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Early Modern Parisian Soundscapes

 

Chansonnier dit de Maurepas. 1° « Recueil de chansons, vaudevilles, sonnets, épigrammes, épitaphes et autres vers satiriques et historiques, avec des remarques curieuses. » (1355-1747). XXVII Années 1693-1697.
Chansonnier dit de Maurepas. 1° « Recueil de chansons, vaudevilles, sonnets, épigrammes, épitaphes et autres vers satiriques et historiques, avec des remarques curieuses. » (1355-1747). XXVII Années 1693-1697.
Source: gallica.bnf.fr

 

1er

Chanson                                                                            1693

 

Sur l’air des Trembleurs

 

Au sujet du pain vendu au Louvre la chère année 1693

 

 

Par les grands soins du Pile ,         il réussit mal

Charitable autant qu’ habile ,

Gens des champs et de la ville ;

Pour deux sols auront du pain .

Le Boulanger mercenaire ,

Auteur detant de misères ,

Voyant reussir l’affaire

S’enva mourir de chagrin.

L’Usurier qui dit méchamment

Qu’en France il manque du Fromens ,

Il ment, il ment, il ment.

 

 

1693

Autre

Sur l’air des Triolets

 

Par Bachaumont

 

Mon Dieu le bon temps que c’estoit

A Paris pendant la Famine!

Tout le monde s’entref…..toit ;

Mon Dieu le bon tems que c’estoit

Le plus … se contentoit

D’un petit boisseau de Farine.

Mon Dieu le bon temps que c’estoit

A Paris pendant la Famine!

 

 

1693

Autre

Sur l’air: Si tu ne viens pres du Roy, Villeroy

 

Sur le même sujet que les précédentes.

 

Si on veut avoir du bled

            Au Marché,

Et même en grand abondance;

Il est besoin seulement

            Promptement

De planter une potence.

 

Il faudra pour l’etreiner

            Lui donner

Certain homme d’importance;     Caumartin

Je ne say que ce moyen,

            Qui soit bien

Pour le salut de la France.

 

On portera ses quartiers,

            Tous entiers

Montereau Fautionne

Tu n’aurois pas d’autre fin

Marcautin                      Caumartin

Si la justice étoit bonne.

 

 

1693

Autre

Sur l’air des Magiciens de la Mascarade

 

Mad’. de la Suse pour le Marquis de St

Thierry, qu’elle nommait dans tous ces vers Tircis

 

 

Tu vois dedans mes yeux

Les transports de mon ame.

Te-peux je exprimer mieux

Mes desirs amoureux?

Entre tes bras, cher Tircis; je me pame,

Par cent baisers, redouble mon ardeur.

Veux tu mal mourir quand je me meurs –

Quoi ne veux tu pas mourir quand je me meurs

Je sens une douce langeur;

Momens

Charmans

C’est vous qui faites les heureux amans;

Helas! bis

Ah! J’expire d’amour entre tes bras.

 

 

1693

Chanson

Sur l’air de Réveillez vous belle endormie.

 

 

Andre’ Bethoulat S. de Fromenteau, Comte de la Vauguyon, Chevalier des Ordres du Roy, Conseiller d’Estat, Ambassadeur en Espagne, se tua lui meme de deux coups de Pistollet le 29 Novembre 1693.

 

D’un Pistollet dans la cervelle,

Que Fromenteau se soit donné.

Il étoit fou; cette nouvelle

Ne m’a point de tout étonné.

 

Mais je ne puis que je ne pleure,

Comme d’un malheur sans pareil;

De voir que c’estoit la meilleure

Des bonnes testes du Conseil.

 

1693

Autre

Sur l’air des Landerirette.

 

Sur M. de Harlay 1er Président.

 

 

Avec sa barbe de Cochon,

Il pretend imiter Caton;

            Landerirette.

Il en fait les grimaces aussi,

Landeriri

 

 

1693

Autre

Sur l’air Ha! Mon mal ne vient que d’aimer

 

Sur Madame de Grandville

 

 

De quel feu me sens je enflamer?

Ha! Mon mal ne vient que d’aimer.

Colo voudroit bien m’alarmer;

Il dit que j’ay la Pierre;

Mais mon mal ne vient que d’aimer.

Portez moy chez Bessiere.

 

1693

Autre

Sur l’air…

 

Sur M. le Comte des Muras

 

 

Des Muras n’as tu point de honte,

D’armer la Couronne de Comte?

Tu devois plustôt l’effacer.

Ta sotte vanité te gâte;

Chacun dit te voyant passer,

C’est un Comte fait à la hâte.

 

 

1693

Sur Mr. de Pontchartrain

Controlleur General

Ayant remercié Messieurs de l’Académie d’une place qu’ils lui offroient

 

Pontchartrain plein de modestie

Répondit à l’Académie.

Messieurs faites un meilleur choix;

Bien loin d’avoir de l’Eloquence,

Je n’écorche que le François,

Et c’est là toute ma science.

 

1693

Autre

Sur l’air…

 

Sur le Cardinal de Bouillon

 

 

Prenez la Génealogie

De Monsieur l’Evesque d’hostie,

Mettez-là dans un alambic,

Distilez toute vôtre vie;

Je veux qu’on me berne en public

S’il en sort qu’un grain de folie.

 

1693

Chanson

 

Sur l’air Réveillez vous belle endormie

Discours entre le P. Géneral des Jesuites et le Pere Recteur du College Romain, sur la Probabilité. Traduit de I’Italian.

 

Le P. Recteur.

Pere Général je vous prie

N’écrivez point contre nous tous;

Faut il ainsi qu’on nous décrie,

Et que cela vienne de vous?

 

Un Royaume qui se divise,

N’st il pas a moité perdu?

Et partout faudra t’il qu’on dise

Le Jesuitisme est confondu?

 

Vous scavez qu’on vout tient mon Pere

Comme un souverain parmi nous

Mais vôtre Escrit nous désespere

Et nous perce le coeur  à tous.

 

Quoi! vous arrachés la Couronne

A notre Probabilité?

Et l’on voit en vôtre personne

Un Montalte ressuscité.

 

Songez combine on s’interesse

A cet Ouvrage sans pareil;

Et qui l’attaque nous blesse

En la prunelle de nôtre oeil.

 

Il est vray vous êtes le maître;

Mais tous nos péchez mutinez,

Pourrons bien vous priver, peut être

De la place que vous tenez.

 

Vous scavez que le Pape même,

Quand il vous porte quelques coups

Malgré son triple Diadème,

N’a plus aucun pouvoir sur nous.

 

Nous obéïssons au Saint Pere,

Quand il combat nos Ennemis;

Mais veut-il nous être contraire

Nous ne lui sommes plus soumis.

 

Ainsi mon Pere prenez garde,

Que toute la Sociéte,

Ne s’eveille et ne vous regarde 

Comme êtant sans autorité.

 

          Le P. Géneral

Mon Pere je vous remercie

Des avis que vous me donnez

Ce n’est pas que je me soucie

De tous ces Peres mutinez.

 

Le Pape et le Roy Catholique

Scauront me maintenir tous deux.

Nos gens ont trop de politique

Pour vouloir se heurter contre eux.

 

       Le P. Recteur

Mais une vengeance secrette

Vous peut, sans éclat, et sans bruit,

Faire déloger sans trompette,

Et disparoître en une nuit.

 

Une Compagnie offensée

Est plus a craindre qu’in ne croit;

Surtout quand elle a la pensée

Qu’elle peut user de ce droit.

 

      Le P. Géneral

Oui quand on veut donner atteinte

A son honneur, s’il est besoin,

Elle a droit de tuer sans crainte

Accusateur, Juge, et témoin.

 

Pour moy qui n’eût jamais envie

De faire tort à son honneur,

Je ne pense pas que ma vie

Soit exposée à sa fureur.

 

      Le P. Recteur

A quoi songez vous de medire

Que vous ne lui faites point de tort?

Pouvez vous faire rien de pire?

Et qui mérite mieux la mort?

 

Vous scavez que la Compagnie

Veut dans tous les Pays divers,

Etablir sa gloire infinie,

En s’attirant tout l’univers.

 

Qu’elle veut sauver tous les hommes,

Et que par un pieux désir

Nous cherchons tout tant que nous sommes,

Le moyen d’y bien réussir.

 

Ce moyen est sur chaque affaire

D’avoir deux Auteurs à la fois,

Qui soient d’un sentiment contraire,

Et qu’on puisse suivre à son choix.

 

Nous avons sur toute matiere,

Comme nos Pere le vont voir,

Des Escrivains pleins de lumiere;

Dont l’un dit blanc et l’autre noir.

 

Si l’on veut ni l’un ni l’autre,

Pour contenter tous les Esprits.

Une Ecole comme la nôtre

Pourra lui presenter du gris.

 

Ces opinions différentes,

Attirent chez nous les coeurs;

Les bonnes ames, les méchantes

Trouvent leur fait dans nos autheurs.

 

            Le P. Recteur

Mais mon Pere, est il veritable,

Que le monde eut, pour la pluspart,

Suivy la Doctrine admirable,

De Tambourin et d’Escobart?

 

Certaines gens trop difficiles

Nous disaient, que tous nos Docteurs

Ne  citans Peres ny Conciles,

Devoient passer pour novateurs.

 

Qu’estans de sentiments contraires,

On devoit conclure d’abord,

Que si les uns êtoient sinceres,

Les autres au moins avoient tort.

 

Que la Morale Evangélique

Ne s’accordant point avec eux;

On ne pouvait dans la pratique

Suivre rien de plus dangereux.

 

Pour detruire tous ces obstacles,

Et pour vaincre tous ces Efforts,

Nos Peres ont fait des miracles

Et sont demeurez les plus forts.

 

Nous avons posé pour principe,

Qu’on pouvait suivre en tout seureté;

Tout sentiment qui participe

De quelque probabilité.

 

Qu’une opinion est probable

Quand elle est dans un grand auteur;

Qu’en suivant un Docteur semblable,

On est exempt de toute Erreur.

 

Qu’entre deux sentimens contraires,

Le coeur ne pouvait être impur;

Même en suivant selon nos Peres,

Le moins probable, et le moins seur.

 

           Le P. Géneral

Par là, mon Pere, rien n’eschape

A nôtre Probablité.

Vous êtes plus grand que le Pape,

Avec cette subtilité.

 

     Le P. Recteur,

Vous voyés, mon Réverend Pere,

Que pour notre société,

On ne pouvait jamais mieux faire,

Et que rien n’est mieux inventé.

 

Par là nous gagnons la victoire

Sur tous nos Ennemis jaloux;

Et par là nous avons la gloire

D’attirer tout le monde à nous.

 

Vous ne pouviez donc faire pire,

Contre nötre Société

Que de crier et d’écrire

Contre la Probabilité.

 

C’est vouloir nous faire la guerre

Avec un outrage cruel;

Et renverser ainsi par terre,

Toute la gloire d’Israël.

 

Quoi! Cette grande Compagnie,

Pleine de scavans et de Saints,

Par son Général est trahie?

Et voit tomber tous ses desseins?

 

Ô Malheur! Ô désastre extreme!

Ô sources de milles douleurs!

Nôtre Ordre est éteint par lui même.

Peut on verser assés de pleurs?

 

       Le P. Géneral

Pere Recteur, point tant d’allarmes,

Je ne vous ay pas fait grand mal;

Car la Compagnie a des Armes

Plus fortes que son Général.

 

Il est vray que j’ay mis en poudre

Tous les principes qu’elle a faits,

Mais, pourra-t’elle se résoudre

A les abandonner jamais?

 

Contre ma voix, elle en a mille;

Je suis seul contre un monde entier

Et tout mon Livre est inutile

Elle scait trop bien son métier.

 

Cette Troupe si redoutable,

Dira que mon autorité,

Ne fait qu’un sentiment probable

Contre la Probabilité.

 

Ainsi conservant son sistême

Contre la force de mes coups,

Elle sera toujours la même;

Mais cependant je vous plains tous.

 

Je vous plains par trois conséquences,

La premiere regarde Dieu,

Qu’on peut, suivant vos connoissances,

N’aimer jamais en ce bas lieu.

 

La seconde que l’on peut même

Tuer les Princes quelques fois.

Cette pensée est un blaspheme

Contre la Loy du Roy des Rois.

 

La troisiême conséquence

Est qu’on peut, suivant vos auteurs,

Tenir en seure conscience

Que vous êtes des Corrupteurs.

 

Je crains donc que Dieu n’abandonne,

Des hommes qui ne l’aiment pas;

Que chaque Prince ne s’estonne

D’être si proche du trépas.

 

Que toute la terre en colere

De voir tant de corruption,

Ne vous couvre, à la fin, mon Pere,

D’une entiere confusion.

 

       Le P. Recteur

Puisque vous êtes inéxorable

Contre la Probabilité.

Nous allons rendre tres probable

Que vous parlés sans charité.

 

Que vous êtes un homme colere,

Un coeur superbe, un esprit haut;

Et qu’enfin vous avez fait faire

Vôtre Escrit par M. Arnaut.

 

1693

Chanson

Sur l’air de l’Echelle du Temple

 

Sur la cherté du pain de 1693

Par l’Abbé Martines.

 

Au Louvre nôtre Souverain

A deux sols fait donner le pain

Scachant des peuples la misére.

Pour paroître encore plus humain

La grace seroit toute entiere,

Si il donnait à ce prix le vin.

 

1693

Chanson

Sur l’air Reveillez vous belle endormie

 

Critique de l'Opéra d’Alcide de Capistron, et la Musique de M.rs de Lully et Marais.

 

 

Autrefois je chantois Achille ,

Et son homere Capistron ;

Muse rend ma voix fertile ,

Pour une seconde Chanson.

 

J’ay besoin d’une aide puissante ,

Mon projet est des plus hardis ;

Il faut aujourd’hui que je chante

Hercule à la voix* d’Adonis.

                                                          *C'estoit une haute contre

Le Prologue est à la commune ,

Et Louis ce rare héros ,

Et Roy maître de la fortune ;

N’y a que du vent et des mots.

 

C’est ensuite Yole la belle

Qui vient commencer l’Opéra ;

Elle a tout perdu nous dit elle ,

Quand elle a perdu son papa.

 

L’amour aussi pour sa défaite ,

Manquant d'attraits dans ses carquois ;

Emprunte ceux de Philotecte

Pour la brunette sous ses Loix.

 

AEglé vient se plaindre avec elle ,

Philotecte survient aussi ,

Aporte une bonne nouvelle

Et dit, Déjanire est icy.

 

Alcide chasse Philotecte ,

Qui s’en va sans repondre un mot ;

Et puis aprés conte fleurette ,

A la maîtresse de ce sot .

 

Les Peuples joüissent des Charmes

D’une nouvelle liberté ;

Yole verse encore des larmes

Et le premier Acte est chanté.

 

            Acte Second

Par un coup de sifflet tout change ,

Et l’on voit un jardin fleury ;

Alcide vient, et trouve étrange

Que son épouse y vienne aussi.

 

Peu s’en faut qu’il ne la maltraite ;

Mais enfin il la plante là.

Déjanire avec Philotecte

Se plaint de ce procédé là.

 

Elle conspire contre Yore ,

Resout de la mettre au tombeau ;

Et Philotecte se désole.

Yole AEglé font un trio.

 

Tout trois entonnent tout de même ,

Que c’est le suprême des maux ,

De trembler pour ce que l’on aime.

Suprême est là bien a propos.

 

troisiême Acte

Testius la devinaresse

Paroist aprés dans son cachot ;

L’Epouse d’Alcide s’empresse

De décendre et lui dit un mot.

 

Maints sorciers et maintes sorcieres ,

Tracent les figures qu’il faut ;

Aux Diables ils font leurs prieres

Ou bien aux Dieux tout autant vaut.

 

De ces Dieux ou bien de ces Diables ,

Le pauvre Déjanire aprend

Qu’elle a un voile inestimable

Propre à faire un grand changement.

 

            Acte 4

Alcide vient dans un bocage ,

Entendre chanter les Oiseaux.

Il va se coucher sous l’ombrage ,

Digne amusement d’un heros!

 

Ce Coeur farouche outré mesure ,

Dégénere en un doux berger ;

Le Ciel fait naître une avanture.

Exprés je crois pour se vanger.

  

Philotecte dans cette place,

Vient chercher l’objet de son mal ;

Alcide connoist sa disgrace

Par la bouche de son Rival.

 

Yole avec lui sans mistelle,

Vient pousser cinq ou six soupirs ;

Sans songer qu’ Alcide derriere

Est le temoin de leurs plaisirs.

 

Amans quelle crainte est la vôtre?

Vous vous croyés tous deux perdus ;

Il prend sur le fait l’un et l’autre ,

Et dit qu’il a tout entendu.

 

Mais laissez le tout seul se plaindre ,

Allez vous en causer plus loin ;

Pour lui c’est Junon qu’il doit craindre,

De la calmer il prend le soin.

 

Déjanire trouble la feste ;

Veut l’amour pour son favory ;

Et le dernier Acte s’apreste ;

Ma foy fut il deja fini.

 

5eme Acte

C’est Déjanire qui commence

Par des soûpirs interrompus ;

Elle attend en impatience

L’effet du voile de Nessus.

 

Les Prestres en Cérémonie

Viennent pour célebrer l’himen.

Elle de tristesse est remplie ,

Et n’a garde de dire amen.

 

Philotecte dans la tristesse ,

Du moins en marque t’il un peu ;

Vient contre mander l’allegresse ,

Et dit qu Alcide est tout en feu.

 

De bon coeur déjanire enrage ,

D’avoir cause l’embrasement.

Dans la mer se jette à la nage

Pour y terminer son tourment.

 

Alcide dans sa rage extreme

Voudroit la Scêne ensanglanter ;

Mais il périt enfin lui même ,

On entend la foudre éclater.

 

L’Epouse a perdu la lumiere ,

Est morte de froid dans les Eaux ;

L’Epoux cherche une mort contraire ,

Se jetter au feu et meurt de chaud.

 

C’est là que le spectacle cesse ;

Vous Auditeurs, que je vous plains ,

Qui n’allez pas aprés la Piece ,

Noyer vôtre ennuy dans le vin.

 

1693

 

Epitaphe

De Camille de Neuville Archevesque

 de Lion

 

Passant n’escoute pas ceque la Calomnie

                       Te dira de ce grand Prélat.

Il a fait, quoiqu’on l’ait blamé de peculat ,

                       Deux grands miracles en sa vie.

Miracles, qui feront ton admiration ,

Et qu’il ne faut pas que l’on taise.

Il a fait son veneur Seneschal de Lion ,

Et Confesseur du Roy, le Pere de la Chaise.

 

1693                                                                                        

 

Sur L’Opéra de Médée en 1693

Par T. Corneille et Charpentier la Musique.

 

A L’Opéra Dieux! La belle Machine

            Qu’ à fait faire Franchine

            Pour y prendre un rat, pauvre Jason,         c’est Francine

            Qu’as tu fait à Corneille?

            Pour te faire affront ;

            Point de chanson ,

            La Musique à l'Oreille,

             Ne vaut pas Didon.                           Opéra qui avoit precede Médée

 

Jamais pour un Opéra si mauvais,

            On ne fit plus d’aprest.

            Croit on nous amuser ?

            Et nous charmer ?

            Avec si peu d’attraits ;

  Aussi l’on est bientost désabusé

            De ces Colifichets.

 

1693                                                                                        

 

Devise

Pour le Roy, un Soleil dans son midy brillant de lumiere, et éclairant seul toute la Terre et ces mots pour a me contemta fit uno, expliqués par le Couplet qui suit.

 

Louis par ses Exploits de guerre

Devient toujours plus glorieux ;

Et fait voir qu’il ne faut sur terre,

Qu’un Roy, comme un soleil aux Cieux.

 

 

1693                                                                                        

Argument des 24 Livres de l’Odissé, par Mr Perrault Medecin

sur l’air Réveillez vous belle endormie

 

         Vous ne songez à m’engager

            Que pour server à votre gloire ;

            Mais vous aurez part au danger,

            Ou vous n’aurez pas la victoire.

 

1er Livre

Minerve des sages l’apoy ,

Conseille au prudent Telemaque ,

De chaser des gens, qui chez luy ,

Vivoient comme on fait à la Maque*

                                                          *cabaret autrefois fort illustre à Paris

 

II e

Ce Sage fils fait l’enragé

Contre les galans de sa mere ,

Par qui tout son bien est mangé ,

Mais on se rit de sa colere.

 

IIIe

Il part et va dire à Nestor

De sa mere toutes les peines ;

Car bien qu’elle n’ait pas grand tort ,

On en conte bien des fredaines.

 

IVe

De son pere chez Menelas

Il apprend pour toute nouvelle ,

Que Calypso dont il est las ,

Le force à coucher avec elle.

 

Ve

La Nimphe pour faire un vaisseau ,

Lui fournit et bois et cognée :

Un naufrage le eu dans l’eau ,

Le fait jeûner mainte journée.

 

VIe

De là sortant cahin caha ,

Un Fleuve l’endort sur la rive ,

Où l’Infante Nausicaa

L’eveille en battant la lessive

 

VIIe

Chez la Reine Arete aux blancs bras ,

On couche le prudent Ulisse

Dans un lit garni de blancs darps ,

Qui lui fut fait par la nourrice.

 

VIIIe

Il pleure au milieu d’un repas ,

Oyant conter ses hauts faits d’Armes ;

Le Roy qui ne le connoît pas ,

Veut scavoir d’où viennent ces larmes.

 

IXe

Il conte comme il arriva

Sur les epouvantables Costes

De Sicile , où l’oeil il creva

A l’homme qui mangeoit ses hostes.

X

Comme il mit passant sur les Eaux

Tous les vents dans la Gibeciere ;

Comme à ses gens , grouins de pourceaux

Furent faits par une sorciere.

 

XIe

Comme Circée fait qu’il descend ,

En Enfer forcant la nature ,

Où Tiresias en passant Lui prédit

Sa bonne avanture.

 

XIIe

Comme des Enfers retourné ,

Il s’embarque et voit les Sirennes ;

Et quoi qu’il ne fut pas damné

Il souffre encore beacoup de peines.

 

XIIIe

Aux Pheaciens ébahis ,

Ulisse ayant dit son histoire ,

On le remene en son pays

Après l’avoir fait très bien boire.

 

XIVe

Entrant en ce pays si cher ,

Il adore ses Dieux Penates ,

Puis il s’en va chez son Porcher

Qui racommondoit ses savates.

 

XVe

Ce Noble hôte lui fait mâcher

Maints Aloyaux , maintes Eclanches

Et puis il le mene coucher

Avec les Pourceaux aux dents* blanches               *Argiododez

 

XVIe

Les fils d’Ulisse croît rêver ,

Ou que de lui l’on se goberge ,

Quand on lui dit d’aller trouver

Son pere en cette belle auberge.

 

XVIIe

Ulisse fort mauvais garçon ;

Mais prudent encore d’avantage ,

Se travestit en polisson

Pour rentrer dans son héritage.

 

XVIIIe

Cependant lorsqu’il ne croit point

Qu’en cet état on le rebute ,

Un autre gueux à coup de poing

Toutes ses bribes lui dispute .

 

XIXe

Par ses gens il est reconnue ,

Quoiqu’il leur dit cent choses fausses ;

Car la servant vit à nud

Sa marque en lui tirant ses chausses.

                                                                    

 

XXe

Ayant apris qu’un insolent ,

Chez lui s’estoit donné carriere ;

Il dit qu’il tuera ce galand ,

Et qu’il pendra la Chambriere.

XXIe

Sa femme qui se sent presser ,

Amuse avecque des cognées

Les fens qu’elle n’a pû chasser

Avec ses façons refrognées.

 

XXIIe

Tandis qu’un jeu sot et badin

Amuse la troupe gaillarde ;

Le sage Ulisse l’Arc en main ,

L’un après l’autre les canarde.

 

XVIIIe

Les ayant tous poussés à bout ,

A sa femme il se fait connoître ;

Qu’il eroit innocente de tous

Comme l’enfant qui vient de naître.

 

XXIV

Tous les parents des trépassez ,

Trouvent l’action peu courtoise ;

Mais Minerve dit , c’est assez ,

Et vient apaiser cette noise .

 

 

1693                                                                                        

Chanson

Sur l’air Rochers vous êtes sourds.

        

Affaire des Jesuites et de l’Archevesque de Reims, accommodée par Mr le 1er President de Harlay.

 

Je ne m’estonne plus que les Enfans d’Ignace

Gouvernent à leur gré Charlequin de Thémis

Je scais par quel endroit il leur est si soûmis.

Ils ont absous le Roy de l’avoir mis en place.

 

Chanson

Sur l’air …

 

Par Mlle Itier.

 

Bons François réjouissons nous ,

Nos Ennemis ont du dessous ;

Quoique le frondeur raisonne ,

L’Année est bonne.

 

Lorsqu’ils croyoient que nos vaisseaux

N’osoient paroître sur les Eaux ;

Tourville sur leur Flotte donne,                            à Lagos

           L’Année est bonne.

 

Sitost qu’on voit note Dauphin,

Paroître sur les bords du Rhin ;

L’Aigle se cache elle en frissonne

            L’année est bonne.

 

Nassau dans son Camp bien gité ,                  à Nerwinde

Y croyoit être en seureté ;

On va l’y forcer en personne ,

L’année est bonne.

 

L’obstine Prince Savoyard

A nous s’en venoit tout gaillard                    à Lignerol

Disant je fulmine et jetonne ,

            L’année est bonne.

 

S’en retournant avec éclat

Aprés n’avoir rien pris qu’un rat ;

Catinat le bat* et l’estonne.                   * à la Marsaille

            L’année est bonne.

 

Ce Mareschal mettant a bas

Ses Alliez et ses Soldats ;

Canons, Drapeaux, tout il moissonne ,

            L’année est bonne.

 

Jusque dans les murs de Thurin

Il se fait suivre à sibon train ;

Qu’ a peine il sauve sa personne , l’année etc.

 

Allemands, Flamans, hollondois ,

De Louis voila les Exploits ;

Permettez qu’icy l’on entonne , l’année etc.

 

Peuples que l’on voit irritez ,

Il vient du bled de tous côtez ;

Cependant Louis vous en donne. l’année etc.

 

Rasseurez vous foibles esprits

Que nos Ennemis ont surprise ;

Priez Dieu qu’il vous le pardonne. l’année etc.

 

 

 

1693 

Chanson

Sur l’air des feuillantines

 

Monsieur de L’Escalopier

            Ayés pitié

De vôtre chere moitié ;

On la tuë, on l’assasssine ,

On la met aux Feuillantines.

 

Encore si je l’avois fait

            Tous à fait ,

Je n’aurois point de regret ;

Pour en avoir fait la mine,

On me foure aux feuillantines.

 

 

Autre

1693

Sur l’air….

Sur Madme de Benouville.

 

Ah! que j’aime avoir Benouville,

Et qu’elle me rend amoureux;

A s’enflamer mon cœur est difficile ;

Mais la voyant je suis tout plein de feux.

 

Que son air est aimable !

Et qu’elle a de douceur !

Quand l’amour fit ce chef d’œuvre adorable,

Que ne prit il quelque soin de cœur ?

 

Elle paroît sincere et tendre,

L’amour brille dans ses beaux yeux,

Mais dans son cœur il ne scauroit descendre,

C’est un glacon qui se rit des nos feux.

 

Une voix douce et belle

Augmente ses attraits ;

Par mille endroits on s’engage aupres d’elle ,

Sans trouver lien de l’engager jamais.

 

1693

 

Chanson

Sur l’air de Jean de vert

Sur Mr de Harlay 1er President

 

D’Harlay le 1er President

Remplit fort bien sa place ;

Il a tout l’air d’un vieil pedant

Au milieu de sa Classes ;

Il est bon pour de jeunes gens ;

Mais il n’eut rien vallû de tems

De jean de vert.

 

Autre

1693

Sur l’air du Traquenar.

 

Dites nous pour quoi Fouilloux

Pourquoi les recevoir ches vous ?

            Las c’est qu’un amy,

            Ne m’en donne ,

            Ne m’en donne

            Las c’est qu’ un amy

            Ne m’en donne qu’ a demy.

 

 

1693

 

Chanson

Sur l’air des Landerirettes

 

Faite aux Noces de Made de Goüsuel alors malade des Fievres tierces; à la louange de Mimi chiene de Mad.lle d’Enghien en 1693.

Jadis un Auteur fort galand

Aux Princesses de vôtre sang ,

            Landerirette,

Escrivoit sur ses rimes cy ,

            Landeriri.

 

Voiture est le nom qu’il avoit ;

Mieux que pas un autre il rimoit ,

            Landerirette.

Je voudroit rimer comme lui ,

            Landeriri.

 

Car Princesse il faut avouer ,

Que pour dignement vous louer ;

            Landerirette ;

Il faudroit avoir son espris ,

            Landeriri.

 

Car Princesse il faut avouer ,

Que pour dignement vous louer ;

            Landerirette ;

Il faudroit avoir son espris ,

            Landeriri.

 

J’admire en vous cet air charmant ,

Cette humeur pleine d’agrément ;

            Landerirette

Par qui ces lieux sont réjouis

            Landeriri.

 

Vos bontez ravissent noscœurs ;

Aussi voyés vous que nos sœurs,

            Landerirette

Veulent à l’envie vous servir

            Landeriri.

 

Heureuse, dit on chaque jour,

Celle de vos dames d’Atour ,

            Landerirette ;

Qui passent près de vous les nuits ,

            Landeriri.

 

Mais plus heureuse qu’elles encore

Une qui vaut son pesant d’or ,

            Landerirette

Cette toute charmante Mimi ,

            Landeriri.

 

Elle vous voit à tout moment ,

Vous l’embrassez tres tendrément ,

            Landerirette.

Elle partage vôtre Lit

            Landeriri.

 

Fut il jamais un sort pareil ,

Qu’une Chienne ait à son reveil ,

            Landerirette

Près d’elle un morceau si joly

            Landeriri.

 

On voit des Princes aspirer

A l’honneur de vous posseder ,

            Landerirette :

Mimi vous a toute la nuit ,

            Landeriri.

 

Tout le jour vous la caressez

Vous la flattez , vous la baisez ,

            Landerirette.

Et vous lui donnez du Biscuit ,

            Landeriri.

 

Quand Mimi danse vous dansez ,

Quand elle saute vous sautez ,

            Landerirette.

Et sur vous elle à tout crédis ,

            Landeriri.

 

Aussi disons sinceremens

Qu’elle est digne d’attachemens ,

            Landerirette.

Jamais chienne n’eut tant d’espris,

            Landeriri.

Vous lui parlez elle l’entend ;

On s’apercoit qu’elle comprend ,

            Landerirette ,

Ce que vôtre bouche lui dis ,

            Landeriri.

 

Sans même qu’il faille parler

Vous n’avez qu’à la regarder.

            Landerirette.

Au moindre signe elle obeit,

            Landeriri.

 

Si la joye éclate en ces yeux ,

Vous la voyés d’un air joyeux ,

            Landerirette ;

Ne demander, que jeux, que ris ,

            Landeriri.

 

Mais si par malheur le matin

Mimi vous voit un aire chagrin ,

            Landerirette.

Tout le jour elle est dans l’ennui ;

            Landeriri.

 

Lorsque vous riez, elle rit ;

Gémissez vous, elle gémit.

            Landerirette.

Est il rien de plus accompli ?

            Landeriri.

 

Elle trouve qu’il est si doux ,

Princesse, d ‘être auprés de vous,

            Landerirette.

Qu’en tous les lieux elle vous soit

            Landeriri.

 

Vous seule possedez son cœur

Jamais amant par sa douceur ,

            Landerirette

N’a pû tirer d’elle un soupir.

            Landeriri.

 

Mille ont soupiré vainement ,

Ont marqué de l’empressement ;

            Landerirette.

A l’aimer et à la servir,

            Landeriri.

 

Elle a méprisé leurs ardeurs ,

N’ayans pour eux que des froideurs ,

            Landerirette

Et suivans ces amans transis

            Landeriri.

 

C’est un prodige de vertu ,

Qu’en un siecle si corrompû ,

            Landerirette ;

On trouve une chaste Mimu

            Landeriri.

 

Aussi est ce par sa pudeur

Qu’elle a mérité cet honneur ,

            Landerirette ;

D’être couchée en vôtre lit ,

            Landeriri.

 

Mais lorsqu’un Prince vous aura ,

Que sa place il occupera ;

            Landerirette

Faudra lui donner un mari ,

            Landeriri.

 

Qui lui fasse de beaux petits ,

Comme elle charmans et jolis                                                         

            Landerirette ;

Pour à leur tour vous réjourir

            Landeriri.

 

Que dans soixante & dix neuf ans ,

Les fils de ses petits Enfans ,

            Landerirette ,

Contribuent à vôtre plaisir ,

            Landeriri.

 

En regrettant vôtre mimi ,

Vous bous regretterez aussi ,

            Landerirette ;

Sur tout celle qui vous escrit ,

            Landeriri.

 

Car jusqu’à mon dernier soupir ,

Je n’aurai point d’autre désir ,

            Landerirette.

Que celui de vous divertir ,

            Landeriri.

 

Et au plus fort de mes accés ,

Que j’ ay rimaillé ces couplets ,

            Landerirette.

Pour charmer par là mon ennui ,

            Landeriri.

 

Heureuse si pour un momens ,

Il augmente vôtre enjouëment ;

            Landerirette

Jeune Princesse , ainsi soit il.

            Landeriri.

 

1693

 

Chanson

Sur l’air : Non, non, Je ne suis pas seul à médire.

A.S.A.R. Mad lle Duchesse de Montpensier , en lui envoyant un Livre de ses Chansons, qu’elle lui avoit demandé avec empressement par plusieurs fois.

par Coulanges

 

 

Enfin, c’est à vous, adorable Princesse ,

Que le Livre s’adresse ;

Ce sont toute mes chansons

Couplets mauvais & bons.

J’ay resisté longtems

A vous presenter ces pauvres enfans ;

            Car les gouts sont differents.

            Si sa Royalle altesse

            Les estime et les caresse.

                        En ce cas

D’Horace je croiray suivre les pas ;

Mais je seray bien encore plus satisfait ,

Si selon mon souhait,

            Pour s’acquitter de sa promesse ,

            Elle me donne son Portrait.

 

1693

 

Requeste

A Madame de Louvois pour sortir de Bourbon par Coulanges.

 

A qui peut vivre sans maladie

Que Bourbon est un triste séjour ,

Quant pourai-je à ma fantaisie ,

Boire frais , mener joyeuse vie ,

Courir la nuit et dormir tout le jour ?

D’eau chaude vous n’avez que trop pris ;

Laissez en repos vôtre derriere ;

Renoncez à Griffer, belle Iris ;

Remenons la pauvre Berniere

Nous avons tous besoin de Paris.

 

1693

 

Chanson

Sur l’air des Trembleurs d’Isis

 

Sur le Prince d’Orange.

 

Le brave Prince d’Orange ,

Deux fois après la vendange

Sans consulter son bon âge ,

Sur Charles-Roy se rua ;            * ville

Chacun disoit il se vange ,

Il est digne de louange ;

Mais par un malheur étrange

Il prit Binche , et s’en tint là, la la.

Le dessein en êtoit fort grand ,

Et quiconque dit autrement      Evénement rare et charmant,

Il ment, il ment, il ment.                 si quelqu’un dit qu’il est gourmand.

 

 

 

1693

Autre

Sur l’air Reveillez vous belle endormie

 

Sur une Ode de des Préaux en 1693 imité de Pindare.

 

A un langage si bizarre ,

A ces traits d’une esprit si faux ;

Je reconnois le vieux Pindare ;

Mais je ne reconnois pas de Préaux.

 

Chanson

1693

Sur l’air: Sommes nous pas trop heureux

A Mad. e la Marquise de Louvois            Le Tellier

Voyage de Flandres en 1693.

Pour l’intelligence, il faut scavoir que Mad. e de Louvois s’y en étant oposée, et que ne le pouvant empescher , Elle dit à M. de Coulanges qu’il auroit la même destine du Pigeon de la jolie fable de la Fontaine, qui voulut voyager, et qui s’en repentit par toutes les mauvaises avantures qui lui arriverent.

 

Enfin charmante Louvois,           par Coulanges

Le Pigeon avait sans peine            

Cambray, Mons, Valencienne,

Et la Cour dans le Quesnoys.

Content d’un tel avantage ,

Cet outrecuidé Pigeon ,

Ne songe plus qu’au voyage

Du Colombier de Meudon.       Meudon étoit à Elle en ce tems là.

 

Le Pigeon vient d’arriver ,

Ce Pigeon tendre et fidelle.

Voyez comme il bat de l’aîle

D’aise de vous retrouver ;

Mais souffrez qu’il se rengorge ;

Quoiqu’il n’ait point combattu.

Depuis sa course il se forge

Qu’il est un Pigeon battu.

 

1693

Autre

Sur l’air Sommes pas trop heureux

 

Aristote & Gaboury ,

Noailles et Sardanapale ,

Genlis et le beau Cephale ,

Balde , Cujas et Thury.

Cicéron et Bensserade ,

Démostene et Bellefons.

Quinteurce et la Feuillade ,

Montpezat et Xénophon.

 

1693

Chanson

Sur l’air des Rochelois

 

Il faut renoncer à l’amour ,

Boire la nuit, boire le jour ,

Parceque Solus et Morinville

Quand elles sont à Moulineaux

Se moquent des gens de la ville

Et n’escoutent que les oyseaux.

 

 

 

 

1693

Autre

Sur l’air: Ma mere mariez moy.

 

Quand je vois la Vaubécour,

Je dis f…… de l’amour ,

Qui lui fait est bien vaillans ,

Et c’est Villeroy souvenez vous en ,

Qui lui fait est bienvaillans

Je n’en serois pas autans.

 

1693

Chanson

Sur l’air des Folies d’Espagne

Pour Mlle F …. À Mr d’ U….

 

Mes pauvres yeux sont tout plein de tristesse ,

Et nuit et jour il répandent des pleurs ;

Si vous avez pour moi de la tendresse ,

Plaignez du moins mes cruelles douleurs.

 

Vous recevrez un ruban pour Estrennes ,

Je l’ay brodé , mais pour payer mes soins ,

L’amour devroit augmenter vôtre chaine ,

D’autant de nœuds qu’on y verra de points.

 

1693

Autre

Sur le même Air

 

Et les memes personnes que la précédente

 

Pleurez mes yeux a fondez vous en larmes ,

Qu’ à present ce soit là tout vôtre employ ;

L’ingrat Tircis méprise tous vos charmes ,

Et ce traitre ne pense plus à moy.

 

Faut il hélas ‘ qu après tant de promesses ,

Et ces Serments qu’il m’a fait tant de fois ;

Il aille ailleurs prodiguer ses tendresses.

Amour tu vois comme on viole tes loix.

 

Il promettoit d’adorer Célimene

Et de l’aimer du mois jusqu’ à la mort ;

Il vit pourtant et une autre l’entraine.

Je meritois hélas ! un autre sort.

 

Encore si celle que vous occupe ,

Me surpassoit par sa fidélité ;

Mais je scay que vous en êtes la dupe ,

Et qu’elle aime à l’universalité.

 

Oui je t’aimois ingrate je te l’avoüe ,

Et je contois dessus ta bonne foy :

De tes sermens laschement tu te jouë ;

Aprés cela dois-je être à toy ?

 

Vous êtes trois après cette coquette ,

Un Muletier [1], un galant Suisse [2] et vous ;   1. M. Orry Capitaine des Mulets

N’en falloit pas tant a une Chouëtte                2. Mr. Hessy colonel Suisse.

Pour mettre au rang des Coucous, son Epoux.

 

Elle a trop bien fait mentir le proverbe ,

En faisant voir par sa fecondité ,

Que quelque fois il peut croître de l’herbe ,

Dans un chemin quoique tres fréquenté.

 

Tout Pignerol se rit de cette affaire

L’Enfant d’un Suisse à la teste, dit ‘on ;

D’un gros Mulet il a tout le derriere ,

Et l’on jure qu son ventre est de son.

 

C’estoit la Pasquinade qui fut faite à Pignerol ,

Faisant allusion aux qualities et au noms de Mrs.

 

 

 

1693

Autre

Sur l’air : Scavez vous bien beauté cruelle

Sur les mêmes personnes.

 

Quand mon Berger pour la gloire ,

Veut faire la treve à l’amour ;

Il jure par la victoire

Qu’il sera bientost de retour ;

Je lui dis vive ailleurs la gloire ,

Vive vive icy l’amour.

 

1693

Autre

Sur le même Air.

Et les mêmes personnes.

 

Malgré vôtre indifference,

Et malgré vôtre mépris

Je veux rompre le silence

Et n’escouter plus mon dépit.

Quelque grande que soit l’offense ,

D’un Cœur qui se voit trahi.

 

Puis-je exprimer les allarmes

Que j’ay eu sur vôtre sort ?

Combien j’ay versé de larmes ,

Dans la crainte de vôtre mort ?

Vous scachant au mileu des armes ,

De gemir avois-je tort?

 

Enfin les grandes nouvelles

Ont terminé mon chagrin ;

Puisque j’ay apris par Elles

Que vous battant comme un lutin,

Vous avez poussé les Rebelles

Jusques aux Portes de Thurin.

 

L’on dit qu’ à cette victoire

Vous avez bien contribute ;

Qu’on doit vous donner la gloire

De tant d’Ennemis qu’on a tué ,

Et que vôtre nom dans l’histoire ,

Va être immortalisé.

 

Quel plaisir pour Celimene

De revoir Tircis vainqueur ;

Mais helas! Sa joye est vaine ,

Si il ne vient lui render son cœur.

Qu’ ai-je fait pour avoir sa haine?

Et d’ où me vient sa froideur ?

 

Ah! cessez de me poursuivre

Par toute vôtre rigueur ;

Je ne scaurois plus survivre ,

A la perte de vôtre cœur ,

Et vôtre injuste oubli me livre

A la plus rude douleur.

 

 

 

 

Année 1694

 

Chanson

Sur l’air de l’ouverture du grand Ballet, au Marais beau séjour de la réjouissance.

 

 

Mr. de Coulanges sur les figures antiques de Rome.

 

 

L’on voit dans ces lieux La Motte d’agripine ,

Le C… de Messaline,

Le Croupion d’Antinoüs ,

Les Couilles de Brutus

Le V…….. de Ciceron

Le Prépuce du vieux censeur Caton.

Le trou du cul de Neron ,

Le clitoris de Julie,

Du poil du C… de Clelie

            Et Lanus

De Bérénice putain de Titus ,

Les deux fesses du fameux Coriolan ,

Du f…. de Trajan ,

Le Godemichy de Lucrece ,

Et l’autrefesson de Sejan.

 

Oreste f…. son cher amis Pilade ,

Socrate , Alcibiade ,

Caton Alexorus ,

            Pradutus Iritus ,

Les plus grands des Grecs et des Affriquains ,

Ne f…. que des Blondins.

Le C…. dans Carthage

Fut traité de gargotage

            Asdrubal

Ne fou… t’il pas le grand Annibal?

Thales foutoit toujours anacréon,

Et pour le beau Gestion ,

Lon faisoit la lubrique rage ,

Dans Phion et dans Colphion.

 

Amis reglons nous sur ces grands personnages ,

            La gloire de leurs ages.

            Qui préféroient au C….

Le Cu d’un beau garçon ;

            Néron aima Pirus.

Le Roy Henry Quatre épousa Quelus ,

            Galba f…. Tibulus ;

Cezar fut d’un V… roide

Enfilé par Nicomede ,

            Et Platon

Ne déculoit pas le bel Agathon ;

Alexandre brûloit pour Ephestion ,

            Et quand le grand Ammon.

            Eut gouté du beau Ganimede

Il ne f…. qu’en cu Junon.  

 

 

Autre sur le même Air.

 

Héros qui voulez graver vôtre mémoire

Au Temple de la gloire ;

Laissez les vains ornemens ;

Ces pompeux monumens

            La superfluité

Ne sert de rien a l’immortalité ,

Et ce n’est que vanité ;

Quand une fois la Parque

Nous a fait passer la Barque

            Bien ou mal ;

De tous les humains je tiens le sort égal ,

Quoique Paris ait au bord de son canal

            Un grand original                                Henry quatre qui est sur le Pontneuf.   

On ne dit plus rien du Monarque ,

On ne parle que du cheval .

  

 

Autre sur le même Air

 

Amis ne songeons qu’à bien passer la vie ,

            Car dés qu’elle est ravie ,

            Fût on la même vertu ,

            Morbleu tout est perdu.

            Infidelle ou Chrestien ,

Grand scélérat ou grand homme de bien ,

            Ou Diable l’un qui revient ;

            On nous fait bien entendre ,

Qu’il faut monter ou descendre ;

            Qu’un reveil

Nous doit tirer de ce profound sommeil ;

Mais a dire vray, le cas est fort douteux ;

            Et qui veut vivre heureux

            A ses propres sens , se doit rendre

Et ne rien croire qu’avec eux.

 

 

 

Autre id

 

Le grand Salomon dans son Ecclesiaste

            Ne veut pas qu’on soit chaste.

            Ni quel l’on ait du chagrin ,

            Avec ce jus divin.

            L’avis de Salomon ,

Est un avis qui me semble tres bon ,

Et qui vaut mieux qu’un Sermon.

            Ce Patriarche habile

            Qui precede l’Evangile ,

            Nous écrit

Qu’il ne scait si l’esprit vit ou périt ;

Mais ce Docteur merveilleux ,

            En cas douteux ,

Nous dit en deux mots comme en mille ,

Qu’il faut vivre pour être heureux.

 

 

 

Sonnet

1694

à des Preaux

 

Des Preaux monté sur Parnasse

Sans que personne en sceût rien ,

Trouvant Renier avec Horace ,

Y rechercha leur entretien.

 

Sans choix et de mauvaise grace ,

Il pilla presque tout leur bien ,

Il s’en servit avec audace ,

Et s’empara comme du sien.

 

Jaloux de nos meilleurs Poëtes

Par des Satires indiscrettes ,

Il choque leur gloire aujourd’huy.

 

En verité je lui pardonne;

S’il n’eût mal parlé de personne ,

On n’eut jamais parlé de luy

Par St. Pavin

 1694                                                                                     Réponse

 

Saint Pavin guindé sur sa chaise ,

Médisant du Ciel à son aise ;

Peut bien médire aussi de moy.

Je ris de ses discours frivolles ;

Chacun scait bien que ses parolles

Ne sont pas Article de Foy.

 

1694

Chanson

Sur l’air Reveillez vous belle endormie

 

Ode Pindarique burlesque par Chevalier de S. Gilles

 

Quel movement sublime et rare

M’enleve aujourd’huy dans les aires

Est l’esprit du grand Pindare

Qui me force a faire ce vers?

 

Ouy c’est Pindare, c’est lui même ,

Je le connois à ce beau feu ;

Mais quoi ! je suis hors de moy même ;

Laisse moy respire un peu.

 

Plus prompt que l’eclat du tonnerre ,

Plus éblouissant que l’aire ;

Je m’elance loin de la terre ,

Et je vois sous mes pieds la mer.

 

Laissons donc les humbles Mirices

A chanter aux moindres esprits ;

Il faut par de nobles caprices

M’elever aux Cieux de Philis.

 

Dieux! Quell éclat quand on l’aproche

Frape l’ame, éblouit les yeux ;

La foudre sur la Roche ,

Tombe d’un coup impétueux.

 

Je n’y vois qu’une difference

L’Ame que Philis scait toucher ;

Par un regard qu’elle lui lance ,

N’est alors rien moins que Rocher.

 

Ou bien s’il faut qu’il soit possible ,

Que ce soit un Rocher ; je dis ,

Que c’est un Rocher insensible ,

Pour tout ce qui n’est point Philis ;

 

Je fus frapé de la tempeste ,

Dés le moment que je la vis ;

Dieux! Témoins de cette conqueste ;

Est-ce donc pour vous que je vis?

 

Ce n’est point par vous , c’est par elle

Car par un prodige parfait ,

Me portant l’atteinte mortelle ,

Elle me fait vivre en effet.

 

Oui par un Acte de Magie ,                                          

Qu’en voyant on ne connoît pas ;

Sa beauté m’attache à la vie ;

Sa rigeur me livre au trépas .

 

Que tout l’univers parle d’Elle ,

Qu’on entende dire aux Echos ;

C’est une Déesse mortelle ;

C’est un Ange en chair et en os.

 

Mais desja d’une aisle pesante ,

Je frappe l’air qui me soustient ;

Joy masse terrestre et roulante

Voy ton deserteur qui reviens.

 

C’en est fait, ce nouvel Icare ,

Las de voler je m’affoiblis ;

Je retombe humains, gare gare ;

Ah! prenez garde à vous Philis.

 

   

Chanson

1694

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.

Sur ce qu’on promit mil Escus à celui qui feroit mieux des vers, sur la gloire de feu Mr. le Prince (Louis-Bourbon-Condé).

 

Pour raconteur tant de vertus ,

Tant de hauts faits, et tant de gloire ;

Mille Escus, rien que mille Escus,

Ce n’est pas un soû par victoire.

 

1694

Autre

Sur le mesme Air

Sur Mr de Harlay Archevesque de Paris porté sur une chaise à la Procession de Ste Genevieve le 27 May 1694

 

Ne prendroit on pas ce Prélat ,

S’il n’estoit pas si magnifique ,

Estant assis sur son grabas ,

Pour un pauvre paralitique ?

 

Son mal vient de l’ambition ,

Et de la rage et de la haine ;

D’estre à gauche en procession

Avec sa Métropolitaine .

 

Par orgueil il se fait porter ,

Comme autrefois on portoit l’Arche ;

Et par là il croit mériter

Le beau titre de Patriarche.

 

Il ne peut celler ses desseins ,

Il veut être Pape de France ;

Puisqu’il s’est mis au rang des saints ;

Le voila saint par excellence.

 

Autre

1694

Sur l’air de la grosse Bourgogne

 

Pour Mlle de Marizi, avec un bouquet d’une veste de Marseille garnie de Dentelles de Maline qu’elle donnoit à un de ses amis le jour de St. Jean 1694

 

Au jour de vôtre feste ,

Il nous faut rejouir

Puisqu’un chacun s’apreste ,

A s’y bien diverter ;

Un ange nous asseure

Dans la sainte Ecriture

Qu’en ce jour où naquit nôtre Patron

Plusieurs se réjouirons.

 

Si ce Saint tres austere

Ne bûvoit que de l’Eau ;

S’il portrait d’ordinaire ,

Une peau de Chameau.

Il faudroit que tout homme ,

Qui comme lui se nomme ,

Pût l’imiter dans tout ce qu’il a fait ;

Mais vous êtes un peu douillet.

 

Vôtre delicatesse

Ma toujours fait pitié ;

A vous je m’interesse ,

Et par bonne amitié

Je vous offre une veste ,

Qui vous plaira de reste

Puisqu’elle est plus douce pour vôtre peau

Que celle d’un chameau.

 

Un habit si sauvage

Ne nous conviendroit point ;

Il vous faut à votre âge

De Dentelles de points ;

La Toille de Marseille ,

Fera sur vous merveille ;

Et vous seres bien plus joli garcon

Vestu de la façon.

 

La blancheur naturelle ,

De cet ajustemens ,

Pour être toujours belle ,

Veut qu’on soit propremens ;

De plus elle nous montre

Qu’il faut en toute rencontre

De nôtre ame conserver la candeur ,

Dit un Prédicateur .

 

Quand à vôtre breuvage

Je scay mon beau blondin

Que vous êtes assés sage

Pour vouloir du bon vin ;

Même dans la Campagne ,

Il vous faut du Champagne ;

Et Pantin auroit pour vous moins d’appas ,

S’il n’y en avoit pas.

 

Mon cher soyés tranquille ;

L’on vous en fournira ;

Aux Champs comme à la ville ,

Du meilleur l’on aura ;

Dont vous pourrez bien boire ;

Mais voulés vous me croire ,

Noyez l’amour de ce petit Dieu malin

Dans cent verres de vin.

 

Un amour trop sensible ,

Cause trop de pitié ;

Pour être plus paisible

Jaime mieux l’amitié ;

Aussi toute ma vie

Je seray vôtre amie

Témoin en soit ce ruban gris de lin ,

Qui dit amour sans fin.

 

Ma Muse icy s’arreste ,

Et ne me dit plus moi ;

Dieu vous doint bonne feste

Mon biau petit Jeannot ;

Dès que je seray mere

Vous serez mon compere ;

Heureuse si vôtre petit fillot

Vous ressemble Jeannot.

 

 

Pour Mlle de Marisi en lui donnant                       1694

 une fort belle pelote de toilette le jour

de Ste Anne sa feste en 1694.

        Sur different Airs.

        Buvons à nous quatre.

 

Sur vôtre Toilette En voyant ce matin            (c’est son cousin qui parle)

Un petit ouvrage fin ;

Croyez vous Nannette

Qu’il vient du Cousin

 

Sur l’air: Rochers vous êtes sourds

Vous ne vous trompez pas c’est lui qui le presente ,

Comme un gage asseuré de zele de son cœur ;

Heureux s’il a pû vous marquer son ardeur ,

D’une facon plus noble ou du moins plus galante.

 

Sur l’air: Puissant Roy qui donnez chaque jour.

Mais un pauvre garcon comme luy ,

Ne pouvant s’acquitter aujourdhuy

De ce qu’il auroit bien voulu faire ,

Pour avoir un bouquet digne de vous ;

A cru qu’il pourroit vous satisfaire

En vous presentant ce petit bijou.

 

Sur l’air Landerirette

Puisse t’il quelque fois server

A vous faire ressouvenir

Du plus tendre de vos amis.

            Landeriri.

 

Sur l’air Lerela

Vous auriez tort de l’oublier ,

Lui qui va par tout publier .

Qu’il ne veut songer qu’à vous plaire

Lere La lere lan laire ,

Lere la lere lan la.

 

 Sur l’air de Joconde

Mais reprenons un autre ton

Pour chanter vos loüanges ;

Vous avez autant de raison ,

Et d’Esprit que les Anges ;

Votre humeur pleine d’agrémens

Et toujours bienfaisante ;

Vôtre air joint à vôtre enjouemens

Vous sont toute charmante.

 

Sur l’air: Un grand calme est bien facheux

Je ne m’en tairay jamais ;

Qu’on scache par tout le monde                                               

Que la femme au beau Joconde

Avoir moins que vous d’attraits ,

Et qu’en vous l’esprit abonde ;

Je ne m’en tairay jamais

Qu’on scache par tout le monde.

 

Sur l’air Jardinier ne vois tu pas...

Qu’auusi vrai que je le dis

Le long de la semaine

L’on peur aimier Marizi

Du Dimanche au samedy ,

Sans peine, sans peine, sans peine.

 

Sur l’air: Les Bergers de Maintenon

Et quoiqu’elle ait à son ventre une bosse ,

Et que depuis sept ans elle soit grosse ;

Elle nous plaist comme au jour de ses noces.

 

Sur l’air des Ennuyeux

Mais je pourrois être ennuyeux ,

Si je m’obstinois d’avantage ;

A louër moy seul en ces lieux

Ce que vous avez en partage ;

Qu’un chacun donc se joigne à moy ,

Et chantons tous à haute voix

 

Sur l’air Jean Girard est bon Compagnon

            Chorus

Puisque nous sommes à Pantin ,

Pour solemniser grande feste ;

Banissons loin tout le chagrin

Que nous pourrions avoir en teste.

Celebrons ce jour à l’honneur de la grosse Anne

Qui nous reçoit de tres bon cœur ,

Dans sa magnifique cabane.

 

Chanson

1694

Sur l’air Reveillez vous belle endormie

Sur Louis Quatorze

 

Estre fier quand il faut combattre ,

Et en paix, doux et benin ;

C’est ressember à henry quatre ,

Et point du tout à Mazarin.

 

Autre

1694

Sur le même Air

Elle fut trouvée dans la Toilette du Roy.

 

Tu est issu de race Auguste ,

Ton Ayeul est henry le Grand                            henry IV

Et ton Pere Louis le Juste ;                               Louis XIII

Pour toy tu n’est qu’un Louis d’Argent.            Louis XIV   

 

 

1694

Sur les nouvelles Pieces de Théatres qui parroissent depuis quelques années.

 

Les belles Pieces Dramatiques

Que le Théatre et l’impression

N’ont jamais pû rendre publiques.

 

 

 

1694

A M.rs de L’Académie

Françoise

 

J’aprouve que chez vous M.rs on examine ,

Qui du pompeux Corneille et du tendre Racine ,

Dans Paris excita plus d’aplaudissemens ;

Mais je voudrois qu’on cherchât tout d’un tems ;

            La Question n’est pas moins belle ,

Qui du fade Boyer , ou du sec la Chapelle ,

            Excita plus de sifflemens. 

 

 

Chanson

1694

Sur l’air …..

Ce Couplet est de Mad. e de Furftemberg

La Chanoinesse.

 

J’ay beaucoup de tendresse ,

            Mais que veux tu?

Elle n’est pas maîtresse

            De ma vertu ;

Ce n’est pas qu’elle n’ait bien combattu.

 

1694

Autre

Sur l’air….

Sur les mauvaises pieces de Dancourt

 

La sérieuse Comédie ;

Oubliant son grave maintien ,

Donne à present dans la folie

            Du théatre italien.

 

Sur l’air ….

Sur le mariage du Duc de Villeroy, avec

Mad. lle de Louvois

 

L’amour de l’himen est jaloux ,

Et de la pompe qu’il apreste.

Tu veut ordonner de la feste

Et des plaisirs de nos Epoux.

A tant d’ardeurs à cet air tendre ,

Aux transports, aux empressemens

Il les a prit pour des amans ;

Puisse –t’il toujours s’y méprendre !

 

Autre

1694

Sur L’air: Toute roule à l’avanture

Sur la vacance du Parlement

 

Que j’aime la vacance

            Au Parlement ;

J’ay la grande audiance

            Bien plus longtems

Car le mari ny vient point , ny l’amant.

 

Mon rang qui vient ensuite ;

            Des Bas Normands

Me rend celui d’élite

            De dans ce tems

Que j’aime la vacance au Parlement!

Chanson

1694

Sur l’air Tarerlarira

 

Sully a beau dire

Qu’il meurt de langueur ;

Servient [1] sceût l’instruire

A négliger son ta la lira………………. cœur.

 

Piteuse Princesse [2],

Quel est ton guignon?

Qu’on chante sans cesse

La grandeur de ton…………………….. front.

 

 

De soixante et douze ,

Le beau Chastillon ,

A dit qu’on recouse

Les trois quart de leur ……………… front.

 

 

Autre

1694

Sur Le petit Air de la Fronde

 

La Richelieu quoique charmante ,

Fait peu de passion constante.

N’en scavez vous point la raison ?

Est-ce qu’elle n’est pas traitable ?

C’est que sa bouche et son C…….

Ont une odeur insuportable.

 

Richelieu est belle et charmante ,

Mais lorsque sa beauté me tente ,

Sa facilité me fait peur

Je trouve trop peu de délice ,

De courir risqué, êtant payeur ,

De gagner une Chaudepice.

 

Sur le Con. el des Finances

1694

Messieurs du Conseil des Finances ,

Font voit par un Edit nouveau

Que l’on a tant saigné la France

Qu’on n’en tire plus que de l’Eau.

 

1694

Sur les Comediens

À qui l’on refusent l’inhumation lorsqu’ils meurent

dans la Troupe.

 

Puisque l’Eglise dénie

La terre apres le trépas

A ceux qui passent leur vie

A jouer la Comedie.

Pourquoi ne jette-ton pas

Les Bigots à la voirie

Qui sont tous dans le même cas?

 

Logemens

1694

de la cour

            Monsieur,

Au Perroquet, rue Lorraine, sur le derriere

            Le duc du Maine,

Rue des Enfans Trouvés, à la Fortune.

            Le Prince de Conty.

Rue de l’oublie , à la Renommée.

            Le M.al de Villeroy

Rue Montorgueuil à l’Espeé de Bois

            M. le M. al de Catinat.

Rue des Francs Bourgeois au heros

            Le M. al de Bouflers.

Rue Tourmente au point du jour.

            Le 1er President, harlay

Rue des Marmousets au Masque de venise.

Mad.e de Lefdiguieres

Rue Tirechape au bon Pasteur.

            Mr de Lauzun

Rue Courteau villain, à la Fortune ,

Mr de la Carte (Thibault)

Rue d’orleans à la fille Capitaine.

            Les Loisons

Rue del’ Université.

            La Chambonneau.

A la Providence.

            Le M.al de Choifeuil

A la vertu prés des quinze vingts.

 

Sur Mad.e de Maintenon            

1694

par M.lle Bernard

 

On ne scait si vous êtes Reine ,

In comparable Maintenon ;

Mais  que vous le soyés, ou non ,

C’est une chose fort certaine

Qu’il est beau d’en faire douter ,

D’en fuir le rang , l’honneur , et de le mériter.

 

 

Chanson

1694

Sur l’air des Ennuyeux

Avis par Coulanges

 

Public, volontiers je consens ,

Que tous mes sixains l’on imprime ,

Si tu les trouve de bon sens ,

Et fais assez de cas de ma rime ;

Pour qu’ils soient mis en même sac ,

Avec les quatrains de Pibrac.

 

 

Chanson

1694

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie

 

Les Petits Mâures, à Mr. Blot valet

De Chambre du Roy, Auteur de la Satire ,

contre Eux.

Ces Couplets sont de Mr. de Sénecey

1er valet de Chambre de la Reyne.

 

Vraiment vous êtes fort honneste ,

Bellot et vous avez raison ,

De nous avout lave la teste

En enfans de bonne maison.

 

Depuis le trépas de Moliere

De nôtre mérite entestez ,

Sans jugement et sans lumiere ,

Nous devenons enfans gatez.

 

Tel qui nous aime, nous Châtie ,

Nous devons beaucoup à ce soin ;

D’un Professueur en modestie ,

Nous avions un fort grand besoin.

 

Vous mérites qu’on vous écoute

Vos traits penetrant jusqu’au vif ,

Et nous obligeront sans doute

A prendre un air moins decisif.

 

La Poësier, et la Musique ,

Et leurs éleves ourages ,

Auront un destin moins inique ,

Et libres de nos préjugez.

 

Pour vos avis de consequence ,

Dont le profit est singulier ,

Recevez la reconnaissance

D’un remerciment Cavalier.

 

Mais ne croyez pas pouvoir faire ,

Qu’aprés nous avoir corrigez ;

Des gens de notre caractere ,

Les tems avenir soient purgez.

 

C’est une espérance inutile ,

Et pour vous le dire en deux mots ,

La Cour aussi bien que la ville

Aura toujours de jeunes sots.

 

Belot ton nom devoit paroître

Aubas de tes charmans Escrits ;

Tu scais y parler en grand Maître ,

En parlant si bien des petits.

 

Autre

1694

Sur l’air de Joconde

 

Le dernier cadet de Clermont

            D’un esprit peu sublime ,

Prit ces jours passes dans Lion

            L’umble habit de Minime.

Ce choix a du Prélat Noyon Clermons

Fort échauffé la bile ;

Car pour son illustre Maison ,

C’est une tache d’huille.

 

1694

Autre

Sur l’air …

Pour Mad. e du Bocage

 

Mon berger me fait souffrir ,

Il est jaloux et collere ;

Mais mon cœur loin de guérir

Par des soins cherche à lui plaire ;

L’amour a tissue ces nœuds

Pour durer toute ma vie ,

Rt pourveu qu’il soit amoureux ,

Mon sort est toujours heureux.

 

Chanson

1694

Sur l’air des Rochellois

 

Sur Madame Passart

 

Malgré vous Madame Passart

Vous vous apellerez Toussart ;

Vous avez beau vous en dédire

Votre procédé tout nouveau

Apreste à tout le monde a rire

A la ville comme au Barreau.

 

A vôtre âge se méprend-on?

Et dit on jamais ouy pour non?

Quant il s’agit de l’hymenée.

Ce fut avec tout l’agrement

Bien loin de vous y voir force

Contre vôtre consentement.

 

Je ne vous vis point de dépit ,

Quand il falut vous mettre au lit ,

Pour consommer ce doux mistere ;

L’amour m’en ouvrit le Rideau

Pour être temoin de l’affaire ,

Et m’éclaira de son flambeau.

 

Autre

1694

Sur l’autre de la Fronde

 

Ce grand Mareschal de Tourville

            Des ennemis di redouté

Est donc destine pour la ville

            Il passera icy l’Esté

Grande joye en est chez les belles ,

            Et l’on vient d’arrester entre elles.

Que la Grandville ira demain

            En rendre graces à Pontchartrain

 

Mais de ce projet tout le monde

            Ne scauroit être satisfait ;

Tous Messieurs les maris en grondens ,

            Et dissent qu’on doit sur ce fais

Un peur douter de la prudence ,

Du premier Ministre de France.

Que les Anglois lui doivent aussi,

Comme les Dames, un grand mercy.

 

 

Chanson

1694

Sur l’air: D’Olonne

Sur la femme du Ministre Jurieu.

 

La du Moulin sur son teint

            L’Amour est à son aise ;

On entend soir et matin

            Qui te dit, quitte Calvin.

                       Et bese.

 

Autre

1694

Sur L’air….

Ce Couplet fait par M.lle Poirée

 

Je ne veux point de Berger

Qui je borne à sa tendresse ;

Je veux que pour m’engager

Son cœur travaille sans cesse

Et qu’il me mette en danger

D’avoir un peu de foiblesse ;

Car enfin s’il est amoureux ,

Il doit tâcher d’être heureux.

 

 

Chanson

1694

Sur l’air de la grosse Bourguignone

 

Sur l’Ecureuil de Mad.lle d’Albert Luine

 

Sur un Air agréable ,

Chantons bien hautement ,

Le charmant enjoüment,

Chantons sa gentillesse ,

Chantons sa politesse ,

Car jamais on n’en vit un plus joly,

Jamais un si joly.

 

Son illustre maîtresse ,

N’a pour lui que douceur ,

Par ses tours de souplesse

Il a gagné son cœur ,

Nul ni pourra prétendre

Pour lui seul elle est tendre ;

Fut il jamais Ecureuil plus glorieux?

 Que son sort fait d’envieux!

 

Soutient fort à son aise ,

Il dort dessus son sein ,

Aprés elle le baise

Et le prend en sa main.

Pour lui elle est allerte .

Et toujours inquiette ;

Apréhendant quelqu’accident facheux ,

Pour l’objet de ses  vœux.

 

Si quelqu’autre le touché ,

Ou le veut carresser.

Il deviant tout farouche ,

On ne peut l’apaiser ;

Il s’erisse , et il gronde ,

Il veut mordre le monde ,

Et pour échaper le coup de sa dent ,

Il faut être vigilant.

 

Quoiqu’il soit si sauvage

Quant il fait le méchant ,

Sa maîtresse plus sage

La privoise à l’instant.

Auprès d’Elle il s’a bouche ,

Ou lui saute à la bouche ,

La flatte et la baise aussi tendrement ,

Que feroit un amant.

 

D’Albert de tous vos charmes ,

Connoissez le pouvoir ;

Chacun vous rend les Armes ,

Vous n’avez qu’ a vouloir ,

Les animaux sauvages .

Les hommes les plus sages

Jusques aux Anges tant se soumet à vous ,

Est il rien de plus doux ?

 

Au Bonheur de vous plaire

L’on voudroit parvenir ;

Mais c’est la grande affaire

D’y pouvoir réussir ;

Je tremble quand j’ y songe ,

Ce n’est point un mensonge ,

Car un homme qui scait le peu qu’il vaut ,

N’ose voler si haut.

 

Tout ce qu’il vous demande

Avec beaucoup d’ardeur

C’est d’agréer l’offrande

Qu’il vous fait de son cœur:

S’il a de la tendresse ,

Il a de la sagesse ;

Vous le verrez jusqu’au dernier moment ,

Vous aimer sagement.

 

Par le mot de tendresse ,

Loin de vous allarmer ,

Songés sans qu’on vous blesse ,

Qu’on peut bien vous aimer:

On aime les Déesses

On aime les Princesses ;

Quand le respect a l’amour est uni ,

Le dernier est permis.

 

Au jour de vôtre feste ,               * St. Jean

Je n’offre point de fleurs

Pour orner vôtre teste ;

Vous en avez ailleurs

Qui sont beaucoup plus belles

Elle sont naturelles .

Les roses et les lys de vôtre teint ,

Ont un éclat plus fin.

 

C’est par la belle Luines ,

Et par vôtre douceur ,

Par vos maniere fines ,

Que vous gagnez mon cœur.

Il n’a pû s’en deffendre ,

Il a falu se rendre .

Trop heureux si le present que j’en fais ,

Ne vous déplaît jamais.  

 

 

Chanson

1694

Sur l’air de Joconde

 

Belle Soissons* d’Albergoti

A cessé de vous plaire ,

Et vous sacrifiez Crouy

Pour le moindre ordinaire.

N’attribuez point ces oublis

A leur trop longue absence.

De vôtre cœur ils sont partis

Aussitost que la France.

 

Peut être ces Guerriers adroits

A regagner un poste ,

Rentrevient ils dans tous leurs droits

Dés qu’ils prendront la poste ;

Alors Charmois sans dire mot ,

Ira payer les dettes

En hommes qui n’est pas un sot ,

Que la belle aura faites.

 

* Olimpe Mancini femme d’Eugene de Savoye Comte de Soissons.

 

 

 

Chanson

1694

Sur l’air des Rochellois

 

Sur le Pere Bouhours Jesuite

 

Ne craignez point Pere Bouhours ,

Tout l’éclat qu’on fait vos amours

Avec une jeune bergere.

Les Disciples de Loyola                    les Jesuites

Ont tant fait de portes de derriere

Qu’ils vois tireront bien de là.

 

 

Autre

1694

Sur l’air le Soleil vagabond

 

Les Boufleurs vagabond jamais ne se repose ,

Il va toujours de valon en valon.

Si Luxembourg faisoit la même chose

Personne ne voudroit sortir de la maison ;

Mais de Boufleurs la conduit est certaine ,

Quelque chemin qu’il prenne ,

Qu’il aille, ou qu’il vienne ;

                       Son ascendant

            Toujours l’entraîne ,

            Dans un nouveau Camp!

 

 

Chanson

1694

Sur l’air de Joconde

 

Réponses à M.r de Coulanges,

sur les Modes

 

Pour blamer dans vos chansons ,

Nos usages les plus comodes ,

Il faudroit bien d’autres leçons

Pour reformer toutes nos modes ,

Qui ne scauroit toucher nos cœurs ,

Ne scauroit reformer nos mœurs.

 

Faites nous voit que nos amans

N’ont n’y méritz, n’y tendresse.

Otez leurs tous leurs agrémens ,

Et vous nous verrez sans foiblesse.

Avoit leur air et leur valeur

Pourrons nous tenir nostre cœur?

 

Ne scait on pas que nos guerriers

Ont des vertus bien reconnües ;

Ils nous raportent leurs Lauriers ,

Et nous n’en sommes point émeues.

Chez nous qui se fait estimer

N’est pas loin de se faire aimer.

 

Dans nôtre fauxbourg St Germain

Nous n’aimons pas les vieux usages ,

Croyez vous qu’en vertugadins ,

Nos grands meres fussent plus sages.

Que set quand on est sans temoin ,

Un peu d’etoffe plus ou moins.

 

Feuilletez bien votre Almanach

Vous trouverez que les matrons ,

Sans Mules, sans vin, sans Tabac ,

Faisoient plus que nous les dragons ,

Et que sous leur gothique harnois

L’amour cachoit un feu gregeois.

 

Les hommes sont faits pour aimer ,

Les femmes sont faites pour plaire.

Quand deux beaux yeux scavent charmer ;

L’habit ne fait rien à l’affaire.

Les vrais amans dans leurs combats ,

Se sont toujours veus pour point bas.

 

Les hommes sont de trop bien gout

Pour s’arrester à la parure.

On ne les voit que trop partout

Quitter le velours pour la bure ;

Et nos amans et nos maris

Courent la grisette à Paris.

                                               Pourquoi

 

Pourquoi de tous nos jeux galans

Se faire un sujet de satire?

Pourquoi des coquettes du tems

Dans les Chancosn chercher à rire?

Coulanges si tu n’estois vieux

Des jeunes tu parlerois mieux.

 

Ce qui fut bon au tems jadis ,

N’est plus de mise dans le nôtre.

Vous qui du Siècle d’Amadis ;

Citez mal à propos le vôtre

Scachez donneur d’enseignemens

Que toutes choses ont leurs tems

 

La vertu qui seule est de tous

Regne aujourd’huy parmi les femmes ;

Quoique l’on en dise chez vous ;

On est convaincu que les Dames ,

Ne scavent que prendre des cœurs ;

Mais sans accorder des faveurs.

 

Quoi! Pensez vous que les habits ,

Don't s’accommodoient nos grands-meres ,

Pussent garentir leurs maris

D’estre d’Actéon les Confreres?

Défaites vous de cette erreur

L’habit ne reticent pas le cœur.

 

La contrainte excite a chercher

Du remede aux maux qu’elle cause.

La femme qu’on veut empescher ;

D’être libre en certaines choses ,

En vient à bout malgé nos soins ,

Eut elle un monde de témoins.

 

Aussi scavons nous qu’autrefois ,

Prés des Reines, et des Bergeres ;

Depuis les Bergers jusqu’aux Rois ,

Chacun faisoit bien ses Affaires.

On scavoit tromper un Epoux ,

Fut il le plus fin des jaloux.

 

Tournez contre les jeunes gens

Vos Armes demy poëtiques ;

Tachez en termes plus coulans

Que vos derniers archigotiques.

De leur inspirer que nos cœurs

Sont seuls dignes de leurs ardeurs.

 

Faites leur voir que le chemin

De la vertu qui fait le sage ,

N’est celui du jeu ny du vin ,

N’i de certain vice en usage ;

Mais que c’est par nôtre entretien

Que l’on peut acquerir ce bien.

                                                        

Pour cajoler et cetera

Va ton chercher Dame Cigogne ,

Les Infantes de l’Opera

Ne sont pas pour un vieux yvrogne.

Hélas! La plus jeune catin

Te renvoye au vertugadin.

 

Qu’une femme soit en manteaux ,

En fontange, en escharpe ou mule ,

En machine à patron nouveau.

Est ce un atout si ridicule?

Ouy, si c’estoit pour ton état

Qu’elle se tint preste au combat.

 

Ta critique est un Almanach

Du tems passé qu’on le lit guieres ;

Laisse à nos femmes le Tabac ,

Tu fronde en vain leur Tabatiere ;

Que t’ont fait les modes du tems ?

Puisque les maris sont contens.

 

 Autre

1694

Sur le petit Air de la Fronde

Sur le bruit qui s’eleva contre la Comédie

 

Que pour deffendre les Spectacles

On aille consulter l’oracle :

Ami je le trouve tres bon ;

Car ne vous doit il pas suffire

De voir regner la Maintenon

Pour nous faire crever de rire.

 

 

Autre

1694

Sur le petit Air de la Fronde

Sur Paul de Chaumont, Evesque d’Acq, de l’Académie Françoise.

 

Le Prelat dont l’Aquitaine

A souffert le depart sans peine

Etablit icy son séjour ;

C’est pour prendre a loisir vengeance

Des vœux que Paris et la Cour

Avoient fait pour sa residence.

 

Il renounce à son Dioceze

Pour ennuyer plus à son aise

Toute la Cour et tout Paris.

A quoi la fortune ennemie

Réduit elle les beaux Esprits ?

Il reside à l’Académie.

 

Pour avoir pris soin de rentraire

Tantost Pascal, tantost un Pere ,

Tanstost un Ministre sense ;

Puisse t’il comme il en est digne ,

Estre bientost recompense

D’un Archevesché sous la Ligne.

 

Autre

1694

Sur l’air de Lampon

Le Duc de Chevreuse au Duc de Montfort son fils

 

Chevreuse a dit à Jeannot ,

Mon fils soyez bien dévot ;

De ce Conseil je vous quitte ,

Je veux être sodomite.

Lampon, Lampon ,

Comrade Lampon.

 

Chanson

1694

 

Sur l’air….

Sur la grossesse de la Raisin

 

Muses célebrons la gloire

De nôtre Illustre Dauphin ;

Eternisons la mémoire

Des mais de la Raisin.

 

Elle porte dans son sein

Un Comédien d’importance ;

On dit mait je n’en scai rien

Que c’est un enfant de France.

 

Elle a sceu dans le silence,

Former ce noble tendron ;

Qui l’eût crû qu’elle eut eu la chance,

D’estre la mere d’un Bourbon.

 

Afin qu’un jour ce poupon

A preste à rire à son pere ;

Je veux qu’il soit plus bufon,

Que le mari de sa mere.

 

Sur la scene, il scaura plaire,

Sans crainte d’aucun sifflet,

Jamais facheux Mousquetaires,

Ne troublera son roles.

 

Je prévois qu’un tel sujet

Joüera plus d’un personnage;

Mais de peur du Chasteles

N’en disons pas davantage.

 

Souvent pareil badinage

A fait pleurer le railleur

Taisez-vous Muse peu sage,

Allez badiner ailleurs.

 

Autre

1694

 

Sur l’air des Ennuyeux

Sur Mr. de Toureil de l’Accadémie Françoise

 

N’avez-vous point veu de Toureil

Le Compliment Accadémique?

Ce beau parlour est sans pareil ;

Aucun comme lui ne s’explique,

Et depuis que Nerveze est mort

L’on n’avoit rien veu de si fort.

 

 

 

Autre

1694

 

Sur l’air Avez vous veu le héros

Sur le Duc et Maal de Noailles

 

Il est revenue le héros,

            De Rigault ;

Qu’a jamais Dieu le bénisse ;

Il ne pouvait sur ma foy,

            Rendre au Roy,

Un plus important service.

Tel quand de l’Usurpateur

            Le Bonheur,

Sembla ménancer la France ;

Le Pelletier promptement,

            Finement ;

Abandonna la Finance.

Messieurs je répons du fruit,

            Que produit

Une conduitte semblable ;

Nous verrons le Pelletier,

            Chancelier,

Et Noailles Connestable.

           

 

 

Autre

 1694

 

Sur l’air: Belle brune

 

On attribuë une Chanson à Madame la Duchesse,

Contre Mr. Le Prince son beaupere qui croyait quelque fois être Loup, Lapin, Sanglier, Canard etc.

 

Quelle fortune,

Quelle fortune ;

N’etre ni Loup, ni Lapin,

Pendant le cours d’une Lune;

Quelle fortune etc.

 

Quelle fortune,

Quelle fortune ;

Quoi! Sans être sanglier

Vous avés passé deux Lunes,

Quelle fortune etc.

 

Quelle fortune,

Quelle fortune;

Je ne suis point sanglier,

Je n’ay point quitté mes plumes,

Cette Lune;

Quelle fortune etc.

 

 

Autre

 1694

 

Sur l’air Tardarira

Sur ….. de Clermont-Roussillon

 

A dessein de plaire

A l’aîné Clermont

La Melun veut faire

Alonger son la la lira….. menton.

 

 

Autre

 1694

 

Sur l’air Voicy le jour solemnel

 

Avez-vous veu ce héros

            Dans Palamos?

Avec sa mine Commune.

On crioit en le voyons

            Triomphant

C’est l’Empereur de la Lune.

 

Son Dauphin marchoit devant

            Fiérement,

Sur un Cheval d’importance,

Qui ne lui avoit coûté ;

            Quel marché!

Qu’un moment de complaisance.

 

Pour rendre vôtre Conseil

            Sans pareil;

Sire, il ne faut qu’une chose;

Renvoyant le Pontchartrain,

            Dés demain,

Prenez le vainqueur de Rose.

 

Avec un esprit égal,

            Et Légal,

Vos affaires gouvernées,

Vous conduiront securement

            Dans un an

Au Traitté des Pirennées.

 

 

 

 

 

 

 

Chanson

 1694

 

Sur l’air des Lampons

 

Sur le Passage du Rhin par le Prince de Bade.

 

Bade n’a t’il pas bien fait

D’avoir pris Lorges au…..?

Pendant qu’en en pleure en France

Bade en rit, et Bade en chante;

            Lampon, lampon,

            Camarade lampon.

Pour avoir mal raisonné,

Et plus mal exécuté ;

Nous sommes tous en souffrance ;

Bade en rit et Bade en chante.

            Lampon etc.

 

Le Mareschal endormy,

Est pris comme une souris;

L’Alsace en fait penitence,

Bade en rit et Bade en chante.

            Lampon etc.

 

Il est entré conquerant,

Il s’en reviendra fuyant.

Grand Dieu! quelle décandence!

Bade en rit et Bade en chante.

            Lampon etc.

 

La Grange est bien étonné

De ce que Bade est passé

Paris l’est bien d’avantage,

Qu’on en ait crû ce visage,

            Lampon etc.

 

Chanson

 1694

 

Sur l’air: Cette Anne si belle

Voyage de Mad.e de Louvois pour voir ses Terres aux environs de Tonnerre et d’Anci le franc.

 

Cette Anne si belle

Qu’on vante si fort,

Me meine avec Elle.

Qu’heureux est mort sort!

 

Madame voyage

Pour voir ses Estats ;

Mon amour m’engage

A suivre ses pas.

 

De son apanage,

Est tout ce païs,

Forests et village,

Chasteaux infinis.

 

Chacun la reclame ;

Et vous n’entendez,

Que vive Madame

De tous les côtez.

 

Mais Madame crie

En faisant chemin;

Elle est moins hardie,

Qu’un jeune lapin.

 

La peur l’accompagne,

Les moindres fossés,

La moindre Montagne

Rend ses sens glacez.

 

Mais Madame chante,

Le peril passé.

Et paroist contente

D’avoir veu Nicé.

 

Ce Chastel antique

Peut tenir son rang ;

Quoiqu’il ne se pique

D’être Anci le Franc.

 

Pacy le Domaine

Des vieux Mandelots,

Se voit de la plaine

Grimpé sur un hault.

 

Ce Château se montre

La fae en plaît fort ;

Mais c’est belle montre,

Et peu de raport.

 

J’estime à Lezine,

Et flute Tambour,

Gasteaux et Tartine,

Qui sortent du four.

 

Fuyons de Ravieres

Les tristes objets ;

Ce ne sont qu’ornieres,

Et bourbiers épais.

 

Vivent nos Prairies,

Dans tous ces Cantons,

Bergeres Jolies,

Ont leurs Céladons.

 

De nôtre Riviere,

En suivant le cours;

La moindre Bruyere,

S’offre à leurs amours.

 

Par Coulanges

 

 

 

Autre

 1694

 

Sur l’air….

 

La Baume est peu cruelle ;

On peut tout hazarder,

Le cœur de la donzelle,

N’est point a marchander.

Ce cœur est infidele,

On ne le peut garder,

Et trop d’honneur pour Elle

Que de le demander.

La Baume etc.

 

Chanson

 1694

 

Sur l’air des folies d’Espagne

Aparition de Marguerite de Bourgogne, Comtesse de Tonnerre et Reyne de Sicile, a Mad.e de Louvois, êtant à Tonnerre. Mascarade. La Cronique du l’Hospital *

*ou on met les malades

dit, que cette Reyne qui l’avoit fondé y vescut retiree avec L’Emperiere de Constantinople, et la Reyne d’Antioche, fille de son mary, frère de St. Louis, d’autres Princesses, et qu’elle y finit ses jours.

 

Sage Souvré seul rejetton de Gilles [1]

De servir Dieu qui fais ton Capital ;

Entre les mains la Reyne de Sicile,

Remet enfin les Clefs [2] de l’hospital

 

L’Emperiere et la Reyne d’Antioche [3]

De mon travail sont fideles témoins ;

Pour l’augmenter mets la main à la poche,

Pour le regler aporte tous ses soins.

 

Adieu Souré, la lumiere nous blesse,

Nous retournons dans l’Empire des mots.

Passe tes jours sans ennuy, sans tristesse ;

Mais saintement dépense tes Trésors.

 

Par Coulanges

 

Chanson

 1694

 

Sur l’air ….

Impromptu par Mr. Thibouville la Lorris; fait chez

 Mesd. lles Poirée filles d’un Medecin de Rouen

 

Ça ça pour rire un peu

Sous la cheminée ;

Faison quelqu’himence ;

Prenez que ces trois tisons,

Soient autant de garcons.

Examinez-les tous

Jeune henriette,          *L’aînée Poirée

Et dites nous

Qui vous prenez pour Epoux?

+Sans balancer d’avantage,                    + Que vous dit le courage?

            Choisissez

Ils sont tous trois en ordre bien placez.

Est-ce celui du hault,

La belle, qu’il vous faut?

Il paroist le moins chaud,

Non, l’autre vous plaît mieux, je gage;

Justement c’est Monsieur Ferault.

 

Con. er à la Cour des Aides amant de la Dem.lle                                        

 

Sonnet

1694

 

Sur le Roy Louis XIV

 

Le Prophete Natan à David fit connoître

Sans des noms empruntés l’horreur de son peché,

Et ce Prince contrit sur la Cendre couché

Fit aux yeux du public, son repentir paroître.

 

Un Prince des plus grands, que le Ciel ait veu naître,

Mais à sa passion fortement attaché,

A des bras d’un Epoux la Compagne arraché.

Annat en ce péril, sois Natan à ton Maître.      Mad.e de Montespan

 

Vous ne répondez rien bonhomme, vous dormes?

Faites que vos discours saintement animez

Retirent ce grand Roy d’un profond précipice.

 

Je crains repondez-vous, de la cour, les revers;

Ah! je vois bien qu’Annat n’est Natan qu’à l’envers

Et d’un impenitent l’infidelle complice.

 

Ecrit et donné par le P. Galois.

 

 

Autre

 1694

 

Sur le même Air

Apparition de la meme Reyne à Mr. de Coulanges qui êtoit loge à Tonnerre dans une Chambre qui donnoit par une fenestre, sur l’Eglise, et d’où il voyoit le Tombeau de bronze de la Reine, où Elle est representée.

Il conte son aventure à Mad.e de Louvois

 

Sur le minuit la Reyne de Sicile,

En qualité de son proche voison ;

Prés de mon lit, fort honneste et civile,

M’a dit ces mots, en me serrant la main.

 

Enfin, Souvré toujours incomparable,

M’a sceu charmer par un bienfait nouveau;

Elle prend soin quanf la rouille m’accable

Qu’un Chaudronnier écure mon Tombeau.

 

Adieu, bon soir, mon cher voisin Coulanges,     *Mad.e de Louvois avoit 

Je m’en revais chercher nos sombre bords ;     fait écurer le Tombeau de la

Vous faites bien de chanter ses louanges ;         Reine qui êtoit fort salle.

Elle est l’amour des vivans et des morts.

 

 

 

Autre

1694

 

Sur le même Air

Tous les Tomes de l’Amadis trouvez dans Anci le Franc, parmy d’autres vieux Livres, Trésor jusque là inconnu à Mad. e de Louvois.

Autre Apparition

 

Encorchier avanture nouvelle

Gradafilée* avec un air benin,         *une Géante

Nous apparut, et n’avoit avec elle

Pour Escuier que Busando le nain.

 

Elle venoit pour averter Madame,

Qu’en ce Chasteau le plus beau du pais.

Un vieux Clermont Dieu veuille avoir son ame

Avoit cache le bon homme Amadis.

 

Nous le cherchons, & ne le pouvions croire ;

Mais la Géante instruire du Trésor

Nous le fit voir dans le fonds d’une armoire,

Où pour le moins depuis cent ans il dort.

 

Au bruit qu’on fait, le héros se reveille

Baaille d’abord, frotte ensuite ses yeux,

Se leve, et dit en secouant l’Oreille,

Pour quoy venir me troubler en ces lieux.

 

Mais regardant du Château la maîtresse.

Troublé, confus, il demande pardon ;

Voyant Louvois, il croit voir Grimanesse

Dans le fameux Palais d’Apolidon.

 

Plein de respect, il se rend à Madame,

En frissans tous les Enchantement,

Nous découvrons Oriane sa femme,

Esplandian & tous ses descendans.

 

                                      par Coulanges

 

 

 

Chanson

1694

 

Sur l’air Rochers vous êtes sourds.

 

Pour les Moines de tous Ordres, qui se trouvent dqns les Foires pour quester.

 

Mes Peres croyez moy, les S.ts Anachoretes

Songeoient a prier Dieu, ne couroient point les champs

Couroient encore moins la Foire St. Laurent

Et n’importunoient point pour avoir des Burettes.

 

 

Chanson

1694

 

Sur l’air du chateau de gaillardin

M.lle Bernard êtant à Roune, pria Mr. de Thibouville qui faisoit des vers sur tout le monde d’en faire sur Elle, où Elle ne futpoint flatée. Voicy ce qu’il fit.

 

Quand le Sgr eut fait éclore

            Tout vôtre esprit,

Et ce bon air qu’en vous j’adore ;

            Sans doute il dis.

Cette mortemme en vérité

Se passera bien de beauté.

 

 

 

Autre

1694

 

Sur le même Air

 

Par Thibouville qu’une jeune femme agassoit.

 

Vous inspirez de la tendresse;

            Mais par malheur

Vous entrez dans vôtre jeunesse,

            Lorsque mon cœur,

Est presque le cœur d’un vieillard

Ha! Pourquoi veniez vous si tard?

 

 

 

Autre

1694

Sur le même Air

Thibouville êtant à table cajolet des Dames en présence de leurs maris, et il y en autan qui lui dit, qu’il faisoit le coquet, à quoi il répondit.

 

Si j’ay pour vos aimables femmes

            Le cœur espris ;

Scachez moy gré de tant de flames,

            Heureux maris ;

Mon amour flate vôtre choix

Et leur vertu sauve vos droits.

 

Autre

1694

 

Sur l’air …

Sur Mr de Toureil.

 

N’avez vous point lû de Toureil

Le Compliment Accadémique?

Ce beau parleur est sans pareil ;

Aucun comme lui ne s’explique ;

Et depuis que Nervaize est mort,

On n’avoit rien veu de si fort.

 

 

 

 

Epigrame

1694

Rome, clergé, Sorbonne, Cour

La Societé, vous chagrine                                  [les Jesuites]

Avec sa nouvelle Doctrine.

Voulez-vous finir sans retour?

Croyez-moy jouez leur d’un tour

Envoyez les tous à la Chine.

 

Autre

1694

 

Je ne comprends point ce que c’est

Que cet ordre et que sa Doctrine;

Il a fait condemner le Rituel d’Ales                            [les Jesuites]

Et il est le deffenseur de celui de la Chine.

 

 

Autre

1694

Sur le mesme sujet

 

Si la société sous qui l’Univers tremble,

Sur les mêmes Autels veut allier ensemble ;

Jesus, Confucius, L’Erreur, la vérité,

            Quelle Etrange Sociéte!

 

 

 

Sur l’Anagrame

1694

D’Annat à Satan

Jesuite et

Confesseur

du Roy.

 

Pourquoi nommer Annat le satan de la France?

Ce sobriquet, Messieurs, est fort mal inventé.

Satan tenta jadis toute l’humaine engeance;

Baptiste dit qu’Annat ne l’a jamais tenté.     [Lully]

 

 

 

Sue Mr. de Coulanges

1694

repetent trop ses Chansons de Mendians

 à Pomponne

 

Vous demandez d’où vient que Coulanges décrie

Si fort dans ses Chanson, les Moines Mendians?

Quoi? Ne scavez vous pas Philis, que de tout tems

On voit entre les gueux beaucoup de jalousie.

 

Chanosn

1694

Sur l’air…..

 

Accablés d’Impots et de Tailles ;

Nous n’avons plus ni sol, ni maille,

Et nous allons manquer de pain ;

C’est achepter cherement la victoire,

Et j’ose dire que je crains,

Quand les sujets meurent de faim,

Qu’un Roy ne peut briller de gloire.

 

 

Epigramme

1694

Par Maucroix

 

Il est mort le pauvre Crouys,

Qui pour amasser des Louis,

S’epargna jusqu’au nécessaire

Le pauvre homme repose en paix,

Son fils ne le vaudra jamais,

C’est un bourreau de Luminaire.

 

Contre le Satire des Femmes par des Préaux

 

1694

 

Quand Boileau répand son venin

Contre le Sexe Féminin ;

Il est intrigue dans l’affaire ;

Car tout le monde est convaincu

Qu’on a souvent repris sa mere,

D’avoir fait son mary cocu.

 

Epigramme

1694

 

Du S.r  Cornuel  Intendant des Finances

 

Ô Dieu quell étrange avanture!

Un Loup gisant dans un marais ;

Avec un Agneau fait la paix ;

Qui changeant l’ordre de nature

Aprivoise cet animal,

Afin qu’il le pense du mal,

Qui le range et qui le dévore ;

Mais l’Agneau n’est pas le plus fin,

Car si le Loup échape encore,

Il manger son Medecin.

 

 

Epitaphe

Du S.r  Cornuel  Intendant des Finances

 

Cy git ce fameux Gabelleur,

Ce grand dénicheur de harpies ;

Qui plus subtil qu’in Bateleur ;

De son vol fit des œuvres pics,

Rafinant sur le Paradis

Comme il faisoit sur les Edits.

Passant quoique l’on puisse dire,

Et gloser sur son Testament,

Il est mort glorieusement.

A mal employé bien escrire

En mourant, il s’est résolu

Au mépris des choses plus cheres,

Ne voulant plus parler d’encheres,

Si ce n’estoit pour son salut,

Aussi le Traittez et les Offres,

Sources vivantes de ses coffres,

Firent un Pont d’or de son bien ;

Il donna beaucoup; mais je gage

Qu’il eût pû donner d’avantage,

Sans donner un double du sien.

 

                                                Par Laffermail

 

 

1695

 

 

Chanson

1695

 

Contre le Duc de Ventadour

 

De l’objet le plus bizarre,

Du corps le plus contrefait,

Je vais tracer le portrait

Si mon pinceau ne s’égare,

Je n’en diray pas le nom

Or escoutez ma Chanson.

 

Il est parent d’un grand Prince,

Son pere jusqu’à la fin ;

Gouverna le Limosin,

Quoique d’un esprit fort mince,

Je n’en dirai pas le nom,

Son titre est dans sa Province.

Je n’en diray pas le nom.

Or escoutez ma Chanson.

 

Sa femme qui par prudence

L’a quitté depuis vingt ans ;

N’a souffert que trop longtems

Son importune presence ;

Je n’en diray pas le nom,

Elle a soin des fils de France ;

Je n’en dirai pas le nom

Or escoutez ma Chanson.

 

Sa femme qui par prudence

L’a quitté depuis vingt ans ;

N’a souffer que trop longtems

Son importune presence ;

Je n’en diray pas le nom,

Elle a soin des fils de France ;

Je n’en dirai pas le nom

Or escoutez ma Chanson.

 

Dans une illustre famille,

Il a porté tout son bien.

Sans se garder presque rien,

Pour qu’on accepta sa fille.

Je n’en diray pas le nom

Elle porte une bequille ;

Je n’en diray pas le nom

Or escoutez ma Chanson.

 

De la boîte de Pandore,

Il est sorti moins de maux,

Que n’enferme de défauts,

Le Magot que l’on abhore.

Je nen diray pas le nom,

La Fillon est son aurore,

Je n’en dirai pas le nom,

Or escoutez ma Chanson.

 

Ses impudiques manieres,

L’ont fait chaser de la Cour.

Aux plus braves en amour

Il y tailloit des Croupieres;

Je n’en diray pas le nom,

Il est peint aux Tabatieres.

Je n’en dirai pas le nom,

Or escoutez ma Chanson.

 

Cette ame pleine de Crasse

Dont le Corps est le miroir,

Marque ce qu’elle a de noir

Dans cette vilaine glace.

 

Je n’en diray pas le nom,

Dans salem êtoit sa race ;

Je n’en diray pas le nom,

Or escoutez ma Chanson.

Il a d’un singe la mine,

Pire que n’est le démon ;

Du pere de Salomon.

Il tire son origine.

Je n’en diray pas le nom,

La vierge êtoit sa Cousine.

Je n’en diray pas le nom,

Or escoutez ma chanson.

 

Comme celui que je drape,

Ne peut nêtre point fâché;

Je ne m’en suis point cache,

Que m’importe qu’il m’attrape.

Il peut deviner mon nom

Dont la moitié forge un Pape.

Il peut deviner mon nom

Pour la fin de ma Chanson.

 

                                   Par Mr. de Nurae

 

Pour la Comtesse de Beaujeu déguisée

en Egiptienne

1695

Ta gorge fait honte à la neige,

Les lys auprés de toy perdent leur privilege,

            Et ton tein efface le leur ;

Belle Beaujeu, qu’elle erreur est la tienne,

            De croire avec tant de blancheur

Passer pour une Egiptienne?

                                                          Par Maucroix

 

 

Pour Mad.e de Beaujeau déguisée en Avocat

 

1695

 

Aux plus celebres Avocats,

Don't le Barreau fait tant de cas,

Ce bel Avocat fait la nique.

Que ses yeux ont un vif éclat!

Si vous vouliés bel Avocat,

Dieu! Que vous auriez de pratique.

 

Aimable et gentile Fournier,

Mon cœur est vôtre prisonnier ;

Mais comme il est un peu volage,

Et qu’il aime a courir les champs.

Gardez lz bizn, quinze ou vingt ans

Pour l’aprendre à devenir sage.

 

                                                          Par Maucroix

 

 

Sur Drillon

1695

par Maucroix

 

On dit qu’on voit Drillon pretender

De son galant, faire son gendre.

Cela veut dire que Drillon

En sage mere de famille,

Fera de son vieux Cotillon

Une Robe neuve à sa fille.

 

Pour la Comtesse de l’Hery déguiséé

 en Reteloise

 

1695

par Maucroix

 

Cette Reteloise mignonne

A bien quelque postérité ;

Mais toutefois le tems qui n’epargne personne

A du respect pour sa beauté.

Les plus jeunes, les plus gentiles

N’ont point de plus jeunes apas,

Et qui ne la connoit vit pas,

Sans doute, la prendroit pour une de ses filles.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air des Triolets

 

Sur le choix que Monsieur fit de Mr. de la Carte, pour son 1er Maitre d’hostel, cy devant son page auquel il avoit achepté une charge de Capitaine aux Gardes.

* Companie

La Carte est donc Mâitre d’hostel?

En Exploits d’amour tout lui cede;

Du moins Monsieur le trouve tel,

La Carte st donc Maître d’hostel ;

D’un pareil employ dans le Ciel,

Jupiter pourvînt Ganimede.

La Carte est donc Maître d’hostel!

En Exploits d’amour tout lui cede!

 

 

Autre

1695

Sur l’air de l’Echelle du temple.

Sur la Campagne de 1695 Mr. de Villeroy succeda au Générelat de Mr.  de Luxembourg; que l’on disoit sorcier.

Si nous battons nos Ennemis

Comme nous avons fait jadis,

Ils n’auront plus le mot à dire ;

Et ne pourront plus s’escrier

Qu’avec nous le Diable conspire,

Car Villeroy n’est pas sorcier.

 

 

Autre

1695

Sur l’air Reveillés vous belle endormie

 

Sur la mort de Chasteaufort, Auditeur de Comptes; c’estoit un fameux débauché.

 

Si feu nôtre ami Chasteaufort

Dans une Lettre pouvoit mettre,

Ce que l’on fait quand on est mort ;

Je payerois le port de la Lettre.

 

Autre

1695

Sur l’air Y a tant de différence

 

Y a toute difference

De Boufflers à Villeroy,

            Croyez moy

Boufflers par sa vaillance

A bien servi le Roy,

            Croyez moy ;

Mais non par Villeroy.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air des Bourgeois de Châtre

 

De glorieux en Flandres

Je n’ay jamais rien fait ;                       

Mons et Namur en Cendre,

Font que chacun me haït ;           [ C’est Mr. de Boufflers ou Villeroy qui parle]

Je ny puis plus rester ;

Il n’est ny Bourg ny ville

Où je puisse bien me cacher ;

Taschons donc de nous rembarquer ;

Cherchons un autre azille.

 

Le Grand Seigneur refuse

Harbord l’Ambassadeur ;

Depuis longtems j’abuse

L’Espagne et l’Empereur,

La Haollande se plaint,

L’Angleterre se mutine ;

L’Ecosse ne veut point de Roy ;

L’Irlande a méprisé ma Loy ;

Chacun me fait la mine.

 

Trop haït sur la Terre ,

Cherchons donc un Couvent ;

Serai-je Solitaire?

Cordelier, ou Feullant?

Augustin, Jacobin,

Capucin, Barnabite ;

Tous ont de la Religion ;

Et beaucoup d’horreur pour mon nom.

Faisons nous donc Jesuite.

 

 

 

Chanson

1695

Sur l’air…..

Mad.e la Duchesse de Noailles mere de Mr. l’Archevesque de Paris, revenuë de Chaalons avec son fils et loge à l’ Archevesché

 

Paris avoit plaint Chaalons ;

Il regretted Chanvallon ;    [Harlay]

Car la mere de Noailles

Va conduire ses Ouailles.

 

Autre

1695

Sur l’air des Triolets

Sur Mr. de Boufflers et de Villeroy

 

Ho! La belle comparaison

De nos deux Généraux d’Armées!

Boufflers se bat comme un Lion ,

Ho! La belle comparaison!

Et Villeroy comme un Oison

Se retire et fuit la meslée.

Ho! La belle comparaison

De nos deux généraux d’Armée!

 

 

 

Chanson

1695

Sur l’air: Robin turelurelure

 

La du Roure au Parlement

Vient de montre sa figure ;

Mais dans ce facheux moment

            Ture lure

Elle a perdu sa parure ,

 Robin turelurelure.

 

Martinault a triomphé

Des beauties de la nature,

Son procés il a gagné

            Ture lure.

L’amour tout haut en murmure.

 Robin turelurelure.

 

 

 

Sur la maladie de Mr. de Harlay

 1er Président

 

1695

 

Harlay le President assigné par la mort

                       En vertu d’une Apoplexie,

                       A chicané sur le resort

                       D’une pareille maladie.

Son bizarre minois et son chetif squelet ;

Son langage hargneux, sa figure gotique ,

Devant tous Medecins devoient être en effet ,

                       Du vrai resort de la Colique.

En vain son poux se perd, son sang est assoupy,

Sa bouche de travers, sa langue est épaissie.

Ennemie declare des Lettres de répie.

                       Il en obtient, il est en vie.

Mais ce n’est qu’un petit délay,

La mort en attendant cet Arrest qu’il difere,

Au milieu des plaisirs prend un autre Harlay,

Qui la craignoit beaucoup et qui ny pensoit guere ;

            Que la mort aime la surprise,!

            Elle en veut à tous les harlais ;

Elle attaque d’abord le singe du Palais ;

            Et suspendant son entreprise,

            Elle revient sur nouveaux frais

            A la Pagode* de l’Eglise.        *L’Archevesque de Paris

 

 

 

Sur le M.al de Villeroy

1695

Toy qui parle de villeroy,

Scache qu’il a le cœur d’un Roy ;

Il fut pris à cheval, et conduit à vienne.

C’est le sort des héros.

Tu seras pris au lit et conduit à vincennes ;

C’est le destin des sots.

 

 

 

Chanson

1695

 

Sur l’air; Mon Confesseur toujours me crie

 

Chez du Roure une grosse bource,

Est une tres bonne resource ;

C’est par là qu’un petit bourgeois,

Dont le mérite est assez mince

A fait cocu plus de cent fois

Le heros[1], le Moine [2], et le Prince[3].

 

1.        Mr. de Turenne.

2.        Mr. de Mauroy Curé des Invalides

3.        Mr. Le Prince Philippe

Chanson

1695

Sur l’air: Il a battu son petit frère.

 

Sur N….. Boucher d’Orsay Gouvernante desfilles de Mad.e la Dauphine, felle de N…… de Mornay sgr de Monchevreuil.

 

Enfin la mort nous l’a ravie,

Nous ne verrons plus l’effigie

De la funeste Monchevreuil.

De triste augure êtoit sa mine,

Et sa Carcasse est au Cercueil,

En horreur même à la vermine.

 

Ô vous qui regretez/deplorez sa perte,

Puisque la porte/route en est ouverte.

Allez dessus les sombre bords

Luy tenir vîte compagnie ,

Lorsque vous serez chez les morts,

Nous gouterons bien mieux la vie.

 

Autre

1695

Sur l’air…..

 

L’on avoit jusqu’à ce jour

Pour un bon sorcier Luxembourg,

Et pour un mauvais Capitaine ;

Mais le Diable en prend tant de soin

Qu’il en fait un second Turenne

Dont la France avoit grand besoin.

 

On auroit grand tort de douter

Qu’Atlas, le monde ait pû porter,

Comme dit la metamorphose ;

Puisque nous voyons en ce jour

Que toute la France repose

Sur la bosse de Luxembourg.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air de Joconde

Lorsque Mad.e de Soissons Brulart quitta le Paraclet pour venir à Paris. On lui donna l’Abaye de Soissons.

 

J’aurois quitté pour toy

Dix mille escus de rente ;

De quoi s’est avisé le Roy,

De m’en redonner trente.

Quoiqu’il m’asseure du pain, & de l’Eau.

Une Chambre garnie

Fut elle au Fauxbourg st. Marceau

Je lui rends l’Abbaye.

 

Cette Abesse disoit qu’elle croyoit qur le Fauxbourg st. Marceau avoit êté fait pour etre mis dans la Chanson.

 

 

 

Autre

1695

Sur l’air Réveillez vous belle endormie

Sur Mr. Perrault

 

Perrault nous donne sa peau d’asne,

Qu’on la prenne, ou qu’on la condamne ;

Pour moi je dis avec Boileau,

Perrault nous a donné as peau.

 

Autre

1695

Sur l’air Réveillez vous belle endormie

 

France vivez en asseurance,

Sous l’Estendart de Villeroi ;

Il n’agira qu’avec prudence

Croyez zn son premier employ.

 

Un Luxembourg plus téméraire

Sans même attendre son Canon ;

De Corps morts auroit fait barriere

Au passage de Vaudémont.

 

Mais que cette grande victoire

Eut coûté des testes et des bras ;

Ne trouve t’on pas plus de gloire

A bien conserver ses soldats.

 

A se battre cette journée,

But a but on couroit hazard ;

La chose êtoit plus asseurée

En se battant un jour plus tard.

 

Cependant pouvoit-on s’attendre

Qu’un brave ennemi décampast?

Et qu’ avancant pour le surprendre,

On ne dût rien prendre qu’un rat?

 

Chanson

1695

Sur l’air : Laissés paître vos bêtes.

Sur Mr. le Mareschal de Villeroy

 

Admirez la science

De nôtre prudent Villeroy ;

En lui prend confiance,

La sagesse du Roy.

Sans cette prudente vertu

Vaudemont eût êté battu,

Namur eût êté secouru.

Il faut tourner la chance,

Cet entreprenant general,

Et sans L’orges, la France

L’auroit veu sans égal.

 

Autre

1695

Sur le petit Air de la Fronde.

 

Si Boufflers jamais ne sommeil,

Si dés minuit il vous éveille ;

Ce n’est point pour en imposer.

Il pense peu à la victoire;

Mais il ne peut se reposer

Tant il est surpris de sa gloire.

 

Chanson

1695

                          aoust

Sur l’air de Jean de vert                        

Couplets faits à St. Martin*, par Mr. de Coulanges.

              *Abaye à Pontoise

 

         Remerciment à Mr. le Duc de Bouillon

         d’un bonnet de taffetas.

 

Votre Bonnet est merveilleux ;

C’est un present honneste.

Quel plaisir d’être sans cheveux!

Ce Bonnet sur la teste!

Je m’en pare soir, & matin,

Et fais briller à Saint Martin,

Ce beau Bonnet etc.

 

Non, vous n’avez point pris un rat,

Votre magnificence

Partout ne fait pas plus d’éclat,

Que ma reconnaissance ;

Dans Pontoise et dans Maubuisson,

On chante, il vient du grand Bouillon

Ce beau Bonnet etc.

 

Duc, il faut pour me render heureux

Que je me trouve encore                  

Dans le voisinage d’Evreux           [dans son Chateau de Navarre]

 

Prés de vous j’adore ,

Et que dans ces Jardins charmans,

Je puisse montrer aux Normans,

Ce beau Bonnet etc.

 

Mais je ne pourray m’en parer,

Ce mois cy dans Navarre,

Du moins je n’ose l’espérer ;

De mon destin bizarre.

En tout cas, à Chaulnes à choisy

Ce beau Bonnet, etc.

 

Autre

Sur le même air

 

1695

aoust

Adieux faits à St. Martin le 6 aoust.

1695 par Coulanges

 

Adieu mon charmant St. Martin,

            La douceur de ma vie,

Faut il vous quitter ce matin?

            Que de mélancholie!

Jamais chez vous aucun ennui,

Aucun chagrin, aucun soucy.

            Toujours bontemps etc.

 

Adieu les Rozes et les Lys,

            De la jeune Princesse,

Elle va cueillir des soucys

            Au jardin d’une Abesse* ;        *Mlle d’Albres qui revenoit à Paris à Port-Royal

Et le teint plus jaune qu’un coin,         où elle demeuroit et où elle est morte depuis

 Dira tristement dans mon coin.

            Adieu bontemps etc.

 

Adieu mon amiable Amilton,*         *Richard Hamilton Grand Maître de la Garderobe 

Soyés toujouts amiable ;         du Roy d’Angleterre.

Quand entiers avec un Jambon ;

Chanterons-nous à Table?

Mais hélas! hors de St. Martin

On a plus de gout pour le vin

Adieu bontemps etc

                   

 

Autre

Sur le même air

 

1695

A Monsieur Hamilton, pour l’inviter de venir

 à St. Martin, le 17e Aoust 1695

par Coulanges

 

Venez adorable Richard,                       [Amilton]

Accourez au plus vite ;

Pressez vous, vous viendrez trop tard

Dans cet amiable giste ;

On ne peut vivre à St. Martin ,

Sans Richard et sans le bon vin.

Venez Richard etc.

 

Nous possédons en ce pays

Tres bonne Compagnie ;

Vous trouverez de vos amis,

Une troupe choisie.

Tout au plus tard, venez demain,

Coulanges le verre à la main,

Attend Richard; etc.

 

Autre

1695

Sur l’air s’il eut vécu Prince du haut mérite.

Impromptu à St. Martin en mangeant d’un excellent ragout.

Par Coulanges

Mon cher Sion,* on devroit vous deffendre          *Il êtoit le Chef de Cuisine

La passion que vous avez d’aprendre;                   de M. le Card.l de Bouillon

Car de tous vos mets bons et tendres

Nous creverons tost ou tard.

 

Sonnet

1695

Sur Mauroy, cure des Tuvaludier

 

Le méchant tost ou tard rencontre enfin son maître

Le faux dévot ne peut se déguiser si bien,

Que celui qui voit tout ne le fasse paroître,

Et qu’in ne crie haro sur luy comme un vaurien.

 

En vain pour se cacher il veut se méconnoître,

Lorgueil qui suit toujours les gens venus de rien,

L’esclave par l’abatre au moment que le traitre,

Ose braver aussi son unique soûtien.

 

Veuve, pauvre, orphelin, le clergé, la Noblesse,

Vous tous qu’il a pillé, accourez de vitesse ;

Vous avez interrest à sa confession.

 

Peut-être qu’à la mort il fera penitence,

Et qu’ayant sceu duper toute la Mission,

Il la détrompera montant à la Potence.

 

Madrigal

1695

Sur le même sujet

 

A quoi bon la Prose et la Rime

Que vous faites pour un vaurien?

Tout le monde connoist bien.

Ceux de la Mission, seuls excusent son crime,

Vous ne les détromperez pas.

De ce voleur ils font un si grand cas,

Que quand même ils entendroient lire

L’Arrest qui le doit faire aux Galeres ramer;

Bien loin que cela pût chez eux le diffamer,

Dans leur calendrier, il seroit un martire.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air: savez vous la difference

 

Mad.e la Princesse de Montauba, aprés bien des efforts inutiles pour être des voyages de Marly, s’adressa enfin à Mad. e la Princesse d’Harcourt qui a une heureuse facilité de faire argent de tout, et que pour 500 Ecus lui fit avoir l’honneur d’y aller. Mad.e de Grancey et Mad.e de Montauban briguoient depuis longtems cette félicité.

 

Cette chanson est du Ch.er de la Ferté.

 

Puisque tous les grands Fr….. de France

Veullent bien se metre en depense,

Pour les voyages de Marly.

Gardez vous de finir la guerre,

Grand Roy ; faites en un parti,

Vous serez maître de la terre.

 

Autre

1695

Sur l’air de Jean de Vert

 

Sur Mad.e de Maintenon

 

 

Certaine Dame a beau chercher

Des attraits de jeunesse,

Elle ne nous scauroit cacher

            Ses rides et sa vieillesse.

Elle enfantoit en Canadas

Du tems qu’on craignoit les fracas

            De Jean de Vert.

 

Chanson

1695

Sur l’air du Bransle de Metz

 

Ce n’estoit que par l’Espée

Qu’on êtoit jadis Mareschal ;

Mais a present que tout va mal,

On fait par brigue et par menée ;

Mais a present que tout va mal,

D’un Courtisan un Général.                          La Maal de Villeroy

 

De son Ayeul le secretaire,

Tu remplirois bien mieux l’Employ,

Reprens la plume Villeroy ;

Le baston n’est pas ton affaire ;

Reprens la plume Villeroy

Tu serviras mieux le Roy.

 

Crainte d’un revers sinister,

Grand Roy traite incessament ,

Qu’espere tu faire a présent?

Sans Général, sans Ministre

Qu’espere tu faire a présent?

Guillaume a le dessus du vent.

 

Villeroy comme Pompée

Marche en rapide guerrier,

Arborant son grand Baudrier ;

Mais par malheur son Epée

Pend en la rüe Montorgueil

Pour le sauver du Cercueil.

 

Sur le Prince de Lorraine,

Fondons comme des Lions.

Je suis le Roy des Penons,

Et de plus grand Capitaine ;

Mais mon cœur est aux abois,

Mon Epée n’est que de Bois.

 

D’où vient donc que l’on s’estonne ,

Que le vaillant Villeroy

Pour le service du Roy,

Empesche que l’on ne donne?

Tout iroit en désarois

S’il hazardoit sa personne.

Tout iroit en désarois,

Sans la grande Epée de bois.

 

Contre le Prince d’Orange,

Je vais secourir Namur

Le réduire au pied du mur;

Mais c’est une chose étrange;

Mon Epée n’est pas de fer;

Il faudroit que je la change

Avec celle de Boufflers

Que l’on dit être de fer.

 

Je suis Chevalier de l’Ordre,

Duc, Gouverneur, Mareschal ;

De Flandres le Général ;

Mais je vois tout en désordre ,

Si mon pauvre Durandal

Ne se transforme en métal.

 

Ce n’est un grand vitupere

De corner tout mes ayeux ;

Je suis beaucoup plus peureux.

Il n’estoient que des Secretaires;

Mon front plus chargé de bois

Bref plus cocû que mon pere ;

Mon front plus chargé de bois

De plus une Epée de bois.

 

D’où vient donc quel’on me pince?

Suis-je pas grands conquerant,

Si sans coup férir je prens,

Trois Chasteaux, Dixmude et Dinse?

N’osant m’y montrer pourtant ;

J’ay conquis cette Province.

N’osant m’y montrer pourtant

Que Boufflers en fasse autant.

 

Ma fortune est incroyable,

Bâtard d’un chetif chartier,

En vertu d’un grand Baudrier,

Je vais être Connestable ;

J’oserai prendre du Roy

Cette Epée si redoutable,

J’oserai prendre du Roy

Pourveu qu’elle soit de bois.

 

Voyant le Prince d’Orange

Dedans ses retranchement ;

Il me prend des tremblement,

Tant j’ay peur qu’il ne me mange.

Il me prens des tremblemens,

Et de plus des conchiment.

 

Si tu veux donner bataille,

Laisse sortir un moment

Boufflers avec son trenchant.

Je serai sur les Murailles ;

Boufflers avec son trenchant;

Le mien n’a point de taillant.

 

Je ferai fort bien la guerre,

Cet hiver à l’Opéra.

Et dès qu’on ne me sifflera,

Du bois de mon cimetere,

Avec mes Gardes du Corps,

J’assommeray le Parterre.

Avec mes Gardes du Corps

L’on me craindra bien alors.

 

 

 

Epitaphe

1695

de la Fontaine par luy mesme

 

Jean s’en alla comme il êtoit venu,

Mangea le fonds avec le revenue,

Croyant le Bien chose peu necessaire.

Quand à son tems bien sceut le dispense

Deux parts en fit, dont il souloit passer;

L’une a dormer, l’autre à ne rien faire.

 

 

 

Chanson

1695

Sur l’air des Rochellois

 

Le grand Luxembourg en mourant

A fait un fort beau Testament,

Et digne d’un grand Capitaine,

Il a laissé son ame a Dieu ;

Mais je doute fort qu’il l’a prenne,

C’est ce qui nous importe peu.

 

Il rend tout le monde contens,

Sur le fait le plus importans.

La chose est tres bien digérée.

Ce heros pleine de bonne foy,

Laisse au grand Conty son Epée

Son beaudrier à Villeroy..

 

Si nous battons nos Ennemis,

Comme nous avons fait jadis;

Ils n’auront plus le mot à dire;

Et ne pourront plus s’ecrier

Qu’avec nous le Diable conspire;

Car Villeroy n’est pas sorcier.

 

 

Autre

1695

Sur L’air de Mais

 

Sur Mr. Le Mareschal de Villeroy

 

Grand Villeroy favori de la gloire,

C’est avec toy qu’on court à la victoire;

                       Mais,

            Il ne faut pas toujours croire

            Prendre, quand on court aprés.

 

Tu prends ton tems quand on te laisse faire,

Aux conquérant tu crois n’en devoir guere;

                       Car,

            Tu dis à demain l’affaire ;

            C’est pour imiter Cézar.

 

Autre

1695

Sur le même air

 

Sur la Prise de la ville de Namur

 par les Ennemi.

 

Si Luxembourg êtoit encore au monde,

Toute la Cour riroit de joye profonde ;

                       Mais

Ce grand homme a passé l’onde

On ne le verra jamais.

 

Adieu Namur nous t’avons laissé prendre ;

Un chef sans cœur n’ose rien entreprende,

                       Mais

            Il peut bien ma foy prétendre

            De ne commander jamais.

 

Namur est pris Villeroy l’a veu prendre ;              Neuville Maal de Villeroy

Louis surpris voudroit le faire pendre ;

                       Mais

            Certaine vieille, au cœur tendre,                      Mad.e de Maintenon

            Ne le souffrira jamais.

 

 

Autre

1695

Sur l’air de Lampon

 

Sur le même sujet que la précédente

C’estoit un morceau bien dur

Que le Château de Namur ;

Mais avec un jus d’Orange,

Il n’est rien qui ne se mange

            Lampon, lampon,

            Camarade, Lampon.

 

Ne dis mot de Villeroy,

Il faut choisi par le Roy ;

Il faut s’en prendre à ce Prince

D’avoit fait un choix si mince.

Lampon, lampon,

            Camarade, Lampon.

 

Chanson

1695

Sur l’air depuis Jan.er jusqu’en avril

 

Sur le Comte de Grignan

 

Monsieur le Comte de Grignan

S’en va ronfler dans un moment.

C’est un Gouverneur de Province,

Pendant qu’il est entre deux draps ,

Je suis bien plus heureux qu’un Prince

Je tiens sa femme entre mes bras.

 

 

Verse

1695

Par Mr. de la Fontaine, pour Mad.lle

Simon tres belle personne, et tres sage,

fille d’un Architecte du Roy.

 

Qui void, Iris, vos traits charmans,

Pousse loin l’ardeur de son zele.

Tous vos amis sont vos amans ;

Quel dessein avez vous la belle?

Quel pouvoir sur tous nose sprits?

Tous vos amans sont vos amis.

 

Chanson

1695

May

Sur l’air des Ennuyeux

 

Couplet fait à Chaulnes, par Coulanges

*Il y a icy une dizaine de …

 

Il fait aussi froid qu’en hiver,

Les Eaux vont inonder la terre.

Est il un Oracle plus clair?

Que le Ciel ne veut plus la guerre.

Il nous rejette en Février,

En dépit du Calendrier.

 

Autre

1695

Sur l’air des Triolets

A Mr. le Duc de Chaulnes,

par Mr. de Coulanges

 

Acheptez le Mesnil montant,

C’est le repos de vôtre vie.

Vous avez de l’Argent comptant

Acheptez le Mesnil montant ;

Madame n’en dit pas autant ;

Mais satisfaite vôtre envie.

Acheptez le Mesnil montant

C’est le repos de vôtre vie.

 

 

Autre

1695

Sur l’air la prudence de Villeroy,

Ou Joconde en joignant 2 couplets en un.

 

Sur la creation de charges d’Inspectrs

 des Fontaines etc.

 

Ô vous Censeurs impertinens

De qui l’humeur caustiques ;

Sur les nouveaux partis du tems ,

Toujours glose et critique.

 

Vous qui jadis sur le Traité                  *On faisoit alors quantité d’Edits et de

Du parti de la Glace ;                               Créations de charges ridicules, et dans

Disiez, on veut nôtre santé,                   le préambule de l’Edit il y avoit

Ah! qu’on nous fait de grace!                 toujours pour l’utilité publique.

 

Heureux Parisiens loüés vous

De l’Edit d’importance,

Qui va render tous les égouts

Fontaines de jouvence.

 

L’on vient chez vous que tous conduits,

Jusqu’à eux de Cithere,

Ne donneront par leurs permis

Qu’une Onde pure et claire.

 

Ah! que j’entrevois de travaux!

Que de soins! Que de peines!

Pour la visite des Canaux,

Des Philis des Climenes.

 

Les beaux, les généreux desseins,

Vray Dieu, la noble Charge,

Qui defend des conduits mal sains,

L’entrée et la décharge.

 

Amour pour de si grands progrés,

Inspire du courage ;

Fais si bien qu’un heureux succés

Couronne un tel ouvrage.

 

 

Autre

1695

Sur le petit Air de la Fronde

Au sujet de l’Edit des Fontaines

 

Nayades bouchez vous Fontaines,

Et cesses d’embellir nos plaines,

Par le Cristal de vos ruisseaux ;

On vous déclare la guerre.

Faites renter toutes vos Eaux

Jusques au centre de la terre.

 

Les Muses les voyant si pures,

Ont feint dans leurs nobles figures,

Qu’elles êtoient de pur Argent ;

Cette douche et flateuse idée

A fait penser au Partisan

D’avoir de vous une lipée.

 

Que si le Dieu qui vous fait vivre,

Nimphes, vous ordonne de suivre

L’Ordre qu’il ne veut pas troubler.

Obéissez à la nature

Qui vous commande de couler ;

Mais qui vous permet de murmurer.

 

 

Autre

1695

Sur l’air de Mai

 

Grand Luxembourg des héros le modele

Pour les deux trous l’on scait bien vôtre zele;

Mais ;

            Pour les trois troux de Bruxelle,

            Ne vous y frottez jamais.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air: quand on a passé quarante ans

Pour feu Mad.e  Dontemps peu avant son marriage.

 

Belle qui n’avez que quinze ans,

            Prenez Bontems,

            Prenez Bontems ;

Renvoyez tous vos prétendans

Ces gens du Code

Sont hors de mode.

Prenez Bontemps.

 

Autre

1695

Sur l’air de Joconde

Sur Mr. le Comte de Tourville

 

En vain par mille exploits divers

            Tu te flatte Tourville

D’être fameux dessus/dedans les Mers ;

            Ta peine est inutile ;

Mais si par tout comme un heros

            Tu prétens qu’on t’estime

Etudie du Docte Renaut

            Les nouvelles maximes.

 

 

Autre

1695

Sur le petit Air de la Fronde

 

Que vous sert de meure sur l’onde

Tant de vaisseaux, d’Armes, et de monde?

Tout cela n’etant du vent.

Anglois vôtre perte est certaine,

Par les Conseils du Confident

Et la valeur du Capitaine.

 

Accablez nous de vos menaces,

Chargez vos vaisseaux de Carcasses

Armez les d’horribles Canons ;

Cele ne nous étonne guere.

Renaut par démonstrations,

Nous promet votre perte entiere.

Ouy, nous irons peuples perfides

Conduits par ce second Eucledis,

Sans avoir d’autre arme à la main,

Que le Compas et l’Equerre,

Vous montrer que tous vos desseins,

Ne sont que de vaines chimeres.

 

Autre

1695

Sur l’air Voicy les Dragons qui viennent

 

Les François vienne en grande bande,

Allemans sauvons nous ;

Bon, dit Nassau qu’on attente ;

C’est Villeroy qui commande.

            Je m’en f…..

            Je m’en f…..

 

Chanson

1695

Sur l’air Reveillez vous belle endormie

 

Maupeou * la Reine des harpies,                *La Chanceliere Pont-Chartrain

Triompe des malheurs du tems ,

Et convertit en œuvres pies

Les dons infames des Traitt

 

Un petit Baron à l’aumosne,                        Tonnelier Baron de Bret

Par la faveur de Pontchartrain

Tient table ouverte dans Charonne,

D’un Duc et Pair il a le train.

 

Ce fier Intendant de Finance

Marchant de bléds à Montereau,

Qui voulut affamer la France,

N’a plus de crédit au bureau.

 

Que dit on de d’Armenonville*

Digne patron de Bourvallais?

On dit à la Cour à la ville ;

Qu’il scait bien houer des goblets.

 

* Fleuriau d’Armenonville et Florent d’Argouges Mr des Requestes avoient fait amas de Bled à Montereau par Miotte.

 

Que Maltote êtoit  a plaindre

D’avoir de sic hers protecteurs ;

Je doute qu’il fut plus à craindre

De la justice, ou des voleurs.

 

Le Ciel d’un horrible ravage

A bien vengé nos Ennemis,

En donnant la France au pillage,

Des Partisans et des Commis.

 

Chanson

1695

Sur l’air: L’autre jour compere Colin

 

Sur le Prince de Vaudemont (Lorraine)

 

A ce coup vaudemont est pris,

Il est dedans la plaine,

La victoire est pour nous certaine.

Qu’il a manqué d’esprit ;

Allons promptement le défaire,

Il pourroit décamper.

Villeroy quelle heureuse affaire!

Ah! tu peux si bien l’attraper,

Que pas un en puisse échaper.

Que la ruse à la France va plaire!

Mais ce grand Mareschal de villeroy,

Leur dit tremblant d’effroy:

Messieurs je scais faire la guerre ;

Reposez vous sur moy.

Attendez à demain nous n’aurons rien à faire.

 

Autre

1695

Sur l’air du bransle de Metz.

 

Sur la Prise de Namur par les Alliez du Prince de Nassau.

 

Villeroy qu’on veut réprendre

De s’excuser a raison;

Il eut battu Vaudemont     [bis]

S’il avoit voulu l’attendre.

S’il laisse prendre Namur

Il en a l’ordre à coup sûr.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air: Un jour Pierrot voyant Margot

 

Riches Abbez attendez vous

A devenir gueux comme nous.

Vos Députez donnent à la France,

Tant d’argent que tout vôtre éclat,

Va tomber dans la décadence,

Comme le reste de l’Estat.

 

Jadis le plus fort de vos Dons

N’excedoit pas quatre millions ;

Encore êtoient ils volontaires.

Vous n’estes plus dans ce bon tems,

Et quatre illustres Commissaires

Vous dissent que le Roy veut tant,

 

Les gens de Robes sont àbout,

Et la Noblesse à vendu tout;

Pendant une guerre si rude,

Il est juste que le Clergé

Perde un peu sa plenitude;

Pour ce coup il est bien purgé.

 

Votre feu ruse Président                              *Harlay, Archev. De Paris mort au

Estoit devenu gros Marchans,                      mois d’Aoust 1695

 

 

 

Pour trafiquer le bien d’Eglise ;

Il auroit vendu votre peau,

Si pour pareille merchandise

Il eut pû avoir un Chapeau.

 

 

Autre

1695

Sur l’air depuis Janvier jusqu’en Avril

Sur Mr. Boileau

 

Boileau répandant son venin

Contre le sexe Féminin ;

Est intrigué dans cette affaire:

Car tout Paris est convaincu

Que Madale Boileau sa mere

Faisoit Monsieur Boileau cocu.

 

 

Autre

1695

Sur l’air ….

Sur la Capitation

 

Payons la taxe par teste,

Si nous voulons être au rang

            Des Contens.

Tous les soirs le Roy arreste

Le mémoire des payans,

Et regarde tout le reste

Comme de mauvais Courtisans.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air de Vive les Gueux

 

Si le Roy scavoit la vie

            Que font les gueux,

Ils vendroient Châteaux en villes

            Vive le Roy - Pour être heureux

Pour s’en aller avec eux,

            Vive les gueux.

 

Quand ils entrent en débauche

            Au Cabaret,

Ils boivent a droite, et a gauche,

            Blanc et claires

Et s’en donnent jusques aux yeux,

            Vive les gueux.

 

Quand ils content leur misere,

            On les plaint fort ;

Mais ils vivent sans rien faire

            Jusques à la mort ;

Ils sont libres & paresseux

            Vive les gueux.

 

Quoique Bourvalais & Pronde ,

            Fassent en Tirans

Persécuter dans le monde

            Petits et grands;

Il n’est point d’Impots pour eux,

            Vive les gueux.

 

Touche-t’on à la finance?

            S’en soucient-ils?

Ils vivent sans dependence

            Du bien d’autrui.

L’Impost n’est pas fait pour eux,

            Vive les gueux.

 

 

Autre

1695

Sur l’air du Noël des don don don

 

Sur la Maison de Noailles

 

De la Maison de Noailles

Si fertille en héros;

On choisit à versailles,

Assés mal a propos.

L’inhabile Pasteur

De ce grand Dioceze

Il fallout à Chalons, don don,

Laisser ce Cagot là, la la,

Prosner tout à son aise.

 

Autre

 

1695

Sur l’air de la Fronde

Couplets faits sur le séjour de l’Armée navale à Toulon

 

Le grand Mareschal de Tourville,

Des Ennemis si redouté,

N’est plus qu’un Mareschal de ville ;

Il passera icy l’Esté;

Il en est grande joye chés les belles,

Et il est résolu entre elles

Que Florenzac et la Chouin

En remercieront Pontchartrain

 

De ce projet dont tout le monde

Ne peut pas êtree satisfait ;

Grand nombre de Marins en grondent,

En disant qu’on peut en effet

Douter un peu de la prudence

Du premier Ministre de France,

Que les Anglois lui doivent aussi,

Comme les Dames un grand mercy.

 

 

Chanson

 

1695

Sur l’air du Confiteor

 

Quand Villeroy vit les Soldats

De ce fameux Prince d’Orange,

Il dit à son amy tout bas,

Il faut donc que les miens je range;

Mais hélas! je crains bien la mort

Dirai-je mon Confiteor.

 

Aprés avoir bien ruminé,

Il leur fit sonner la retraite

De vingt lieux s’etant éloigné

Il criagnoit encore la défaite.

May foy je croy qu’il tremble encore

Et qu’il dit son Confiteor.

 

L’annéé prochaine villeroy,

En toy nous aurons confiance,

Puisque toujours avec effroy,

Tu prens soin de nôtre deffense;

Et si par hazard on te bat

N’en dit pas ton mea culpa.

 

 

Autre

 

1695

Sur le même Air

 

Le Mareschal* dit à Guiseart

Rendon nous vîte, je vous prie,

Et ne mettons plus au hazard.

Notre fortune et nôtre vie;

Je connoît le Roy, c’est assez,

Nous serons bien récompensez.

 

* de Boufflers êtoit dans Namur en 1695. Le comte de Guiseart y êtoit aussi, ils ne deffendirent point la ville comme ils auroient pû faire, cependant Guiscard eut pour recompense le Cordon bleu

 

 

 

Chanson

 

1695

Sur l’air: Il est avis à ma maîtresse

 

Il est avis au petit Gesvres                    on croit que ceste chanson est de 1650

Que pour un peu de bien qu’il a

Il est avis au petit Gesvres

Que son bien l’Annoblira ;                     

Hélas! ma mere, les Poitiers

Firent ils jamais desverres?

Hélas! ma mere, les Poitiers

Furent ils jamais Verriers.

 

Autre

1695

Sur l’air du Confiteor

 

Par ma foy vous êtes trop vif,

Disoit le comte de Tourville,

A ce Ministre décisif                            [Les Mgs de Seignelay]

Qui n’a jamais veu que la ville.

De la Mer laissez là le soin,

Et gouvernez le port au foin.

 

Chanson

1695

Sur l’air de daye dan daye

 

Les nouvelles de l’Isle de Guindaye dans l’Amadis. A Mad.e la Mareschale de Villeroy

Par Coulanges

Diane à tant et tant d’appas

Son portrait fait tant de fracas

Qu’on se rend en foule en Guindaye ;

Daye dandaye, daye  dandaye.

 

La Reyne y tient fort grosse Cour;         *Sidonie

Mais Diane est dans une Tour ;

Nul ne la peut voir en guindaye

Daye dandaye, daye dandaye.

 

Deux Princes de loingtain pays

Y sont entrés sous les habits

De Darayde et de Garaye

Daye dandaye, daye dandaye.

 

Darayde est Agesilan,                              *Aegesilan de C

Qui brûle d’un amour ardent

Pour la Princesse de Guindaye               *Diane

Daye etc.

 

Cleofile a donné son cœur                       *Cleofile Reine de Lemnos

A Garaye, et pour son Bonheur ;

Arlange, est la fausse Garaye ;                  *Arlange d’Espagne

Daye dandaye daye dandaye.

 

Cette Reyne par se beaux yeux

A rendu ce Prince amoureux ;

Tout est en feu dans la guindaye.

Daye etc.

 

Le fraudeur y fait tous les jours,

Par ses ruzes de si bon tours,

Que nul ne s’en sauve en Guindaye.

Daye etc.

 

Chanson

1695

Sur l’air Robin turelurelure

 

Sur un repas donné par Mr. de Noailles Archevesque de Paris, aux Chanoines de N.e D.e

 

Notre Archevesque nouveau

Prélat de grave figure,

L’autre jour fit un cadeau,

            Turelure

Où l’on ne but point d’eau pure,

Robin turelurelure.

 

Un Chanoine gros et gras,

De fort épaisse encolure.

Fit le plaisir du repas,

            Turelure;

J’en vais conter l’aventure,

Robin turelurelure.

 

Assis sur un perroquet,

Trop étroit pour sa carrure ;

Il mesura le parquet,

Turelure.

Sans se faire de blessure,

Robin turelurelure.

 

Estendu comme un crapaut,

Tout prest a crever d’enflure.

Il lacha un peu trop haut,

Turelure.

Un vent de mauvaise augure,

Robin etc.

 

Au bruit de cet imprudent,

Chacun rit outre mesure;

Monseigneur dit à l’instant,

Turelure.

Buvez-en je vous conjure,

Robin turelurelure.

 

Sur la Tragédie de Judith

1695

compose par Claude Boyer de l’Académie Françoise

 

Qu’importe, dit Boyer, qu’un censeur me lantern,

Qu’improuve mes vers, qu’il ne m’estime pas;

Que las scene en deux lieux fasse quelqu’un embaras,

Tout Paris pour Judith a les yeux d’Oloferne.

 

*Eschouée à Versailles et ensuite à Paris

 

Chanson

1695

Sur l’air les Bergers dans leur amour

Sur François de Harlay de Chanvalon

Archevesque de Paris

 

Les médisant disent aujourdhuy

Que l’Archevesque a mal au v…..

            Ils dissent tous vrai,

            Car il a poivré

La Duchesse de Lesdiguières

Son pauve C….. mene a present

Une vie bien austere lanla

            Une vie bien austere.

 

 

Chanson

1695

Sur l’air Robin turlurlure

 

Mr. de Noailles Archevesque de Paris deffendit aux Porteurs d’Eau de marcher festes & Dimanches.

 

De l’Archevesque nouveau

Célébrons tous la censure ;

Il veut qu’on se passé d’Eau,

            Turlure,

Feste et Dimanche je jure,

     Robin turelurelure.

 

 

Autre

1695

Sur l’air de Joconde

Sur ce que le M.al de Villeroy manquât à batter en Flandre Mr. de Vaudémont pendant que le Prince d’Oranges assiégeoit Namur.

 

Il n’est plus temps cher Villeroy,

On peut bien te le dire;

Et d’un si généreux exploit,

Vaudémont va bien rire;

Luxembourg auroit dés midi,

En Général habille

A coup seur battu l’Ennemi

Et secouru la ville.

 

 

Autre

1695

Sur l’air: C’est la pure vérité

 

On dit que nostre Pasteur,                     *Mr. de Noailles, Archeveque de Paris

Fait l’amour de bon cœur ;

Ce n’est qu’une médisance ;

On dit que par conscience

Soûtenant sa dignité,

Il bastit à toute outrance,

            C’est la pure vérité

 

 

1696

 

 

Chanson

1696

Sur l’air des Fées de Roland

 

Sur Mr. Godart

 

Godart a dans sa famille

Dix enfants se portant bien.

Il court un bruit par la ville

Que s’il en avoit dix mille,

Et que chacun reprit le sien,

Monsieur Godart n’auroit plus rien.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

Commission donnée à Mad. e de Manneville, à Rouen

 

Faites de tous vos Ouvriers,

Chercher le plus habille ;

Ordonnez lui des Muscadiers,

Charmante Manneville.

Un Muscadier est proprement

Un E pour Muscades

Que l’on rape agréablement

Dans du vin sur rasades.

 

Mais pour menvoyer ce bijoux

Dont je crains la dépense ;

Il faut bien que je vous dise où

Je fais ma résidence ;

Ma maison est fort à l’ecart ;

Mais elle est des plus belles,

Elle donne sur le rampart

Au quartier des Tournelles.

 

 

 

Chanson

1696

Sur l’air du Confiteor

Confession de Mad.e du C….

 

 

Mon pere je viens devant vous

Avec une ame repentante.

Me prosterner à vos genoux

Dans l’état d’une penitence.

Pour un amant qui ma fait tort,

Dirai mon Confiteor.

Pour faire ma Confession

Je m’en vais commencer mon pere

Par l’aveu d’une passion

Qui fut toujours tendre et sincere.

Jamais amour ne fut plus fort

Dirai-je etc.

 

En premier lieu je me reprens

D’avoir trop aimé ce volage ;

Hélas! c’est bien à mes depens

Qu’il a fait son aprentissage.

Je ne le puis haïr encore,

Dirai-je etc.

 

Celui que j’aime à le secret

De savoir comme il me faut prendre ;

Il est charmant jeune et discret,

Et son cœur est sensible et tendre.

Il se fait aimer sans effort,

Dirai-je etc.

 

Contre tout autre ma vertu-

Auroit pû soûtenir sa gloire ;

Mais sitost qu’il a combattu,

Mon cœur a cedé la victoire

Mon fier s’est démenti d’abord

Dirai-je etc.

 

Ha mon peres si vous scaviez

Quels charmes avaoit cettinfidelle

Sans doutte vous m’excuseriez.

Il me disoit que j’estois belle ;

Peut on ne pas l’aimer encore?

Dirai-je etc.

 

Les prez et les bois d’alentour

Ont mû nos flames mutuelles.

Ils sont de nos tendres amours

Les temoins secrets et fidelles,

Et les Juges de mes transports,

Dirai-je etc.

 

Mon pere s’il vient devant vous,

Vous confesser son inconstance ;

Surtout ne lui soyez pas doux,

Et lui donnez pour penitence

De m’aimer jusqu’à la mort

Dirai-je etc.

 

Il me souvient qu’un matin

En mettant ma chemise blanche

Il mit sa main de sur mon sein

Et aussi par dessus ma hanche,

Et encore un petit plus bas

Dirai-je mon mea culpa.

 

Horsus ma fille allez en paix

Que toutes vos fautes premieres

Vous servent d’exemples à jamais

Pour finir ces fausses lumieres.

Trompez celui qui vous trompa

Dites vôtre mea culpa.

 

Chanson

Sur L’air……

1696

Faite à Caën, sur ce que Mr. de Bourgeauville Trésorier de France à Caën et Envoyé du Roy à …… fort enfflé de ces Emploi, se trouvoit mortifié d’etre place au Bureau des Finances aprés 2 autres Trésoriers de France, qu’il regardoit comme ses inférieurs, quoique ses anciens en charge.

 

 

Chastillon [1] gros camart,

Et Blanchar [2]

Tous deux tombez par hazar

Dans le Bureau des Finances

Précedent, précedent son Excellence [3].

 

[1] Marchand de Dentelles puis Tresorier de France.

[2] Bourgeois de Caën, puis Tresorier de France.

[3] Mr. De Bourgeauville.

 

 

 

Autre

1696

Sur l’air de Joconde

 

Le Prince de Rohan qui epousa en 1694 la veuve du Prince de Turenne. Le Prince de Conty qui le vit à l’Armée en 1695 disoit de lui, que c’estoit le plus beau Jean f……. du Royaume.

 

 

Prince fade, tres ennuyeux

Que viens-je hélas d’aprendre?

Tu renne a parû dans ces lieux.

Ta pudeur ta sceu prendre.

Ah! Dieux! Que je plains ton destin!

Si ta bonté divine

Ta fait un second marmotin

Pour cette autre héroine.

 

 

 

 

Vera

 

1696

 

Chez les Peres fameux de la Société                        *les Jesuites

Maints Abbez entendoient un habile Jesuite

Se plaindre qu’un Bourbon en France regreté,

De ce monde avoit pris la fuite.

Dans l’Eglise êtoient assemblez

Bien plus d’Elus, que d’appelez.

(Eslus, chez ces Reverends Peres)

Ce sont leurs partisans, sectateurs, Emissaires)

On parloit alors d’un grand Schisme,

            Entre Prélats de deux partis.

Ah! dit un partisant du severe Thomiste,

Si l’Eglise tomboit avant qu’ils soient sortis,

L’Eglise accableroit enfin le Molinisme.

 

Sur Mad.e de Melson

 

1696

Chez nos Minimes tous les jours

J’admire le fier estalage

Et de drap noir et de velours,

Et d’Ecussons à double estage

Pour Dame Charlotte Melson,

Veuve de Camus Pantalon.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de la Gigue d’Ariane

 

Que Louis le Grand

Soit Maistre de la Terre ;

Que l’Empereur cede au Turban ;

            Que Jacques ait bon vent,

            Pour revoir l’Angleterre.

Tout cela m’est indifferent.

Je n’yray point avide de guain

            Sur le Sein,

            Trompeur de Neptune

            Chercher la fortune.

            Je ne veux des Dieux

Pour tous leurs bienfaits,

            Que de vivre en paix,

            Sans desirs, sans regrets,

                       Point de Procez

                       De ce vin frais

            Pour moy fait exprés.

 

Autre

1696

Sur l’air de la folie

 

Un héros aime la gloire,

Et le Roy Guillaume, l’Argent,

            Jupiter de l’Ecens ;

Pour moy je n’aime qu’à boire.

Ai-je tort? Non ce me semble;

            Pourquoi?

  J’ay tous les biens ensemble

            Lorsque je bois ;

Je suis un Dieu, je suis un Roy,

Je suis plus fier que Villeroy.

 

 

 

Chanson

1696

Sur l’air…..

 

Sur la Foire de Bezons

 

L’amour content de sa Moisson

Disoit au retour de Bezons ;

Grands Dieux que cette foire est belle !

Chacun a trouvé sa Toison ,

Et l’on n’a point veu de rebelle,

Qui n’ait fait un heureux Jason.

 

Du Divertisesement donné à

Mad.e la Princesse de Conty par la Duchesse

De la Ferté

1696

 

            L’amour dans cet azile,

Pour la voir rassemble tous les Dieux.

Un coeur en l’a voyant, peut il être tranquile?

Heureux en ce moment qui n’auroit que des yeux!

 

            Le double de l’air, de M.r Lambert.

 

Quoi! Ne voulez vous pas entendre

            Le langage de mes soupirs?

L’amour n’en a point de plus tendre

Pour vous exprimer mes désirs.

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Au Marquis du Bellay

 

Il n’est plus tems, mon cher Marquis,

            De vanter tes ancestres ;

Depuis six ans dans le païs

            Tu nous en rons la teste ;

Quitte là tes grands Escussons ,

            Ta Couronne pointuë ;

Prens une plune et des Jettons,

            Ta Noblesse est perduë.

 

Va t’en de chaque Directeur

            Chercher les bienveillances ;

Estre le fade adulateur

            D’Intendant des Finances.

Sois leur plaisant, sois leur boufon,

            Parasite ou Mercure,

Tu rends méprisable ton nom,

            Et tu lui fais injure.

 

Chanson

1696

Sur l’air l’autre jour m’allant promener

 

Icy l’on voit un Cabaret,

Où l’on trouve tout à souhait.

Quel Chocolat! Comme il est fait!              *Mad.e de St. Pierre (Castel)

Comme est faite l’hotesse!

De l’Aurore c’est le portrait

Et des Rées la jeunesse

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Au Marquis du Bellay 

 

 

Il n’est plus tems, mon cher Marquis,

            De vanter tes ancestres ;

Depuis six ans dans le païs

            Tu nous en rons la teste ;

Quitte là tes grands Escussons ,

            Ta Couronne pointuë ;

Prens une plune et des Jettons,

            Ta Noblesse est perduë.

 

Va t’en de chaque Directeur

            Chercher les bienveillances ;

Estre le fade adulateur

            D’Intendant des Finances.

Sois leur plaisant, sois leur boufon,

            Parasite ou Mercure,

Tu rends méprisable ton nom,

            Et tu lui fais injure.

 

 

 

L’Impromptu

1696

fait au sermon des Jesuites,

 le jour de St. Ignace

 

D’Ignace ce fameux Jesuite

Le prescheur dit beaucoup de bien.

Voicy ce qu’on en croit; le Chef a du mérite,

Le reste n’en vaut rien.

 

Chanson

1696

Sur l’air des Folies d’Espagne

 

Sur …. De Crequi-Canaples

 

Beau Canaples rompés vôtre silence;

Depuis quatre ans vos yeux ont assez dit,

En doux propos faites quelque dépense,

C’est trop longtems soûpirer a crédit.

 

Autre

 

Le printems paroist moins jeune qu’elle,

D’un beau jour la naissance rit moins;

Les yeux dissent qu’elle est plus belle

Tous les cœurs en servent de témoins.

 

L’autre jour assis sur l’herbette tendre,

Je chantois son nom dans ces beaux lieux,

Les zéphirs accourent pour l’entendre,

Et le porterent aux Oreilles des Dieux.

 

Autre

1696

Sur le même Air

 

Sur une Religieuse de l’Ave Maria, et un Jesuite.

 

Il êtoit une Religieuse

Du Couvent de l’Ave Maria ;

Qui devint par hazard amoureuze

D’un Caffard enfant de Loyola.

 

Un jour de Pasques, à ceque dit l’histoire,

Le pater dans sa celule entra,

Ce fut ainsi qu’on le peut croire,

Pour chanter ensemble Alleluya.

 

Aux doux soupirs qu’ils poussoient l’un et l’autre,

La Prieure accourut et trouva

Enflez come des Patenostres

Le Pater et l’Ave Maria.

 

Autre

1696

Sur le même Air

 

Sur l’histoire profane

 

Talestris cette Reine si tendre,

Cette beauté qui n’avoit qu’un testor,

Vint de bien loin visiter Alex

Pour le prier de lui fourbir le C….

 

Ce qui tenta nôtre premiere mere

Ce ne fut pomme, poire, ny fruit,

Et le demon n’eut jamais pû lui plaire

S’il n’eût parû sous la forme d’un v…..

 

Pour Davis prit il une pucelle,

Etant si vieux, et froid comme un glaçon?

C’est qu’il prenoit en couchant avec Elle

Le doux plaisir de patiner son C….

 

Il s’empara de la femme d’Urie ;

Mais quoi! Jamais ce genereux garcon

N’eut commis ce crime de sa vie,

Si Bersabté n’eut pas montre son C…

 

Quand de Sabà cette Reine jolie

De Salomon vint tenter la vertu ;

Elle lui dit, que je serois ravie,

Pour tous mes dons sit u m’avois fou…..

 

Didon disoit en se voyant trompée

Par le Troyen qui partegeoit son lit

Dedans mon sein je mettray ton Epée

Puisqu’en mon C…. tu ne mets plus ton v…

 

Lorsque Parus voyant les trois Déesses,

N’eût que mépris pour Pallas et Junon ;

C’est qu’il n’en pût tirer que des promesses

Et que venus d’abord donna son C…

 

Et ce héros que la charmante Omphale

De si terrible avoit rendu si doux,

Estoit rempli de vertu sans égalle

Et la baisoit par jour quinze ou vingt coups.

 

Diane enfin se lassant d’être sage,

De bois en bois un chasseur la poursuit ;

Ce n’estoit pas un fort beau personnage;

Mais il avoit plus d’un grand pied de v.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Réponse à une Chanson qui commence par ce 1er vers Princesse en perdant tes appas. Vol. 9 pag. 4

Sur N…….de Clermont et N…… de Cominges

 

Vous mettez toute la vertu,

L’Esprit et la sagesse

Aqui peut s’enyvrer le plus ;

Mais croyez moy Duchesse.

La femme qui se prend de vin

Ne peut être modeste,

Elle est des Soldats le butin

Et des Laquais le reste.

 

 

M.r de la Farre

1696

Pour Mad.e de uc

 

Au fond d’un bois, au borde d’une fontaine

Dans des lieux sacrés à l’amour,

L’insensible Iris se promene.

Ô! Toy qui voles à l’entour,

Dieu, que méprise l’inhumaine,

Force-là d’aimer à son tour ;

Son orgueil te fait trop d’injure,

Et sit u ne peux l’enflamer.

De quoi te sert il d’animer

Tout le reste de la nature?

 

Pour la Même

1696

que la précédente

 

Il est vray je suis pas à pas

La secte du bon Epicure,

Iris , je ne m’en deffend pas;

Car c’est la Loy de la nature;

Fidele à tous ses mouvemens,

J’aime en vous son plus bel ouvrage,

Et c’est par là que je prétenss

Mériter le titre de sage.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air: Je gage de boire autant qu’un Suisse

 

Un Carme en amour est bon emplette ;

Il baise autant qu’un franc Moineau :

Un jour je rencontray Lizette,

Un Carme en amour est bon emplette,

            Laquelle disoit a Nanette,

Crois moy prend le Pere Moreau,

Un Carme en amour est bon emplette,

            Laquelle disoit Nanette,

Un Carme en amour est bon emplette,

            Laquelle disoit Nanette,

Un Carme en amour est bon emplette;

Pour moy j’ay fait choix d’un Billette

            Qu’on nomme pere Gratereau;

Un Carme en amour est bon emplette,

Pour moy j’ay fait choix d’un Billette.

Un Carme en amour est bon emplette ;

Cette nuit il ma satisfaite;

Il est du Couvent le Taureau,

Cette nuit il ma satisfaite ;

Un Carme en amour est bon emplette ;

            Ah! je crois que de sa brayette

            Il en est sorti plus d’un sceau.

Un Carme en amour est bon emplette.

 

 

Autre

1696

Sur l’air de Joconde

Sur Madame d’O.

 

Quoique vous soyez à la Cour

            De Madame de Guise ,

Ne renoncez pas à l’amour,

            Agéable Marquise ;

L’estat de la devotion

            Sauve les aparences,

Et l’on donne à sa passion

            De secretes licences.

 

Autre

1696

Sur l’air…..

 

Sur M.r l’Abbé Testu

 

            Connois tu

Cet Abbé laid comme un Cocu?

            Ce bouru, ce testu?

Qui fait le bon Apostre

            Devant nous?

Il fait au Ciel les yeux doux.

Se mettant à deux genoux,

            Disant sa Patenotre.

            Au Bordel,

Il fait un péché mortel,

            Tout comme un autre.

            En secret

Il s’en donne au Cabaret

Tout comme un autre.

 

 

1696

Chanson

 

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie

Par Mr. Vergier Commissaire de la Marine, sur lui et Mr. L empereur autre Comm. Re de Marine. Tous deux à Dunk.e Envoyez à Calais lors du Bombardement par les Ennemis

 

Deux héros affamés de gloire

Volent au secours de Calais ;  [Cette ville fut Bombardéé en 1695 et 1696]

L’un est armé d’une Ecritoite,

L’autre a taillé sa plume exprés.

 

Ce sont deux fameux Commissaires,

Remplis de valeur & de soin.

Don't la presence est necessaire

Pour calculer les coups de loin.

 

On ne scauroit les méconnoître,

Le premier ordonne toujours;   [Lempereur]

Des Matelots il est le mâitre,

Et croit l’estre aussi des amours.

 

Le second, son petit Novice,        [Vergier]

Des honneurs n’est guerre jaloux ;

C’est un bon homme, il n’a de vice

Que celui de les avoir tous.

 

 

Chanson

 

1696

Sur l’air: Or nous dites Marie

Faite sur les Prevost des Marchands 1 Eschevins de Paris qui présenterent un Tableau à Ste Genevieve en 1696.

 

Ô la rare merveille

Que l’on voit dans Paris ;

Qui n’eut point de pareille

Dedans le tems jadis.

Le Prevost de la ville

Et les quatre Eschevins

Vont tous en souquenille

Au païs des Latins.

 

Chacun d’eux de la Gréve

Chargé de son harnois

A Sainte Genevieve,

Va montre son minois,

Pour offrir à la sainte

Un merveilleux Tableau,

Où leur trogne est dépeinte

En Robe de Bedeau.

 

En bizarre parure

Tel qu’en chair et en os,

Dans sa ronde figure,

Est Monsieur le Prevost ;       [Bose Procureur general de la Cour des Aides- 

Où d’une ame devote                Prevost des Marchands].

Il est à deux genoux,

Sans chapeau ny Calotte,

En Carreau de veloux.

 

Pour sortir de la crasse       [Vendeur de Marée 1er Eschevin Con. er de ville].

Qu’il receut en naissant,

En donner à sa race

Un titre Florissant.

Bazin a fait la feinte

Par un detour nouveau,

D’un voeu fait à la sainte,

De ce fameux Tableau.

 

D’un air de fanatique

Le Medecin Pilon,     [2er Eschevin].

Fait aux passans la nique,

Par un regard felon.

En faisant la menace

De les soufletter tous,

Si quelqu’un à l’audace

De le metre en couroux.

 

Sainfray plus fin qu’un Diable,    [Echevin et Notaire].

Quoique fils d’un pied plat ;

D’un air inimitable

Contrefait le béat.

On lui voit les mains jointes,

Les yeux levés au Ciel

Damander à la Sainte

Un pardon solemnel.

 

Par un regard douçatre

Le Substitut Baudran,     [substitut du Procureur general de la Cour des

Aveque son emplâtre,      Aides, Echevin]. 

Montre un air obligeant.

Tel qu’à la Cour des Aides

Ont ceux de son métier,

Pour mieux, quand ils y plaident,

Plumer le Financier.

 

Sous as perruque blonde

Tuton en maureblanc ;            [Procureur du Roy de la ville, fils de Titon 

Porte sur tout le monde,         Armurier à St. Estienne en Forest, puis

Un regard méprisant ;              Fournisseur d’Armes, et ayant la garde

Fier que seul de sa race,           du Magazin de l’Arsenal à Paris].

Il se soit intrigué,

Jusqu’à prendre une place

Qui l’en a distingué.

 

Santeuil* bouffy de gloire

Avide des honneurs;

Paroist dans cette histoire ;

Mais en triste couleur.

Rêveur, chagrin, et sombre,

Depuis la mort d’Arnaud

S’est fait metre dans l’imbre,

Comme un simple badaut.

 

*Il fit l’Inscription du Tableau, à condition d’y être peint.

 Les Religieux de St. Genevieve lui firent ajouter un manteaux noir, a cause qu’il êtoit de St. victor.

 

Chanson

 

1696

Sur l’air de la grosse Bourguignone,

ou du cours de Rome

 

La Rivière de Seine à Choisy.

Sur Mad.e de Louvois.

Par Coulanges

 

Nous voyons sur la Seine,

Batteaux petits et grands.

Des Coches à douzaine

Chargez de mille gens ;

Qui méprisant la terre,

Vont et viennent d’Auxerre,

De Montereaux, de Melu, de Joigny

   Reindre hommage à Choisy.

Dés qu’il paroît un Coche,

La Divine Louvois,

Promptement s’en aproche ;

Puis élevant sa voix.

D’où venez vous, dit elle?

Parlez, Mademoiselle.

Parlez, Monsieur,qui sont ces moines blance?

            Avez vous eu beau temps?

 

            D’une belle Terrasse,

            D’un joly cabinet,

            A qui passe & repasse.

            Chacun donne son fait.

            Nous admirons en France,

            Avec quelle abundance ;

Foin, bois, Charbon, et vins de tous païx

            Arrivent à Paris

 

Le tems ne dure gueres,

Dans ce Charmant séjour,

Où tout est fait pour plaire.

            Que béni soit le jour,

            Qu’ un Prince autant amiable

            Que juste, et redoutable,

Faisant toujours à ses sujets raison

            Donna cette Maison.

 

 

Chanson

 

1696

Sur l’air Catin la belle Jardiniere

 

Pour Madame de Louvois malade à

Nevers au retour de Bourbon en octobre

1696 tous les Moines de la ville venoient

soigneusement scavoir de ses nouvelles,

et se recommander à ses Charitez, et ces

Couplets furent faits quand elle fut guérie.

 

Le Cordelier par tout publie,

Que son saint vous rend la santé.

Le carme dit, qu’au bon Elie,

Vous la devés, en vérité.

Le Jacobin en fait sa plainte,

Et dit que c’est à Saint Hiacinthe.

 

Le Cordelier, de son saint Pere,

Veut nous attacher le Cordon ;

Le Jacobin d’un beau Rosaire

Vous faire le précieux don ;

En le Carme d’un scapulaire

Vous couvrir devant et derriere.

 

Ces Peres tendent leur Ecuelle;

Ce seroit pour vous un affront.

 

De partir, sans payer leur zelle;

Madame, il faut remplir leur tronc;

Car moyennant leur Litanie

Vous aurez pour cent ans de vie.

Par Coulanges

 

 

Chanson

 

1696

Sur l’air des Ennuyeux

Par Coulanges

 

Sur la Sotte vanité des gens qui se croyent

                           plus qu’ils ne sont

 

 

Pourquoi sans rime et sans raison,

Toujours citer vôtre grand Pere?

Pourquoi vanter vôtre Maison?

Vous feriez bien mieux de vous taire.

Scachez que trop de vanité

Fait rechercher la vérité.

 

Au contraire l’humilité,

Fait qu’on nous laisse en patience.

Les gens de grande qualité

Ne parlent point de leur naissance ;

Civils, honnestes, obligeans,

Ils vivent avec les vivens.

 

Il faut être de bonne foy.

Hé bien, vôtre origine est mince,

Si cela dépendoit de soy,

Qui ne voudroit pas être Prince?

Pour moi sans en faire à deux fois,

Je serois du sang de nos Rois.

 

La Noblesse à la vérité,

Dont la Preuve est bien établie,

Est une libéralité ;

Un doit du Ciel digne d’envie.

Le sort nous en a-t’il exclus?

Retranchons nous sur les vertus.

 

La Bourgeois qui de la Cour,

Sottement se trouve entestée ;

Ne manqué jamais jour par jour

De conter qui l’a visitée ,

Un Cardinal, un Duc et Pair,

Et des femmes d’un certain air.

 

Du siècle les plus beaux Esprits,

Sont nommez dans sa Litanie ;

Elle a de leurs brillants Escrits

Sa Cassette toujours remplie,

Et se fait un sensible honneur

Qu’ils lui soient donnés par l’Auteur.

 

Des Lettres de plus d’un païs

Elle vous tire de sa poche

D’Ambassadeurs ses bons amis ;

D’un Duc & Pair son parent proche ;

Car Dieu mercy sa parenté

Sert encore à sa vanité.

 

Pour s’informer de sa santé,

Le matin elle a cent messages

De gens de grande qualité ;

Ce ne sont que Laquais et Pages

C’est tout dire, que son portier

Est plus occupé qu’un Greffier.

 

Hé! Cependant combine de gens

Abusez par ce faux mérite

Se font des devoirs tres pressans

De lui render souvent visite ;

Cette femme enfin bien ou mal

Se fait chez elle un Tribunal.

 

Une vanité de tout tems,

Qui me choque encore et m’irrite,

Est celle de certaines gens,

Qui de tout, se font un mérite.

Il semble que chez leurs amis,

Rien ne se fait sans leur avis.

 

Cest, disent ils, par leur canal

Qu’on est Courtois, qu’on est affable ;

Qu’en vers vous, on est liberal,

Que de plaisirs on vous accable!

Et ce n’est jamais que par eux

Qu’il arrive un succés heureux.

 

Cette Satire asseurement,

M’attirera plus d’affaire.

J’aurois fait bien plus sagement,

Sur ce Chapitre, de me taire ;

Aussi bien toutes mes leçons

Ne passent que pour des Chansons.

 

 

Autre

 

1696

Sur le même Air

Par Coulanges

Les manieres d’aujour’huy

1696

 

Je trouve que les jeunes gens

Aujourd’huy cherchent trop leur aise.

Chez les Dames au bon vieux temps,

Prenoient-ils les meilleurs Chaises?

Les y voyoit-on renversés?

Les jambes et les genoux croisés?

 

La Perruque dans ce temps cy,

Qu’on oste dés qu’elle incommode,

Et le Tabac, qui, Dieu mercy

Est devenu fort à la mode ;

Font qu’ils se montrent dans cheveux,

Et barbouillés jusques aux yeux.

 

Un homme incivil et grossier,

Qui volontiers rompt en visiere ;

Qui vous dit des mots de Charetier,

Est aprouvé dans sa maniere.

Il passé pour avoir du Ciel.

Le don d’un esprit naturel.

 

Le jeu, le vin, et cétéra,

Ont gâté toute la jeunesse.

Les Infantes de l’Opéra,

Ont dégoûté de la tigresse ;

La politesse de la Cour

Venoit d’un plus parfait amour.

 

La femme d’un autre côté

A pris part au libertinage ;

Et s’est par son habileté,

Soustraite au facheux esclavage

De tous ces habots contraignant

Que l’on portoit un certain temps.

 

Le Corps de Jupe est aboly,

La Collerette est suprimée;

Le grand habit noir est banni ,

La Robe la plus negligée

La met dans une liberté

Dont nos mere n’ont point tâté.

 

Ceintes d’un grand vertugadin ,

Elles n’estoient point à leur aise.

Le Colet monté de Quintin ;

L’agraffe, le lacet, la fraize,

Et les Souliers à pontlevis

Leur causoient mil et mil ennuys.

 

Au lieu que l’écharpe aujourd’huy,

Dont la mode est bien établie

Passe dans la maison d’autruy

Pour habit de Cérémonie ;

On ne se fait plus un devoir

De visiter en habit noir.

 

Meme la femme sans façon

Depuis Janvier jusqu’en Décembre ;

Va vient et sort de sa Maison

Tres souvent en mulles de Chambre ,

Et preste à tout événement,

Semble attendre un heureux moment.

 

Veut elle chercher ses amis?

Aller où son plaisir l’apelle?

On lui voit courir tout Paris,

Sans Escuier, sans Demoiselle,

Et recevoir beaucoup de soins

Chez elle et sans aucuns témoins.

 

Le Lansquenet n’estoit connu

Jadis, que des Laquais et Pages ;

Maintenant il est devenu,

Le jeuu des folles et des sages,

L’on s’y querelle, on parle haut,

Et c’est la Cour du Roy Petaut.

 

La femme decide du vin,

Scait où le meilleur se débite ;

Elle se pique d’un gout fin ;

Elle s’en fait un grand mérite.

Bacchus releve ses appas ;

Les Canapés sont à deux pas:

 

Elle tire négligemment

Du Tabac de sa Tabatiere ;

C’est un petit amusement,

C’est un air, c’est une maniere ;

Si les maris en sont content,

Vivent les modes de ce tems.

 

Autre

 

1696

Sur l’air de Joconde

Par Coulanges

 

Sur les Mésalliances

 

On voit plus de grand Seigneur

            Qui ne se mésallie ;

Il ny va plus de son honneur,

            La mode est établie,

Son fils ne compte de parens

            Que du côté du pere ;

Car de l’autre, il traite les gens

            De parens de sa mere.

 

Est-il rien aussi de plus fol,

            Que certaines Familles?

Qui donnent jusqu’au dernier sol

            Pour établir leurs filles;

Il leur fait des partis brillants,

Dues, Mareschaux de France,

Pour être leurs petits parens,

Et leur mésalliance.

 

Autre

 

1696

Sur l’air de la Duchesse

Par Coulanges

            Sur un ancient Lit de la Maison de Brissac

 

            Vieux lit presque tout effacé ;

Mais qui fait voir malgré ta decadence

            La magnificence

            Des anciens Coffé ;

De ces Brissacs, de leur tems la merveille.

Entretiens moy, pour téscouter je veille;

            Conte moy je te prie,

            De tous ces guerriers

            La valeur infinie,

            Et tous les Lauriers ;

            Car à ta broderie ;

             A ton vieil or, je parie

Qu’au moins les Mareschaux

Sont nés sous tes Rideaux.

 

Autre

 

1696

Sur l’air de la faridondaine

 

La Moreau retire son coeur

Du Grand Prieur qu’elle aime,

C’est pour le donner au Seigneur,

Comme une Madelaine,

Elle est dans la dévotion

La faridondaine, la faridondaine ;

Un Jesuitte l’a convertie, biribi

A la façon de barbarie, mon ami.

 

Villiers l’ trouvant à son gré

Se marie avec Elle;

Il croit être fort asseuré

Qu’elle sera fidelle,

Le Pere Gaillard en répond

La faridondaine etc.

Elle pourra bien le tenir, biribi

A la façon etc.

 

Tandis que Vendôme est absent

Elle tient sa promesse ;

Mais au retour de cet amant,

Toujours plein de tendresse

La nouvelle épouse Fanchon,

La faridondaine, etc.

Sera fidelle à son mary, biribi,

A la façon etc.

 

On seroit fort étonné

Qu’elle eut quitté le monde,

Si le Jesuitte n’eut juré

Qu’elle n’est plus féconde;

Mais qu’elle fera tout de bon,

La faidondaine etc.

Son salut avec un mari, biribi

A la façon de barbarie mon ami.

 

 

Autre

 

1696

Sur l’air des Maintenons

 

Sur Mad.e Asselin  fille de M.r le Bas

Qui n’a que des yeux noirs et du teint.

 

Sont-ce vos dents qui les yeux vous noircissent?

Sont-ce vous yeux qui les dents vous blanchissent?

Je n’en scais rien, car vos mains m’eblouissent.

 

 

Autre

 

1696

Sur l’air….

 

Mr. de Coulanges pour Madame de Manneville, dont le nom est Vaignon et celui de Mr. de Manneville est du Val, famille du païs de Caux. Son grand Oncle êtoit Commandeur.

 

            Mignonette, bis

Ne danseront nous jamais sur ton lit

            Les Olivettes.

 

Autre

 

1696

Sur l’air du Confiteor

 

Tant que Canillac eut du bien,                      *Montboissier

Il fut determine culiste ;

Mais à present qu’il n’a plus rien,

Le Boug… est devenu coniste :

Voyez a quelle extémité

Nous réduit la nécessité.

 

 

Autre

 

1696

Sur l’air des Noels faits en 1696

 

Les trois Rois sont en peine

Pour adorer l’Enfant,

N’ayant rien pour étrênne

Que la Mirthe et l’Encens,

N’ozant lui presenter les Billets en usage.

Car le boeuf et l’Anon, don don

De tous ces Papiers là, lala

N’auroient pas du Fourage.

 

 

 

 

 

Autre

 

1696

Sur l’Edit des Armoirie

 

Vous qui morde sur tout par mille voleries,

Marchands d’Edits, D’Arrêts, de Sceaux, et d’Armoiries,

            Infames Maltotiers, vous paye qui voudra,

            Je veux porter de gueule à 3. Etrons en face.

Nous verrons qui de vous le 1er y mordra.

 

 

Chanson

 

1696

Sur l’air Vous m’entendez bien.

 

Sur Mr. Delphini Nonce en France

 

Si le Nonce est au desespoir

Qu’on ait retranché son pouvoir.

Qu’on lui rende son Page,

            Hé bien!

Il fera bon ménage,

Vous m’entendez bien.

 

 

Autre

Sur L’air L’Année est bonne

1696

Mad.e la Duchesse, à Mad. e la Princesse

De Conty fille du Roy.

 

Quoi! Vous nous reprochez le vin?

Nous vous verrons à la fin.

Vous êtes déja qu fromage

De Sassenage de Sassenage.

 

Autre

Sur L’air des Ennuyeux

1696

Sur la rupture du voyage de l’Abbé

 Dangeau à Bourbon

 

Quoiqu’on ne sache qui perdroit

De l’Alcoran ou de la bible,

Si l’Abbé de Dangeau mourrot ;

Je n’en aurois un regret sensible.

Je scais mieux son mal, j’en répons

Que les Daquins & les Fagons.

 

Il ne peut encore digérer

Qu’au grand mépris de sa férule

On ait osé lui préfere

Un saibt selon lui trop crédule.

Une telle indigenstion

Ne se guerit point à Bourbon.

 

Le seul remede souverain,

Je le tiens d’un bon Empirique;

Mais il me paroist inhumain,

Et j’en déteste la pratique.

Faut pour sauver un Coursillon,

Décanoniser, Fenelon.

 

Chanson

1696

Sur L’air: Réveillez vous etc.

 

La Chambonneau est fort aimée

De son mari le Feuilladin;

La chose n’est pas decide,

S’il est plus fou qu’elle putain.

 

 

Autre

1696

Sur l’air depuis Janvier etc.

 

La femme du jeune Daquin,

Aussi géante ,qu’il est nain.

Nous a dit que depuis sa couche

Elle êtoit cruë de quatre doigts ;

Si c’est ailleurs que par la bouche,

C’est trop pour la premiere fois.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air…..

 

Ah! quelle comparaison

De Ragotin [1] à la Divine [2]!

La Divine à un pie’ de C…

Ragotin n’a qu doit de pine.

Ah! quelle comparaison

De Ragotin à la Divine.

 

 

[1] Castelmoron

[2] Mlle. Chambonneau

 

 

Autre

1696

Sur le petit Air de la Fronde.

 

Aprés un illustre himencé

Laffey se voyait destinée,

A metre au jour des Coligny.

Sa fécondité se ravalle,

Et ne sert qu’à peupler Paris

De Décroteurs à la Royalle.

 

 

[1] …. Laffey femme de Mr. de Coligny, Colonel du Regiment de Condé Infanterie, dont le pere étoit attaché à Mr. le Prince.

Autre

1696

Sur l’air Vous m’entendez bien.

 

Termes ne parle plus au Roy.

Scavez vous la raison pourquoi?

C’est qu’a force de dire,

            Hé bien!

Quelque fois on s’attire

Vous m’entendez bien.

 

 

Autre

1696

Sur l’air de Joconde

 

Quoique vous soyez à la Cour

            De Madame de Guise.                       [fille de Gaflon une dévote.]    

Ne renoncés pas à l’amour

            Agréable Marquise;                            [La Marquise d’O.]

L’estat de la devotion,

            Sauve les apparences,

Et l’on donne à sa passion

            De secrettes licences.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Contre le Roy Louis XIV

 

Que t’ont fair les pauvres humains?

            Pour infecter Versailles,

Des Termes et des Flamarins,                 [Ils impar au Roy cequi se disoit.]

            Et de telle Canaille.

Prétens-tu nous render dévoits?

            Et banner la bouteille?

Crois moy, Louis, vit en repos

            Et ca baiser ta vieille          [La Maintenon]

 

 

Autre

1696

Sur l’air du Confiteor

 

 

Du tems d’un Empereur Romain,

On eut crû Termes un vray narcisse,

Accompagné de Flamarin,

Il eût soûtenu l’injustice,

L’exil, le fer et le poison;

Mais nous n’avons pas un Neron.

 

Autre

1696

Sur le petit Air de La Fronde

 

On dit que dessus la Frontiere,

Villeroy imittant Caillieres

Va nous render heureux à jamais;

Dieu bénisse son Ministere.

Qu’il scache au moins faire la paix

Un peu mieux qu’il n’a fait la guerre.

 

 

Autre

1696

Sur l’air: Ma mere mariez moy. Etc.

 

Par la Duchesse de Foix: sur la Princesse de Furstemberg

 

Ma Commere à tant de trous

Qu’on ne peut les boucher tous.

On l’entend toujours crier

Il me faut un vi…….. [bis]

On l’entend toujours crier

Il me faut un vitrier.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air du Gaillardin

 

Sur M.lle Florence.

 

Mon Dieu que Florence est jolie?

Je voudrois bien

Pour contenter ma phantaisie,

            Soir & matin,

Mettre mon petit Grimaudin

Dans son Château du Gaillardin.

 

Crie

1696

des Filles de St. Cir

 

            Sainte vierge,

Ostez-nous Monsieur Thiberge.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air…….

 

Madame de Mirepoix.                                    Levys

 

 

Je suis fourbe, escroc au jeu ;

            Yvrognesse effrontée,

Du moins j’ay ma dévotion;

            Chaque jour je récite

Du bon Saint Julien l’Oraison;

            Jugez si j’ay bongiste.

 

 

Autre

1696

Sur l’air: Robin Turelure lure.

 

Sur le Jubilé de l’année 1696

 

Vous mettez le Jubilé

En plaisant temps, je vous jure ;

Mais la pluspart des jeunes gens,

            Turelure,

Ne le feront qu’en peinture,

Robin turelure lure.

 

Chanson

1696

Sur l’air des Rochelois

 

Sur……….de Verjus Comte de Crecy

 

Monsieur le Comte de Crecy,

Croyez moy tirez vous d’icy ;

Nous n’aimons que le vin d’Espagne.

Vos beaux discours sont superflus ;

Jamais les Princes d’Allemagne

Ne s’enyvreront de verjus.

 

 

Autre

1696

Sur l’air….

 

Par le Duc de la Ferté.

 

Je f….. sans cesse.

Castelmoron.

C’est ma maîtresse.

Fou…….du C……

C’est ma maîtresse.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air des Ennuyeux, ou du Confiteor

 

Sur M.R de Barbezieux.

 

Moy qui suis Ministre d’Estat,

Si renommé par ma prudence,

Et qui posse avec éclat

Du Roy l’entiere confiance.

En vain je veux être cocu ;                    [Il se vantoit d’avoir trouvé le      

Je le suis, et n’en suis point crû.           Duc d’Elboeuf couché avec sa femme]

 

 

Cependant on a toujours crû,

Et c’est un droit du Cocuage,

Que qui se declare cocu

En est crû sur son témoignage;

C’est donc à moi seul aujourd’huy

Qu’un droit si juste est interdit.

 

C’est ce qu’au gros Rheims disoit,

Barbezieux écumant de rage,

Ce bon prélat le consoloit ;

Lui disant vous n’êtes pas sage,

Et puisque le Roy vous a crû,

C’est assés, vous êtes cocu.

 

Il avoit épousé en 1er le 12 sept. 1691. M.lle d’Uzés, et en 2er le n. Jan. er 1696 . Mlle d’Aligre dont il estoit jaloux a cause du Duc d’Elbeuf. On pretend qu’elle est morte, empoisonnée d’un poison lent, et la 1re aussi. Il a toujours êté aussi jaloux que brutal. 

 

Chanson

1696

 

Sur l’air du Medecin Osane de Chaudrais

 

 

Qui dit a un homme qui lui demandoit reme-

De pour les vents, qu’il avoit plein le Coprs,

Qu’il allât à Dampmartin, ce que là les

Asnes qui pettoient le mieux y êtoient les

Mieux vendus.

                        Ces vers ont êté fais par une Religieuse

                        Du Tresor à 14 leies de Paris dans le vexin;

                        soeur, ou parente de M.lle de Vieuxpont sur

                        7 peteuses du Couvent.

 

Nous avons au Tresor, bis

Douzaine de Bouriques,  bis

            Et des asnes si forts

Qu’ils peteront en musique,

            Enfin,

Qu’ils petteront en musique

            A Dampmartin.

 

Celui que j’aime mieux   bis         [la superieure tres âgée à demy sourde].

Que j’espere bien vendre,  bis

Helas! Il est si vieux,

Qu’il ne peut plus entendre

            Enfin,

Qu’il ne peut plus entendre,

            Qu’il pette bien.

 

La Bourique de Caen,  bis      [fille de Caen.]

Est bien la plus adroite, bis

Et tient le premier rang

Entre celles qui pettent.

            Enfin

Entre celles qui pettent, [elle pette ingenieusement.]          

     Toujours tres bien.

 

 

 

Voyez ce grand baudet,                [fille grande et fiere qui pette de

Quand je prends ma houssine,   hautelutte quoiqu’on lui puisse dire]          

Il jette le jarret,

Faut voir comme il roussine.

            Enfin

Faut voir comme il roussine

            Par le chemin.

 

L’autre d’un pas plus lent,

Et d’une grave mine ;

Elle jette tous ses vents,

En trompette Marine.       [une prude qui pette melodieusement].

            Enfin,

En trompette Marine

            Soir & matin.

 

 

Le doux Rossingnoles bis   [Elle chante bien et pette quand elle veut haut et

Du pais d’Arcadie,               bas].

Pette gros et claires

Comme il lui prend envie,

            Enfin

Comme il lui prend envie.

            Fait il pas bien?

 

 

Chanson

1696

Sur l’air L’aire de lairelanlaire

 

Sur le depart du Roy d’Angleterre pour Calais le 28 Fevrier 1696.

 

Le bon Roy Jacques à cequ’on dit,

De st. Germain hier partis ;

Pour retourner en Angleterre :

            Laire la, lairelanlaire,

            Lairela, l’air lanla.

 

Je ne suis point épouvanté,

De son depart précipité;

Mais je crains pour lui quelque orniere.

Laire etc.

 

Ce n’est pas la premiere fois,

Que son gendre fin et matois,

Lui aura taillé des Croupieres;

Laire etc.

 

Dieu lui donne un voyage heureux;

Qu’a jamais lui et ses neveux,

Ne reviennent sur notre terre.

Laire etc.

 

Chanson

1696

Sur l’air des Diables d’Alcceste, ou Tout mortel doit icy paroître

 

Sur le Jubilé de 1696

 

Tout péché doit icy paroître

Si l’on veut être en Paradis,

Jubilé de tout maux deliver.

            Il fait revivre

            Les plus maudits;

Venez tous dedans ces saints lieux

            Visiterent une Eglise,

            La peine est remise;

Et l’on v adroit dans les Cieux.

Aussitôt que le Jubilé passé

            Le péché s’efface,

            Le Diable s’enfuit ;

Au pécheur le plus execrable,

            Le plus detestable,

            Tous le Ciel lui rit.

            La Médaille,

            Vaille que vaille,

            Sans qu’on travaille,

            Fait tant de fruit.

 

Qu’aussitôt que le Jubile passé

            Le péché s’efface.

Le Diable s’enfuit;

Quelque flame

Qu’il reste en l’ame,

Pour homme ou femme

Jamais ne nuit ;

Car sitost que le Jubilé passé,

            Le pésché s’efface,

            Le Diable s’enfuit.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air Vous m’entendés bien.

 

L’autre jour la jeune Isabeau,

En parlant du Pere Moreau ;             

            Disoit à sa Commere ,              Carme

                        Hé bien!

            Vive un carme pour faire,

            Vous m’entendez bien.

 

Un certain Marchant du Palais

Que l’on apelle la Frenais.

            A fait à sa servante ;

                        Hé bien!

            Une poupée qui chante,

            Vous m’entendez bien.

 

           

Autre

1696

Sur l’air…..

 

Pour Madame la Comtesse de Quelus.

 

Faire vers le Ciel un prompt retour,

Ce n’est pas là vôtre affaire;

Laisser gronder tout le long du jour

Un Directeur trop sévere.

C’est son metier de blamer l’amour,

Et le vôtre de le faire.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air des Ennuyeux

 

Par Coulanges

Sur la vanité mal placée des gens de rien qui font fortune.

 

Il ne faut point se deschaîner,

Contre un galopin qui prospere;

Mais au contraire, il faut loüer

Son esprit et son scavoir faire.

Aprés tout, a-t’il fort grand tort

De profiter d’un heureux sort?

 

Je lui laisse ses Coffres forts,

Je ne blame point sa dépense ;

Mais je veux avec ses trésors,

Toujours humble sur sa naissance,

Quand il bâtit une maison,

Qu’il y suprime l’Escusson.

 

Pourquoi l’arborer en tous lieux?

Et le promener par la ville?

Pourquoi presenter à nos yeux

Un Ornement qui n’est utile,

Que pour faire dire aux passans,

Son nom, son pais, ses parens?

 

Cette marque de vanité,

Fait parler de son origine,

En découvrant la vérité ;

En un mot, elle l’assassine;

Mais à qui ne se connoît plus,

Les bons avis sont superflus.

 

Celui cy, pour tous ces Messieurs,

Seroit encore nécessaire,

Comme entre eux, j’en connois plusieurs,

De mérite, et d’esprit; j’espere

Qu’ils recevront docilement,

Un second avertissement.

 

Quand vous possédés des Maisons,

Des Terres, d’antiques Noblesse ;

Laissés en refroidir les noms ;

Car quant on demande, qui est-ce?

Et qu’on vous donne un nom d’éclat,

La Montagne enfante le rat.

 

Encor ce changement de nom,

Loin de vous hausser, vous abbaisse,

Par là, comme par l’Escusson.

On vous drape sans fin, sans cesse ;

Soyez modeste, faites bien,

Le public ne dira plus rien.

 

Autre

1696

Sur le même Air

 

Par Coulanges

Sur la vanité des Baptesmes de Province.

 

Pour faire tenir vos Enfans,

J’entends, sur les Fonds de Batême;

Vous allez quester des parens

D’une condition suprême;

Et vos tirez de vos Ayeux

Ces parentez par les Cheveux.

 

Je scais qu’en Province on fait cas

D’estre allié d’une Princesse,

Qui vous Cousine a tour de bras;

Lorsque vous la traitez d’Altesse ;

Mais ce fade honneur, en un mot,

Est du tems du Roy Guillemot.

 

Ne remontez point dans les Cieux

Pour y chercher une Maraine;

Baissez modestement les yeux,

Vous en trouverez dans la plaine.

La Cousine avec le voisin,

La voisine avec le Cousin.

 

 

Autre

1696

Sur l’air des Cloches

 

Faite au camp de Compiegne, sur les cinq fils du Gendre qui alloient souvent de compagnie.

 

Megremint, Romilly,

Quincarnon, Berville aussi,

Colandre. Bis

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Bourbon* est a mon sentiment         [lieu où l’on prend des Eaux].

Le plus beau lieu du monde ;

J’en veux célébrer l’agrément

Sur le ton de Joconde.

Mille beautez, qu’en ce séjour

Un même soin amene,

Nous font croire que de l’amour

C’est icy la Fontaine.

 

Vassé*, de vos premiers regards,                [Grognes de Vassé].

On ne peut se deffendre ;

On court encore plus de hazards

Quand on peut vous entendre.

Nous sentons mille feux nouveaux

S’emparer de nos ames.

De Bourbon les Bains et les Eaux,

N’ eteignent point les flames.

 

Avec ce teint vif et fleury,

Ces yeux si seurs de plaire ;

La belle Lauzun est icy.

Dieux! Qui vient elle faire?

Vient elle chercher la santé,

Dans le sein de cette Onde?

Ou par les traits de sa beauté

Y blesser tout le monde?

 

Avoir de l’aimable Monfort,

Et l’air et la Noblesse ;

Qui de nous ne croiroit d’abord

Que c’est une Déesse?

Diane à moins de Majesté;

La Reine de Cithére

A mille fois moins de beauté

Et scait moins l’art de plaire.

 

Nous aurions besoin du Berger

Qui jugea les Déesses,

Pour pouvoir dans ce lieu juger

Entre nos deux Duchesses

Des Amours des ris et des jeux

La troupe se partage,

Et l’on ne scait chez qui des deux

On en voit d’avantage.

 

Les jours passent comme un moment,

Avec l’Ambassadrice ;       [Mad.e de Meyereron Danoise].

Chacun à son esprit charmant,

A l’envie rend justice.

Les yeux les plus empresses

Sont toujours sur ces traces.

Ciel! Vient-il des Climats glacez

Tant de feu, tant de graces?

 

 

Charmante Abbesse en ce séjour,  [Mad.e de Fontevraud].

Quand chacun vous révere;

Croyez moy l’on cache l’amour

Sous ce respect sincere.

A vôtre esprit comme à vos yeux,

Qui ne rendroit les armes?

Mais c’est seulement pour les Dieux

Que sont faits tant de charmes.

 

Vous avez pour nous enflamer

Un droit trop légitime;

Vous voir et ne vous pas aimer,

Comtesse, c’est un Crime;                     [de Sors]

Mais aussitost qu’on voit vos yeux ;

Un certain trouble aimable

Nous fait trop sentir qu’en ces lieux,

Personne n’est coupable.

 

La jeune de Sors sur ces bords

Paroît incomparable ;

Elle joint aux charmes du corps,

Un esprit adorable.

Que son entretien est charmant !

Notre Ame en est ravie.

Qui peut la voir un seul moment,

L’aime toute sa vie.

 

Jeune Pessard dans mes Portraits,

Vôtre esprit, vôtre grace,

Vôtre douceur ; et vos attraits

Demandent une place ;

Mais j’ay de trop foibles couleurs

Pour un si bel ouvrage ;

C’est l’amour qui dans tous les cœurs

Gravera vôtre image.

 

Muse, il nous faut trouver encor

Quelques graces nouvelles ;

Peignons un précieux trésor

De graces naturelles ,

Un esprit amusant, & doux,

Une beauté touchante.

Ces traits font reconnoitre à tous

L’aimable Lieutenante.                [Mad. e Pasquier Lieutenante

                                                                       particulière du Chastelet]

 

Ah ! que l’on gôute de douceur

Lorsque l’on vous écôute ;           [Mad. e Rafard Religieuse de Vernon dont la                                                                

Que vôtre voix de nôtre cœur     voix est admirable].

Découvre bien la route ;

Mais vous consacrez aux autels

Ces talens admirables.

Hélas! Pour les foibles mortels

Ils sont trop redoutables.

 

Chanson

1696

Sur l’air Elle est au Regiment des

Gardes comme un cadet

 

Faites à Sully par Coulanges

 

Les Dames d’Orleans

Prévoyans la froidure,

Ont pris dés le printems,

Et velours ,& fourure.

Voila les plus grandes nouvelles

            De ce pays.

Et que les amans de ces belles,

            Sont tous transis.

 

Autre

1696

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie

 

A Madame la Duchesse de Sully:

Par Coulanges

 

N’allez point à la grande Messe,

Il pleut dés la pointe du jour ;

La plus courte suffit, Duchesse ,

Pour peu qu’on soit loin de la Cour.

 

 

Autre

1696

Sur l’air: Il faut pour Dandermonde

 

Sur Mad.e la Duchesse de Sully.

Par Coulanges

 

Aller à grande Messe,

A Vespres, au Sermon,

            A la Procession;

Je vois fort bien, Duchesse,

Que vous voulez un jour

            Figurer à la Cour.

 

Autre

1696

Sur l’air; Car me maîtresse est jeune et belle

 

Sur la même

Par Coulanges

 

A Sully d’un coup d filet,

On prend Carpe, Perche & Brochet;

Mon Dieu qu’on y fait bonne chere!

Tous les Mets y sont à souhait;

Et la Duchesse qu’on révere

Y prend les coeurs au trébuchet.

 

 

 

Autre

1696

Sur l’air: Catin la belle jardinière

 

Par Coulanges

 

Les Dames de Sully pour prendre

De petits Oiseaux seurement;

De petits filets ont fait tendre ;

Mais leur manquant un Chathuant,

Une Cigogne* s’est trouvée

Tout à propos pour leur pipée.

 

* Une Bourgeoise de Sully de ce nom, hayë de toute la ville.

 

 

 

 

Autre

1696

Sur l’air des Ennuyeux

 

Réponse de M.r de Coulanges, à Mr. de Corbinelli, qui lui demandoit presentement son sentiment sur les Auteurs anciens et modernes.

 

Pour un tres vulgaire Rimeur,

Pour un insecte du Parnasse,

Vous me faites beaucoup d’honneur,

Corbinelli, je vous rends grace ;

Vous demandez mon sentiment,

Hélas! En ai-je un seulement?

 

Mon illustre amy, je me tiens

Dans mon ressort de balivernes ;

Quoi! Moy juger des modernes,

Je les honore au dernier point,

C’est pourquoi je n’en parle point.

 

Autre

1696

Sur l’air des Triolets

 

Faits à Pontroise par Coulanges

 

Pour Mesdemoiselles de Bouillon

 

 

La voyez vous? Vous dites non;             [Mad.lle de Bouillon absente].

Hélas! J’en dis autant moy même

La belle & charmante Bouillon.

La voyez vous? Vous dites non.

Je ne la vois plus tout de bon

Celle que j’adore, et que j’aime ;

La voyez vous? Vous dites non.

Hélas! J’en dis autant moy même.

 

La voyez vous? Vous dites ouy,          [M.lle dAlbres présente].

D’Albret cette belle Princesse ;

Car pour moy, j’en suis éblouy.

La voyez vous? Vous dites ouy;

Ses yeux, son teint épanouy

Inspirent certaine tendresse ;

La voyés vous? Vous dites ouy

D’Albret cette belle Princesse.

 

Jeune et belle Chasteauthierry,            [M.lle de Chateauthierry est à Paris au

Vous tiendra-ton toujours en cage?    Port Royal].

 

 

Il n’est cœur qu n’en soit mary

Jeune & belle Chasteauthierry.

Oyse en attendant un mary,         [C’est à dire l’Abaye se St. Martin qui est sur

Vous demande sur son rivage      les bords de la rivière de l’Oyse].

Jeune et belle Châteauthierry

Vous tiendra-t’on toujours en cage ?

 

 

Chanson

1696

Sur l’air: Il a battu son ….. frere

 

Réponse de Mr. de Coulanges, à Mad.e de Louvois, qui lui demandoit, en lui voyant lire l’Amadis, où il en êtoit?

 

Pour nouvelle et qui n’est pas fausse,

D’Amadis, Oriane est grosse,

Et Mabile en a le secret,

Qui répond à qui le demande,

Qu’elle à toujours crû sur ce fait,

Qu’à tel Saint viendroit telle offrande.    [Ce sont tes propres Termes].

 

De Dannemarck la Damoiselle

Autant que Mabile fidelle,

Par scrupuleuse par bonheur.

Attend, dit on, que l’Enfant sorte

Pour l’emporteur à Mirefleur,

Et l’exposer à quelque porte.

 

Autre

1696

Sur le même Air:

 

Réponse à une pareille question, un autre jour, à Ancy le Franc.

 

Amadis par les soins d’Urgande,

Avec sa race belle et grande,

Dans l’Isle ferme, dort enfin;

Comme aussi le nain et Carmele

Maître Elizabeth, Gandalin,

Et la Danoise Damoiselle.

 

Maintenant un épais nuage,

Nous cache Palais et village,

Envelope bestes, & gens;

Mais Urgande nous fait promesse

Qu’on les reverra dans le tems

Que viendra Lizuard de Grece.

                                                         Par Coulanges

 

 

Autre

1696

Sur l’air de Joconde

 

A Madame la Marquise de Louvois par Coulanges

 

Avec les Chiens et les Guenons,

         Joliment on badine ;

Mais on leur parle avec des tons

         Qui blessent la poitrine,

Sans compter la malpropreté ;

L’on est toujours en peine

Quand la Guenon va d’un côté,

         Et de l’autre la Chienne.

 

 

 

Autre

1696

Sur l’air: Tranquilles coeurs

 

Faite à Choisi, depuis que Madame de Louvois en est maîtresse, par Mr. de Coulanges.

 

     Vous qui voyagez en batteau,

Et vous qui courez dans la plaine,

     Respectés toujours ce Château,

     Son origine est Souveraine;

A grands frais, le bâtit Louise d’Orleans.

     Croyant vivre cent ans.

 

     A la Princesse succeda

Monseigneur le Dauphin de France ;

   Il y prit plaisir et l’aima ;

   Ce fut sa Maison de plaisance ;

Mais un lieu plus Royal, et plus digne de lui,

   A détrosné Choisy.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air: Je gage de boire autans qu’un Suisse

 

Le séjour de St. Martin en Juillet * Abbaye prés Pontoise

1696

 

Non, il n’est point de douce vie

Que celle qu’on mene à Saint Martin;

Je le soutiens et le publie; non etc.

Dans celieu mon ame est ravie.

            Non, il n’est point etc.

Toujours tres bonne Compagnie

Un Cardinal toujours serain.     [De Bouillon]

            Non, il n’est point etc.

Toujours tres bonne Compagnie ;

            Non, il n’est point etc.

Une Table des mieux servie,

Et tres propres a chasser la faim.

            Non, il n’est point etc.

Une table des mieux servie.

            Non, il n’est point etc.

De boire, avez vous quelque envie ?

Où trouve-t’on de meilleur vin ?

            Non, il n’est point etc.

De boire avec vous quelqu’ envie ?

On le peut sans Cérémonie ;

Mais ne soyez pas libetin.

            Non, il n’est point etc.

On le peut sans Cérémonie.

Voulez vous de la simphonie,

            Non, il n’est point etc.

Des fleurs, avec vous la manie ?

Parlez au Prieur Mercurin*.   [Ce Prieur est curieux en fleurs, et prend soin 

                                                                  Des Jardins de St. Martin].

            Non, il n’est point etc.

Des fleurs avec vous la manie ?

Vous vient il dans la fantaisie,

De vous baigner ? allez au baing.*   *[le plus beau baing du monde dans la

Non, il n’est point etc.                     Riviere d’Oyse].

Vous vient il dans la fantaisie

De faire un tour dans la prairie ?

D’en faire cent dans le Jardin ?

            Non, il n’est point etc.

De faire un tour dans la Prairie ;

Calesche et Chevaux d’Italie

Se trouvent toujours sous la main.

            Non, il n’est point etc.

Calesche et Chevaux d’Italie ;

            Non, il n’est point etc.

Dieu me preserve que j’oublie

La liberté qui regne enfin.

            Non il n’est point de plus douce vie

            Que celle qu’on mene à Saint Martin.

 

 

Autre

1696

Sur l’air de Joconde

 

Pour Madame de Bouillon, par Coulanges

 

Je ne suis point un papillon,

Ma taille est différente ;

Aussi pour l’aimable Bouillon

Mon amour est constante.

Content du trait qui m’a blessé,

Je le benis sans cesse ;

Pour peu que je sois caressé

Du Chien de ma maîtresse.     ou Princesse

 

 

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

Le petit Comte de Nicey enfant imaginaire des 2.des Noces imaginaires aussi de Mr. De Coulanges avec Mad.e de Louvois. Pour entendre ces Couplets et plusieurs autres qui roulent sur la même plaisanterie ; Il faut scavoir, Qu’il y avoit autrefois dans l’Abaye de Tarascon une Religieuse qui devint folle pour avoir veu le feu Comte de Moret fils naturel d’Henry IV. dans ses accés de folie, Elle ne parloit que de ses amours, et s’estoit persuadée qu’elle en avoit deux Enfans, un fils et une fille, quoiqu’elle ne l’eut veu qu’en passant, et comme on l’alloit voir souvent pour se réjouir, on la faisoit tomber sur ce Chapitre, aussitost Elle contoit son amour, toutes les perfections du Comte. Elle le pleuroit, et puis de ces deux mains elle montroit ses deux Enfans imaginaires, en disant qu’ils faisoient toute sa consolation. Voilà mon fils, voilà ma fille, les beaux enfans ! elle contoit en les montrant, com bien ils êtoient parfaits. Ce discours ne finissoit point, Et pluis après avoir bien parlé, elle disoit à la Dame qui l’entretenoit, les voyez vous, Madame ? non, Madame, repondoit l’Etrangere, ny moi non plus. Et sur cela elle versoit un torrent de Larmes.

Il faut scavoir encore que le Comté de Nicey en Bourgogne appartient à Madame de Louvois.

 

Le petit Comte de Nicé,

Est un petit prodige.

Un petit garçon fort bien né,

Qu’aisement on corrige.

Il a la douceur d’un Mouton,

Et de la grandeur d’Ame

Le voyez vous ? vous dites non ;

Ny moi non plus, Madame.

 

Et cependant de nos amours,

C’est le précieux gage

Madame, il faut l’aimer toujours,

Et lui faire avantage

Sitost qu’il sera grand garçon,

Lui donner une femme.

Le voyez vous ? vous dites non,

N’y moi non plus, Madame.

 

Courtenvaux, Barbezieux, Souvré,

Abbé ce petit frere,

A+ de Villeroy la beauté. + Et le port de sa mere

N’avez vous pas, Rocheguyon

Pour lui quelque tendresse?

Le voyez vous? Vous dites non,

Ny moy non plus, Duchesse.

 

Mareschale que j’aime tant,

Dites moy sans finesse,

Ne voyez vous point cet Enfant,

L’apoy de ma vieillesse?

Seroit il vrai que ce Poupon

Ne fût que fantaisie,

De la None de Tarascon,

Aurois-je la folie ?

 

Sur Mr. de Tonnerre

1696

Evesque de Noyon

 

Un jour de feste un Prélat d’importance ;

Mais un Prélat de sa haute naissance

Fort entesté, pour faire honneur au saint

Disoit la Messe ; et ce dévot contraint

Vouloit du peuple et respect et silence.

Lors dans l’Eglise entendant un grand bruit,

Qui lui parut profaner sa Noblesse,

Il se retourne, et d’un air brusque dit,

Feriez vous pis, peuple vil et maudit,

Quand un Laquais diroit icy la Messe ?

 

 

Chanson

1696

Sur l’air: L aire la, lairelanlaire

 

Sur les Courtisans

 

Au dehors ils semblemt heureux,

Et tout semble être fait pour eux ;

Au dedans ce n’est que misére.

Laire la, lairelanlaire,

Laire la lairelanla.

 

Chaque passion tour à tour,

Comme une espece de vautour,

Les déchire et les désespere.

Laire la etc.

 

D’une sotte gloire bouffis ;

Des Dieux ils s’estiment les fils ;

Sosie est peut être leur pere ?

Laire la etc.

 

Ce sont des Ballons que le sort

Pousse en l’air plus ou moins fort ;

Dont il se jouë en sa maniere

Laire la etc.

 

Des enfans à l’erreur livres,

Et de la vérité sévrés

Ils se repaissent de chimere.

Laire la etc.

 

Chanson

1696

Sur l’air: Depuis Jan.er jusqu’en avril

 

Le Chtr de St. Gilles sur l’Opéra de la Naissance de Venus. Les parolles de Mr. Pic la Musique de Mr. Colasse.

 

L’Abbé Pic, Colasse et Pécour,

Vont charmer la ville et la Cour.

Ils font sortir Venus de l’Onde;

La bonne Dame dit tout net

Je viens rendre heureux tout le monde ;

Chacun répond, c’est fort bien fait.

 

Pour ne point faire de jaloux,

Vénus prend Vulcain pour Epoux.

Que cette fin est admirable !

Chacun criant voyant cela ;

Peut on sans se donner au Diable

Faire un si charmant Opéra ?

 

Autre

1696

Sur l’air: Depuis Jan.er jusqu’en avril

 

Sur les Devotes du Pere Baudran, un peu accusées de Quietiseme

 

N’en riez point petit Baudran

Vous en avez au même rang,

Et je connois plus d’une Dame

Qui par vos devotes raisons

Se croyant au Chateau de l’ame

Va droit aux petits Maison.

 

 

Chanson

1696

Sur l’air: de Joconde

 

Mr. de la Monoye fit cet impromptu à laTable de M. le Duc aux Estats de Bourgogne peu de tems avant l’avanture du pauvre Santeuil.

 

Ne rimons jamais à Santeuil,

La Rime est trop funeste ;

Car c’est deuil, e’cueil, ou Cercueil,

Trois chose qu’on déteste ;

Rimons plustost au victorin,

Ce nom digne d’estime,

A l’honneur de rimer à vin,

Nous goutons cette rime.

 

Autre

1696

Sur l’air….

 

Sur M.lle Vagnon.

 

Vous êtes petite Vagnon

Votre nom du Prétoire,

Pour être mis dans l’histoire

Du grand Duc de Bouillon.

 

Chanson

1696

Sur l’air de la grosse Bourguignone.

 

Sur l’Apartement de M.r du Vivier à l’Arsenal

 

Chez le Prince des charmes,

Tout y paroît charmant ;

Il faut rendre les Armes

Dans son Apartement ;

Surtout son gout raffine,

Ce qu’il a de la Chine ;

Tous ses Miroirs, Tableaux et Cabinets

Sont chefs d’oeuvres parfaits.

Par Coulanges

 

 

Autre

1696

Sur l’air Sommes nous pas trop heureux

 

Faite à Sully en Novembre

1696.

 

Quand on est bien accueilly

D’une adorable Duchesse*,  *La Duchesse Douairiere de Sully  

Digne de toute tendresse,

On ne quitte point Sully.

Je déclare à qui s’estonne

De tous mes retardemens*,      *On me demondoit ed d’autres lieux

Que sur la fin de l’Autonne

J’ay retrouvé le printems.

                                                            Par Coulanges

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Les Noces imaginaires de M.lle d’Albret avec le fils unique de M.r le Duc de Chaulnes qui n’a point d’Enfant.

Plaisanterie faite à St. Martin

 

Par Coulanges

La belle d’Albret pour certain,

            Dans deux jours se marie;

Tout se prepare à saint Martin

            Pour la Cérémonie.

Elle épouse un joly garçon,

            Fait comme une peinture.

Le voyez vous? Vous dites non,

            Ny moy, je vous le jure.

 

Il est fils d’un fort grand Seigneur,

            Homme de conséquence.

Trois fois à Rome Ambassadeur,

            Et Duc et Pair de France.

Son épouse dans Trianon,

            Fera bonne figure.

Le voyez vous? Vous dites non,

            Ny moy, je vous le jure.

 

Le petit Comte de Nicé *   *Autre petit Sgr. Imaginaire

            Qui bien loin d être beste,

Pour son âge est fort avancé,

            Doit venir à la feste.

Il y brillera, ce dit on,

            D’une riche parure.

Le voyez vous? Vous ditez non,

            Ny moy je vous le jure.

On dit deja que dans un an,

            La nouvelle Duchesse,

Pourra nous donner un Enfant

            Digne de sa noblesse.

Qu’il sera joy ce poupon ;

            L’aimable Créature!

Le voyés vous? Je croi que non,

            Ny moy je vous le jure.

 

Que Chaulnes sera satisfait

            De voir sa belle fille,

D’un rejetton aussi parfait

            Augmenter sa famille;

Mais tout ce cy n’est que Chanson,

            Qu’une pure chimere

Nous ne verrons rien, tout de bon,

            Et je m’en desespere. 

                            

 

Chanson

1696

Sur l’air de Lampon

 

Sur St. Alire Peintre

Par Coulanges

 

Hé quoi! N’avez vous pas veu      bis

Un Peintre nouveau venu?           bis

Dans Vichy* chacun admire             * lieu

Les Portraits de Saint Alire;

            Lampons, lampons

            Camara des lampons.

 

Ce peintre est des plus exquis, bis

Renommé par tout païs.             bis

La nature toute pure

Est l’objet de sa peinture.

            Lampons etc.

 

Il peint dans les Cabarets,  bis

Ses pinceaux sont toujours prests;  bis     *Toutes les sottises qu’on voit

On ne peut les voir sans rire                         charbons nées sur les murailles

Le peintre de saint Alire;

            Lampons etc.

 

Il prend pour six sols de pain, bis

Il boit pour six sols de vin.  bis

Jamais rien pour la servant,

Dont elle n’est pas contente.

Lampons etc.

 

Il ne fait rien de perclus,  bis

Il entend bien le rebus ;  bis

Il fait le païsage,

Et l’hermite et l’hermitage.

Lampons etc.

 

Chanson

1696

Sur l’air: Creusons tous le Tombeau

 

Pour Mad. lle de Chasteauthierry* qui avoit si mal à la Machoire, un soir à St. Martin, qu’elle ne pouvoit, ni rire, ni manger. Ces Couplets furent faits en la voyant guerie le lendemain matin.

 

* Bouillon

 

Jeune Chastrauthierry*,             *Depuis mariée au Duc de Montbazon, aîné

Comment va la Machoire?          De la Maison de Rohan.

Vous avez bien dormie?

Vos yeux me le font croire,

Vous pourrez aujourd’huy

Rire, manger, et boire.

 

Non, vous ne serez pas

Encore longtemps pucelle;

L’himen à vous appas

Ne peut être rebelle.

Il renonce aux Ducats

Quand on est aussi belle.

                                                Par Coulanges

 

Autre

1696

Sur le même Air

 

Le depart de Vichy.

Par Coulanges

 

Faut il déja revoir Paris?

Mon Dieu que la saison est belle!

Quoi! Quitter ce joly pais?

Où j’ay tant pris de Pimprenelle.

Abandonner ces prez, ces ruisseaux et ces bois

            Et Madame de Foix.                  La Duchesse

 

 

Chanson

1696

Sur l’air de Joconde

 

Faite à Navarre prés Evreux; par Mr. de Coulanges.

Remerciment d’un Chapeau, à Mlle de Bouillon

 

D’un Chapeau fort bien étoffé,

            Le present est honneste.

Princesse, vous m’avez coëffé,

            Je sens tourner ma teste.

Est il rien qui le prouve mieux?

            Et rien de plus bizarre,

Que destimé pour d’autres lieux

            Je vous suive à Navare?

 

 

Autre

1696

Sur le même Air.

 

A Mr. le Duc de Bouillon au retour d’une malheureuse Chasse.

par Coulanges.

 

En dépit de tous vos projets,

            Et de vos Equipages,

Quand vous faites dans vos forets

            D’inutiles voyages,

Aprés vous être bien lassé

            Quabd aucun cerf ne passe;

C’est que le comte de Nicé

            Le détourne et le chasse.                Ce Comte est invisible.

 

Chanson

 

1696

Sur l’air de la grosse Bourguignone.

 

Faite à St. Martin où sont nommez quatre Gentilshommes de Mr. le Cardinal de Bouillon, plus honnestes gens l’un que l’autre, les deux Chefs d’Office, les 2 de Cuisine, et le Maistre d’hostel, tous aussi plus habiles l’un que l’autre.

 

Je veux, c’est ma folie,

Chanter à Saint Martin ;

Sertes, Sainte Marie,

Raousset, Saint Germain;  = les 4 Gentilhommes

Et da,s la bonne chere,

Chanter le scavoir faire,

De Damoiseau, du Puys, Sion, Fromont

Et du vrave du Mont.                            *M. d’hostel

                                                Par Coulanges

 

 

Autre

1696

Sur l’air: J’aperçeus l’autre nuit en songe

 

Par Mad.lle de Bouillon

Par Coulanges

 

J’ay monté comme Philomele,

Mon tournebroche sur ce ton :                 *C’est a dire ma voix aussi rude

Mais pour y faire une Chanson,               et discordante qu’un Tournebroche.

Je me creuse en vain la Cervelle.

Six vers ne suffisent pas

Pour chanter vos divins appas.

 

Une complaisance charmante,

De la douceur, de la bonté,

Beaucoup d’esprit, & de beauté ;

Une sagesse surprenante.

Six vers ne me suffisent pas

Pour chanter tant et tant d’appas

 

 

 

Chanson

1696

Sur l’air Et bon bon bon que le vin est bon

 

Sur les Moines

Par Mr. de Coulanges

 

Un Moine sécularisé,  bis

Las d’avoir êté disguise ;

Un jour faisant débauche,

A ceux qui buvoient avec luy

De tous les Moines d’aujourd’huy,

Voulut faire une ébauche ;

Sachez, dit il qu’ils aiment tous

A chanter aussi bien que nous,

Et bonbonbon que le vin est bon

Par ma foy j’en veux boire.

 

Commençons par les Mendiant,  bis

Tous gens doctes ou soy disant ;

C’est la crême des Moines.

Loin d’aller parmy les deserts

Imiter les feraces airs

Des Pauls et des Anotines ;

Retirez du monde et du bruit ,

Il chantent le jour et la nuit

Et bon etc.

 

Les vénérables Cordeliers bis

Montrent bien qu’ils sont les premiers

Des Couvens a Scandales ;

Surtout quand on les voit trinquer,

Il est aisé de remarquer

Qu’aucuns ne les égalle.

Des Disciples de St. Francois

Nul ne chante à plus haute voix,

Et bon etc.

 

Les Carmes qui par vanité,  bis

De la plus haute antiquité,

Tirent leur origine

Par cet endroit édifiant,

Montrent qu’ Elie êtoit friant ;

On dit Carme en cuisine,

S’il faisoit comme ils font icy,

Sans doute qu’il chantoit aussi,

Et bon etc.

 

Les Révérends frères Prescheurs,

Fulminent contre le pecheurs,

Quand il sont dans la Chaire;

Mais ventre a table et dos au feu

Ils s’en ressouviennent si peu,

Qu’ils font tout le contraire

Quant ils ont fini leurs sermons,

Ils disent sur un autre ton,

Et bon etc.

 

Les Augustins du grand Couvent,

Sont ceux qui suivent les plus souvent

L’exemple de leur pere;

Sa vie aprend à ses enfans,

Qu’à son corps dans les jeunes ans

Il ne fut pas sévere

Ils suivront son austérité,

Aprés qu’ils auront bien chanté

Et bon etc.

 

Chez la Patronne de Paris,

Que les moines sont bien nourris,

Que les portions sont amples.

Exempts du soin de leurs pareils,

Il ne pechent point par conseils ;

Ils pechent par Exemples,

Et pour se mieux faire imiter,

Ils sont les premiers à chanter,

Et bon etc.

 

Les severes Bénédictins

Pour se remplir les intestins

Epuisent les Rivieres,

Tanches, Carpes, Truites et Brochets,

A chaque repas qu’on y fait,

Sont les mets ordinaires,

Qu’ils vont au Ciel l’esprit content,

En beuvant, mangeant et chantant

Et bon etc.

 

Les Celestins matin et soir

Sont plus longtems au réfectoir

Que dans leur Oratoire.

Par les regles de ce Couvent,

Ils n’est permis d’etre scavant

Qu’à branler la machoire ;

Quant ils ont beu tanquam sponsus,

Ils dissent pour leur Agimus.

Et bon etc.

 

Les jours de recreation,

Mettant bas la devotion,

Les Capucins austéres,

A rouge bord boivent trés bien

A la Santé de leur gardien

Qui fait raison aux Peres,

Et comme ils n’osent fredonner

On les entend naziller

Et bon etc.

 

C’est a Chaillot ce haut séjour,

Où je me rencontray un jour

De Saint François de Paule,

Qu’on y fait maigre grassement

Et qu’on y mange proprement,

Et la vive et la solle;

Les Minimes entre deux vins,

Chantent du ton des Capucins,

En bon etc.

 

De bons Escraseurs de raisins,

Ce sont parmy les Augustins

Des Capucins d’Ebenne ;

Boire le jour, mettre la nuit.

Leur longue barbe en des Etuis

Est leur plus grande peine.

Ils chantent dans tous les pays

Ainsi qu’ils le font à Paris,

Et bon etc.

 

A Rome l’on fut tres surprise

Quand les Théatins de Paris

Eurent changé de note ;

D’où vient qu’ils ont change d’accent

Demanda le Pape Innocent,

Aux Auditeurs de Roue?

Ils ont crû qu’avec le pleinechant

Ils diroient d’un ton plus touchant

Et bon etc.

 

Les Disciples de Loyola*          *Les Jesuittes

Plus habiles que tous ceux là,

Ménagent leurs poitrines,

De peur d’altérer leurs Palais.

Ces Peres ne chantent jamais,

Ny vespres, ny Matines ;

Mais le jus qu’enferme l’ozier,

Leur fait chanter a plein gozier

Et bon etc.

 

Chanson

1696

Sur l’air du Ballet de la naissance de Venus

 

Vos yeux Brancas

Font bien du fracas

Sur les coeurs de tout le monde ;

On craint pourtant vos appas ;

Mais craignez charmante blonde,

            Qu’à la Cour,

En donnant de l’amour,

Vous n’en preniez à vôtre tour.

 

 

Autre

1696

Raillerie de l’Opéra de la naissance

 de Venus

 

Enfin nous verrons ce Balet qu’on nous vante;

            La Musique est charmante ;

            Elle est du petit Colas,

            Dont le public fait cas :

            Aprés son Céladon,

Il dit qu’il n’a rien fait qui soit si bon,

            Et je crois qu’il a raison.

            Mais pour la Simphonie,

            Elle est d’un autre genie.

Dieu mercy on y voit par morceaux

Le grand Lully, Pécours ce beau jouvençeau,

Dans son cerveau prit ce dessein nouveau

L’Abé Pique a fait la Poësie; voila qui êtoit biau!

 

Chanson

1696

Sur l’air: Reveillés vous belle endormie

 

Malgré la vendange frugale,

Quand nôtre invincible Louis ;

Conclura la paix générale,

Combien nous vuiderons de maids.

 

Autre

1696

Sur le mesme Air

 

D’une Comedie Italienne

 

Comme l’hyver a des roupies ;

Cérés des bleds, Flore des fleurs ;

Ainsi Paris a des harpies ,

Greffiers, Sergents et Procureurs.

 

Comme on voit pancher la balance

Du costé du poids le plus fort :

Ainsi l’eclat du plumet chasse

La Robe et les petits Colets.

 

Comme on voit que la pleine Lune

Vient par Dégrez au Firmament ;

Ainsi j’en scay dont la fortune

A commencé par le Croissant.

 

Comme le vers hors sa Coquille

Se change en Papillon brillant ;

Ainsi hors sa Mandille ,

Paroist en Marquis important.

 

Comme un Coucou que l’amour presse,

Prend un nid que n’est pas à luy ;

Ainsi l’Officier a l’adresse

De pondre dans le nid d’autruy.

Comme l’air, cet Elément fade

Donne à vivre au Caméléon ;

Ainsi mainte fanfaronade

Sert a souper à maint Gascon.

 

Le fétu d’abord pirouëtte

Qu’il est auprés de l’ambre chaud ;

L’Ambre à Paris c’est la Grisette,

Et le fétu c’est maint Courtaut.

 

 

Chanson

1697

Sur l’air: Sommes nous pas trop heureux

 

Sur le Duc de Chaulnes

 

Par Coulanges

 

Quand reverrons nous Bercy?

Et les rives de la Seine?

Quand reverrai-je la plaine

Qui me conduit à Choisi?

Bien que Chaulnes en Picardie

Méritz quelque séjour.

Pour l’usage de la vie,

Vive l’enfant du fauxbourg.*

 

*La petite Maison de Mr. le Duc de Chaulnes à Bercy.

 

 

 

1697                  Vers mis par Mr. d’Aubigni

au bas du portrait que ce Prince

lui avoit donné.

 

Ce Prince est d’etrange nature ;

Je ne scay qui diable la fait ,

Car il recompense en peinture

Ceux qui le servent en effet.

 

Autre

1697

Sur l’air: Vivez comme vos peres.

 

La révolte des Châteaux de Chaulnes, Picquigny, & Magny en 1697. Contre une petite Maison acquise par Mr. le Duc de Chaulnes, fort augmentée et fort embellie depuis, sur les bords de la Riviere de Seine à Bercy.

Par Coulanges

 

Quoi! ce Pere si sage,

Par nous si respecté!

Rogne nôtre appanage.

L’avons nous mérité ?

Et fait d’un enfant du fauxbourg

L’objet de son amour.

 

Il lui faut des Fontaines,

Des Meubles, des Tableaux,

Des Pots des Caisses pleines,

D’Orangers les plus beaux :

Enfin ce petit nouveau né

Va devenir l’aisné.

 

Emportez de colere,

Et Chaulnes et Picquigny.

Souffrirons-nous, mon frere,

Disent ils, à Magny,

Qu’in petit Cadet de deux ans,

S’esleve à nos dépens ?

 

 

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

Réponse de la petite Maison, autredite, la vigne de Bercy, pour parler à la mode d’Italie.

                                                      Par Coulanges

 

Pourquoi tant de colere ?

Freres, filez plus doux ,

Enfant d’un même Pere :

Sans bruit accordons nous ;

Car tout au plus je ne prétens

Que des jouets d’enfans.

 

Soyez en Picardie

Superbement bastis ;

Voyez moy sans envie.

A deux pas de Paris

Donner des fleurs dans leur saison

A mon papa Mignon.

 

Enfant de bonne chere,

Enfant de liberté ;

Je suis plus nécessaire

Que vous pour sa santé.

A t’il besoin d’amusement ?

Il me trouve en tout temps.

 

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

Réponse du petit enfant de Bercy.

Par Coulanges

* Cette chanson doit aller aprés celle qui suit, en êtant la Reponse.

 

Pourquoi me faire outrage ?

Vous qui m’estes si cher,

D’un Cruel voisinage

Si je souffre en hiver,

De ce voisinage en Eté

Vient toute ma beauté.

 

Qui du baing fait usage ,

En a le teint plus frais.

Le printems me ménage

Mille nouveaux attraits ,

Et s’en va meparer de fleurs

Des plus vives couleurs.

 

Je vous laisse, mon frere,

Vos Ifs et vos Ciprés ;

Jouissez de l’Eau clair,*

Qui vous vient a grands frais ;

Mais surtout profitez du vent,

Pour en avoir souvent.

 

* Les fontaines de Chaunes ne vont que par Machines à Chevaux, et à vent par un Moulin à vent.

 

Soyez bien encolere,

Mécontens et jaloux ;

Je n’y scaurois que faire,

Je me moque de vous.

Tous vos mépris sont superflus ,

Je n’y repondray plus.

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

Le Château de Chaulnes aux autres Châteaux ses frères, au mois de Decembre 1697 sur le premier débordement de la Riviere de Seine.

Par Coulanges

 

De nôtre petit frere

Il court un villain bruit ;

On ne scaït que luy faire ;

L’on dit qu’il pisse au lit.

Mais aussi ce petit garcon

Boit plus que de raison.

 

            Sur le 2.d Débordement

Scavez vous la nouvelle

Qui se répand icy?

Qu’encore de plus belle

L’Enfant pisse à Bercy,

Vingt Forests ne suffiroient pas

Pour lui sêcher des draps.

 

Cet enfant nécessaire

Pour les amusemens.

Toujours prest à bien faire,

Et qu’on trouve en tout temps.

Hélas! Ce beau petit garçon

L’hiver est un poisson.

 

1697

On pretend que l’on trouva sous la Table de

 Louis le Grand, une piece de trente sols envelope dans un papier sur lequel êtoit escrit

 

LOUIS fils de Louis le juste,

Et petit fils de Henry le grand,

Vous series plus grand, et plus juste

Si vous n’etiez Louis d’Argent.

 

 

Souhait des Protestant François

pour le repos de Louis.

1697

 

LOUIS dedans ce siecle a present estimé ;

Plus sage que Caton, plus vaillant qu’ Alexandre ;

On dit que Dieu nous l’a donné,

Hélas! S’il le voulait le reprendre.

 

 

1697

Sur la mort du P. Joseph Capucin d’Apoplexie, sans Confession.

 

Sous ce Tombeau gist un bon pere,

Qui eut tant de discrétion ;

Que pour être bon sécretaire,

Il mourut sans Confession.

 

Chanson

Sur l’air d’un Noël

1697

Sur M.rs le Noble, et de Vizé*

 

* Donneau s.r de Vizé est le 1er Auteur du Mercure

 

De vos nouveaux Mareschaux

            Les travaux,

Seront écrits dans l’histoire ,

Et le Noble et de Vizé ,

            Si prisez.

Les couronneront de gloire.

 

 

Pater des Quiétistes

1697

Sur l’Air du Confiteor

 

 

Pater noster qui es in caelis.

 

Chrestiens avides du pur amour,

Et pleins d’un espoir mercenaire ;

Charmez du celeste séjour,

Vous y chercherez votre pere ;

Mais pour nous il est en tous lieux,

Et dans les Enfers comme aux Cieux.

 

                                                Sanctificetur nomen tuum.

Je ne demande aucunement

Que vôtre nom l’on sanctifie ;

Si vous voulez absolument ,

Seigneur, que l’on le glorifie ;

On glorifiera ce saint nom,

Soit que je le demande ou nom.

 

                                                Adveniat regnum tuum.

 

Vôtre Royaume a des appas,

Pour des Ames interressés ;

Les nôtres d’un motif si bas ,

Se sont enfin débarrasseés ;

S’il vient il nous fera plaisir ;

Mais Dieu nous garde du désir.

 

                                                fiat volontas tua, sicut etc.

 

Afin qu’en terre comme aux Cieux,

Vôtre volonté s’effectüe ;

Vainement nous feronds des voeux.

Cette demande est superflüe,

Elle arrive infailliblement,

Résignons nous y seulement.

 

                                                Panem nostrum etc.

 

Seigneur, nôtre pain quotidien,

Ne peut être que vôtre grace ;

Donnez-la moy je le veux bien ;

Ne la donnez pas, je m’en passe.

Quoique je l’aye ou ne l’aye pas,

Je suis content dans ces deux cas.

 

                                                & dimitte nobis etc.

 

Si vous pardonnez mon péché,

Comme je pardonne à mon frere ;

Tant mieux, je n’en suis pas fâché.

Mais si pour moy plein de colere,

Vous me réprouvez à jamais,

Vous le voulés, je m’y soumets.

                                                & ne nos etc.

 

Seigneur si vôtre volonté

Me met à ces grandes Epreuves

Qui désesperent le Tenté;

Mon Coeur pour vous donner des preuves

De mon humble Soûmission,

Consent à la tentation.

 

                                                Sed libera etc.

 

Délivrez du mal temporel,

Et du vice, et de l’Enfer même ;

Ce Chrestien encore charnel.

Qui pour vôtre bonté vous aime.

Pour nous, soûmis à vos Arrêts,

Nous vous aimons sans interrêts.

 

 

Chanson

Sur l’air : C’est la pure vérité

1697

Sur M.r Puylon Medecin mort en 1697;

Laissant 120000 de bien. Il avoit esté Eschevin de Paris, n’estoit point marié.

 

On dit que le grand Paylon

A vecû comme un Caton.

Ce n’est qu’une médisance ;

On dit que son opulence ,

Ne vient que d’avoir presté

Sous bon gage sa finance,

            C’est la pure vérité.

 

 

 

Chanson

1697

Sur l’air de Joconde

Sur M. de Fenelon Archevesque de Cambray

 

Pourquoi Prélat est tu resté

Si longtems en Province ,

Esloigné de ta parenté?

Esloigné de ton Prince?

N’aime-tu plus rien à la Cour?

Cesse-tu de lui plaire?

Que t’at’on dit à ton retour?

Explique ce mistere.

 

Tu fais paroître un Mandement

Digne fruit de tes veilles ,

Où se débite doctement

De profondes merveilles ;

Mais d’un ouvrage de ce prix,

Le monde est peu capable.

En ce tems en veut des Ecrits,

Contre un cas detestable.

 

Le bruit est que ce mot fameux

Respectueux Silence ,

N’est pas si mauvais à tes yeux,

Comme on le trouve en France ;

Mais ceux qui te consultant bien

Te font plus de justice ;

Un moment de ton entretien

Te purge de ce vice.

 

 

Chanson

1697

Sur l’air de Mai

Sur M. de Salignac Archevesque de Cambray.

 

Si de Cambray donne dans la Chimere,

Monsieur de Meaux* ne s’en écarte guere;  * Bossuet, Evesque de Meaux

                        Paix!

            Rome a decide l’affaire

            Qu’elle n’entendit jamais.

Chanson

1697 Février

Sur l’air: C’est la pure vérité

 

Sur M.r de Noailles Archevesque de Paris

 

 

L’Archevesque à ce qu’on dit

Veut convertir tout Paris ;

Ce n’est qu’une médisance.

Au Seigneur point il ne pense,

Ce n’est qu’un zele affecté ,

Pour mieux plaire au Roy de France,

C’est la pure vérité.

 

On dit que nostre Pasteur

Fait l’aumosne de bon coeur ;

Ce n’est qu’une médisance.

L’On dit que par Conscience ,

Soûtenant sa dignité

Il bâtit* à toute outrance .

C’est la pure vérité.

 

* Mr. l’Archevesque fit alors rebastir l’Archevesché.

 

 

Autre

1697

Sur le mesme Air

 

Sur le Duc de la Feuillade (Aubusson)

 

La Feuillade, cedit on,

A renounce aux guenons ;

Ce n’est qu’une médisance.

Coligny (1) a de l’absence

De Chambonneau (2) profite ;

Le Duc paye, et d’autres dansent,

C’est la pure vérité.

(1)          Marie-Constance-Adelaide de Madaillan de l’Espace, venue de M.r de Coligny en 1694.

(2)          N……. Palustre de Chambonneau, d’une noblesse de Poitou. Elle avoit êté maitresse de Monsieur, et du Prince Philippe.

 

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

On dit que le Parlement

Passe tout aveuglement ;

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que pour récompence

De Harlay est asseuré                              1er President

D’etre Chancelier de France

C’est la pure vérité.

 

Autre

1697

Sur le même Air

Sur M.r Pilon Medecin mort en 1697 laissé 1200 mt de bien.

Il avoit êté Eschevin de Paris, et n’êtoit point marié.

 

On dit que le grand Pilon

A vécu comme un Caton,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit que son Opulence

Ne vient que d’avoir presté

Sous bon gage sa Finance ,

C’est la pure vérité.

 

Chanson

1697

Sur l’air: C’est la pure vérité.

 

Sur Achille de Harlay fair Con. er d’Estat.

 

On dit qu’ Harlay au Conseil,

Va briller comme un soleil,

Ce n’est qu’une médisance.

On dit qu’a son ignorance,

Il doit cette vérité,

Bien mieux qu’ à son éloquence ;

C’est la pure vérité.

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

Sur la du Rieux

 

On dit que la Durieux,

Aux hommes fait les doux yeux,

Ce n’est qu’une médisance.

+Elle se laisseroit baiser, + On dit que sans répugnance.

Si l’on faisoit les avances,

C’est la pure vérité.

 

Autre

1697

Sur l’air: Il a batu son petit frere.

 

De la Brou et de la Vieuville

Les deux plus grands C… de la ville.

Petit Gaston que prétends tu?                     Le duc de Foix

Croi moi, quitte ces deux Bougresses.

Je tiens ton pauvre V……. perdu

S’il ne se sauve entre leurs fesses.

 

Autre

1697

Sur l’air la vieille certain se fâche.

 

Ferrant a dans sa famille

Quatre enfants se portant bien ;

Il court un bruit par la ville,

Que s’il en avoit dix mille,

Et que chacun reprit le sien

Monsieur Ferrant n’auroit plus rien.

 

Chanson

1697

Sur l’air de Graveline

 

Sur les Jesuites

 

Pour ces Boug… de Sodomites

Que le feu du Ciel consomma ;

C’est l’avis des Peres Jesuites

Que ce ne fut pas pour cela ;

Mais c’est qu’ils vouloient f…. un ange

Dont le Cul sent la fleur d’Orange.

 

 

Autre

1697

Sur l’air de Griselidis

 

Sont-ce là les merveilles,

Que l’on ait à Paris,

Chassé les Maquerelles

Par un sévére Edit?

Puisqu’aujourd’huy

En plein repos chez Elles

J’ay trouvé la de Brou et la d’Alluy.

 

 

Acrostiche sur le nom de Philberte du Mas

1697

Pressé de ton amour charmante Philiberte

Hélas! Je vais tenter ma fortune ou ma perte,

Implorant de ton oiel arbiter de mon sort,

L’arrest de mon Bonheur, ou celui de ma mort;

Ie ne puis plus souffrir les rigeurs de ta flame,

Belle accorde à mon mal son unique didame.

Et sit u es sensible aux traits de la pitié,

Repassant dans un Coeur ma parfait amitié

Ta rigueur, mes douleurs, tes mépris, ma souffrance,

Et dans ta cruauté ma longue patience

Donne une recompense à ma fidélité.

Uerse sur mes travaux un don de ta beauté;

Montre toy aujourd’huy aussi juste que belle ;

Adorant mon amour d’un amour mutuelle

Soit joint ton Coeur au mien inséparablement.

 

 

A L’Ombre de Mr. de Turenne

1697

Sur la Victoire de

M.r le Duc de Vendosme

 

Héros dont la cendre est meslée

Avec celle de tous nos Rois ;

De ton superbe Mausolée,

Daigne écouter ma faible voix.

 

Je chante ta guerriere audace ;

Mais qui pourra suivre la trace

De tes illustres actions?

Je cherche en vain cette vaillance,

Qui soûmit jadis à la France

Les moins domptables nations.

Où sont les brillantes années

De tes triomphes éclatans?

Quelles fatales destinées

Ont fait changer ces heureux temps ;

Où la valeur et la prudence

Etant chez toy d’intelligence ,

Fournissoient à tous nos besoins,

Où ta troupe troujours tranquile,

Prenant ton Camp pour un azile,

Dormoit a l’abry de tes soins.

Habile en l’art de la retraite,

Comme dans celui des combats ;

D’une inévitable défaite

Tu scavois sauver tes soldats.

Jamais tu ne vis ton Armée

Par un plus grand nombre allarmée.

Les coeurs par ta voix rafermis,

Cherchoient à te combler de gloire ;

Si tu n’avois pas la victoire,

Tu l’ostois à tes ennemis.

 

Quand pour le malheur de la France

Tu descendis aux sombres bords

Dans Luxembourg, de ta vaillance,

Nous vîmes tes Nobles efforts ;

Catinat redoutable et sage,

Nous montroit encore ton image;

L’un par la Parque est abatu,

Et l’autre sans perdre la vie ,

Noble victim de l’envie ;

Cache son oisive vertu.

 

Avec ces héros la victoire

Semble avoir quitté nos Estats ;

De tant de hauts faits la mémoire

Fait en vain rougir nos soldats ;

L’art de vaincre n’est plus d’usage ;

Foible comme en son dernier âge

La France languit sans ardeur ;

Et sous cet inconstant Empire,

Presqu’en même tems l’on admire,

Et le courage et la tiedeur.

 

Ombre de ce grand Capitaine

Force donc l’Empire des morts,

Valeureux et sage Turenne

Reviens paroître sur nos bords ;

Entends de ta triste Patrie

La voix gémissante qui crie ;

Daigne encore venir nous aider.

Héros d’une gloire immortelle,

Dis nous au moins sur ton modele,

Quel mortel peut te succéder?

 

Mais de quelle eclarté soudaine

Mes sens tout à coup sont surpris?

J’entends la voix du grand Turenne

Qui répond à mes justes cris.

Elle vient à moi sans obstacle,

Escoûtons l’infaillible oracle.

Il veut nous parler clairement

Puisse enfin l’avis salutaire

Qu’ouvrira le Dieu tutélaire

Guérir nôtre assoupissement.

 

Si vous voulés de vôtre Empire

Voir renâitre les beaux jours,

Un mortel parmi vous respire,

Aqui l’on doit avoir recours.

Il est d’une race Royalle,

Sa valeur à la mienne égale,

Fera refleurir vos Estats ;

Mais gardez vous, quand il moissonne

Des Lauriers aux champs de Bellonne,

De détourner ailleurs ses pas.

 

C’est devant lui que Barcelonne,

Vid tomber ses forts boulevards,

Devant lui le Germain s’etonne,

Et l’Aigle baisse ses regards.

Tant qu’il resta dans l’Ausonie,

Dans tous les champs de Lavinie,

Il fit arborer vos Drapeaux.

Dés qu’il partit, la destinée

Vous remit dans une journée

Les fruits de ses Nobles travaux.

Ainsi dit l’Ombre fugitive,

Et puis repassant l’Achéron

Elle reprit bientost la rive

Qui mene au Palais de Pluton;

Pour elle la route est aisée

Aux lieux sacrés de l’Elizée,

Séjour pour les héros fondé ;

Aprés avoir suivi leur trace,

Elle fut reprendre sa place

Prés de Coezar et de Condé.

 

 

 

Chanson

1697

Sur l’air Mon Confesseur m’est rude.

 

Sur la mere de M.r de Caillieres qui a êté Plénipotentiaire à Riswick.

 

La vieille Cailliere,

En sortant d’un verger ;

Adit toute en colere,

Vous me faites enrager ;

Je scay cequ’il faut faire

Pour se bien satisfaire

Sans se mettre en danger.

 

 

Chanson

1697

Sur l’air: Reveillez vous belle endormie

 

Pour M.r le Prince de Conty, aux Polonois.

 

Peuple guerrier dont la vaillance,

Mérite un Roy de vôtre humeur.

N’en cherchez point d’autre qu’en France,

C’est le Pays de la valeur.

 

Aux appas de vôtre Couronne,

Plus d’un héros fait les yeux doux.

Si c’est la vertu qui la donne,

Conty doit l’emporter sur tous.

 

Il est brave, vaillant et juste,

Universellement aimé.

Il est du sang de nôtre auguste,

Sur ce modele il est formé.

 

Quand vous dissipates l’orage,

Preste a fonder sur vos Climats.

Cézar eut il fait d’avantage,

Que cequ’il fit dans ces Combats?

 

Depuis ce tems la Renommée

Nous a répeté millefois,

Que toute la France est charmée,

De la grandeur de ses Exploits.

 

Nos plus fiers soldats admirent

Sa fermeté dans les hazards ;

Nos Ennemis s’en étonnerent,

Et le prirent pour le Dieu Mars.

 

Haute Noblesse prospolite,

Si vos interrêts vous sont chers ;

Donnez vous un Roy qui mérite

L’Empire de tout l’univers.

 

 

Chanson

1697

Sur l’air de Pierre Bagnolet.

 

Admirés la valeur guerriere

Du grand Guillaume de Nassau,

Pour arrester cette ame altiere

Il ne faut qu’un petit ruisseau.

            Ah! qu’il fait beau ;

Le voir, et le Duc de Baviere

Comme un Chat avoir peur de l’eau.

 

Là d’un esprit doux et tranquille,

En vain il faut dresser des Ponts ;

Lorsque Louis prent une ville

Aux yeux de ses fiers Escadrons

            Fi du Poltron,

Qui n’ose aprocher d’une ville

Avec cent mille Compagnons.

 

Excusez son peu de courage

En pareilles occasions ;

Il est politique, il est sage ;

Il avoit son mal de poulmons,

            Et ses raisons,

Pour n’en pas faire d’avantage

Devant Namur, que devant Mons.

 

Il eut un jour une infortune

Don't le souvenir est amer,

Lorsqu’il fit deux pertes pour une

Voulant secourir Saint Omer ;

            Ce Stadhouder,

Prend toujours a bourse commune,

Pour ne scavoir tirer le fer.

 

Il scait ce ruse Capitaine

Espargner le sang des soldats ;

Quelle methode est plus certaine,

Que d’eviter tous les Combats?

            Qui suit ses pas,

Ne se voit jamais à la peine

De perdre ny jambes, ny bras.

 

N’est-ce pas ester assés habille ?

Que lui serviroit plus de Coeur?

Il ne prétend point d’une ville

Se faire voir le deffenseur ;

            Frivolle honneur;

Mais il est plus hardy qu’Achille,

Quand il faut être usurpateur.

 

 

Autre

1697

Sur le même Air

 

François zélés pour l’Evangile,

L’honneur de la Religion ;

Si devant vous on ne fait gille ;

Massacrez sans compassion,

            Tois les Dragons

Qui vous ont arraché la Bible,

Et fait faire abjuration.

 

 

Autre

1697

Sur l’air du bransle de Metz

 

Pour les plaisirs des Coquettes,

Vive Marseille et son Cours ;

C’est le séjour des amours,

Et des intrigues secrettes ;

Et dés qu’on a fait le marché,

On va sous l’Arbre du péché.

Gros Arbre dans le cours, autour duquel on s’assemble.

 

On disoit que c’est la foire,

Où se vendent les beautez ;

On y vient de tous côtez,

Pour la blanche et pour la noire.

Et dés etc.

 

Belle et bonne Marchandise,

Est offerte à tous venans ;

Quand c’est de l’Argent comptant ,

On ne fait point de remise ;

Et dés etc.

 

Tout le monde de peut sans crainte,

S’y donner des rendez vous ;

La presence d’un Epoux,

N’y tient personne en contrainte ;

Et des etc.

 

Chanson

1697

Sur l’air: Tetigué si je tenois la fille à M.e Gervais

 

Sur Mr. Tambonneau

 

Tambonneau cebeau garçon,

A toujours le mot pour rire.

S’il se fait quelque Chanson ;

C’est lui qui la scait mieux dire ,

Je veux avoir le Moineau

De Nicolas Tambonneau ;

Vray Dieu le plaisant Oiseau.

 

Il en fit une sur moy,

Il disoit que j’estois belle ;

Mais je ne scais pas pourquoi,

Il dit que j’estois cruelle?

Je veux avoir le moineau

De Nicolas Tambonneau,

Vrai Dieu le plaisant oyseau.

 

Il me vint baiser, hélas!

Un jour faisant l’endormie ;

J’entendis qu’il dit tout bas ,

Ne voudrois-tu pas ma mie ,

Loger le pauvre moineau,

De Nicolas Tambonneau?

Vrai Dieu le plaisant Oiseau.

 

Tambonneau reconnut bien

Que je n’estois pas trop morte ;

Tant fit, qu’il trouva moyen

De me mettre de telle sorte

Que je logeay le moineau

De Nicolas Tambonneau.

Vray Dieu le plaisant oiseau.

 

 

Autre

1697

Sur l’air: Je ne boy plus, je vis comme un reclus

 

 

Pauvre Grisel,

Quand ton mal seroit tel,

Et que dans ton hostel,

Ta femme avec un tel

Etu fait péché mortel.

Falloit-il pas bien mieux cacher son vice,

Que de le faire éclater en justice?

            Ton front

 En at’il moins d’affront?

 

            Ah! par ma foy

J’en use mieux que toi ;

Sitost que j’aperçoy

Quelque galand chez moy,

Je sort et me tient coy ;

Et cependant qu’on cajolle ma femme ;

Bacchus à soin de contenter mon ame.

                        Ainsi

            Je n’ay point de soucy.

 

            Pauvre Cressé,

  N’est tu pas insensé?

  De te croire offensé,

  D’avoir ête fessé

  Par un mari blessé ;

Les coups de fouët donnés dedans la forme;

Ne valent pas la peine qu’on informe;

            Son Cul

  En fut il moins battu?