                            Mad.e de Berry.

De Bourbon la bonne Duchesse

Qui veur se faire repasser,

Et ne veut jamais s’en lasser.

 

Lassay est fort bon compagnon,

Maquereua, Gacé-Matignon,

C’est tout dire, mais il n’importe,

Avec gens/ bestes de cette sorte,

N’est ny cotte ny cotillon

Dont on ne leve eschantillon.

 

L’eschantillon se prend toujours

Pour à la piece donner cours.

Aussi voit-on que la plus sage

Donne a tâter son pucelage,

Afin d’attirer les Chalans,

Et de ne manquer de galans.

 

Galant fut nôtre défunt Roy,               Louis XIV.          [404]

Ses enfans se font une Loy

De surpasser un si bon pere;

Aussi voit on par l’adultere,

Bourbon, Bourgeois, et Montespan

Ne faire plus qu’un même sang.

 

Sans Louis surnommé le Grand,

On ne connoissoit point de sang,

Qui pût venir à la Couronne;

Mais aujourd’huy que l’on la donne,

Aux légitimes et aux batards

Mon sang y viendra tost ou tard.

 

Tost ou tard serez donc heureux,

Messeigneurs mes petits neveux,

Vous aurez amans et maîtresses,

Et ferez bien de gentillesses,

Bien des tours d’esprit et de corps:

Jusqu’à ce que vous soyez morts.

 

Morgué ce que je vois est beau,

Je vois courir dans un traisneau;                        Orleans.

Ce Chef du Conseil de Régence.                         Noailles.

Yvre mort celui de finance

Baiser, lécher le bon Régent,

Pour nous faire avoir de l’argent.

 

L’Argent ne nous manquera plus,                            [415]

On fait remarquer les éscus,

On remarque aussi les Pistolles,

Et l’on refond dand les écolles,

Les beaux Décrets du vatican,

On reforme soldats et camp.

 

Quand on a tant d’invention

D’ésprit et de précaution,

Ne peut on pas en asseurance

Aller au Bal et à la dance,

Et se montrer peu soucieux

De ce que dit un tas de gueux.

 

Gueux, vous serez toujours Franςois,

A ce que dit Maître Rabelais,

Si pour former vôtre jeunesse

D’Armand n’empruntez la sagesse;                          le Prince de Conty.

Il n’est pas du tout polisson;

Mais c’est un fort joly garςon.

 

Garςon ou fille ne scais trop,

Car j’entens dire a demy mot,

Que par plus d’une maladie,

Il s’est fait connoitre amphibie,

Fruit de l’exemple, et des Leςons,

Qu’aujourd’huy l’on donne aux Bourbons.

 

Bourbons, Espagnols, et Franςois,                            [416]

Je parleray bien de vos droits;

Mais avec autant de sagesse

Que vous avez de politesse;

Vous surpassez tous les esprits

Sans avoir jamais rien apris.

 

Ah! prions tous le doux sauveur,

Que nous laissant un peu de coeur,

Il oste aus éstrangers la veüe.

De nostre honte toute nüe,

Qui fait rougir sincerement

Le plus petit, et le plus grand.

 

Entretien                        1716                              [417]

D’une Commere et d’un voyageur, qui revenoit de Blois; avec le refrain des ouy, et des voire, dont les uns sont sérieux, et affirmatifs, et les autres ironiques et moqueurs.

Par M.r Bertin J. revenant de Blois à Paris.

 

Vous passez donc Beaugency?

Vraiment ma Commere, ouy.

Et quittez enfin la Loire?

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Viviers, et son maître aussi

Vraiment ma Commere, ouy.

Et le bon vin qu’il fait boire?

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le bon accueil on vous fit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Conservez-en la mémoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Perdrix on vous y servit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Et pour fruit Muscat et poire,                                 [418]

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

De la Dame on scait le prix,                             la Constitution.

Vraiment ma Commere, ouy.

Elle a fait tout avec gloire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Elle a lûplus d’un escrit

Vraiment ma Commere, ouy.

Qu’on veut trainer de grimoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Sa Lecture elle a suivi,

Vraiment ma Commere, ouy.

Jusqu’au septieme mémoire,            Memoire de P. Quesnel pour justifier ses proposions.

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le Prélat de ces lieux cy,                    Fleuriau évesque d’Orleans.

Vraiment ma Commere, ouy.

Nous en faisoit bien accroire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le Dogme il a perverty,                                [419]

Vraiment ma Commere, ouy.

Par une Bulle illusoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ses Curez font comme lui,

Vraiment ma Commere, ouy.

Sans pourtant comme lui, croire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Son abord est doux poli,

Vraiment ma Commere, ouy.

Mais terrible est son pretoire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Chacun d’effroi a pâli,

Vraiment ma Commere, ouy.

Et continue à se taire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Quesnel ils ont tous flétri,

Vraiment ma Commere, ouy.

Au gré de la bande noire,              les Jesuittes.                [420]

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Sans l’entendre ils l’ont hôni,

Vraiment ma Commere, ouy.

Leur injustice est notoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils ont craint d’un interdit,

Vraiment ma Commere, ouy.

La peine comminatoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Leur devoir ils ont trahi,

Vraiment ma Commere, ouy.

Sans disputer la victoire,

Vraiment ma Commere, voire,                          ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Leur renom qu’ils ont sali,

Vraiment ma Commere, ouy.

A besoins de décrotoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ce sont de vrais chianlis,                                 [421]

Vraiment ma Commere, ouy.

Je crois qu’ils avoient la foire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ayant donc si fort failli

Vraiment ma Commere, ouy.

N’iront ils qu’en purgatoire?

Vraiment ma Commere, voire,                        ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Nul n’a fait voir jusqu’icy,

Vraiment ma Commere, ouy.                            ironique

Repentir satisfactoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Quoi pas un ne s’est dédit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Trop pesans est leur machoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils devroient avoir soucy

Vraiment ma Commere, ouy.

De cette importante affaire,                           [422]

Vraiment ma Commere, voire,                       ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils ont perdu leur credit,

Vraiment ma Commere, ouy.

Osent-ils parôitre en chaire?

Vraiment ma Commere, voire,                  ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

On fera de ce recit,

Vraiment ma Commere.

Une danse baladoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Adieu, Monsieur me voicy;

Vraiment ma Commere, ouy.

A la fin de mon histoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Pour en éviter l’oubly,

Vraiment ma Commere, ouy.

Servez vous d’une écritoire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Et gardez ce Manuscrit,                               [423]

Vraiment ma Commere, ouy.

Bien serré dans vôtre Armoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

NOËL                           1716                          [425]

Sur l’air des Bourgeois de Châtres.

 

Franςois faites silence,

Et calmez vos douleurs,

Une sainte naissance,

Suspendra vos malheurs:

Le fils du Roy des Rois en ces lieux vient de naître,

Au lieu de pleurs que vous versez

Chantez et vous réjouissez

Pour mieux le reconnoître.

 

Conseil de Conscience

On connoît ta ferveur,

Par ton impatience

A voir ce doux sauveur,

Tu ne le quitte pas, dis tu, c’est là ta gloire;

Mais les enfans de Loyola,                         les Jesuittes.

Disent autrement que cela.

Qui de vous faut il croire?

 

Le Régent et sa fille,                                   le Duc d’Orleand et la Duchesse de Berry

N’ont point daigné venir,

Voire la sainte Famille,

Voulant seuls le tenit:

Mais allez, a t’il dit, aux Princesses cadettes,

Allez y faire votre cour,

Pour moy je vais à Luxembourg,                   [426]

Pour affaires sécrettes.

 

La Régente est venuë                  Marie-Francoise de Bourbon Princesse legitimée, Duchesse d’Orleans

Assez modestement.

Sa priere ingenuë,

Plût fort au Dieu naissant;

Pour la mieux excaucer, Jesus lui fit promesse

Qu’à la Majorité du Roy

Le Régent auroit plus défroy

Qu’il n’eut dans sa jeunesse.

 

Ses Filles et les Princesses

Y vinrent à leur tour,

Jesus pour leurs caresses,

Leur marqua quelqu’amour;

Que je crains dit Marie, en lestrouvant si belles,

Pour vous le sort de vôtre soeur,

Ha pour en éviter l’horreur

Fuyez toutes à Chelles.

 

Le Conseil de Finance,

Vint comme en triomphant;

Faire sa révérence

A ce divin enfant

Sortez leur dit Joseph, grand Con.el de béveües,

Vous forcez les gens de métier,

Comme moy pauvre Charpentier                          [427]

A loger dans les ruës.

 

Je scais bien qu’on m’impute

Dit Noailles l’altier,

L’affreuse culebute,

De chaque art et métier,

Devois-je être sorcier, ouy dit joseph faux frere,

Qu’il te souvienne qu’un Boyer,

Sous Richelieu fut maltotier,

Et qu’il fit ta grand mere.

 

Le Conseil de Commerce

Vint prosterné tout bas,

Tout est à la reverse,

Seigneur, dit-il hélas!

Dites-nous le moyen de rétablir la France,

Le Commerce trop ruiné

En vain sans vous Dieu nouveau né,

Nôtre sagesse y pense.

 

A quoy bon nous l’aprendre,

Lui dit l’enfrant Jesus;

Je scay qu’on pourroit rendre

Mes Conseils superflus;

Je diray seulement que c’est une manie,

Pour un aprentif Potentat,                               [428]

Propre a renverser un Estat,

D’en changer l’armonie.

 

Le Conseil de Marine,

Dans le même moment,

A la Cresche divine,

Vint faire compliment;

Hé quoi! lui dit Joseph, nul present pour homage;

Papa, lui dit le Président,             le Mareschal d’Estrées President du Conseil de Marine.

Peut on bien vous faire un present?

Quand tout a fait naufrage.

 

Comme dand l’abaondance,

Les presens marchent bien,

Pour la remettre en France,

Donnez nous un moyen.

Le Régent, dit Joseph, en scait un qu’il faut suivre,

Faits fuir la moitié des Franςois,

Afin que le reste aux abois,

Ait ce qu’il faut pour vivre.

 

Le Conseil de la Guerre,

A son tour vint aussi

Voir Dieu naissant sur terre.

Dieu lui dit ces mots cy,

Je suis le Dieu de paix, laissez rouiller vos armes,               [429]

Car la France, grace au Régent,

Faute d’hommes, faute d’argent

Périra dans les larmes.

 

Quant aux hommes en France,

Si la paix va finit,

Dit Villars, ma vaillance,

Les fera revenir.

Laisses, lui dit Joseph, ta trop grande chimere,

Un forςat eschapé des fers,

Peut il quitter des biens offerts,

Pour revoir sa Galere.

 

D’Affaires Estrangeres

Le Conseil circonspect,

Sous les saints Chaumieres,

Vint marquer son respect.

Lors fuit, lui dit Joseph, je hais ta politique,

Les Traittez n’ont d’attention

Qu’à soutenit l’ambition

D’un Régent chimérique.

 

Du dedans de la France,

Le Conseil vint enfin;

Prier avec instance

Cet incarné Divin:                                   [430]

De daigner lui donner un Ordre salutaire,

Avec un ample Réglement

Pour se conduire sagement,

Dans son haut ministere.

 

Joseph, dit, la prudence

Interdit nos avis,

Quand on a connoissance

Qu’ils ne seront suivis.

Je vous diray pourtant que l’ignorance éclate,

D’un maladroit savetier,

Quand pour prendre un autre métier

Il quitte la savatte.

 

Sur le bruit que la Cresche

Couvre de grands Tresors,

Lamoignon y dépesche

Toute la Chambre en Corps.

Fuyés leur dit, Joseph, vils instrumens de rage,

Le seul Tresor digne d’amour,

C’est Jesus à qui chaque jour,

Vous faites quelqu’outrage.

 

Les femmes désolées

Par ces cruels vautours,

Vinrent déchevelées,                                [431]

Et presque sans atours.

Seigneurs, ont elles dit, pardonnez l’indécence;

Mais nos persécuteurs jaloux

Nous ont retranché malgré nous

Toute magnificence.

 

La Chambre de Justice

Au petit Dieu nouveau,

De taxes et de suplice

Aporte un Bordereau.

Qu’on me casse au plûtost ce Tribunal avare,

S’ecria le Poupon, don don,

Car le peuple il rendra la la,

Plus gueux que le Lazare.

 

Chanson                      1716                          [433]

Sur l’air de Lampon.

Qui a pour Titre ironique 3.e Mémoire de M.r le Duc du Maine.

 

Franςois reconnoissez-moy

Pour être un jour vostre Roy:

Car rien ne troube un émpire,

Autant que le droit d’élire.

Lampon, lampon,

Camarade Lampon.

 

Songez à quels attentats,

Il expose des Estats;

Que de partis, et d’Intrigues,

De mouvemens, et de brigues.

Lampon etc.

 

On est plus solicité,

Persécuté, tourmenté;

Pour un seul que l’on contente

L’on en mécontente trente.

Lampon etc.

 

Profitez de mes Leςons,

Et pesez bien mes Chansons;

Car vôtre Loy salique,                              [434]

Ma foy je lui fais la nique,

Lampon etc.

 

Suis-je le premier Bastard

Qui devint Roy par hazard?

N’avons-nous pas un Guillaume

Conquérant d’un grand Royaume?

 

Si je n’estois pas content,

J’en pourrois bien faire autant;

Mais épargnez m’en la peine.

Essayez d’un Duc du Maine,

Lampon etc.

 

Que vous vous loüerez de fois,

De la douceur de mes Loix;

Et direz que ma personne

Mérite bien la Couronne,

Lampon etc.

 

Informez vous à Trevous

Combien mon émpire est doux

On vous dira qu’on m’estime

Plus qu’un Prince légitime

Lampon etc.

 

Les autres Princes de sang,                            [435]

Prétendent un autre rang;

Fondez sur ce que leur pere,

Fut assisté d’un Notaire.

Lampon etc.

 

Mais le Roy pour des raisons

Jugea qu’en toutes faςons

Il pourroit fort bien me faire,

Sans Prestre, bans, ni Notaire.

Lampon etc.

 

Qu’importe tant aprés tout,

Comment on en vienne à bout,

Pourveu qu’on ait de sa race,

Qui marche bien sus ses Traces.

Lampon, lampon,

Camarades Lampon.                        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Recueil

de

Chansons,

Vaudevilles, Sonnets,

Epigrammes, Epitaphes

Et autres vers

Satiriques & Historiques

Avec des remarques curieuses

Années 1715 et 1716

Vol. XIII

 

Ordonnance                1715                     [1]

Le Pere le Tellier, veüe et aprouvée par toutes les Facultez du monde.

1.o Prendra le bon Pere, tous les jours 6. onces de Manne dans un bouillon rafraichissant, pour radoucir sa poitrine.

2.o Trois Lavemens par jour, composez d’huille de grace, et de miel de Narbonne, pour nétoyer ses Intestins.

3.o Ira prendre l’air à Germini Dioceze de Meaux, ou chez un autre Prélat de ses amis, pour laisser reposer sa teste.

4.o Se fera ouvrir la veine du chef, du pied ou du Coeur, pour éviter le transport.

5.o Se baignera tous les jours dans l’eau de la Samaritaine, pour apaiser la chaleur de ses Entrailles.

6.o Usera de Tisanne faite avec du Chiendant qui croit au Port Royal des Champs, pout uriner facilement.

7.o Se purgera trois fois en pleine Lune avec 30. grains de Tarte émétique, 50. grains de Laudanum, 13. onces de Catholicum fin, 4. dragmes de crocus metalorum, pour évacuer l’atrabile qui le dévore.

8.o Usera d’élébore en guise de Tabac pour purifier son cerveau.  [2]

9.o Mangera tous les jours du potage aux éscrevisses et aux vipers, pour lui rafraichir le sang.

10.o Prendra tous les jours double doze d’opium, pour le faire bien dormir.

11.o Prendra de l’eau de Forges, ou de Bourbon avec le lait d’Anesse, ou de Truite, pour lui renouveller le temperemment.

12.o N’ecoutera surtout le dit Pere aucune confession, ni ne vacquera à aucune affaire ecclesiastique durant tout le tems des remedes, ce qui seroit tres préjudiciable à sa santé.

13.o Et si enfin tous ces remedes ne produisent aucun effet, ce qui pourroit arriver a cause de sa mauvaise constitution, il se retirera à la Fleche, où il ira humer pour toujours l’air natal en basse Normandie.

 

Combat à mort              1715                    [3]

de Dame Constitution.

Messieurs et Dames, vous êtes avertis que Dimanche prochain 1.er Septembre 1715. à huit heures précises du matin, on vous donnera le divertissement d’un grand Combat et le plus terrible que vous ayez jamais veu; C’est un animal sans pareil, qui a êté amené d’Italie par la Grande Trope des S.rs Ignaces qui ont eu l’honneur de jouer devant tous les Princes de l’Europe. Les S.rs Ignaces jaloux de la réputation de nos Chiens qui ont écrasé tous les animaux qu’on leur a présentez, ont fait venir ce monstrueux animal dans l’espérance de les détruire. Il est vray qu’il est épouvantable. Il a 101 testes, son poil est en partie blanc et en partie noir, son regard est foudroyant, ayant une queüe toute hérissée d’anatêmes: Il est seul de son espece, on l’apelle Clementine. Il sera secondé dans le Combat par un Renard nois qui a 3. Cornes, et qui est un animal le plus malin qu’on ait pû trouver dans le Renard. Il sera aidé par un Lion prodigieux qui a fait trember bien du monde; Mais nous sommes si persuadez de la bonté dt de la valeur de nos chiens, que nous ne doutons

                                                                    [4]

point de sa défaite, ce qui ne pourra pourtant arriver qu’aprés la mort du Lion, Le Renard vous fera voir un beau jeu d’artifice, et les Chiens seront menez au combat par un autre Animal qui paroist tres doux. Il a le corps rouge, et la teste blanche, avec cette douceur aparente, vous serez émerveillé de voir avec quelle fierté et constance il se conportera dans la Bataille. à Versailles dans une Maison, où pend pour enseigne le Grand Louis.

 

Vera                      1715                                 [5]

Au sujet de la constitution.

La constitution a fait mourir le Roy,

C’est Fagon qui l’accuse, et Baudin en fait foy:

Il faut par de nouveaux suplices

La punir et tous ces complices.

A quatre chevaux autrefois

Fut tiré l’assassin du meilleur de nos Rois;

Mais Louis ne veut pas qu’on vange ainsi ses mânes.

Or puisque quarante ignorans,

Un jaquette noire et deux rouges soutanes,

De cette meurtriere êté les garands,

Soit dit qu’elle sera par eux comme autant d’asnes

Escartellée à belles dents.

 

Sur la Constitution                      1715                          [6]

Jadis le Pape Pie aux ventres dévoyez,

Fit faire des privez d’un salutaire usage;

Clement XI. aujourd huy pour achever l’ouvrage

Fournit des torcheculs qu’on avoit oubliez.

 

Billet                                           1715                            [7]

d’enterrement de Dame Constitution.

 

Messieurs et Dames.

Vous êtes prié d’assister au Convoy, service, et enterrement de Dame Constitution fille naturelle du Pape Clement XI.e qui se fera dans l’Eglise des Jesuites, rue S.t Antoine, M.r l’Archevesque de Bordeaux Officiera, les R. P. Doucin et le Tellier meneront le deuil, et le M.r le curé *vivans de S.t Médéric sera l’oraison. Funebre, elle est morte de chagrin d’avoir perdu 77. pour 100.

M.r l’Archevesque de Paris à beaucoup gagné à cette mort, il a êté nommé à l’Abbaye de Notre Dame de la Victoire; l’Abbé Servient à l’Abbaye de Vatan, en attendant mieux; M.r de Targny revient de Rome en poste pour lui jetter de l’eau benite.

                                                    Requiescat in pace.

 

Epitaphe                          1715                   [8]

de la Constitution.

Cy gist Dame de grand renom,

Mauvaise Constitution,

Fille du Diable, ou d’un Jesuite,

Flateur, scélerat, hipocrite;

Je croirois même avoir bien du,

Si je l’apellois sodomite;

Puisque mal du nom de satan l’estant aussi,

Ce n’est que d’eux qu’elle est sortie.

Passant plaignez son triste sort.

Elle se croyoit déja Reine;

Mais quand elle vit le Roy mort,

Cela lui a fait tant de peine

Que tout lui déplaisant icy

Elle a voulu mourir aussy.

 

Vers                         1715                            [9]

Si l’Université de cette grande ville,

Abatit le Poirier qu’on estime si peu,

Ce fut obeir à ce mot d’évangile;

L’Abre de mauvais fruit soit jetté au feu.

 

Plainte                            1715                             [10]

des Jesuittes contre le Peintre du Portrait du Roy.

 

Peintre d’où vient que ton pinceau?

Exécuter de tes ouvrages

Ne represente en ce Tableau

Qu’un Roy, où il faut les trois Mages?

 

Reponse

Mes Peres, c’est que vôtre couteau,

Exécuter de vôtre rage

En ayant deux au Tombeau,

Il n’es pas d’avantage.

 

Contreveritez                            1715                          [11]

Aux Jesuittes Franςois accorde ton estime.

Tourne au plutost casaque à l’adverse parti;

Aime jusqu’à l’excez quiconque est leur intime

Noailles qui les attaque, a le coeur perverty;

Tient pour un franc Payen Quesnel qui leur résiste.

Bochart qui les épaule, est sans ambition;

Estime homme de bien Tellier qui les assiste;

Celuy qui les controlle est sans religion;

Croit saint, et immortel Escobar leur grand Pere.

Cyran leur adversaire, est peut être en enfer.

Croit bien haut dans le ciel Tambourin leur confrere,

Pascal qui les fit taire, est avec Lucifer.

 

Sur les Jesuittes                     1715                                [12]

Démons, Démons quittez vos fers,

A un souper je vous invite;

Proserpine dans les enfers

Vient d’accouncher d’un Jésuite.

 

Autres

C’est donc vous Troupe sacrée,

Qui en voulez vous au coeur des Rois?

D’un vieux Cerf aprés les abois

On en donne aux chiens la curée.

 

Autres

Un compagnon du Pere Ignace,

A juré sur ses grands Dieux,

Que Louis avoit pris place,

Au plus éminent des cieux.

Son frere, lui dit, qu’en/ le croyez vous, Pere?

Pour moy je n’en crois rien:

Ou le Diable avec sa proye

A êté volé en chemin.

 

Sur le Pere le Tellier                 1715                      [13]

Tellier n’est il pas si habile homme,

D’avoir fait de si grands efforts?

Avec tout son crédit de Rome,

Pour n’estre qu’un garde du corps.

 

Vers                                1715                                [14]

Vous auriez pû grand Roy

Suivre Jesus et sa Loy,

Sans tant aimer sa compagnie;                                    les Jesuittes

On ne l’a connoît pas aux cieux,

Si du monde on l’avoit bannie

Vous et chacun en seroit mieux.

 

Epitaphe                    1715                          [15]

du P. le Tellier

Cy gist le Tellier d’exécrable mémoire,

En deux mots voicy son histoire.

Il fut un fourbe déloyal,

Il tourmenta l’église, abatit Port Royal;

J’admire par quelle avanture,

Son corps repose en ce Tombeau;

Il devoit être la pasture

Ou d’un vautour, ou d’un corbeau.

 

Sur le Portrait du P. le Tellier.        1715               [16]

Ce fourbe dont tu vois la figure hipocrite,

Osa duper un Pape, osa tromper un Roy:

Il fit tous ses efforts pour renouveller sa Loy.

Quoi depos! il fut bon Jésuitte.

 

COURSILLONNADE                      1715                   [17]

Par Harouet

Ȏ du Théatre aimable souveraine,

Belle du Clos fille de Melpomene,

Puissent par vous, ces vers être goutez!

C’est la justice amour les a dictez.

Ce petit Dieu de son aisle legere,

Un Arc en main parcouroit l’autre jour

Tous les recoins de vôtre sanctuaire,

Loges, Foyez, Théatre, tour à tout;

Un chacun scait que ce joly séjour

Fut de touts tems du ressort de Cithere.

Hélas! amour, que tu fus consterné,

Lorsque tu vis ce Temple profané,

Et ton rival de son culte hérétique,

Establissant l’usage frénétique,

Accompagné de ses menins chéris,

Fouler aux pieds les Mirthes de Cipris,

Prés du jourdain, prés d’un climat fertile

Cet ennemi depuis tant renommé,

Elût, dit-on, son premier domicile:

Mais par le feu son pais consumé,

Ne scait comment, fur en Lac transformé.

Ce trait n’est point dans la métamorphose:

Mais gens de bien m’ont expliqué la chose,

Tres doctement, et partant ne veux pas,             [18]

M’écroire en rien la verité du cas.

Qu’ainsi ne soit chassé de son azile

Le pauvre Dieu courut de ville en ville.

Il vient en Grece: Il y donna leςon

Plus d’une fois à Socrate, à Platon.

Et puis aprés il fit sa résidence,

Tantost à Rome et tantost à Florence,

Cherchant partout, si bien vous l’observez,

Peuples polis, et par art cultivez.

Maintenant donc le voici dans Lutece,

Séjour fameux des effrénez désirs,

Et qui vaut bien l’Italie et la Grece,

Auoiqu’on en dise, au moins pour les plaisirs;

Là pour tenter nôtre foible nature,

Ce Dieu paroît sous humaine figure.

Et si n’a pris Bourdon de Pelerin

Comme autrefois l’a pratiqué Jupin,

Quand voyageant aux bas lieux où nous sommes,

Quitta les cieux pour éprouver les hommes,

Trop bien il s’est e Marquis déguisé,

Leste équipage, et chere de satrape,

Chez nos blondins l’ont impatronisé

Comus, Silene, Adonis, et Priape,

Sont à sa table, où Messer Apollon

Vient quelque fois joüer du violon

Au demeurant il est haut de corsage.

Bienfait, et beau, l’amour dans son jeune âge                                [19]

Pour compagnon l’auroit pris autrefois,

Si de l’amour il n’eût brave les Loix:

Dans ses yeux brille et luxure et malice;

Il est joyeux, et de gentil maintien.

Faites êtat qu’il ne défaut en rien,

Fors qu’on m’a dit qu’il lui manqué une cuisse.

Finalement on voit de toutes parts

Jeunes mignons suivre ses étendarts,

Dont glorieux il paroît à tout heure

Sur ce Théatre aux Muses destiné,

Où par racine en triomphe amené

Le tender amour a choice sa demeure.

Que dis-je hélas! l’amour n’habite plus

Dans ce réduit, désespéré, confus,

Des fiers succés du Dieu, qu’on lui préfere

L’enfant aisle s’est enfuy chez sa mere

D’où rarement il se montre icy bas.

Belle du Clos, ce n’est que sur vos pas

Qu’il vient encore par fois souvent pour vous entendre,

Du haut des cieux, j’ay veu ce Dieu descender

Sur ce Théatre, il vole parmy nous,

Quand sous le nom de Phédre, ou de Monime,

Vous partagez entre Racine et vous

De nôtre encens le tribute légitime.

Que si voulez que cet enfant jaloux

De ces beaux lieux désormais ne s’envole

Convertissez ceux, qui devant l’idole                                 [20]

De son rival ont fléchi les genoux.

N’etes pour rien Pretresse de son temple:

A l’hérétique il faut prescher d’exemple.

Or venez donc avec moy, quelque jour,

Sacrifier à l’autel de l’amour.

 

Vers                         1715                             [21]

Par Harouet

 

Usé du jeu que pratiquoit Socrate,

Un Moliniste auprés d’une béate,

Par maint effort excitoit au plaisir

Nature lente a suivre son désir.

Tant lente êtoit, qu’encore seroit gisante

Sans le secours d’une main bienfaisante,

Cela dit lors le caffard transporté,

Ouvre à mes yeux le secret de la grace.

La suffisante auroit par bleu rate,

Si dans sa main n’eût trouvée l’efficace.

 

Le Parnasse                       1715                         [23]

Par Harouet

 

Pour tous Rimeurs habitans du Parnasse;

De par Phebus, il est plus d’une place,

Les rangs n’y sont confondus comme icy,

Et c’est raison feroir beau voir aussi

Le fade auteur d’un sonnet ridicule,

Sur même lit couché prés de Catule,

Ou bien la Mothe ayant l’honneur du pas,

Sur le harpeur ami de Moecenas.

Trop bien Phoebus scait de sa république,

Regler les rangs, et l’ordre hiérarchique,

Et dispensant honneur et dignité

Donne à chacun ce qu’il a mérité.

Au haut du Mont sont fontaine d’eau pure,

Rians jardins, non tells qu’à Chastillon

En a planté l’ami de Crébillon,

Et dont l’art seul a formé la parure.

Ce sont Jardins ornez par la nature;

Là sont Lauriers, Orangez toujours verds.

Anacréon, Virgile, Horace, Homere;

Dieux qu’à genoux le bon Dacier revere

D’un beau laurier y couronnent leur front.

Un peu plus bas, sur le penchant du Mont,

Est le séjour de ces esprits timides,

De la raison partisans insipidus,                            [24]

Qui compassez dans leurs vers languissans

A leur Lecteur font hair le bon sens.

A donc, amis, si quand ferez voyage,

Voua abordez la Poétique plage

Et que la Mothe ayez désir de voir,

Retenez bien qu’illec est son manoir

Là ses consorts ont leurs testes ornées

De quelques fleurs presqu’en naissant fanées,

D’un sol avide incultes nourrissons,

Et digne prix de leurs maigres Chansons;

Cettuy païs n’est païs de Cocagne,

Il est enfin au pied de la Montagne;

D’un bourbier noir l’infecte profondeur,

Qui fait sentir sa malplaisante odeur

A tous chacuns, fors à la troupe impure,

Qui va nageant dans ce Fleuve d’ordure.

Eh! qui sont ils ces Rimeurs diffamez?

Pas ne pretend que par moy soient nommez.

Mais quand verrex chansonniers, faiseurs d’odes.

Rauques corneurs de leurs vers incommodes,

Peintres, Abbez, Brocanteurs, Jettoniers,

D’un vil caffé superbes Cazaniers,

Où tous les jours contre Rome et la Gréce

Des médisans se tient bureau d’adresses:

Direz alors, en voyant tel gibier,

Cecy paroît citoyen du bourbier.

De ces Grimauts la croupissante race                            [25]

Et cettuy la incessamment croace

Contre tous ceux, qui d’un vol asseuré

Sont parvenus au haut du Mont sacré.

En ce seul point cettuy people s’accorde,

Et va chercher la fange la plus orde

Pour en noircir le Monins d’Hélicon,

Et polluter le Throsne d’Apollon:

C’est vainement. Car cet impur nuage,

Que contre Homere en son aveugle rage

La gent modern assembloit avec art,

Est retombé sur le Poëte Houdart:

Houdart ami de la troupe aquatique,

Et de leurs vers aprobateur unique,

Comme est aussi le Tiers estat auteur

Dudit Houdart unique admirateur.

Houdart enfin, qui dans un coin du Pinde,

Loin du sommet, où Pindare se guinde,

Non loin du Lac est asses ce dit-on,

Tout au dessus de l’Abbé Terrasson.

 

Epigramme                                    1715                                      [26]

D’amour et de mélancolie,

Selemnus enfin consumé,

En fontaine fut transformé;

Et qui boit de ses eaux, oublie

Jusqu’au nom de l’objet aimé;

Mais pour oublier Gbycerie

J’y courus hier vainement:

A force de changer d’amant

L’infidelle l’avoit tarie.

 

Chanson                                1715                                           [27]

Sur l’air: Quoiqu’elle n’ait point d’escharpe

 

L’Ambassadeur de Perse

Arrive dans Paris,

Crainte qu’à la renverse

Son Excellence tombis,

Sur un cheval d’Espagne

Il êtoit bien monté;

Comme sous Charlemagne

L’on vit pareille entrée.

 

Un Jeudy à dix heures

Monsieur de Matignon,

Avec l’Introducteur,

Furent en sa Maison;

En pompeux equipage

Suivis de leurs Laquais

Avec Messieurs leurs Pages

Qui avoient des plummets.

 

En une belle langue

Matignon plein d’esprit,

Fir une belle harangue,

Dont voicy la copie;

La charpente en est drolle,                              [28]

Car un nouveau recue

En a fait les parolles,

Elle est ainsi concüe.

 

Ouy à son excellence,

Le grand Roy des François,

M’envoye par preference

Vous faire des souhaits;

Vous conduire à la ville,

De la ville, à la cour;

Mais avant que d’y estre,

Font passer aux fauxbourgs.

 

En habit magnifique

La marche commença;

Mais par malheur tragique,

La pluye sur eux tomba;

Adieu la Mascarade,

Adieu les beaux habits;

Ce n’est plus Ambassade,

Ce sont des vras Chianslits.

 

Chanson                         1715                          [29]

Sur l’air: La curiosité

Sur l’Ambassadeur de Perse.

 

Du bout de l’univers, je vies voir grand monarque,

            Ta beauté;

Dans ta charmante cour, sans cesse l’on remarque,

            La rareté,

De mon affection, grand Roy, reçois pour marque,

            Ma curiosité.

 

Plus grand que Salomon, merveille sans seconde,

            Ta beauté;

Fait passer le Persan sur la terre, et sur l’onde,

            La rareté;

Tu mérites Louis de tous les Rois du monde,

            La curiosité.

 

Au moment que je vois ta Majesté brillante

            Ta beauté;

Tout ce que j’aperçois surpasse mon attente

            La rareté,

Je me sens enchanté, et mon ame contente,

            Ma curiosité.

 

Chanson                            1715                                 [30]

Sur l’air: Or escoutez petits et grands.

Sur la Samaritaine.

 

Arrestez vous icy passant,

Regardez attentivement,

Vous verrez la Samaritaine

Debout auprés d’une fontaine:

Vous n’en scavez pas la raison,

C’est pour laver son cotillion.

 

Regardez de l’autre costé,

Comme le Seigneur est posté,

En l’entretenant de la grace,

Il lui parle de l’efficace;

Mais il lui parle doucement

De peur de l’emprisonnement.

 

Chanson                       1715                           [31]

Sur l’air: A la façon de Barbarie etc.

Au sujet de la Constitution.

 

On dit que du Pape Clement

La Bulle est hérétique;

Et que Phillipe le Régent

Est un bon catholique;

Mais pour la constitution

La faridondaine la faridondon,

On la recevra dans Paris, biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Epitre                              1715                            [33]

Au Pere le Tellier

 

Ton crédit et ta gloire ont pris une autre face;

Rien ne peut, le Tellier, soulager ta disgrace;

L’Archevesque jouit d’un triomphe nouveau,

Quand le tient se détruit dans la nuit du tombeau,

Par tes Ordres cruels l’éloquence craintive

Laissa gémir longtems la vérité captive,

Elle recouvre enfin toute sa liberté.

L’Orage se dissipe, et lui rend la clarté.

Mais répond à présent, et montre nous quell titre,

Des principes de foy t’erigeoit en Arbitre;

L’exil et la prison signalant tes fureurs,

Punissoient l’innocent sous prétexte d’erreurs;

Tu versois le poison dans le sein de l’Eglise,

Sans que la plainte alors nous pût être permise.

Quels desordres, Ô Ciel! et que de lâchtez!

Livrant leur conscience a prix de Bénéfice;

Ils t’accordoient ainsi les plus honteux services.

Sur ton égarement, ouvre un moment les yeux;

Connois de ton esprit l’effort audacieux.

Il fait naître aujourd’huy ces funestes disputes

Qui nous causent toujours d’inévitables chûtes.

C’est lui qui n’escoutant que de faux préjugez

Abandonne au péril tant de gens engagez.

Quelle ardeur t’animoit, voila quelle est la suitte                     [34]

Qu’aporte à tes desseins cette aveugle conduitte?

Tu vois ce qu’à produit ta folle ambition;

De nos scavans Prélats elle romp l’union,

Et voulant tout ranger sous son obeissance,

De l’Eglise allarmée affoiblit la puissance.

Estoit-ce la comme il falloit prévénir

Les maux qui selon toy ménaçoient l’avenir?

Avoue icy plutost qu’une gloire trompeuse

Flatoit les sentimens de ton ame orgueilleuse;

Tu tâchois d’affermir ton pouvoir combattu,

Sur les tristes débris du mérite abatu;

Mais puisque ton projet avorte en sa naissance,

Desormais la retraite est l’unique asseurance.

Qui te reste pour fuir les ennemis jaloux,

Qu’arme contre toy seul un trop juste courroux.

 

Lettre                             1715                                [35]

d’un Jesuitte à un de ses Confreres de Province, sur la déroute de sa Compagnie.

 

Je t’escris, cher amy, les yeux baignez de pleurs,

Nous sommes arrivez au comble des malheurs,

Je le répete encore en répandant des Larmes;

Tout est perdu pour nous, il faut rendre les armes,

Il faut fermer l’ecole avec le tribunal,

Et donner gain de cause à notre Cardinal;

Quel chagrin! quelle malheur pour nôtre compagnie!

De chanter malgré nous une Palinodie.

Bientost nous allons voir Port Royal, rétably.

Nos tribunaux à bas, nos Colleges détruits,

Tellier à la Bastille, et Lallemand en cage,

L’un et l’autre faisant un drôle de ramage;

Bientost nous allons voir Jouvency dans les fers,

Et dans la fosse aux Lions, Daniel avec ses vers,

Dans peu nous pourons voir Quesnel avec sa clique,

Imposer au public, et nous faire la nique,

Les Tourneux, et du Guet, Nicole, et les Sacis,

Fleurir plus que jamais au milieu de Paris;

Jansénius enfin et la troupe arrogante,

Se moquer des Prélats, triompher des quarante,

Débiter au public leurs dogmes hérétiques,

Et remplir l’univers de Livres satiriques,

La canaille déja contre nous mutinée,                           [36]

Nous insulte partout faisant une huée,

Nous n’entendons aussi qu’injurieux brocards

Sur la société, fondre de toutes parts;

Déja les prétendus deffenseurs de la grace,

Ménaçant hautement de nous mettre en leur place,

Dans ces affreux cachots où nous les avions mis,

Par Lettres de cachet de l’aimable Louis,

Les portes en effet en sont toutes ouvertes,

Et à l’entrée du Roy on les a veu desertes;

Ah! quel malheur pour nous d’avoir das la Regence,

Un Prince tout remply de mérite et de science,

Un Cardinal encore, en dépit de Tellier

Premier dans le Conseil et tenir le cahier,

Passer dans l’univers pou un parfait modele,

De vertus, de douceurs, de science, et de zele,

Tous les Prélats enfin qui nous êtoient soumis

Rechercher les faveurs entrer dans les partis,

Nôtre société je t’en asseure enrage,

De ce voir a deux doigts d’un si triste naufrage;

Pour moy, qu’en pense tu, mon tres fidel amy,

Je ne suis pas encore dans le cas de l’édit;

Volontiers je feray une douce alliance

Dans le charmant séjour où je pris naissance,

Esprés je n’ai point pris aucuns ordres sacrés,

Pour pouvoir quelque jour m’establir à mon gré.

Je suis prest de porter le plumet et l’éspee,                         [37]

Ou d’aller demeurer dans une Isle esloignée;

Qu’en dis tu cher amy? de grace imite moy,

Profitons des bontés de nôtre deffunt Roy,

Le Prince avant sa mort par sa belle ordonnance,

L’accorde et le permet avec complaisance,

Et celuy d’entre nous qui las d’être pédant

Voudra vivre à sa mode, et devenir amant;

Mais fuyons les douceurs dans l’art de bien aimer,

Et pour faire bien mieux, songeons à nous lier

Par un heureux hymen a une chaste epouse,

Qui ne soit point coquette, avare ni jalouse,

C’est le moyen de vivre icy bas plus content,

Que ne peut jamais l’être un Jesuitte Régent.

Adieu donc pour toujours ma cher Compagnie

Puisqu’on est parmy vous si notté d’Infamie.

 

Chanson                              1715                           [38]

Sur l’air de l’Alleluia.

 

Les Jesuittes et les Maltotiers,

Auront le sort des Escoliers

Le Régent les étrillera.

            Alleluia.

 

Quand Phillipe Duc d’Orleans,

Aura chassé Ignace aux champs,

Tout Paris de joye chantera.

            Alleluia.

 

Tous les évesques Gallicans,

De Loyola les partisans,

S’en vont retourner, ça et là;

            Alleluia.

 

Que dira nôtre saint Papa,

Quand Loyola on chantera,

De chagrin il trépassera.

            Alleluia.

 

Chanson                              171                                 [39]

Sur l’air: de Joconde.

Au sujet de deux Assemblées de Sorbonne, du 2e. et 5 Décembre 1715.

 

En Decembe au prima mensis,

La Sorbonne Assemblée,

Par Humblot et par ses amis

Voyant la paix troublée

Prit sagement la balle au bond;

Et sans lâcheté nulle,

Pour refuter son faux dictum

S’explique sur la Bulle.

 

Ce jour donc, il fut dit tout net                         1.ere Assemblée

Librement et sans crainte,

Que par le précédent Décret

Obtenu par contrainte:

Icelle Constitution

Fut certes régistrée

Par des Lettres de Jussion,

Et non pas aprouvée.

 

Lorsqu’en suitte il fut quesion                           2.e Assemblée

Pour consommer l’affaire,

De revoir la conclusion,

Comme c’est l’ordinaire,                                    [40]

Quelques uns touchés en secret

De vive repentance,*

Condamnerent comme un forfait                     

Leur timide silence.

 

Ô que le spectacle en fut beau!

La Sorbonne scavante,

Se relevant de son Tombeau

Ne parut pas plus tremblante.

On la vit cette Faculté

A l’honneur de la France,

Parler avec liberté

Qu’eut Gerson à Constance.

 

Mais de tout cecy, que dira

A Rome le Saint Pere?

Sans doute il excommunira

Ces Docteurs par colere;

Ne craignons rien, le Parlement

Qui scait fort bien son thême,

Par un plus sage jugement

Levera l’anathême.

 

*l’Abbé Lembert dit, pudet me tandiu tacitisse………exterritus fui…… veniam peto. Le Curé de S.t Gervais, et deux autres l’imiterent.

 

Chanson Historique                    1715                           [41]

Sur l’air: Lan la. bis.

Au sujet de la Bulle Unigenitus du Pape Clement XI. et sur la disgrace de ses partisans.

 

La Bulle à plus d’un deffaut,

Qu’on chante aujourdhuy tout haut,

            Et contre la Foy,

            Et contre le Roy.

On l’a trouve exécrable;

J’en dirois plus encore, hé quoi!

Trop longue en est la Fable, lanla, bis.

 

Celle in Coena Domini,

Et l’unam sanctam aussi,

            Que nous rejettons,

            Que nous détestons,

Ne sont pas plus mauvaises,

Leurs ménaces tres méprisons,

Comme pures fadaises, lan la. bis

 

Concile Nationnal,

Vous ne ferez plus grand mal; 

            Car de Chauvelin,                          Avocat général dévoué aux Jesuittes.

            L’horrible dessein

Que levoit tout obstacle,                        [42]

D’abord est renversé soudain;

Comme par un miracle, lan la bis.

 

Ce beau mignon de Rohan,

Ce balon rempli de vent,

            Est pris par le bec,

            Fut il de Lameck;

Autant par sa naissance

Que de Conan-Mériadec,                                 Roy de la Bretagne dont une généalogie

La véritable engeance, lanla bis.                     fabuleuse fait descendre ce Cardinal

 

Que dirons nous de Bissy?

Pour moi j’en diray, fi fi,

            Thiard factieux,

            Thiard furieux,

Vouloit déposer Noailles;

Et se seroit fait à nos yeux

Lévesque de Versailles; lan la bis.

 

Le Prélat de Montpellier                                        Colbert de Croissy

N’a rien voulu publier:

            Ah! qu’il a bien fait,

            Son procedé net

Le rend tres respectable:

Et si son ouvrage il parfait,                                      [43]

Il est incomparable; lan la, bis.

 

Metz et Verdun qui d’abord,

N’ont pas assez fait d’efford;

            Se fortifieront,

            S’entrexciteront;

Et quoique Rome en grogne,

Engoulesme, Arras, se joindront

Avec eux, et Boulogne; lan la, bis.

 

Hélas! celui de Paris,

S’attirera le mépris;

Donnant sans raison,

.....................................

Explication au Décret du S.t Pere,

Dont jamais la Religion,

Rien de bon ne peut faire; lan la, bis.

 

Partisans de Molina

Vous puez comme kaka;

            Depuis que Clement,

            Que Noailles dément,

Disciple de Sfondrate*

A receu dans le Parlement

Un rude coup de patte; lan la, bis.

 

*Auteur du Livre intitulé Nodus predestinationis que 5. Prelats de France ont denoncé au Pape Innocent XII.

 

L’audatieux le Tellier,                            [44]

Qui nous faisoit tous plier,

Honteux et confus,

Ne se verra plus,

Traitter de Réverence;

Car le voila, dit on exclus,

Du Conseil de Conscience; lan la, bis.

 

Vers le Pape avec honneur

Targnu docte, ou bien Docteur,

            Envoyé du Roy,

            Revient chez Louvoi;

Et ne comprend pas comme,

Il trouve tout en désarroi,

A son retour de Rome; lan la, bis.

 

Retirez-vous à Pamprou*,                           *Ferme et maison en Poitou appartenante aux Jesuittes.

Peres dont nous avons prou,

            L’Allemant, Doucin,

            Daniel, Hardouin

Et vous grand Tournemine*,                       *Il a un air farouche, et l’ésprit violent.

D’esprit, de coeur, ultramontain,

Et dont pire est la mine; lan la, bis.

 

La Sorbonne en bref sera,

Hors de prise à ces gens là,                                * La Faculté de Théologie forcée par Lettres

            Et la Faculté*                                               de cachet a enregistrer la Bulle

            Mise en liberté,                                           [45]

Et le Sindie le Rouge,

Sans honneur, et sans dignité,

Renvoyé dans son bouge; lan la, bis.

 

Faisant un nouveau Recteur,

Poirier son prédécesseur;

            Se voit a l’instant,

            Couvert pleinement,

De la honte à lui deüe,

Que d’un commun consentement,

A long traits il a buë, lan la, bis.

 

L’Instruction des Prélats,

Dont ils faisoient si grand cas,

            Est a rémotis;

            Et tous interdits

D’une démarche lente,

Ils vont partir, adieu vous dis,

Nosseigneurs les quarante, lan la bis.

 

Pontchartrain l’eusse tu cru?

Don Jerosme est revenu;

            On revoit icy

            Thierri, d’Albriffi,

Turquois, Habert, Witaffe,

Bragelogne et Bidal aussi

Qui reprendront leur place; lan la, bis.              [46]

 

Quel revers souffre en ce tems,

Le Correcteur des Feuillants,                             l’Abbé Henriot

            Ce futur Prélat,

            Cet Experlucat,

Cet homme nécessaire:/ Tres digne des Galeres;

Henriault que fortune abbat;

Déplore sa misere, lan la, bis.

 

Nos Prélats et nos Docteurs,

Revenus de leurs frayeurs,

            S’en vont en repos,

            Gaillards et dispos,

Nous prescher l’évangile.

Auquel ils ont tourné le dos

Dans un tems moins facile, lan la, bis.

 

Les scavans, et bons curez,

Heureusement délivrez,

            Des Déclamateurs,

            Et Délateurs.

Réformeront les Theses

Des Mandarins Prédicateurs:

Qui s’emparent des chaises; lan la, bis.

 

Enfin l’église et l’état,                               [47]

Vont reprendre leur éclat;

            On verra la paix,

            Regner désormais

En tous lieux dans la France;

Et l’on ne se plaindra jamais,

De la sage Régence; lan la, bis.

 

Vera                         1715                           [48]

 

Cette Doctrine meurtrière

Qui de nos Rois jadis termina la carriere,

Par le fer et par le poison;

Moins sanglante, et non moins cruelle,

Avec la Constitution

Les perd pour vanger sa querelle.

 

Chanson                               1715                     [49]

Sur l’air: Dans le bel âge.

Sur toutes les Dames de la cour.

 

Mademoiselle de Tourpe, ou de Villefranche.

              S.te Facile

A tous venans disoit

Qu’elle êtoit fille;

De pas un ne vouloit;

Mais quand on la pressoit,

Et qu’au fait on venoit,

Pour peu qu’on fut habile

Toujours on la trouvoit,

            S.te Facile.

 

            Madame de Parabere, et Madame de Rupelmonde.

            S.te Nitouche

Quand sa mere aprochoit

Faisoit la souche

Pas un mot ne disoit;

Mais quand elle sortoit,

Et que seule elle êtoit

Autrepart qu’à la bouche

Bientost l’amant baisoit.

            S.te Nitouche.

 

            Madame de Courcillon.                 [50]

            S.te Modeste.

Prenoit honnestement

La main le reste,

Le tout avec un gand.

Pour rien n’auroit voulu,

Toucher un membre nud,

Cette beauté celeste

Fit si bien qu’on la cru,

            S.te Modeste.

 

Madame la Marechale d’Estrées.

            S.te Contente.

D’Amants choisy n’avoit

Que prés de trente.

A ce qu’elle disoit,

Dont elle recevoit,

Comme elle souhaitoit.

Tous les jours une rente,

Qui certes l’a rendoit.

            S.te Contente.

 

            Madame S.t Germain Beaupré, fille de Doublet Persan, fort laide.

            S.te Commune

A tous venans montroit

Qu’elle êtoit brune,

En plus d’un endroit,                            [51]

Au jour si l’on vouloit,

Assise, ou bien tout droit;

Et même au clair de Lune,

Toujours preste on trouvoit

            S.te Commune.

 

            Madame de Gacé.

            S.te Fringante,

Que tous les jours montoit,

Troupe riante,

Jamais ne se lassoit,

Dés que l’un finissoit,

L’autre recommenςoit,

Cette beauté charmante

A chacun se montroit

            S.te Fringante.

 

            Madame de Castelnau.

            S.te Eveillée.

Vingt fois d’amant changeoit

Dans la journée;

Pas n’estoit son forfait,

Jamais ne s’endormoit,

Toujours elle vouloit

Recevoir l’accolée,

Malheureux qui baisoit;

            S.te Eveillée.

 

            Madame de Nesle-Mailly.                       [52]

            S.te Commode.

Prestoit à tous venans

Selon leur mode,

La fesse ou le devant,

Assise ou bien debout,

Tout êtoit de son gout,

Cette douce méthode,

La fit nommer par tout.

            S.te Commode.

 

            La Princesse de Rohan.

            S.te Acroupie.

Sur son cul se tenoit

Pour quelqu’envie,

Jamais ne se levoit;

Mais quand on lui vouloit,

Dans un certain endroit,

Planter l’Arbre de vie,

Sitost debout êtoit.

            S.te Aeropie.

 

            Sur la même.

            Un Pucelage,

Est un oiseau leger,

Qui de sa cage,

Veut toujours s’envoller,

Faut le laisser aller,

Et ne lui point laisser,                            [53]

Croistre tout son plumage,

Si l’on veur dénicher;

            Un pucelage.

 

            Madame de la Vrilliere.

            S.te Bassette

A des démangeaisons,

Rien ne l’arreste

Pour apaiser son C....

Pour elle tout est bon,

Petits, moyens, et longs,

A f......... toujouts preste,

On trouve sans faςon,

            S.te Bassette.

 

            Sur la même.

            S.te Fidelle,

Pressé par son mary

Pour avec elle,

Passer toute la nuit,

Refuse ce parti

En s’ecriant Naugis.

Je seray toujours telle

Que je te l’ay promis,

            S.te Fidelle.

 

             Madame de Jonsac.                               [54]

            S.te Propete,

Tous les jours se servoit

De savonnette,

Et beaucoup en usoit,

Pourque certain endroit

Fut propre et plus étroit;

Aussi en amourette

Chaque amant la trouvoit

            S.te Propete.

 

            Sur la même.

            S.te Largette.

Dés longtemps se servoit

De savonnette,

Pour l’avoir plus étroit,

Son tems elle perdoit,

Point ne retressissoit;

Diable de la recette,

Toujours on la trouvoit,

            S.te Largette.

 

            Madame la Duchesse. Bourbon-Condé.

            S.te Féconde

Qui depuis si longtems

Peuple le monde,

Même aprés quarante ans,

Un cruel mal de Dents,                              [55]

Impose rarement;

Quoique le Roy en gronde,

Vous resterez toujours,

            S.te Féconde.

 

Madame de Berry.

            S.te Madelaine.

A tous venans donnoit,

La fine laine

Que son bichon portoit;

A elle rien n’avoit,

Car tres noble elle êtoit,

Et sans reprendre haleine,

Toujours se présentoit,

            S.te Madeleine.

 

            Mademoiselle de Clermont.

            Tout est aimable,

Chez vous charmante Iris,

Rien n’est semblable;

Mon coeur en est épris,

Mes yeux en sont surpris,

Et ce qu’on croyoit fable

Jusques à vos mépris,

            Tout est aimable.

 

            Mademoiselle de Charollois.                       [56]

            S.te Finette.

A les yeux pleins d’eclat,

L’humeur folette,

Et le teint délicat;

Si tu n’est pas ingrat,

Amour change l’estat,

De la jeune fillette,

Tirée du célibat,

            S.te Finette.

 

            Mademoiselle de Melun.

            S.te Pucelle.

Avoit bien résolu,

D’etre cruelle,

Tant qu’elle auroit vecu;

Mais un Moine passa,

Qui d’un coup l’engrossa,

Et puis dit à la belle,

Soyez avec cela,

            S.te Pucelle.

 

            Mademoiselle de Villefranche.

            S.te Pleureuse.

Un mouchoir à la main,

L’esprit resveuse,

Dans un coing du jardin,

Son amant la trouva,                                   [57]

De son amour parla;

Elle devint joyeuse;

Il nous manquoit cela,

            S.te Pleureuse.

 

           Mademoiselle d’Armagnac.

            S.te Glorieuse.

Redressée jusqu’aux dents,

Faisoit la pieuse,

Refusant ses amans;

L’histoire dit pourtant,

Qu’un fade courtisan,                              Ravetot

La trouve doucereuse

Ce qui depuis la rend

            S.te Glorieuse.

 

Madame de la Varenne-Bontemps.

            S.te Boudeuse.

N’a pas beaucoup d’esprit,

Est ennuyeuse;

Jamais ell ne rit,

Même avec son amant,

Elle parle en pleurant,

Et cette humeur resveuse,

Quitte tres rarement.

            S.te Boudeuse.

 

            Madame de Polignac.                          [58]

            S.te Gourmande,

Engloutissoit les voeux,

Et la demande,

De tous les amoureux,

Financiers, jeunes ou non,

Marquis, Ducs et Barons;

Enfin toute la bande,

Mésuroit tout du long,

            S.te Gourmande.

 

            Madame d’Arginy.

            S.te Mutine.

Aux yeux doux éveillez

Porte une mine,

Qui dit, Messieurs, baisez,

Elle seroit à tous,

Sans un mari jaloux,

Dont l’humeur l’assassine,

Qui jette au rendez vous

            S.te Mutine.

 

            Madame la Princesse de Rohan.

            S.te Chanteuse.

Qu’un tour de croupion

Rendu boiteuse;

Ne scait pas dir non;

Laquais, ou cavalier,                                    [59]

A chaussur à son pied;

Et pour la voir heureuse,

Il faut à ce métier,

            S.te Chanteuse.

 

            Madame de Monasterol.

            S.te Lubrique.

Qui preschoit S.t Germain,

Tres bien se pique,

D’aller à toute main,

Assise, ou bien debout,

Chacun voit à S.t Cloud,

La fameuse boutique

Où l’on baise partout,

            S.te Lubrique.

 

            Madame la Duchesse de Bourbon.

            S.te Féconde,

A tous momens conςoit,

Ce que l’amour faisoit,

Le bain le défaisoit;

Ainsy de tout le monde,

Jour et nuit concevoit,

            S.te Féconde.

 

            La jeune Princesse de Conty.                                [60]

            S.te Estourdy.

A tous venans disoit,

De ses amis,

Le mal qu’elle en scavoit,

Peu de sens elle avoit,

Car bien on lui rendoit

En racon tant sa vie;

Mais rien ne corrigeoit.

            S.te Estourdie.

 

            Madame la Duchesse jeune.

            S.te Agacente.

Du sang des demis dieux

Toujours contente,

A faire les doux yeux,

Se fait voir en tous lieux,

D’un souris gracieux,

Sans cesse prévenante,

Pour les jeunes et les vieux.

             S.te Agacente.

 

            La Duchesse d’Albret, la Trimoille.

            S.te Commode.

Se preste à nos besoins,

Et s’accommode,

Sur le plus, sur le moins,

Chez elle point de rang,                                 [61]

Le petit et le grand,

Chacun vit à sa mode

Ce qui fait aimer tant

            S.te Commode.

 

            Madame de Mouchy-forcade, elle est triballe avec la Duchesse de B.

            S.te Commode,

Eut toujours des amans

Fut à la mode;

Des ses plus jeunes ans,

A present à la Cour,

Elle y sert à l’amour,

Elle en garde la porte,

L’on y trouve toujours.

            S.te Commode.

 

            Madame la Duchesse de Saint Simon.

            S.te Sévére.

Nous donne à tous la loy,

Quoique bien fiere;

On l’aime malgré soy,

De l’amour encouroux

Elle peint le dégoust,

Cherchons tous à lui plaire

Qu’elle ne soit plus pour nous,                      [62]

            S.te Sévere.

 

            Mademoiselle d’Armagnac

             S.te Sévere.

Quand on luy fait la cour,

N’escoute guere,

Et coupe toujours court;

Mais elle aura son tour,

Certain marché d’amour,

Signé de pere et mere,

Fera changer un jour.

             S.te Sévere.

 

             S.te Mutine,

Aime dans le discours,

Que l’on badine,

Elle en rit tous les jours,

Des jeux et des amours,

Elle scait les détours;

Tout cela nous anime;

Mais redoutons toujours,

            S.te Mutine.

 

            Madame Savary dite la vieille médaille. Elle est cordeliere de Trone.

            S.te Antique,

Dont je chante le nom,

Encore se pique;                            [63]

Que son minois soit bon;

Mais il n’est plus d’aloy,

Et dés qu’on aperςoit

Cette viele relique

Chacun chante a part soy,

            la S.te Antique.

 

            Madame d’Ancénis, Gorge.

            S.te Coquette.

D’un grand nombre d’amans,

Scait faire emplette

Par ses heureux talens;

Son but au jeu d’aimer,

Est de scavoir charmer,

Sans que pas un lui mette,

Ce qui la fait nommer,

            S.te Coquette.

 

            Madame de Lassy la jeune, Montataire.

            S.te Commode

A fort bien réussi,

Selon la mode,

De la cour d’aujourdhuy,

Elle preste son mary,

Dont on se réjouit,

Et dit qu’il s’accommode.

Je veux mourir ainsy,                                 [64]

            S.te Commode.

 

            Madame de Lassey.

             S.te Commode,

Pour unit deux amans,

Scait la méthode,

D’y pourvoir seurement,

Mais de scavoir comment,

Ce merveilleux talent;

La met fort à la mode,

Chacun va reclamant,

            S.te Commode.

 

            S.te Enfantine,

Quoique sans favory,

N’est point chagrine,

D’avoir un vieux mary,

En vain tous les amours,

S’offrent à son secours,

.........................................

Ils la trouvent toujours,

            S.te Enfantine.

 

            S.te Prudente,

A son ancien amant

Toujours constante,

Se conduit sagement;                       [65]

Car la nuit seulement,

Dans un apartement,

Sans crainte de la Tante,

Se donne du bon tems,

            S.te Prudente.

 

            La jeune comtesse de Tounerre, fille de Madame de Blanzac. On l’apelle la trop tost veuve. Elle naquit à 4. mois de ménage.

            S.te Doucette

Que sa grand Maman,

Dit si parfaite,

S’offre à tous les passans;

Mais son air suffisant,

Son cul maigre et puant,

Sa mine si mincette,

Font refuser souvent,

            S.te Doucette.

 

            La Princesse de Nassau-Mailly.

            S.te Effrontée.

Couroit toute les nuits,

Dans les allées,

En cherchant qui lui fit,

Trouva partout déduit

Dangeau du S.t Esprit,

Dieu qu’elle fut glacée                            [66]

Quand cet homme lui dit,

            Quelle effrontée.

 

            La Marquise de la Valiere-Noailles.

            S.te Efftontée,

Prenant de tous estats

Franche lippée,

Asseure ses esbats,

Princes, Officiers, Prélats,

Grands, petits, maigres et gras,

Autant que son aînée*,                         *Estrées.

Elle aime le tracas,

            S.te Effrontée.

 

            La vieille Princesse de Montauban.

            S.te Justesse,

Faisoit tous ses efforts,

Pour mettre en presse,

Un membre et ses consorts;

L’amant s’escria lors,

Je péris loin des bords,

Serrez moy ma Princesse,

Où  l’on vous nomme à tort,

            S.te Justesse.

 

            La veuve du vieux Marquis de Locmaria.     [67]

            S.te Badine.

A chaque amant disoit,

Que la gésine,

De baiser l’empeschoit;

Mais d’un coup de poignet,

La friponne faisoit,

Si bien roidir l’eschine,

Que partout on fessoit/ festoit,

            S.te Badine.

 

            La Marquise de Nesle – Mazarin.

            S.te Bienaise.

Ne peut être un moment,

Sans qu’on la baise,

C’est son amusement,

Ce n’est qu’en l’eprouvant,

Qu’elle prend un amant;

Son coeur est tout de braise,

Ce qui la rend souvent,

            S.te Bienaise.

 

Epitaphe                       1715                      [69]

du Roy Louis XIV.

 

Icy repose nôtre Roy,

La vieille qui nous fit la loy,

Le Confesseur, et les Finances,

Le pouvoir des deux éminences,

L’orgueil du Pontificat,

Et l’honneur de plus d’un Prélat.

 

Autre

Cy gisent en même Tombeau,

Le grand LOUIS, & les Finances,

Et la Bulle et l’Edit nouveau,

Et de Tellier les manigances;

Mortels qui visitez ce lieu,

Le plus célebre de la France,

Aprenez qu’il faut craindre Dieu,

Et mettre en lui son espérance.

 

Autre

Cy gist nôtre Invincible Roy,

Qui meurt pour un acte de foy.

Il est mort comme il a vécu

Sans nous laisser un quart d’Eseu.

 

Epigraphe                                              [70]

du Roy Louis XIV.

Cy dessous est inhumé

Qui suprimant fut suprimé.

 

Autre

Cy gist au milieu de l’Eglise,

Celui qui nous mit en chemise,

Et s’il eut plus longtems vécu,

Il nous eut fait voir le cu.

 

Autre

Cy gist Louis le petit,

Dont tout le peuple est ravi,

S’il eut vécu moins de vingt ans,

Il eut êté surnommé Louis le Grand.

 

Autre

Cy gist le Grand Bourbon,

Qui ne fut, hélas! que trop bon;

Preservez-le, Seigneur, de l’eternelle flame

Comme il a pris nos biens, daignez prendre son ame.

 

Vers                         1715                             [71]

Sur la mort du Roy.

 

Quoi! parceque LOUIS, et Constitution,

          Gisent tous deux sous même Tombe

Les Jesuittes, dit-on, sont dans l’affliction

          Et leur Ordre à ce coup succombe.

Du contraire pour moy je me sens convaincu,

          Et voicy sur quoy je me fonde;

Tout le monde à présent va leur tourner le cu,

          Ils sont les plus heureux du monde.

 

Epitaphe                           1715                             [72]

du Roy Louis XIV.

 

Cy gist le maître des Impots,

Qui mourut de la gangrêne;

Il en mérita bien la peine,

Ayant rongé son peuple jusqu’aux os.

 

Autre

Cy gist Louis le Fortuné,

Que la Parque vient de surprendre;

On dit que Dieu l’avoit donné;

Mais qu’il n’a pas voulu le reprendre.

 

Autre.

Cy gist qui fut un grand Monarque,

Tandis qu’il vecut icy bas.

Car on le voyant dans sa Barque,

Lui dit, tu ne passeras pas.

Tu mangeois la haut tout le monde,

Reprit-il, d’un ton de travers;

Dans cette demeure profonde,

Tu mangerois tous les Enfers.

 

Epigraphe du même Prince.              1715                 [73]

 

Icy gist, de qui les Edits,

Nous ont tous rendus misérables;

Qu’il aille droit en Paradis,

Et son Conseil à tous les Diables.

 

Autre.

Icy gist le Roy des Impots,

Dont chacun à l’ame ravie

Que Dieu lui donne le repos,

Qu’il nous ôta pendant sa vie.

 

Autre.

Ce gist le Pere des Impots,

Disons lui des Patenotres,

 S’il est en haut pour son repos,

Il y est aussi pour le nostre.

 

Autre.

Cy gist le plus grand de nos Rois,

Qui fut chéry de ses sujets,

Du tems de ses généreux faits.

         Si vox populi, vox Dei,

Il est ailleurs qu’en Paradis.                        [74]

 

Autre.

Cy gist sous ce Tombeau

LOUIS le Grand et ses Finances,

La Bulle et son Edit nouveau.

 

Autre

Cy gist........mais non je me ravise,

Cherchez ce Monarque plus bas,

Le Diable en a purgé l’église

Dés le moment de son trépas.

 

Vers sur le même

A S.t Denis comme à Versailles,

Il est sans coeur et sans entrailles.

 

Entretien                            1715                        [75]

de deux Paysans dans S.t Denis.

 

Aga compere Michau,

Vois-tu dans cette Eglise

Ce grand bouteur d’Impots,

Qui nous laissa que la chemise.

S’il avoit plus longtems vecu

J’aurions montré le cu;

Morgué disons lui une anquienne,

Affin que Dieu par sa bonté

Le boute en lieu de seureté;

Car j’ons trop peur qu’il ne revienne.

 

Vers sur la mort Roy.                  1715                    [76]

A peine nôtre Grand Louis

Est-il gisant à Saint Denis,

Que l’on insulte à sa mémoire.

Peuple ingrat, le pourra t’on croire?

Tant qu’il vécut, vous scavez bien

Qu’il ne voulut que vôtre bien.

 

Autres

Non Louis, n’estoit pas si dur qu’il le parut,

Son trépas nous le justifie,

Puisqu’aussi bien que le Messie,

Il est mort pour nôtre salut.

 

Autres

Enfin l’homme immortel est mort.

Malgré sa superbe devise.

La Parque a terminé son sort,

Pour le bien de l’éstat, et celui de l’église.

 

Autres

LOUIS le Grand par excéllence

Est heureusement trépassé,                   [77]

Ayant en trois ans fricassé

Tout son Revenu par avance;

S’il eut vécut encore deux ans,

Nous eussions passez  par ses Dents.

 

Autres

Aprens nous mon pauvre scaron,

Si Louis à la même flame,

Prés le redoutable Achéron

Qu’il avoit pour ta chere femme.

 

Autres

Pace data Populis moritur, nec pace fruitur.

Pace Deus Regi det meliore frui.

Tam longum est, exquo de fleat funera Gallus,

Humor ab sit oculis ne fleat ille tuum.

 

Epigramme                       1715                            [78]

Sur la mort de Louis XIV.

 

Le Roy Louis tel qu’il fut

Par sa mort nous justifie

Que tout ainsi que le Messie,

Il est mort pour notre salut.

 

Epitaphe                            1715                             [79]

Sur la mort de Louis XIV.

par un Anglois.

 

Hic jacet insignis proedo, concoctor, adulter,

       Hunc magnum triplici dicere jure potes.

 

                      Traduction de l’épitaphe cydessus.

Louis le Grand n’est plus, il est réduit en poudre,

Ô! François répandez l’encens de toutes parts.

Il imita trois Dieux par l’Adultere, Mars,

Mercure par le vol, Jupiter par la foudre.

 

Le Tombeau                    1715                              [80]

du Roy

par Rousseau.

 

France de ton tiran orne ainsi le Tombeau,

                                ou

Au Tiran de la France élevez un Tombeau,

Sur la mauvaise foy fonde/ fondez son Mausolée,

Qu’il s’eleve au dessus armé du noir flambeau,

Dont il brûla jadis l’Europe désolée,

Qu’il y foule à ses pieds un peuple gemissant,

Que pour vertus au coin d’un cercueil/ marbre teint de sang,

Le desespoir, la mort, la disette/ fureur, et la fain

Y voilent leur pâleur de lambeaux funéraires,

Qu’avec la volupté les amours adulteres,

S’empressent d’y graver ses crimes sur l’airain;

Et que la haine y trace en hideux caracteres,

Ce Titre affreux. Cy gist le fleau du genre humain.

 

Si la France au moment que ta course est finie,

Ne pleure point, LOUIS, ne t’en étonne pas.

Ses yeux baignez de pleurs pendant toute ta vie

Se trouvent épuisez au jour de ton trépas.

 

Le Pater                       1715                             [81]

 

LOUIS qui faisoit autrefois

Trembler les Princes et les Rois.

Dans sa vaste puissance,

Nous faisoit avec complaisance,

L’apeller...Pater noster.

 

Qu’est devenu ce nom fameux,

Ce nom même glorieux,

Sous qui trembloit toute la terre

Hélas! pour la paix ou la guerre,

A peine scait on aujourd’huy.

                          Qui est.

 

Tes Alliez et tes amis,

Tes rivaux et tes énnemis,

S’aplaudissent de ton désastre,

Et te regarde comme un astre,

Eclipsé de la terre, In Coelis.

 

Tes pauvres malheureux sujets

Voyent tes ambitieux projets.

En murmurant au fond de l’ame;

Et chacun a l’envy te blâme

Au lieu de dire de ton nom, Sanctificetur.

 

On attend impatiemment,                           [82]

La fin de ton regne accablant,

On en déteste la durée,

Et le plus timoré

Haït et méprise justment, nomen tuum.

 

Quand on parle d’un Marlboroug,

On voudroit servir son joug,

Pour éviter ton dur empire,

Tout ton peuple aprés lui soupire

En désirant tres ardemment; Adveniat.

 

L’on voit avec étonnement

Ton ridicule entestement,

Pour une vieille édentée,                            Madame de Maintenon

Que les Démons ont empruntée

Pour Regnum tuum.

 

Cette mégere d’Enfer,

Qui nous rend ton regne de fer,

Te sceut, si bien mettre à la chaîne,

Que tout ce que veut cette Reyne

Tu lui dit lâchement, Fiat.

 

Ce vieux singe de Démon,

Dispose de tout sous ton nom;

Et comblée de sa victoire,

Sans se soucier de ta gloire,                                [83]

Toste jusqu’à Voluntas tua.

 

Elle te rend si odieux

Par ses Conseils pernicieux,

Qu’on trouvera dans ton histoire,

Qu’elle a terny toute ta gloire,

Et t’a fait mépriser, sicut in coelo & in terra.

 

Tous les jours mille et mille gueux

Deviennent fiers et glorieux,

A la faveur de cette idole;

Et soutenus de sa parole,

Volent impunement, Panem nostrum quotodianum.

 

L’on entend parler que d’Impots,

Levez par ses cruels supots,

Qui jamais lassez de rapine

Crient a cette Proserpine, Da nobis.

 

Tes Généraux si mal choisis,

Tes Mareschaux mouls et transis,

Sont du choix de cette femme,

Qui par une conduitte infame

Nous deshonnorent, Hodie.

 

Ouvre tes yeux à ton malheur,

Devient sensible à ton honneur,                                     [84]

Défais toy de cette sorciere,

Renvoy lui sa condition premiere,

Renvoy là à ses Dindons; Et dimitte nobis.

 

Oste la capitulation

Fais cesser toute éxaction:

Nous te rendrons tous nôtre zele,

Nous t’aimerons d’un coeur fidele,

Prend seulement sur toy, Debita nostra.

 

Fais toy bien moins craindre qu’aimer,

Ne te laisse pas tant charmer,

Par une flaterie;

Sert le vray Dieu sans momerie,

Il t’aimera, sicut & nos.

 

Soit plus fidele à tes Traitez,

N’attente plus aux libertez

De mille nations diverses:

Pour lors nous te dirons, Dimittimus.

 

Soulage ton peuple accablé

Qui de ses voeux t’a comblé,

Tu trouveras dans ses prieres

Qui donnent de la terreur Debitoribus nostris.

 

Regne sur toy même, il est temps,

Tu feras moins de mécontens;

Choisis des Ministres sinceres,

Et de ton peuple sois le Pere.

     Sed libera nos a malo. Amen.

 

Chanson                         1715                               [86]

Sur l’air: Le fils de Gabrielle.

 

Jamais Louis d’Henry quatre,

Ne fut le petit fils;

Lui même alloit combattre

Ses fiers Ennemis;

Louis bornoit ses conquestes à Trianon,

A compter des sornettes

A la Scaron.

 

Vers                             1715                                   [87]

Sur le Roy Louis XIV.

 

Violer la nature aux dépens d’une Armée,

Transporter sur les Monte la seine courronnée,

Forcer l’homme timide a devenir soldat,

Donner droit aux Traitans d’elire un Magistrat,

Abolir la Noblesse, en faire de nouvelle,

Traiter le droit des gens de pure bagatelle,

Enfraindre les Traitez sans honneur et sans foy,

Croire que l’univers n’est crée que pour soy,

Morguer avec mépris tous les Roys de la terre,

D’un long regne passer plus des deux tiers en guerre,

D’avides Maltotiers proteger les rigeurs,

Des ministres cruels ignorer les fureurs,

Se livrer tout entier aux Traitres Loyolistes.                     les Jesuittes

Pis que des Mécroyans, traiter les Rigoristes.                  les Jansenistes

A mil honnestes gens ravir la liberté,

Réduire tous ses peuples à la mandicité,

Des bras d’un tendre époux enlever une femme,

Confondre dans son sang le fruit de cette flamme,

De Métaux recherchez, se dresser un Autel,

Enchaisner les humains aux pieds de l’Immortel,

Au milieu de la paix faire aux hommes la guerre,

Par le fer et le feu en dépeupler la terre.

Accabler sous le poids du rang et de l’honneur

Des Monstres d’un amour dont frémit la pudeur

Avilir tout pour eux, dignitez et naissance;                           [88]

Voila tout ce qu’à fait le héros de la France.

 

Vers                                    1715                                                 [89]

Sur la figure de la Place des Victoires.

 

Quand je vous vois, ne scais à quel propos,

Sur le chef de LOUIS poser cette couronne;

Je ne puis m’empescher de vous dire en deux mots,

Que vous êtes bien bonne.

Qu’à t’il tant fait ce Monsieur le Héros?

Qu’ecraser ses sujets, et n’espargner personne;

Se laisser gouverner par l’antique Scaronne;

Aux gens de bien préférer des cagots;

Aux fripons et aux fats confier les affaires;

Nous laisser pour Bourbons de petits Montespans,

Et vous voulez le couronner de gloire?

Mais non je m’abusois, je vous vois en suspens.

Cadédis! haut le bras Madame la Victoire.

 

                                 ou

Quand je vous vois en l’air poser cette couronne,

Sur le chef de LOUIS, ne scais à quel propos.

Si c’est pour nous railler, ha je vous la pardonne.

Mais qu’à t’il fait? parlez, ce Monsieur le héros.

Il foula ses sujets sans épargner personne,

Se laissa gouverner par l’antique scaronné;

A tous les gens de bien préféra des cagots,

A des fripons, des fats, confia ses Affaires;

Par de honteuses paix finit d’injustes guerres,

Et donna pour Bourbons de petits Montespan;                        [90]

Pour cela vous voulez le couronner de gloire?

Mais non je m’abusois, je vous vois en suspens,

Cadédis, haut le bras Madame la Victoire.

 

Medailles                          1715                                           [91]

de Louis XIV.

 

Au milieu des grandeurs, vainere sa vanité,

Estre un parfait miroir de la divinité,

Du seul bruit de son nom renverser des murailles;

Suspendre pour la paix le cours de ses batailles,

Mesler à ses travaux d’héroïques plaisirs,

Sur la regle des Loix mésurer ses désirs,

Etoufer les erreur et les tenir esclaves,

Captiver les Duels par de justes entraves,

De la seule vérité fidele partisans,

Renverser le désir de l’adroit courtisant,

Mesme à ses ennemis arracher des louanges;

De fierté, de douceur, faire d’heureux meslanges,

Se tenir toujours loin de toute extrémité,

De ses puissans estats bannit l’iniquité,

De concerter lui seul les plus fins politiques,

Connoître leurs détours, et leurs routes obliques,

Estre le ferme apuy de la Religion,

Ennemy du faux zele, et de la passion;

A parer les autels employer sa dépense,

Attirer par ses voeux le bonheur de la France,

Soulager l’indigent dans sa mandicité,

Des captifs pour la foy payer la liberté,

Establir avec soin les plus sages maximes,

Protéger l’Innocent, et réprimer les crimes,

Dépeupler chaque jour l’empire du Démon,                            [92]

N’aimer que les vertus qui sont dans Maintenon,

Mourir en vray héros, en Chrestien, en Monarque,

Du Trosne sans frayeur voir aprocher la Parque;

Voila du Grand Louis les mémorables faits,

Ne mérite t’il pas nos pleurs et nos regrets?

 

Revers de la Médaille

S’elever des Autels, pousser sa vanité,

Jusqu’à prendre le nom de la divinité,

Au mépris des Traitez suspendre des Murailles,

Livrer en pleine paix de perfides Batailles,

Forcer les elémens a servir ses plaisirs,

Sans respecter les Loix, contenter ses désirs,

Traiter ses ennemis comme de vils esclaves,

Leur donner sans raison des fers et des entraves,

Estre l’unique Dieu du fade Courtisans,

Abandonner son peuple au cruel Partisans,

Croire par ses beaux faits mériter des louanges,

Du pur sang des Bourbons faire d’affreux mélanges,

Et pour pousser l’erreur jusqu’à l’extrémité,

N’aimer que les enfans de son iniquité,

Avoir pour confesseur des rusez politiques,

Qui menent les esprits par des routes obliques,

Se jouer hardiment de la Religion,

Ne s’en servir jamais que pour sa passion;                  [93]

Continuer le cours d’une affreuse dépense,

Sans pitié, sans égard pour l’estat de la France;

Réduire ses sujet à la mandicité;

A ceux qui se plaignoient, oster la liberté

Contraindre des esprits a suivre des maximes,

Qui peuvent en vertu, transformer tous les crimes;

Construire un Testament, ouvrage du Démon,

Ou du moins de Voisin, ou de la Maintenon,

Mourir en fils d’Ignace, et non pas en monarque,

Croire qu’un lâche voeu, pourra fléchir la Parque:

Voila du Grand Louis les mémorables faits;

Ne mérite t’il pas nos pleurs, et nos regrets?

 

Vers                               1715                                         [94]

sur ce que l’on ne sonnoit point à Paris, aprés la mort du Roy Louis 14.

 

Tout le monde s’etonne,

Que le Régent du Royaume,

Ne fait point sonner dans Paris.

            La raison! la voicy.

C’est qu’estant econome,

Il conserve la corde,

Pour dans tous les quartiers,

Faire pendre les Maltotiers.

 

Vers                                 1715                                        [95]

Sur la mort de Louis XIV.

 

Le jour que l’Argent diminüe

Le roy Louis finit son sort,

Sa ruse n’est pas inconnüe;

Il a voulu qu’on dise: On perd à sa mort.

 

Autres

 

Le Riy Louis 2. fois 7.

Bourbon le Grand par Lettre 7.

Né das un mois qu’on nomme 7.

Agé d’onze fois 7.

Qu’on chifre par deux sept,

Le premier jour du mois de 7.

Est mort ce Louis deux fois 7.

Dans l’année de 7.

 

Cadédis que de 7! Grand Dieu que de Potences!

Bourbon laisse aprés lui.

Que dis-je, en faut il moins pour délivrer la France,

Des voleurs d’aujourd’huy.

 

Sur le Pere le Tellier                      1715                       [97]

 

Le Révérend Pere Tricorne

En passant disoit d’un air morne;

Il est donc mort Ludovicus?

Nous voila pas mal fichus,

Si nous avons tous fait des nostres,

Si nous en avons fichus d’autres,

On va nous rendre dent pour dent,

Je n’en suis que trop convaincu,

Car je scais bien dés a present

Que nous en avons dans le cu.

 

Vers                         1715                             [98]

Sur le Roy Louis quinze.

 

On rime bien sur sept et pourquoi pas sur quinze?

Allons faisons des vers, mais n’e faisons que quinze.

Ce fut en sept cent dix, en Fevrier le quinze

Que le Roy vint au monde, il regne en sept cent quinze,

Formons des voeux pour lui multipliez par quinze,

Plût à Dieu que sa vie passe quatre vingt quinzem

Qu’il ait des descendans plus de quinze fois quinze,

Que son sang regne encore des siecles plus de quinze,

Que le dernier vingt cinq revienne au dénier quinze,

Que de quinze Traitans on en suprime quinze,

Et qu’ainsi par Mentor plus habile que quinze,

Bientost l’estat remis en vaudra plus de quinze,

Et chacun bénira Philippe et Louis quinze.

 

Vers                              1715                            [99]

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Omnia fecit spargendo largiter aurum.

Armis pauca; dolo plurima jure nihil.

 

Il fit tout par argent, beaucoup par artifice,

Tres peu par la valeur, et rien par la Justice.

 

Contre les Chefs des Financiers.          1715            [100]

 

Qu’a Castel il soit deffendu,

De penser Rebours le cocu,

De l’une et l’autre chaudepisse;

Que tout pouri, tout vermoulu,

Portant ecriteau de son vice,

Ayant toujours la galle au cu,

Sur un fumier ce gueux périsse.

 

Que le Biffi soit confondu,

Que pour apaiser la justice,

Du Dieu que le traitre a vendu;

Malgré sa Robe d’Ecrévisse

Soumis à son prieur tondu,

Torche au poing il aille a l’office.

 

Que le des Maretz soit pendu,

Que le Berry dans l’or fondu,                   Malon

Satisfasse son avarice,

Et que malgré l’horreur de son suplice,

Il meure apres l’avoir rendu.

 

Vers                         1715                          [101]

Par Harouet.

 

Tristes et lugubres objets!

J’au veu la Bastille et Vincennes,

La Chastelet, Bicestre, et mille prisons pleines,

De braves citoyens, de fideles sujets;

J’ay veu la liberté ravie;

De la droite raison la regle peu suivie:

J’ay veu le peuple gémissant,

Dans un rigoureux esclavages;

J’ay veu le soldat rugissant

Crever de faim, de soif, de dépit et de rage;

J’ay veu les sages contredits,

Leurs remontrances inutiles:

J’ay veu des Magistrats vexer toutes les villes,

Par des criants Impôts, et d’injustes édits:

J’ay veu sous l’habit d’une femme

Un Démon nous faire la loy;

Elle sacrifia son Dieu, sa foy, son ame,

Pour séduire l’esprit d’un trop crédule Roy;

J’ay veu cet homme épouvantable,

Ce barbare enemi de tout le genre humain

Exercer dans Paris, les armes à la main,

Une Police abominable:

J’ay veu les Traittans impunis:

J’ay veu les gens d’honneur persécutez, banis;

J’ay veu même l’erreur en tout lieu triomphante,            [102]

La vérité trahie, et la foy chancelante;

J’ay veu le lien saint avili,

J’ay veu Port Royal démoli;

J’ay veu l’action la plus noire

Que puisse jamais arriver,

Tout l’eau de l’occean ne pourroit la laver,

Et nos derniers neveux auront peine à la croire;

J’ay veu dans ce séjour par la grace habité

Des Sacrilegues, des Profanes,

Remuer, tourmenter les Mannes,

Des Corps marquez du sceau de l’Immortalité,

Ce n’est pas tout encore: J’ay veu la Prélature

Se vendre, et de venir le prix de l’imposture:

J’ay veu de saints Prélats de venir la victime

Du feu divin qui les anime

O tems! O moeurs! J’ay veu dans ce siecle maudit

Ce Cardinal l’ornement de la France,

Plus grand encore plus saint que l’on ne dit

Ressentir les eforts d’une horrible vengeance;

J’ay veu l’hipocrite honnoré;

J’ay veu, c’est dire tout, le Jesuite adoré,

J’ay veu ces maux sous le regne funeste,

D’un Prince que jadis la colere céleste

Accorda par vengeance à nos désirs ardens.

J’ay veu ces mau, et je n’ay pas vingt ans.

 

Centurie                             1715                                 [103]

1504 de l’Impression de Valence 1569        

 

Quand par Ormus viendront gens de passage.

En l’autre obscur, ita le vieux Lion*,                     *Louis XIV.

Sera de l’Orleans* fait grand usage                       *Regent du Royaume.

Et d’icy Bastard la punition.

 

Epigramme                       1715                                  [104]

Sur le Roy Louis XIV.

 

Ce Monarque fameux adoré dans Versailles,

Fut l’auteur innocent de nos calamitez;

Il chérissoit son peuple, il estimoit Noailles,

Qu’il a tous deux persécutes;

Plus grand par sa vertu, que par son Diadême,

Il eut êté parfait s’il eut vécu par lui même:

Sa mort de tout Paris, fait l’unique entretien,

Gémissant des malheurs où la France est reduitte;

Il est mort ce Monarque, en héros, en Chrestien,

Quoiqu’entre les bras d’un Jesuitte.

 

Discours                         1715                        [105]

prononcé par M.r de S.t Port Avocat général au grand conseil, à Vincennes en Septembre 1715. lorsque le Grand Conseil y alla rendre ses devoirs au Roy.

 

Sire,

Nous nous presentons au Trosne de V.re M. pour y renouveller le Serment de nostre fidélité. Nous espérons revoir en vous la sagesse de Mgr le Dauphin, vôtre pere, la mansuétude de vôtre Ayeul, et la gloire du feu Roy vôtre Bisayeul, à qui vous succedez. Les exemples du Prince Régent raniment déja leurs cendres, la Sagesse formera votre coeur, et Dieu fera le reste.

 

Chanson                                  1715                                          [106]

Sur l’air: de Joconde.

Sur Louis quatorze.

 

Pour paroître au grand Tribunal,

                  Enfin Louis déloge,

Bien des gens en disent du mal,

                  Et peu font son éloge;

Pour laisser ses mannes en paix

                  Je ne veux rien escrire,

L’honneste homme ne doit jamais

                  Ni mentir ni médire.

 

Chanson                                  1715                                          [107]

Sur le Dies irae.

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Il est donc mort ce Grand Bourbon,

Regretté de la Maintenon,

De le Tellier, et de Fagon.

 

Vous ses sujets la larme à l’oeil

Regardez ce Prince au Cercueil,

Et de sa mort portez le deuil.

 

Il nous laisse à tous en mourant

De quoy plus amerement,

Puisqu’il nous laisse sans argent.

 

Mais cherchez, vous entrouverez

Dans la bourse de des Maretz,

Et de gens comme Bourvalais.

 

Faites de génereux efforts,

Pour enfoncer leurs Coffres forts,

Puis pendez au gibet leurs corps.

 

Que des Maretz soit écorché,

Et par menus morceaux tranché,

Personne n’en sent faché.

 

Mettez le Tellier in pace,

Que Fagon soit récompensé,

Il a le Royaume sauvé.

 

Sans cet ignorant médecin

Qui de Louis fut l’assassin,

Nos maux auroient duré sans fin.

 

Or prions tous le Roy des Rois

Que jamais l’Empire François

Ne tombe sous des dures Loix.

 

Que le Régent doux et benin

Inspire à son petit Cousin

D’estre juste, paisible, humain.

 

Et pour qu’il pratique cela,

Qu’aucun Enfant de Loyola,

N’aproche de ce Prince là.

 

Chanson                                  1715                                          [109]

Sur l’air: Oh reguingué.

Sur la mort du Roy LOUIS quatorze.

 

Or aprenez peuple Francois,  bis

La mort du plus grand de nos Rois;

Oh reguingué, oh lonlanla,

Je vais vous conter la maniere

Dont il a fini sa Carriere.

 

D’un mal tres dangereux atteint,  bis

Il apella son Médecin,

Oh etc.

Mais las! pour ce pauvre Monarque,

Mieux eut valut mander la Parque.

 

Cet Esculape malencontreux,  bis                               Fagon.

Cet Esope monstreux;

Oh etc.

Pour conserver si chere teste,

Fit assembler mainte autre beste.

 

De leur homicide sabat,

Patience, est le résultat.

Oh etc.

Cependant du malheureux sire,

Le mal a chaque instant empire.                        [110]

 

Sentant donc son mal aggraver, bis

Sa conscience il veut laver;

Oh etc.

Et pout la nettoyer bien vûe,

L’humble le Tellier le visite.

 

Sire, dit il, premierement, bis

Ne devez vous rien? non vraiment.

Oh etc.

Des Marets qui bien me séconde,

Dit qu’il a payé tout le monde.

 

Des amours de la Montespan, bis

Mon coeur, mais en vain, se repent,

Oh etc.

Toujours malgré sa repentence,

Je sens remords de conscience.

 

Rasseurez vous, dit le Docteur, bis

Cela n’est rien, sur mon honneur.

Oh etc.

Ne l’avez vous pas bien payée?

Ouy la faute est donc pardonnée.

 

Mais du le Roy, pour Maintenon

Dois-je l’epouser tout de bon?                         [111]

 

Oh etc.

Non certes, répondit le Pere;

Jamais vous ne la fites mere.

 

Donnez moy l’absolution, bis

Ah de la Constitution.

Oh etc.

Dit le faux saint, rendez mon maître,

Et ce Prélat envoyez paître.                          Noailles

 

Sans cela point de Paradis, bus

Et de par Dieu je vous le dis.

Oh etc.

Sire pour une bagatelle,

Ne perdez la gloire éternelle.

Hé bien reprit le grand Bourbon, bis

Soit mon pere, j’y consens donc.

Oh etc.

Taillez, rongez, à votre zele,

Je remets la sainte querelle.

 

Aux Bénéfices même encore, bis

Vous nommerez aprés ma mort.

Oh etc.

Donnez-les à vôtre ordinaire,

A gens d’une vie exemplaire.                          [112]

 

Il harangua d’un soin égal, bis

Tous les Princes du sang Royal.

Oh etc.

Mesme le Dauphin en personne,

En Maintenon la toute bonne.

 

Je meurs, dit il, car tout prend fin, bus

Vous Prince, parlant au Dauphin.

Oh etc.

Vivez, imitez vôtre Pere,

Regnez en paix, jamais en guerre,

 

Vous Monsieur le Duc d’Orleans, bis

Pour mon fils, Régentez céans.

Oh etc.

Des Maretz, je vous recommande,

Homme de probité tres grande.

 

Et vous cher objet de mes voeux, bis

Je vous fais mes derniers adieux.

Oh etc.

Louis vous regrette mignonne,

Bien plus qu’il ne fait sa couronne.

 

Vous tous, Princes petits et grands, bis                     [113]

Soyez amis en tous les tems.

On reguingué, oh lonlanla.

Vous êtes tous parens, je pense,

Vivez en bonne intelligence.

 

A temps se tut le Potentat, bis

Ayant si bien reglé l’estat.

Oh etc.

Qu’on diroit veur son indigence,

Qu’en ce jour il a pris naissance.

 

Deux ou trois jours aprés cela, bis

Un Empirique le traita

Oh etc.

Mais que l’heure ou non soit venüe,

Comme bourreau Médecin tüe.

 

Or voila notre bon Roy mort, bis

Priez donc pour lui Dieu bien fort,

Oh etc.

Qu’il lui fasse miséricorde,

Et place à son ame il accorde.

 

Mais priez-le aussi d’un grand coeur, bis

Qu’au Médecin, au Confesseur.

Oh etc.

Il donne pour leur récompense                         [114]

Dedans l’enfer pleine indulgence,

 

Toujours cependant sous son nom, bis

L’on publie édits sans faςon.

Oh reguingué, oh lonlanla;

Mais s’il n’en avoit rendu d’autres,

Il seroit au rang des Apostres.

 

Chanson                             1715                              [115]

Sur l’air: La faridondaine, etc.

 

Quel prodige surnaturel.

En ces lieux ca paroistre!

Que vois-je! c’est l’homme immortel,

Qui veut cesser de l’estre;

Tremblez au peuple de Sion!

La faridondaine, la faridondon,

Plus d’un malheur je vous prédis, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

La mort se presente à ses yeux,

Sous une autre Couronne;

Je le vous qui fait ses adieux

A sa toute Mignonne.                              la Maintenon.

Je meurs, dit il, c’est pour raison;

La faridondaine etc.

Vous serez Reine à S.t Denis, biribi

A la faςon etc.

 

Il se tourne vers le Dauphin,

Et lui tient ce langage:

Mignon je vous laisse à la fin,

Un charmant héritage,

Profitez-en car il est bon;

La faridondaine etc.

Depuis la paix, tout y fleury, biribi,                           [116]

A la faςon etc.

 

Ensuitte il parle à son neveu,                                     le Duc d’Orleans

Et lui dit ce qu’il pense,

Je meurs content, puisque dans peu,

Vous aurez la Régence,

Mon Testament vous en fait Don;

La faridondaine etc.

Mon dernier Codicile aussi, biribi

A la faςon etc.

 

Tellier sans se faire apeller,

S’en aproche avec zele,

Si vous voulez, dit il, aller,

A la gloire éternelle,

Laissez-moy la commission,

La faridondaine etc.

De remplir vos devoirs icy, biribi,

A la faςon etc.

 

Le Roy répond, je le veux bien,

Nominez aux Bénéfices,

Je vous connois homme de bien,

Sans fraude et sans malice.

Ah! Sire que vous êtes bon;

La faridondaine etc.                                     [117]

Dit ce Confesseur attendry, biribi,

A la faςon etc.

 

Voyant toute la Cour en pleurs,

Il parle et la console:

Adieu pour toujours, je meurs,

Car je perds la parole.

Alors se tait le grand Bourbon.

La faridondaine etc.

Laissant a penser bien de lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Franςois préparez-vous au deuil,

Je le vois, il expire,

Il entre enfin dans le cercueil,

En héros qu’on admire;

Plongez-vous dans l’affliction,

La faridondaine etc.

Puisque vous perdez tout en lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Je vois Phillipe au Parlement,

Demander la Régence;

Deut-il y paroistre charmant,

Il n’aura rien, je pense;

Car suivant ma prédiction;

La faridondaine etc.                                      [118]

Le Testament sera suivi, biribi,

A la faςon etc.

 

Peuples courrez voir en pleurant,

L’homme de Diogene,

La mort en son char triomphant,

A Saint Denis l’emmene;

Que de filles se souviendront,

LA faridondaine etc.

D’avoir veu son convois de nuit, biribi,

A la faςon etc.

 

Hélas! falloit-il qu’il mourut;

Ce Prince tant aimable,

Son zele pour nôtre salut,

Estoit inconcevable;

Avec la Constitution,

La faridondaine etc.

Il nous menoit en Paradis, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Sa sagesse et son équité,

Brilleront dans l’histoire,

Par lui le mérite exalté

En publiera la gloire;

Et du Pérou jusqu’au Japon;

La faridondaine etc.                                    [119]

On ne parlera que de lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Si vous êtes chargez d’Impôts,

Il n’en êtoit point cause;

Il désiroit vôtre repos

Pouvoit-il autre chose?

Vous lui faisiez compassion,

La faridondaine etc.

Il songeoit plus à vous, qu’à lui, biribi,

A la faςon etc.

 

Vous alliez vivre tous heureux

Dans une paix profonde,

Son ardeur à combler vos voeux,

L’auroit rendu féconde;

C’estoit là son ambition,

La faridondaine etc.

Mais voila vôtre espoir détruit, biribi,

A la faςon etc.

 

Il eut, sensible à vos besoins,

Fait regner l’abondance,

Il eut rétablit par ses soins

Bientôt la confiance;

Il y travailloit tout de bon;

La faridondaine, la faridondon,                          [120]

Avec des Maretz et Bercy, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [121]

Sur l’air: la faridondaine.

Sur le Roy Louis XIV.

 

Passant cy gist Louis le Grand,

Qui fit plus qu’Alexandre,

Quand il mourut ce Conquérant

N’avoit plus rien a prendre;

Hommes, femmes, filles et garçons,

La faridondaine, la faridondon;

Dites De profundis pour lui biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [122]

Sur l’air: la faridondaine etc.

 

La Scaron a dit à Madot,

Mettez dans vous louanges,

Que LOUIS s’en va tout de got,

Coucher avec les Anges;

Le Tellier est sa caution;

La faridondaine, la faridondon,

Pour le flanquer en Paradis, biribi,

A la façon de barabarie mon amy.

 

Il fit son quatrieme voeu,

Estant en défaillance.

Tellier dit, vous tromperez Dieu,

Avec nôtre nuance;

D’Ignace emportez le Cordon,

La faridondaine etc

Car on n’en voudra plus icy, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Chanson                                  1715                                          [123]

Sur l’air: O filij et filiae.

Sur la mort de Louis quatorze.

 

Enfin ce grand jour est venu

Que nous avons tous attendu

Pour Louis chantons Libera.

                  Alleluia.

 

Le Tellier et ses adhérans,

Des gens de bien cruels tirans,

Vont tenir ailleurs leur Sabat.

                  Alleluia.

 

Des lâches Rohan et Bissy,

Qui le Pape ont si bien servy;

Jamais on ne se servira,

                  Alleluia.

 

Le Nonce va, non sans chagrin,

Reporter au Prélat Romain,

Son torchecul plein de caca,

Alleluia.

 

Par l’avis du Prélat vanté

A qui tout alloit être osté,                                 [124]

Desormais tout on donnera.

                 Alleluia.

 

Dedans Saint Cir la Maintenon,

Va se renfermer ce dit on;

Mais sa cassette on vuidera.

                  Alleluia.

 

Les Traittans vont être chassez,

Quand on les aura bien taxez,

S’ils ne payent, on les pendera,

                  Alleluia.

 

Des Maretz avec de Bercy,

Si vox populi, vox Dei,

A la potence dansera;

                  Alleluia.

 

La pauvre Caisse des Emprunts,

Qu’ils mettoient au rang des defunts,

Dedans peu ressuscitera.

                  Alleluia.

 

Malgré le cruel Partisant

En paix le pauvre Paysan,

S’il a semé recueillera;                               [125]

                  Alleluia.

 

Enfin le grand Duc d’Orleans,

N’aime que les honenstes gens,

Oh le bon Régent que voila;

                  Alleluia.

 

Les Jesuittes et les Financiers,

Sont devenus tous éscoliers;

Nôtre Régent les fouëtera.

                  Alleluia.

 

Chanson                     1715                          [126]

Sur l’air: La faridondaine etc.

Sur le Roy Louis quatorze.

 

Sur les bords de l’Acheron,

L’Invincible Monarque,

Croit fierement à Caron;

Hé! qu’on prépare la Barque.

Ne parlez plus si haut Bourbon

La faridondaine, la faridondon

Icy vous serez obeï, biribi,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Votre nom m’est assez connu,

Dit le Pilote sombre,

Entrez vôtre tour est venu,

Je vais passer vôtre ombre;

Venez-vous combattre Pluton?

La faridondaine etc.

Parlez vous serez obeï, biribi,

A la faςon etc.

 

Estoit-ce vôtre intention

De laisser à la France?

Avec la Constitution

Le repos, l’abondance;

Pauvre Louis, ah! voyez donc;                     [127]

La faridondaine etc.

Comme vous avex réussi, biribi,

A la faςon etc.

 

Puis donc que tu connois mon nom,

Du Louis téméraire,

Garde pour un autre sermon,

Qui pourroit me déplaire,

Je t’offre mon affection;

La faridondaine etc.

Caron lui dit un grand mercy, biribi,

A la faςon etc.

 

Ose-tu bien railler un Roy?

Dit Louis en colere,

Ont quoique mort, donne la Loy

Aux deux bouts de la Terre;

J’y regne dans les coeurs, dit-on;

La faridondaine etc.

Caron lui dit tout comme icy, biribi,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Chanson                           1715                  [129]

Sur l’air des Pendues

Sur le Roy LOUIS quatorze

 

Or escoutez mes chers amis

Le tres véritable récit,

L’Histoire de notre Monarque;

Et vous jugerez si la Parque,

A bien, ou mal fait de trencher,

La trame d’un Prince si cher.

 

Son pere le Roy des Franςois,                           Louis XIII.

Tous les jours faisoit des souhaits,

Pour que la Reyne vint enceinte,

Y prioit les Saints, et les Saintes;

Le Cardinal prioit aussi,                                      Le Cardinal Mazarin.

Et beaucoup mieux y réussit.

 

Au bout de neuf mois vint au jour,

Un petit enfant de l’amour,

Avec des Dents longues et belles.

Lors on consulta son estoille,

Et dés ce tems là l’on prédit

Qu’il mangeroit grands et petits.

 

D’abord sur ses mamans testons

S’exerςca ce maître glouton,                               [130]

Et leur montra ses Dents cruelles:

Il leur déchiroit les mamelles;

Chacune d’elles le quitta,

Puis une Louve* l’alaita                         *Perrette du Four, femme de M. Ancelin, pere et mere                                                                 de l’Evesque de Tulle. Elle ressembloit à une Louve.

 

Quand il commenςa de regner,

Il auroit deu se faire aimer;

Pour démentir la prophétie;

Mais elle n’est que trop accomplie,

Car il n’a cessé de ronger,

Et nous faire tous enrager.

 

Nous lui prêtames nôtre Argent,

En beaux Louis, et beaux écus blancs;

Croyant qu’il seroit honneste homme;

Mais nous scavons a present comme,

S’est être fou de s’affier

A gens que l’on ne peut coffrer.

 

Il nous vendit de ses Billets,

Qu’il disoit être bons effets,

Pour avoir cours dans le Commerce,

Pour en payer toutes ses dettes;

Mais a present ce beau papier

Ne peut servir qu’à s’essuyer.

 

Les uns le nomment Louis le Grand,                 [131]

Et d’autres Louis le Tiran,

Louis le Banqueroutier, Louis l’injuste,

Et c’est raisonner assez juste;

Car n’eut autre raison jamais,

Qu’en disant, voulons et nous plaist.

 

Ce Prince n’avoit pas pourtant,

Le coeur dûr comme un Diamant;

Car il aimoit la Damoiselle,

Quand il avoit jeune cervelle;

Puis êtant devenu barbon

Il prit la veuve de Scaron.                      la Maintenon.

 

Le Confesseur qui le scavoit,                 le Pere le Tellier.

Pour pénitence lui donnoit,

D’exterminer les Jansénistes,

Dont en poche il avoit la Liste;

Et chaque péché pardonnoit

Pour une Lettre de Cachet.

 

En deux mots voicy le portrait,

De ce Directeur si parfait;                      le Pere le Tellier

Cet homme qui passe sa vie,

De Jesus en la Compagnie;

Mais je crois bien qu’il le trahit

Car il a l’air de l’antéchrist.

 

Ȏ la plaisante invention!

Que cette Constitution;

Elle êtoit pleine d’indulgence,

Elle exemptoit de pénitence,

Louis y avoit tant de foy,

Qu’à tout moment il la baisoit.

 

Ce Prince ayant regné longtems,

Malgré nous, et malgré nos dents;

Fut attaqué de maladie,

Qui ménaςoit beaucoup sa vie;

Il regarda venir la mort

Comme feroit un esprit fort.

 

Il composa dedans son lit,

Le dernier tome des Edits;

Il regla toute la Finance

De ce pauvre peuple de France;

Tous ses Billets il retira,

Et c’est ainsi qu’il s’aquitta.

 

On fit venir des Medécins,

Mais soit qu’ils ny connussent rien,

Ou que par esprit de prudence,

Voulussent en délivrer la France,

Ils l’ont mis dans le monument,

A nôtre grand contentement.

 

Aussitost son trépassement,                    [133]

On l’ouvrit d’un grand ferrement,

On ne lui trouva point d’entrailles.

Son coeur êtoit pierre de Taille,

Son esprit êtoit tres gâté

Et tout le reste gangrené.

 

Avec la Constitution,

Son coeur enfermé dans du plom,

Fur envoyé chez les Jesuittes

Par un beau trait de politique,

De droit il leur apartenoit,

Et puis personne n’en vouloit.

 

Sitoist qu’il fut enseveli

On le porta à Saint Denis,

Sans pompe, et sans magnificence,

Afin d’eviter la dépense,

Car à son fils il n’a laissé,

Pas de quoy se faire enterrer.

 

Or prions le doux Jesus Christ,

Qu’il envoye au devant de lui,

Ses Anges rangez en Bataille;

Car on asseure que le Diable,

Le regardant comme son bien,

Doit l’enlever sur le chemin.

 

Triolet                     1715                                          [134]

Sur le Roy LOUIS XIV.

 

Cy gist le Grand Roy des Impots,

Des Maltotiers amy fidelle;

Il est mort pour nôtre repos;

Cy gist le grand Roy des Impots,

Il nous a rongé jusqu’aux os,

Et tout pris dans nôtre escarcelle.

Cy gist le grand Roy des Impots.

Des Maltotiers l’amy fidelle.

 

Chanson                                  1715                                          [135]

Sur l’air: Il a batu son petit frere.

Sur le Roy Louis XIV.

 

L’abominable Banqueroute,

Que Louis fait dans sa déroute

Va charger la Barque à Caron;

Il meurt si gueux dans son vieil âge,

Qu’on craint que la veuve Scaron,

N’ait fait mauvais mariage.

                                                      Ou

L’épouvantable Banqueroute,

De Louis le Grand dans sa déroute,

Surcharge la barque à Caron;

Et des survivans le plus sage,

Dit que la veuve de Scaron,

A fait un mauvais mariage.

 

Requeste                            1715                                [137]

presentée à Monseigneur le Duc d’Orleans par les Dames Harangeres.

                  On la dit être de du Freny.

 

Les Harangeres de Paris,

Plus maîtresses que leurs maris;

Viennent faire la révérence.

Au nouveau Régent de la France,

Phillipe grand Duc d’Orleans,

Que Dieu vous conserve longtems;

Nous ne pouvons assez vous dire

La joye que nous avons, beau sire,

D’aprendre que le Parlement,

Aye cassé le Testament,

Qui vous ôtoit une Régence

Que le mérite et la naissance,

Vous donne, et que d’un avis,

Nous demandions au bon saint Louis.

Il nous exauce, dont Dieu grace,

Et vous allez tenir la place

Pendant longtems de nôtre Roy,

Et vous nous donnerez la Loy.

Quand nous pensons à vos largesses,

Et considérons vos promesses,

Il semble que vous ramenez

Les siecles d’or tant renommez.

Vous avec commencé grand Prince.

Par voir l’homme de la Province,             [138]

Vaut mieux dire de l’univers,

Qui mérite les plus beaux vers;

Vous avez veu le Saint Noailles,

Vous rafraichissés nos entrailles,

Recevant bénédiction

D’un Prélat dont l’attention

A gouverner son Dioceze

Nous à tous ravi d’aise.

Si vous prenez nôtre conseil,

Cet Archevesque sans pareil

Donnera tous les bénéfices;

Et vous aurez des éscrévisses.

Truites vives, et saumons frais

Si vous renvoyez des Maretz,

Avec sa bande Satanique,

De Partisans, dont la boutique

Gagne plus en un seul moment,

Que nous toutes pendant cent ans;

Que vous trouverez de ressource

Dans leur abominable bourse

Pour payer la Caisse d’Emprunt,

De vôtre cher Oncle defunt,

Et mainte autre tres grosse dette,

Pour laquelle chacun s’inquiette

Nous esperons que Dieu aydant,

Par vos bons soins vous ferez tant,

Que bientôt nous serons tous quittes,                     [139]

Et des Impots et des Jesuittes,

Excepté Pere du Trevous

Qu’aimerons pour l’amour de vous,

Et pour les conseils tres utiles;

Qu’il donne à vos illustres filles,

Quoiqu’on dise que quelque fois

Il hausse le ton de sa voix.

Ne voulant qu’aucune Princesse

Lise le Canon de la Messe;

Mais passons cet article là,

Et croyons que malgré cela

Il est homme à bonne doctrine,

Et n’est pas de ceux de la Chine,

Et bien moins de ceux de Paris

Qui sont tombés dans le mépris,

Mais laissons là tous ces bons Peres,

Qu’ils racommodent leurs misteres

Qui sont un peu trop éventés.

S’ils ont recours à vos bontés,

Et qu’ils proscrivent leur doctrine,

Alors faites leur bonne mine,

Comme on fait à Saint Nicholas,

Nagez, et ne vous y fiez pas.

Bientôt vous ferez faire gille

A ceux qui sont à la Bastille

Pour n’avoir d’autre iniquité,

Que d’avoir dit la vérité.                      [140]

Tout les Notaires de village

Apréhendent vôtre langage.

Ainsi que tous les chicaneurs

Abusez par les Procureurs,

Tous les aprobateurs de Livre,

Ausquels Voisin donnoit à vivre,

Gabellistes, Agioteurs,

Avec tous les méchans auteurs,

Comme les Traisneurs de rapiere,

Qui mettent les gens dans la biere,

Par vous seront bientost bannis,

Ou plustôt seurement punis.

Nous vous demandons une grace,

De faire chasser de la place

A force de gros nerfs de boeuf

Tous les Chansonneurs du Pontneuf,

Dont les Chansons impertinentes

Gatent l’esprit de nos servantes,

Dont le naturel est enclin

D’allez chez Dame Pataclin,

Et si vous purgez les guinguettes,

De toutes sales amourettes,

Cette Dame de grand pouvoir

Sera seule dans son manoir,

Et la grande salpétriere

Ne sera plus qu’un cimetiere,

Et le Compere d’Argenson                                  [141]

S’occupera dans sa maison,

Non plus à poursuivre le vice;

Mais à nous rendre la justice,

Et par là Paris sera net,

De Coësse blanche, et vert bonnet.

Mais pour le bonheur de la France.

Il faudra donner la Finance

Au Religieux d’Aguesseau,

Auquel réservons un vaisseau,

De la plus charmante marée;

Si mieux vous ne voules qu’Astrée;

Pour récompenser ses travaux,

Lui y confie bientôt les Sceaux.

Alors Madame la Justice

Confisqueroit le pain d’éspice,

Et l’on verroit fleurir l’éstat,

Sous cet Illustre Magistrat,

Prione vôtre Altesse Royalle

De passer un jour par la Halle,

Et vous aurez asseurement

Un magnifique compliment.

 

Chanson                                  1715                                          [142]

Sur l’air: Mr le Prevost des Marchands.

Sur N….. de Quiqueran de Beaujeu, Evesque de Castres qui a fait l’Oraison funebre de Louis XIV à St Denis. Il avoit êté autrefois P. de l’Oratoire à Paris, et sorti de la Maison St Honoré parce qu’on ne vouloit pas lui accorder une Chambre à cheminée.

 

Ce grand Prélat en Orateur,

Qui dans le Stile adulateur,

Passe pour un homme célèbre,

S’est fait siffler de l’auditeur,

Dans sa longue Oraison funebre,

Comparant Louis au Sauveur.

 

Pour moy je trouve dans sa mort,

Avec Jesus un grand raport;

Et le Censeur mérite blâme,

De siffler la comparaison,

Puisqu’on voit plus d’une Ste Ame,

A sa mort sortir de prison.

 

Epitaphe                       1715                          [143]

Sur le Roy Louis XIV.

Cy gist le Roy Louis le Grand,

Il avoit le coeur d’Aléxandre,

La mort n’a pris ce Conquérant,

Que quand il n’eut plus rien a prendre.

 

Autre

Cy gist l’Idole de la France,

Et l’ennemi de son repos;

Il fut un gouffre de finance,

Et l’azile des Impots.

 

Autre

Cy gist le Roy des Maltotiers,

Le Partisan des Usuriers,

L’Esclave d’une indigne femme,                      la Maintenon

L’énnemi juré de la paix.

Ne priez point Dieu pour son ame,

Un tel monstre n’en n’esut jamais.

 

Chanson                   1715                          [145]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Nous avons perdu LOUIS,

Vraiment ma commere ouy.

Il a finy sa carriere,

Vraiment ma commere voire,

Vraiment ma commere ouy.

 

Les Présidens sont assis,

Vraiment etc.

Princes, Ducs et les Pairs;

Vraiment etc.

 

Tous les Conseillers aussy.

Vraiment etc.

C’est pour quelque bonne affaire;

Vraiment etc.

 

Scais tu de quoi il s’agit?

Vraiment etc.

C’est un Régent qu’on veut faire,

Vraiment etc.

 

C’est Phillipe Dieu mercy,                           Duc d’Orleans

Vraiment etc.

Ce Prince est fort débonnaire,                    [146]

Vraiment etc.

 

Ma foy il vaut bien Louis,

Vraiment etc.

Il fera mieux nos affaires,

Vraiment etc.

 

On dit qu’il a établi

Vraiment etc.

Six Conseils pour les Affaires.

Vraiment etc.

 

Pontchartrain en sera t’il?

Vraiment etc.

Il portera l’écritoire,

Vraiment etc.

 

Des Marets en est aussi,

Vraiment etc.

Il netoyera la poussiere,

Vraiment etc.

 

Le Tellier viendra t’il?

Vraiment etc.

Pour travailler aux carrieres,

Vraiment etc.

 

Reverons nous Jouvency,                      [147]

Vraiment etc.

Pour le conduire aux Galeres,

Vraiment etc.

 

Les Peres ont bien du crédit,

Vraiment etc.

Comme j’en ay par derriere;

Vraiment etc.

 

Chassons donc hors de Paris,

Vraiment etc.

Cette engeance de vipere,

Vraiment etc.

 

Que ferons nous de Bissy?

Vraiment etc.

Jettons-le dans la riviere,

Vraiment etc.

 

Le Rouge et Tournelly,

Vraiment etc.

Ont donné du nez en terre,

Vraiment etc.

 

Certain Prélats aujourd’huy,

Vraiment etc.

S’en sont allez par derriere,                            [148]

Vraiment etc.

 

Ce sont tous les énnemis,

Vraiment etc.

D’un saint Prélat qu’on révére                                  Noailles.

Vraiment etc.

 

Les differents sont bannis,

Vraiment etc.

On en perdra la mémoire.

Vraiment etc.

 

Nous lirons donc sans soucy,

Vraiment etc.

La Bible, et les Saints Peres,

Vraiment etc.

 

Et Quesnel reviendra t’il?

Vraiment etc.

Nous lui ferons bonne chere,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                       1715                             [149]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Or te voicy donc icy?

Vraiment ma Commere ouy.

Tout va t’il bien ma Commere?

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Scais tu qu’on vient d’etablir?

Vraiment etc.

Six Conseils, un pour la guerre.

Vraiment etc.

 

Un pour la Finance, et puis, etc.

Un pour les Affaires éstrangeres.

Vraiment etc.

 

Un gros lourdeau est banny,

Vraiment etc.

C’est Pont chartrain sans mistére,

Vraiment etc.

 

Le des Marets l’est aussi,                             

Vraiment etc.

Le Voisin loin n’ira guere,

Vraiment etc.

 

Que faut il faire à Bercy?                         [150]

Vraiment etc.

Chasses-le à coup d’estrivieres.

Vraiment etc.

 

J’allons vivre sans soucy,

Vraiment etc.

Et nous aurons de quoi boire,

Vraiment etc.

 

Doit-on pendre Jouvency/ Proscrira t’on Jouvency

Vraiment etc.

Et le Tellier son Confrere,

Vraiment etc.

 

Hardouin sera fléuri,

Vraiment etc.

Comme aux droits des Rois contraire (1)

Vraiment etc.

 

Nous gardenta l’on Bissy?

Vraiment etc.

Il nous donnera la foire (2),

Vraiment etc.

 

Jugera t’on le party/ Où placer tout ce party,

Vraiment etc.

Dans la Salpétriere,                          [151]

Vraiment etc.

 

Plus de Jesuittes à Paris,

Vraiment etc.

Et j’irons a l’Oratoire,

Vraiment etc.

 

Viste allons de ce pas cy,

Vraiment etc.

Voir le Régent notre/ ce bon pere,

Vraiment etc.

 

Nous saluërons avec luy,

Vraiment etc.

Madame sa bonne mere,

Vraiment etc.

 

Toute sa famille aussi,/ Sa famille réjouit,

Vraiment etc.

Elle est digne de memoire,/ Tout Paris l’a révere,

Vraiment etc.

 

Aime-tu le bon Louis?

Vraiment etc.

Et son aimable vicaire?

Vraiment etc.

 

Que dirons de tout cecy?

Vraiment etc.

Les quarante et le S.t Pere,

Vraiment etc.

 

Que Noailles soit bény,

Vraiment etc.

Belle sera son histoire,

Vraiment etc.

 

La Régence Dieu mercy,

Vraiment etc.

Sera digne de mémoire,

Vraiment etc.

 

Prions bien Dieu aujourd’huy,

Vrayment ma Commere ouy,

Rien ne ternisse sa gloire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                           1715                            [153]

Sur l’air: La faridondaine etc.

 

Le Duc d’Orléans établit

Un Conseil de Régence,

De gens de bien qu’il a choisi,

Pour gouverner la France.

Des Marets en est, ce dit on,

La faridondaine la faridondon

Rebours, Caumartin, Guyet, Bercy, biribi,

A la faςon de Barbarie mon amy.

 

Les Agrioteurs, les Traittans,

Les suports de Finance,

Sont charmez de ces changemens,

Et l’on va voir en France;

Pleuvoir des Déclarations,

La faridondaine etc.

Qui vont augmenter leur crédit, biribi,

A la faςon etc.

 

Tout le monde aplaudit au choix

Qu’à fait sa Révérence;

Des Quarante qui par leurs voix

Vont recevoir en France,

La Sainte Constitution;

La faridondaine etc.                            [154]

Le Moliniste rétably, biribi,

A la faςon etc.

 

Des Prélateurs de S.t Louis,

Admirons la puissance,

De l’Archevesque de Paris,                        Noailles.

Pleurons la décadence;

Et sans cesse dans l’afflication;

La faridondaine etc.

Du pouvoir qu’on voit à Bissy, biribi,

A la faςon etc.

 

Pour vous Princes, Seigneur et Grands,

Qui par vôtre naissance,

Estes assis au premier rang,

Et gouvernez la France;

Vous allez tomber ce dit on,

La faridondaine etc.

L’on verra regner des Commis, biribi,

A la faςon etc.

 

Peuples qui depuis si longtems,

Vivez dans l’abondance,

Qui n’avez point des Partisans

Soulage l’indigence,

Ils vont sur vos biens, se dit on,                        [155]

La faridondaine, la faridondon,

Exercer leur grand appétit, biriby,

A la faςon de barbarie mon amy.

 

Chanson                      1715                                  [157]

Sur l’air: Vous m’entendez bien.

 

Nostre Archevesque à le dessus                            Noailles.

Le Tellier, vos soins sont superflus;

Aprés une défaite, hé bien

Il faut batre retraite, vous m’entendez bien.

 

Tiran de la Religion,

Que sert vôtre prédiction?

Le destin plus propice, hé bien,

Confond vôtre malice, vous m’entendez bien.

 

Mais l’on est trop interressé

A punir vôtre cruauté;

Que bientost la Bastille, hé bien,

Soit votre domicille, vous m’entendez bien.

C’est là monstre d’iniquité

Où vous devez être enfermé.

Vos plus affreux suplices, hé bien,

Vont faire nos délices, vous m’entendez bien.

 

Tant de malheureux innocens

Qui gémissent depuis longtems:

Sortent de l’ésclavage, hé bien,

Où les mit vôtre rage, vous m’entendez bien.

 

Le Tellier a veu qu’au cercueil,                     [158]

Le crédit trouve son écueil;

Ainsi finit la gloire, hé bien,

De la Cohorte* noire, vous m’entendez bien.                   *les Jesuittes.

 

Chanson                     1715                            [159]

Sur l’air du Confiteor.

 

Paissez, ne craignez plus le loup,

Disoit à son troupeau, Noailles,

Un Chasseur les écarte tous;

Paissez en paix mes cheres ouailles,

Pour renverser nos énnemis,

Il ne nous en coute qu’un Louis.

 

Le Tellier triomphoit desja,

Le mal alloit prendre racine;

Rome chantoit Alleluia.

Sans un coup de la Médicine,

Contre Mareschal et Fagon,

Qui pert la Constitution.

 

L’Inquisition de Goa,

Alloit être établie en France,

Et l’on avoit nommé déja

Dans un conseil de conscience

Pontchartrain grand Inquisiteur,

Et d’Argenson éxécuteur.

 

D’Argenson ne se mesle plus,

Que de l’employ qui le concerne,

De corriger quelques abbus,                             [160]

De faire abaisser les lanternes:

Adieu donc tout nôtre crédit,

Cailly (1), Tiserant (2), et Champy (3).

 

Pour établir l’Ordre partout,

Le Régent de tous côtés lorgne,

Et dans la Marine surtout,

Il ne veut point de Conte borgne,

Pontchartrain en est aquia;

De quel oeil verra t’il cela?

 

  1. Commere du Chasteller favori de M. d’Argenson.

       2./ 3. Exempts.

 

Chanson                       1715                      [161]

 

Orleans le voicy,

Tout prest a faire plaisir

Au peuple. bis.

 

Au plutost fais icy

Reconduire Jouvency.

Pour pendre; bis.

 

Le Tellier avec lui;

Mais garde dans un estuy,

Soubize. bis.

 

Que donner à Bissy.

Au noir Voisin du Plessis?

Bissêtre, bis.

 

Où mener le party?

De cette canaile icy?

Au Diable. bis.

 

                                                                    [162]

Dom Turquois sans soucy

Et le bon viellard aussi,

Jerosme. bis.

 

Fait venir à Paris, / Si tu rends à nos cris

Quesnel avec ses écrits,

D’Hollande, bis. / Louanges. bis.

 

Nous lirons Dieu mercy,

La grande Bible de Sacy,

Nicole. bis.

 

On dira son avis,

A chaque prima mensis,

Sans crainte. bis.

D’Aguesseau et Fleury,

Nôtre Dame de Paris,

Noailles. bis.

 

Qu’à jamais soit bény,

L’heureux jour que naquit

Philippes. bis.                             d’Orleans.

 

Chanson                             1715                            [163]

Sur l’air de Lanturlu.

 

Tellier ta disgrace,

T’attire du mépris,

Que la populace,

A trop bien apris.

Chacun l’abandonne

Comme on feroit un pendu;

Lenturlu.

 

Renonce à la gloire

D’etre auprés du Roy,

Car ta robe noire

Cause de l’effroy

A ce jeune Prince,

Qui te croiroit Belzebu;

Lenturlu.

 

Du tems de la Chaise,

Ton prédécesseur,

L’on suivoit a l’aise,

La voye du Sauveur;

Mais par ta malice,

Quesnel est mis au rebut;

Lenturlu.

 

Va trouver le Pape,                               [164]

C’est ton réconfort,

Car si on t’attrape,

Hors de son ressort,

De ton imposture;

Tu payeras le tribut;

Lanturlu.

 

Par reconnoissance

Certain Cardinal,

A par complaisance,

Sans peine et sans mal,

Souscrit à la Bulle,

Etant tout frais émoulu;

Lanturlu,

 

Le peuple de France,

Satisfait, content,

De ta décadence

En louë le Regent;

La joye est parfaite

De te voir ainsi déchu.

 

Chanson                         1715                          [165]

Sur l’air: Ma raison s’en va grand train.

 

Qu’il est doux de voir régir

Prince qui scair obeïr!

                  Le Duc d’Orleans,

                  Dés qu’il est Regent,

Nous fait voir des merveilles,

Et la France va recueillir

Le fruit de mille veilles, lanla. bis.

 

Ministres et Partisans,

Gens nourris de nôtre sang,

                  Vos travaux passez

                  Vont être pesez

A la juste Balance;

Et vous serez récompensez

Au désir de la France, lanla. bis.

 

L’avide main de Bercy.

Ne suis plus son apetit.

                  Six Conseils prudents,

                  Pleins d’honnestes gens,

Vont fermer la Boutique,

Il n’en est plus sous ce Régent

De pouvoir despotique, lanla. bis.

 

Le Controlleur général                          [166]

Ne nous fera plus de mal

                  Adieu des Marets, / Adieu ce fripon,

                  Qui tendoit les rets/ Qui sous le Neron,

Pour nous faire la guerre/ Nous déclaroit la guerre,

La Régence en veut tout expres/ de bon

Purger toute la terre lanla. bis.

 

L’abondance au front serain,

Nous ouvre déja son sein,

                  Usuriers hiboux

                  Rentrez dans vos trous;

La veuve et le Pupille

Ne voudroit pas perdre un seul sol,

Sur les Contracts de ville, lanla. bis.

 

Les perfides Agioteurs

Ne seront plus en faveurs;

                  Ces monstres hideux

                  Redevenus gueux

Chargez de paperasses,

Seront desormais dans ces lieux.

Les derniers de leurs races, lanla. bis.

 

Le Pape instruit de nos Loix

Va souffrir/ soutenir nos anciens droits.

                  L’Unigénitus,

                  Battu de rébus,                                   [167]

Conte à tous sa disgrace:

Ses décrets ne seront receus,

Que des Dindons d’Ignace, lanla, bis.

 

L’Archevesque de Paris,                              Noailles

Sans s’emouvoir d’aucuns bruits,

                  Conserve la foy.

                  Les droits de son Roy.

Sans lui seul trémontane,

S’assujetissoit cette fois,

L’église Gallicane, lanla. bis.

 

Gens de bien, scavans Docteurs,

Casuistes, Directeurs.

                  Aqui se lâchoit,

                  Lettre de cachet,

Vivez libres en France:

Sans l’examen rien ne se fait

Sous l’auguste Régence, lanla. bis.

 

Le Parlement cette fois,

Rentre dans ses anciens droits.

                  L’Unigenitus

                  Battu de rébus,

Conte à tous sa disgrace,

Décrets ne seront plus receus,

Que des Dindons d’Ignace, lanla,                            [168]

Que des Dindons d’Ignace.

 

Chanson                              1715                               [169]

Sur l’air de Mais

Sur Louis XIV.

 

Ȏ sort cruel!

L’invincible Monarque,

L’homme immortel,

Est tombé sous la Parque;

                  Mais,

Laissons-le passer la Barque

Ne le rapellons jamais.

 

Chanson                                 1715                                 [170]

Sur l’air: Dans le bel âge.

 

Sous la Régense

Que l’on goûte d’apas,

Que l’opulance

Va naître en ces Climats,

Un Prince vertueux,

Aimé chéri des Dieux;

Va par sa bienveillance,

Rendre le peuple heureux

Sous la Régence.

 

Chanson                                  1715                                          [171]

Sur l’air: Oh reguingué.

Les Adieux de Louis XIV.

 

Enfin Louis le Grand est mort,

La Parque a fait un noble effort,

Oh reguingué, oh lonlanla.

Elle vient de trancher sa vie,

Toute l’Europe en est ravie.

 

Sentant son heure s’aprocher,

Les Grands il envoya chercher.

Oh etc.

Puis aprés sans Céremonie,

Dit ces mots à la Compagnie.

 

Je vais rejoindre mes parens,

Qui m’attendent depuis longtems;

Oh etc.

Je voudrois avant ce voyage,

Détruire icy leur héritage.

 

Adieu Reine de Maintenon,

Autrefois femme de Scaron;

Oh etc.

Vos Conseils et vôtre prudence,

Mériteroient bien la Régence.                           [172]

 

Recevez mes embrassemens,

Dauphin; mais dans fort peu de tems;                           Louis XV.

Oh. etc.

Je vous attends sur le rivage,

Phillipe aura soin du voyage.                                             Le Duc d’Orleans, Regent.

 

Adieu Duchesse de Berry,

Il vous faudroit un bon mary;/ Prenez cinq ou six bons amis!

Oh. etc.

Pour soûtenir votre dépense,/ Qui mieux que la Haye scache faire.

Prenez party dans la Finance/ Ce que vous a fait vôtre Pere.

 

Pardonnez moy ma belle soeur,

Vous avez encore sur le coeur,

Oh. etc.

D’une Bastarde l’alliance,

N’est-elle pas du sang de France.

 

Adieu mon neveu d’Orleans,

Vous avez de si grands talens.

Oh. etc.

Pour succeder à ma Couronne,

Que déja je vous l’abandonne.

 

Trois Dauphins les ont éprouvez,                    [173]

Pour vôtre gloire en est-ce assez?

Oh. etc.

Sinon voicy le quatriéme,

Agissez avec lui de même.

 

Et pour vous Prince de Condé,

Vous n’êtes qu’un Prince hazardé.

Oh. etc.

Henry quatre mon cher grand pere,

Connoissoit bien tout ce mistere.

 

Vous Bossu Prince de Conty,

Du même endroit êtes sorty.

Oh. etc.

Admirez la haute naissance,

De ces Princes du sang de France.

 

Adieu nouveaux Princes du sang,            le Duc du Maine et le Comte de Toulouze

Que je fis à la Montespan.

Oh. etc.

Mais êtois-je seule à les faire?

N’auriez vous point eu plus d’un pere?

 

Tachez de conserver le nom,

Le glorieux nom de Bourbon:

Oh etc.

Prenez garde qu’un téméraire,                         [174]

De d’Antin ne vous fasse frere.

 

Pour vous j’ay renversé les Loix,

C’est le privilege des Rois.

Oh etc.

J’en jouissois en asseurance,

Plus qu’aucun autre Roy de France.

 

Adieu docile Parlement,

Aqui j’ay donné fort souvent.

Oh etc.

Pour récompenser ses suffrages,

Tant d’augmentations de Gages.

 

J’aurois mal fait pour mes projets,

De faire pendre des Marets,

Oh. etc.

Mon neveu ne vous en défaites,

Tant qu’il restera quelques dettes.

 

Dévot Clergé, Prélats Franςois

Soyez toujours soumis aux Rois,

Oh. etc.

Aux dépens de vos consciences

Vous en aurez la récompense.

 

Tres sainte Constitution,                             [175]

Que je crois sans restriction.

Oh etc.

Je ne scay pourtant qui l’a faite,

Du Pape, ou du Diable en cachette.                    Clement XI.

 

Adieu Jansénisme maudit,

Des Marets qu’on fasses un édit./ Chan.er qu’on fasse un édit.

Oh etc.

Pour en purger toute la terre,

Je vais le porter à saint Pierre.

 

Pere Tellier ne craignez rien,

Je vous le dis, tout ira bien.

Oh etc.

Votre doctrine est trop commode,

Pour n’estre pas toujours de mode.

 

Je meurs, je vais en Paradis,

Vous me l’avez toujours promis.

Oh etc.

Saint Ignace est en sentinelle,

Je l’entends et vois qu’il m’apelle.

 

Proverbe a deviner                            1715                            [177]

Réponse par Madame de Vatry.

 

Je ne m’en deffends pas; j’aime le sérieux,

Et croy qu’on ne peut être heureux,

Que lorsqu’on scait sur la sagesse

Régler son coeur, ses désirs, sa tendresse;

Heureux , cent fois heureux qui croit que l’immortel,

Prépare aux vertueux un bonheur éternel.

Des hommes, cependant qu’elle est donc la folie?

Ils vivent presque tous selon leur fantaisie.

Ils n’ont devant les yeux, jamais que le présent.

De leur coeur corrompû, le Seigneur est absent,

Que ne risquent-ils point en suivant leur caprice,

Et que risqueoient-ils en s’eloignant du vice.

Qu’ils scachent que leur Dieu pour lui forma le coeur,

Et qu’on trouve en lui seul un solide bonheur.

 

Chanson                           1715                            [178]

Sur l’air: Dirai-je mon confitéor.

 

Je ne scaurois chanter encore,

Les agrémens de la Régence;

Car je ne vois point rouler l’or,

N’y qu’on ait banni l’indigence;

Quand je verray courir l’argent.

Alors je loueray le Régent.

 

L’esprit de Dieu fit tout de rien,

D’un souffle puissant, et suprême,

Helas! nous souhaiterions bien

Que le Régent en fit de même,

Et que son souffle intelligent

Créa beaucoup d’or, et d’argent.

 

Vraiment je ne m’etonne pas!

Si son Altesse à la Royalle,                           le Duc d’Orleans

Cherchoit jasis dans les matras,

Une pierre Philosophale;

Il prévoyoit qu’estant Régent,

On voudroit qu’il fit de l’argent.

 

Vers                          1715                             [179]

 

Ces jours passex de l’Abbé de S.t Pierre*,                        Castel de S.t Pierre.

On me montroit un buste tant parfait,

Qu’on ne pût voir si c’estoit chair ou pierre,

Tant le Sculpteur l’avoit pris trait pour trait;

Si que restay perplex et stupéfait,

Craignant toujours de faire une méprise.

Puis dit soudain: Non ce n’est qu’un portrait,

L’original diroit quelque sottise.

 

Fable Allégorique                            1715                        [181]

Sur l’éstablissement des Conseils.

A.S.A.R. Monseigneur le Duc d’Orleans.

 

Climat chéri des Dieux, France, que je t’ay plaint!

Non de voir contre toy toute l’Europe en armes:

Trop de fois la victoire a calmé nos allarmes;

Ta chute par le fer n’est pas ce que j’ay craint.

J’ay craint d’autres malheurs inconnus à l’histoire;

Plaise au Ciel qu’après nous on ait peine à les croire:

J’ay craint qu’un Bourvalais n’inventât le sécret,

                  Aprés douze ans de gloire

                  De mettre l’Estat en décret.

                  Autrefois des peuples rebelles,

Burent l’eau teinte en sang, on vit leurs premiers nés

Par le Ciel en couroux justement condamnés;

On vit sur ces ingrats pleuvoir des Sauterelles:

Sans doute que les Dieux encore plus mécontens

De ne nous pas trouver plus soigneux de leur plaire,

Ont voulu nous punir au fort de leur colére,

                  Par un Déluge de Traitans.

 

Mais un mort plein d’esprit, et bon homme d’affaires,

Piqué de voir la terre en proïe à ses Confreres,

Et de ne pouvoir plus partager le gâteau,

Résolut de leur nuire au delà du tombeau.

                  Dés qu’il eut passe l’onde noir,                                [182]

                  Il sut en sortant du Batteau,

Remontrer à Pluton qu’il venoit pour sa gloire;

Que les pauvres humains faisoient compassion;

Surtout, que les Franςois êtoient à la torture:

Que le Traittant de l’eau vouloit qu’on la bût pure;

Qu’un autre s’etant mis à la dévotion,

Vouloit faire taxer les Mânes d’Epicure;

Qu’un langueyeur de Pores offrant un million

Pour que des plus sensuels toute la nourriture

                  Fut reduitte au petit salé,

Par Guerbois, et Crespy venoit d’etre empalé:

Que les Droits de menu, de gros et de barriére,

Faisoient quitter le vin pour le Cidre, et la Bierre;

                  Que la grace êtant en parti,

Les friands en esté buvoient au bain-marie;

                  Que le joueur assujeti,

                  A payer sur chaque partie,

Et les droits de cachet, et les frais de Régie,

Préféroit au piquet, à l’ombre, au Pharaon,

                  La Marelle, et le Pair-a-non;

Enfin que les Traittans renversoient tout en France;

Que par eux les plaisirs alloient tout de travers;

Que puisqu’ils tourmentoient jusques à l’innocence,

Il n’alloit plus rester à la toute puissance

                  De suplices pour les pervers;

Que les momens devenoient chers,                            [183]

Et qu’il falloit en diligence,

Revendiquer la compétence,

Sans quoi les Partisans, bourreaux de l’Univers,

                  Alloit dérober aux Enfers

                  Le préciput de la souffrance.

 

                  L’avis du Damné parut bon:

                  On lui permit pour récompense

                  De prendre un droit sur le charbon;

                  Mais il choisit par préférence

D’être fait Boute-a-port de la Barque à Caron;

Avec les droits, profits, honneurs, et préscéance,

                  Tel qu’avoit le mauvais Laron.

 

Quoi! tout Dieu que je suis, dit Pluton en colere,

                  On voudroit me faire la Loi!

Les plus vils des mortels sont plus Diables que moi!

                  Vite qu’on déchaine Cerbere;

Qu’il aille par mon ordre à chaque cachot noir,

                  Avertie mon Conseil Aulique,

Qu’il ait a s’assembler au Bucher politique,

Pour penser aux moyens de sauver mon pouvoir.

Des Cheins, et Thevenin, au tein pasle et livide,

Gardoient à ce discours un silence timide;

Mais leur air interdit revela leur sécret;                         [184]

Eux qui dans les Enfers jouënt un si beau role,

                  Furent exclus du Tabouret,

Et Pluton leur ôta la plume et la parole.

 

                  Chaque Classe de Matotiers

                  Alloit avoir la vespérie;

Les Chefs, les Soustraittanc, les Scribes, les Courtiers,

                  Laquais devenus sousfermiers;

Tout de Pluton, sur l’heure eur senti la furie;

                  Mais il attendoit compagnie.

 

Une foule de Dieux proscrits de l’Univers,

                  Devoit finir par les Enfers,

                  Leur Course errante et vagabonde,

                  Comptant d’y voir des habitans

                  Plus traitables que les Traittants,

Et beaucoup moins démons que les Démons du monde.

 

Alors on annonςa la volupté, les jeux,

                  Et la fugitive abondance,

Qui des quatre vingt neuf êtoient sortis de France,

                  Le Dieu des Païs ténébreux,

                  Poliment fut au devant d’eux;

Non pourtant, sans frayeur, qu’une telle visite                        

N’egayat un moment les rives du Cocyte.

 

                  L’Accueil fut froid; mais d’un grand air;                       [185]

Jamais chez les Damnez on n’eût un tel spectacle;

                  Il n’est pas de plus grand miracle

                  Que de voir les jeux en Enfer.

 

                  Enfin les Dieux et les Déesses

                  Aprez le premier compliment,

                  Ayant meslé confusément,

                  Les reproches et les promesses,

                  Firent leur racommodement.

 

Ca dit aux autres Dieux, le Dieu des païs sombres,

N’ai-je pas quelque lieu de me plaindre de vous?

                  Voyez vous ces chétives Ombres,

                  Méritent-elles mon couroux?

Vous surtout qui faisiez l’honneur de ma couronne,

Depuis prés de trente ans, aimable volupté,

                  Vous ne m’avez donné personne,

                  Qui mérite d’etre cité.

On ne voit à ma Cour que coeurs pétris d’ordure,

                  Et l’élite de la nature.

Ne scauroit plus souffrir pour avoir trop souffert:

                  Mon Palais seroit un désert

                  Sans le désespor et l’usure.

 

Et vous, que chacun aime à l’adoration,

Abondance, pour qui tout l’Univers soupire,                       [186]

                  Franchement pouvez vous vous dire

                  Déesse de distinction?

Hé! que m’envoyez cous? que de la valetaille?

Des faquins que l’on voir regorger de Tresors?

Des Champignons dorez, qui par de beaux de hors

                  En impose à la Canaille;

Mais dont l’ame, et le nom étendus sur la paille

                  Font pitié sur les sombres bords.

 

Cependant, quel oubli du plus tendre mistére!

Et quelle solitude à Paphos, à Cithére!

                  Pour un Vautour, pour un Furet,

Toujours quaerens quem devoret.

 

Enfin pour un Traittant qui désole et qui pille.

                  Combien de gens de qualité,

Vertueux par necessité,

N’ont pas de quoy payer la moindre pecadille?

 

Puissant Dieu des Enfers, crient les voyageurs,

Pourquoy par vos mépris, irriter nos douleurs?

Vous soufrez, nous soufrons, nôtre honte est commune;

Que ne nous vangeons meme de l’aveugle fortune!

                  Qui fait seule tous nos malheurs.

 

La Folie s’est livrée à gens farcis de vices,

Qui fixent ses faveurs, ou plutôt ses caprices;

Pour qui, depuis trente ans elle épuise les soins;

L’honneur, le nom, les Dons, les talens, les besoins

                  Suplantez par les Artifices,

Faute de pots de vin sont oisifs et languissent;

                  C’est ce qui lá touche le moins.

 

Le mérite isolé, méprisé, par merveilles;

Est réduit au Suréne, et boit en tremblottant,

Tandis qu’un la Forest devenu soustraittant,

Sable le Sillery sans compter les Bouteilles.

 

Cette fortune enfin qui nous fait mépriser,

A le front à nos yeux de se Diviniser,

Comme si ses vapeurs êtoient autant d’oracles,

                  Et ses sottises, des miracles.

Il faudroit réprimer ce pouvoir absolu,

Qui scait tourner en Loy ce qu’elle a résolu,

Qui la rend à son gré, prodigue sans réserve,

                  Pour le rebut du genre humain.

Quand mille honnêtes gens ont a peine du pain;

Que ne déférons nous ce pouvoir à Minerve;

Des Marauts enrichis, ne feroient plus les Dieux.

                  Tant qu’elle prit soin de la France,

On voyoit réussir la Guerre et la Finance,

Et les plaisirs s’entrouveroient mieux.                         [188]

 

Hélas! qui peut scavoir quels lieux Minerve habite,

Ayant quitté les Cieux pour une nation

                  Qu’elle aimoit à la passion,

Et qu’elle gouvernoit comme sa favorite.

Elle y fixa longtems son habitation;

Mais voyant que l’honneur alloit se faire hermite,

Et que la bonne foy du monde êtoit proscrite;

                  La Terre de Promission

                  Luy parût la Terre maudite;

Elle fuit; on ne scait en quelle Réligion;

Ne seroit-elle point sur les bords du Cocite?

 

Non, répondit Pluton, dés le premier signal

                  D’un Ministére despotique,

Par un noble dépit, en bonne politique,

Elle fut se cacher au Palais Royal.

 

C’est là qu’incognito, sa sagesse profonde,

Du Déluge nouveau voulant sauver le monde,

N’examinoit les Cieux que par un soupirail.

Tous les vents déchaînez joint aux fureurs de l’onde

Répondent vainement au Tonnerre qui gronde;

Minerve des humains renouvelle le Bail.

                  Mortels ne craignez plus l’orage,

                  On est a l’abri du Naufrage,                               [189]

                  Dés qu’elle prend le Gouvernail.

 

A ces mots le dépit fit place à l’espérance;

Le départ des Enfers est toujours gracieus:

Les jeux, la volupté, les ris et l’abondance,

Embrasserent Pluton, et firent diligence,

                  Pour joindre Minerve en ces lieux.

Ne nous quittez donc plus, ô secourables Dieux,

                  Dieux tutelaires de la France:

Chassez-en pour toujours les plaintes, les soupirs;

                  Que ces lieux par vôtre presence

Redeviennent encore le Climat des plaisirs.

 

Ne votez plus d’un monde à l’autre,

Si jusqu’aux Immortels tout périt dans le nostre;

                  Renaissez comme le Phénix;

Ou si nous voir périr est vôtre seule peine,

                  Faites que les bords de la Seine

                  Soient les antipodes du Stix.

 

                  Mais quel bruit! qu’est-ce qu’on publie?

Déja l’on voit partout en Province, à Paris,

                  La confiance rétablie,

Les Juifs chassez du Temple, et l’usure abolie,

L’honneur remis en place, et les Traittans proscrits.

Dés que du bien public Philippe s’inquiette;                       [190]

On respecte, on adore, et ses bienfaits et ses dits.

                  Quel changement dans les Edits!

                  On les craignoit, on les souhaite.

 

                  Corsaires du plus bas aloy,

Algériens Franςois, homicide cabale;

Gens nez sans feu, sans lieu, nouris sans foy, sans loy,

                  Donneurs d’avis, secte infernale,

                  A vôtre tour tremblez d’effroy.

                  Rouillé, Noailles, Villeroy,

Scavent assez l’Aritmétique

Pour soustraire au profit du Roy

Les trois quarts de vôtre Boutique:

Ils ne reconnoissent, dit on,

Pots de vin, ni tours de baton.

Du calcul de l’honneur ils scavent tous les nombres,

Ils scauront déchifrer vos monstrueux Tresors,

Et peut être irez vous sur les rivages sombres

                  Demander aux plaintives Ombres,

                  Trois en dedand, deux en dehors.

 

Attachez comme la Sangsuë

A tout âge, tout bien, tout êtat, et tout rang;

Vous aimiez trop a voir la vertu toute nüe.

Rendez lui le drap d’or, rendez nous sang pour sang.

                  Qu’on vous mette à la même épreuve,

Où vous nûtes longtems l’Orphelin, et la veuve;

Que le néant enfin reprenne pour jamais

                  Vôtre nom avec vos forfaits.

 

                  Alors chacun de bonne grace,

Pour soulager l’Estat, scaura s’exécuter;

                  Il est bien juste d’acquitter

                  Le papier qui court sur la place,

Il est juste qu’enfin l’officier soit payé,

Que les Déniers publics prennent une autre route,

                  Que du terme de Banqueroute,

Le fidele Marchand ne soit plus effrayé,

Qu’on ne retarde plus les Rentes de la ville,

                  Qu’on ne paye rien en papier,

                  Que chacun fasse son métier;

Et qu’on mette au Billon toute charge inutile.

 

Prince, à qui nous devons la fin de nos malheurs,

Voy ce qui te revient d’avoir seiché nos pleurs:

                  Du Mont Sacré jusqu’à la Hale,

                  Grands et petits, sont tes prosneurs;

                  Tout Paris fourmille d’autheurs;

                  A Cezar le jour de Pharsale,

                  Mérita moins de vrais honneurs,

Et rien n’honnore tant l’ame vraiment Royale,

Que l’homage de tous les coeurs.                               [192]

 

Si l’on rime pour toy, ce n’est point par momie,

Ny par l’espoir de mettre un talent à profit;

                  On pense, on sent ce qu’on escrit,

                  Et cette ressource infinie

                  Sert de suplément au génie;

                  On dit toujours bien ce qu’on dit,

                  Quand le coeur fait parler l’Esprit.

 

                  D’où vient donc? est-ce par paresse

                  Que je n’ay point fendu la presse

De ce monde attentif, et prompt à te louër?

                  Non; mais si je l’ose avouër,

J’avois quelques raisons, et voicy ma finesse.

 

                  Quand tout le monde aura chanté

                  De tes talents l’universalité

Dans les combats tes travaux militaires,

Et dans la Pais ton amour pour les Loix,

Ce caractére enfin qui devient pour nos Rois

                  Le modele des caractéres.

Quand on aura vanté les maniéres, l’humeur,

L’air, l’affabilité, les graces infinies,

                  Toutes les qualitez du coeur,

                  De l’esprit, toutes les parties,

                  Et tout genre un profond scavoir,                        [193]

L’usage modéré du souverain pouvoir;

On ne pensera pas aprés cet assemblage

Qu’il puisse encor rester matiére a quelque ouvrage,

                  Et le Poëte qui choisit,

                  Epuisé, mettra bas sa Lyre:

                  Mais lorqu’on croira tout dit

                  Je trouverai beaucoup a dire.

 

On me verra glaner dans le champ des neuf soeurs,

A mon zele pour toy les Muses attentives,

Scauront bien par ton nom éterniser mes fleurs,

Quoiqu’elles soient les plus tardives;

Si d’Apollon les favoris

Par leurs empressemens ont remporté le prix,

                  Pour en dédommager ma plume,

                  Prose et vers me seront permis;

                  Et de ce qu’ils auront obmis

                  Je prétends t’offrir un volume.

 

Envoy à M.r Rouillé du Coudray.

Né grand et vertueux, de ton fonds assez riche,

La plus haute fortune, et la grandeur postiche,

                  Ne sont point un aimant pour toy;

L’amitié de Phillippes* et l’estime publique,                    *le Duc d’Orleans Regent.

Servir utilement ta Patrie, et ton Roy,                    [194]

Rouillé, je te conois, c’est là ce qui te pique,

 

Ah! que les gouts sont differents!

                  Tu haïs toutes sortes d’offrandes,

                  Et l’encensoir, ny les Guirlandes

Ne te touchent pas plus que les sacs de mil francs,

 

Tu recevras pourtant le présent je t’offres;

Rassure toy, Rouillé, ce n’est qu’un compliment

                  Qui ne vient point asseurement,

                  Ni d’un Traittant, ny de son Coffre;

Et j’ay sceu malgré moy te louër sobrement.

 

                  Quoim Mordieus, tu me refuses.

Est-ce que tu confonds les Traittans et les Muses?

Ce paralelle affreux deshonnore Apollon.

Ah! je t’entens; tu crois les louanges des Ruses

Qui servent d’Agio dans le Sacré Vallon,

 

Je suis tout prest d’en croire quelque chose,

Honneste homme jamais ne receût rien pour rien;

Cependant quand je veux que tu reςoives bien

                  La Fable que je te propose;

Peut être à cent pour cent cherchai-je à trafiquer,

Et serois-je en effet faché de la troquer

                  Contre un petit mot de la prose.

 

La Chronique                    1715                           [195]

véritable du preux Chtr Dom Philippus* d’Aurelie, où l’on voit les faits d’Armes, amours, et autres moultes joyeuses avantures de plusieurs Barons et noble Dames.

                                                                                                                  *M.r le duc d’Orleans Regent

Table des Chapitres.

 

Chapitre 1er.

Comme Déodatus (1) Roy de Gaule tomba grievement malade.

 

Chapitre 2e.

Comme les Médecins et Saltimbanques, firent une Consultation sur la maladie de Deodatus, & lui dirent que s’il n’en mourroit point, il en pourroit réchaper.

 

Chapitre 3e.

Comme Déodatus n’en pouvant revenir, fit ses adieux à Scavonie (2) Dame Souveraine de ses pensées.

 

Chapitre 4e.

Comme Deodatus se fit amener son arriére petit fils Louison (3); comme il lui recommanda la justice, la chasteté et de chercher le bien de ses sujets.

 

(1) Le Roy Louis XIV.

(2) Madame de Maintenon.

(3) Monseigneur le Dauphin.

 

Chapitre 5                                                       [196]

Comme Déodatus mourut, et fut joyeusement inhumé, et comme lui succéda son arriere petit fils Louis, fils de Louis du Moulin.

 

Chapitre 6

Comme Dom Philippus d’Aurelie fur déclaré Tuteur de Louison, et comme le comte des Tectorages (1), et le grand Chef (2) helvétique, prenoient patience en enrageat faute de mieux.

 

Chapitre 7

Comme malgré l’aide de S.t Pierre l’Archevesque Turpin remporta la victoire sur le grand enchanteur Acignivo.

 

Chapitre 8e.

Comme le Baron de la Couleviere fut expulse pour ses méfaits par Dom Philipus d’Aurelie.

 

Chapitre 9

Comme Dom Philippe d’Aurelie passoit joyeusement son temps, et ne manquoit point de trepudice a l’Assemblée nocturne.

 

Chaptre 10

Comme Dom Philippus d’Aurelie courant les ruës de Lutece, pour deffendre la béauté de la Dame de Biturgie*, mit plusieurs grandes avantures, afin sans aucun péril de sa personne.

                                                                                                                             *Madame de Berry

(1) Le Comte de Toulouze

(2) Le Duc du Maine

 

Chapitre 11                                                          [197]

Comme la Dame de Biturgie choisit pour sa garde 50. Monstres apellez Mirebalais.

 

Chapitre 12

Comme Dom Philippus d’Aurelie voulant renouveller l’histoire des Patriarches choisit Noë & Loth pour ses modelles. 

 

Chapitre 13

Comme Dom Philippus d’Aurelie renchérissoit sur les travaux d’Hercule, en entretenant 60. Maitresses.

 

Chapitre 14

Comme le Prince Gobbo* cherchant avanture dans l’Isle de Cithere, fur attaqué dans la ville Morivaline, et navré cruellement par un monstre apellé le Chien de S.t Cosme.

                                                                                                        *le Prince de Conty chez la Morival

Chapitre 15

Comme le Prince Gobbo aprés sa guérison, suivy de plusieurs preux Chevaliers d’Armes, détruisit la ville Morivaline, et mena la Dame du lieu en triomphe par toutes les ruës et carrefour de Lutece.

 

Chapitre 16

Comme le Prince Gobbo meurtrit la Princesse du viol avec oeufs durs, et la navigation nocturne qu’elle fut obligée de faire avec un tres piteux Crevecoeur*.

                                                                                                                      *Marquise de Crevecoeur.

Chapitre 17                                                         [198]

Comme en présence de Dom Philippus d’Aurelie et de la Dame Biturgie commenςa le tres redoutable combat entre le preux Chtr Dom Courcillonigo* de la Durjambe et l’Infante** Amisuere Dame de Bisaissie, et comme s’ensuivit le pillage des Chateaux d’Orgeadie, et de Limonadie.

 

Chapitre 18

Comme l’éscuier égrefin se fit des manches de la culotte de sa Dame, et tout ce qui en advint.

 

Chapitre 19

Comme le Prince Gobbo*** allant au concert des Fées fur arresté dans son char; et le sage Enchanteur qui conduisoit un hipogrife fut moult vilainement accoutré par les Mirbalais et la D.e de Biturgie.

 

Chapitre 20

Comme Dom Philippus d’Aurelie prit pour juge dans la ville de Lutece un Clerc qu’il crut d’abord moult versé és Loix.

 

Chapitre 21

Comme le dit Clerc avoit êté élevé aprentif mire chez son pere, qui êtoit le mire de Deódatus.     (Fagon et Fourqueux)

 

Chapitre 22

Comme par fraude astuce et mal engin ledit Clerc acquit lots et crédit.    

 

Chapitre 23

Comme ledit Clerc malversa à l’encontre de plusieurs

 

*Courcillon de Dangeau

**La Vandeuse de Liqueurs à l’Opera

***le Carrose de M.r le Prince de Conty arresté par l’Ordre du Marquis de la Rochefoucault Capitaine des Gardes de Madame la Duchesse de Berry.

 

                                                                       [199]

personnes, et pour ce eut le mal talent des bons et Loyaux habitans de Lutece.

                                                                                                                                         d’Argenson.

 

Chapitre 24

Comme les habitans de Lutece presenterent à Dom Phillipus d’Aurelie une Requeste, où les méfaits dudit Clerc êtoient exprimez, et de ce qui en advint.

 

Chapitre 25

Comme au signal donné par Dom Philippus d’Aurelie le gentil Chevalier de la Fortequeüe, qui portoit un cotte d’Armes noire, et pour cimier sur son armet 4. cornes, fit vider les arςons au faux glouton Bourvalaisis de la rapine, qui par fraude et mal engin avoit envahi les tresors de la belle fleur de lys.

                                                                                       Bourvalais pris prisonnier et ses biens saisis.

Chapitre 26

Comme le faux glouton Bourvalaisis de la rapine dut jetté en obscure prison, et illec aboyé sans cesse par un des plus acharnez dogues noirs de Dom Philippus d’Aurelie, nommé Machalton.

 

Chapitre 27

Comme Don Philippus d’Aurelie avec l’avis du sage enchanteur Ruliginosos au col droit, délivra ceux de la Gallicie de la fureur d’un monstre qui avoit cent testes et mil mains, nommé Agiot.

 

Chapitre 28

Comme Dom Philippus d’Aurelie découvrant son

                                                                                 [200]

éscu enchanté sur lequel êtoit pour devise Déclaration, rendit immobile tous les traitres, Maraus, Sarrazini et faux gloutons qui combattoient sous les enseignes du Griffon.

 

Chapitre 29

Comme la Fée Vrillerine ne pût être vaincüe en combat singulier par Don Philippus d’Aurelie pour s’etre servi d’Armes de trop foible trempe.

 

Chapitre 30

Comme Dom Philippus d’Aurelie cherche sa mie, et aprés l’avoir trouvé ne scay bonnement que lui dire.

 

Chapitre 31

Comme la Dame de Biturgie fait claquemurer toutes les portes de son Palais, fors une ouverte à tout le monde.

 

Logemens                         1715                         [201]

 

M.r le Duc d’Orleans, au bonhomme Loth, ruë Jean pain molet.

M.r le Duc au Sauvage, rue bornée.

M.r le Prince de Conty au singe vert rue de la savonnerie.

M.r le Comte de Charoillois à l’Adonis ruë du petit Lion.

M.r le Duc du Maine au Diable boiteux, ruë Montorgueil.

Le Marechal de Villars à la ville de Condrieux rüe Montorgueil

Le Duc de Richelieu aux Pages du Roy, rue S.t Bon.

M.r de Gacé à la petite victoire, ruë de Richelieu,

Le Duc de Noailles à la faveur ruë de la Harpie.

M.r le Gontault au Ganimede rue des mauvaises parolles.

M.r de Nesle à la précaution inutile rue de la corne.

M.r de Lassé, le fils, à l’industrie rue de Bourbon.

M.r de Jonsac au Mercure Galant ruë du Croissant.

M.r de la Valliere à la grande cousine ruë du Paon.

Le Prince de Soubize à la femme pucelle, ruë du Boeuf.

Le Duc d’Aumont à la belle Ambassade ruë S.t Pierre.

M.r de Breteuil au pied de boeuf, ruë de Bailleul.                        [202]

M.r des Maretz à la Monnoye, ruë du reposoir.

M.r de Gesvres à la Poupée, ruë Chapon.

Le Duc de Brancas à la ville de Sodome, ruë des Juifs.

M.r le Chancelier, au Phaëton, ruë aux Ours.                   *voisin

M.r de la Haye à l’Arbaleste, ruë de Berry.

Mad.e de Berry au puis d’amour rue des Déchargeurs.

Mad.lle de la Rochefuryon, à la Picarde, ruë des bons enfans.

Mad.e la Princesse de Conty la jeune, au poupard, ruë des singes.

Mad.e la Duchesse du Maine au compas de proportion, ruë des Marmouzets.

Mad.e de Lambese à la Bavaroise ruë Froidmanteau.

Mad.e de Polignac au coeur volant ruë perduë.

Mad.e de Jonsac à la savonnette, ruë de Conty.

Mad.lle de Villefranche à la belle Image rue Bétizy.

Mad.lle de Montbrun à la pucelle d’Orleans ruë des Rats.

Mad.e de Gesvres au repentir ruë Jeanpain molet.

Mad.e la Duchesse d’Albret au bien venu, ruë de la Huchette.

Mad.e de Nesle à la Grivoise rue du hazard.

Mad.e de Monasterol à la Guimbarde, ruë du puis d’amour.    [203]

Mad.e de Bousols au grand calibre, ruë de la cour des Miracles.

Mad.e de la Tremouille au menton de galoche ruë de l’Eschaudée.

Mad.e de Gacé à la Guinguette ruë de l’égout.

Mad.e de la Vrilliere à la petite vertu ruë gratieuse,

Mad.e d’Espinoy à la Babillarde ruë des Lavandieres.

Mad.e de Duras à la boule blanche ruë Patignau.

Mad.e de Villars à la Laye rue de Richelieu.

La Comtesse d’Evreux au lingot d’or, quay des 4. Nations.

La Comtesse de Roye à la Guenon parcé ruë vuide gousset.

 

Entretien                                1715                              [204]

 

Le Cardinal de Rohan

Peccavi tradens sanguinem justum.

 

Rome

Quis ad nos.

 

Le Pape

Domine non te negabo

 

Le Régent

Rogo pro te ut non deficiat fides tua.

 

Le Pere Quesnel

Vide Domine afflictionem meam quoniam erectus est Inimicus.

 

Le Régent

Ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.

 

Port-Royal

Portae nostrae destructe sunt, sacerdotes nostri gementes, vigines squallidae et oppressa amaritudine.

 

Le Régent

Cum pisis fui in tribulatione eripiam eas et glorificabo eas.

 

M.r d’Argenson.

Vis imus?

 

Le Régent

Age quod agis porto unum est necessarium.

 

La Sorbonne.

In tenebris collocavit me, conclusit nostras meas Lapidibus quadris semitas meas subvertit.

 

Le Régent                                                             [205]

Argue obscera increpa in omni patientia.                        

 

Les éxilez de retour

Proexisti Domine à conventu malignantium à multitudine quaerentium iniquitatem.

 

Le Régent

Venite benedicti perdam omnes qui loquuntut mendacium.

 

Les Feuillans Éxilez

Parvuly ducti sumus ante faciem tribulantis.

 

Le Régent

Tu conversus confirma fratres tuos.

 

Dom Turquois

Locuti sunt adversum me lingua dolosa et sermonibus odii circundederunt me.

 

Le Régent

Sicut ventus urens dispergam eos: Dorsum et non faciem ostendam eis in Die perditionis eorum.

 

Le Pere d’Albizzi

Cum sceleratis reputatus sum.

 

Le Régent

Habitabis in tabernaculo tuo.

 

Le Procureur général                                    [206]

Justitiam mean non abscondi.

 

Le Régent

Justitia tua in ecclesia magna.

 

Les Capucins

Ecce reliquimus omnia, secuti sumus uian iniquitatis oegipto dedimus manum ut saturaremut pane patres nostri peccaverunt et non sunt et nos iniquitates eorun portamus, quid ergo erit nobis?

 

Le Regent

Non assumet et neque baculum, neque peram, neque calceamenta in pedibus vestris, neque in zona es sed assumetis conguentum in capite quod descendit in Barbam, Barbam Aaron.

 

M.r des Maretz

Non intres in judicuum cum servo tuo Domine.

 

Le Régent

Redde rationem villicationis tuae.

 

Pontchartain

Venite congregamini omnes bestiae terrae properate ad devorandum.

 

Le Régent

Bonum erat ei si natus non fuisset homo ille.

 

Le Marquis de Torcy

Qui retribuunt mala pro bonis detrahebant mihi quoniam sequebar bonitatem.

 

Le Régent

Fruge serve bone, et fidelis super multa te constituam

 

Sur M. le Duc d’Orleans Régent                1715                 [207]

 

Quel spectacle êtonnant se presente à mes yeux!

Je vois le Régent de la France,

Ne s’occuper que de Bals et de dance,

Et sans cesse avillir son rang, et ses Ayeux.

Cet esprit que l’on croioit sublime,

Dont les projets êtoient si beaux,

Pour nous donner le repos;

Va nous replonger dans l’abisme.

Il a pour se combler de gloire

Choisi d’illustres favoris,

Simonnet (1), Noailles (2) et du Fargis (3),

C’est un beau trait pour son histoire.

Saint Simon fier de son rang

Ne s’occupe que de son titre,

Il est fripon poltron belistre                                                  Cet endroit est faux et mal apliqué

Aussi sort-il d’un vilain sang.

Mais icy changeone de langage,

Je vais parler d’un demy dieu,

Les héros de son nom se connoissent en tous lieux,                Noailles

N’ont-ils pas sur le Ter signalé leur courage,

Ce digne rejetton d’une si noble race;

 

(1)   le Duc de S.t Simon Conseiller de Regence.

(2)   le Duc de Noailles Chef du Conseil des Finances.

(3)   du Fargis qui entre dans les plaisirs, il est fils de Delrieu Maitre d’hostel ordinaire du Roy, et auparavant dans les affaires.

 

Plein d’orgueil et de vanité,                     [208]

Se croit plus de capacité

Qu’il n’en faut pour remplir sa place;

Cet impudent Minstre deshonnore son maistre,

Il le baise amoureusement;

Judas baise Jesus, et ce fut autrement,

Cependant celui cy nous paroist aussi traître.

Je connois peu ce du Fargis;

On dit qu’il est honneste homme,

Il n’est pas de l’ancienne Rome,

Il n’eut point êté d’Auguste le Favoris.

 

Sur le feu Roy Louis XIV                   1715                         [209]

Quel rage impétueux! quelle rage effrenée!

                  Travaille a l’instant tous les coeurs!

A peine de LOUIS la course est terminée,

Ses sujets déchaînez vomissent mille horreurs,

De Libelles grossiers l’injurieux déluge,

                  Inonde la ville et la Cour.

La Halle même en critique à son tour,

Au Rimeur insolent preste un honteux refuge.

                  Que faut il pour vous exciter,

Traitres adulateurs, troupe avide et servile?

Le sordide interrest en éloges fertile,

                  N’a t’il plus rien à vous dicter?

A l’Immortalité vos flatteuses promesses

                  Desormais ne l’elevent plus;

L’Escrivain le plus vil attaque ses foiblesses,

Vous n’osez seulement deffendre ses vertus.

Pourquoi vous démentir? quelle ame assés altiere

Pouvoit à ce héros refuser son respect?

                  N’eut-on pas dit à son aspect,

                  Qu’il regnoit sur la terre entiere?

                   Vit-on jamais d’explots plus beaux?

                  Au bruit de ses premieres Armes,

Le Batave saisi des plus vives allarmes

                  Chercha son salut dans les eaux.

Jusqu’où ses ennemis par de promptes retraites            [210]

N’ont ils point élevé sa suprême grandeur?

                  Que de talens! que de splendeur!

Mais c’est trop hazarder les plus scavantes plumes.

Pourroient elles réduire au gré de l’Univers

                  La matiere de cent volumes

                  A la mesure de cent vers?

                  Sous tant de monumens illustres;

Ce Monarque, il est vray, paroist ensevely;

Apres avoir brillé pendant plus de dix Lustres

                  A la fin l’estoile a pasli.

Hochstek et Ramilly, Turin et Barcelonne,

L’hiver le plus affreux, l’usure au front d’airain,

Tant de malheurs ensemble ébranlerent le trosne,

                  Sans ébranler le souverain.

                  Tous ces événemens sinistres

                  Jusqu’aux injures des saisons,

Tous les égaremens des Chefs et des Ministres

Sont pour le condamner d’implacables raisons.

Les bouillantes ardeurs de la tendre jeunesse,

Sont un crime à luy seule, rien ne peut l’excuser,

De ses ans prolongez la constante sagesse

                  Est un modele a mépriser.

Caezar fut adultere, et jadis Alexandre

                  N’ecouta que la vanité;

                  L’un et l’autre mit tout en cendre.

Ont ils moins les honneurs de la postérité?

La mort impréveüe facile                                     [211]

De leurs sanglans efforts interrompit le cours.

Dans le sein de la paix d’un oeil ferme et tranquile

                  Louis compta ses derniers jours;

Non que de ces vainqueurs la profane arrogance

Lui fit avec mépris insulter le trépas;

Soumis à l’eternel il vit sans résistance

                  Cet instant qu’il ne craignoit pas.

Pourquoi donc, insensez, par les traits les plus lâches

Jusques dans le Tombeau troublez-vous son sommeil?

Il avoit ses défauts, le soleil à ses taches,

                  Mais il est toujours le soleil.

Malgré tous vos sermons un coupable caprice

                  Vous soustrait au devoir promis.

                  Rendez lui du moins la justice

                  Que lui rendent ses Ennemis.

Du plus grand de nos Rois éleve necessaire,

Régent vous répondez a nos tristes souhaits

Vous voulez maintenit les biens qu’il nous a faits,

Et réparer les maux qu’il nous a laissé faire;

Mais dévoilez la scene, et sans être surpris,

                  Vous verrez sur les vains Théatres

                  Des fourbes dans vos Idolatres

                  Des ingrats dans vos favoris.

 

Chanson                        1715                           [212]

Sur l’air: de Joconde.

 

Disparoissez faits de LOUIS.

Tant vantez au Parnasse:

Nos honneurs s’en vont abolis,

Philippe les efface;                                  le Duc d’Orleans Regent

Il a retabli les Duels,

Remis le Jansenisme.

Bientost nous verrons des Autels

Rendus au Calvinismes.

 

Chanson                           1715                             [213]

Sur le petit air de la Fronde.

On croit ce couple d’Harouet, et sur le sujet de sa prison.

 

De l’Estat sujet inutile,

Plus que feu ton pere imbécile,

Plus que ton Oncle détesté;

Mauvais donneur de faux breuvage.

Non tu ne l’as jamais esté,

Il faut pour cela du courage.

 

                                            1715                           [214]

Contre ceux à qui Louis XIV, a fait du bien, et qui sont les 1.ers à se déchaîner contre lui.       par Haniele.

 

Vous coeurs ingrats à qui LOUIS.

                  A prodiguez ses récompenses,

Pendant sa belle vie, tous étiez éblouis;

A present qu’il ne peut scavoir vos impudences

De mille traits affreux vous ternissez sa gloire,

Par vos coups redoublez vous souillez sa mémoire.

Hélas! le sage Esope prévoyoit l’avenir

                  Votre portrait est dans ses Fables,

Et je vous y renvoye pour vous punir,

                  De vos morsures épouvantables;

Il fut un fier Lion pendant dans sa digne vie,

                  Devant qui loup, boeuf, cheval plie;

Mais tous à sa mort lui donnerent un coup de dent,

Devenus forts de sa foiblesse,

L’Asme y rua d’un air tres impudent,

Je remarque en vous deux, même bassesse.

 

Chanson                         1715                         [215]

Sur l’air, Du Branle de Metz.

 

Cesse de t’en faire accroire,

Pour quelqu’éclat de beauté,

Cursay, l’on est rebuté;                             Rioult de Cursay

Par ta marche et par ton goitre,

Et pour les sécrets apas,

Si Rothelin l’on doit croire,                        Orleasts Rothelin

Et pour les sécrets apas,

Il les faut chercher bien bas.

 

Avec ce goitre effroyable,

Cet air plat et déhanché

Un esprit sot et bouché,

Crois tu que l’on soit aimable:

Cursay des sécrets apas,

Si des Cartes en est croyable,

Cursay etc.

Le chemin est large et bas.

 

Nous pouvons sans médisance

Rire un peu de la Poncet,

De son précieux caquet,

De son air de suffisance,

Elle a beau peindre son teint,

Il ne presche qu’abstinence;                           [216]

Elle a beau etc.

Tout son barbouillage est vain.

 

Il faut que la Flamanville*,

Ait place dans nos chansons,

Ses mines et ses faςons

Enchante toute la ville,

Malgré sa gale au menton;

Elle a dompté la Castille.

Malgré etc.

Elle a fait rage du C....

 

Laissons en paix la Fontaine,

Respectone ses cheveux gris,

Quoiqu’elle offre ses débris,

A qui veut prendre la peine.

Le seul Commandeur charmé                                   le Chtr d’Hautefort

De cette Samaritaine.

Le seul etc.

Gratte le gris pommelé.

 

De ses Chansons qu’on publie,

Cessez de craindre les traits;

La Motte avec tant d’attraits,

On peut braver leur folie.

 

* Médisante et dont le visage est souvent couvert de gale. Elle a eu pour amant un Espagnol.

 

Vos yeux ces puissans vainqueurs,                      [217]

Charmeroient même l’envie;

Vos yeux ces tendres vainqueurs

Disposent de tous les coeurs.

 

Si tu veux Muse chagrine

De ta satirique ardeur,

Voir esteindre la fureur;

Jette les yeux sur Francine,

Vois ses atraits, sa douceur,

Cette taille noble et fine,

Admire ses traits vainqueurs

Parle comme tous nos coeurs.

 

Chanson                          1715                              [219]

Sur l’air: Vrayment ma Commere ouy.

 

Sur M.r le Comte de Pontchartrain Secretaire d’Estat, démis par Monsieur le Duc d’Orleans, aprés la mort du feu Roy en 7.bre 1715.

 

Est-il vray ce que l’on dit?

Vraiment ma Commere ouy.

Que Pontchartrain est parterre;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

On dit qu’il est bien marry

Vraiment ma Commere ouy.

De n’avoir plus l’éscritoire;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Il êtoit si bon amy,

Vraiment ma Commere ouy.

Il êtoit si débonnaire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

On dit qu’il prend le party,

Vraiment ma Commere ouy.                            [220]

De se faire voir à la foire,

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Ce sera bien mieux pour luy,

Vraiment ma Commere ouy.

Que de rester à rien faire;

Vraiment ma Commere voire.

Vraiment ma Commere ouy.

 

Est-il vray qu’on prend son fils?                            Monsieur le Comte de Maurepas.

Vraiment ma Commere ouy.

Vaudra-t-il mieux que son pere?

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Lettre                           1715                            [221]

des R.R.P.P. Capucins, au R.P. le Tellier.

 

A tres haut, et tres fin Jesuitte,

Le Révérend Pere le Tellier,

Grand Inquisiteur Emérite,

Et du feu Roy Pénitencier.

       Ferme arcboutant du Molinisme,

Jadis fleau du Jansénisme;

Plus Roy que le Roy dans l’éstat,

Dans l’église plus que Prélat,

Plus que Pape, que le Pape mesme,

Sans Mure, Crosse, ou Diadême.

Quel revers! tout vôtre pouvoir

De Rome à des Moines l’espoir;

Du même coup que LOUIS tombe.

      Mais encore que le Confesseur

S’eclipse avec le feu pescheur,

Que de vôtre floire passée

Ne vous reste que la pensée.

Pour si triste et douleureux cas,

Vos amis ne chageront pas.

Si pourrez par nôtre tendresse

A partager vôtre détresse

De mesler les amis Loyaux,

Que confondiez avec les faux.                 [222]

Donc à vôtre Révérence,

Jurent nouvelle obéissance,

Les Général, Définiteurs,

Et Gardiens et Prédicateurs;

Bref, la Gent tout à vous soumise

De Révérends a barbe grise.

      Or, comme trotons par les champs,

Plus qu’aucun des Moines trotans,

Et que pour vous faisons ronde,

Plus que tous les Moines du monde,

Si qu’il n’est Carmes n’Augustins,

Ne Cordeliers, ne Célestins,

Qui scachent mieux suivre à la piste,

Et vous lever un Janseniste:

Aussi vous aprendrons-nous mieux

Par quels propos séditieux,

Chacun aujourd’huy vous déchire

Et s’outrecuide de maudire

Par grande abomination

La Sainte Constitution.

      Puis quand vous aurez veu saint Pere,

Combien peut leur chant vous déplaire,

Si pourrez de vôtre cerveau

Tirer expédient nouveau

Qui change, en longues doléances,

Leurs légeres réjouissances:                          [223]

Sitôt que le bon Pénitent

Aproche de son noir moment,

Mouchard Barbu se met envoye

Capuchons vont quester leur proye,

Et partout font ouvrir le coeur

De ceux que resserroit la peur;

On vous dispense, avec adresse,

Force questeurs de toute espece;

Questeurs de Bleds, questeurs de Bois,

Questeurs d’huisle, questeurs de noix,

L’un preschant la Vierge Marie,

L’autre un Patron de Confrairie,

Tous en doctrinez cauteleux;

Et leurs tablettes avec eux,

Dans le Coche, dans la gargote

Chez le Curé, chez la dévote:

Mais las! Révérend Pere en Dieu,

Faut il vous dire qu’il n’est lieu,

Où l’on n’attaque à toute outrance

Voire défunte Révérence,

Et ne soyez raillé, joué,

Blazonné, berné, bafoué.

Le scavant trouve que Tacite

 A prophétisé qu’un Jesuite

Feroit bien du mal aux Franςois

Et qu’il vous a peint sous ces traits;                    [224]

“Homme sans nom, vil, méprisable,

Toujours preste a changer autruy,

Il scait dissimuler pour lui.

Quoique haut, et d’une humiere fiere;

Flateur, il scait ramper par terre;

Sous une aparente pudeur,

L’ambition ronge son coeur.

S’il est quelqu’un dont le mérite

Fait ombre aux projets qu’il médite;

Sur un mémoire présenté

Cet homme est bientost écarté.

Un mortel seul par ignorance

L’honnore de sa confiance;

Content, il offre un front d’airain

A la haine du genre humain.

D’autres d’une naissance obscure

Comme lui, corrigeant l’injure

Fouloient aux pieds l’humble innocent,

Puis sont tombés en un instant.

Vils Délateurs, dont les services

Méritoient les derniers suplices;

Un gain seur, et de grands honneurs

Sont les appas de leurs fureurs.

Effrayez du mal qui nous presse

Nous demandons si la sagesse

Peut encore au monde avoir lieu,

Par un modeste et seur milieu,                          [225]

Entre la flatterie honteuse

Et la ferneté dangereuse.”

L’ignorance dit: Pour être au Roy

Ce Pere en scait-il mieux sa Foy?

Je doute fort de sa croyance.

Ceux à qui l’on fait violence

Sont tous scavans, et gens de bien:

Mais les autres....... n’en disons rien,

Mon Curé deffend dand son Trosme

De dire du mal de personne.

      L’homme de cour, d’un ris malin

Ainsi vous nazarde en chemin:

Ah! la voila la Chattemitte,

Qui nous cache un fougueux Jesuitte;

Le voila ce beau Révérend

Qui tous les jours en se montrant

Voyoit tomber les Eminences,

S’anéantir les Excellences,

Se prosterner les grands Prélats,

Ramper les graves Magistrats.

Un regard êtoit une grace,

Pour l’avoir on briguoit la place;

Il falloit prendre les devants,

D’ebusquer mille Courtisans;

Là par force, icy par souplesse,

Se faire joure, fendre la presse,                           [226]

Tant qu’enfin l’on se vit posté

Sous le regard tant souhaité.

Ouvroit-on? l’on disoit, sans doute,

Il m’apercevra sur sa routte:

Mais le capricieux coup d’oeil

Se refusoit avec orgueil.

Plus loin l’altiere Révérence

Alloit repandre l’esperance.

Au coeur du mortel bienheureux

Sur qui daignoient tomber ses yeux.

Donc saisi d’une autre avenüe

L’on mandioit encor sa veuë,

On s’allongeoit, on se dressoit;

Tout à coup l’heure qui sonnoit

Fermoit la port impitoyable:

On donnoit le manege au Diable,

Et l’audience et le Portier,

Et surtout le Pénitencier

Or aprés fortune si belle

Que pour un mot lasché contre elle,

Un honneste homme êtoit perdu,

Qu’est le bon pere devenu?

Moine, non pas Moine ordinaire,

Disant patenostre et Breviaire,

Chantant son re, mi, fa, sol, la,

Pour gueusant cy, gaudissant là;                        [227]

Mais, Moine à jamais mémorable

Par sa politique exécrable

Moine, Turc, et non pas Chrestien,

Moine l’horreur des gens de bien.

      Or oyez des Prélats d’Eglise,

La gent si souple, et si soumise,

Ils perdront bientost le respect

Et desja disant en secret;

Ce Jesuite avoit bien a faire

D’engager nostre caractere

Dans cette Constitution;

Où n’avons onc rien veu de bon,

Fors tous les points qu’elle condamne

Chacun de nous, ainsy qu’un asne,

Courboit stupidement le cou,

Et couroit gayment sous le joug.

Il nous menoit à la baguette;

Le traître et la Marionette

N’obëy pas mieux à la main,

Que nous autres à son dessein,

Vils artisans de l’édifice

Qu’eleve avec tant d’artifice

Aux frais de nôtre autorité

Le tres fine société.

Depuis soixante ans elle crie

Qu’une épouvantable hérésie                          [228]

S’exhale du fonds des énfers,

Qui va noircir tout l’Univers

On s’emeut, et plein d’un saint zele;

On cherche, on agit; Paroît elle?

L’avex vous veuë en Occident?

Nous fuyons jusqu’en Orient.

Prélats, Docteurs, toute l’église,

S’eveillent crainte de surprise.

Point d’hérézie, hors les érreurs

Des moux et benins Directeurs.

Qu’on s’aveugle, que le mal presse

Que Pierre et Paul en sont tachés,

Tels et tels cantons entichés:

Et par adroites manigances

Les poussent auprés des puissances.

Morale aisée, et doux Docteurs

Eurent toujours la Clef des coeurs,

On les y croit, on les écoute.

Trouvent-ils quelqu’un sur leur route

De taille a disputer contre eux?

Ils le vont déclarer lépreux;

Mais lépreux dont l’air empoisonne,

Et perd tout ce qui l’environne.

Il a beau dire, je suis sain,

On vous le hape un beau matin,                  [229]

On vous le met à la Bastille,

On vous le purge, on vous l’étrille;

Signez cecy, croyez cela,

Vous ne guérirez que par là.

Longtems la manoeuvre fut telle

Pour la déplorable séquelle;

Jesuites seuls donnoient la loy,

Fagotoient à leur gré la Foy.

Plaignez-vous, vous voila coupable

A ce tribunal redoutable,

Dont ils sont les hauts justiciers,

Le Pape et le Roy, les Greffiers.

Or nous Prélats gens fort habiles

Et cervelles vrayment subtiles;

Car il faut parler rondement,

Au moins quand nul ne nous entend,

Si Cardinalat, si Pairie,

Gras éveschés, riche Abaye,

Si pensions, si Cordons bleus

Ne nous avoient bouché les yeux;

Si nous avions dans la retraite

Plus aimé Livre que toilette;

Bien loin d’en croire l’impudent

Qui metoit noir, où tout est blanc:

Point n’eussions fait de Foy nouvelle;

Et le cry du peuple fidelle                         [230]

Ne nous auroit point fait sentir

L’affront sanglant d’un démentir.

Troupe fourbe, autant que crédule,

Nous n’aurions pas dit à la Bulle

Ȏ l’admirable invention!

A Rome ouy, en France non;

Si ne verrions nôtre Confrere

Tiré du ténébreux mistére,

Plaindre a présent ses envieux;

Et vainqueur discret, et pieux,

Surcharger nôtre ignominie

Par le poids de sa modestie.

Ainsi s’expriment les Prélats,

La robe ne leur cede pas,

Les gens de robe, tres saint Pere

Vous apellent net, un Faussaire,

Qui trahissés d’un coup la Foy,

Le Pape, l’éstat, et le Roy.

La Foy, couvrant d’affreux nuages,

Des points clairs, et de saints usages.

Le Pape, ayant agioté,

Sa pauvre infaillibilité.

L’Estat, sacrifiant à Rome

La liberté et le Royaume.

Le Roy, qui sans sujets sera

Sitôt que Rome tonnera.                          [231]

Puis fort au long, Révérend Pere,

Nos gens détaillent la matiere,

Mais laissés ces bec affilez

Batre l’air et vous consolez,

Car en voicy dont le langage

Tourne plus à vôtre avantage.

Ce sont, Messieurs les libertins,

Gens abombances et festins,

Gros garςons a vastes bedaines,

Aimant bien gentilles fredaines,

Traits malins et joyeux propos,

Bref, gens tous ronds, et point cagots.

Ma foy ce Jesuite est bon Diable,

Disent ils, et fort charitable

Nous n’ouvrions les Livres Saints,

Il nous les retire des mains.

Ce qu’on faisoit par négligence,

Faisons-le par obeissance:

La Bulle est seure caution

Pour avoir l’absolution.

J’avois crû par foiblesse extrême,

Qu’on déplaît à Dieu, si l’on n’aime,

Un peccavi nous sauve tous;

Rions, chantons, enyvrons nous,

Estoit si chien que de la crainte

On n’ait à la mort quelqu’atteinte

C’est assez, et puis n’a t’on point                             [232]

En tous tems la grace à son point?

Le Ciel s’obtient sans tant d’avance,

Parbleu ménageons la dessence.

Sur ces affreuses vérités

Qui tant nous ont épouvantez.

Aujourd’huy le Commode de Pere,

Répond un doute salutaire.

Le Pape en revient avec luy,

Maints Prélats luy donnant apuy,

On en croyoit trop, on varie,

Tant qu’enfin aujourd’huy l’on nie

Ce qu’hier l’on croyoit certain.

Remetons a croire à demain,

De cecy ne faites que rire,

Puisque le libertin tire

Trop lubrique conclusion

De vôtre constitution.

C’est moins par maligne critique,

Que par pure défaut de Logique;

Mais voicy les esprits baourus,

Des Lougaroux, des malotrus,

J’entens les vieux Apostoliques,

Ces graves écclesiastiques,

A souliers larges, longs manteaux,

Manches êtroites, grands chapeaux.

Or ces jeuneurs à face blême,                      [233]

Disent à la Bulle anathême,

Est tout net, ne leur citez pas

Le Pape, et les Doctes Prélats.

Ils vous disent la Bulle est claire,

Ce qui condamne le Saint Pere

Ce sont les articles, qu’il dit

Offrir l’erreur dés qu’on les lis;

Mais par un détour ridicule

On s’aperçoit que das la Bulle

On ne peut trouver la clarté

Qui marque l’héréticité.

Si ce qu’on lit est ce qu’on frape,

Il faut avouer que le Pape

Avec Augustin a proscrit,

Saint Paul, l’église, son esprit,

Ses prieres, et sa pratique;

Mais qu’un Pape soit hérétique!

C’en est trop, ont dit les Prélats,

Hé bien! nous ne le dirons pas.

Disons que la Bulle est obscure,

Et justifions la censure,

En portant les foudres lancés

Sur des faux sens, quoique forcés;

Mais n’attaquer que des chimeres,

Quand Rome en veut aux choses claires;

 C’est dire au Pape sans façon                             [234]

Vous mentés, Quesnel a raison,

C’est traiter de façon brutale

L’Infallibilité Papale.

Bien l’ont senti nos grands Prélats,

Gens polis, fins et délicats;

Et d’ingénieuse maniere

Ils ont fait valoir au saint Pere,

Leur tres humble acceptation:

Mais chut, sur l’explication.

Or par quelle étrange alliance

Verroit-on dans cette occurence

L’aimable et simple vérité

S’unir à la duplicité!

On cherche a satisfaire ensemble

Ses interrêts, et Dieu! L’on tremble

De se brouiller avec son Roy,

Et l’on se brouille avec la Foy.

On unit des sens hérétiques

Aux termes plus Catholiques.

De la plus pure piété.

La vérité toujours craintive

Devient languissant et captive

Sous les fausses précautions,

De cent vaines restrictions.

L’exil fait déserter la chaire,                             [235]

Elle est en proye au mercenaire,

Qui parle dans ses entretiens,

Aux éspions, plus qu’aux Chrestiens;

Loin cette infame politique

Qu’enfanta l’orgueil Jesuitique,

Et dans nôtre simplicité

Mourons tous pour la vérité.

Deut la Gent en ruse féconde

Etonner de nouveau le monde,

Par quelque ressort infernal

Renverser nôtre Cardinal.                                  Noailles

A l’erreur n’ouvrons point l’entrée

Par une paix fausse et plastrée,

Et pour Dieu n’expliqueons jamais

Des points si clairs, des points si vrays.

Sans doute par tant de Batailles

La ferme et le pieux Noailles

N’a pas voulu s’aproprier

L’honneur de molir le dernier;

Et d’un Livre qu’il a fait faire

On ne lui verra pas extraire

Des sens qu’il scait bien dans son coeur

Que n’ont n’y les mots ni l’auteur;

Tout est perdu s’il capitule,

L’erreur est l’ame de la Bulle,

La Calomnie en est le fin.                              [236]

Tout accommodement est vain;

S’il l’a reçoit, il justifie

Et l’Erreur, et la Calomnie;

Mais il n’a sans doute accepté

Qu’en faveur de la vérité,

Le nouveau rang, que sa droiture

Malgré ses rivaux, lui procure.

Donc sous ce sage conducteur

Sion reprendra sa splendeur;

Ses enfans sans crainte, et sans guerre

Releveront son sanctuaire,

Et contre eux le Samaritain

N’aigrira plus le souverain,

Ainsi le dévot vous dénote,

La sucrée avec son oeil doux.

Mon Dieu, dit elle, où sommes nous?

On n’entend plus ce qu’on veut dire,

On ne scait plus ce qu’il faut lire,

Ce qu’on avoit toujours eû blanc

On le dit tout noir a present.

Ce que des Saints Prélats commandent,

Les Jesuites nous le deffendent,

Quoiqu’ils rendent de l’Evangile,

La méditation facile,

Quoiqu’ils versent avec douceur                          [237]

L’onction jusqu’au fond du coeur,

Qu’ils ne preschent que le Silence,

Le travail et l’obeïssance,

Qu’ils répandissent de saints degouts,

Sur ce que le monde a de doux.

Des Prélats disent d’un auteur

Que l’esprit saint remplit son coeur.

Et les Jesuites, que le Diable

Y verse un venin détestable.

Du Guet, Nicole, et le Tourneux

Comme Quesnel sont dangereux;

Quoiqu’on puise dans leur lecture

Une lumiére et vive et pure,

Quesnel, Nicole, & le Tourneux

Sont des Scélérats selon eux;

Dés qu’un Livre vous édifie

Le Diable y souffle l’hérésie;

Et nous mene aux derniers malheurs

Par la pénitence et les pleurs.

Ils veulent nous en donner d’autres,

Substituter les leurs aux nostres:

Mais ceux dont ils nous font présent

On meurt de froid en les lisant.

Si ces Peres vouloient bien faire,

Ils devroient pour se satisfaire

Les arracher, ses Livres Saints,                               [238]

De nos coeurs comme de nos mains.

Ainsi le Clergé, la Noblesse,

Et le Bourgeois, et la Duchesse,

Et le scavant, et l’ignorant,

Et le petit comme le grand,

Par mille discours téméraires

Vous maudissent vous et vos Peres.

L’un dit cecy, l’autre cela,

N’azade ici brocard par là,

Si que c’est pitié de voir comme

Depuis Paris jusques à Rome,

Chacun vous siffle, et qui pis est,

Vous siffle sans être suspect.

De ce coup fortune perverse,

Combien de gens ta main renverse.

Voila, voila les cruels tours

Qu’on voit jouër tous les jours,

Aveugle et bizarre Déesse,

De perdre ainsi ceux qui sans cesse

Alloient humbles adorateurs

A Saint Louis t’offrir leurs coeurs.

Pour les gens de la Confrairie

Plus de graces, plus d’Abaye,

Plus de Mitre, plus de Chapeau,

Bref ni petit, ni gros morceau:

Mais bien fortes turlupinades.

Quolibets, et sornettes fades.                  [239]

Surtout, pauvres valets de piéd

Sont en grand deuil et détourbié,

Sans respect pour la barbe antique

Ny pour le haillon séraphique,

Ny pour les sacrés escarpins,

On fait la guerre aux Capucins.

Jadis comme aides Molinistes

Nous parlions haut aux Jansenistes

Pour n’être en la secrette mis,

Ils nous régaloient comme amis,

En prouvoient leut sainte Doctrine

En ruant pour nous en cuisine.

Nous allions prosner les progrés

Que la Bulle n’avoit pas faits.

On l’avoit receüe en Espagne,

En Portugal, en Allemagne.

On avoit coffré tel Docteur,

Bastillé tel Prédicateur.

On alloit voir certain mistere

Dont il falloit encore nous taire.

Le Cardinal faisoit sa paix.

Nous connoissions tous les secrets,

La fin, les moyens, les obstacles.

On nous écoutoit comme Oracles,

Bref, Capucins alloient, venoient,

Décidoient, rioient, fricassoient;                      [240]

Si que dans toute la Campagne

Ils trouvoient païs de Cocagne.

Mais las! toute nostre splendeur

Tombe avec le Confesseur.

Donc s’en vont projets, expérances,

Courses, Stations, et bombances,

Et sont receus les Capucins

Par charité comme gredins.

Bien comptions, tres Reverend Pere,

De vous instruire en cette affaire,

Des personnes et des Cantons,

Comme par cydevant faisions.

Mais par trop le monde en fourmille,

Et les portes de la Bastille

Qui batoient jadis sous vos Loix,

Ne reconnoissent plus vôtre voix.

Ains ceux que par fines pratiques

Aviez enclos comme hérétiques,

Ils en sortent tous triomphans.

Ce beau Phillipes d’Orleans,

Le plus déclaré Queneliste

Que deviez mettre en vos Listes,

Las! par ses horribles méfaits

A dérangé tous vos projets.

Il vous a suplanté, le traitre,

Vous n’etes rien, il est le maître,                                    [241]

Quoiqu’eussiez d’adroite façon

Reglé son pouvoir et son nom,

On parle, on escrit, on raisonne:

Mais il n’inquiette personne,

Les Jansenistes en sont foux,

Il est plein d’esprit, il est doux,

Laborieux, ferme, oeconome;

Ils le donnent pour si prudhomme

Que si l’on les croit qujourd’huy

La France périroit sans luy.

Mais observons en patience

Comme ira sa belle Régence.

On verra qu’il scait mieux régner,

Ou d’Orleans et de Tellier,

Qu’il prenne garde à sa personne

Jesuites la lui gardent bonne,

Le pauvre sire, je le plains,

S’il tombe jamais dans leurs mains.

Or pour charmer nôtre grévance,

Nous pouvons trouver alégeance,

Vérité, pain, vie, onction

Dans vôtre Constitution,

Constitution consolante,

Théologique, et tres scavante,

A laquelle finallement

Ne manque qu’un point seulement,                 [242]

Tant belle elle est, et bien conçüe;

Ce point là, c’est d’estre reçeue

Et partant vous baisent les mains,

Les tres dignes Capucins.

 

Du 12. Sept. 1715. du Grand Couvent.

 

Epigramme                          1716                         [243]

Sur les Jesuites.

 

L’Idolastre Société,

De tout temps en monstres féconde;

D’un Roy fit sa divinité,

La voila sans Dieu dans ce monde.

 

Autre

 

Des Jesuites, dit on, la ruine est entiére,

Chez le Régent ils n’ont aucun accez;

Je pense d’une autre maniére,

Et je crois qu’ils gagnent leur procez,

Puisqu’on leur tourne le derriere.

 

Epigramme                       1716                           [244]

contre M.r d’Argenson.

 

On dit que le Régent à bien lié les mains,

A cet homme dont l’ame est dure autant qu’avare,

Qui ne songeoit qu’à troubler les humains

Par une police barbare;

Ce sera pour le peuple un plaisir sans égal

D’avoir bientost ce laid visage

Crever de dépit et de rage,

De ne plus faire tant de mal.

 

Chanson                               1716                                   [245]

Sur l’air: de la Palice est mort.

Sur la Constitution

 

Cy gist la Constitution,

Bastarde d’Ignace, et de Pierre,

Fille de Louis par adoption,

Et sa presomptive héritiere.

Passant plaignez son sort,

Elle est more par simpathie;

Car helas! s’il n’estoit pas mort

Elle seroit encore en vie.

 

Chanson                          1716                              [246]

Sur l’air du Confiteor.

 

Régent chasse Boulainvillier,

Croi moi laisse là son grimoire,

Tous ses Écrits, tous ses papiers;

Valent ils ton Laboratoire?

Qui scait mieux que ta fille et toy,

Le tems que doit vivre le Roy.

                       ou

Régent renvoye Boulainvillier

Ne consulte plus son grimoire,

Tant de calcul sur le papier

Ne vaut pas ton Laboratoire?

Qui scait mieux que Noailles et toy

Combien de tems vivra le Roy.

 

Chanson                             1716                            [247]

Sur l’air: Voire lanla.

Sur Mad.e de Monasterol.

 

Charmante Monasterol;

On y suis au desespoir,

Ma foiblesse me désole.                             le Chtr de Bavieres qui la rata.

J’ay touché sans m’emouvoir

Voire lanla, lan derirete,

Voire lanla, lan derira.

 

Chanson                             1716                            [248]

 

Le Diable qui Adam tenta,

Jalous de tant de gloire,

Luy fir suivre les Loyola;                        les Jesuites.

Chacun en scait l’histoire,

L’enfant de Cithere en pleura,              Cardinal de Rohan.

Dans les bras de sa mere.

 

Vengeone-nous, mon fils, dit Venus,

Punissons cet outrage;

Pour Melun de tous le rebut,                Mademoiselle de Melun née en 1671

Inspire lui ta rage,

Et que sans grace et sans veru,

Elle fixe ce volage.

 

Chanson                      1716                            [249]

Sur l’air: Alleluya.

Sur Mad.e de Monasterol.

 

La Monasterol enragée

De se voir ainsi délaissée,

Chez d’Aremberg se présenta,

                  Alleluya.

 

Un jour elle alla le trouver,

Monsieur voulez vous m’eprouver,

Je suis en habit de combat,

                  Alleluya.

 

Le gros Flamant par charité                      le Duc d’Aremberg

Voulu bien la belle exploiter;

Mais bientost il la renvoya,

                  Alleluya.

 

Car aprés en avoir tâté

Jamais ne put recommencer,

D’Agénois nous aprit cela,

                  Alleluya.

 

Ne scachant plus que faire icy

A Marsillac elle prend le V.............              Marsillac Colonel qui a le pouce coupé

La voila réduite a cela,

                  Alleluya.

 

Belle Coursillon pour le déduit,

Le pauvre Charlot* l’a petit;

Et vous ne peschez point par là.

                  Alleluya.

 

*Charles de Lorraine d’Armagnac dit le Prince Charles.

 

Chanson                       1716                         [251]

Sur l’air Robin turelure.

Sur l’Évesque d’Auxerre, lorsqu’il abandona le parti du Cardinal de Noailles.

 

Petit Esope mitré,

Tu crois aprés ton parjure,

Que Tellier te va titrer,

                  Turelure,

D’une grosse prélature,

                  Robin turelure.

 

De l’Archevesque Fortin,

Tu muguette la parure;

Mais tu n’en tasteras brin,

                  Turelure,

Ce n’est pas pour ta figure,

                  Robin turelure,

 

A Versailles chausses bas,

Tu fus une heure en posture;

Pour y recevoir hélas!

                  Turelure,

Sur ta chétive fressure

                  Robin turelure.

 

La peur te fir jaboter,                                 [252]

Tu trahis ta signature,

L’on te fit reculoter,

                  Turelure,

Ainsi finit l’aventure

                  Robin turelure.

 

Chanson                        1716                          [253]

Sur l’air: Alleluya.

Sur l’Abbé de Broglie Agent du Clergé et de la Constitution, de mauvaises moeurs et de réputation.

 

L’Abbé de Broglie à tant gratté

La Rochepot où vous scavez,                            fille du chancelier Voisin.

Qu’à la fin Evesque il sera.

                  Alleluya.

 

Si de ce beau couple charmant,

Il en pouvoit naistre un Enfant,

Combien le Clergé chantera.

                  Alleluya.

 

Chanson                      1716                             [254]

Sur l’air de Mais.

 

La Chabannois, cette beauté peu fiére,

A d’Aremberg découvrit son derriere;

                                    Mais

                  Il est construit de maniere

                  A n’y retourner jamais.

 

De son pertuis sa grandeur respectable,

Faisoit frémir un v.............. si miséravble;

                                    Mais

                  Eut il esté formidable,

                  Il lui faut un Mirbalais.

 

De mille plis son ventre est le réfuge,

Son vaste C............ incessamment se purge;

                                    Mais

                  Vergagne en peut être juge,

                  Il en a fait le portrait.

 

Chanson                    1716                       [255]

Sur l’air des Triolets

 

Il vous manque des Triolets

Trop aimable Monasterol;

En voulez vous quelques couplets,

Il vous manque des Triolets,

D’Aremberg s’en va pour jamais.

Adieu donc le quay de l’école;                 où logeois le Prince d’Aremberg

Il vous manque des Triolets.

Trop aimable Monasterol.

 

C’estoit au temps de l’Angelus,

Que vous faisiez vôtre priere;

Chez vous un Autel à Venus

C’estoit au temps de l’Angelus.

Alors pour offrande dessus

Vous presentiez vôtre derriere.

C’estoit au temps de l’Angelus.

 

J’ay oui dire à ce gros Flamant;

Sans l’en estimer d’avantage

Que sans le secours de l’encens,

J’ay oui dire à ce gros Flamant

Sur la victime tres souvent.

Il n’auroit consommé l’ouvrage,                      [256]

J’ay oui dire à ce gros Flamant.

 

La Chabannois vous l’enleva                        N....d’Escourbleau Sourdis

Et c’est un vilain tour a faire,

Le même Autel, le même bras.

La Chabannois etc.

Consolez vous l’encens brusla,

Il êtoit ma foy necessaire.

 

Chanson                           1716                             [257]

Sur l’air: Estes vous de Gentilly.

 

Nous avons donc un Edit?

Vraiment ma commere ouy,

Pour taxer les gens d’affaire,

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Bourvalais s’e ressent-il?

Vraiment ma Commere ouy,

Dans la Bastille on le serre

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Miot est-il avec luy?

Vraiment ma Commere ouy,

Ils feront donc bonne chere,

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Est-il vrai ce qu’on ma dit?

Vraiment ma Commere ouy,

Qu’on y mettra les Notaires

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Rendront ils ce qu’ils ont pris?

Vraiment ma Commere ouy,

C’est le meilleure de l’affaire;

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Iront ils au Pilory?

Vraiment ma Commere ouy,

Ils y iront même au Galere

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

De pendus en sera t’il?

Vraiment ma Commere ouy,

S’ils sortent de leurs tannieres;

Vraiment ma Commere voire

Vraiment ma Commere ouy.

 

Chanson                      1716                          [259]

Sur l’air: A la façon de Barbarie.

 

Tous les Maltotiers de Paris,

Sont en grande tristesse,

De voir Miot et Bourvalais pris

Pour leur grande richesse

Dont on leur demande raison;

La faridondaine, la faridondon,

Pour les avoir si bien acquis, biribi,

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Ces deux illustres scélérate

Si remplis d’arrogance

Ont ruiné tous les éstats

Qui composent la France;

Mais les voila dans la prison,

La faridondaine etc.

Où l’on scaura les divertir, biribi

A la façon etc.

 

Tremblez vous, tous vous associez

D’avoir suivi leur trace

Aussi bien que tous vos Caissiers,

Vous aurez une place;

Dans cette Royale Maison;

La faridonaine etc.

Où vous trouverez du crédit, biribi,                    [260]

A la façon etc.

 

N’attendez pas que la question

Fasse avouer vos crimes:

Faites vôtre Confession,

Offrez quelques victimes.

Non des agniaux; mais des millions

La faridondaine etc.

Et vous irez en Paradis, biribi,

A la façon etc.

 

Chanson                      1716                          [261]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

pleurez tous gens de Finance,

Vos plus beaux jours sont passez;

Le Régent veut que d’importance

Vous serez enfin repassez,

                  Et étrillez.

Pleurez tous gens de Finance

Vos plus beaux jours sont passez.

 

Bourvalais se désespere

D’estre accroché le premier.

Il voit venuir l’heure derniere

Qui doit enfin l’associer

                  Avec Cordier.

Pleurez etc.

 

Miotte choisit sa retraite

Dans le coin de son grenier,

Cette inspiration secrette

Le rendra à son premier métier,

                  De Palfrenier.

Pleurez etc.

 

La Vieuvulle et son complice

Moureront tous deux de regrets                        [262]

De rendre à Madame justice,

Tous les gros profits qu’ils ont fait

                  Et l’interrest.

La Vieuville etc.

 

En quelle place funebre

Doit-on pendre le Normand,

A cause de son nom célebre

La croix du tiroir est vrayement

                  Son monument.

En quelle etc.

 

Tout va reprendre sa place,

Le Régent nous le promet;

Mais si chacun rentre en sa place,

Sur le pavé que de Laquais,

                  Grands et bienfaits,

Tout va etc.

 

Chanson                       1716                        [263]

Sur l’air: A la façon de Barbarie

A l’occasion de la 1.re representation du Bal au Palais Royal le 2. Janvier 1716.

 

Cesse France de t’allarmer,

Reprens tes espérances,

Et ne songe plus qu’à sauter,

Qu’à recorder tes dances;

Noailles par sauts & par bonds,

La faridondaine, la faridondon,

Fit merveille au bal de jeudy, biribi

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Bien gravement il  entra*

D’un air de bienséance;

Puis tout d’un coup il s’engagea

Dans une contredance;

Il y fit le petit Balon,                                             Danseur de l’opéra.

La faridondaine etc.

Il en a remporté le prix, biribi,

A la façon etc.

 

Poursuit, Prince, soutient to choix,

Tu a fait bonne emplette,

De trois honorable bourgeois,

 

*Il avoit le pied dans les vignes aussi bien que beaucoup d’autres qui venoient de souper chez M.r d’Antin.

 

Gens de bonne défaite,                                       [264]

Du Coudray, des Forts et Fagon.

La faridondaine. etc.

Ils ont tous trois beaucoup d’esprit, biribi,

A la façon etc.

 

Du Coudray plus dur que l’acier,

Fagon plus dur encore,

Des Forts est caustiques et altier,

En vain on les implore,

L’humeur leur tient lieu de raison,

La faridondaine etc.

Mais ils réussirons aussi, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Noailles nôtre President

Estoit le seul en France,

Que pouvoit choisir le Régent,

Pour regler ses Finances

Le bon ordre de sa Maison;

La faridondaine etc.

Un grand augure nous en fourny, biribi,

A la façon etc.

 

Son pere êtoit un grand guerrier,

Son ame guerriere,

Il scavoit assez son métier,                                 [265]

Pour toujours en arriere

Se metre à l’abry du canon,

La faridondaine etc.

Vive vive Monsieur son fils, biribi

A la façon etc.

 

Ce laborieux financier

Travaille à toute outrance,

Il n’epargne point le papier,

C’est là toute sa science.

Du sac il a montré le fond,

La faridondaine etc.

C’est pourquoy tout va aujourd’huy, biribi,

A la façon de barbarie mon amy.

 

Des autres si l’on ne dit mot

Ce n’en est pas la peine:

On ne scait quel est le plus sot,

Un borgne l’autre meine,

C’est une troupe de Dindons,

La faridondaine etc.

Que Noailles éleve et conduit, biribi,

A la façon etc.

 

Ne rions plus venons au fait,

Le Conseil de Finance,

Est de tous le plus imparfait,                      [266]

Et le plus d’importance.

Où Diable a t’on pesché Fagon,

La faridondaine etc.

Falloit autant garder Bercy, biribi,

A la façon etc.

 

Que dis-je je suis imprudent

De juger de la sorte;

Bientost pour avoir de l’argent,

Chacun prendra la hotte;

Au moins du Coudray ce dot on,

La faridondaine etc.

Le croit, je suis de ton avis, biribi,

A la façon de Barbarie mon amy.

 

Chanson                      1716                              [267]

Sur l’air: O reguingué, o lon lan la

Sur Madame la Duchesse de Berry.

 

Or escoutez petits et grands, bis

Un tres funeste evenement;

O reguingué o lon lan la,

A l’endroit d’une jeune dame,

Qui en a le regret dans l’ame.

 

Dans le Luxembourg ce dit on, bis

Elle a fait un joly poupon,

O reguingué etc.

Et quoique tout le monde en glose,

Tout les jours fait la même chose.

 

La uit du Dimanche au Landy, bis

Les douleurs elle ressenti,

O reguingué etc.

Mais en moins d’une demie heure,

Elle est accouchée ou je meure.

 

La sage femme on apella, bis

La voyant elle s’écria,

O reguingué etc.

Princesse que vous êtes habile                        [268]

D’avoir sitost fait une fille.

 

La mere est de bonne Maison, bis

Elle est du vray sang de Bourbon;

O reguingué, o lon lan la;

Mais nous en ignorons le pere,

Car ils êtoit trop à lui faire.

 

Chanson                        1716                             [269]

Sur l’air: Il a batu son petit frere.

 

Ce n’est pas le fils, c’est le pere,

C’est la fille non pas la mere;

A cela prés tout est au mieux.

Ils ont déja fait Eteocle,

Et s’il vient a perdre les yeux,

C’est le vray sujet de Sophocle.

 

Chanson                       1726                             [270]

Sur l’air de Joconde.

Sur Madame la Duchesse de Berry.

 

Desja vôtre esprit est guéry

Des craintes du vulgaire,

Grande Duchesse de Berry

Vous baisez sans mistere;

Un nouveau Loth vous sert d’éspoux                        le Duc d’Orleans

Mere des Moabites.

Faites encore sortir de vous,

Un peuple d’Amonites.

 

Epigramme                        1716                          [271]

Par Arouet à M.r le Duc d’Orleans, pour se justifier d’avoir fait le précédemt couplet.

 

Non, Monseignur, en vérité

Ma muse n’a jamais chanté

Tous ces Jean f............... d’Amonites.

Brancas vous répondra de moy,

Un rimeur sorty des Jesuites,

Des peuples de l’Ancienne Loy,

Ne connoist que les sodomites.

 

Chanson                             1716                         [272]

Sur l’air: Quand Iris prend plaisir a boire

 

Ne parlons plus de pénitence,

Ny de vertu, ny de prudence,

Livrons nous à tous les plaisirs,

Les jeux, les ris, l’amour, le vin, la dance,

Sous la Régence sont permis;

Imitons l’aimable Cypris*,                       *Madame de Berry

Son pere aura toute indulgence.

 

Chanson                      1716                          [273]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

Sur Mad.e la Duchesse de Berry.

 

La Berry n’est plus si sotte,

De s’en tenir au Papa,                             le Duc d’Orleans.

La grosse Ragotte

Met sous sa cotte,

Tantost sticy, tantost stila,

La Berry n’est pas si sotte

De s’entenir au Papa.

 

Chanson                        1716                         [274]

Sur l’air: Lon lan la derrirette.

 

C’est la Duchesse de Bourbon,

Qui met tout le monde en chanson,

Lon lan la derirette,

Excepté ceux qui lui ont mis

Lon lan la deriri.

 

Chanson                        1716                          [275]

Sur l’air: C’est la pure vérité.

 

On dit que le Luxembourg                                    Madame de Berry.

Sert de réduit à l’amour,

Ce n’est qu’un médisance;

On dit qu’à l’intempérance

Un autel on a dressé,

Que nuit et jour on encense,

C’est la pure vérité.

 

On dit que chez les Condé

Les amants sont bien traitté,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit que par complaisance,

La Maman de son costé                                        Madame la Duchesse

Prend aussi part à la Dance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que certain Roué

La Duchesse à sceu charmer,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que pour pierre d’attente

Ce qui n’est pas écrasé,

Faute de mieux la contente

C’est la pure vérité.

 

On chante belle Conty,                              [276]

L’excez de vôtre apéty,

Ce n’est qu’une médisance;

Aux yeux de toute la France,

La Fare que vous chérissez

Met le faux en évidance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que la Suryon,                                            M.lle la Rochesuryon

Voudroit bien changer de nom,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit que par prévoyance,

Et pour fuir l’oisiveté,

Martin l’instruit par avance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que malgré sa beauté,

Que la Lambese la gasté,

Ce n’est qu’une médisance;

On dit qu’avec indulgence

Ses parens l’ont fait traiter,

Quand elle eut conté sa change,

C’est la pure vérité.

 

On dit que sa soeur Duras

Peupleroit bien un haras,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit qu’elle met par avance,                                   [277]

Aux dépens de sa beauté

Plus d’un étalon en dance,

C’est la pure vérité.

 

On dit que la Baufremont

A tous dit pis que leur nom,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que sans conséquence

Elle peut tout hazarder,

Sans craindre la médisance

C’est la pure vérité.

 

On dit que le grand Villars

Doit sa fortune aux hazars,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit qu’outre sa vaillance

Sa femme de son costé

A mérité récompense,

C’est la pure vérité.

 

Chanson                        1716                            [278]

Sur l’air: Philis prend plaisir à boire.

 

Adieu donc, Partisans infames;

Pensez maintenant à vos ames ,

Le loisir vous en est donné.

Nôtre Régent plus grand qu’on ne peut dire.

A sauver, vous a condamné,

Vous avez assez friponné.

A nôtre tour, à nôtre tour nous allons rire.

 

Chanson                       1716                              [279]

Sur l’air du Confiteor.

 

Tancin (1) vous avez de l’esprit,

On le voit par votre conduite.

D’Argenson vous avez séduit

Pour mieux éviter la poursuitte

De vôtre affreux débordement

Qui vous fit chasser du couvent.

 

Boulinbrock est tu possedé?

Quelle est ton idée chimerique?

De t’amuser à Chevau.......

La fille du Saint Dominique?

Crois-tu que d’elle er d’un Toris

Il naîtra un Antéchrist?

 

Pense tu donc plaire au Régent

En chavau............ cette Guenippe?

Il la ratée depuis trois ans 

 

(1)   N..... Guerin de Tancin 1.ment Religieuse. On dit que M.r Dillon Lieutenant general des Armées lui fit un enfant. Elle vint à Paris, obtint une nomination d’une place aux D.cs Religieuses de Neuville les nones en Bresse, où elle n’a pas êté, en enfin en vertu d’une pretendüe protestation contre ses 1.ers voeux, ils ont êté declarés nuls. Sa soeur la Feriol lui a menagé quelque bien avec lequel elle a agiotée a Paris sous la protection de M.r d’Argenson Lieutenant de Police son tenant, auquel elle a donné la verole dont il est mort, et dans le besoin elle lui a aussi servy d’espion.

(2)   Il êtoit Secretaire d’Estat de la Reyne Anne d’Angleterre et est refugié à Paris.

 

Et a juré par Saint Philippe                       [280]

Qu’il mépriseroit tout mortel

Sacrifiant à cet Autel.

 

La Feriol (1) à moins d’esprit

Avec son grec et sa science,

En laissant eschaper Coigny,

Homme de tres grande importance,

Pour sa fortune et sa santé,

Bon Dieu! qu’il s’estoit mal niché.

 

D’Huxelles (2) ne l’a voit jamais

Que tremblant, perdant la parole,

Il déteste ses vieux atraits,

Où il a gagné la verolle,

Hélas! dit-il, tout éperdu,

Du moins si je l’eus pris en c........

 

(1)   On a dit d’elle qu’elle tenoit chez elle la petite assemblée du Clergé, a cause du nombre d’Abbez qui alloient chez elle. On a dit que son frere êtoit trop bien avec elle, et que ce fut sur l’avis que l’on en donna au Roy, qu’il ne fut pas fait evesque. Il y en a bien eu d’autres.

(2)   Le Mareschal d’Huxelles loge auprés d’elle. Leurs maisons communiquoient par le jardin.

 

Chanson                       1716                        [281]

Sur l’air des Pendus.

Louange et blâme du Cardinal de Noailles.

 

Parlons de nôtre cardinal,

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Destituant plus d’un Jesuite;

On ne peut blâmer sa conduite:

Mais en dispersant Port Royal,

Il faut dire, qu’il a fait mal.

 

Parlons du même Cardinal

A t’il etc.

Jugeant que la Bulle est maudite,

On ne peut blasmer sa conduite:

Mais n’osant s’exprimer tout net,

Il faut dire qu’il a mal fait.

 

Parlond toujours du cardinal

A t’il etc.

Quand de Quesnel le Livre il louë

Personne ne lui fait la mouë;

Mais lorqu’un tel Livre il defend

On la lui fait asseurement.

 

Parlons toujours du Cardinal,                               [282]

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Quand du Cas* il fait quelqu’estime,                             *le cas de conscience

Il ne fit pas un fort grand crime;

Mais quand il le fit retracter,

Alors tous devoient résister.

 

Parlons toujours du cardinal

A t’il etc.

Faisant signer le Formulaire,

Quant au Droit, qu’on le laisse faire;

Mais lorqu’il fait signer le fait,

Il faut dire, que mal il fait.

 

Palons toujours du Cardinal,

A t’il etc.

A Rome dénonςant Sfondrate,

Sa Foy comme son zele éclate;

Mais abandonnant ce projet,

Il faut dire, qu’il a mal fait.

 

Parlons toujours du cardinal,

A t’il etc.

Quand il défend la comédie,

Qu’il n’ait pas bien fait, je le nie,

Mais quand pour aumosne il y met,

Une taxe à lui c’est mal fait.

 

Encore un mot du Cardinal,                                [283]

A t’il bien fait? a t’il fait mal?

Quand par ses moeurs il édifie,

Il est juste qu’on le publie:

Mais quand Lotterie il permet,

Alors on dit qu’il a mal fait.

 

Chanson                       1716                                    [284]

Sur l’air: Blaise revenant des champs.

 

Bourvalais venant des champs,

Tout dandinant, bis

Fit rencontre d’un Exempt,

Et puis ils s’en furent,

Dans une closture.

 

Chanson                          1716                              [285]

Sur l’air de Joconde.

 

L’Edit qui nous met aux abois,

Auteur de nos miseres,

Est du plus juste de nos Rois,

Qui du tems de nos peres

Le fit pour punir les forfaits

De semblables canailles,

De la Vieuville, et Beaumarchais

Grans pertes des Noailles.

 

Chanson                            1716                             [286]

Sur l’air: Terrible en paix, paisible en guerre.

                                    ou

                  Il a batu son petit frere.

 

Avec d’Aumont, d’Antin, Noailles,

Nous ne craignons point de Batailles;

Prince tu peux nous réformer;

Ils sufisent pour nous défendre,

Que viendroit-on icy chercher?

Ils ne laisseront rien a prendre.

 

Chanson                          1716                                 [287]

Sur l’air des Cloches.

Sur M.r le Bas de Montargis.

 

A te voir,

Montargis,

Avec ton Saint Esprit;

Que croire. bis

 

Que tu as mis,

Ton esprit,

A faire valoir icy

Grimoire. bis

 

Auras-tu

Trop d’éscus,

Aprés avoir tout rendu,

Au peuple, bis

 

En voyant,

Ton habit,

On sera tout ébaubis

D’y voir: bis.

 

L’ornement,

Apliqué                                                                    [288]

Sur le Bas en jolivé

D’un Asne, bis.

 

Epigramme                           1716                         [289]

Sur M.rs Crozat & Montargis.

 

Pour prescher l’humilité

Mortels remplis de vanité;

Voyez jusqu’où le Saint Esprit s’abaisse,

Crozat, et Montargis l’ont trouvé dans leur caisse.

 

                                    autrement

Pour vous prouver l’humilité,

Voyez homme plein de fiérté;

Combien le Saint Esprit s’abaisse

Le bas la trouvé sa caisse.

 

Chanson                       1716                          [290]

Faite à l’occasion de M.r le Duc d’Orleans qui a donné 50000# a une fille qu’il a voulu baiser, et qu’il a raté.

 

La qualité n’est que sotise,

Le rang seul vaut il nos desirs?

En amour je prendrois pour devise,

Moins de grandeur et plus de plaisir.

 

Lorsque mon ardeur est extrême

Quand je suis en feu dans tes bras,

Tu me rates, hélas! quand on aime

Je suis seure qu’on ne rate pas.

 

Foin de la grandeur incommode,

Un coeur tendre doit s’allarmer;

En ratant l’on se met à la mode.

Les Bourgeois scavent bien mieux aimer.

 

Chanson                        1716                                  [291]

Sur l’air de la Fronde.

                  ou

Il a battu son petit frere.

 

Que nôtre Regent et sa fille                                    la Duchesse de Berry.

Commettent maintes pécadilles,

C’est un fait qui semble constant;

Mais que par lui elle soit mere,

Se peut il que d’un même enfant,

Il soit le grand pere et le pere.

                  ou

Que le Regent avec sa fille

Commette quelque pécadille,

Je le roiray facilement;

Mais ce que je ne scaurois croire,

C’est qu’on puisse d’un même enfant

Estre le grand pere et le pere.

 

Si pourtant comme on le présume

Au monde elle ait mis un posthume,

Il faut bien lui donner un nom;

Ainsi sans être téméraire,

C’est la Rochefoucault, de Pont,

Gontaut, Rion, la Haye, Salvaire.

 

Qu’avec Lassay la Bourbon f..............                                  [292]

Il n’est personne qui en doute,

Ils ont même tous deux raison;

Mais la belle devroit lui dire

Qu’avec plus de discrétion

Chez une veuve on se retire.

 

Que la jeune Duchesse en rage,

Que son mary n’en fasse usage.

En est-on surpris? non vrayment,

En pareil cas un amant vange;

Que du Chalat soit cet amant

Le choix m’en paroist fort étrange.

 

Que la Conty soit enragée

A un singe d’etre attachée,

Cela ne se peut autrement;

Mais qu’elle s’entienne à la Fare.

Ou son apétit n’est pas grand,

Ou sa retenuë est bien rare.

 

Que Suryon impatiente,

Avec le Marton se contente,

Cela n’est pas étonnant;

Mais qu’elle l’aimant à la rage

N’en éprouve aucun accident,

Elle est plus heureuse que sage.                                  [293]

 

Que Charolois jeune et fringante

Pour Richelieu soit complaisante,

C’est assez le sort de son sang;

Mais qu’à ce chois elle se tienne

A son âge belle maman

En occupot demy douzaine.

 

Que le Duc s’empresse pour Nesle

Il flatte l’humeur de la belle,

Et son époux n’en dira rien;

Mais qu’en soupant chacun la darde

Comme un autre Saint Sébastien,

Que de Castel elle se garde                       Chirugien qui guerit de la vérole.

 

Que Jonsac/ Jonquette à Conty se donne,

Elle s’allie à la couronne,

Quelle gloire pour les Haynaux!

Mais que sans garder de mesure

Tous les Roquets lui soient égaux,

Pour le Jonsac quelle coëffure!

 

Que la belle Monasterolle,

Se donne pour mille pistolle,

Je trouve qu’elle faisoit bien;

Mais que pour une on en jouisse,

Et meme tres souvent pour rien,                           [294]

Ma foy gare la chaudepisse.

 

Qu’habile en vers, qu’habile en prose,

Locmaria* nuir et jour compose,

Puisqu’aimer lui semble commun;

Mais que sans cesse elle s’occupe,

Au sot combat de conque contre un,                              Bataille des Jesuittes.

Sapho ne fut jamais si duppe.

 

Qu’à du Maine laide et nabotte,

Un Malezieux leve sa cotte,

Le marché pour tous deux est bon;

Mais que le Polignac n’en bouge

Et couche avec cet embrion

C’est faire honte au Chapeau rouge.

 

Qu’au tendre Nagis la Vrilliere

Donne jouissance pléniere.

La Dauphine en fit bien autant;

Mais qu’au Régent elle se vouë

Pour la fortune du galant

Plaisant pivot, plaisante rouë.

 

Que même elle se prostitüe                                la Monasterol.

Au dernier laquais de la ruë;

Cela m’est fort indifferent;

 

*Elle est veuve du vieux Marquis de Locmaris Lieutenant general.

 

Mais que la putain soit méchante,                      [295]

Et veuille en imposer aux gens;

C’est etre par trop insolente.

 

Que la Melun* jeune et gentille

Se brouille avec sa famille,

Cela se peut il autrement;

Mais que d’Evreux elle suplante

Et f....... avec son amant

C’est être mauvaise parente.

 

Qu’ayant le coeur un peu trop tendre

Gacé partout se laisse prendre,

Le mal est commun dans Paris;

Mais que dans l’ardeur la plus forte,

Elle et d’Aremberg soient surpris,

Où sont les verroux de la porte?

 

Que pour rendre Orleans propice,

Maillebois s’offre en sacrifice,

Sauvant du gibet des Maretz;

Quel jugement en doit en faire?

Aime t’elle ses interrests?

Le déduit, ou bien son beaupere?

 

*Fille de la duchesse d’Albret qu’on dir avoir enlevé le jeune Soubize a la Comtesse d’Evreux.

 

Chanson                          1716                               [297]

Sur l’air des Landiris.

 

Petite d’O pour le déduit*,  

Est-ce vray tout ce que l’on dit?                  

Vous vous êtes apliqué Bussy**.

 

Vôtre mary tout effrayé

Chez la Coligny est allé;

Ma soeur je viens pleurer icy.

 

Dodo ne faut pas vous fascher,

Allons je veux vous consoler;

Aussitôt lui a prier le v.........

 

Le pauvre enfant tout consterné

N’osoit encore la regarder;

Hélas! bien lui en avoit pris.

 

Des qu’il eut veu ce large estuy,

Et que ce C...... il eut senty;

Ah! ma soeur comme il put icy.

 

C’est bien à vous petit amoureux,

A trouver que je l’ay baveux;

La Feuillade me l’a bien pris.

 

* Fille du Marquis de Lassay et de la Bastarde de M.r le Prince sa 3.e femme      

** l’Abbé, fils du comte de Rabutin

 

Petit Charolois je vous plains,                            [298]

De courtiser une Catin,

Qui est le rebut de Paris.

 

Qui dit Catin en dit assez,

On ne s’y peut jamais tromper;

C’est la guaisne de tous les v........

 

C’est pour Monasterol enfin

Que successeur de S.t Germain,                le Chtr, frere du Marq. de S.t Germain Baupré.

Vous vous jettez dans le mépris.

 

Aprenez qui vous remplacez,

Et quel honneur vous aquerez.

Je veux vous en faire rougir.

 

De sodome tout essoufflé,

L’Abbé d’Auvergne est arrivé;                      En arrivant aux Eaux elle lui donna la verolle.

En se debottant il fut épris.

 

Chanson                        1716                          [299]

Sur l’air: Alleluya

 

Monsieur le Duc à Sessac dit,

Je voudrois être ton amy;

Aussitost il lui fit cela.

                  Alleluya.

 

Aprés s’en être un peu servy,

A Putanges il la rendit;

Et à la Meuse il retourna.

 

A Gacé de Nesle disoit,

Le même sort je crains ma foy,

Pour Meuze il me plantera là

                  Alleluya.

 

Gacé du propos êtonné,

Parût d’abord embarassé;

Mais aprés il l’a rasseura,

                  Alleluya.

 

De Nesle ne craignez donc rien,

Je connois mon Prince trop bien;

Pour la chasse il balancera.

                  Alleluya.

 

A d;Agénois la Nesle à dit,

Adieu mon cher petit amy,

Vous ne me ferez plus cela.*

                  Alleluya.

 

Ce n’est point changement de goût,

Mais pour contenter mon époux,

Monsieur le Duc me le fera.

                  Alleluya.

 

Je ne pourrois pas le tromper,

Déja son confident Gacé.

Ne me quitte pas d’un seul pas,

                  Alleluya.

 

Le d’Agénois fort courroucé,

Cherchant partotu a se vanger,

Chez Monasterol s’en alla.

                  Alleluya.

 

Plus par son dépit que par goût,

Il voulut bien lui faire un coup;

Mais point il ne recommenςa.

                  Alleluya.

 

Depuis disné jusqu’à soupé,

 

*La Monasterol avoit gagné une des femmes de Chambre de Madame de Nesle qui avertit le Marquis de Nesle, et elle fut prise sur le fait avec le Comte d’Agenois.

 

Elle f..... en asne débâté,                           [301]

Tant grand est l’apétit qu’elle a.

                  Alleluya.

 

La médisante Baufremont                         N.......... de Courtenay laide et méchante.

Par Pezeux fit fourbir son C......

Pour lui quelle travaille est cela!

                  Alleluya.

 

Le Chevalier quoique fourny,

Ne suffit pas pour le déduit,

De cette Messaline là.

                  Alleluya.

 

Le d’Aremberg tout essoufflé

Sur un canapé l’a jetté;

Mais aussitost il débanda.

                  Alleluya.

 

La Courcillon toute effrayée

A Parabere s’en est allée,

Et son histoire lui conta;

                  Alleluya.

 

Belle Seignelay pour le déduit,

La Feuillade est il fort au lit?

Par ma foy je ne crois pas.                         [302]

                  Alleluya.

 

La Duras à ce que l’on dit,

De Richelieu a pris le v.....,

La Charolois en boudera.

                  Alleluya.

 

La Villequier nous a dit,

Je suis lasse de mon mary,

Son pere le remplacera./ Le Pezé le remplacera.

                  Alleluya.

 

Belle Princesse de Conty,

Poupart à le v..... trop petit/ La Fare a le v... trop petit.

La Nouë vaut bien mieux pour cela*.        

                  Alleluya.

 

Monasterol à ce qu’on dit,

A pris de Baviere le v.....

De même qu’à son bon papa.

                  Alleluya.

 

A Villequier elle avoit dit,

Je veux que tu sois mon amy;

Mais le vilain n’en voulut pas.

                  Alleluya.

 

*1.er éscuier du Prince de Contry, et 4.e fils du Marquis de Langeaix

 

Le Comte d’Agénois a dit,                     [303]

Ah! frand Dieu quel goufre est cecy!

Je ne puis suffire à cela.

                  Alleluya.

 

La petite de Chastillon

N’a qu’à se gratter le menton;

Nul ne veut lui faire cela.

                  Alleluya.

 

Elle vouloit bien agacer

Le Marquis au nez retroussé;                             Gontaut.

Mais la Bercy l’en empescha,

                  Alleluya.

 

Le d’Espinoy avoit choisit                          N.... Gorge retenuë par les charosts dévots.

Pour ses esbas la d’Aucenis;

Mais ma foy il n’a pris qu’un rat,

                  Alleluya.

 

La jeune Comtesse d’Evreux,

A le C..... moindre que les yeux,

Cependant elle fait cela.

                  Alleluya.

 

Belle Maman si vous chassez,                       Madame la Duchesse, mere.

L’aimable Marquis de Lassay;

La Motte le remplacera;                                  [304]

                  Alleluya.

 

Rupelmonde de ta beauté,

Le tems bientost sera passé,

Fais-le donc tant que tu pourras.

                  Alleluya.

 

Maillebois a dit au Régent,

Faites-le moy donc plus souvent,

Et mon beau pere chantera.

                  Alleluya.

 

Du matin jusques à midy,/ Locmaria toute la nuit

Locmaria bransle des v..../ S’amuse a mesurer son v....

Sans jamais se lasser le bras.

                  Alleluya.

 

La Vrilliere a dit au Régent,

Je suis à vous pour de l’argent;

Autrefois Rebours m’en donna.

                  Alleluya.

 

Aprés avoir bien veu des v....

Elle s’est tenuë à Nangis;

Il est bon pour faire cela.

                  Alleluya.

 

La Montbazon a ce qu’on dit,                          [305]

Du Prince de Rohan prend le v....,

Du Bordage s’en faschera.

                  Alleluya.

 

Duras a fait la jonction

De Son derriere et de son c.....,

Allons mes amis voir cela.

                  Alleluya.

 

On vouloit scavoir dans Paris,

Qui avoit le plus grand pertuis

Aussitost Cany s’ecria,/ Aussitot Villette banda,

C’est la Duras. / Alleluya.

 

La jeune Duchesse, dit-on,

Avoit pris le petit Marton:

Mais elle aime mieux du Chalar.

                  Alleluya.

 

La jeune de Roye, ce dit-on,                        fille de Du Caffe .

A pour amant Castelmoron:

Mais Duretal lui fait cela.

                  Alleluya.

 

La des Alleurs à son fils dit*,

 

*l’Ambassadrice vouloit lier son fils avec la Monastero pour en tirer de l’argent.

 

J’ay trouvé une place icy;                    [306]

Mais le vilain le refusa.

                  Alleluya.

 

La d’Evreux à ce que l’on dit,

Trouve que Soubiza la petit;

Un plus gros le remplacera.

                  Alleluya.

 

C’est d’Angennes* à ce que l’on dit,

Qui va remplacer ce petit v......,

Toutes les Bouillons il f.....

                  Alleluya.

 

*Il avoit eu une affaire avec la Duchêsse d’Albret sa fille dont on prétend qu’elle a eu un enfant avant d’epouser le jeune Melun.

 

Le d’Espinoy s’etoit vanté

D’avoir la d’Evreux chevauché,

Que pour Polignac il quitta.

                  Alleluya.

 

Mais on lui rend justice icy,

En attribuant à son amy,                               le Duc de Richelieu.

Tout ce que de mauvais il a.

                  Alleluya.

 

Le Bournonville et la Jonsac.

Ensemble dont le tic tac;

Le pauvre enfant s’en sentira                           [307]

                  Alleluya.

 

Villequier auroit toujours vecu

Sans jamais avoir êté f.......

S’il n’eut soupé chez du Cheila.

                  Alleluya.

 

Courcillon l’emmena chez lui,

Et lui dit mon petit ami;

Mais le fait est qu’il l’encu....

                  Alleluya.

 

La Talart à ce que l’on dit,

De plus de trois mois s’est mépris,

Dans un an elle accouchera.

                  Alleluya.

 

A d’Espinoy elle avoit dit

Fais cocu mon pauvre mary,

Je n’accouche pas sans cela.

                  Alleluya.

 

La jeune Soubise dit-on,

A le plus puant de tous les .......

Son nez rouge nous l’indiqua.

                  Alleluya.

 

D’Evreux vôtre mauvaise foy,                      [308]

Vous fait fort peu d’amis, je croy,

Soubize est dupe, ou le sera                              le jeune.

                  Alleluya.

 

On le trompe facilement,

Il est benin et bon enfant;

Mais un plus vif l’en vangera.

                  Alleluya.

 

Le petit Gesvres ce dit on,

Tous les jours vous prend vôtre c.......

Et avec vous il fait cela.

                  Alleluya.

 

La Cursay à ce que l’on dit,

Veut encore lui prendre le v......

Mais point il ne fera.

                  Alleluya.

 

Le Brossoré est enragé

De voir ce train recommencé,

Par ma foy il la rossera,

                  Alleluya.

 

La de Gié à ce qu’on dit,

Couche avec le vieux Thury;

il ne peut plus faire cela,                                  [309]

                  Alleluya.

 

La Darcos n’aura plus d’amans,

Elle est vielle et n’a plus d’argent,

Disons lui tous un libera.

                  Alleluya.

 

Jonsac est devenu jaloux,

Jonquette dit qu’elle s’en f....

Et que toujours elle fera.

                  Alleluya.

 

Il a beau lui donner des soufflets,               Il la soufflera chez le Prince de Conty.

Des nazardes, des camoufflets.

Jamais son bois ne tombera.

                  Alleluya.

 

La Mimure disoit à Gontaut,                          d’Achy Marquise de Mimure.

Vous n’êtes pas assez ribaut,

Vous futes éxilé pour cela.

                  Alleluya.

 

A Segur (1) disoit le Rémond (2)

 

(1)   fils du Lieutenant général.

(2)   Jadis maîtresse de Monsieur de Bavieres.

 

De grace prenez moy le c......                    [310]

Il fit plus, car il s’y logea.

            Alleluya.

 

La pauvre S.t Germain-Beaupré

A tout le monde l’a montré;

Mais elle a trop de poil au bas.

                  Alleluya.

 

Chanson                      1716                                [311]

Sur l’air: Or nous dites Marie.

 

Or nous dites de Nesle

Qui vous a fait quitter;

D’Agenois si fidelle

Pour un autre Berger,

Hélas cet imbécile

Ce maquereau gasté

Qui sans cesse babillé

M’est venu débaucher.

 

Mais que dira Surville,                                            Hautefort.

Qui vous f..... si bien,

Il contoit par la ville

Renouer son tendre lien;

L’un n’est que Gentilhomme,

L’autre est Prince du sang,                                          M. le Duc.

Et s’il n’est pas bel homme,

Au moins a t’il un rang.

 

Sortant de chez d’Alluye,

Où allez-vous le soir;

Cette commode amie,

Fournit t’elle un f....toir;

Bourbon dans un carrosse

M’attend pour chamailler;

 

Mais ce n’est qu’une rosse,                             [312]

Dés qu’il faut chevaucher.

 

Dites-nous jeune Prince

Comment pour contenter,

Vostre eschine si mince

Peut elle résister?

Femme si vigoureuse

Pour mon temperamment,

Ne scauroit être heureuse

Avec un seul amant.

 

Expliquez-nous de grace

Qui vous a fait quitter

La Cessac dont la grace

Scavoit vous enchanter?

Je le vois tout de même,

Et l’aime tendrement;

Mais son âge me gesne

Je suis trop jeune amant.

 

Sans parler de la Nesle,

Cessac en vérité

Crois-tu le Duc fidelle

A ta vieille beauté?

Ton inceste publique

Découvre à tous venans

Que ta perverse clique                             [313]

Tu fais passer le tems.

 

Mais qu’avoit fait la Meuze,

Pour vous en dégouter,

Son air de prétieuse

Parroissoit vous toucher?

Elle est trop grimaciére

Et n’a nul agrément,

Ce n’est qu’un chimére

Sans aucun sentiment.

 

On disoit qu’avec elle,

Vous vouliez dégainer,

Que cette sotte belle,

Vouloit vous gouverner;

Ma soeur avec la Fare,

M’y vouloit engager;

Mais son esprit bizare

M’auroit fait enrager,

 

Cette jeune Princesse,

Se divertit donc bien;

A t’elle la bassesse

D’ecouter ce mâtin?

Elle a sceu la maniere

De gagner son bossu,

On ne peut plus lui plaire,                            [314]

Qu’en le faisant cocu.

 

Large Monasterol,

Vray gibier de bordel,

Ta féconde vérole

Détruits tous les mortels;

Remply ta destinée,

Péry honteusement,

Dans un gouffre abimée,

Disparoist à l’instant.

 

Je consacre à ta gloire

Ce peu de mots tracez,

Au temple de mémoire

Ils y seront gravez:

Infame Messaline

Ouverte à tous venans,

Qu’avec toy seul s’abisme

D’Aremberg ton amant.

 

Tu chante la de Nesle,

Sessac l’a démontée;

Crois-tu le Duc fidelle

A ta vieille beauté?

Ton inceste publique

Découvre à chaque instant

Que ta perverse clique                              [315]

Tu fais passer le tems.

 

Or nous dites Duchesse

Quand Lassay quittera?

Que deviendront vos fesses

Qui vous les grattera?

Chacun dit que la Motte

Comme un jeune étourdy,

Mettre sous vôtre cotte

Un demy pied de v.......

 

Chanson                      1716                          [316]

Sur Madame de Rémond maîtresse de Milord Colifchet, femme de Rémond Bourgeois d’Angoulesme qui assassina d’un coup de pistoler Arnault Lieutenant general d’Angoulesme avec qui il êtoit dans la voiture publique, il se sauva en Flandres où sa femme fut maîtresse de l’électeur de Bavieres, aidé de cette protection, il voulut en 1706. proffiter de l’amnistie que l’évesque d’Orleans a droit d’accorder à tous les criminels à son avenement, mais son affaire fut trouvée si grave qu’il n’y put réussir.

 

Une haleine impure,

Des testons sans bout,

Un ventre à fressure,

Le C... loin dessous.

Voila ce que baise

Celuy qui lui met

Un peu trop a laise

Son Colifichet.

 

Chanson                          1716                          [317]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

 

Faite à l’occasion des difficultez que font les Princes du sang, de laisser traverser le Parquet par les Princes Légitimez quand ils vont au Parlement.

 

Admirez le fils intrépide,

Des Condez, ces braves guerriers,

En plein paix il est avide

D’un nouveau genre de Lauriers.

 

Pour son Chef d’oeuvre de vaillance,

Il jure d’arracher le jour,

Aux Minotaures de la France                             M. le Duc du Maine etc.

Aux fruits d’un criminel amour.

 

Cecy lui vint en fantaisie

Quand Louis eut passé le pas,

Il jura car pendant sa vie,

Princes du sang ne juroient pas.

 

Je consens de voir par la gresle

Secher les costeaux Bourguignons,

Ne baiser jamais la de Nesle

Tant qu’il sera à faux Bourbons.

 

J’establis mon champ de bataille                               [318]

Dans le Parquet du Parlement;

Je donne d’estoc et de taille

S’ils le traversent seulement.

 

Le jour pris pour ce beau fait d’armes,

Fut quand on jugeoit Richelieu;

Tout le Parlement en allarmes,

Faisoit cette prier à Dieu.

 

Grand Dieu! sauvés Toulouze et Dombes,

Si vous n’empeschez leur trépas!

Sous Bourbon l’un et l’autre tombe,

Dieu les exauce, il n’y vient pas.

 

Chanson                          1716                         [319]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

faite à Chantilly sur la petite vérole qui prit à M.r le Duc.

 

Sur vos jours la Parque en balance

Ménaςoit de n’en tramer plus,

Prince, et nous revoyons en France

Rome en pleurs pour Germanicus.

 

Pour arrester ce coup funeste,

Tout pourroit être demandé,

Pour Admete il fut une Alceste,

Tout est Alceste pour Condé.

 

Le Ciel calme enfin nos allarmes,

La faveur vous rend à nos voeux;

Joye éclatez, tarrissez larmes,

Nous célébrons un jour heureux.

 

A l’honorer que tout s’apreste,

Que son bonheur redouble encore,

Qu’il soit le jour de cette feste

Le premier des jours de Nestor.

 

Minerve, Bellonne, et victoire,                                 [320]

Tutelaires du sang de Bourbon,

Conservez des jours dont la gloire

Fera l’eclat de vôtre nom.

 

Desja promettant un Achille,

Et montrant un Fabricius,

Pour éxécuter un Camille,

Il délibet en Fabius.

 

France encore quelques années,

Et s’il faut alors des exploits,

Nous verrons sous ses destinées

Et les Senef et les Roerois.

 

Chanson                        1716                              [321]

Sur l’air: Que j’estime mon cher voisin.

 

De Chantilly le magister,

Autrement dit le maître

A dit le Prince est magister

Que Messieurs ses ancestres.

 

A las Chasse il sonne du cor,

Il est Prince à la ville,

Dans les Conseils c’est un Nestor,

A Fribourg un Achille.                                         Au siege en 1713.

 

Il fait des autres le bonheur

Il ne songe qu’à plaire

Et quoiqu’il soit fort grand Seigneur.

Il est amy sincere.

 

Chanson                            1716                           [322]

Aux champs, à la ville à la cour,

Tout chante à l’envie le tour,

De la santé de son Altesse;

Ainsi le peuple grec ravi,

Poussoit de grans cris d’allégresse,

Quant Alexandre fur guéry.

 

Chanson                           1716                              [323]

Sur l’air: de Joconde.

Sur le S.r de la Pierre Principal du College de la Marche.

 

La Pierre dit qu’il mangera,

Jusques à sa culotte,

Pour rétablir le rectorat

De Poirier sa Marotte.

Mais Poirier par un sentiment

De gratitude pure,

Le prie avec  empressement

D’espargner la doublure.

 

Chanson                       1716                                       [324]

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

 

Le Seigneur a dans l’Evangile,

Maudit le stérile Figuier;

Et l’Université docile

A coupé le mauvais Poirier.

 

Chanson                        1716                                       [325]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine etc.

 

Je respecte la Régence,

Mais dans mon petit cerveau,

Je me figure la France

Sous l’emblesme d’un tonneau;

De cette pauvre futaille,

Le Régent tire sans fin;

Tandis qu’au fausset Noailles,

Escamotte un pot de vin.

 

Réponse.

 

Je consens que la Régence,

Soustire nôtre tonneau,

Pour avoir de la Finance,

Qu’on égorge le troupeau,

Et qu’à Noailles on permette

De voler impunément;

Pourveu qu’apprés on le mette

Coste à coste du Normand.                            Condamné aux Galeres par la Chambre de justice

 

Chanson                         1716                           [326]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine.

 

Sur Madame la Duchesse de Berri qui avoit fait fermer les portes du Jardin de Luxembourg à okusieurs honnestes gens, hommes et femmes, qui s’y promenoient entre 9. et 10. heures du soir et ausquels elle y fit passer la nuit, sans égard à toutes les prieres qu’on lui fit.

 

Si l’on fait fermer la porte

Du jardin du Luxembourg;

C’est cette grosse jouflotte

Qui nous a joué ce tour;

Elle eut mieux fait la coquette,

De faire boucher le trou

Le voisin du trou qui pettr

Par où elle fait joujou.

 

Chanson                          1716                        [327]

Sur l’air: Ton humeur est Cathérine.

Contre les Jesuites.

 

Toy qui croy que malgré Rome;

Les Ignatiens sont abas.

Et qui voudroit scavoir comme

Ils sortiront d’embarras;

Je crois que cette culbute

Ne les étourdira pas;

Car les Dindons dans leur chute

Sont de la race des chats.

 

Chanson                      1716                            [328]

Sur l’air: L’amour la nuit et le jour.

 

Mon impotent mary

Quoique d’un gout contraire;

Me fait perdre l’esprit,

En m’empeschant de faire toujours

La nuit et le jour.

 

Aimable Polignac

Sans l’importune mere,

Avec le sot Fronsac,

Vous scauriez fort bien faire toujours,

La nuit et le jour.

 

Chanson                            1716                           [329]

Sur l’air de la Cabaretiere.

 

Je ne suis pas la Rupelmonde,              Recourt de Lens de Rupelmonde

Dit la Maillebois courroucée,

Non je n’aime pas tout le monde,

Faites ailleurs vôtre marché,

J’en voulois un, je l’ay trouvé.

Retournez donc à la blonde;

J’en voulois un, je l’ay trouvé,

Ma soeur n’en a jamais assez.

 

Chanson                      1716                          [330]

Sur Madame le Boulenger,

 

Trop orgueilleuse Boulengere,

Vous donnez donc du nez en terre;

Pour le coup vous nous étonnez,

On est surpris de vôtre chute;

Car vous faisiez la culbute

Jadis ailleurs que sur le nez.

 

Chanson                         1716                            [331]

Sur l’air: de Moy.

Sur Madame de Nesle.

 

J’ay des amans, je suis jeune et bein faite,

                  J’ay beaucoup d’agrément;

L’on dit partout que je suis fort coquette,

                  Que je le fais souvent.

Je leur répond sans en faire la fine;

                  Je suis Mazarine moy,

                  Je suis Mazarine.

 

Chanson                       1716                              [332]

Sur l’air des cloches

 

Le Gacé est chassé,                                Madame la Princesse de Conty la jeune.    

Le Conty vous a laissé                       

La Fare, la Fare.

 

Chanson                        1716                         [333]

Sur l’air: Laire la, laire lan laire.

 

Le Chevalier de Matignon,

N’est receu en c.... ny en c......,

Il médit de toute la terre;

Laire la , laire lan laire,

Laire la, laire lan la.

 

Hier au bal nôtre Régent,

D’un air tendre, affable, et charmant,

Vouloit baiser la Parabere,                                      Baudéant.

Laire etc.

 

La Parabere de son costé,

Ne voulant pas le refuser;

Troussa sa jupe et laissa faire,

Laire etc.

 

La Marquise de Castelmoron,

Est porteuse d’un si grand C.....,

Que Montfort lui fair par derriere.                         l’Abbé.

Laire etc.

 

Chanson                        1716                            [334]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

D’Arginy fait bien la fiere,

Pour six freluquets qu’elle a,

                  Elle s’imagine,

                  Qu’avec sa mine

Jamais son C..... ne jeûnera;

D’Arginy fait bien la fiere,

Pour six Freluquets qu’elle a.

 

D’Arginy n’est pas trop riche;

Mais elle paye comptant,

                  Elle n’est pas sévere

                  Pour l’ordinaire,

Qu’à ses amans les moins pressans.

D’Arginy n’est pas trop riche,

Mais elle paye comptant.

 

Chanson                       1716                          [335]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

Courcillon fait bien la fiere

Pour les deux amans qu’elle a;

                  Le Prince Charles

                  Fort bien la baise;

Mais d’Aremberg n’a pris qu’un rat;

Courcillon fait bien la fiere

Pour les deux amans qu’elle a.

 

Chanson                       1716                           [336]

Sur l’air de Lampon.

 

La Courcillon ne veut pas, bis

Que d’Aremberg perde ses pas. bis

Elle lui preste le derriere,

Son devant à trop d’affaires.

Lampon, lampon,

Camarade lampon.

 

A Madame de Polignac                     1716                    [337]

habillée en homme au Bal.

 

De Psiché seriez-vous l’amant,

De l’amour seriez vous la mere;

Mon coeur s’embarque également.

Et pour Florence et pour Cithere.

 

Sur l’Abbé Pelegrin                           1716                       [338]

qui a fait l’Opera de Telemaque.

 

La matin Catholique, et le soir Idolatre,

Il dîne de l’Autel, et soupe du Théatre.

 

Sur Samuel Bernard                                                      [339]

par Rousseau.

 

Or est monté depuis peu sur un char,

Un eschapé d’Ismaël et d’Agar;

Qu’on connoist tel à son ton judaïque,

A son trafic, à sa mine Hébraïque;

Haro, dit il sur le jeune garςon,

Il faut le pendre il a fait la Chanson;

Qui te la dit, race de Mardochée?

Aux nations de tout tems reprochée

Qui Chrestien est par fausse trahison

Juge toujours contre droit et raison.

 

Chanson                           1716                                [340]

Sur l’air du branle des festes du cours.

 

Ma foy l’on a beau dire,

Le bois manque à Paris;

Ce discours me fait rire

Puisque tous nos maris

En ont provision sur leurs testes chauves,

                  Et je suis asseuré

                                    L’ésté,

                  Que s’ils parroissent,

                                    L’on iroit,

                  A l’ombre dans les ruës.

 

Triolet                        1716                           [341]

 

Ce Malet qui vient d’etre esleu,

Ne scait non plus que sa femme;

A t’il escrit, même a t’il lû.

Ce Malet qui vient d’estre esleu,

Non; mais des Marets l’a voulu,

Il vient d’en signer l’Ordonnance.

Ce Malet qui vient d’estre esleu,

Ne scait rien plus que sa finance.

 

Chanson                        1716                        [342]

Sur l’air du Marais ou de l’Archevesque de Rouen.

 

Pour reformer la France,

Le Régent livre enfin

Provinces et Finance.

A Noailles et d’Antin,

Et ce Prince adirable

Passe les nuits à table

En se noyant de vin

Auprés de sa putain.

 

Chanson                          1716                         [343]

Sur l’air: Vous qui vous moquez par vos ris.

 

L’amour dés longtems confia,

Son charmant Sacerdoce,

A jeune et gracieux Prélat,                                  le Cardinal de Rohan.

Plus galant que Mendoce,

Et dans son temple transfera

Et sa Mitre et sa Crosse.

 

A son grand Prestre il prodigua,

Ses faveurs les plus cheres,

Et fit tant que son nom vola

Sur tout nôtre hemisphere;

Pape et Rois chacun s’envia

Le bonheur de lui plaire.

 

Le Diable qui Adam tenta,

Jaloux de tant de gloire

Lui fit suivre les Loyola,                                         les Jesuittes.

Chacun en scait l’Histoire

L’enfant de Cithere en pleura,

Dans les bras de sa mere.

 

Chanson                        1716                          [344]

Sur l’air de Joconde.

 

Philippe tu ti est mépris,

Et tu ne dois pas croire

Que le chemin que tu as pris

Illustre la mémoire;

Je crains bien que tes favoris

Ne prennent sur ta gloire,

Si l’on voit un jour leur avis

Former seuls ton histoire.

 

Chanson                      1716                        [345]

Sur l’air: Amis ne parlons plus de guerre, parlons d’amour etc. ou Iris prend plaisir a boire.

Les 4. premiers couplets sont du grand Prieur.

 

Ne parlons plus de politique

                  Qu’importe à moy,

Qui gouverne la République,

                  Lorsque je bois,

A ton la paix, à ton la guerre,

                  Je n’en scay rien;

Mais j’ay ma bouteille et mon verre,

                  Tout ira bien.

 

Que l’on conserve à la Régence

                  L’autorité,

Que le Gouvernement de France

                  Soit respecté;

Que l’on éleve les plus dignes

                  De tous estats,

J’en seray content si nos vignes

                  Ne gelent pas.

 

Que la hauteur et l’ignorance

                  Donnant la Loy,

Prétendent regler la Finance,                              [346]

Du jeune Roy.

Et que la Chambre de Justice,

                  Soit juste ou non,

Chacun adore son caprice,

                  Moy mon flacon.

 

Que le party des Jansénistes

                  Ait le dessus;

Que les superbes Molinistes

                  Soient confondus;

Que Quesnel prouve en son ouvrage

                  L’amour divin,

A tous je donne mon suffrage,

                  Si j’ay du vin.

 

Que de Pelerins de Cithere

                  Ce Carnaval.

De la nuit cherchant le mistere,

                  Courant au bal;

Pour moy je reste ferme à table,

                  Et jour et nuit

J’y bois ; si le sommeil m’accable

Je cours au lit.

 

Que tous les jours on emprisonne

                  Des Partisans.                                   [347]

Que l’on tire de leur personne,

                  Beaucoup d’argent,

Je ne crains rien de la justice

                  Pour le certain;

Ne croyez pas que je périsse

                  Si j’ay du vin.

 

Que dedans la Conciergerie

                  Les Logemens

Deviennent des Chambres garnies

                  Pour les Traittans;

Qu’on les pende, qu’on les fustiges,

                  Pour leur larcin,

De tout cela je ne m’afflige

                  Si j’ay du vin.

 

Chanson                      1716                        [348]

Sur le même Air que la précédente.

 

Qu’en France maint Esprit pulule

                  Contre la Loy;

Que tout soit pour une Bulle                              la Constitution.

En désaroi;

Qu’à Rome Clement sans scrupule

                  Risque la Foy.

Je siffle tout jusqu’à sa mule

                  Lorsque je bois.

 

Qu’il veuille gloser sur la Bible,

                  En souverain;

Qu’il soit un Pontif infallible

                  Dans Bellarmin;

Qu’il soit homme répréhensible

                  Selon du Pin,

Tout cela me paroist plausible,

                  Le verre en main.

 

Que l’orgueilleux Rohan s’eveille

                  Tout éperdu;

Que Bissy penaut s’emerveille

                  D’estre tondu;

Que Tellier ait baissant l’oreille

                  Du pied au cu;                                  [349]

Je ne pense qu’à ma bouteille

                  Quand j’ay bien bû.

 

Que la Société moins fiere                            les Jesuittes.

                  Ronge son frein;

Que Doucon boufi de colere

                  S’echauffe en vain;

Que l’on se torche le derriere

                  De son tocsin.

Je ris de leur douleur amere

                  Quand j’ay du vin.

 

Quand ce superbe Essein d’Ignace                                les Jesuittes.

                  Trafique en dol,

Qu’il ose parler de la grace.

                  Contre S.t Paul.

Et qu’il crosse sur l’efficace

                  Saint Augustin;

Tout cela ne vaut pas ma tasse,

                  Quand j’ay du vin.

 

Que l’infame Maltotier creve,

                  Dans sa prison;

Que Vourvalais franchisse en greve

                  Maint eschelon,

Qu’une corde au gibet éleve                             [350]

                  Son Compagnon;

Que m’importe qu’on les acheve

                  Quand j’ay du bon.

 

Que le Normand jouë en Galere

                  De l’Aviron;

Qu’on parle de rogner la Sphere/ serre

                  De d’Argenson;

Que son Gruet fume la terre

                  De Montfaucon;

Tant que j’ay du vin dans mon verre.

                  Je dis bon bon.

 

Chanson                       1716                         [351]

Sur le même Air que les précédentes.

 

Que le Marchant se désespere

                  Faute de gain;

Que l’Artisandans sa misére

                  Gueuse son pain;

Que le Bourgeois comme un Poëte

                  Meure de faim.

Pour moy je ris de leur disette

                  Le verre en main.

 

Qu’un peuple soit prompt a médire

                  Sot et changeant.

Qu’à belles dents Pasquin déchire

                  Nôtre Régent.

Que dans ses coffres il attire

                  Tout notre argent,

En beuvant je ne fais que rire

                  Du soin qu’il prend.

 

Chanson                        1716                      [352]

Sur l’air de l’Archevesque de Rouen.

 

Qu’un Régent plein de foiblesse,

Change à tout moment d’avis;

Que Saint Simon sans noblesse

Soit hay de tout Paris;

Que Canillac, la Caillette

Sans raison toujours Caquette;

Je me ris de leur destin,

Pourveu que j’aye du vin.

 

Logemens de la Cour        1716                       [353]

 

M.r le Duc d’Orléans au pilote incertain, rue Jean-pain-molet.

M.r le Duc de Bourbon au sauvage hipolite, ruë bornée.

M.r le Prince de Conty au singe vert à la savonnerie.

M. le Comte de Charolois à l’Adonis ruë du petit Lion.

M. le Duc du Maine au Diable boiteux à la vallée de misere.

M.r de Rohan au grand Cerf, ruë Jean beau sire.

M.r d’Antin au riche Laboureur rue de l’éperon.

M.r d’Estrées à l’Amiral Voock, ruë Jean qui ne peut.

M.r de Noailles ..................... rue de la Harpe.

M.r de Lorges au borées, rue du petit musque.

M.r de la Force aux Armes de Bourbon, rue baniche.

M.r de Lassé pere au Prolée rue de la friperie.

M.r de la Feuillade au Pair de France, Places des victoires.

M.r de Tallard au mérite inconnu ruë des aveugles.

M.r de Montsoeau au facheux ruë de la Coutellerie.

M. d’Aumort à la belle Ambassade ruë saint Fiacre.

                          

                                                                       [354]

M.r de la Motte à la Lanterne de l’Isle d’amour ruë de l’Arcade.

M.r le Chancelier au Plateon, ruë aux Ours.                           voisin.

M.r de la Haye à l’Arbaletrier, ruë de Berry.

M.r de Canillac......................au Marais.

 

Dames.

Mad.e de Berry à a fille d’Auguste ruë perduë.

Mad.e la Duchesse mere, à la mere des amours, Pont aux Choux.

Mad.e la Duchesse jeune aux graces contrefaites, ruë des avances.

Mad.e la Princesse de Conty mere, à la femme habile, ruë de la Lune.

Mad.e la Princesse de Conty jeune au poupart ruë du snge.

Mad.e de Polignac au coeur versant ruë perduë.

Mad.e de Montbrun soeur de Mad.e de Villefranche à la recluse rue d’Orleans.

Mad.e de Nesle à la gourgandine ruë du hazard.

Mad.e de Baufremont au pla ruë des rais.

Mad.e de Coligny au petit dodo à la Chifonniere.

Mad.e de la Vrilliere à la petite vertu ruë de Gonesse.

Mad.e de la Ferté à la Messaline vieille orangerie.

Mad.e de Duras au prez rue des Cordeliers.

Mad.e de Duras la jeune, à la boule blanche ruë putigueux.

Mad.e Locmaria à la dixiéme puride de Carmes.                   [355]

Mad.e de Parabere a la Susanne rue pusigueux.

Mad.e de Courcillon aux oreilles de Midas ruë Charlot.

Le Cardinal de Noailles au bon Pasteur, place des victoires.

 

Triolet                               1716                                            [356]

 

Quand l’âge d’or reviendra,

L’Argent circulera sans doute.

Quand l’âge d’or reviendra

Le peuple s’en ressentira.

Il aura des Billets d’Estat,

Il n’aura plus de banqueroute,

Car le Régent protegera

La Banque de Laze qui le f....                             Law.

 

Vers                             1716                                    [357]

 

En vain de nos malheurs bornant le triste cours,

Le Ciel plus que jamais attentif à nos jours

Par une ingrate paix, fruit de nôtre victoire,

Croiroit rendre imparfaits ses soins, et nôtre gloire,

L’abondance (present le plus digne des Dieux)

Avec le paix, dit on, va regner en ces lieux,

L’or qu’avoit enfouy la plus sanglante guerre

Doit renaître bientost du centre de la terre,

Et nos champs vrais Péroux, desormais a nos yeux,

Vomiront à grands flots ce métail précieux.

Telle est Damon, telle est la publique espérance;

Mais veux tu la dessus scavoir ce que je pense

Avant qu’on rémédie à tous nos maux passés.

Et qu’à ceux dont encore nous sommes ménacées

On trouve un infallible et suprême antidote.

On pourra voir la cour redevenir dévote,

Le Régent au destin scavoir se résigner,

N’etre plus dévoré de l’ardeur de régner,

La Berry des Laïs n’estre plus la premiere,

Et ne plus surpasser Babet la Bouquetiere,

Condé par le secours de deux regards vainqueurs,

 A sa suitte entraîner, captiver tous les coeurs,

Conty du grand Conty representer l’image,

Saint Georges poursuivant le perfide Hanouer

Conquérir en héros le trosne d’Outremer,                       [358]

Les fils de Loyola par d’imposteurs sophismes                les Jesuittes

Cesser de méditer encore de nouveaux schismes

Voisin, Bercy, Pleneuf, Pontchartrain, des Maretz

En pécheurs repentans confesser leurs forfaits.

L’avide d’Argenson employer son office

Desormais à  des soins plus haut que la police,

Bourvalais, le Normand remis dans leur Bureau,

Mourir d’une autre main que celle du Boureau,

Nos Modestes de Cour, et nos saintes Nitouches,

Aux hommes se montrer séveres et farouches,

Gesvres de sa vertu montrant l’effort suprême,

Donner à sa Maison un véritable Tresmes,

Villars, Mallet, la Frce aprendre a l’univers

S’ils savent ce que c’est ce que prose, ce que vers,

Le nouvel Arlequin mieux que feu Dominique,

Aux vices de son tems, un jour faire la nique,

Le Poëte sans fard receu de ses Lecteurs,

Gibblas das la grande salle entouré d’achepteurs,

Et pour m’enveloper aussi dans la satire,

Et prouver encore mieux ce que je viens de dire,

Moy même je pourray de ce vers insencsé

Ainsi que Seligny me voir recompensé.

 

Chanson                            1716                                  [359]

Sur l’air de l’Eschelle du Temple.

 

Que l’ambitieux courtisan,

Peste et crie contre le Régent;

Que tous les Pairs soient en colere;

Que le Parlement boude aussi,

Que le Traittant se désespere,

Cela ne fait pas mon soucy.

 

Mais je vois impatiemment

En public danser le Régent,

Et sans respect pour sa personne;

Tout promet indiscretement

Prest à changer ce qu’il ordonne

Si Noailles pense autrement.

 

Mais pourroit il honnestement

Estre pour lui moins complaisant;

Au bal il le nomme son maître,

Et l’embrasse amoureusement;

Il ne scauroit trop reconnoistre

Un si public attachement.

 

Ce second et petit Régent,

Jure à son Prince, à chaque instant

Qu’aidé de Rouillé son confrere,                             [360]

Il va faire rouler l’argent;

Mais voit-on quelqu’un qui l’espere?

Et que l’on croit à son serment.

 

Si le trop crédule Régent

Veux finir nos maux promptement;

J’en scay le moyen nécéssaire,

C’est de chasser incessamment

Noailles et son cruel confrere,

Car sans cela jamais d’Argent.

 

Chanson                          1716                                   [361]

Sur l’air: du haut en bas etc.

 

De mal en pis;

C’est ainsi qu’alloit le Royaume,

De mal en pis;

Disoit on du temps de LOUIS:

Mais le.....................compose un baume

Qui va changer cet axiome,

                  De mal en pis.

 

Chanson                            1716                               [362]

Sur l’air du Confiteor.

 

La Messaline de ....................

L’oeil e fau, lair plein d’arrogance;

Dit en faisant charivari,

Qu’elle est la premiere de France,

Elle prend ma foi tout le train

D’etre la premiere putain.

 

Chanson                           1716                               [363]

Sur l’air des Cloches.

 

Le grand Duc et Régent,

Son épouse et sa maman;

                  Vivat vivat.

 

Le Villars à present

Va contenter tous les gens

                  De guerre. bis

 

Villeroy songe à nous

Nous n’avons tous pas un sol,

                  En bource.

 

Si j’estois des Marets,

A chaque instant je craindrois

                  La Corde.

 

Bourvalais et Bercy,

Sont tous aussi bien que lui,

                  Pendables.

 

Et Voisin risque bien

D’estre dans peu de tems rien             

                  Qui vaille.

 

Chancelier chancelant,

Chanceleras tu longtems

                  Justice. ter.

 

Chanson                        1716                            [364]

Sur l’air de Lampon.

 

Le Tellier est dételé,

Des Marets est demeuré,

Nôtre Chancelier chancelle;                         Voisin

Tout Ministre en a dans l’aisle

Lampon, lampon,

Camarade lampon.

 

Chanson                          1716                            [365]

Sur l’air: Vous m’entendez bien.

 

Le Voisin nôtre Chancelier,

Dit qu’on le traite en écolier,

Scachant la Loy entiere; hé bien!

Qu’on le tient en lisiere,

Vous m’entendez bien.

 

Les uns excusent des Marets,

Pour moy je n’y prens ni n’y mets;

Il le sera peut être; hé bien!

Cela fera connoître,

Vous m’entendez bien.

 

Le Gentilhomme Pontchartrain,

A dit-on retranché son train:

Il rougira de honte, hé bien!

Bon c’est un plaisant Comte

Vous m’entendez bien.

 

Le Rebours offre un million

A Castel pour sa guérison;

Il tient bon cet apostre. Hé bien!

Il en laschera d’autres,

Vous m’entendez bien.

 

Le seul Torcy de bonne foy,                        [366]

A servi le peuple et le Roy;

Le Régent le conserve, hé bien!

Pour son corps de reserve

Vous m’entendez bien.

 

Au reste le noir d’Argenson

N’eleve plus si haut le ton;

Il garde la Police. Hé bien!

C’est là tout son office,

Vous m’entendez bien.

 

Le Nonce, le Tellier et Rohan,

Ont passé la nuit à Cachan;

En grande conférance; he bien!

Sur la persévérence.

Vous m’entendez bien.

 

L’autre jour Monsieur de Paris

D’une pressante envie fut pris,

Le Tellier ce bon Pere. Hé bien!

Lui torcha le derriere

Vous m’entendez bien.

 

Tant de malheureux innocens

Qui gémissent depuis longtems.

Sortent de l’esclavage, hé bien!                          [367]

Où les mit vôtre rage,

Vous m’entendez bien.

 

Chanson                             1716                            [368]

Sur l’air des Rochelois; ou de l’Eschelle du Temple.

 

C’est la pieuse d’Ancenis                           Gorge.

Aqui Melun à fait un fils,

Elle n’a point d’impure flame,

Et ne manque pas un sermon;

Elle abandonne à Dieu son ame;

Mais à Melun son grand C......

 

La Maugis* à ce que l’on dit,

Fait un grand bruit dedans Paris;

A présent cinquante Pistolles

N’esbranleroient pas sa vertu;

Mais avant qu’elle eut la vérolle

On la f................ pour un Escu.

 

*Danseuse de l’opéra, d’où le Duc d’Ossonne l’a retira pour en faire sa maîtresse. Il est mort de la vérolle à Paris en 1716.

 

Chanson                        1716                              [367]

Sur l’air: Quand je quitteroir ma Climene.

 

Madame Fillon dans son rolle,

Pourra trouver une putain;

Comparable à la Monasterolle

Quand je cessera d’aimer le vin.

 

La Mothe payera la Darc                      la Comtesse d’Arcos mere du Chtr de Bavieres.

Cet Iris à l’air enfantin,

Persuadera qu’encore elle marque

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Vous presenterez la figure,

D’Angennes, d’un homme bien sain

La Tremoille sera nette et pure,

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Les Provinces et la Finance,

Livrez à Noaills et d’Antin,

Feront bénir le Régent de la France,

Quand je cessera d’aimer le vin.

 

Le Régent fuira la crapule,

Les Chimistes et les devins;

Sur sa fille il aura scrupule,

Quand je cessera d’aimer le vin.                             [370]

 

A ses apetits la Princesse

Meura sagement quelque frein,

Elle aura de la délicatesse,

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

La Conty aura l’air severe,

On estimera son Gobin,

Sa soeur sera plus chaster que sa mere

Quand je cesseray d’aimer le vin.  

 

De quelques pudeur les Noailles

Voudront bien couvrir leur larcin;

Pour le peuple ils auront des entrailles,

Quand je cesseray d’aimer le vin.  

 

Lassay pour sa vieille Duchesse,                   la Duchesse mere.

Aura l’air délicat, et fin,

Chacun l’aimera pour la politesse

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

D’Espinoy de sa belle fille

Voudroit écarter le blondin;

Mais elle perdra l’air de sa famille

Quand je cesseray d’aimer le vin.

 

Tu ranime pour ton beau frere,                          [371]

Coligny tes yeux grenadins;

Ah! fais plutost maudite sorciere

Prendre du Tabac a pleines mains.

 

Chanson                          1716                               [372]

Sur l’air de Joconde.

A Madame la Duchesse du Maine.

 

Ce grand air, ce souris charmant

                  Orné de badinage;

Du Maine cet empressement

Nous fait voir qu’à vôtre âge

Vous voulez donner de l’amour;

Mais qui pourroit en prendre.

Seroit un héris dans ce jour,

                  Plus brave qu’Aléxandre.

 

Chanson                             1716                              [373]

Sur l’air: Quand on a passé quarante ans.

 

La Nesle à un tempérament,

                  Tres étonnant,

                  Tres surprenant;

Mais ce qu’elle a de bien joly,

                  C’es l’ouverture,

                  Que la nature,

Fit pour les v.............

 

Mais qui a un vilain pertuis

                  C’est a d’Alluye,

                  C’est la d’Alluye;

Et cependant pour un Escu.

                  Le Merinville,

                  Met son éguille,

                  Dedans son cu.

 

Monasterol l’on pretend,

                  Qu’il est si grand,

                  Qu’il est si grand;

Qu’on dit même qu’un Allemand,

                  Prince de Hesse,

                  A pris tes fesses

                  Pour ton devant.

 

La Sessac encore à présent,                          [374]

                  Veut des amans,

                  Veut des amans:

Hélas! n’est-il pas suffisant

                  D’estre commode,

                  C’est bien la mode,

                  A cinquante ans.

 

Triolets                          1716                            [375]

 

Parlons un peu de Matignon,                            le Chevalier.

Non pas de l’aîné que j’honore;

Mais du cadet méchant fripon;

Parlons un peu de Matignon,

Il mene la vie de Chausson,

Et finira plus mal encore.

Parlons un peu de Matignon,

Non pas de l’aîné que j’honore.

 

Amis beuvons à Saint Frémont,

C’est un autre Dieu de la table,

Que c’est un aimable dragon.

Amis beuvons à Saint Frémont,

Estant jeune il fout....... en C.....,

Estant boug..... il boit comme un Diable.

Amis beuvons à Saint Frémont

C’est un autre Dieu de la table.

 

Chantons aussi Luines et Bouillon,

Ces deux convives incomparables,

L’un boit et f......... fille et garçon.

Chantons aussi Luines et Bouillon,

L’autre rate en c....... et en c.........

Et qui pis est, il triche à table.

Chantons aussi Luines et Bouillon.

Ces deux convives incomparables.                           [376]

 

A la santé de nôtre Abbé,                             l’Abbé Molé mort de la petite vérole 1716.

Et que Laze f.......... les autres,

Il est sain, et point vérolé.

A la santé de nôtre Abbé,

Il f........ en Asne débaté,

Et décharge comme in asostre.

A la santé de nostre Abbé,

Et que laxe f........... les autres.

 

Chanson                            1716                                  [377]

Sur l’air: L’amour la nuit et le jour.

 

Vive nôtre Régent,

Il est si debonnaire,

Qu’il est comme un enfant,

Qu’on tient par la liziere toujours.

La nuit et le jour.

 

On dit que le Régent

A raté la Vrilliere;

Cette belle prétend,

Que Nangis scait mieux faire toujours

La nuit et le jour.

 

Pour nostre gros Charlot                             le Prince Charles de Lorraine.

Est toujours seur de plaire,

A la bru de Dangeau,

Il voudroit bien lui faire toujours

La nuit et le jour.

 

Entendrai-je en tout temps

Crier ma belle mere,

Contre les jeunes gens,

Qui voudroient bien me faire toujours

La nuit et le jour.

 

Chanson                                                                 [378]

 

 

 

 

 

 

Chanson                            1716                             [379]

sur l’air: Creusons tous le Tombeau.

 

Enfin grace au Ciel,

Veus est rétablie,

Nos prudes sot sans fiel,

Leurs maris sans furie,

Et l’Ange* Gabriel                                         *Marquis d’O le fils.

Est de la Confrairie.

 

Quel Dieu par ses ardeurs,

Belle et sage Andromaque*                       *Marquise de Mailly.

A pû secher vos pleurs

Dés la premiere attaque.

Est-ce un des trois vainqueurs

De la Reine d’Itaque?                                  *Madame d’O.

 

En segret Velleron

Le soir vous desennuie,

Et sans égard, dit on,

Pour vôtre modestie,

Il fait rougir le front

De vôtre pruderie.

 

Vous qu’amour fit exprés

Aimable la Vrilliere;

Rendez vous aux attraits,

D’un Prince qui veut plaire,                               [380]

Pour combler ses souhaits,

Imitez la Vailliere.

 

Chanson                           1716                             [381]

Sur l’air: des Boudrillons.

 

B..............* que veux tu faire?                           *Berry

De ce petit Rions*, boudrillon,                           *d’Aidie de Rions

Chacun dit en colere

Ce n’est qu’un avorton boudrillon.

Petit boudrillon, boudrillon dondon.

Petit boudrillon, boudrillon dondon.

 

Ah! calme ta colere

Si j’aime de Rions boudrillon;

Il me scait mieux faire,

Que Boudart*, que Pons boudrillon,                     *Le Marquis de la Rochefoucault.

Petit boudrillon etc.         bis.

 

De Pons se désespere,

Hélas! j’etois si bon boudrillon;

Hé quoy! l’on me préfere

Un si petit bouchon, boudrillon,

Petit boudrillon etc.         bis.

 

Chanson                         1716                           [382]

Sur l’air: de Mais.

 

Esope* êtoit d’une êtrange structure,                 *Mr le Prince de Conty.

L’esprit en lui réparoit la nature.

                      Mais

Qui n’en a que la figure

Devroit se taire à jamais.

 

Chanson                          1716                          [383]

Sur l’air des Boudrillons.

Contre le Marquis de Gesvres.

 

Nesle que veux tu faire?

D’un petit avorton Gevrillon:

Son ame ne vaut guieres,

Plus que son corps, dit on, Gevrillon,

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don,

Petit Gevrillon Gevrillon don don.

 

Peut être pour Mercure,

Tu crois qu’il êtoit bon, Gevrillon;

Mais Conty nous asseure

Que ce n’est qu’un brouillon, Gevrillon.

Petit Gevrillon etc. bis

 

Quelque part qu’on le mette,

Ce n’est qu’un guenillon, Gevrillon,

Si l’himen le rejette,

Autant fait Cupidon, Gevrillon;

Petit Gevrillon etc. bis.

 

Moins femme que Caillette,

Singe de Courcillon, Gevrillon.

Dans le bas il répete                                       [384]

Son rolle et son jargon, Gevrillon.

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don,

Petit Gevrillon, Gevrillon, don don.

 

Chanson                            1716                        [385]

Sur l’air des Boudrillons.

 

Arbitre de la scêne,

Aprés nous Courcillon, bougrillon,

Si tu veux qu’on te prenne

Pour un autre Apollon, fout..... bougrillon;

Petit bougrillon, bougrillon, don don,

Petit bougrillon, bougrillon don don.

 

Melpomene et Thalie

Ont juré tout de bon, bougrillon,

Que dans l’Académie,

On placera ton nom bougrillon;

Petit bougrillon etc. bis.

 

Pour illustrer ta race

On l’établit, dit on, bougrillon;

Sans elle dans la crace

Seroit ton Courcillon, bougrillon.

Petit bougrillon. etc.

 

L’évantail que tu porte

Ajoute à ton renom, bougrillon;

On croit que tu l’emporte

Sur feu Monsieur Chausson, Bougrillon.

Petit bougrillon etc. bis

 

Mais c’est trop se méprendre,                          [386]

Tu n’est qu’un fanfaron, bougrillon,

Et tu ne veux que prendre

L’air d’un bon Compagnon, bougrillon,

Petit bougrillon etc. bis.

 

Tandis que tu badine

Avec un Histrion, bougrillon;

Ton épouse plus fine

Voit Charles en ta maison, bougrillon.         le Prince Charles de Lorraine, fils de M.r le Grand.

Petit bougrillon etc. bis

 

De ton humeur jalouse,

Dis-nous donc la raison, Bougrillon,

Auprés de ton épouse

Tu fais le Celadon, Bougrillon,

Petit Bougrillon etc. bis

 

Contre Charlot qu’elle aime,                                   le Prince Charles

Tu fais le furibin, bougrillon;

Tu ne fis pas de même

Contre un Duc à Toison, Bougrillon,                       d’Aremberg.

Petit bougrillon etc. bis

 

Monasterol habile

Luy ravit ce mignon Bougrillon.

Le d’Aremberg facile                                                 [387]

La rata ce dit-on, bougrillon.

Petit bougrillon. etc. bis.

 

Chez une Ambassadrice,                                          Madame des Alleurs, femme

Remply d’émotion, bougrillon.                              de l’Ambassadeur de Constantinople

Tu fus de son caprice

Luy demander raison, bougrillon.

Petit bougrillon. etc. bis

 

F.......... vas tu sans cesse,

Ménage des coüillons, bougrillon;

Surtout craint la vérolle,

Plus du Cu que du c..... bougrillon.

Maître bougrillon, bougrillon, don don,

Maitre bougrillon, bougrillon, don don.

 

Chanson                        1716                           [388]

Sur l’air du Confiteor.

A l’occasion de la rupture du mariage du Marquis de Villeroy avec Mademoiselle de Rohan. Elle a épousé depuis le Duc de la Meilleraye.

 

Contre Eugéne et contre l’Anglois,

Tu montras jadis ta vaillance,

Grand Mareschal de tes exploits,

Nous aurons longtems souvenance,

Pour finir ton rare portrait

Ajoute encore ce nouveau trait.

 

Aussi brave que feu Cezar,

Devient aussi fin politique;

D’un nom proscrit craint le hazard,

Moque toy de la Foy publique,

Romp avec des gens sans crédit,

C’est Contade qui te le dit.

 

Les Noailles sont ton apui,

Tu pourras nouveau favori

Remplir dignement ta carriere,

Et briller gouvernant l’éstat

Autant que tu fis au combat.

 

Chanson                         1716                          [389]

Sur l’air: la Faridondaine etc.

 

L’on est party pour l’Isle-Adam.

En grande confiance.

De bien y employer le tems

Aux plaisirs de la Danse.

Ah! que ce voyage est boufon,

La faridondaine, la faridondon.

Qu’il doit contenter un mary, biribi,

A la faςon de Barbarie, mon amy.

 

Escoutez Dames de Paris,

Je vais parler sans feinte,

Je commence par la Conty,

Que la Fare f...... sans crainte,

Il succede à ce Matignon;

La faridondaine etc.

Qu’il prenne garde d’y réussit, biribi,

A la faςon etc.

 

A ton mignon jeune Conty,

L’on prétend faire outrage;

On nous a dit qu’Albergotti                          Neveu du Chtr des des Ordres et mal fait.

N’en veut plus faire usage;

Il s’est vanté ce mirmidon;

La faridondaine etc.

 

De se donner d’autres plaisirs, biribi,                       [390]

A la faςon etc.

 

Que dira-ton de Charolois?

Et de son humeur sombre?

Qu’elle est entestée d’un minois                              le Duc de Richelieu

Haï de tout le monde,

Qu’il est fier, et qu’il est poltron,

La faridondaine. etc.

Aussi chacun le traite icy, biribi,

A la faςon, etc.

 

La Crozat aime se dit-on,                                    N.........le Gendre femme de Crozat;

Malgré son humeur fiere,

Un certain fat, nommé Gramont,                     frere du President de Gramaque de Toulouze.

De taille assez grossiere:

Elle le paye ce dit-on,

La faridondaine etc.

De l’aveu de son cher mary, biribi,

A la faςon de barbarie mon ami.

 

Chanson                           1716                            [391]

Sur l’air: Petit Boudrillon etc.

Sur le Duc de S.t Simon.

 

Régent que veux tu faire?

De ce petit Simon, Boudrillon,

Vil insect de terre,

Vray gibier de lardon, Boudrillon.

Petit Boudrillon, boudrillon, don don,

Petit Boudrillon, boudrillon, don don.

 

Tout le monde s’etonne

Que tu souffre Simon, boudrillon;

Qui chez toy se cramponne,

Comme un petit morpion, boudrillon,

Petit Boudrillon etc. bis

 

Prens l’avis salutaire

D’escarter ce brouillon, boudrillon,

Au public tu dois plaire.

Et chasser ce fripon, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis

 

L’orgueil insuportable

Du petit mirmidon, boudrilllon,

Le rend impraticable                                 [392]

Jusques dans ta maison, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Il traitte de Jean-fesse

De Mesmes (1) en ta maison, boudrillon,

Fais lui dire des Messes,

Aux petites Maisons, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

D’où te vient tant de gloire

Dis moy petit Simon, boudrillon,

Nous n’avons dans l’histoire

Jamais trouvé ton nom, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Roussi (2) se désespere,

De moy, que dira t-on? Boudrillon;

 

(1)   M.r le Duc de S.t Simon touva chez M.r le Régent M.r le Duc de la Feuillade qui partoit à M. le 1.er President. Le 1.er  President ayant quitté le Duc de la Feuillade, le Duc de S.t Simon lui dit qu’il avoit êté en mauvaise compagnie. L’origine de ce different vient de ce que les Ducs accusent le 1.er President d’avoir dit au feu Roy qu’ils cabaloient pour troubler dans la future minorité contre le Duc de Maine, et d’avoir par là indisposé le Roy contre eux et se l’estre rendu favorable pour les Presidents à Mortier.

(2)   M.r le Comte de Roussy ayant sceu que M. le Maal Duc d’Harcourt vouloit venre sa Charge de Capitaine des Gardes du Corps, pria M.r le Duc de S.t Simon d’en demander l’agrément au Régent. On dit qu’au lieu de le demander pour M.r de Roucy il le demanda pour le Duc de Lorges son beaufrere. M.r de S.t Simon dit que M.r le Regent demanda une personne titrée M.r d’Harcourt proposa son fils, qui fut receu.

 

Si j’avois une affaire                                      [393]

Avec cet avorton, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Pour calmer ta colére

Dit Mazarin bouffon, boudrillon.

Fais lui voir son grand pere,

Et puis nous en rirons, boudrillon.

Petit Boudrillon etc. bis

 

Dis lui que Bassompierre,

Par mépris, ce dit on, boudrillon.

Ne voulut à son pere

Donner coups de bâton, boudrillon,

Petit boudrillon etc. bis

 

Et vous Dame Simonne

Au coeur loyal, et bon, boudrillon,

Charitable personne,

Fouëtez vôtre Simon, boudrillon.

Petit boudriloon etc. bis.

 

Tout le monde s’etonne

Que tu souffre simon, boudrillon,

Qui chez toy se cramponne,

Comme un petit morpion, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis.

 

Il remuë, il cabale,                                              [394]

Et fait le furibon, boudrillon,

Et jape avec scandale,

En toute occasion, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis.

 

Il déclare la guerre,

Au Parlement, dit on, boudrillon,

Et pour le faire taire,

Il escrit un factum, boudrillon.

Petit boudrillon etc. bis

 

Tu veux qu’on te saluë

Au Parlement, simon, boudrillon,

Lorsque chacun te huë

Jusques au polisson, boudrillon,

Petit boudrillon etc. bis.

 

Simon est en démense,

Où le logera t’on, boudrillon;

On le mettra, je pense,

Aux petites Maisons, boudrillon.

Petit boudrillon. etc. bis.

 

Chanson                           1716                          [395]

Sur Mad.e la Duchesse de Berry.

 

Que Berry par emportement,

Par débauche avec son amant

Ait attrapé la Chaudepice;

Je le croirois facilement;

Mais dire que c’est par caprice,

Curiosité seulement,

C’est une trop grande injustice

Qu’on fait à son tempéramment.

 

Chanson                              1716                                [396]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

Sur Madame de Jonsac fille de Henaut Fermier Général.

 

La Jonsac fait bien des mines

Pour du savon qu’elle a.

                  Elle s’imagine,

                  Tant elle est fine,

Que son savon la rétressira.

La Jonsac fait bien des mines,

Pour du Savon qu’elle a.

 

Chanson                                1716                               [397]

Sur l’air: Marotte fait bien la fiere.

 

Le vieux Bouzol est si aise

Qu’on ne scauroit le tenir.

                  La Vintimille,

                  Qui est si gentille

Sous lui fretille et sa guenille lui fair roidir.

Le vieux Bouzol est si aise,

Qu’on ne scauroit le tenir.

 

Richelieu fait bien le fier

Pour les deux Pages qu’il a;

                  Il s’imagine,

                  Qu’avec sa mine,

Tous ses affrons on oubliera.

Richelieu fait bien le fier

Pour les deux Pages qu’il a.

 

Chanson                         1716                            [398]

Sur l’air des Mais

Contre le Duc de S.t Simon.

 

Petit Houzart du Régent de la France,

Greffier des Pairs, nous l’imposons silence;

                  Paix.

Souviens toy de ta naissance,

Bourgeois poltron, et punais.

 

Chanson                          1716                           [399]

Sur l’air des Bourgeois de Chartre.

 

Le Clergé la Noblesse,

Suivi du Tiers Estat,

Demandent à vôtre Altesse                                 le Régent

De finir le débat.

D’un corps tout nouveau né,                                Ducs et Pairs

Déserteur des trois autres.

Bouddi d’un vain renom, don don,/ Qui paré d’un vieux nom don don,

Paré d’un faux éclat, la la,/ Sans en avoir l’eclat, la la.

Comme les faux Apostres./ N’a d’apuy que le vôtre.

 

Chanson                          1716                         [400]

Sur le petit Air de la Fronde.

 

Que S.t Simon dans sa colere

Attaque la Noblesse entiere,

Je me ris de cet avorton;

Et d’abord pour me satisfaire

Je prens ce roquet au menton,

Et je lui fais voir son grand pere.

 

Grand ennemy de la Noblesse,

Petit Duc avec qu’elle adresse

Te crois tu faire un grand renom;

Nous t’avons veu faux politique,

Nous te voyons traître et fripon,

Trois points pour ton panégirique.

 

Chanson                          1716                         [401]

Sur l’air: Terrible en paix, paisible en guerre.

Sur M.r  le Duc de S.t Simon.

 

S.t Simon croit par son adresse

Avilir toute la Noblesse,

Et subjuguer le Parlement.

Cette entreprise est téméraire;

Mais un sot un impertinent

Croit que tout est facile à faire.

 

Chanson                          1716                         [402]

Sur l’air du Confiteor.

Sur M.rs les Ducs et Pairs.

 

Les Ducs et Pairs du tems passé,

Respectables par leurs naissances,

Ne se sont séparez.

D’avec la Noblesse de France;

Ceux cy qui n’en sont point issus/ Aujourd’huy les nouveaux venus.

En appellent comme d’abus.

 

Faites donc corps modernes grands,

Avec vos Illustres Duchesses;

Car vous prétendez vainement

D’être les chefs de la Noblesse,

Séparez-vous, elle y consent,

Allez briller au Parlement.

 

Chanson                      1716                         [403]

Sur le mariage des enfans de Madame la Mareschalle de Noailles.

 

Ma mere vous avez eu

Une grande peine,

D’avoir desja pourveu

Une demy douzaine;

Mais croyez vous être au bout,

Vrayment ce n’est pas là tout;

Car la Da, da, da,

Car la yen, yen yen,

                  Car la Da,

                  Car la yen,

Car la Dayen peste

D’estre encore de reste.

 

Et quand vous la maririez

En seriez vous quitte.

Aprés cela vous auriez

Encore une suitte.

N’en apercevez vous pas

Encore une sur vos bras?

Déja Man, man, man,

Déja Sac, sac, sac:

                  Desja man,                                                  [404]

                  Desja sac,

Desja Mansac crie

Que l’on la marie.

 

Mon fils, dans ce mauvais tems,

Si plein de misére,

Pour marier tant d’enfans,

Comment faut-il faire?

Et comment avez-vous fait?

De ce galant si parfait.

La Gui, gui, gui, gui,

La che, che, che che,

La Guiche engage

Cherchoit mariage.

 

Et comment avez vous fait?

Pour la seconde;

Qui dit qu’elle vouloit

Estre dans le monde,

Vous vous êtes pressé,

Nos voisins de la placer.

Que la Coat, coat, coat,

Que la quin, quin, quin,

                  Que la Coat,

                  Que la quin,

Que la Coatquin dise,                                    [405]

Qui l’a si bien mise.

 

Avez vous servi plus mal

Cette jeune belle;

Qui du Grand Vice-Amiral                          d’Estrées.

Ferut la Cervelle.

Leurs atraits sont-ils moins doux?

Pour quel sujet voulez vous?

Que la d’Es, d’Es, d’Es,

Que la trées, trées, trées,

                  Que la d’Es,

                  Que la trées,

Que la d’Estrées regne,

Et sa soeur se plaigne.

 

Lorsque vous avez voulu

Vous choisir des gendres,

A vos pieds vous avez veu,

Les coeurs les plus tendres.

D’un mignon gentil, poli,

Tout plein d’esprit, tout joli,

Bientost la, la, la,

Bientost va, va,va,

                  Bientost La,

                  Bientost Va,

Bientost la Valliere,                                    [406]

Creve la visiére.

 

La cinquiéme sans sortir

Hors de sa famille,

Trouve de quoi s’assortir

D’un party qui brille.

Et sans avoir eu besoin

De porter l’amour plus loin,

La Beau ma, ma, ma, ma

La beau, noir, noir, noir,

                  La Beauma,

                  La beau noir,

La Beaumanoir laisse

Chez soi la tendresse.

 

Quand il a falû venir

Jusqu’à la sixiéme;

Vous avex sceu lui fournir

Ce qu’un bon coeur aime,

Sur la glissoire d’amour,

Que chacun glisse à son tour;

Si la Gon, gon, gon,

Si la drin, drin, drin,

                  Si la Gon,

                  Si la drin,

Si la Gondrin passe                                      [407]

Qu’on suive sa trace.

 

Toutes ont eu des époux

A la fleur de l’âge;

Elles ont receu de vous

Ce doux avantage.

Deux dernieres n’ont rien eu,

Cela leur paroît bien crû,

Ainsi que, que, que,

Ainsi les, les, les,

                  Ainsi que,

                  Ainsi les,

Ainsi que les autres,

Ces deux lá sont votres.

 

Le Culot est revolté,

La chose est certaine.

Le couvent est déserté,

Il fait trop de peine;

On aime bien mieux causer,

Folatrer, rire et danser,

Que la di, di, di,

Que la sci, sci, sci,

                  Que la di

                  Que la sci,

Que la discipline,                                          [408]

En chanter Matine.

 

Culot à quoy pensés vous?

De quitter le voile;

Vous aviez un air si doux

Sous la blanche toille.

Ah vive la liberté,

........................................

C’est un grand, grand, grand,

C’est un su, su, su,

                  C’est un grand,

                  C’est un su,

C’est un grand suplice,

Que d’être novice.

 

C’est un rigoureux tourment

Qu’estre en pénitence,

Et garder incessamment,

Un profond silence;

Et quand on pourroit parler,

Peut on vous dissimuler;

Combien, vous, vous, vous,

Combien dé, dé, dé,

                  Combien vous,

                  Combien dé,

Combien vous déroute                                   [409]

Une soeur escoute.

 

Mais un Culot doit scavoir

Que pour l’ordinaire,

Le party qu’il peut avoir,

C’est un Monastere;

Je n’y scaurois plus rester,

Dés demain je veux jetter,

Le froc, aux, aux, aux

Le froc aux or, or,

                  Le froc aux

                  Le froc or,

Le froc aux orties,

Plus de reparties.

 

La maîtresse alors lui dit

Adieu donc ma fille,

Et culot lui répondit,

Adieu donc la grille.

Adieu la Communauté,

Je n’en ay que trop tasté;

Jamais je, je, je,

Jamais ny, ny, ny,

                  Jamais je

                  Jamais ny,

Jamais je n’y rentre,                                    [410]

Ce n’est pas mon centre.

 

Chanson                         1716                       [411]

Sur l’air: Quand Iris prend plaisir à boire.

                                    ou

Amis ne parlons plus de guerre.

 

Que la hauteur et l’ignorance

                  Donnent la Loy,

Prétendent regler la Finance

                  Du jeune Roy,

Et que la Chambre de Justice

                  Soit juste ou non,

Chacun adore son caprice

                  Moy mon flacon.

 

Que du dedans de nôtre France

                  L’heureux destin,

Soit commis à la vigilance

                  Du Duc d’Antin;

J’aurois une bien folle idée

                  De ses talens

S’il ne rendoit la vie aisée

                  Aux bons enfans.

 

Chanson                       1716                        [412]

Sur l’air des Pendus.

Sur la cour, et le Gouvernement.

 

Rejouissez vous aux abois,

Esclaves qu’on nomme Franςois;

Ne pleurez point vôtre indigence,

Dans les Conseils de la Regence,

Vous trouverez satisffaction,

Salut et bénédiction.

 

Bénédiction et bonheur,

Vous n’aurez plus aucun malheur,

Franςois je vous le certifie;

Vous allez passer vôtre vie,

Ainsi qu’à Cocagne en Congo,

Et vous aurez tout a gogo.

 

Gogo, Lisette, et Barbichon

Personnages de grand renom,

Donnent aux conseils suffrages,

Et à qui veut leurs pucelages;

Marque d’abondance et de bien,

Car tout cela ne coûte rien.

 

Rien n’est plus doux, plus familier

Que nos Dames au grand Colier,                       [413]

Vulgairement dites les Princesses;

Elles remuent Croupieres et fesses,

Mieux qu’oncques ne fit la Fillon,

Et donnent encore pension.

 

Pensons, bijoux, et chevaux,

Or, donnent à leurs Damoiseaux.

De Luxembourg la jeune hotesse,                            Mad.e de Berry.

De Bourbon la bonne Duchesse

Qui veur se faire repasser,

Et ne veut jamais s’en lasser.

 

Lassay est fort bon compagnon,

Maquereua, Gacé-Matignon,

C’est tout dire, mais il n’importe,

Avec gens/ bestes de cette sorte,

N’est ny cotte ny cotillon

Dont on ne leve eschantillon.

 

L’eschantillon se prend toujours

Pour à la piece donner cours.

Aussi voit-on que la plus sage

Donne a tâter son pucelage,

Afin d’attirer les Chalans,

Et de ne manquer de galans.

 

Galant fut nôtre défunt Roy,               Louis XIV.          [404]

Ses enfans se font une Loy

De surpasser un si bon pere;

Aussi voit on par l’adultere,

Bourbon, Bourgeois, et Montespan

Ne faire plus qu’un même sang.

 

Sans Louis surnommé le Grand,

On ne connoissoit point de sang,

Qui pût venir à la Couronne;

Mais aujourd’huy que l’on la donne,

Aux légitimes et aux batards

Mon sang y viendra tost ou tard.

 

Tost ou tard serez donc heureux,

Messeigneurs mes petits neveux,

Vous aurez amans et maîtresses,

Et ferez bien de gentillesses,

Bien des tours d’esprit et de corps:

Jusqu’à ce que vous soyez morts.

 

Morgué ce que je vois est beau,

Je vois courir dans un traisneau;                        Orleans.

Ce Chef du Conseil de Régence.                         Noailles.

Yvre mort celui de finance

Baiser, lécher le bon Régent,

Pour nous faire avoir de l’argent.

 

L’Argent ne nous manquera plus,                            [415]

On fait remarquer les éscus,

On remarque aussi les Pistolles,

Et l’on refond dand les écolles,

Les beaux Décrets du vatican,

On reforme soldats et camp.

 

Quand on a tant d’invention

D’ésprit et de précaution,

Ne peut on pas en asseurance

Aller au Bal et à la dance,

Et se montrer peu soucieux

De ce que dit un tas de gueux.

 

Gueux, vous serez toujours Franςois,

A ce que dit Maître Rabelais,

Si pour former vôtre jeunesse

D’Armand n’empruntez la sagesse;                          le Prince de Conty.

Il n’est pas du tout polisson;

Mais c’est un fort joly garςon.

 

Garςon ou fille ne scais trop,

Car j’entens dire a demy mot,

Que par plus d’une maladie,

Il s’est fait connoitre amphibie,

Fruit de l’exemple, et des Leςons,

Qu’aujourd’huy l’on donne aux Bourbons.

 

Bourbons, Espagnols, et Franςois,                            [416]

Je parleray bien de vos droits;

Mais avec autant de sagesse

Que vous avez de politesse;

Vous surpassez tous les esprits

Sans avoir jamais rien apris.

 

Ah! prions tous le doux sauveur,

Que nous laissant un peu de coeur,

Il oste aus éstrangers la veüe.

De nostre honte toute nüe,

Qui fait rougir sincerement

Le plus petit, et le plus grand.

 

Entretien                        1716                              [417]

D’une Commere et d’un voyageur, qui revenoit de Blois; avec le refrain des ouy, et des voire, dont les uns sont sérieux, et affirmatifs, et les autres ironiques et moqueurs.

Par M.r Bertin J. revenant de Blois à Paris.

 

Vous passez donc Beaugency?

Vraiment ma Commere, ouy.

Et quittez enfin la Loire?

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Viviers, et son maître aussi

Vraiment ma Commere, ouy.

Et le bon vin qu’il fait boire?

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le bon accueil on vous fit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Conservez-en la mémoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Perdrix on vous y servit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Et pour fruit Muscat et poire,                                 [418]

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

De la Dame on scait le prix,                             la Constitution.

Vraiment ma Commere, ouy.

Elle a fait tout avec gloire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Elle a lûplus d’un escrit

Vraiment ma Commere, ouy.

Qu’on veut trainer de grimoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Sa Lecture elle a suivi,

Vraiment ma Commere, ouy.

Jusqu’au septieme mémoire,            Memoire de P. Quesnel pour justifier ses proposions.

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le Prélat de ces lieux cy,                    Fleuriau évesque d’Orleans.

Vraiment ma Commere, ouy.

Nous en faisoit bien accroire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Le Dogme il a perverty,                                [419]

Vraiment ma Commere, ouy.

Par une Bulle illusoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ses Curez font comme lui,

Vraiment ma Commere, ouy.

Sans pourtant comme lui, croire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Son abord est doux poli,

Vraiment ma Commere, ouy.

Mais terrible est son pretoire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Chacun d’effroi a pâli,

Vraiment ma Commere, ouy.

Et continue à se taire

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Quesnel ils ont tous flétri,

Vraiment ma Commere, ouy.

Au gré de la bande noire,              les Jesuittes.                [420]

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Sans l’entendre ils l’ont hôni,

Vraiment ma Commere, ouy.

Leur injustice est notoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils ont craint d’un interdit,

Vraiment ma Commere, ouy.

La peine comminatoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Leur devoir ils ont trahi,

Vraiment ma Commere, ouy.

Sans disputer la victoire,

Vraiment ma Commere, voire,                          ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Leur renom qu’ils ont sali,

Vraiment ma Commere, ouy.

A besoins de décrotoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ce sont de vrais chianlis,                                 [421]

Vraiment ma Commere, ouy.

Je crois qu’ils avoient la foire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ayant donc si fort failli

Vraiment ma Commere, ouy.

N’iront ils qu’en purgatoire?

Vraiment ma Commere, voire,                        ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Nul n’a fait voir jusqu’icy,

Vraiment ma Commere, ouy.                            ironique

Repentir satisfactoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Quoi pas un ne s’est dédit?

Vraiment ma Commere, ouy.

Trop pesans est leur machoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils devroient avoir soucy

Vraiment ma Commere, ouy.

De cette importante affaire,                           [422]

Vraiment ma Commere, voire,                       ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Ils ont perdu leur credit,

Vraiment ma Commere, ouy.

Osent-ils parôitre en chaire?

Vraiment ma Commere, voire,                  ironique

Vraiment ma Commere, ouy.

 

On fera de ce recit,

Vraiment ma Commere.

Une danse baladoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Adieu, Monsieur me voicy;

Vraiment ma Commere, ouy.

A la fin de mon histoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

Pour en éviter l’oubly,

Vraiment ma Commere, ouy.

Servez vous d’une écritoire,

Vraiment ma Commere voire,

Vraiment ma Commere ouy.

 

Et gardez ce Manuscrit,                               [423]

Vraiment ma Commere, ouy.

Bien serré dans vôtre Armoire,

Vraiment ma Commere, voire,

Vraiment ma Commere, ouy.

 

NOËL                           1716                          [425]

Sur l’air des Bourgeois de Châtres.

 

Franςois faites silence,

Et calmez vos douleurs,

Une sainte naissance,

Suspendra vos malheurs:

Le fils du Roy des Rois en ces lieux vient de naître,

Au lieu de pleurs que vous versez

Chantez et vous réjouissez

Pour mieux le reconnoître.

 

Conseil de Conscience

On connoît ta ferveur,

Par ton impatience

A voir ce doux sauveur,

Tu ne le quitte pas, dis tu, c’est là ta gloire;

Mais les enfans de Loyola,                         les Jesuittes.

Disent autrement que cela.

Qui de vous faut il croire?

 

Le Régent et sa fille,                                   le Duc d’Orleand et la Duchesse de Berry

N’ont point daigné venir,

Voire la sainte Famille,

Voulant seuls le tenit:

Mais allez, a t’il dit, aux Princesses cadettes,

Allez y faire votre cour,

Pour moy je vais à Luxembourg,                   [426]

Pour affaires sécrettes.

 

La Régente est venuë                  Marie-Francoise de Bourbon Princesse legitimée, Duchesse d’Orleans

Assez modestement.

Sa priere ingenuë,

Plût fort au Dieu naissant;

Pour la mieux excaucer, Jesus lui fit promesse

Qu’à la Majorité du Roy

Le Régent auroit plus défroy

Qu’il n’eut dans sa jeunesse.

 

Ses Filles et les Princesses

Y vinrent à leur tour,

Jesus pour leurs caresses,

Leur marqua quelqu’amour;

Que je crains dit Marie, en lestrouvant si belles,

Pour vous le sort de vôtre soeur,

Ha pour en éviter l’horreur

Fuyez toutes à Chelles.

 

Le Conseil de Finance,

Vint comme en triomphant;

Faire sa révérence

A ce divin enfant

Sortez leur dit Joseph, grand Con.el de béveües,

Vous forcez les gens de métier,

Comme moy pauvre Charpentier                          [427]

A loger dans les ruës.

 

Je scais bien qu’on m’impute

Dit Noailles l’altier,

L’affreuse culebute,

De chaque art et métier,

Devois-je être sorcier, ouy dit joseph faux frere,

Qu’il te souvienne qu’un Boyer,

Sous Richelieu fut maltotier,

Et qu’il fit ta grand mere.

 

Le Conseil de Commerce

Vint prosterné tout bas,

Tout est à la reverse,

Seigneur, dit-il hélas!

Dites-nous le moyen de rétablir la France,

Le Commerce trop ruiné

En vain sans vous Dieu nouveau né,

Nôtre sagesse y pense.

 

A quoy bon nous l’aprendre,

Lui dit l’enfrant Jesus;

Je scay qu’on pourroit rendre

Mes Conseils superflus;

Je diray seulement que c’est une manie,

Pour un aprentif Potentat,                               [428]

Propre a renverser un Estat,

D’en changer l’armonie.

 

Le Conseil de Marine,

Dans le même moment,

A la Cresche divine,

Vint faire compliment;

Hé quoi! lui dit Joseph, nul present pour homage;

Papa, lui dit le Président,             le Mareschal d’Estrées President du Conseil de Marine.

Peut on bien vous faire un present?

Quand tout a fait naufrage.

 

Comme dand l’abaondance,

Les presens marchent bien,

Pour la remettre en France,

Donnez nous un moyen.

Le Régent, dit Joseph, en scait un qu’il faut suivre,

Faits fuir la moitié des Franςois,

Afin que le reste aux abois,

Ait ce qu’il faut pour vivre.

 

Le Conseil de la Guerre,

A son tour vint aussi

Voir Dieu naissant sur terre.

Dieu lui dit ces mots cy,

Je suis le Dieu de paix, laissez rouiller vos armes,               [429]

Car la France, grace au Régent,

Faute d’hommes, faute d’argent

Périra dans les larmes.

 

Quant aux hommes en France,

Si la paix va finit,

Dit Villars, ma vaillance,

Les fera revenir.

Laisses, lui dit Joseph, ta trop grande chimere,

Un forςat eschapé des fers,

Peut il quitter des biens offerts,

Pour revoir sa Galere.

 

D’Affaires Estrangeres

Le Conseil circonspect,

Sous les saints Chaumieres,

Vint marquer son respect.

Lors fuit, lui dit Joseph, je hais ta politique,

Les Traittez n’ont d’attention

Qu’à soutenit l’ambition

D’un Régent chimérique.

 

Du dedans de la France,

Le Conseil vint enfin;

Prier avec instance

Cet incarné Divin:                                   [430]

De daigner lui donner un Ordre salutaire,

Avec un ample Réglement

Pour se conduire sagement,

Dans son haut ministere.

 

Joseph, dit, la prudence

Interdit nos avis,

Quand on a connoissance

Qu’ils ne seront suivis.

Je vous diray pourtant que l’ignorance éclate,

D’un maladroit savetier,

Quand pour prendre un autre métier

Il quitte la savatte.

 

Sur le bruit que la Cresche

Couvre de grands Tresors,

Lamoignon y dépesche

Toute la Chambre en Corps.

Fuyés leur dit, Joseph, vils instrumens de rage,

Le seul Tresor digne d’amour,

C’est Jesus à qui chaque jour,

Vous faites quelqu’outrage.

 

Les femmes désolées

Par ces cruels vautours,

Vinrent déchevelées,                                [431]

Et presque sans atours.

Seigneurs, ont elles dit, pardonnez l’indécence;

Mais nos persécuteurs jaloux

Nous ont retranché malgré nous

Toute magnificence.

 

La Chambre de Justice

Au petit Dieu nouveau,

De taxes et de suplice

Aporte un Bordereau.

Qu’on me casse au plûtost ce Tribunal avare,

S’ecria le Poupon, don don,

Car le peuple il rendra la la,

Plus gueux que le Lazare.

 

Chanson                      1716                          [433]

Sur l’air de Lampon.

Qui a pour Titre ironique 3.e Mémoire de M.r le Duc du Maine.

 

Franςois reconnoissez-moy

Pour être un jour vostre Roy:

Car rien ne troube un émpire,

Autant que le droit d’élire.

Lampon, lampon,

Camarade Lampon.

 

Songez à quels attentats,

Il expose des Estats;

Que de partis, et d’Intrigues,

De mouvemens, et de brigues.

Lampon etc.

 

On est plus solicité,

Persécuté, tourmenté;

Pour un seul que l’on contente

L’on en mécontente trente.

Lampon etc.

 

Profitez de mes Leςons,

Et pesez bien mes Chansons;

Car vôtre Loy salique,                              [434]

Ma foy je lui fais la nique,

Lampon etc.

 

Suis-je le premier Bastard

Qui devint Roy par hazard?

N’avons-nous pas un Guillaume

Conquérant d’un grand Royaume?

 

Si je n’estois pas content,

J’en pourrois bien faire autant;

Mais épargnez m’en la peine.

Essayez d’un Duc du Maine,

Lampon etc.

 

Que vous vous loüerez de fois,

De la douceur de mes Loix;

Et direz que ma personne

Mérite bien la Couronne,

Lampon etc.

 

Informez vous à Trevous

Combien mon émpire est doux

On vous dira qu’on m’estime

Plus qu’un Prince légitime

Lampon etc.

 

Les autres Princes de sang,                            [435]

Prétendent un autre rang;

Fondez sur ce que leur pere,

Fut assisté d’un Notaire.

Lampon etc.

 

Mais le Roy pour des raisons

Jugea qu’en toutes faςons

Il pourroit fort bien me faire,

Sans Prestre, bans, ni Notaire.

Lampon etc.

 

Qu’importe tant aprés tout,

Comment on en vienne à bout,

Pourveu qu’on ait de sa race,

Qui marche bien sus ses Traces.

Lampon, lampon,

Camarades Lampon.