Chanson
1665
Sur l'Air: Jardinier ne vois tu pas etc.
Sur le Cardinal Chigi Légat en France aprés le Traité de Pise en 1664.
En arrivant, ce dit on,
Sur le Parc de Marseille;
Ne trouvant point de garçon,
S'avisa de F........en C.............
Merveille, merveille, merveille.
Nôtre grand Légat Romain
Dedans son Ambassade,
Aporta plus d'un corps saint;
Mais il remporta le sien
Malade, malade, malade.
Le Légat à Galamont
Pris en C....... la Chaudepisse;
Il demande au Parlement
Pour son boug.....d'instrument
Justice, justice, justice.
[3]
Sur la mort de Nouveau, qui essayant un Cheval chez la Vie 1665
Maquignon, il se renversa sur lui, dont il mourut.
Passant, arreste et plains son sort,
Puisque la pitié t'y convie,
Nouveau a rencontré la mort
Où les autres trouvent la vie.
[5]
Chanson
1665 et
1666
Sur l'air: Un chapeau de paille.
Raillerie sur la fausse Noblesse.
Depuis six mois l'on ne voit que noblesse
Le long de ces chemins,
Changez de sacs, qu'ils remuent sans cesse
Tous leurs vieux parchemins;
Disant voicy de quoi faire voir comme,
Je suis Gentilhomme moy, je suis Gentilhomme.
Mais l'on n'a pas achevé de produire
Qu'un Commis de Bousseau,
Dit aussitost, ne cherchant qu'à leur nuire,
Je veux ni inscrire en faux;
Car des Contracts la grosse je rebute,
Je veux la Minutte moy etc.
Vous demandez une chose inciville,
Dit le Noble assigné;
Car si les rats, depapier si fragile,
Ont fait leur desjeuné.
Ou si le feu les a réduit en cendre,
Où les puis-je prendre moy etc.
[6]
Ce n'est pas là répond un de ces drôles
Le saq qu'il faut à nous;
Produisez nous grand nombre de Pistolles,
Nous aurons soin de vous,
Nous vous ferons en donnant bonne somme,
Ancien Gentilhomme etc.
Si vous voulez me faire une remise
Je vous satisferay.
Et je voudray jusques à ma chemise,
Ou j'en aporteray;
Quoique je n'aye commis de dérogeance,
J'aime l'asseurance moy etc.
Lors le Commis entendant leur promesse,
D'un ton un peu plus doux;
Vous passerez, dit-il à la presse,
Et j'aurai soin de vous,
Et fussiez vous vilain de six cent race,
Je vous feray grace moy etc.
Sire, éprouvez s'il vous plaist nôtre zele,
Par un Arriereban:
Envoyez nous contre les Infidelles,
Et le Mahometan.
Nous craindrons moins cent mil Janissaires,
Que deux Comminssaires nous etc.
[7]
Chanson
1666
Sur l'air......
J'ay le coeur tendre comme un jeune veau
Pour la charmante Madame du Veau;
Et je voudrois bienpouvoir
Voir,
Ceque l'on ne peut avoir,
Et ses Testons sous son mouchoir,
Noir
Le patiner tout un soir.
Elle répond à cela, Dieu merci mon bon papa,
Et maman m'ont bien nourrie;
J'ay entretenu leurs leçons;
Les garçons
Ne toucherons de leur vie
A mes Testons.
[9]
Chanson
1666
par Blot.
La Feuillade petit rousseau
Ne vaut rien pour Bardache;
Personne ne le trouve beau
Avec son poil de vache.
Dieu l'a fabriqué si maudit,
Qu'il n'est bon qu'a branler le V.....
A Jean de vert.
[10]
Autre
1666
Sur l'air
Jacques Tardieu Con.er au Parlement receu le 30. Juillet 1620 puis Lieutenant Criminel à Paris. Fut assassiné le Lundy 24 Aoust 1666 le jour de la St. Barthelemy avec N....... du Ferrier sa femme qui êtoit fille du celebre du Ferrier Ministre à Montpellier.
Ils ont tué Monsieur
Lieutenant plein d'honneur,
Criminel de la ville:
Sa femme mesment
Pour avoir leur argent
Lachon est peu civille.
[11]
Chanson
1666
Ha. Mouffy, mon cher favory!
Modere un peu ta flame,
Garde surtout d'etre mary
Connois tu plas les femmes?
Plustost que d'être dans amant,
Elles prendront Tillet ou Carman,
Ou Jean de vert.
Ha! des Barreaux mon cher amy,
Où sont tes complaisances;
Quoi! tu abandonnes Moussy
Au milieu des souffrances,
Il a le coeur empoisonné.
Il est bien plus empoisonné.
Que Jean de vert.
[12]
1666
Sur la mort du Lieutenant Criminel Tardieu.
Cy gist un Juge qu'on abhorre,
Aqui le sang plaisoit si fort,
Qu'il fit rouer tous vifs encore
Des gens même aprés sa mort.
Chanson
1666
Sur l'air de Graveline ou de Catin la belle Jardiniere.
Sur............de la Nielle, ou niesle.
La Chaudepice de la Neille Valet de chambre du Roi.
Fait tout l'entretien d'aujourd'huy;
Mais ce nest pas grand merveille,
Sa femme l'a tout comme lui,
Et le beau de leur destinée
Ils ne se là sont point donnée.
[12]*
1666
Sur les Rondeaux de Benserade, qu'il envoya à M. d'Olonne à la Ferté-Milon où il êtoit relegué et malade de la Goute.
Rondeau en vieux langage.
Je ne scaurois qu'admirer seulement,
Et de tes vers louër tout simplement;
Le tour heureux et l'heureuse cascade
Pour ce? que n'au-je Ode, Sonnet , Balade,
Ou chant Royal, à mon commandement?
Je m'en voudrois aquitter dignement,
Et je tenterois un mauvais compliment;
Car m'excuser sur un je suis malade.
Je ne scaurois.
Quoi! vos Rondeaux font la nique à Clement;
Je voudrois bien l'aller dire hautement
De mon pied même à la grande bourgade,
Brin n'en doubtez, Monsieur, de Benserade;
Mais trop scavez que malheureusement
Je ne scaurois.
d'Olonne.
Sur L'Embrasement
1666
de la ville de Londres
en 1666.
Sonnet
Ainsi brusla jadis cette fameuse Troye
Qui n'avoit offensé ny ses Rois, ny ses Dieux;
Londres d'un bout à l'autre est aux flames en proye,
Et souffre un même sort, qu'elle mérite mieux.
Le Crime qu'elle à fait, est un crime odieux,
A qui jamais du Ciel la grace ne s'octroye;
Le Soleil n'a rien veu de si prodigieux.
Je ne pense pas que l'univers le croye.
L'horreur ne s'en pouvoit plus longtems soûtenir,
Et le Ciel accusé de lenteur à punir,
Aux yeux de l'univers enfin se justifie.
L'on voit le chastiment par dégrez arriver,
La guerre suit la Peste, et le feu purigie
Ceque toute le mer n'auroit pas sceu laver,
Benserade.
[15]
1666
Madrigal
Grand ROY, des Rois le plus puissant,
Arbitre de toute la Terre;
Dépouille le Lyon, renverse le Croissant,
Et laisse en repos l'Angleterre;
Aussi bien quand le Ciel secondant tes projets,
De ces peuples voisins te feroit des sujets;
Tu ne trouverois plus de quoy te satisfaire;
Ce qu'ils eurent jamais de rare et de parfait,
S'est rendu sans combat, à ton auguste frere; Gaston d'Orleans
Apres ceque chez eux le Dieu d'amour a fait,
Qu'est ceque Mars y pourroit faire?
1666
Lettre de Mr. de Benserade, à Mr. le Chevalier de Lorraine, sur le sujet de Mad.lle de Fienne dont il est amoureux, du 6 Aoust 1666.
Digne sang de ce brave et généreux Harcour,
Beau Chevalier; grand Prince, aimable créature,
Chef d'oeuvre où la fortune ademeuré tout court.
De peur de n'aller pas si loin que la nature.
Il me semble que j'irois moi même assés loin pour
peu que je voulusse continuer de cette sorte, et peut
être vous dirois je d'assés jolies choses qui vous
toucheroient pourtant beaucoup moins que ceque
vous attendez que je vous dise. Laissons donc là
vôtre Eloge, et venons à vôtre secours.
Il faut courir au plus pressé
Encore qu'à la gloire un héros se desvoüe;
Un héros quand il est blessé,
N'a pas tant besoin qu'on le loüe,
Qu'il a besoin d'estre pensé.
La 1.re chose que je fis hier, aprés avoir receu vôtre
Lettre, ce fut de ne l'a pouvoir lire, tant le caractere
m'en parût difficile, je fus contraint de chercher
[16]
une personne affidée, qui connût vôtre main;
au même tems que je crus avoir rencontré mon fait
pour cela, on prir a tâche de me persuader que je
m'estois trompé.
Affectant d'ignorer si vous scaviés escrire,
Chaque mot aux Experts causoit de l'embarras,
Et l'on faisoit semblant de ne scavoit pas lire
Pour mieux faire semblant qu'on ne vous aimoit pas
Ce que je puis vous dire c'est que les Affaires me par
roissent au même état qu'elles êtoient, aussi ne faites
vous que partir.
Celle que vous aimez scait trop bien se conduire
Pour ne pas toujours vivre avec vois comme il faut;
Du Sexe elle n'a pas l'ordinaire défaut,
Et quand elle l'auroit, l'iroit elle produire,(8)
Lorsque vôtre départ est encore tout chaud?
Certainement toutes les Regles de la Phisionomie
sont fausses, ou vous n'avez rien a craindre de
ce côté là, ce n'est pas qu'un homme plus timide,
n'eust bien lieu d'etre alerte; mais enfin je suis
persuadé que tout ira bien pour vous, avec la restriction
des faiseurs d'Almanachs, qui promettent la pluye,
a le beau temps, je ne vous promets rien, amour
surtout.
Où vous êtes je croy que vous pouvés confondre
Tout ceque vous avez de Rivaux sur les bras;
Mais bien précisément je ne vous puis répondre
De ceque vous ferez où vous ne serés pas.
En tout cas j'oserois bien asseurer vôtre maîtresse,
que Mr. de Ruyter ne lui nuira pas auprés de vous;
mais je ne me fais pas fort que M.r de la Valliere
ne vous incommode auprés d'Elle
Plus un Exemple vous témoigne,
Que l'absence détruit le plus ferme projet;
L'on croit diminuer l'objet
A mesure qu'il s'eloigne.
Il c'est veu néantmoins dans tous les temps, de grandes et celebres passions, que l'absence n'a point détruit, affoibly, ni diminué. Croyez moy ne vous desespérés pas, donnez vous tout entier à la gloire, et faites tant de bruit, que vous les empeschiez de s'entendre tous deux, pendant que vous serez éloigné.
Avec ces plaisirs quelque peu de divorce,
[17]
Fait qu'on est mieux receu quand on est de retour,
Et l'amour n'est jamais un véritable amour,
Si l'estime, et l'honneur n'en augmentent la force.
Chanson
1666
Sur l'air ha Monsieur le Capitaine.
Dans vôtre quartier la Baume
On voit hostel contre hostel
Chez le bon homme Vendosme,
Dans vôtre quartier la Baume
On vit comme à sodome,
Et chez vous comme au bordel.
Dans vôtre quartier la Baume
On voit hostel contre hostel.
[18]
Chanson
1666
Sur l'air: Qu'en dis tu Jean de Nivelle?
Sur un Feu d'Artifice que le Mareschal d'Estrées donna à la place Royale.
Bon homme aux yeux de ratine,
Vous avez l'Ame bien fine,
D'allumer un si beau feu,
Quand la force naturelle
Manque a Jean de Nivelle,
L'Artifice fait son Jeu.
[19]
Chanson
1666
Sur l'air: Objet charmant & beau.
Par le Comte de Mata (Bourdeille),
pour Madame de Longueville(Orleans).
Je serois bien fasché bis
De manquer au respect qu'on doit à la Duché;
Mais le C.........de Brissac n'est pas bien desseiché.
Objet charmant et beau, bis
Pourquoi craignez vous tant un si petit ruisseau?
Est-ce pas au Soleil à se coucher dans l'Eau?
ou
Objet charmant et beau, bis
Pourquoi craignez vous tant un si petit ruisseau?
Est-ce pas au Soleil à se coucher dans l'Eau?
ou
Objet charmant & doux, bis
Vous n'estes pas pour moy, je ne suis pas pour vous,
Je ne suis qu'un galant, il vous faut un Epoux.
Objet rempli d'appas, bis
Je vous donne mon coeur, ne le refusez pas;
Je soupire pour vous; mais je soupire bas.
ou
Objet rempli d'appas; bis
Nous soupirons tous deux ne vous y trompés pas;
Je soupire tout haut, vous soupirez tout bas.
[20]
Je soupire en chantant, bis
Absent & malheureux; mais fidelle et constant;
Cependant philis n'en veut pas faire autant.
Je jure par tes yeux, bis
Serment qui m'est plus cher que les Dieux;
Que si tu m'aime, je t'aime encore mieux.
En amour se dit on. bis
Qui s'eloigne des yeux, s'eloigne aussi du C.......
Serviteur à Messieurs qui s'en vont à Langon.
Chanson
1666
Sur l'air: Vous avez belle Bregis.
Par feuë Madame
Vous avez belle Brégys
Plus de printems que les Lys;
Car chaque Lys n'en a qu'un,
Et vous en avez cinquante,
Et bientost cinquante et un.
Dessous l'amoureuse Loy,
C'est trop d'un quand on est trois;
Et j'ay oui dire à tous ceux
Qui débitent des fleurettes
Qu'il ne faut être que deux.
[21]
Chanson
1666
Sur l'air: Je suis l'agreable Harmonie
Je suis Guenegaud villemousse,
Ou villemousse Guenegaud;
Bien que mon nom rime à Nigaud,
Je suis plus fin que douze
Je parle comme des Barreaux,
Ou du moins comme Guenegaud.
Autre
Je suis Baziniere farouche,
Qui ne puis par mons ny par vaux
Retenir mes vistes Chevaux,
Tant ils sont fort en bouche.
Je regne en un grenier a foin
Mais au combat/convoy je n'y vay point.
Autre
Je suis la petite Cheselle, ou Choiselle, ou Sechelle
Qui prophanant trop mes attraits,
Par fois aux Pages et Laquais
Ne fut pas trop cruelle;
Ma mere même sur ma foy Mad.e de la Boeste
Est une sainte au prid de moy.
[22]
Autre
Sur le même Air.
Je suis la belle Tourangelle
Qui viens me montrer à la Cour.
Qui scait achepter mon amour,
Ne me trouve jamais cruelle,
Et l'on m'apelle la Compain;
Car mon C.......est mon gagne pain.
Chanson
1666
Sur l'air des Rochelois
Blot fit ce Couplet pour le vicomte de Letouraille.
Il ne manque point de deniers,
Il a du bléd dans ses greniers;
Il boit sans mesure et sans compte.
Je l'aime mieux que vous Monsieur;
Il est Laboureur et vicomte,
Il est vicomte et Laboureur.
[23]
Chanson
1666
Mr. de Fieubes êtant amoureux de Mad.e Dalesseau; Elle fit connoissance avec M.r d'Alesso d'Avaux, et malgré son mary qui êtoit fort jaloux. Mr. d'Avaux vint chez Elle, Mr. de Fieubet en demeura surpris, et fit cette Chanson sur le champ à l'imitation de la Carte du Tendre qui est dans Clelie, Livre fort à la mode en ce tems là.
Madame Dalesseau fille de Mr. Tibeuf Con.er au Parlement, femme d'un Con.er au Parlement, soeur de Mr. de St; Germain aussi Con.er est à present Comtesse de Letre.
Vraiment, ce galand va bel air,
Il n'est entré que d'aujourd'huy à Tendre,
Et je viens d'aprendre
Qu'il vogue sur mer;
Avant qu'il soit la fin de la Journée,
Il se verra dans l'Isle fortunée.
C'est là que ce Pilote,
Aura le loisir,
De rafraichir sa Flote
Avec plaisir,
[24]
C'est là que d'haute lute,
Malgré la troupe cornutte,
Ce verd galand fera,
Tout ce qu'il lui plaira.
Chanson
1666
Le Chancre du cher Romainville
A nôtre commerce interdit;
Quelle seureté pour la ville
Si le Cul donne mal au v.....
Je m'en vais donc branler la pique.
Culs et C....s je vous fais la nique.
Autre
Imitons Henry* ce bon homme,
Il nous donnera des leçons;
Car il n'enculle, ny n'enconne,
Si ce n'est la main des garçons;
Et s'escrie en branlant la pique
Culs et C....... je vous fais la nique.
* Henry Prince de Condé
[25]
Chanson
1666
Valency la Chauve,
Et Belesbat l'Abbé,
Font dans leurs Alcove,
Comme un bien dérobé,
Cequ'on fait d'ordinaire
Quand on fait l'amour,
A la Cour;
Mais leur misere
C'est ne pouvoir imiter Saucour.
Le Mareschal d'Estrées
Caresse Manican, Langueval
A quatre vingt années,
Lui veut faire un Enfant;
Jurant comme un hermite,
La nuit et le jour,
Qu'en amour
La Carmelite
Le fait aller de pair avec Saucour.
Libera la brunette
Avec des mouvemens,
Au son des Castagnettes
[26]
Engage mille amans,
Et dit en leur présence,
La Nuit et le jour.
Qu'en amour
Point de cadence,
Si l'on ne danse avec le grand Saucourt.
Chanson
1666
Sur l'air Quitte ta houlette berger.
Sur l'Abé l'Aisné.
L'Abbé à sa Niece
Disoit plein de tendresse.
L'Abbé à sa niece,
Disoit d'un ton fort doux,
Viteaux je t'aime
D'amour extrême;
Fais en de même.
Embrassons nous
Si c'est péché je t'en absous.
[27]
Chanson
1666
Sur l'air...........
Petite Belesbat
De Fiesque est au grabat, Soeur de Madame de Choisy femme du Chan.er de
De cette nuit derniere. M. le Duc d'Orleans.
Vous l'avez trop tenu
Entre Nos breas tout nu.
Il s'en plaint à sa mere.
Madame d'Estiffac Femme du frère de M. de la Rochefoucault, a censée
L'honneur est au bissac d'etre grande Tribade.
Vous êtes décriée
Belesbat/Fiesque nous a dit
Qu'estant dedans son lit,
Vous l'en aviez priée.
Aussi dans les discours
Que fait de vos amours,
Cette pauvre abusée;
Elle manque en ce point;
C'est qu'elle ne dit point
Vous avoir refusée.
Ainsi on juge bien
Qu'il ny va pas du vôtre,
[28]
Guerre moins que du nôtre,
Et le bruit est trompeur,
Ou l'une aura grande peur
Quand on brûlera l'autre.
Chanson
1666
Sur l'air...........
Sur la Morale du Pere Escobar.
Le péché n'est plus qu'une fable
Escobar en est caution;
Et l'on prend pour dupe le Diable
En dirigeant l'intention.
Vous qui de Cerf portez la teste,
Venezà la chasse avec nous,
Si nous ne trouvons point de beste
Nous meurons nos chiens aprés vous.
[29]
Chanson
1666
Sur l'air des petits sauts de Bordeaux.
Sur Madame de Choisy, femme du Chancelier
de M.r le Duc d'Orleans.
Chanceliere l'on s'etonne
De te voir sitost coucher;
Quand c'est l'amour qui l'ordonne,
On ne scauroit s'en fâcher;
Mais on passe pour farouche
D'un commun consentement.
Quand à huit heures on se couche,
En faveur du sacrement.
[30]
Autre
1666
Sur le même Air.
Au Bal de Mademoiselle, Montpensier
Cequi parût de plus beau,
Ce fut de voir en donzelle
Gambader la Tambonneau. Elle avoit eue affaire avec M. de Mortemar.
On dit qu'elle êtoit fort sage, Elle n'avoit lors de ce bal que 21 ans.
Et belle comme le jour,
Qu'elle dansoit pour son âge
Mieux que femme de la Cour.
Chanson
1666
Sur l'air: Il dort il est de glace entre vos bras.
Sur Monsieur, et Madame soeur du
Roy d'Angleterre.
Il dort, il est de glace- Votre Epoux est de glace.
Entre vos bras;
Si j'estois à sa place ce Couplet est du Comte de Guiche.
Madame, hélas!
Je mourrois de plaisir qu'il ne sent pas.
Il dit à ses amintes,
Mille mots doux,
Vous avez de la crainte
De son courroux;
Et vengez vous Madame, et vengez vous.
Si pour mettre vôtre ame
De son party,
Il dit que nulle flame
Il n'a senty.
Il a menti Madame, il a menty.
Si songeant à la peine
[32]
Qu'on sent pour vous
Il vous vient quelque haine
Pour cet Epoux,
Apellez nous Madame, apellez nous.
Si pour venger l'offence
De vos attraits,
Il vous faut l'assistance
D'amans discrets,
Ils sont tous prets, Mad.e ils sont tous prets.
Tout roule à l'avanture
Dessous les Cieux.
Je connois la nature;
Mais pour les Dieux,
Si j'en connois, hélas! ce sont vos yeux.
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur les Filles de Madame.
Si c'est nos destinées
Estant chez vous,
De passer nos années
Sans un époux.
Ha! chassés nous, Mad.e ha! chassez nous.
[33]
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur la Comtesse de Fiesque.
Je ne scaurois m'entaire,
L'amour est doux.
Qui vous dit le contraire?
C'est vôtre Epoux.
Il est jaloux Mad.e il est jaloux.
Autre
Belle et charmante brune Ce Couplet est de M.r de Charleval pour
Pour qui je meurs. Mad.e de Pomereuil.
Si je vous importune
Par mes langueurs
Ma plainte m'est commune à tous les coeurs.
Cher amant icy je partage
Tous tes ennuys;
A regret je suis sage.
Quand jete fuis
Je te plains; mais c'est tout ceque je puis.
Autre
1666
Sur le même air que la précédente.
Réponse de Madame.
Qu’il brusle, ou soit de grace
Entre mes bras,
Il occupe une place,
Cher Comte, hélas! De Guiche
Que si l’amour donnoit il n’auroit pas.
Jamais ne me verrai-je C’est le Comte qui parle.
Seul avec vous?
Jamais ne trouvera-je
Loin des jaloux;
Un moment pour mourir à vos genoux?
On trompe sans miracles
Des yeux jaloux;
Aimez, et les obstacles
Cederont tous.
Que ne pouvez vous point, l’amour et vous?
[34]
Chanson
1666
Sur l’air des Ennuyeux.
Sur honoré Courtin M.e des Requestes.
On dit que le petit Courtin,
Reprend ses premieres brisées,
Et qu’il revoit soir et matin
De Bordeaux les fesses useés; de Montcontour
Mais son v……. a t’il la vertu
De f……un C……. trente ans f…….tu?
Le sage Ambassadeur Courtin
Ref……. la Bordeaux de plus belle;
Chaque jour dans sa vieille main
Son v……se redresse pour elle;
Jamais v…….et C……..de no sans,
Ne se sont f…….tu plus longtems.
Rondeau
1666
Contre ceux de Bensserade
Pour des Rondeaux, chants royaux et Balades,
Le temps n’est plus, avec la vertugade
On a perdu la veine de Clément; Marotte.
C’estoit un maître, il rimoit aisement,
Et sans donner à ses vers l’estrapade.
Il ne faut point de brillante tirade,
De Colibet, ny d’équivoque fade;
Mais un facile et simple arrangement,
Pour des Rondeaux.
Surtout la chute, et non point la cascade
Doit être heureuse, et pleine d’agrément;
Or aprens donc qu’il te faut seulement
En demeurer à la turlupinade,
Et nete point tourmenter Benserade
Pour des Rondeaux.
[36]
Chanson
1666
Sur l’air: Un Chapeau de paille.
Sur Mad.e de Brancas.
J’ay le teint beau, je suis grasse et bien saine;
J’aime a passer montems.
Je pourrois bien jusqu’à la cinquantaine
Pousser mes jeunes ans.
Plus que jamais, sans ma fille Branquette,
Je serois coquette moy, je serois coquette.
[37]
Autre
1666
Sur……….. la Baume le Blanc
de la Valliere.
J’ay le teint beau, je suis bien faite et blonde,
Et j’ay les yeux brillans;
J’ay pour garand le plus grand Roy du monde,
Constant depuis trois ans.
Et cependant quoique je lui sois chere,
Je suis la Valliere moy, je suis la Valliere
Sire qui commandez à toute la France,
A la ville, à la Cour,
Faites des Loix contre la médisance,
Au nom du Dieu d’amour.
Les medians gâtent tous vos misteres;
C’est là vôtre affaire à vous, c’est là vôtre affaire.
Ce dernier couplet fut fait lorsque la Comtesse de Soissons et le Marquis de Vardes (du Bec) firent secretement des Lettres à la Reine, par la Senora Molina sa femme de chambre pour lui donner avis de la passion du Roy pour Madame de la Valliere.
Chanson
1666
Sur le même Air.
Sur le Cardinal Chigi Légat en France
Aprés le Traité de Pise.
Je suis Légat, qui suis parti de Rome
En fort bonne santé;
Mais j’ay voulu passer pour galant homme,
Pour aimer la beauté.
Et je suis pris en jouant mal mon rolle;
Car j’ay la vérolle moy car j’ay la vérolle.
[38]
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur Henriette –Anne d’Angleterre femme de Philipes
Duc d’Orleans.
Dans mon amour, plus d’une chose blesse,
Mon bon petit Epoux ;
Je suis pourtant une bonne Princesse.
J’ay des attraits si doux,
Que si j’osois je n’en serois pas chiche.
Au Comte de Guiche moy, au comte de Guiche.
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur Madame de Rambures.
Je ne puis pas faire l’amour moy même,
Car j’ay trop de laideur.
Et si chez moy l’on/jer souffre que l’on aime,
C’est avec grand douleur.
Pauvre Rambures, ô peine sans seconde,
Seras-tu toujours, toujours le rebut du monde?
[39]
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur les Jansenistes.
Ils font perdus les pauvres Jansénistes,
On n’en parlera plus;
Nous triomphons nous autres Molinistes,
Nous les avons vaincus,
Sans alleguer ni Pere, ni Conciles,
Nous sommes habiles nous, nous sommes habilles.
Deux points secrets ont conclu mon affaire
Avec le grand Louis
Je lui ay fait signer le Formulaire
Dans l’Empire des Lys.
Et lui permets de f……….. la Valliere.
Suis-je pas bon Pere* moy suis je pas bon pere?
* Le Pere Annat. Jesuite son confesseur.
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur……… Briconnet Con.er au Parlem.t
fils du President, qui épousa Anne-Marie
Girard soeur du Procureur gnal de la
Chambre des Comptes, séparé depuis,
Je suis petit; mais j’ay bien du courage,
Car ma chere moitié
Incontinent aprés mon mariage,
J’ay battu sans pitié:
Et dans l’abord je lui ay fait connoître,
Que j’etois le maître moy, que j’etois le maître.
[40]
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur……… Barillon qui importunoit les bonnes Compagnies, et se fit voler un soir par ses valets au sortir de l’hostel d’Albret, pour faire parler de lui.
Moy Barillon* homme de grand mérite
Et qu’on estime tant;
Qui tous les jours les Duchesses visite
Et fais l’important;
Sur le minuit en finissant ma course,
J’ay perdu ma bourse moy, j’ay perdy ma bourse.
* On attribute aussi ce couplet à Mr. de Chastillon.
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur Madame de Brancas.
Malgré mes soins à bien cacher ma flame,
On dit communement;
Qu’à la fin j’ay laissé prendre mon ame
Par un discret amant;
Mais au printems, est ce un etrange chose
De se mettre en rose tous? de se mettre en rose?
Vous scavez bien Madame et chere amie,
Que dans notre Maison,
Les Armes sont de deux Cornes remplies,
Au coin de l’Escusson.
Je ne veux pas, quoique mon pere fasse,
Les changer de place moy, les changer de place.
[41]
Autre
1666
Sur le même Air.
Sur Mad.e de Francieres.
Pour les blondins je n’ay point de tendresses:
Ils sont trop médisans;
J’aime bien mieux des Abbez les caresses;
Ce sont de braves gens;
Et pour avoir de beau point de venise;
J’en veux à l’Eglise moy, j’en veux à l’Eglise.
Autre
1666
Sur le même air.
Sur Anne de Gonzague dite la Princesse Anne, lorsqu’elle alla trouver
Henry de Lorraine Duc de Guise (Canaples) pour l’epouser. Elle courut en poste habillée en homme.
Vous qui frondez un innocent voyage,
Ne vous souvient il point,
Charmante Iris, que pour un mariage,
Vous allastres bien loin?
En que vous en demeurâtes peu sage,
Au Concubinage vous, au concubinage.
[43]
Autre
1666
Sur le même Air.
Si le destin veut enfin que je baise
L’adorable de Pont/s
La belle, et moi nous en serons fort aise,
Nous ferons des poupons,
Et je diray si le Mareschal* grondre,
Je peuple le monde moy, je peuple le monde.
*Coezar-Phebus d’Albret Mareschal de France.
Chanson
1666
Sur l’air: Jardinier ne vois tu pas etc. ou
Les rideaux de votre liet.
Ces 3 couplets sont de M.lle de Montpeusier.
M.r d’Estampes Con.er d’Estat avoit 2 filles, l’aînée femme de Mr. d’Espernon-Rocillac, êtoit nommée Fichée, et l’autre Fichette,
Qui ép.a son Cousin de Valencé, Fichon êtoit la D.lle.
Pour le faux Duc d’Espernon,
Fichuë est toute preste;
L’Escuyer aura Fichon;
Mais à qui donner-t’on
Fichette, Fichette, fichette?
Mon Dieu le sot triolet,
Fichuë, Fichon, Fichette,
Helas! Seigneur qu’il est laid;
Je crois que le Diable à fait,
Fichette etc.
La Duchesse d’Espernon,
Est devenuë tres sage; - Est a present fort sage;
Car Elle a chasse Fichon.
Et ne baise plus que son- Et n’a retenu que son
Grand Page, grand Page, grand Page.
Autre
1666
Sur le même Air.
La Bordeaux n’a plus d’apas M.de de Bordeaux mere de M. Fontaine Martel.
Elle est toute passée;
Elle a perdu ses Ducats,
Et l’on dit qu’elle est bien bas,
Percé, percé, percé.
Si l’on en croit Peguillin, Le Duc de Lauzun. Mlle Le Tellier femme du Duc
Villequier est si large, d’Aumont, Pere de l’Ambassadeur d’Angleterre.
Qu’il croit être dans un bain
Quand cette grande putain,
Décharge, décharge, decharge:
Il faudroit pour enchainer
Le Démon du Royaume
Coudre la bouche et le C…..
D’une femme qui a nom
La Baume, la Baume, la Baume.
Autre
1666
[70]
Sur le même Air.
La Castelnau pour Jeannin,
Votre amour est peu ferme;
On dit qu’il tire à sa fin,
Et qu’il est pour le certain
A Termes, à Termes, à Termes.
On ne fait plus sur Monglas
De chanson de débauche;
Scavez vous pourquoi cela?
C’est que Buffy l’auteur l’a
Chevauche, chevauche, chevauche.
Monglas que Bullion baisoit,
A l’humeur si gloutonne,
Qu’elle souffre que le V….
De Bussy brave au déduit
L’enc……l’enc……l’enc…….
Grand Colbert ayez pitié
De Fouquet qui soupire,
Il fut jadis comme vous,
Et peut être serez vous
Plus pire etc.
La Vieuville à ce qu’on dit,
Sur ses fins se déborde;
Car souvent sur le minuit
On voit entrer dans son lit
De Gorde etc.
De la vieuville le Cu, M.lle de Chateauneuf femme du Duc de la Vieuville.
En si bordé de laine,
Que dés que Gorde l’eut veu.
Il cria turlu tu ta,
Rengaine, etc.
Elle ne vous donne pas un sou
Vôtre maman Branquette; La Princesse d’Harcourt, fille de Mr. de Brancas.
Mais vous avez un bijou
Sur ce gage en voulez vous?
J’en preste etc.
De Madame le Cogneux* du Tillet *raillerie car elle êtoit d’une grande vertu.
L’histoire est fort étrange.
Elle a un cocher galleux;
Mais il paroist assez yeux,
Un Ange, etc.
De Madame du Tillet La Presidente du Tillet séparé de son mary,
L’histoire est assez drosle, debaucha le P. Faverolles son Conffesseur et
Scavez-vous qui l’a baisoit? Prédicateur, du College des Jesuites il fut mis
C’est le bon Pere sans collet in pace, d’où il se sauva.
Faverolles, faverolle etc.
De Madame du Tillet, Mad.e du Tillet la Bussiere.
L’Histoire est fort fâcheuse;
Car Marville son amant,
Dit qu’elle est depuis sept ans,
Foireuse etc.
Au dire de St. Aubin,
Coulange à la peau douce,
Cheziere y va le matin,
Et le soir son grand Cousin
La Trousse, la Trousse etc.
Le trou de la du Boucher Femme du Généalogiste.
Est si froid et si large.
Si par Malheur on y chait,
Il meine droit sous l’archet
Du Large, etc.
La femme à jean Briçonnet S.r de Majenville, fils du President,
Couche avec son beaupere; homme fort bizare, jaloux, de ce que
Son mary jaloux à fait sa femme avoit trop de complaisance
Eclater par un soufflet, pour ce President son pere, il lui donna un soufflet,
et fut separé d’avec Elle.
[73]
L’affaire, l’affaire, l’affaire.
D’Huxelles à fait un Chrestien du Blé.
A Châlons en Bourgogne;
Le Pere en est incertain;
Mais pour la mere elle est bien
Caragne etc.
Le Roy sert de protecteur
Aux Dames qu’on outrage,
Et pour vanger leur honneur,
Il a mis Bussy l’auteur
En cage etc.
Grand Seigneur prends garde à toy,
Il n’y a plus d’obstacle;
Villeroy prend son Armes,
Si cela fait quelque effet;
Miracle etc.
Rochefort à son chagrin
Ne donna point de bornes;
Pendant qu’il passe le Rhin,
L’on plabte icy son jardin
De Cornes, etc.
Frontenac*, Hotman d’Alés/Dalez,
Qui de tour ont deux brasses,
N’ont pas les visages laids,
Et sont à cequ’on dit les
Trois Graces etc. alias Trois Garces etc.
Fontenay pour qui font voeux
Les galands de nôtre âge;
Met bien vîte un coeur en feu;
Mais on dit qu’elle est un peu
Trop sage, etc.
Sanguin m’a dit que Sourdis 1.er M.e d’Hostel du Roy.
Aime tant la débauche, M.lle de Sourdis sa maîtresse qui a toujours êté chez
Qu’elle va jusqu’en son lit, sa femme comme une D.lle en Chambre.
Et lui dit pregnant son v……
Chevauche etc.
Veuve d’un illustre espoux, La Malade de l’Hospital.
Vous nous la donnez bonne;
De faire ainsi les yeux doux,
A ce vieux pédant qui vous,
Talonne, etc.
Vous Bourgeoise de Paris,
Courez viste à versailles;
[75]
Mortemar a du crédit,
Et pour vous cela suffit,
Canaille etc.
Bien qu’on nous voye à genoux
Auprés de la Perrelle ;
Ses yeux ne sont pas trop doux ;
Mais helas! que ferions nous
Sans elle? Etc.
Que la grille est un séjour
Où le coeur s’embarasse;
Le pauvre le petit amour,
N’y scauroit trouver place
……………..
C’est pour une bonne fin
Que Bourdin s’embarasse,
A bien grossir le boudin
De son vigoureux cousin,
Charasse, charasse etc.
Bien que j’aye de l’orgueil,
Et croye être grand chose;
Je vois pourtant de bon oeil
La Présidente Longueil;
Pour cause, etc.
Vray comme je vous le dis,
Le long de la Semaine;
L’on peut vous aimer sourdis Escoubleau de Sourdis.
Du Dimanche au samedy,
Sans peine etc.
Nous versâmes sur le soir, Mesdames de Bartillac et de Tonnay-Charente,-
La chose n’est pas rare, verserent venant de la promenade
Je craignois pour mon mouchoir,
Car de tout ce qu’on peut voir
Tarare, etc.
On rit de bonne façon
Comme c’est l’ordinaire;
Sous la jupe de Gimont* *une de leurs suivantes
L’Abbé Fouache cherchoit son,
Bréviaire etc.
Si jamais Madame Houzé ou Huré Chanteuse, aimé du 1.er President de Novion
Me peut rendre fidelle;
Je seray bien abuse,
Car j’ay le coeur trop usé,
Pour elle etc.
La Sourdis/Jourdain à cinquante ans
Se fait peindre les levres,
[77]
C’est pour plaire à un galand, Le Comte du Lude
Mieux fait que le Président
Le Lievre, etc.
Goûtons les plaisirs d’amour
Sans courir aucun risque;
Le beau verre de Luxembour
Donne quinze au grand Saucour
Et bisque etc.
Il y a dedans Lion
Une petite Chaise,
Qui porteroit ce dit on,
Rochebonne, & d’Entremont,
A laise etc.
Fuyons des hommes l’amour,
Et les vaines parolles;
A deffaut du grand Saucour,
Le beau verre de Luxembour,
Consolle etc.
Autre
1666
Sur le même Air
Si Saint Germain f……en C…….
Il imite son Pere,
Mais si le boug…..est fout……..
Il imite en vertu
Sa mere, sa mere, sa mere.
Si la Bécasse Soissons, N…… Mancini Comtesse de Soissons.
En eut valu la peine;
Le jeune Roy* des Penons*, *Le Duc de Villeroy. *Les Penons, gens de Lion
Eut garni de Conichons
Eugene etc. Eugene de Savoye Comte de Soissons.
Si la Bécasse Mailly,
Estoit un peu plus belle,
Cocu seroit son mary
Par le Juge et le Bailly,
De Nesle, etc.
[79]
Autre
1666
Sur le même Air
Baillet preste son devant,
Et n’en a point de honte,
Et se fait baiser souvent
Par le premier Président
Des Comptes, des Comptes, des Comptes.
Toute la ville chanta
Allegresse, allegresse;
Quand Santot se maria;
Mais son mary s’ecria,
Largesse etc.
Busse se fâche bien fort
Des Rentes que l’on lui oste;
S’il ne lui reste plus rien,
Que lui prendra son Cousin
La Motte, la Motte, la Motte.
Autre
1666
Sur le même Air
Sur Mr. Pinon Conseiller au Parlement.
Vôtre amour Monsieur Pinon,
Se fait fort mal entendre ;
Vous avez un certain ton,
Qui n’est point du tout le ton
Du tendre, du tendre, du tendre.
[81]
Autre
1666
Sur le même air
Mascaron fait voir à tous
Son Eloquence extrême.
Mesdames ce n’est pas tout;
Car s’il presche bien il cout
De même, de même, de meme.
Autre
1666
Sur le même air
Vous aimer vieille Brégis,
C’est aimer peu la gloire;
Vous n’avez roses ny Lys,
Et donnez des vents coulis
A boire, à boire, à boire.
[83]
Chanson
1666
Sur l’air: Moy
Quand un Légat est fait comme le nostre, Chigi le cardinal
Il peut bien f…….. en cu
Sans avoir peur que le dervis/devin Apostre,
Ne le trouve pas bon.
Cazzo, dit il, que chacun s’ebaudisse ;
J’ay la chaud ep……. moy bis.
Autre
Quand le Légat fut de retour à Rome
Prés de sa sainteté.
Il lui a dit dans le siecle où nous sommes
On f……….sans seureté;
Pour n’avoir pas f……..ty en escrévisse,
J’ay la Chaudep……moy. bis
Autre
1666
Sur l’air: Un Chapeau de paille.
Sur le Pere Annat Jesuite, Confesseur
De Louis Quatorze.
Plus goguenard avec sa robe noire
Que n’estoit Rabelais.
Le Pere Annat bouffi de vaine gloire,
Crioit en plain Palais.
L’on signera parbleu le Formulaire;
J’en fais mon affaire moy, j’en fais mon affaire.
[85]
Chanson
1666
Sur l’air: Moy
Sur Madame de Brégis
Pour la Brégis ce n’est qu’une antiquaille
Il n’en faut plus parler:
J’aimerois mieux en faire une Médaille,
Que vouloir la baiser,
Et je dirai si elle en est fachée
Tu est trop fardé toy.
[87]
Chanson
1667
Sur l’air: Catan la belle Jardiniere.
Pour beau, vaillant, de grand naissance,
Vous l’êtes mon cher Boisdauphin;
Mais avouez en confidence,
Que c’est un grand coup du destin,
Que le cadet d’un pauvre frère,
Soit gendre de la Chanceliere
Autre
1667
Sur l’air....
Couplet fait par la Comtesse de Tonney-Charente,
pour le Ch.er de Riviere.
Si vous êtiés fidelle,
L'on pourroit vous aimer.
Mais l'on m'a dit Tircis que toutes le belles,
Ont un pouvoir égal pour vous charmer.
Réponse
...............
...............
Un inconstant pour vous, peut être fidelle,
Un fidelle pour vous, peut bien changer.
[89]
Chanson
1667
Sur l’air: Catan la belle Jardiniere.
Leuville le seul que j'estime
Des parens que Dieu m'a donné,
Tu n'as pas en horreur le Crime.
Je crois que tu seras damné.
J'en ay une joy infinie;
Car je te tiendrai Compagnie.
Autre
1667
Sur l'air des Olivettes.
Sur une blessure qu'eut Chevreuse êtant Colonel au siége
de Lille.
L on lan la j'ay le nez cassé,
Je n'iray plus à la tranchée,
Lon lan la j'ay le nés cassé.
Je m'en vais me faire penser.
[91]
Chanson
1669
Sur l'air: Vivons heureux, aimons nous.
Vivez heureux sans Argent Gensdarmes,
Vivez heureux sans Argent.
Les Capucins et les Carmes
Ne vivent pas autrement.
Vivez heureuc sans argent Gensdarmes
Vivez etc.
Ne craignez point les allarmes;
Que perdrez vous en mourant?
Vivez etc.
Il faut recommencer à chaque couplet. Vivez etc.
Nous courons par la Campagne,
Plus fiers que des Amadis;
Ménaçant toute l'Espagne
De la soûmettre à vos Lis,
Et n'a vous de vôtre espargner
Que vous seul pour tous Louis.
Pour un galand de Campagne,
Nous n'avons que trop d'appas;
Reposons nous ma compagne,
Je n'ay plus de force au bras
Tout le Savon de Champagne
Ne nous décrasseroit pas.
Frottez derriere et devant ma chere,
Frottez derriere et devant;
N'epargnez point la matiere;
La beauté vaut bien l'argent.
Frotez derriere et devant ma chere,
Frotez derriere et devant.
La drogue n'est pas trop chere,
Quand c'est pour faire un galand.
[93]
Chanson
1667
Sur l'air: Un Chapeau de paille.
Sur le President Lambert.
Lambert voulant obliger sa voisine
Fait le Courtier d'amour,
Cherche partout d'une façon peu fine
Qui lui fera la cour;
Mais ils ont beau tous les Romans écrire,
Je n'en fais que rire moy, je n'en fais que rire.
[95]
Chanson
1667
Sur l'air: des bons soirs ou de Monlery
Adieu Monsieur Gaudar,
Et vôtre Compagnie,
Votre femme a du fard,
Et vous de la folie,
Et vous de la folie
Plus que Cousin Gaillard;
Bon soir la Compagnie;
Adieu Monsieur Gaudard.
Bonsoir la Maisonfort,
Et vôtre Compagnie.
Vos yeux donnent la mort,
Et puis donnant la vie; bis
Par un secret ressort;
Bon soir la Maisonfort
Et vôtre Compagnie.
Adieu soeur Combalet,
Et vôtre Compagnie.
La coupure au colet,
Le tapis de Turquie,
Le tapis de Turquie.
Naccarat violet,
Foret que Thereze crie;
Adieu soeur Combalet
Et vôtre Compagnie.
[97]
Chanson
1667
Sur l'air............
Par Madame de Grignan, pour M.r de Vardes.
Mon brave Capitaine,
Pour Dieu retirez vous,
Vous y perdez vos peine,
Vos soins et vos amours.
Fixez la Sainte Croix,
Ou fixez le Mercure,
Je vous donne le choix.
Réponse par le Comte de Guitaut.
Sur l'air: Reveillez vous belle endormie.
Cette volage créature
De l'amour suit enfin les loix.
Je viens de fixer le Mercure
J'ay fait aimer la S.te Croix.
Sonnet
1667
par des Barreaux.
voyez son Eloge dans Morery
Toujours tes Jugements sont remplus d'equité,
Toujours tu prens plaisir de nous être propice:
Mais j'ay fait tant de mal; que jamais ta bonté
Ne me pardonnera sans choquer ta justice.
Oui, mon Dieu, la grandeur de mon impiété
Ne laisse à ton pouvoir que le droit de suplice:
Ton interrest s'opose à ma félicité,
Et ta Clemence même attend que je périsse.
Contente ton désir, puisqu'il t'est glorieux,
Offense toy des pleurs qui coulent de mes yeux;
Tonne, frape, il est tems, rends moy guerre pour guerre.
J'adore en périssant, la raison qui t'aigrit ;
Mais dessus quel endroit peut tomber ton tonner,
Qui ne soit tout couvert de sang de Jesus Christ?
[99]
Chanson
1667
Sur l'air............
Cette Chanson est faite sur un nommé
Sabatier homme de basse naissance, qui
avoit fait fortune dans les Affaires. Il avoit
épousé en 1.res Noces Mad. e de la
Rocheposay, parente du Card. l de Richelieu.
Il fit banqueroute êtant veuf, et se retira
en Bretagne, où il evint amoureux de M.lle
de Brissac, et comme la médisance disoit,qu'il
avoit trouvé moyen par ses presens, d'être bien
avec Elle, on par la de les marier, et le Chtr de
Riviere fit ce couplet de Chanson sur ce
mariage.
Pour le bien ce coquin se vante,
D'avoir dessous un bonnet vert,
Bien finement mis à couvert
Plus de vingt mille Escus de rent,
Pour la Maison de Sabbatius;
En latin comme Cosseïus.
[101]
Chanson
1667
Sur l'air: Un Chapeau de paille.
Chez Plapisson, il faut de la dépense
Pour être bien receu.
Il ne suffit du jeu, ny de la dépense;
Et j'ay bien aperçeu,
Que pour trouver le moyen de lui plaire,
Il faut un Notaire aussi, il faut un Notaire.
Autre
1667
Sur le même Air.
Sur Madame des Cardes.
Dedans nos Bois, il y a un hermite
D'une agréable humeur,
Qui fort souvent recevoit la visite
D'une dévote soeur;
Il lui disoit en lui levant la cotte
J'entre dans ma grotte moy; j'entre dans ma grotte.
Malgré les soins d'un époux difficile;
J'ay partout des galans.
Le pauvre sot les chasse de la ville;
Mais ile viennent aux champs;
Et dans les bois sur la vert fougere,
Je baisse Masiere moy, je baise Masiere.
[103]
Chanson
1667
Sur l'air: Un chapeau de paille.
Sur M.lle de Neuilly Madelaine Rogier, qui épousa N.........de Breteuil Conseiller au Parlement seigneur de Mons; morte en 1676.
L'on me croyoit déja Religieuse;
Mais fort mal a propos.
J'aime bien mieuc faire la peécieuse,
Et dire de grands mots;
Et pour montrer que je ne suis pas dupe,
Je leve ma jupe moy, je leve ma jupe.
Autre
1667
Sur l'air Brave troupe frondeuse.
C'est le Comte de Lauzun qui parle.
Vôtre Montespan, Sire
Ma fait un méchant tour;
Mais je ne fais que rire,
Car je n'ay plus d'amour.
Je ne vous abandonne ma maîtresse:
Mon Dieu que j'en êtois las!
Faites-en vos choux gras,
Je n'en fais plus de cas,
Sans aucun regret je vous la laisse,
Elle est vieille et sans appas.
[105]
Chanson
1667
Sur l'air: Ton relon tonton.
Votre bel oeil seroit incomparable,
S'il n'avoit pas, Madame*, un compagnon.
Quand on le voit ce bel oeil adorable;
Si l'on n'osoit, l'on criroit au Larron.
Ton relon ton ton tontaine la tontaine;
Ton relon ton ton tontaine la tonton.
Pour vous guerrir il conviendroit de Ludres
Que le Pasteur vous mit au doigt un jon.
Vous avez l'air fort tendrement lugubre,
A la pigeonne il faudroit un pigeon.
Ton relon etc.
Gabrielle de Rochechouart, femme de Leonore de Damas Marquiq de Thianges.
Autre
1667
Sur l'air: Laissés paître vos bestes.
Castelnau dans la France,
Y pourront, Messieurs vos Enfans,
Défier en asseurance
A courre à tous venans,
Vôtre moitié fut bien devant
Qu'on eut parlé du sacrement.
Sous le Poële fut galamment,
Enfans de telle mere,
Et des Postes Surintendant;
Ce n'est pas une affaire
D'aller toujours devant.
Le Marquis de Castelnau fils du Maal, epousa Mad.lle Marie Foucault, fille de Maal Foucault et de M.lle des Dampierre Marie Fouré.
Le Maal Foucault l'avoit euë de la d. Fouré avant leur mariage, et on la mit sous le Poële lorsqu'il épousa la dite Fouré.
L'on pretend que le Marquis de Castelnau n'estoit pas fils du Maal son pere et de Marie Girard l'Espinay sa mere, mais qu'il êtoit fils de Nouveau Surintendant des Postes qui etoit galand de sa mere quoiqu'il eut epousé une Girard soeur de cette Mareschale.
Les Girards-l'Espinay sont de Bourgogne.
[107]
Autre
1667
Sur l'air des Ennuyeux.
Grand Roy ayez compassion
Des pauvres mâitres des Requestes;
Ils sont sans occupation,
Au Conseil, a grater leur testes.
Pestans contre le Chancelier, Seguier.
Colbert, Pussort et le Tellier.
Autre
1667
Sur l'air Vit on jamais au monde etc.
La Borde Mousquetaire avoit êté blessé
à Valenciennes.
Admirez mes chers freres
La grand bonté du Roy,
Qui dit à son Louvois,
Faisons-le pensionnaire,
Cela nous reviendra
Felix dit qu'il mourra. chirugien.
[109]
Chanson
1667
Sur l'air: Ha! Monsieur le Capitaine.
Termes aprenoit à Climene
Avec sa voix de rebut;
Ha! Monsieur le Capitaine!
Termes aprenoit a Climene.
Il reprite cent fois haleine,
Et répeter il fallut;
Enfin aprés tant de peine
Il luy montra comme il put.
[111]
Chanson
1667
Gefvres, Villequier et Genlis,
Tous les Abbez, Richelieu et Vivonne,
Boisdauphin, d'Olonne,
Et tous les maris.
Maulevrier y meine la Vieville,
Le Commandeur, Villarceay et Rouville
D'Estrées, Thury, Candale,
Le Comte de Tot;
D'Humiere, la Feuillade,
Le Marquis d'Hector;
Vardes, Bouillon, Damville,
Mirepoix, Moret, Leuville,
D'Alluy, Crequis et Saucour,
Et le Prince d'Harcour.
Nous voyons prez de Vialart, ou Vilarte
Un animal, beste de Compagnie
Le fils d'une truye,
Qui est gros à l'art.
Ce beau mignon adore une maîtresse,
Qui pour charmer à besoin de sa graisse.
Dedans la différence
De leurs agrémens
Que croyez vous qu'on pense
De ces deux amans?
On dit que pour la peine
D'avoir bien servy Chimene,
Chimene engraissera
Le pourceau maigrira.
[113]
Chanson
1667
Sur l'air: Ton relon ton ton.
Sur Madame de Hauterive.
Un Tabouret mettoit son cu à laise;
Mais son voisin en êtoit-il mieux? non.
Vigner me dit hélas! s'il est en braise
Je l'éteindray mieux que Chaunes & Tournon.
Ton relon ton taine, ton ton.
[115]
Chanson
1667
Sur l'air: Reveillez vous belle endormi
Sur le mariage de la Duchesse de Chaunes* * Neuville-Villeroy
avec le Marquis d'hauterive (Vignier)
C'est à mon gré peu justement,
Qu'on blâme une Duchesse illustre;
D'avoir quitté pour son amant
Le Tabouret & le Balustre.
Quoique l'on en dise à la Cour,
Et quoique l'on en détermine;
Je tiens que fourure d'amour,
Vaut mieux que fourure d'hermite.
Que l'honneur n'est qu'un peu de vent,
Et qu'il n'est Dame si fiére,
Qui pour le plaisir du devant,
Ne quitte l'aise du derriere.
Sur le même sujet
1667
Ce Cadena plein de grandeurs,
S'il eût êté mis à la porte
Par où sont sortis tant d'honneurs,
Amour n'auroit jamais triomphé de la sorte.
[117]
Année 1668
[119]
Chanson
1668
La Dame d'honneur de la Reine, Mad.e de Montausier
La Gouvernante du Dauphin, Mad.e de la Mothe.
Infectent tout de leur haleine,
Depuis le soir jusqu'au matin.
Qui les baiseroit à la bouche?
Si ce n'est le grand Prevost de Sourche.
Si la Chaudepisse de Meille
Fait tant de vacarme aujourd'huy
Il ne faut pas qu'on s'esmerveille,
Sa maîtresse l'a comme lui.
Le plaisant de leur destinée,
C'est qu'ils ne se l'ont pas donnée.
[121]
Chanson
1668
Sur l'air: La bergere d'Angleterre etc.
La Bergere d'Angleterre.
Dans Saint Clou s'en va chantant.
Est-ce une si grande affaire
Que d'avoir fait un amant?
Vous souvient il bien ma mere- Et a vous ma belle mere
Du Comte de Saint Alban*? - De Julle et de Bonkinquan *Autrement Milord Germain
Dans Amiens, de nuit obscure, Bouquinkan.
Dans un jardin de plaisir,
Il vous fit mainte escorchure
Disant adieu à loisir,
Il finit vôtre avanture,
Et non pas vôtre plaisir.
Hé bien dit A.........d'A........... Anne d'Autriche
Prenez donc le grand Saucour;
Car vôtre Comte de Guiche
Trop souvent demeure court;
Mazarin quoique tres chiche
Ne l'estoit point en amour.
Vous faites bien la bigotte,
Vous donnes de dures Loix.
Laissez moy trousser ma cotte
Comme vous fites autrefois,
Et puis je seray dévotte
Quand je n'auray plus mes mois.
Il est vray je suis lubrique,
Je ne puis rien refuser;
Mais M.r............. branle la pique d'Orleans
Et ne me veut point baiser,
Cet exemple domestique
Me devroit bien excuser.
[123]
Chanson
1668
Sur l'air: La bergere Celimene/ d'Angleterre etc.
Bussy fit cette Chanson avec Mad.lle de Montpensier.
Le vicomte de Turenne
A donné bien des Combats:
S'il les a gagnez Climene,
Ne vous en informez pas.
Suffit que ce Capitaine
Au servy beaucoup d'Estats.
Autre
1668
Sur l'air des Ennuyeux.
Sur Mr. de Louvois.
Avoir la mine de Louvois,
Et son visage d'yvrogne.
Qui pourroit croire en bonne foy,
Qu'un homme à si vilaine trogne,
Fut par son esprit sans pareille
L'Intelligence du Soleil?
Il etoit grand homme d'Estat
Dés sa plus tendre/pleniere adolescence;
Jamais ne fut Chef ny soldat,
Pourtant il en a la science.
Et si l'on veut croire le Roy,
Rien n'est égal au gros Louvois.
Condé de qui l'on parle tant.
Le Sage & renommé Turenne;
aprés tout n'ont rien de si grand.
Ce sont des Chefs à la douzaine;
Et l'on ne void rien chez le Roy
Qui soit égal au gros Louvois.
[125]
Chanson
1668
Lorsque le Comte d'Harcourt tenoit la Bouille, les Troupes de Mr. de Longueville y marcherent inutilement, et les camperent à Moulineaux à moitié chemin et n'en bougerent. Cette guerre de Moulineaux ne dura qu'une nuit, car cette Armée voyant qu'il faisoit grand froid, revint tous cours se chauffer chacun chez soy: On en pouvoit faire une piece avec la regle de 24 heures.
A nôtre Camp de Moulineaux
Où tous Manchons furent de mise; temps des Manchons introduits à Rouen.
On ne joua point des Coûteaux,
A notre Camp de Moulineaux,
En justeaucorps fourez de peaux,
Fimes la guerre au vent de bize,
A nôtre Camp de Moulineaux,
Où tous Manchons furent de mise.
Les Officiers Géneraux de l'Armée etoient,
Le Comte de Fiesques,
Le Marquis d'Ector, St. Ibal.
Le Marquis de Matignon.
Au Fonville Vieupont,
Cumenil,
Baucole Normanville,
St. Evremont
Frauctor -Barberousse/Querquebut
Campion.
Sevigny.
Ruqueville.
Fonteraille.
Varicarville
Le Duc de Rethel qui arriva avec un Page assés à temps pour voir la grande occasion de la Bouille.
[127]
Chapelle escrivant au Chtr de Lorraine aprés la Conqueste de la Franchecomté.
1668
Non non, pour mettre en seureté
A l'abrie de l'eternité
Ces prodiges que la mémoire
Consacre à l'immortalité;
Il faudra de nécessité
Qu'une simple et modeste histoire,
Rende un compte exacte de ta gloire
A toute la postérité;
Encore en sera-t'il douté;
Car mon Prince on a peine a croire
Ce qui ne peut être imité.
Chanson
1668
Sur l'air sy d'une fievre ou d'une Colique.
Quoi! branlerez vous toujours la Pique cette Chanson s'adresse à Monsieur
A ce beau Monsieur de Montmouth?
Scavez vous que votre femme il f........? feue Madame
Pardieu vous le rendrez Ethique
Si vous le poussez l'un et l'autre àbout.
[129]
Chanson
1668
Sur l'air...........
Par M.r de Turenne pour Madame, sur un Esclipse qu'un hermite de Fontainebleau avoit invité d'aller voir dans son hermitage sur une hauteur. On ne trouva point l'hermite chez luy, et l'esclipse ne parût point.
Philis m'aimoit, elle a changé,
Son coeur est infidelle;
Mais sa beauté m'en a vangé,
Elle a changé comme elle.
Ainsi qu'Agnez, et le corps mort,
Madame, ce me semble,
L'Esclipse et l'Hermite d'accord,
S'en sont allez ensemble.
Autre
Sur le même Air.
Sur ce que feüe Madame à St. Clou prenoit plaisir d'aller eveiller dés le point du jour, toutes les Dames de la Cour.
Dés les 4 heures du matin Madame se reveille.
Aprés Madame monte en haut,
Dans la Chambre des belles;
Ce n'est pas le premier repos
Qui soit troublé par Elle.
[131]
Chanson
1668
Sur l'air...............
Du Bouchet enrage
Qu'elle n'a point d'argent.
Son C.......est engage
Pour un Escu blanc.
Qui Diable le dégage
Si ce n'est Grignan.
Il fait sa décharge
Dans son trou puant.
[133]
Chanson
1668
Ha! que j'aime le célibat,
Et soin du mariage,
C'est un morceau bien délicat
Qu'un joly pucelage.
Tel qui croit l'avoir attrapé
N'en a souvent non plus tâté
Que Jean de vert.
Autre
1668
Sur l'air. Je suis Janseniste moy.
Sur la Paix de l'Eglise en 1668.
Quoi! dit Annat, le Pape avec son foudre
Tremble dans ses projets?
Lui qui pouvoit réduire tout en poudre,
Vient de faire la paix.
Par mon bonnet le Pape est mal habille.
Je veux un Conseille moy,
Je veux un Conseille.
Le deffunt Pape entendoit mieux la guerre
Et l'ordre des Combats.
A tous momens il rouloit son Tonnerre,
Et faisoit du fracas;
Mais ce Clément* qui n'a pû se deffendre; * Clement IX se nommoit Rospigliosi.
N'est pas Alexandre* luy. bis * Alexandre VII de la Maison de Chigi.
J'avois tâché par une adresse extrême
De me gagner le Roy;
Mais cet esprit veut tout faire soy même
Ne se fiant qu'à soy;
Et l'on void bien par cette paix sinistre,
Qu'il est sans Ministre lui. bis
[135]
Chanson
1668
Sur l'air de l'Echelle du Temple.
Sur le Duc de Monmout fils natuel du Roy d'Angleterre, bien fait, mais de peu d'esprit.
Les Dames se servent de tout
Pour faire honneur au beau Monmout;
Elles sont toujours sous les Armes.
Iris pour le bien recevoir,
Il falloit lui montrer vos charmes,
Rien n'est meilleur a faire voir.
Son coeur est sensible à l'amour,
Et s'il arrive quelque jour
Qu'il vous rencontre sur sa route;
Charles aura beau le presser,
La mer lui paroistra sans doute
Bien difficile a repasser.
Qu'il parcoure tous les climats,
Qu'il cherche à signaler son bras
Parmy les horreurs de la guerre,
Qu'il vole au péril en tous lieux.
Il ne verra rien sur la terre,
Plus a craindre que vos beaux yeux.
[137]
Sonnet
1668
Sur le retour du Roy aprés ses Conquestes
de la Franchecomté.
Venez de vos Exploits, venés goûter le prix,
La guerre et ses Lauriers ont deu vous satisfaire.
Cherchez, jeune héros, ailleurs de quoi vous plaire,
C'est assez de combats, et de peuples soûmis.
Triomphez un peu moins, qu'il ne vous est permis;
Réservez au printemps des Conquestes à faire;
Donnez à vôtre bras le repos nécessaire,
Et doux à vos sujets, comme à vos Ennemis.
Cette même valeur, qui durant la Campagne
A porté tant d'effroy, jusqu'au coeur de l'Espagne,
A fait aussi frémir la France mille fois.
Toutes deux ont deu craindre, en faveur de leurs Princes;
Mais l'Espagne n'a craint que pour quelques Provinces
Et la France a tremblé pour le plus grand des Rois.
Autre
1668
A M.r le Prince sur la naissance du Duc
de Bourbon son petits fils né le 11 Octobre
1668.
Prince le plus pur sang, n'est pas le plus fertile,
Ne demandez jamais plus de fécondité;
On ne va point en foule à l'immortalité.
Alexandre & Cezar n'eurent qu'un sang stérille.
On voit de vos pareils un féconf entre mille,
Le reste eschape a peine à la stérilité,
Et sans se diviser dans la postérité,
De héros en heros jusques à la fin défille.
Condé tu n'as qu'un fils, d'Anghien tu n'en as qu'un
Avec ce demy Dieu ce sort vous est commun;
Votre race est illustre, et n'est pas inféconde.
Vous avez fait assés pour ne jamais mourir,
Par de simples mortels, laissez peupler le monde,
Heros! vous ne naissez que pour conquérir.
[139]
Chanson
1668
Sur l'air: ha! Mr. Le Capitaine.
Sur Mgr. le Dauphin.
Sire, donnés une Espée
A Monseigneur le Dauphin;
Il ne veut plus de poupée,
Sire, donnés lui une Espée.
Jamais Coezar ny Pompée
Ne l'eurent si bien en main.
Sire, donnéz une Espée
A Monseigneur le Dauphin.
Sonnet
1668
Sur le choix qu'à fait le Roy, de la
personne du Duc de Montausier, pour estre
Gouverneur de M.r le Dauphin.
Ta solide vertu fait pancher la balance,
L'enfant né pour regner est soumis à tes Loix.
Plus ton Roy consulte, plus on prise son choix,
Il prouve ton mérite et montre ta prudence.
Que sont les dignitez quand le sort le dispense,
Qu'une charge aux sujets, et qu'un reproche aux Rois?
Les vertus sous Louis, décident des Emplois,
Sa raison examine, et sa main récompense.
Ton Esprit formera par tes talens divers
un successeur au Prince, un maître à l'univers;
A ses peuples Clément, à soy même contraire.
Travailles sur le plan que Julie a tracé;
Elle instruisoit le fils sur l'exemple du Pere;
C'est à toy d'achever cequ'elle a commencé.
[141]
Chanson
1668
Sur l'air: D'un pauvre coeur
ou Croyez moy hastons nous ma Silvie.
Si le Roy te préfere à Turenne,
Grand Condé, ne t'en étonne plus;
Il est sage, et fort bon Capitaine,
Et jamais un autre ne l'entraisne,
Comme ton fils à Tholus.
Quelle honte au milieu des Combats
Que le fils fasse suivre le pere!
Trop heureux de marcher sur ses pas,
C'est beaucoup s'il le pouvoit faire;
Mais je crois qu'il ne le fera pas.
Autre
1668
Sur l'air
Pour feu Madame.
Que de coups belle Princesse,
Vos yeux doux,
Lancent sur nous!
Si le rang du sans nous* deffend la tendresse. * Mr. de Montmouth
Peut on pas, helas!
Soupirer tout bas!
[143]
Chanson
1668
Sur l'air d'un pauvre coeur,
ou croyez moy hastons nous ma Silvie.
D'un amant la plus grande furie,
Tout au plus ne dura que deux jours.
Entre nous folle qui s'y fie;
Il n'est plus de Roy d'Ethiopie,
Et tout Paris n'au produit qu'un Saucour.
D'un amant il fait suivre les Loix,
Et jeûner quand il fait abstinence,
Ou s'en prendre au plus long de ses doigts.
Scavez vous cequi fait l'inconstance?
C'est qu'un seul ne fait pas tant que trois.
Autre
1668
Sur l'air.....
Dans le temps de la Conqueste de la Franchecomté en hiver de 1668.
Ce Couplet est dit on de Mr. de Coulanges.
Quoi! camper en toute saison?
L'hiver et l'Esté tirer du Canon?
Les Coezards et les Scipions
Donnoient l'hiver aleurs belles, diton.
Autre sur le même sujet
Sur l'air: Taisez vous Coquette de Paris.
Puissant Roy, merveille de nos ans,
Qui scavez avancer le printems;
Prenez un peu pitié de nos belles,
Et faites voir aux yeux de l'univers,
Que vous scavez, et pour vous, et pour elles,
Faire de même avancer les hivers.
[145]
Portrait
1668
de Mr. le Prince de Condé
J'ay le coeur comme la naissance;
Je porte dans les yeux un feu vif et brillant
J'ay de la Foy et de la constance.
Je suis prompt, je suis fier, généreux, &, vaillant,
Rien n'est comparable à ma gloire,
Les plus fameux héros, qui soient dedans l'histoire,
Ne me le scauroient disputer;
Si je n'ay pas une Couronne,
C'est la fortune qui les donne,
Il suffit de la mériter.
[147]
Année 1669
[149]
Chanson
1669
Sur l'air: O gay.
On dit que Miledy Gourdon
A bien plus d'une aune de C.....
Qu'elle en ait un cent,
Ou bien un arpent,
Il ne m'importe guere.
Je seray toujours fort content,
Si je ne la f....... guère ny Flais, Fleix
Si je ne la f....... guere.
Dedans Bordeaux quelquefois, ville
On fait l'amour/le cours dans un bois.
Là mille ruisseaux
Répandent leurs Eaux
Dans la grande riviere
Et l'Etalon dedans le préau,
Sangle la pouliniere o gay,
Sangle la pouliniere.
Dans cet aimable séjour
Tout le monde y fait l'amour,
Jamais la rigeur,
N'occupe le coeur
Dedans cette Province;
Et quand les Feves y sont en fleur;
C'est un plaisir de Prince, o gay,
C'est un plaisir de Prince.
Malgré les beautez d'Erbault,
La Comtesse a dit tout haut.
Veut on m'obliger?
Il faut déloger,
Ou je seray malade.
Je ne puis être sans m'affliger
Loin de mon camarade, o gay,
Loin de mon Camarade.
Pour quitter cette maison,
Il faut plus d'une raison.
Disons franchement
Nôtre sentiment,
Et Est-ce le sujet qui me presse
De m'en retourner promptement.
C'est pour voir ma Princesse guay
C'est pour voir ma Princesse.
Dieu nous garde d'aller diner
Chez le Chevalier du Rancher;
On y meurt de faim
Dans des plats d'Estain,
[151]
De si mauvaise mine,
Que Job en son vivant si saint,
Eut maudit sa cuisine, de chien,
Eut maudit sa Cuisine.
Pour la soupe à Genouillac,
C'est poison sur l'Estomac.
Là pour tout ragout,
Une feuille de Chou.
Couvroit un poulet maigre,
Asaisonné d'un pauvre Clou,
Et d'un peu de vinaigre, o gay,
Et d'un peu de vinaigre.
Autre
1669
Sur l'air de Monsieur le Duc de Beaufort
Comme un enfant malheureux
Que sa mere abandonne;
L'amour les larmes aux yeux
S'en va criant en tous lieux
D'Olonne, d'Olonne, d'Olonne.
[153]
Chanson
1669
Sur l'air...........
Vous pouvez danser & rire,
Fosseuse, avec liberté,
Chez vous même en toute liberté;
Mais l'on a beau dire;
Les petits enfans en vont bien mieux a dada.
Quand ils sont un peu loin de leur papa.
Autre
1669
Sur l'air des Rochelois, ou Enfans de Bachus et d'amour.
Est il bien vray qu'un médisant
Ait dit, les Coches d'Orleans
Estre ouvrage de feu Chapelle?
Ma foy c'est bien d'un autre Auteur;
C'est de Messire la Chapelle,
Maltotier, Baron et rimeur.
[155]
Chanson
1669
Sur l'air.....
Le rendez vous du beau monde,
Montglas, n'est plus que chés vous.
Et là chacun se fait les yeux doux,
Sans qu'on s'y morfonde.
Prés de vous l'un parle haut, l'aure parle bas,
L'on s'y chauffe, & l'on ne sy brûle pas.
Par vous Brégis, que de reproche!
Vous n'aimez homme vivant,
Et vous ne souffrez guere souvent,
Qu'aucun vous aproche.
C'est cequi vous fait voir, même à contrecoeur,
Le retour de Monsieur l'Ambassadeur.
C'estoit son mary Ambassadeur en Pologne.
Autre
1669
Sur l'air.....
Sur la St. Germain..
De la St. Germain le cul
Est si bordé de l'aine,
Que Mortemart l'ayant veu,
S'cria comme un perdu
Rangaine, rangaine.
[157]
Chanson
Sur l'air la Princesse d'Angleterre.
1669
Montalez & Barbezieres
Au Couvent s'en vont chantant
Maudit soit la Reyne mere.
Et d'un ton fort éclatant.
Elles disent à la Valiere
A l'oeil il t'enpend autant.
Autre
1669
Sur N............ de Rochechouart Commandeur de Jars.
Monsieur le Commandeur de Jars,
Vous plaisantés à toute outrance.
Vous êtes confit en brocards
Monsieur le Commandeur de Jars,
Et vous discourés comme un Jars
Qu'on apelle un Oison en France
Monsieur le Commandeur de Jars
Vous plaisantés à toute outrance.
[159]
Chanson
1669
Sur l'air.....
Par feüe Madame pour le Comte de Guiche.
Air, et parolles faites sur son Clavessin.
Tout ceque l'on voit au monde
Ne respire que l'amour,
L'Onde amoureuse de l'Onde,
La suit et lui fait sa Cour.
Les aimables violettes,
Qui renaissent tous les ans,
Ne sont cepas les amourettes
Du zéhir, et du printemps?
[161]
Chanson
1669
Sur l'air des Contreveritez.
Crequy est coquette,
De Luynes est folette,
Vibraye a quantité d'amans;
Mais pour la Saint Geran
Chacun la rebutte,
Car elle à cent ans,
Sully a l'esprit par trop brutte,
Maré est sans dents.
Montalais est trop fiere,
...................................................Il y a icy un vers d'obmis.
Artigny me plait fort;
J'estime Barbeziere;
Mais ma foy j'aurois tort
D'oublier la Valiere;
L'on diroit qu'en appas,
Je ne me connoitrois pas.
Autre
1669
Sur l'air.......
Ce Couplet de Mr. Dangeau pour Mad' de Louvois.
Iris ménagez ma constance
Avec un peu plus de douceur;
Ce n'est pas seulement l'absence
Qui me fait mourir en langueur;
Hélas! c'est le peu d'espérance,
Que j'ay de toucher vôtre coeur.
[163]
Chanson
1669
Sur l'air: Aimons, aimons tout nous y convie
Rions Chantons, faisons bonne chere,
Notre Monarque vainqueur
A pris pour son Confesseur
Un Jesuitte, homme severe;
Qui permet que dans un an,
Nous verrons la Montespan, Pardaillan.
Compagne de la Valliere Le Baume le Blanc.
Vrayment vrayment Elle est bien jolie, Madame de Sully.
Tandis qu’Elle aime un amant,
L’Epoux fait incessamment
Tout le Malheur de sa vie,
Et d’un air tranquille et doux
Elle revient à l’Epoux
Sitost que l’amant s’ennuye.
[165]
Sonnet
Sur la mort de la Reine d’Angleterre.
Le croiriez vous race future!
Que la fille du Grand Henry,
Avec un Grand Roy son mary
Ait souffert la derniere injure?
Quel fut donc ce funeste augure,
D’un mariage si chéry,
Que l’un et l’autre soit péry
Par une si triste avanture?
Tous deux par la main d’un bourreau
Sont précipitez au Tombeau,
D’un des hauts trosnes de la terre,
Cromwel fut du Roy l’assassin;
Mais pour le Reyne d’Angleterre
Son bourreau fut son Medecin.
[167]
Epigramme
1669
Sur le même sujet que le Sonnet précédent.
Carnificum periere manu, rex Anglus et uxor,
Sustulit hanc Cromwel, sustulit hanc medicus.
[169]
Sur le mariage manqué de Mad.lle
De Sévigné et du Comte d’Estauges.
1669
Iris n’espouse point Valere,
En voicy la cause, en un mot,
C’est qu’il est déja fort grand sot,
Et c’est ce qu’elle en vouloit faire.
1669
Sur le mariage de Francoise-Marguerite
de Sévigné, avec François Adhemar- de
Monteil Comte de Grignan, Lieutenant gnal
pour le Roy en Provence, du 28 Jan. er 1669.
Iris a peur qu’au premier jour,
L’himen plus puissant que l’amour
N’enleve ses tresors sans qu’elle ose s’en plaindre;
Elle a négligé mes avis.
Si la belle les eut suivis,
Elle n’auroit plus rien a craindre.
[171]
Stances
1669
Pour M. le Dauphin, qui avoit commandé
à l’Auteur de faire des vers pour luy.
Je suis digne fils d’un grand Roy,
Connu sur la terre et sur l’Onde;
Des vers aussi jolis que moy
Seroient les plus jolis du monde.
Je n’ay point encore d’amour,
Et je n’en veux point de commune;
Mais j’espere que quelque jour,
J’auray deux maîtresses pour une.
Je ne craindray point les rigueur,
Nous ferons une belle histoire;
Leur nom est déja dans mon coeur,
Ce sont la raison et la gloire.
Il me semble que je les voy
Qui m’apellent, et qui m’attendent;
Je veux faire comme le Roy,
Qui fait tout ce qu’elles commandent.
[173]
Chanson
1669
Sur l’air: Du gand Saucour.
Sur le Marquis de Soyecour Grand Veneur de France, d’une grande reputation pour ses Exploits, et sa grande vigueur avec les Dames.
Saucour qu’on publie
Si vaillant aujourd’huy,
Est digne d’envie;
Puisqu’on ne peut sans lui
Faire une bonne rime;
Mais enfin saucour,
A la Cour,
Tant en estime,
Ne sert pourtant que de Rime à l’amour.
Autre
1669
Sur le mesme air.
Mr. Talon Avocat gnal du Parlement.
Talon le Cinique
Dessus les fleurs de Lis,
Est bien plus critique
Qu’aprés de sa Philis,
Chantant sur sa Timballe
La nuit et la jour
Qu’en amour,
La Mareschale,
Le fait aller de pair avec saucour. Soyecour
[175]
Autre
1669
Sur le mesme air
Sur Mr. de Mortemar.
Mortemar le faune
Aime la Tambonneau:
Elle est un peu jaune,
Aussi n’est il pas beau.
Dessus son Lut il pince,
Luy disant mamour,
En amour
L’esprit est mince
Si l’on n’agit comme le grand Saucour.
Le Duc de Montemart, très vieux, étoit en commerce avec la Presidente de Tambonneau: il étoit prer de Mad.e de Montespan, maitresse de Louis XIV après M.de de la Valliere.
Autre
1669
Sur le mesme air
Beauvais la borgnesse Elle étoit une femme de chambre et favorite de la Reine,
Embrassant Fromenteau, elle étoit laide et borgne, mais elle payoit bien ses amans.
Disoit de tendresse,
Enfle ton Chalumeau,
Et chantons sur nos Orgues,
La nuit & le jour,
Nôtre amour,
Qui fait la morgue
A tout Paris, et même au grand Saucour.
La Marquise veuve, La Marquise de Richelieu.
Et son frère l’Abbé; L’Abbé de Richelieu.
Aprés mainte espreuve
Montent sur le Jubé,
Et font dire à leurs Cloches
Chacun à leur tour,
Que l’amour
De ses plus proches,
Est plus friand que celuy de Saucour.
[177]
Autre
1669
Sur le même air
La courte Fayette,
Et la Rochefoucault*- Le berger Foucaut *M le Duc de la Rochefoucault.
Font l’historiette
De Macé et Gombault;
Chantant dessus leur Lire,
La nuit et le jour,
Qu’en amour
Il faut escrire,
Et puis agir comme le grand Saucour.
Le Pastoureau Vardes, du Bec, Cap.ne des Cent. Suisses
Et la Nimphe Soissons; Soissons
Tous deux se regarde
D’une tendre façon,
Et chantent sur leur Fifre
La nuit, et le jour
Qu’en amour
L’on est bien pifre,
Si l’on ne fait comme le grand Saucour.
Le Comte de Guiche Le Comte de Guiche, fils du Duc de Gramont; l’Abbé de Longu
Disoit à Manican, Longueval-Manican, deux B….gres insignes.
Faisons quelque niche
Qui fasse du Cancan,
Chantons sur nos Timballes
La nuit et le jour,
Qu’à la Cour
Nôtre caballe
Fait plus de bruit que celle de Saucour.
Le Comte de Guiche Il commandoit les Armées du Roy à Metz. Il y receut la
Recevant sa moitié, femme avec grande magnificence, qui l’alla cherché
Courur comme une biche jusques là.
Luy dire en amitié.
Voicy tous mes Gensdarmes,
Et toute ma Cour;
Mais en amour
Je n’ay point d’armes.
Pour vous servir comme le grand Saucour.
De Flez se contente La Comtesse de Flez fait le Duc de Foix en plaisantant.
De vivre à bon marché,
Le prix l’épouvante.
Bien plus que le péché; Et non pas le péché,
C’est pourquoi l’on ignore
Quel est son amour,
A la Cour;
Car Elle adore
Un gros vallet qui vaut mieux que Saucour.
[179]
Autre
1669
Sur le même air
Contenter la Reyne, Marie-Thereze d’Autriche.
Dans l’amoureux deduit
Et tout d’une haleine,
Du travail de la nuit
Allez chez la Valliere La Baume le Blanc.
Passer tout le jour,
En amour,
Pareille affaire,
Estonneroit un peu le grand Saucour.
Autre
1669
Sur le même air
Sur le Ch.er de Lorraine, & le Chtr
De Coaslin (du Cambout)
Le Berger Lorraine,
Et le berge Coaslin.
Tous tous deux hors d’haleine,
Avec leur jeu de main,
Tenant leur Cornemuse;
Disent tour à tour
Qu’en amour
L’on est bien buse,
Si l’on ne fait comme le grand Saucour.
[181]
Autre
1669
Sur le même Air
Sur Pierre Seguier Chan.er de France
qui avoit le priapisme à 80 ans.
Dedans la prairie
Le vieux berger Pierrot;
Dessus sa Chalemie
Faisoit danser Margot.
D’une mine severe
Luy disoit mamour,
Ala Cour
C’est bien peu faire
Si l’on ne fait comme le grand Saucour.
La Nimphe d’Escure,
Et le berger d’Aluye;
Tous deux en posture
D’aleger leur ennui,
Chantent sur leur Musette
La nuit et le jour
Que l’amour
D’une brunette,
D’un vray Langez peut faire un grand Saucour.
Langeais demarié pour impuissance.
Espernon tu fais rage Espernon
Et dans le doux séjour
De nôtre marescage,
Tu est le Coq d’amour.
Il n’est point de Coquette
La nuit et le jour,
Tour à tour
Qui ne proteste
Que tu vaus mieux mille fois que Saucour.
Ton ame est libéralle
Dans tes emportemens;
Tu aimes à la Royalle,
Et donne librement;
Mais faut il qu’une sotte,
La Nuit et le Jour,
En amour,
Soit tu Marotte?
Et qu’on te trouve avec Elle à Pincour.
[183]
Autre
1669
Sur le même Air
Le petit Coulange
Avec sa moitié,
Vit comme un arcange
En grande pureté;
Chantant sur sa Musette
La nuit et le jour,
Qu’en amour
Son Alumette
Prend bien moins feu que celle de Saucour.
La Nimphe Romere,
Et sa chere Bordeaux
Ne se souvient guere
Des petits ny des gros,
Disent en grattant leur motte
Chacune à leur tour.
Qu’en amour
On est bien sotte
D’aller chercher si loin un grand Saucour.
[183]
Autre
1669
Sur le même air
Romere l’ingratte
Abandonne Givry,
Sa taille delicatte
A trop souffert sous lui.
Elle a cette infidelle
En C…..et en C……..
Trop fout……..
Elle veut, dit Elle,
Un V….. plus gros, et un amant plus menu.
[185]
Autre
1669
Sur le même air
Villette la blonde,
Embrassant son Vedeau,
Dit à tout le monde.
Hé quoi! N’est il pas beau?
Il est jeune, il est riche;
Il a de l’amour
Nuit et jour,
Il n’est point chiche,
Il fait fort bien ce qu’on dit de Saucour.
Autre
1669
Sur le même air
La Nimphe Laulne/*Losne *D’Olonne
Disoir à son berger
L’eût tu long d’une aulne,
J’ay de quoy le loger;
Ne t’en mets point en peine.
La nuit et le jour,
En amour,
Une douzaine,
Y sont passez de pair avec Saucour.
La Nimphe Cléonte,
Et la Nimphe Lolot,
N’auroient point de honte,
De prendre le gros lot,
Dedans la Lotterie,
Qu’on fait à la Cour,
En amour,
Où chacun crie,
Le bon Billet sera le grand Saucour.
[187]
Autre
1669
Sur le même air
La jeune Alfonsine
Dans son chien de Betan/Bezon*, Alphonsine de Benty Mad.e la Comtesse
Est triste et Chagrine, de Choiseuil.
Et c’est avec raison, * Terre en Espagne.
Le coeur rempli de rage
Déteste le jour,
Que l’amour,
Du mariage
Lui fit trouver contrepied de Saucourt.
Autre
Sur le même air.
Charmante Princesse, Mad.lle de Murinais mariée au Procureur general
Eloigné de vos yeux du Parlement de Bretagne.
Qu’on a de tristesse;
Mais on aime encore mieux
Verser icy des larmes
Loin des traits vainqueurs,
Dont nos coeurs
Sentent les charmes.
Qu’avoir entiers un des Ambassadeurs.
Autre
1669
Sur le même air
La jeune Marquise
Et d’Agde son parent; L’Evesque (Fouquet)
Quoiqu’on en médise,
Soulagent leur tourment,
Chantant d’un ton d’Epitre
La nuit et le jour
Que l’amour
Malgré la Mitre,
D’un grand Prélat fait fort bien un saucourt.
Iris me questionne
En me voyant tout nu.
Qui fait mieux la besogne
D’un gros, ou d’un menu?
Ô la sotte demande!
Deadans le deduit
Un bon V…….
Pourveu qu’il b…..de,
T’importe t’il qu’il soit gros ou petit?
[189]
Chanson
1669
Sur l’air. Du grand Saucour
Le vieux Lesdiguieres Le Duc de Lesdiguieres mort en 1677 âgé de 77ans.
Et la Nimphe Laurent;
Disoit, je n’en fais gueres;
Car je suis du vieux temps
Plaignant sa destinée.
Il dit chaque jour,
La mamour
Que n’est tu née
Du temps que je passois le grand Saucour.
Valencé la Chauve
Et Bellebat l’Abbé,
Font dans leur alcove
Comme un bien disrobe,
Ce qu’on fait d’ordinaire
Quand on fait l’amour
A la Cour;
Mais leur misère,
C’est de ne pouvoir imiter saucour.
Le Mareschal d’Estrées
Caresse Manican,
A quatre vingt années Le vieux Marechal d’Estrées epousa M.lle de
Manican fille du Lieutenant Général.
Lui vient faire un Enfant,
Jurant comme un hermitte
La nuit et le jour
Qu’en amour
La Carmélite
Le fait aller du pair avec Saucour.
Libera la Tranette
Avec ses mouvemens
Au son des Castagnette
Engage mille amans,
Et dit en leur presence
La nuit et le jour
Qu’en amour,
Point de cadence
Si l’on ne danse avec le grand Saucour.
[191]
Autre
1669
Sur le même air
La Nimphe Gouville,
Et la Nimphe Tillet :
Toutes deux habile
A garder le secret
Sur ces grandes merveilles
Qu’on dit de Saucour,
A la Cour,
Car ces deux belles
En ont tâté chacune à leur tour.
Autre
1669
Sur le même air
La Nimphe Sabine
Dit au berger Hylas;
Je suis assez fine,
Et feins de ne voir pas
Toutes les tricheries
Qu’on fait à la Cour,
En amour
Sans raillerie,
Songez à vous, car chacun à son tour.
[193]
Chanson
1669
Sur l’air…..
Contrevéritez sur la Maison du Roy.
Les Gardes sont braves,
Les Gensdarmes graves.
Les Chevaux Legers indigens,
Les Escossois sont gens de bonne mine,
Et remplis d’Argent;
Les Dauphins jamais ne rapinent
Chez les Paysans.
Le Mousqueterie
N’eut jamais d’envie,
De friponner son compagnon;
Ce sont gens de raison;
Fuyants la folie.
Le vin et Nanon;
Rien n’est plus beau que leur vice,
Pas un n’est gascon.
Autre
1669
Sur l’air des Contreverités.
De Sault n’est pas brave,
Roannes est trop grave, La Feuillade.
Gramont n’a point l’esprit présent,
Sanguin est complaisant,
+ + D’Estrées est trop rude.
Saucour Impuissant,
Ventadour a beaucoup d’etude,
Et l’esprit plaisant.
[195]
Sur Mr. de Tresmes.
1669
De Tresmes dans ses Titres baille
Pour marque de son noble sang.
Un Tombeau de pierre de taille
Au Charnier de St. Innocent.
Un chacun m’apelle Potier,
Arriere fils d’un Pelletier;
De plus loing je ne scay ma race.
De Mars ne proviennent mes biens,
Si poltrons furent tous les miens.
Je desire suivre leur trace.
Chanson
Sur l’air des Contrevéritez
1669
Sur Mr. de Nogent
Que j’aime ce page
Fait au badinage
Bon Dieu qu’il est intelligent!
Tantôt il est agent,
Dans son personnage,
Tantôt patient
Propre à tout usage.
Il es de Nosgents.
[197]
Chanson
1669
Sur l’air: Or nous dites marie.
Or nous dites mamie
Vous souvient il qu'un foir
Dedans ma gallerie,
Je vous fis le devoir?
Il est vray que me mîtes
Le cul sur un placet;
Mais tout ce que me fites
Ne fut qu'a V.........mollet.
Mais dites nous mamie,
Un soir dedans mon lit,
D'une façon hardie,
Prites vous pas mon v.....?
Je jure par Saint George
L'avoir pris maintefois;
Mais il n'a rendu gorge
Jamais qu'entre mes doigts.
Or dites je vous prie,
Et en quelle façon
Vous fûtes élargie
Jusqu'a l'entrefesson?
Ce fut un godemiche/ certaine affaire
Couvert d'un fin velours,
Fait par l'Apoticaire
De Monsieur de Nemours.
Mais dites nous mamie
Si dedans le Congrés,
Vous êtes bien fourbie.
Que direz vous aprés?
Je diray que vous êtes
Mon cher amy l'Archer,
Et non plus cette beste
Qui ne pouvoit baiser.
[199]
Chanson
1669
Sur l’air: Laissez paître vos bestes.
Villeroy je le confesse
Votre femme est de belle humeur.
Elle n'est que tendresse
Pour Seri dans le coeur.
Vostre destin est un peu prompt,
D'avoir desja senti l'affront,
D'être marqué dessus le front,
La chose est bien cruelle;
La Dame est de bon apétit,
Autant que vous Courcelle,
En aura du dépit.
Autre
1669
Sur l’air: Tranquiles coeurs.
Chevalier quittes la Crenan,
Cette Catin à la vérole.
Son front aussi bien que ses dents,
Distille une puante colle.
A peine un Gadouart la pourroit aprocher,
Elle put comme un privé.
[201]
Chanson
1669
Sur l’air.......
Ces Couplets sont de M.r de Mareuil
Enfin l'amour, il t'est permis,
De venger dessus moy,
Tout le mépris,
Que j'ay fait de la Loy;
Je me suis moqué des amans
Que j'ay veu languissans;
Mon coeur soupire,
Et je n'ose dire
Le mal que je sens.
On tient que vous dites partout,
Que je suis trop petit
Pour vous mettre sitôt en apetit;
Eloignés ce soupçon jaloux;
Banissés ce courroux;
Car dans une heure,
Je pâme et je meure,
Plus de quatre coups.
Si vôtre cas êtoit plus net,
Piece de cabinet,
Avecque vous dépenseroit mon fait.
Je touche cent francs par quartier
C'est un fort beau denier,
Et puis encore,
Ô beauté que j'adore!
Emprunter du Fermier.
[203]
Chanson
1669
Sur le chant. Conditor alme siderum.
Monseigneur l'Evesque d'Autun, Roquette
N'est pas un Prélat du Commun;
On dit que chez lui c'est tout un,
De baiser quelqu'une ou quelqu'un.
Ce n'est point un chétif mortel,
Ny un Evesque tel que tel.
C'est un Prélat qui de l'Autel,
Va le plus souvent au B........
ou
En effet ce pauvre mortel,
Que nous devons estimer tel:
Ne sort jamais de son Autel,
Que pour aller droit au B......
Autre sur le même.
Il f..........assis, il f.......de bout,
Il f.........au lit, il f.......... partout.
Et ce qu'est le plus beau de tout,
C'est qu'il renie Dieu quand il f.......
Gloire soit à ce grand Prélat
De Rome illustre Rénégat ;
Nous en devons tous faire état,
Prés de lui le Pape est un fat.
[205]
Autre
1669
Sur le même Chant.
Sur M.r Ondedei Evesque de Fréjus,
et favory du Cardinal Mazarin.
Monsieur l'Evesque de Frejus
Depuis plus de vingt ans et plus,
Met à la pille et au verjus
Tout cequ'il peut rencontrer de Cus.
Autre
1669
Sur l'air Reveillez vous belle endormie.
Pour M.lle de Crenan, & de la Force.
Deux partisans de Cithere
L'Ame éprise de S.ts désirs,
Du revenu de leurs plaisirs,
Fondent ce pieux monastere.
C'est le plus charmant de nos jours;
Mais je vois bien de l'aparence
A sa prochaine décadence,
Ses fondements brânlent toujours.
[207]
Chanson
1670
Sur l'air..............
Ce Couplet a été fait pour la Comtesse de Soissons ou de Fiesque.
Comtesse en votre absence
Que deviendront
Les jeux, les ris, la danse?
Ils languiront;
Pour moi je crois hélas! qu'ils en mourront.
Autre
1670
Sur l'air de flon flon.
Ces Couplets ont êté faits par le Chevalier
de Lorraine pour Mad.e de Mazarin.
On dit aussi qu'ils sont de M.lle de Cominge
aujourd'huy Mad.e de la Treve 1.re Presidente
de Bordeaux, pour la Duchesse de Foix.
Du bain belle Elismonde,/ Du bain charmante blonde
Venez entre mes bras;
Venus sortant de londe,
Ne faisoit elle pas?
Flon flon etc.
Le feu charmante blonde
Que j'ay pris dans vos yeux,
Ne s'eteint pas dans londe,
Et je n'en fais que mieux.
Flon flon etc.
[209]
Chanson
1670
Sur l'air des Triolets
Lequel est le plus fou des deux
De la Feuillade ou de son frere?
L'un est bouffon, l'autre est fougueux,
Lequel est le plus fou des deux?
La Cour est partagée entre eux,
Et depuis trente ans délibere
Lequel est le plus fou des deux,
De la Feuillade ou de son frere?
Du Divertissement
1670
Royal
Ouvrons tous nos yeux
A l'eclat suprême
Qui brille en ces lieux.
Quelle grace extrême!
Quel port glorieux!
Où voit on des Dieux
Qui soient faits de même?
[211]
Epitre à Mad.e la Marquise
de Rambouillet, au nom de cinq
Religieuses de St. Estienne de Rhiems.
1670
Cinq filles, ô grande Artenice!* * Catherine nom de la dite Dame
Viennent vous demander justice. par Maueroix Chanoine de Reims.
Devinez contre quels gens,
C'est contre l'un de vos Enfans.
Un Enfant qui toujours tempeste,
Qui fait toute chose à sa teste.
Et dont enfin pour dire tout,
On ne scauroit venir à bout.
Ouy, Madame, de St. Estienne,
Madame fait par trop des siennes,
Chacun en murmure tout haut,
Elle mene une vie étrange,
Car elle ne dort, ni ne mange.
Quand il faut la faire coucher,
On est un an à la prescher,
Et lorsqu'il se faut mettre à table
C'est une longueur effroyable.
Tantost mon Dieu je n'ay pas fain,
Je ne veux qu'un morceau de pain.
Tantost que nôtre soupe est grasse,
Que ce boeuf a mauvaise grace;
Oh mon Dieu! Le méchant mouton;
Ostez moi ce vilain Chapon,
Qu'il est dur, c'est un coq, sans doute.
Ce petit Poulet me dégoute.
Enfin la Dame fait si bien
Qu'elle ne mange presque rien.
Voila le sujet de nos plaintes;
Et la cause aussi de nos craintes.
Qui ne prend repos, ny repas
Va le grand chemin du trépas.
Or nous voulons quoiqu'il arrive
Que nôtre chere Abesse vive.
La perdre, autant vaut trépasser;
Nous ne scaurions nous en passer.
Madame, employez donc contre elle,
Vôtre puissance maternelle.
Donnez lui si bien sur les doigts
Qu'elle soit sage une autrefois;
Nous entendons par être sage,
Qu'elle mange bien son potage,
Qu'au matin elle prenne un oeuf,
Mange a dîner mouton et boeuf,
Mange a peu prés comme sa Niece, M.lle de Maintenon grande mangeuse.
Fasse la nuit tout d'une piece,
Et dorme jusqu'au point du jour.
Si vous nous faites ce bon tour
[213]
Que le bon Dieu, grande Artenice,
A vos vertus rende justice,
Vous mette dans son Paradis
L'an mil six cent soixante et dix.
Réponse d'Artenice à la
Requeste de 5 Religieuses de St. Estienne
Cheres Dames de St. Estienne,
Que vous avez l'ame Chrestienne;
Qu'on voit en vous de charité,
D'ardeur, de zele, et de bonté.
Vous êtes par vôtre sagesse
Les Abesses de vôtre Abesse.
Il faut sans contradiction,
Que de son éducation.
Ainsi que personnes prudentes,
Vous soyez les Suruntendantes;
Elle a sans doute grand besoin
Que d'Elle on prenne bien du soin,
Sans craindre noises, ni castilles.
Otez lui surtout les Pastilles,
Car il ne faut dans les Couvens
Pour tout parfum que de l'Encens.
Malades m'ont trop fait de peine,
Gardez qu'elle ne la devienne.
Ne considere t'elle pas
Que je sors de cet embaras?
Jusques à ma petite fille,
Tout fut malade en ma famille,
Et je me suis veu quelque tems
Le Roger bon tems de céans.
J'envoyerai ses soeurs au plus vite
Ce printems faire la visite.
On entendra vôtre raport,
Et si l'on trouve qu'elle ait tort
J'ordonne qu'à cette mutine,
On donne bien la discipline.
Peut être avant cette saison,
La mettrez-vous à la raison.
En ce cas Monsieur St. Estienne,
En santé toutes vous maintienne.
Autant celles qui le voile ont
Et qui Religieuses sont,
Que ceux qui n'ont pas peut être
Autrement envie de l'estre.
Votre tres humble et tres obeissante servante de Vivonne.
[215]
Sur le Cardinal Bona
qui Papegeoit
1670
Papa Bona est solecismus,
Papa Bonus non est in usu.
Grammaticae leges plerumque Ecelesia spernit,
Esset papa bonus, si papa Bona foret.
Sur le même
1670
Bonne Pape n'est pas, selon notre langage,
Et Pape bon aussi, n'est pas fort en usage;
Mais comme d'ordinaire, à Rome on ne fait pas
Des Loix de la Grammaire, ny du genre aucun cas
Pour choisir un bon Pape, chacun icy soupçonne
Qu'on pourroit justement nommer pour Pape Bonne.
[217]
Sur le même
1670
Bonne Pape ne se dit pas,
Et bon Pape ne se fait pas.
Si néantmoins on élit bonne,
Tout se rencontre en sa personne,
Si ce n'est qu'en quittant et le froc & le nom,
Il ne lui resteroit, peut être, rien de bon.
[219]
Sur le même
1670
Sur le Gouvernement de Guienne, donné au Mareschal
d'Albret du 12 Novembre 1670.
Albret ce digne Mareschal,
Dont l'Ame est si noble et si belle;
D'une goutte aigüe et cruelle
Souffroit le tourment sans égal.
Il est trois semaines entieres
Sans pouvoir fermer les paupieres,
N'y reposer un seul moment;
Au milieu d'un si grand matire,
Louis que tout le monde admire,
Luy donne un beau Gouvernement;
Aprés cela, pourra-t'on dire,
Que le bien lui vient en dormant?
par le Laboureur.
Epigramme
1670
Sur la Mareschale de la Ferté.
Ardent vaisseau de paillardise,
La Ferté, que dira-t'on fantasque barbon,
Quand il verra naître un poupon?
Lui qui depuis deux ans n'a levé ta chemise.
Dis moy, de quoi diable s'avise
Ton C...... de mille gens, nuit et jour fréquenté.
De faire mentir le Proverbe?
Qui dit, de toute éternité
Que dans les grands chemins, il ne vient jamais d'heros.
[221]
Madrigal
La vertu parle à Mad.e la Duchesse de
Richelieu (Anne Poussart).
1670
Ah! que je vous ay bien servie!
Depuis l'heureux moment que vous vîtes le jour?
En tous lieux, je vous ay suivie,
Et je vous rameine à la Cour.
Louis mon protecteur, reconnoist mon service,
Vous honorant de cet Employ; Lorsqu'on l'a fit dame d'honneur de la Reyne
Bien qu'en vous le donnant, il vous fasse justice,
Ce n'est que pour l'amour de moy.
Le Laboureur.
Quatrain
1670
Sur M.r de Colbert.
Grand Colbert, dit moy pourquoi,
Et par qu elle étrange maniere,
Tun n'a pas taxé la Valiere,
Qui manie tous les jours les affaires du Roy?
[223]
Sur la mort de Louis Barbier de la
Riviere Evesque de Langres.
1670
Cy gist, qui par son Testament
Vient de laisser trente Pistolles
Aqui trouveroit des parolles.
Pour honorer son Monument.
Comme quant il vivoit il eut un soin extrême,
De vendre toujours tout, jusqu'à son maître même; Gaston de France Duc Sans doute il a crû qu'aujourd'huy, d'Orleans
Quelque Esprit à l'argenr pouroit se laisser prendre,
Et qu'on trouveroit tout a vendre
Jusqu'à des louanges pour luy.
Sonnet
1670
Sur le Mesme.
Je te l'avouë amy, je ne suis pas novice
A faire un Epitaphe, a faire une Oraison,
Et pense sans vanité, faire comparaison
Avec les plus hupez, dans ce noble exercice.
Mais d'exiger de moy, de couronner le vice,
De louer un méchant, une peste, un poison;
J'aurois perdu l'honneur, le sens, et la raison
D'abandonner ma plume à ce vilaine office.
Qu'on cherche donc ailleurs, un infame Orateur
Qui chante les vertus de ce Blasphémateur;
La honte des Prélats, le cloaque des Crimes.
Je suis prest toutesfois d'orner son monument,
Pourveu que mon Eloge au milieu des Minimes
Soit gravé mot à mot, sans aucun changement.
par M. Fr. Ogier.
[225]
Epitaphe
1670
Sur le même.
Cy gist un fort grand personnage,
Qui fut d'un illustre lignage,
Qui possedoit mille vertus.
Il ne trompa jamais, il fut toujours fort sage;
Je n'en dirai pas d'avantage,
C'est trop mentir pour cent Ecus.
[227]
Sur la mort de l'Abbé
1670
de Castille.
Jeannin de Castille
On tient dans la nouvelle Ecole
Le Cu bien plus seur que le C.....
Mais l'Abbé de Castille est mort de la vérole;
Auquel des deux se fiera-t'on?
[229]
Epitaphe
1670
de........ Barbier de la Riviere
Evesque de Langres.
Quem tam celerem in fortuna,
Virtus non attigit
Attigit tumulus tandem.
Fuit absque tonsura presibiter
Invisibilis Episcopus
Dux imbellis
Quem non genus, sed fraus
Parem fecerat franex,
Ipsum nimia Requies
Patrem fecit in francia
Conjugi non conjux
Praeter honorem,
Cuncta reliquerat.
Sed cujus vivendo
Simulatio comes,
Et moriendo
Celatrix pudor
Ecclesioe rapta
Restituisse visus est
Non miror
Ut vixit sic obat simulans
Amicus sibi semper
Regis parum
Fratibus Regis nunquam
Imo vivens moriensque
Ipsis funestus
Invito livore
Justus tamen moritur
Unde abiis
Redire voluit,
Cum minimis resurgendus
Ipsis hodie
Sepeliendus datur
Viatoir
Precare si potes
Imprecare si audes.
[231]
Sur l'Abé de Fiesque
1670
Abbé, vous avez la naissance,
La bonne mine, l'air des Grands.
Les avantages aparens
Cachent un peu l'insuffisance;
Mais la longue persévérance
A ne rien dire de bon sens,
Fait enfin découvrir les gens.
Vous devez garder le silence,
Pour rendre parfait vôtre Corps;
Ma terre fit tous les efforts,
Et lui donna tant d'avantage
Que celui forma l'Esprit,
Ne fut jaloux, et de dépit
Refusa d'achever l'ouvrage.
par St. Pavin
[233]
Sur la Réception du fils de
Berrier en la Charge de Conseiller
au Parlement.
1670
Au titre de poenis, un Récipiendaire
Choisit au dernier jour la Loy d'impunité;
Il se sert bien du temps et de l'autorité;
Mais s'il veut à mon gré pousser loin cette affaire,
Et bien marquer son nom à la postérité
Il l'a soutiendra moins pour lui, que pour son pere.
[235]
Epitaphe
1670
du S.r le Clere Intendant des Finances.
Cy gist que la mort prit en traître,
Un faux Clerc, qui trahit son maître,
Pour mieux s'avancer à la Cour;
Mais le pauvret demeura court.
Autemps que la bonne fortune
Lui parroissoit plus oportune;
Agé de quarante cinq ans,
Et disent les moins médisans,
Pour d'autant purger sa mémoire
Qu'il mourut a force de boire,
Partant qu'on ne s'estonne pas
De tant de tours et de faux pas,
Qu'il fit tant qu'on l'a veu vivre,
Parcequ'il êtoit toujours yvre.
Vous, qui beuvés largement,
Passant dessus ce monument,
Si en lisant ces tristes charmes,
Vous y repandez quelques larmes;
Scachés que vous pleurez en vain,
Si ce ne sont larmes de vin;
C'est la plus agréable offrande,
Que le trepassé vous demande.
En disant un Deprofundis.
Que si jamais en Paradis
Il acquiert autant de créance
Qu'il fit autrefois dans la France,
Bientost il chassera des Cieux,
Aussi vite qu'il fit Pisieux,
Toutes ces puissances malignes,
Alors tous les bons biberons,
Avec Chapelets de Marrons,
Solemniseront ses louanges,
Justement au tems des vendanges,
Le même jour de son trépas;
Mais pourtant qu'on ne pense pas
Employer en cette ripaille,
Sinon les Pscaumes de bataille
Que le deffunt à tant chanté;
Que si l'on fait difficulté
De le Canoniser à Rome,
On prira Gillot, ce saint homme,
Qui jadis escrivoit les noms
De ceux qui servoient aux Canons,
Que le deffunt il Canonise
Parmy les saints de son Eglise.
Or sus passans' il ne te chaut,
Ou qu'il ait froid, ou qu'il ait chaut,
Aprés avoir fait ta priere,
[237]
Soulange le poides de sa bière,
Et passant outre ton chemin,
Laisse-le icy cuver son vin.
par St. Pavin.
[239]
Epitaphe
1670
de L'Abbé de la Rivière
son nom de Famille est Barbier.
Il êtoit Evesque de Langres et mourut le
30 Janvier 1670.
Monsieur de Langres est mort Testateur olographe,
Et vous me promettez, si j'en fais l'Epitaphe,
Les cents Ecus legués par lui à cet effet;
Parbleu, l'argent est bon dans le siecle où nous sommes,
Comptez toujours. Cy gist le plus méchant des hommes.
Donnez les cent Escus, son Epitaphe est fait.
1671
Chanson
Sur l'air de Landerirette
Je ne fais rien dessus Saint Cloud;
Mais je voudrais faire sur vous,
Landerirette;
Tout cequi fait vôtre mary
Landeriri.
[241]
1670
Chanson
Sur l'air de Traquenar.
Il y avoit un Camp dans la plaine Douille,
prés de St. Germain en Laye, & un Fort dans
ce Camp, qui se nommoit St. Sébastien. Des
Fripiers de Paris ayant êté à ce Camp causere
sur quelqu'ouvrage qui restoit à faire. On
sceut qu'ils êtoient, on leur fit porter la
hotte pendant quelques jours, et on fit ce
Couplet de Chanson, sur Rossignol et le
Roy, qui êtoient du nombre de ces Fripiers.
Fripiers vous souvient il bien
Du Fort de St. Sebastien?
Rossignol et le Roy
Vous avez porté la hotte,
Rossignol et le Roy
Pour le service du Roy.
[243]
Chanson
1670
Sur l'air des don don.
Clement voulez vous être Altieri sous le nom de Clement X. Pape
Sur un point esclaircy; - On ne croit pas que c'est le Pape Clement. Il faut
Vous allez voir paroistre que ce soit un particulier du nom de Clement.
Dans un Liste icy,
Ceux qui, graces aux soins de vos amis fideles,
Ont pour vous tenu bon.
Don don;
Trop heureux en cela;
La la,
De vous marquer leur zele.
Aprés deux ans d'attente,
Quel seroit le succés?
Saint Suplix se presente,
Pour juger le procez.
Il se place au bureau et demande audience,
Avec attention,
Dondon.
On la lui accorda,
La la,
Dans un profond silence
Il en fait l'ouverture,
Avec grand ornement,
Toutes les Ecritures
Fait lire exactement.
Surtout certains endroits qu'il trouvoit d'importance,
Dont l'explication,
Dondon,
Parut des cetems là,
La la,
Pencher vers la clémence.
L'affaire examinée,
Il fallut opiner;
Il fut mainte journée
A se déterminer.
Despouiller Gosselin, lui paroît chose étrange;
Mais par dévotion,
Don don;
On dit qu'il se laissa
La la.
Conduire à son bon ange. le president Neveu.
Avec un si bon guide,
Pourroit-il bien errer?
Tout ce qu'il lui décide,
Il le doit révérer.
S'en'est fait, il conclut, vous avez gain de cause;
[245]
Quelle obligation
Don don,
A ce bon juge là,
La la.
Qui prend si bien la chose.
Du Basset de l'affaire
Qui pénetroit le fond;
Eût à son ordinaire
Bien pesé les raisons.
Mais helas! cette fois il manquoit de balance;
Il regarda Gaillon,
Dondon.
Dans cet embarras là
La la.
D'un oeil de complaisance.
Bailleul avoit envie
De voir son devoir;
Mais comme de sa vie
Il ne fit qu'entrevoir;
Afin que vos raisons lui parussent tres nettes,
De bonne affection,
Don don,
Le pere Loyola,
La la.
Luy presta ses lunettes.
D'Aubigny qu'on dit être
L'Oracle du Palais;
Voulut faire paroître,
Cequ'on ne vit jamais.
Qu'il en scavoit autant pour le moins que les autres;
Mais il ne fut pas long,
Dondon;
Car il êtoit trop tard,
La la.
Et se rengea des autres.
Voisin dans cette affaire
Paroît embarassé.
La Heuse pour son frere,
S'y trouver interressé;
Mais sans convention, car je ne veux pas croire,
Que par cette raison,
Don don,
Il se détermina
La la,
A vous donner victoire.
Du Not qu'on scait en ville,
D'un esprit bien remis;
Fut par la Toufreville
Le plus de vos amis;
[247]
Se déclarant pour vous, il eut belle audience;
Mais pour toute raison
Don don.
Qu'un chacun admira,
La la,
Il fut sa révérence.
Le Doyen plus habile
Le Sieur Abbé du Four,
Montra par l'Evangile,
Aussi clair que le jour,
Que vous deviez avoir le chery bénéfice.
On doit donner, dit on,
Dondon,
A quiconque a déja.
La la,
Sans crainte d'injustice.
Le Sieur d'Alge Marette
Se distingue entre tous;
Montreille, et la Nonette La superieure des Carmes.
L'avoient tourné pour vous.
On dit qu'il oposa de la derniere force;
Mais des gens sans raison,
Don don,
Veulent qu'il ne toucha,
La la,
L'affaire qu'à l'escorce.
L'advis de Damfreville,
Ne fut pas surprenant;
On s'attendoit en ville
Qu'il seroit de vos gens.
Instruit comme il êtoit, on dit que le bon homme
Eut aparition,
Don don,
Pendant ce raport-là,
La la.
Et qu'il ne fit qu'un somme.
L'affaire alloit a l'aise,
Et donnoit a pétit;
Quand la teste mauvaise
Du Conseiller Petit,
Fort incivilement se mit a contredire;
Avec tant de raison,
Don don,
Que dés ce moment là,
la la,
Vôtre cause eût du pire.
Paviot et Crosville,
De difficile abord,
Suivy de Bermonville
[249]
Homme aussi peu accord.
Tous esprits entestez, gens de peu de service.
Que pour ouy ou pour non
Dondon.
Jamais on n’accusa’
La la.
De la moindre injustice.
Ces trois juges ensemble
Conformes à Petit;
Dans leurs advis rassemblent
Du Fay, de Castilly,
Qui montroient clairement que s’etoit injustice,
Et contre la raison
Dondon,
Que l’on vous accorda,
La la.
Tous les deux bénéfices.
Par ce mauvais exemple
La Mothe corrompu,
Fit un discours tres ample,
Où vous fûtes tondu.
Je m’y attendois bien le connoissant sévere;
Car il est quetsion,
Dondon;
Du droit que chacune a
La la.
Il raseroit son frere.
Jamais ne virent goute,
Ces juges, dites vous,
Prenant un autre route,
Se sont egarez tous.
De St. Suplix cent fois ira pour bien s’etendre.
Et s’etonnera-t’on,
Dondon
Si tous ces Messieurs là
Lala,
N’y peuvent rien comprendre.
Pour finir cette affaire
Le Chef du Parlement,
Pendant une heure entiere
Opina fortement,
Et mit chaque raison dans un jour admirable
Pour soûtenir, dit on,
Don don,
Ce dernier avis là
La la,
Qu’il trouvoit équitable.
[251]
Cela fait un partage,
Quel facheux accident!
Malepeste j’enrage
Du Premier President.
S’il eut êté pour nous, l’affaire êtoit gagnée,
Dieu! Quelle affliction
Dondon.
Il vous eut en cela,
La la,
Grande peine epargnée.
L’affaire est aux Enquestes,
On y va de ce pas;
Plus d’un juge s’apreste,
A n’en connoître pas.
D’en scavoit la raison, c’est un fort grand mistere
Est-ce justice? Ou non
Dondon?
Je ne l’escrirois pas là,
La la,
Je ne pourray m’en taire.
Partage de la Grande Chambre
Malgré le Christ et ses Apostres,
Malgré nos Princes et leurs Loix.
Le crédit tout puissant faisoit voir autrefois,
Tout le droit d’un côté, tous les Juges de l’autre;
Mais l’on void cette fois
Par une autre Partage,
Pour un tous les amis, pour l’autre tous les sages.
Pour Clément Pour Gosselin.
Mr. Damfreville. Mr. le 1.er President.
Mr. de St. Suplix. M. de la Mothe-Ango.
Mr. de St. Paul. Mr. Petit.
Mr. Marette. Mr. de Bermonville
Mr. du Not. Mr. de Castilly.
Mr. du Basset. Mr. de Crosville.
Mr. d’Aubigny. Mr. du Mesnil Paviot.
Mr. du Four. Mr. du Fay Bourtheroulde.
Mr. de Bailleul.
Auprés Dangot sollicitant
Clement crioit a pleine teste.
Je ne crains que les ignorans
Vous, pauvres Messieurs des Enquestes
Prenez bien garde en le jugeant
Qu’il ne vous tienne tous pour bestes.
[253]
Chanson
1670
Sur l'air……..
Adresséé à Mad. e d’Albon* par Mr. de Brancas, qui en êtoit amoureux; elle êtoit jolie.
*Charlotte/Claude Bouthillier soeur d’Armand Abbé de la Trape. Ep.a 1° René d’Averton Comte de Belin 2.° Gilbert-Antoine Comte d’Albon.
Peut être vous êut fait comprendre
Qui si mon Goblin se mouroit;
Sans jamais craindre la Province,
Ma femme auroit eu le Tabouret
Aussi bien que celle d’un Prince.
Autre
1670
Sur l’air Il a battu son petit frere
Pour se distinguer du vulgaire,
La Brissac a donc pour chimere
De se servie du Cadenas.
D’où lui vient le droit de le faire?
Pour moi je ne le comprens pas,
S’il ne lui vient de son grand pere.
Si son Epoux en homme sage
Du Cadenas faisoit l’usage;
Scavez vous ce qu’il en feroit?
Dans un endroit que je dois taire,
Bien proprement il le metroit;
C’est là qu’il seroit necessaire.
[255]
Sur M.r d’Aubigné Evesque de Noyon, qui
Pleura durant huit jours à la Cour, lorsqu’il se vit nommé Archevesq. de Rouen.
1670
Au Roy. Vers libres.
Grand Roy ton Aubigné ne tarit point ses pleurs,
Que de chagrins! Que de douleurs!
Du sein de son epouse il dit que tu l’arraches;
Mais sit u voyois tout, qu’est-ce que tu verrois?
Qu’il riroit bien si tu mourrois,
Car il n’aime a pleurer, qu’afin que tu le scaches.
Reconnois donc, Grand Roy, que ton Aubigné ment,
Quand il nous dit, croix double! Helas double suplice!
Eh! Que ne dit il non, aussi résolument
Que le Curé de St. Sulpice?
Une si saint fermeté
Feroit bientost manquer l’affaire.
Pleurer, rien que pleure, c’est fausse humilité,
Comme c’est fausse chasteté,
Que de pleurer toujours, et de laisser tout faire.
Conte
1670
Sur M.r l’Abé de Citeron.
Monsieur l’Abé de Citeron,
Estoit Abé gros et rond,
Et si fort chargé de Cuisine,
Que la feüe Reine Catherine
Lui demanda d’un ton fort doux.
Eh bien! Quand accoucherez-vous?
Quand j’aurai, lui dit-il, Madame,
Pû trouver une sage femme.
Par Maucroix.
[257]
Epigramme
1670
par Maucroix.
On croit que ton époux, Castille, Jeannin de Castille.
N’est pas le pere de ta fille;
Plus belle que le Dieu d’amour,
Pour moi je la tiens légitime.
Car pour mettre un mïracle au jour
Il est permis de faire un crime.
Chanson
1670
Sur l’air de l’Eschelle du temple
Par Malherbe, contre le parasite Montmor
Montmor plus goulu qu’un pourçeau,
L’autre jour mordit un Rousseau,
Et le vouloit manger en somme,
Et cequ’il en faisoit dit on,
Estoit a cause que cette homme,
Sentoit l’Epaule de Mouton.
[259]
Sur Mad. e d’Huxelles
qui aimoit le Ch.er de Riviere.
1670
Lorsque pour vous chacher
L’amour de son Chevalier;
Iris dit, qu’elle est trop drüe
Pour un Cavalier si mal sain;
Je ne l’en crois pas moins Catin:
Mais je l’en crois plus mal fout….
Chanson
1670
Sur l’air Non, non je ne suis pas seul
a médire.
Arrivée en Bretagne, Mr. le Duc de
Chaulnes êtant Gouverneur.
Grands Dieux! qu’en Bretagne on trouve d’abondance
Quelle magnificence!
Quel tumulte! et quel fracas!
Dans le temps des Estats,
Il n’est aucun Seigneur
Qui vive avec plus d’éclat, et d’honneur
Que l’Illustre Gouverneur,
Tous les Bretons par bande,
Se rengent, sans qu’on leur mande,
En sa cour
Plus grosse que celle de Brandebourg.
Je n’ay jamais veu Gouverneur d’un bel air,
De vitré jusqu’à vair;
Car aprés la Pierre d’Ingrande*,
Je ne vis plus qu’un Duc & Pair.
Par Coulanges.
* La Pierre d’Ingrande sépare la Bretagne et l’Anjou.
[261]
Chanson
1670
Sur l’air de Graveline.
Je veux croire que ton Beaupere
Tette sa Chevre seulement;
Mais sans être trop téméraire
L’on peut en juger autrement;
Car celle de Sieur de Bonnelle,* Bullion
Entre nous n’estoit pas si belle.
L’Eunuque à qui l’on la confie,
Ne la quitte pas d’un moment,
De peur qu’elle se mésallie,
Et l’accompagne incessamment; - Et ne cherche un autre amant
Et l’on ne gardoit pas mieux qu’elle
La Chevre du Sieur de Bonnelle.
Par Blot.
*Bonnelle êtoit fils de Bullion Surintendant, accurse d’avoir baisé des chevres. Bautru disoit que Bonnelle s’etant confessé au vicaire de St. Eustache. Le Preste dit au sortir du Confessionnal. Qui est ce jeune sgr. Calabrois. Vraiment il parle bon François. C’est que les Calabrois sont sujets à ce péché.
1670
Sur Madem.lle de la Marche belle soeur
du S.r Palliot de Troyes par Mr. le Haguais.
Vous qui craignez de commettre à mes soins,
La Recette de mon beaufrere,
Et qui croyez que je sois de tous poins
Incapable d’y satisfaire;
Sans m’amuser a des discours trop vains;
J’ay deux raisons pour vous confondre;
Le maniment croître dedans mes mains,
Et j’ay du fonds pour y répondre.
Le beaufrere de cette D. lle avoit fait mal ses affaires dans la Recette des Tailles. Elle demanda d’être commise à l’exercice. On faisoit difficulté de lui accorde. Mr. de Caumartin Intendant de Champagene qui la trouva belle et jolie lui fit donner la Commission et Mr. le Haguais fit ce couplet.
[263]
Chanson
1670
Sur l’air Rocher vous êtes sourds.
Sur un Milord sourd, amoureux d’une
femme sourde, par le Comte de Gramont.
Milord, vous êtes sourd, vous avés le coeur tendre;
Souffrés sans vous blesser, que je vous parle ainsi.
Celle que vous aimez est un peu sourde aussi;
Mais vous gagnez tous deux à ne vous pas entendre.
Autre
1670
Sur l’air: Ô messager fidele
Sur ce qu’on avoit exilé le Comte de Guiche.
Or nous dites Madame
Vôtre petit mary,
N’a-til plus rien dans l’ame
Contre nos favoris?
Il n’a soucy, ny crainte,
Les voyans tous absens;
Et j’aime sans contrainte
L’Archevesque de sens.
[265]
Chanson
1670
Sur l’air landerirette Etc.
Par le Prince de Condé sur le Rhosne
Pendant une grosse tempeste.
Chare amice Musseus;
Ah! Deus hone quod tempus.
La derirette
Imbre sumus perituri.
La deriri.
Réponse sur le champ par M.r de
Mussi
Securae sunt nostrae vitae,
Sumus enim sodomitae,
Lon lan la derirette.
Igne tantum perituri
Lon lanla deriri.
Autre
1670
Sur l’air: En mignature.
A un Bal où Mr. de……… prit Madame la Baronne de Maillot, aprés Mad.e de…… Mad.e de Maillot est soeur du Marquiq de Créquy.
Pauvre Baronne,
Vôtre chagrin est indiscret;
Car avant que l’on vous soupçonne
De devenit par un Décret
Pauvre Baronne.
[267]
Chanson
1670
Sur l’air: Laissés paître vos bestes.
La Jay dit à sa Fille, Madame de Congys.
Vôtre mary est indigent.
La Jay dit à sa Fille
Baisez pour de l’Argent.
Incontinant la pauvre enfant,
Pour éviter la pauvreté,
Prit congé de la Cruauté;
Avec ce bon Apostre
Que l’on apelle Belesbat,
En attendant les autres
Elle prit son esbat.
Rangainez vos Epées
Blondins qui faites du fracas;
La belle est mariée
Et vous ne l’aurez pas.
Pour d’Artigny quatre Marquis depuis Comtesse du Rome.
Sont devenus tous ennemis;
Mais dans la race des Crequis
On y connoît la belle,
Et l’on n’a pû sans grand effort,
Dessus cette querelle,
Lettre mettre tous d’accord.
Auretour d’Italie
Quand Peguillin coucha chez vous,
Monaco sur ma vie,
Le temps vous fut bien doux,
Le Mareschal vous fit venir,
Quand Guiche fut prest de partir
Pour tacher à le retenir.
Le trait est d’habille homme
De se consever des amis;
Dans le siecle où nous sommes
Nul salut sans Louis.
Réjouissez-vous Comtesse, - En belle humeur Comtesse
Vardes sera bientost en Cour, La Comtesse de Soissons aimoit Vardes qui croit à la En belle humeur Comtesse Bastille
Attendant son retour,
On le scait bien Condé n'est pas
Un lieu pour vous rempli d'appas;
Mais à Paris, que faire hélas!
Rien ne vous y doit plaire
Absente d'un objet si doux
Et de toute maniere,
On plaint fort vôtre Epoux.
Sortez de la Bastille
Bussy revenez à la Cour,
[269]
Pour instruire la ville
Des misteres d'amour,
Toute le Cour n'a pas l'esprit
De nous avoir encore produit
Quelques sornetters par écrit,
Ny quelque chansonnette
Qui puisse aprendre aux curieux
Ce que fait la Coquette
Dans l'Empire amoureux.
Autre
1670
Sur l’air........
Par Mad. lle de Louvancourt
Parmy les pots, les doux propos
D'un amant qui scait plaire,
Ont bien souvent troublé le repos
D'une beauté sévére
Et qui les scait trouver à propos,
Peut toucher sa Bergere.
[271]
Chanson
1671
Sur l’air........
Le vaste C...... de la maigre Choiseul
Qui seul peut prendre le party contre tous,
Demande pour tout accueil,
Qu'on le lui fasse cinq ou six bons coups.
Autre
1671
Sur l’air de la petite Cabrete.
A un souper où êtoit M.r de Turenne pour lors de la R.P.R. qui n'avoit le plaisir de rompre un vendredy.
Beni soit celui qui nous l'a deffenduë,
La viande n'est pas si bonne le jeudy.
Nous avons dessus la prétendüe,
Le plaisir de rompre un vendredy.
De tous nos amis qui disnent chez Prud'homme,
Turenne je plains qui vit selon sa Loy;
Car de............ le précepte de Rome,
C'est là tout le plaisir selon moy.
par le Chtr de Riviere.
[273]
Chanson
1671
Sur l’air la bergere d'Angleterre.
Quand pour la Baume on soupire
Le coeur tout rempli de feux;
On souffre un cruel martire;
Et lorsqu' aprés tant de voeux
On a ceque l'on désire,
On est encore moins heureux.
C'est la plus seche maîtresse
Qui jamais donna son coeur;
Et quoique cela nous blesse
De trouver de la rigeur,
On souffriroit sa rudesse
Bien plûtost que sa rudeur.
Les desseins de son Altesse
Paroîtront au mois de May;
Rien n'egalle son adresse.
Vous verrez si je dis vrai.
Il marira la Princesse
De même qu'il prit Cambray.
Autre
1671
Sur l’air....
Par feuë Mad.e sur Madame de la Baume qu Comte de Bussy.
Qui de son coeur
Veut être vainqueur
En a plus qu'il n'en demande,
Quand Elle accorde un bienfait,
Sa faveur n'est que trop grande;
Avec Elle on a toujours regret
D'en avoir plus qu'on en voudroit.
[275]
Sur Madame Laurens qui fit mettre
dans son Carosse Mr. le Duc de Lesdiguieres &
Mr. de Salins, et laissa M.r Fieubes à pied,
qui fit ces vers.
Non je ne me plains point du tour,
Que m'a fait cette beauté fiere.
Salins etoit mille fois plus beau que le jour;
Elle trouvoit un Duc dans Mr. de l'Esdiguieres;
Moy, je n'avois que mon amour,
Encore n'en avois-je guere.
[277]
Sonnet
1671
Sur le Pere le Boultz Evesque de Périgueux
preschant le jour de la Madelaine.
Il faut qu'il ait aimé, ce Prélat admirable
Pour exprimer si bien, ces differens amours,
Qui par un tiranique, et funeste concours,
Font l'homme criminel, autant que misérable.
S'il n'êût beaucoup aimé, seroit il bien croyable
Qu'il expliqua st st bien ces differens détours?
Il faut qu'il ait aimé, et qu'il aime toujours;
On n'est pas si scavant, sans être un peu coupable.
Je crois bien que ses feux, ne sont plus criminels,
Qu'il n'offre plus d'Encens, que sur de S.ts Autels,
Que ses desires domptez, cessent d'etre rebelles.
Mais sans ce tendre amour que son coeur a conçeu,
Il n'auroit jamais eu de si belle idées
De l'amour inspiré, ny de l'amour receu.
[279]
Sur le Portrait
de la Comtesse de Suze* * La Baume
par M. Fieubet.
Si genus ispicias Juno, si scripta Minerva,
Si spectes oculos mater amoris Juno.
[281]
Chanson
1671
Sur l’air: Dans nos Vaisseaux.
Au sujet de Mad.e de Montlouvet prés le Ponteaudemer.
Un Lieutenant d'Hurtauville Lieutenant géneral du Ponteaudemer.
Général de Police;
A ce dit on, la malice
D'etre vôtre amant.
A ce rival
Qui me livre la guerre;
Que je veux de mal!
Plût au destin
Que l'Eau prit dans son verre
La place du vin.
Qu'il devint laid,
Aussi laid qu'un satire,
Et que sout vôtre Empire,
Il languit vainement,
Comme j'ay fait;
Que bien loin d'etre enfin
Vôtre vaniqueur;
Il ne pût rencontrer dans vôtre coeur
Que mépris de ses soins, et que rigueur,
Et que par amitié
Son aimable moitié
Me laissast faire son métier.
[283]
Autre
1671
Sur le même Air.
Qu'avec plaisir
Mes voisines j'assemble,
Et tous mes voisins ensemble
Pour boire a loisir;
C'est en ce séjour,
Mesdames, qu'il faut suivre
Les loix de l'amour;
Aimons nous bien.
Vos maris vont être yvres,
Ils n'en verront rien.
Mais Montulé,
Dût il aprés bouteille,
Me rendre la pareille;
Aprés tout j'en serois bien consolé,
Que Mongeron
Jaloux de mon bonheur,
De ma femme êut touché le coeur,
Je n'en serois pas moins de bonne humeur;
Et pour toy Monlouvet
Si ta femme vouloit
Le traité seroit bientost fait.
Autre
1671
Sur l'air: de l'Aimable vainqueur.
Portrait de Mad.e de Monlouvet.
De la Monlouvet
Faisant le portrait,
Figure agréable,
Humeur aimable;
Procédé discret,
Bonté, sagesse,
Douceur, politesse;
Tout est a souhait;
Ce qu'elle a d'atraits,
Est sans imposture;
La seule nature
En a fait les frais.
Jamais son coeur,
N'a d' un air trompeur
Démenti sa bouche;
L'amitié la touche,
L'amour lui fait peur;
Le seul deffaut
Qui l'a rend farouche,
Cause tous mes maux.
[285]
Chanson
1671
Sur l'air........
Sur Mr. de Péguillin* Capit.e des Gardes
* ou Puiguilhem (Antonin de Caumont Comte de Lauzun Marquis de Puiguilhem
Camarade quand tu regarde
Le petit Peguillin Capit.e des Gardes;
Je scais bien à peu prés ceque le coeur t'en dit;
Tu maudis de la cour la maxime importune
Où chacun n'a de la fortune
Qu'a la mesure de l'esprit/son vit.
Autre
1671
Sur l'air. Un chapeau de paille.
Lorsque Mr. le Prince de Coutenay,- qui êtoit amoureux de Madame de Rambure, fit armoirier son Carrosse qui êtoit un vieux Fiacre.
Pour vos beaux yeux j'ay mis à mon carrosse,
Un grand Manteau Ducal,
Quoique traîné par deux méchantes rosses
Il ny siera pas mal.
Mon revenu, il est vray qu'il est mince;
Mais je suis beau Prince moy. bis
[287]
Autre
1671
Sur l'air: Un Chapeau de paille
Sur Mad. e de Rambures.
J'ay beau chercher, à la Cour, à la ville,
Je ne fais point d'amans.
En tous endroits ma queste est inutile,
Je la fais vainement,
Pauvre, Rambures, Ô peine sans segonde!
Serai-je toujours moy le rebut du monde?
Autre
1671
Sur l'air: Un Chapeau de paille
Sur Mad. e de Rambures.
J'ay beau chercher, à la Cour, à la ville,
Je ne fais point d'amans.
En tous endroits ma queste est inutile,
Je la fais vainement,
Pauvre, Rambures, Ô peine sans segonde!
Serai-je toujours moy le rebut du monde?
Autre
1671
Sur l'air Laisse la barbe en pointe
Laissés entrer la femme
De Monseigneur de Louvois;
Car par la vertugois
Qui seroit assés osé,
Pour vouloir la lui baiser?
[289]
Chanson
1671
Sur l'air de Jean de Vert.
Où sont nos Princes de Condé?
Et nos braves Turenne?
Louis êtoit bien secondé
Par leur valeur extrême.
En ce tems là nos Ennemis
Devant nous, êtoient plus petits
Que Jean de vert.
Autre
1671
Sur l'air de Lampons
Sur une avanture de Chasse qui arriva dans la
Garenne de Cléon?
Erenelle le Conseiller,
Dit qu'il se falloit sauver;
Mais un Chevalier de Malte
Leur fit à tous faire halte.
Lampons lampons,
Camarades lampons.
Brusquet sauve ma jument
Dit le fils d'un Prsident,
Je me nomme Grémonville,
Et mon pere d'Etalville.
Lampons etc.
[291]
Apologie
1671
de M.r de Dangeau.
Dis moi satirique Boileau,
Que t'a fait ce pauvre Dangeau?
D'où te vient contre lui, tant de fiel & de haine?
Cette nouvelle dignitié
De Gouverneur de la Touraine
T'a t'elle si fort irrité?
Quoi? ne scaurois tu voir un homme sans service,
A la teste d'un Régiment?
Sans mérite acheter un beau Gouvernement.
Dans un Royaume où regne au lieu de la justice,
La V........ C......... T.......... et le caprice.
Tous quatre, sans justice, et sans discernement.
Si Dangeau n'est pas un hercule,
Le faut il pour cela tourner en ridicule?
Pour le voir Gouverneur et chef d'un Régiment.
Scais-tu pas qu'au regne où nous sommes
Ce n'est pas la vertu qui fait les plus grands hommes?
Mais la galanterie et le jeu seulement.
Contre ce Gouverneur n'ayant donc rien a dire
Boileau rengaine ta satire;
Il est fait comme il faut pour devoir gouverner,
Il jouë, il est galland, en revenue il rafine
Dans le Royaume de Ciprine,
Un jeune Damoiseau ne doit il pas regner?
[293]
Chanson
1671
Sur l'air de Brunette.
Sur Mr. Chaumont Evesque d'Acqs, et de l'Accadémie Francoise, êtant chez Mad.e de Guise, aprés les beaux Concerts, demandoit toujours une Brunette.
Vous craignez, Monseigneur
Les Dames en Cornettes;
Si l'on croit vôtre Grandeur,
Le Diable est à leur toilette;
La petite brunette
Vous tient pourtant au coeur.
De peur d'être trouvé
En carrosse avec Elles,
On vous void sur le pavé
Crotter vos saintes semelles,
Pour s'asseoir prés de belles;
Devient on reprouvé?
J'ay peine a voir souffrir
Votre Grandeur doucette;
Monsiegneur, pour vous guerir,
N'est il point quelque recette?
La petite Brunette
Devroit vous aguerrir.
[295]
Chanson
1671
Sur l'air: Il a batu son petit frere.
Sur Mr. de Montlieu.
Voir Monlieu donner sur la longe,
Il me semble que c'est un songe.
Il êtoit dans le repentir,
Et même dans la frénésie;
Mais le bon sang ne peut mentir;
Il est las de l'hipcrisie.
par Blot.
Autre
1671
Sur le même Air
Sur N....... de l'Enclos surnommé
Ninon.
Malgré ma maudite Luette,
Qui rend ma Muze toute/un peu muette;
Puisque l'adorable Ninon
Trouve bon qu'on chante en Carême.
Je ne lui dirai jamais non;
Plût à Dieu qu'elle en fit de même!
par Blot.
[297]
Chanson
1671
Sur l'air: Il a battu son petit frere
par Blot.
Nous sommes une demy douzaine,
Qui ne nous mettons guere en peine
Du vieux ni du nouveau Testamant;
Et je crois qu'il est impossible,
D'en trouver sous le firmament,
Moins enviédazés de la Bible.
Tu crains la peine, et crois la gloire
Vieux Boulay, tu ne veux point boire.
Ta maniere d'agire me f......t;
La peur en tous lieux t'accompagne;
Nous sommes boug....de partout,
Tu n'est Boug.... que de campagne.
Mais toujours elle vous dira non.
Mes beaux yeux ne sont plus tant à craindre,
Et n'on rien qui puisse faire aimer.
J'ay trouvé l'art de me faire plaindre
En perdant ce qui pouvoit charmer.
L'incarnat que l'on voit sur mes levres,
Vient du feu qu'allume ma douleur.
Quand on doit de son rouge à la fievre
Cet éclat ne vaut pas la pasleur.
Mon esprit n'a rien d'une coquette,
Et l'amour ne l'a point éblouy.
Je dis non, s'il s'agit d'amourette.
Autrement je diray toujours ouy.
[301]
Chanson
1671
Sur l'air......
Un bon Dragon (doit être un anatême,
Un bon Dragon (doit etre un franc démon,
Sans foy, sans Loy, sans Crême, sans batême;
Un bon Dragon doit être un anatême,
Un bon Dragon doit être un franc démon.
Mon cher Gramont,
Il faut que tu m'enrolle,
Mon cher Gramont;
Je seray bon Dragon.
Je bois, je cous, je petunne, et je volle;
Mon cher Gramont,
Il faut que tu m'enrolle.
Autre
1671
Sur l'air du Traquenard.
Sur Mad.e de Paumenar de Bretagne, de beaucoupd d'esprit, c'estoit son mary qui avoit enlevé M.lle de Créance (Bouille) qui est a present Marquise de Charnacé.
Madame de Paumenar,
Scavez vous le Traquenard;
Ouy ouy je le scay, je chante, je le danse;
Ouy, ouy, je le scay, de Coatquin me la montré.
[303]
Chanson
1671
Sur l'air des Bergeres de Maintenon.
de Thibouville la Lorie.
En mille endroits je parle de tendresse;
Et cependant je n'ay qu'une maîtresse;
Mais Elle veut se perdre dans la presse.
Autre
J'ay dans vos yeux longtems par ignorance
Pris pour langueur cequi n'est qu'indolence;
Mais ne n'ay plus d'erreur ny d'esperance.
Autre
Maugiron veut dans son loisir extrême,
Trouver quelqu'un qui l'amuse et qu'il l'aime;
Mais s'il m'en croit il s'aimera lui même.
Autre
1671
Sur l'air de Michelle.
Restes aimable St. Gervais,
Voicy du Breuil et Cauverville
Fumiere, le Bas et Thibouville*
Qui ne vous quitteront jamais.
Si le mari s'en inquiette,
Oh! dame c'est que....
Il viendra voir ceque vous faites;
Et puis quand nous le tiendrons tous
Ô Au rés tenez je l'amuserons,
Et puis je l'enjollerons.
Enfin tantia que je l'empescherons d'être jaloux.
*Cette comagnie êtoit au Ponteaudemer, séjour ordinaire à la Lorie, et l'on peut dire à son honneur en cette occasion male viam superabat opus.
[305]
Autre
1671
Sur l'air.....
Par Captot mari de la Dame.
Sans Frenelle,
La Captot à son mary eut toujours êté fidelle.
Autre
1671
Sur l'air.....
M.lle de Vaillac a fait de son mary, qui êtoit Con.er au Parlement de Paris, un Comte de Montaud.
Connaissez vous la comtesse
Qui le prend d'un ton si haut?
Et veut faire la Duchesse;
Son maru n'est qu'un courtaut.
Bran, bran, bran de la Comtesse
Et du Comte de Montault.
[307]
Chanson
1671
Sur l'air des Feuillantines.
A Mad. e de Fourci.
Pour vous cueillir des Pavots,
Que de vaux!
Narpante ny monts no vaux.
Voulez vous un somnifere?
Ecoutez, écoutez j'ay vôtre affaire.
Avez vous sage Fourci
Mal dormi?
Le remede, le voicy.
Du ton dévot une dose;
Aussitôt aussitôt paupiere close.
Vers ou Prose sur ce ton,
Tout est bon.
Dés l'exhorde du sermon
Par de doux signes de teste
Au prescheur, au prescheur vous faites feste.
Que vous ronflez promptement,
Poliment.
D'un air d'aplaudissement,
Vous allez a tire d'aisle,
Jusqu'à la, jusqu'à la vie éternelle.
[309]
Chanson
1671
Sur l'air: Elle est revenue Dame Anne ou des
Rochellois.
Madame de Lionne.
On a dupé ma crédule Niece, Mad.e d'Estrées.
Ce fut un faux Normand;
Pour emprescher qu'on fasse même piece,
A mon aimable enfant.
De ses amans je taste la premiere,
Je suis bonne memoy, je suis bonne mere.
Mamaon êtoit de son tems la plus belle,
Je la suis aujourd'huy;
Pour un amant nous sommes en querelle
Je m'en raporte à lui.
En vérité la disputte est gentille,
Je suis jeune et fille moi, je suis jeune et fille.
Autre
1671
Sur l'air.....
Dieux! que d'amans dans Vincennes,
Souffrent de peines!
Dieux! que d'amans dan vincennes!
Ce beau séjour
Fait retenir dedans nos plaines;
Darquien, et la Mothehoudancour,
Grancey, Coetlogon, et Dardennes,
Quand serez vous sensibles à nos amours?
Chanson
Sur l'air.......
1671
Tongrelou a fait un pet bis
Qui a fait trember le Chastelet.
Paris et tou ma tourtourette
Paris et tou matourlourou.
Autre
Sur l'air: Un chapeau de paille
1671
Le Prince de Courtenay pour Mad.lle d'Houailly.
Pour vous charmer; j'ay mis à mon Carrosse
Un grand Manteay Ducal,
Quoique trainé par deux méchante rosse;
Cele ne sied pas mal.
Mon revenu, il est vrai qu'il est mince;
Mais je suis beau Prince moy; mais je suis beau Prince.
[313]
Chanson
1671
Sur l'air......
Si le B...... d'Assouci, Musicien du Duc de Savoye.
Eut êté pris, bis
Il auroit êté roti,
Tout au travers des flames,
De Chausson de Fabri.
...................
Chausson s'ecria tout haut,
Où est Tarneau? bis
Ah! Monieur le Lieutenant
Avant que l'on me brûle;
Souffrez que je l'encule,
Et je mourai content.
Autre
1671
Sur un Air du Bourgeois Gentilhomme.
Sur le Cardinal de Bouillon retiré a villetaneuse, avec l'Abbé Sauvage, depuis Evesque; Par Mad.e de Longueval Chanoinesse, et soeur de la vieille Mareschal d'Estrées.
La jeune Eminence,
Craignant la médisance.
La jeune Eminence
S'est retirée aux champs.
L'Abbé Sauvage,
Homme si sage;
Son pucelage
Lui va gardant;
Mais il y perdra son tems.
[315]
Chanson
1671
Sur l'air: Sous l'archet il faisoit beau voir,
ou des Ennuyeyx, ou Michault, ou sur l'air du Confiteur.
Sous l'Archet il faisoit beau voir
Madame nôtre Séneschalle, La Séneschalle de Rennes.
Haranguant du matin au soir
Les Carognes de sa caballe,
Et dire à ses meilleurs amis,
Le vieux Coetquen icy m'a mis.
Pour vôtre consolation,
Je vous laisse ma fille aînée
Louez mon éducation,
Et baisez ma niece Renée.
Quand vous l'aurez baisée je croy
Que vous prierez tous deux pour moy.
Le nez caché dans son Manchon
A ses pieds se jette Montgeorge. Chev.er de la Reine.
Il faut mourir petit cochon,
Dit la belle, il ny a plus d'Orge;
Cinq ou six amans ce matin,
Ne m'en ont pas laissé un grain
Autre
1671
Sur les mêmes airs
Sur Madame de Montespan.
La Montespan à de l'Esprit,
Et beaucoup plus que l'on ne pense,
Pourveu qu'on lui montre un gros V....
Elle souffre une grosse pense,
Et c'est pour cela que Louvoy
Est bien mieux traitté que le Roy.
[317]
Autre
Sur les mêmes Airs.
1671
Sur Mad.lle de Noirmoutier, depuis
Mad.e de Royan.
Le party n'es il pas bien doux?
Vous serez libre en vos affaires;
Je laisseray passer l'epoux,
Tous vos galans et Nos beaux freres,
Me contentant d'entrer en rang
A tout le moins une fois l'an.
Autre
Sur les mêmes airs.
1671
Sur M. rs d'Alluy et de Montluc.
Gloire soit au brave d'Alluis
Et au triste Montluc son frere;
Ce sont deux grands donneurs d'ennuis.
Sicut erat Monsieur leur pere,
Ils le sont et ils le seront,
In secula seculorum.
[319]
Chanson
Sur l'air: des Alleluya
1671
Mascaron pour avoir presché,
Contre ou pour le péché,
Dans Tulles bientost chantera.
Alleluya.
Le Sieur de Ris est survenu,
Qui nous a dit d'un air bouru.
Je parle peu; mais en amour
Je vaux Saucour.
Autre
Sur l'air: Quand l'Opera tant vanté par la Grille.
1671
Par Corbinelli, sur lui même.
Estre fort sain, fuir toujours la tristesse;
Contre son destin ne faire jamais le mutin,
Estre sans maître enfin, et sans maîtresse,
Posséder son coeur, se bien connoitre.
Ne faire sa cour le soir n'y le matin;
Ne point remettre à vivre au lendemain.
N'est-ce pas cher amy comme il faut être?
[321]
Chanson
Sur l'air: Il y a tant de différence.
1671
Pour Mad.e de Sevigny Contre M.lle de Mery. par
Mr. de Coulanges.
Il y a tant de différence,
Entre des culs et des culs,
Que rien plus.
J'en connois d'aparence,
De gras, de fermes et de dodus,
D'aucune maigres et mous.
Amour trouble ma teste,
Et le bon vin m'y fait,
Mesme effet.
Cette double tempeste,
Qui trouble mon esprit, ne finit
Que quand je suis au lit.
Autre
Sur l'air: Reveillez vous belle endormie.
1671
Mr. de Charleval, pour Madame de Maintenon.
Bien souvent l'amitié s'enflame,
Et je sens qu'il est mal aisé
Que l'ami d'une belle Dame
Ne sout un amant déguisé.
[323]
Chanson
Sur l'air de Graveline
1672
Les 2 1.ers & les deux derniers Couplets sont du Chtr de Riviere,
sur un M.e d'Ecole de Paris nommé Vigeon, brulé pour avoir connu des Poulles.
Lorsque Vigeon vit l'Assemblée auparavant valet de Chambre
du Comte de Gramont condamné d'estre pendu.
Qui l'assitoit dans son malheur;
D'une voix haute et non troublée,
Il lui fit vous me faites honneur,
Vrayment voila bien de la foule
Pour un simple f...... de poulle.
Quoi Messieurs! quand cette potence
Devroit soûtenir aujourd'huy
Bautru ce grand boug....de France,
Vous n'en feriez pas plus pour lui.
Vrayment voila bien de la foulle
Pour un simple f...... de poulle.
Romain que j'aime et que j'estime,
Est un bon b...... abandonné.
Il n'a point en horreur le crime,
Et je crois qu'il sera damné.
J'en ay une joye infinie,
Car il me tiendra compagnie.
Si c'estoit le Duc de Vendosme,
Fils naturel d'un tres grand Roy,
Premier Marguillier de Sodome,
Vous n'en feriez pas plus qu' à moy;
Vrayment voicy bien de la foule
Pour un simple baiseur de Poule.
A Dieu, au Roy, à la justice
Je veux bien demander pardon;
Mais je souffriray le suplice
Sans m'excuser auprés du C.....
Je veux mourir en galant homme,
A Paris comme on fait à Rome.
[325]
Chanson
1672
Sur l'air...........
Sur le Duc de St. Simon.
Le vidame informé par l'avis de sa mere
A mis prés de sa femme un homme avec pouvoir,
De ne l'a point quitter, de scavoir ses affaires,
Ou de tâcher à les scavoir.
Autre
1672
Sur l'air de la venue de Noël.
Sur M.r Rouillié Intendant de Picardie.
A l'arrivée de L'Intendant
Tout le monde se récria
En ce visage regardant
La laide beste que voila.
[327]
Chanson
1672
Sur l'air des Bergers héroïques de Psichée.
Ce couplet fut fait par le Roy Louis XIV.
Avez vous ressenti l'absence? Mad.e de la Valliere.
Estes vous sensible au retour
De celui que vôtre présence
Va combler de plaisir et d'amour?
& qui meurt d'impatience
Alors que sans vous voir il doit passer un jour?
Réponse par Madame de la Valliere
Je ressens un plaisir extrême
De penser à vous nuit & jour;
Je vis plus en vous, qu'en moy même,
Mon soin est de vous faire ma cour;
Les plaisirs, sans ce qu'on aime,
Sont autant de larcins que l'on fait à l'amour.
Autre
Sur l'air de Joconde.
Remerciement à Madame du Gué qui en renvoyant un Livre que l'Auteur lui avoit presté, avoit mis dedans un espece de Signet de plusieurs Louis d'or.
Jamais present ne fut donné
Avec plus d'artifice.
Tous mes Livres en vérité,
Sont à vôtre service.
Le Ciel qui vous rend icy bas
Si digne d'être aimée;
Ah! pourquoi ne vous fil il pas
Naistre la soeur aînée? Madame la Chanceliere le Tellier.
par Coulanges
[329]
Chanson
1672
Sur l'air de l'ouverture du grand Balet.
Sur Mr. de Harlay Archevesque de Paris.
Pasteur tu fais pas comme ces Canailles,
Qui tondent leurs Ouailles
Pour croire le St. Troupeau.
Tu f..... comme un Moineau
Content d'un petit fonds.
Tu ne demande hormis quelques flacons
Rien que la dixme des C...
Malgré ta teste grise,
Sans tant piailler à l'Eglise,
En tout lieu;
Tu vas, faisant des serviteurs à Dieu.
Nul ne fait fleurir si dignement que toy
Nôtre Chrestienne Loy;
Et souvent quand ta main batise
Ton v...... lui donne cet employ.
Autre
1672
Sur l'air.....
Chanson faite par le Roy Louis XIV pour
Mad.e de la Valliere dans le commencemens
de ses Amours.
Qui les scaura mes secrettes amours?
Je me ris des soupçons, je me ris des discours;
Quoique l'on parle, et que l'on cause.
Nul ne les scaura, mes secrettes amours,
Que celle qui les cause.
[331]
Chanson
1672
Sur l'air des branles de Metz.
Des amours de la Franciere, le Marquis de la Vieuville mort le...
Le récit est ennuyeux, May ou Juin 1719 de la verolle, que lui avoit
Car de vous nommer tous ceux donné dit on, Mad.e de Belloy Franciere.
Qui l'on renversée par terre;
Il me faudroit plus d'un an,
Sans épuiser la matiere.
Il me faudroit plus d'un an
Pour compter tous ses amans.
Un Abbé du voisinage, Bonneau
Deux Caumartins, trois Breteuils;
Ha! j en ay la larme à l'oeil,
L'ont eu quatre ans en partage;
Et cinq gros freres Machaults,
L'ont faite à leut badinage,
Et cinq gros freres Machaults,
Et le grand prestre Bertaud.
Tracy, Purnon, & le Lievre
Quoiqu'il ne fut pas Guidon,
L'ont pris d'assaut, ce dit on;
Dont tres grande fut la rage,
De ce pauvre Commandeur Le Commandeur de Machault.
Qui l'a tenoit à ses gages.
De ce pauvre Commandeur
Qui en eut grand mal au coeur.
D'avoir en son pucelage,
Personne ne se souvient;
Mais le beau de Villeferain,
Qui la prit de fort bas âge,
Nous a dit confidemment
Qu'il trouva large passage;
Nous a dit confidemment
Qu'elle avoit le C...... bien grand.
Or escoutez la merveille
Son mary ce bon piquouar,
Le jour qu'il se fit Cornard
Jura qu'elle êtoit pucelle;
Mais son Cousin de Charny,
Lui dit qu'elle n'est pas telle;
Mais son Cousin de Charny
Luy dit qu'elle avoit menti.
[333]
Chanson
1672
Sur l'air des branles de Metz.
Dangeau pour M.lle de la Mothe depuis
Mad.e de la Vieuville.
C'est en vain qu'on est aimable,
Jeune, amoureux, et vaillant;
Si l'on n'est entreprenant
L'on est toujours misérable.
Un sage amant se transit,
Et devient insuportable.
Un sage amant se transit,
Un étourdy réussit.
Quand une aimable maîtresse
Se trouve seule avec vous,
Et par des mots assez doux
Vous temoigne sa tendresse.
Servez vous de ce moment,
Profitez du tems qui presse.
Servez vous de ce moment
Pour vous rendre heureux amant.
Réponse
Quand une jeune maîtresse,
Vous fait part de son tourment
L'on ne peut trop promptement
Profiter de sa tendresse.
Si vous tardez plus longtems,
Elle connoît sa foiblesse.
Si vous tardez plus longtems
Vous perdez d'heureux momens.
De vôtre mélancolie
Je crains un fâcheux succés,
La sagesse dans l'excés,
Est un excez de folie,
Et c'est une grande erreur
Quand on est jeune et jolie.
Et x'est une grande erreur
De croire garder son coeur.
[335]
Chanson
1672
Sur l'air de la Fronde.
Sur Marie-Louise de Noailles.
Marie-Louise de Noailles,
Faites-nous vîte un autre Enfant;
Car vous ne fîtes rien qui vaille
Dans le dernier accouchement.
Faites un seigneur de Malicornes,
Qui puisse un jour planter des Cornes
Sur la teste de ses amis,
Tant à la Cour que dans Paris.
Chanson
1672
Sur l'air des Ennuyeux
Bonzy vous êtes à deux mains le cardinal
Pour le mâle & pour la femelle.
Vous penderiez tous les humains
Pour une pauvre bagatelle,
Vous n'aurez jamais vôtre égal,
Si Saint Papoul* n'est Cardinal.
* L'Abbé de Gramont amy de débauche du Cardinal.
[337]
Chanson
1672
Sur l'air des Roquentins.
La Desgory (1) ta hantise
Trop fréquente avec L'Eglise,
Nous a fait croire de toy
Que tu branle dans ta foy.
La Saint Jouin galante et belle;
A chez Elle une Chapelle (2)
Qui distille nuit et jour
La pure essence d'amour.
(1) Huguenote qui avoit une affaire avec Gilot Conseiller Clerc.
(2) Chapelle amy de son mary qui logeoit chez Elle.
[339]
Chanson
1673
Sur l'air……..
Sur Mad.e de Ris.
Je plains l’impatience
Que vous donne l’absence,
Ô Madale de Rise;
C’est une chose déplaisante
Que d’attendre en vain son mary.
Autre
1673
Sur l'air……..
Ninon* passe tes jours en jeu,
Cours toujours où l’amour te porte.
Le Prédicateur* qui t’exhorte;
S’il êtoit auprés de ton feu,
Te parleroit d’une autre sorte.
* Mademoiselle de l’Enclos
* Tallemant Laumonier.
[341]
Chanson
1673
Sur l'air: Que la vieillesse est lente
Dans l’Opera d’Alceste.
Ô Dieux! quel prodige nouveau!
Le paisible Berger Dangeau,
N’ayant pour tout second que le pedant Briolle,
Prétend faire payer par l’effort de son bras,
Jusqu’a la derniere Pistolle
A Peterborouk qui n’en a pas.
Voyez l’Argument qui est à la teste d’une Parodie de la 4.eme Scene du 2.d Acte de l’Opera de Cadmus et Hermione en 1673.
Elle commence par ce 1.er Vers. Je vais passer en Angleterre
Autre
1673
Sur l'air…..
Couplet de Mr. de Mahaut de Tierceville
Pour sa fille.
Pour du Mesnil le Couvent a des charmes;
Mais je m’entends, c’est un Couvent de Carmes.
[343]
Chanson
1673
Sur l'air: Ne sortirai-je point des Tours de la Bastille
Par le Chtr de Gramont.
Je passe incognito dedans la diligence,
Je n’ay point veu Guitait ma vieille connoissance;
Mais à son gros Chasteau j’ay fait la révérence.
Autre
1673
Sur l'air du Traquenar.
La Marquise de Coatquin
Aime Monsieur de Quintin;
Il a l'air d'un Etourneau
Mais qu'importe, mais qu'importe
Il a l'air d'un Estourneau;
Mais c'est un galand nouveau.
[345]
Chanson
1673
Sur l'air: Ne sortirai-je point des tours de la
Bastille, ou les Lancelots.
Par Mr. de Coulanges, sur la Maison de Turpin-Sanzay, dont
est le Comte de Sanzay son beaufrere.
Lancelot Turpin fit boucler sa Denise
D'un Cadenat qu'il eut du Doge de Venise;
Car elle avoit l'humeur encline à Paillardise.
Denise en amour bien fine & bien aprise,
Par une fausse Clef mit son fait en franchise,
Et s'adonna toujours depuis à paillardise.
Chanson
1673
Sur l'air.....
Impromptu de Mahaut Tierceville, pour sa femme, qui
lui demandoit un Couplet de Chanson en son honneur.
La jeune merveille,
Qui fait mon soucy;
A la bouche vermeille,
Et le bout du nés aussi.
[347]
Chanson
1673
Sur l'air: Nous baison tous le mains.
Ha! que je hay ce faquin de Nouveau,
Que ce coquin a un vilain museau.
Il est punais, il est ladre et puant.
Il est sans coeur,
Et n'eut jamais d'honneur,
Et fait le suffisant.
Autre
1673
Sur l'air: Tandis que nous sommes.
Doberboc la belle,
Vous faites un grand mal,
D'avoir brouillé la Cervelle
Du Procureur Général.
Hendreville, et Panilleuse.
[349]
Autre
1673
Sur l'air. Nous baisons tous les mains.
De vos amans divine Marion; de Lorme.
Ne vous meslez point de la Religion.
Qu'ils soient Papistes, ou qu'ils soient huguenots,
S'ils baisent bien.
Qu'importe de Coetquen,
Ou bien d'Andelot.
Autre
1673
Sur l'air......
Madame de la Suze, pour le Marquis
de Flamarins (Grossolles).
J'avois juré de ne jamais aimer;
Mais helas! mon serment êtoit bientéméraire;
Quand j'avois crû que rien ne me pouvoit charmer.
Tircis vous n'avire pas entrepris de me plaire.
[351]
Les derniers volontez,
Réparation de Biens, Charges et vices
de M.r de Maré sain d'Esprit, qu'il a suplié le Roy son
maître d'avoit la bonté de faire exécuter, en considération des
services qu'il a rendus, et qui lui ont acquis l'affection de S. M.té qu'il portera au tombeau, et encore plus loin, s'il est permis à ceux qui passent dans l'autre monde, d'avoir quelque attache pour cequi reste sur la terre.
Premierement
Je donne mon ame à Dieu, mon corps à la terre.
Le bien qui me reste, à ceux à qui il appartient,
manque de Soldats à qui le distribuer.
Mon coeur tout entier au Roy
Ma reconnoissance de leurs bienfaits à Mr. le
Prince, et à Mr. le Duc.
Mes respects à M.r de Savoye.
Mes regrets à la Maale de Grancey ma belle
mere.
Mon indignation à Longueval.
Mon amitié à Mr. de Quitry.
A Mr. Rohan mes grands desseins.
Ma liberté, ma tendresse, et mes pensées au
Portugal.
Mes mépris à venise et à son Senat.
Mes obeissances éternelles à Mr. de Séer.
Mes Conseils sinceres au Prince de Courtenay.
Ma joye à la prospérité de vos Armes.
Ma gayeté au Comte de Gramont.
Ma franchise à Mr. de Charost.
Ma timidité à la nature qui craint cette
séparation.
Ma langeur pressante à mes blessures.
Mon inquiétude à la peur que j'ay qur V.M.
ne soit pas encore bien persuadée qu'elle n'aura
jamais un second Maré en affection.
Mes vertus occultes passées à Saucour.
De la valeur si j'en ay eu à .......... de
Portugal.
La qualité de mon amy au Comte du Lude.
Mon honnesteté à Grignan.
Ma douceur au Comte d'Estrées.
Mon humeur loyalle à Chamilly cadet.
Mon humeur brusque et considérable au
Marquis de Coeuvres.
Ma fouberie à Schomberg.
Ma liberté au Conjongo du 12 Novembre 1667.
Mes remords aux Emprunts que j'ay faits.
Ma bravoure si j'en ay à Gadagne, car il n'y
a personne dans vôtre Royaume qui en ait plus
que luy.
[353]
Mon égalité à M.r le 1.er de Beringhen.
La connaissance que j'ay des Langues, au
Comte de Guiche.
Ma phisionomie funeste au Maal de Camp
de vos Armées, où je prie Dieu qu'il veuille toujours
demeurer. M.r le Bret.
Mon zele pour ses services, à Mr. du Terron
de la Rochelle.
Ma malédiction à la Salle et des Chapellet,
Et à tous qui vous quitteront pour le service des
Venitiens.
Mes Compliments à Mad.e la Duchesse de
Montausier.
Mes malheurs à sa niéce ma femme.
Ma legereté à son autre niéce la Mothe.
Ma bonne opinion à Cologon.
Ma sagesse à d'Arquien.
Ma jeunesse et mon brillant à la Mark.
Ma bonté à Mad.e la Maale de Grancey.
Mon ridicule à mon beaupere.
Ma veine poëtique à Mad.e de St. Martin.
Ma folie toute entiere à la Feuillade.
Mon estime qui vaut encore plus que l'on ne
scquroit croire à Bourbonne, quand sera veuf,
à mon beaufrere le marin.
Mes obligations à Busserolle qui volage.
Mes remercimens de sa bonne volonté à
Sanguin.
Mon aversion à Termes, a cause de l'amitié
que j'ay pour Castelnau.
Mon indifférence à plusieurs de la Cour.
Mes Cornes si j'en ay à celui que v. M. trouvera
plus dignes de les porter.
Ma maîtresse à Louvigny puisqu'il a pû
lui plaire.
Mon jugement si j'en avois à Chamilly.
Trente Pistolles à Fromenteau.
Le sacrifice de mon ambition au mérite de
Louix XIV.
Mes chagrins au peu de biens que j'avois pour
le servir.
Mes espérances à mon Espée.
[355]
Epitaphe
1673
de Jean-Baptiste Moliere Comédien
(Poquelin) mort le 17 Fevrier.
Cy git qui parût à la Scêne,
Le Singe de la vie humaine,
Et qui n'eut jamais son égal;
Mais voulant de la mort, ainsi que de la vie,
Estre l'imitateur dans une Comédie,
Pour trop bien réussir, il réussit fort mal:
Car la moet en êtant ravie,
Trouva si belle sa copie,
Qu'elle en fit un original.
Sonnet
1673
Sur le Mesme
Dans ces lieux profanez par un méchant folatre.
De qui l'attache au bien, l'aveuglement fut tel,
Qu'il permit tout au vice, et fit que le Théatre
Impunément livra guerre ouverte à l'Autel.
Il eut les sentiments d'un parfait idolatre,
Chacun dans ses désirs, eut sa part au Cartel;
Ce Dieu qu'il adora, ne fut qu'un Dieu de plâtre,
Et sa foy, s'oposoit à son être immortel.
En se flattant lui même, en son libertinage;
On l'av veu soûtenir, differend personnage;
Mais le plus fort parût au divin tribunal.
Où ce pauvre insensé, cet ingrat, cet impie,
En pensant de sa mort, n'estre que la copie,
En devint par malheur le triste original.
[357]
Réponse
1673
Si je fus un plaisant, si je fus un folatre,
De mon attache au bien, l'excez n'estoit pas tel;
Que sans respect pour Dieu, l'on ait vû un théatre,
Faire de mes leçons, le procés à l'Autel.
Pénétrant le vray culte et le cultre idolastre,
Aux dévots simulez, je livray le Cartel:
Je renversay l'Idolle et découvris le plastre
Qui tâchoit d'emprunter un visage immortel.
Sous l'habit de vertu, le libertinage,
Joüoit impunement, un lasche personnage;
Je le fus attaquer jusqu'en son tribunal.
Pour détrosner l'erreur; je contrefis l'Impie,
Puisque je n'estois que la simple copie,
Ne la confondez pas avec l'Original.
Epitaphe
sur le même
C'y gist, qui scavoit faire rire
Aux dépens de tout l'univers,
Et assaisonner ses...........vers
Du sel piquant de la Satire,
D'un stile plaisant et bouffon;
Qui ne fut jamais trouvé fade.
Il a joüé sain & malade;
homme, femme, jeune et barbon,
Le Cocu, le jaloux et le mélancolique,
Le Gentilhomme, et le bourgeois,
Le Marquis et le villageois;
Ont êté le suhet de sa veine comique.
Heureux s'il n'avoit point enfin,
attaqué l'hipocrite et le Medecin!
Ces derniers animez d'une rage intestine,
L'ont laissé sans secours, aller au monument,
Le medecin, sans medecine,
Et le bigot sans sacrement.
[359]
Sonnet
1673
Fevrier
Mad.e de Courcelles aux pieds de ses
Juges.
Pour un Crime d'amour, dont je ne suis pas coupable,
Que pour avoir le coeur, trop sensible, et trop doux;
Dois-je avoir un tiran, sous le nom d'un Epoux,
Arbitres Souverains de mon sort déplorable?
Ce barbare auteur des maux dont il m'accable.
Oze-t'il se servir de Thémis et de vous?
Pour m'immoler bientost à ses chagrins jaloux,
Et me faire périr, pour être trop aimable?
Ha! consultez de grace, et vos yeux, & vos coeurs,
Ils vous inspirent d'etre mes Protecteurs,
Tout ce que fait l'amour, n'est il pas légitime?
Et vous, qui tempérez la sévére Thémis,
Pourriez vous vous résoudre a châtier un Crime,
Que la pluspart de vous, voudroient avoir Commis?
Autre
1673
Par un des Juges de Mad. e de Courcelles.
Le Prophete Cornu, fait une Loy severe,
Qui vange les Cocus, qui flatte les jaloux;
Puisqu'il veut qu'on lapide une femme adultere.
Consultons un légiste, et plus sage, et plus doux.
Ce sera le Sauveur, puisqu'en pareille affaire,
Il confondit les Juilfs, et détourna leurs coups.
Lapidez, leur dit il, celle qu'on vous défere;
Mais que le premier coup, soit d'un juste entre vous.
Il scavoit qu'en amour, la faute est si commune,
Qu'il faudroit assommer et la blonde et la brune;
Mais il êtoit venu pour sauver les pécheurs.
Amis quittons la Loy, vivons sous l'Evangile,
Si l'Astre dominant, fit la belle fragile
Courcelles est son Moyse, et soyons ses Sauveurs.
[361]
Sur la même
1673
On êtoit sur le point d'immoler une belle
A l'injuste couroux,
D'un avare jaloux,
Bientost à la Tournelle,
Malgré le grand Talon;
On alloit prononcer contre elle,
Et malgré ses avis, la tondre tout du long;
Quand l'amour qui dormoit, sur la foy de ses charmes,
S'eecria tout d'un coup, Hé! quoi lasches mortels!
On va prophaner mes Autels?
Et vous ne prenez pas les Armes?
Aussitost armé de ses traits
Il vint à tire d'aisle
Se ranger auprés d'Elle,
Et lui mit dans la main la bague de Gigez,
Pour obscurcir l'eclat de sa vie prunelle,
Et malgré la Tournelle;
Sans autre forme de procez,
Il enleva la belle.
Sur les Boutiques de la Gallerie neuve du Palais.
1673
Lamoignon, il faut avoüer 1.er President
Que tes vertus et tes Boutiques,
Seront, malgré les satiriques
Eternellement à loüer.
[363]
Chanson
1673
Sur l'air: Reveillez vous belle endormie.
Sur l'Abbé Tallement Aumosnier de
Madame, Duchesse d'Orleans, et de l'Academie Françoise.
Sire, Tallemant vous suplie,
De souffrir qu'il soit toujours gueux;
On la veu tel toute sa vie,
Et n'a pas vescu moins heureux.
Personne n'a plus d'eloquence,
Ny de mérite qu'il en a;
Mais il doute dans l'abondance,
Si le mérite le suivra.
S'il a dit sur vôtre victoire
Quelque chose qui vous ait plû;
Pour en aquitter vôtre gloire
Ne hazardez pas sa vertu.
C'est un héros de gueuserie,
Qui doit meme être respecté,
Durant tout le cours de sa vie
De vôtre libéralité.
Un grand Monarque doit connoître,
Comme il faut placer les bienfaits,
Et ne doit enrichir jamais
Ceux qui n'ont pas besoin de l'être.
Ses oeuvres que vous admirez,
Tentent vôtre magnificence;
Mais seurement vous gaterez
Le plus beau naturel de France.
Il faisoit sur sa pauvreté
Toujours quelque Conte pour rire:
Sitost qu'elle l'aura quitté,
Il n'aura plus le mot à dire.
Sire, je n'en suis point jaloux;
Mais vous scavez cequ'il scait faire;
Si vous l'obligez à le faire,
Vous y perdrez bien plus que nous.
Ne craignés point que l'on s'offense,
Si l'on le voit abandonné;
C'est le seul homme d'importance,
A qui vous n'aurez rien donné.
[365]
Sur la Fuite de Madame de Mazarin.
1673
Sire, dit Mazarin, blême, pâle, interdit,
Ma pauvre femme, hélas! qu'est elle devenuë?
La chose, dit le Roy, vous doit être connüe;
L'Ange qui vous dit tout, ne vous l'a t'il pas dit?
Il avoit dit au Roy qu'il avoit eu une revelation de l'avertir de ne plus voir Madame de la Valliere.
Epigramme
1673
Sur ce que Quinaut vouloit faire oster son nom des Satires de des Préaux.
En vain mon cher Quinault tu pleure, tu soupire,
Pour faire oster ton nom du Livre des Satires.
Un Critique tout seul, peut il te décrier?
Je crains d'autres écrits qui te font plus d'outrage;
Ta femme, tes enfans, m'ont dit de te prier
D'oster ton nom de tes propres ouvrages.
[367]
Chanson
1673
Sur l'air Lon lan la derirette.
Je n'aime point les grans garçons; bis
J'en ay de fort bonnes raisons.
Lon lan la derirette;
Mais je suis folle d'un petit
Lon lan la deriri.
C'est Be/athillac le Chevalier bis
A qui je n'ose me fier,
Lon lan la derirette.
Car l'amour est fait comme lui,
Lonlan la deriri.
Sur ce petit minois d'Enfant, bis
C'est peut être lui qui m'attend;
Lon lan la derirette.
Pour se venger de mes mépris,
Lon lan la deriri.
Ascagne ce petit fripon, bis
Fit le même tour à Didon,
Lon lan la derirette.
On scait ceque Virgile en dit.
Lon lan la deriri.
Faites éprouver ce destin, bis
Au débonnaire Sacristain.
Lon lan la derirette.
Je m'escriray sur pain beni,
Lon lan la deriri.
Mais pour le tendre Chevalier, bis
Il ne faudroit pas l'oublier,
Lon lan la derirette.
Vous ne l'oublirez pas aussi,
Lon lan la deriri.
Mais pourquoi me remercier? bis
Est-ce d'aimer la Bedacier?
Lon lan la derirette.
Je parle comme un étourdy,
Lon lan la deriri.
Je m'en raport à mes rivaux, bis
Et même qu S.r de Bridavaux,
Lon lan la derirette.
Que vous avez si fort trahi,
Lon lan la deriri.
Vos beaux yeux desarment les coeurs bis
Je les croi de plus grands vainqueurs,
[369]
Lon lan la derirette.
Que n'etoient Galas et Mercy,
Lon lan la deriri.
Mais j'ay peur de vous ennuyer, bis
Adieu donc la belle Bedacier,
Lon lan la derirette.
Je croi qu'il est tems de finir,
Lon lan la deriri.
Depuis que vous êtes à St. Cloud, bis
Je vis comme un pauvre Garou,
Lon lan la derirette.
Qui n'a repos ni jour, ni nuit,
Lon lan la deriri.
Pour vous dans ces aimables lieux, bis
Possedant la belle de Rieux,
Lon lan la derirette,
Vous possedez tous les plaisirs,
Lon lan la deriri.
Fait à Paris le trente May, bis
Sur un chant peut être trop gay,
Lon lan la derirette.
Pour un amant quasi transi,
Lon lan la deriri.
Autre
1673
Sur l'air Harlai n'est plus
ou Mais.
Sur le Marquis de Courcelles Champlais.
L'on ma volé, l'on a pris ma vaisselle,
Crioit un jour le Marquis de Courcelles,
Mais
Il me reste une fourchette
Qu'on ne m'ostera jamais.
[371]
Chanson
1673
Sur l'air de l'Alleluya.
La Lusancy met tant de fard,
Qu'Elle sent toujours le vieux lard;
Le gousset et le faguena.
Alleluya.
La Ville et Betaud nous ont dit,
Qu'Elle vaut pas un grand mercy;
Du Til en disoit tout autant,
En la quittant.
Villiers pour elle soûpiroit, N.......Courtin Mgs de Villiers, faisoit le guet toute
Et nuit & jour lui protestoit, la nuit dans le tems qu'elle demeurait au temple.
De mettre en poudre ces gens là.
Alleluya.
La nuit dans le grand Prieuré
On l'a vêu jaloux eschauffé;
Quand il vit un homme entrer là.
Alleluya.
Cet homme estoit Italien, Albergoti.
Et n'alloit pas le grand chemin;
Cette belle en vouloit par là.
Alleluya.
Sitost que Varenne eût apris,
Que son amour êtoit trahy;
Tous ses deffauts il publia
Alleluya.
[373]
Chanson
1673
Sur l'air des Rochelois.
Je vais vous faire trait pour trait
D'un vieux Gascon le vray portrait,
Wous le reconnoîtrez sans peine.
Il est bossu, jaloux, puant;
Tres méprisé de la Fontaine
Le reconnoissez vous maintenant?
Autre
1673
Sur l'air des Ennuyeux.
Voulez vous scavoir les Auteurs.
Des Chansons qui vont par la ville?
En voicy la plus fine fleurs;
D'Olonne, Bussy, la Gouville,
........................
Sont Ennemis du genre humain.
[375]
Chanson
1673
Sur l'air: Qu'en dira t'on?
On dit Saint Loup, qu'un Mareschal de France
Vous fait payer de vôtre pension;
Si la finance
D'un vieux barbon,
Vous fait un jour chasser le peuple bon,
Qu'en diroit on?
Autre
1673
Sur l'air: Depuis Janvier etc.
Pour Jacques II. Roy d'Angleterre.
Vous pouviez conserver Grand Roy
La Foy de Jesus et sa Loy,
Sans employer sa Compagnie; Les Jesuittes
On ne la connoît point aux Cieux.
Si de la Terre on l'eut bannie,
Vous, et le monde en seriez mieux.
[377]
Chanson
1673
Sur l'air: Il fait tout cequ'il deffend.
Deudreville et Panilleuse,
Entre les verres et les pots,
D'une humeur assez joyeuse,
Se disoient à tous propos;
A ta santé camarade,
A ta femme prens bien garde;
Taype et tingue grand mercy,
Prens garde à la tienne aussi.
Autre
1673
Sur l'air des folies d'Espagne
Couplet de Tierceville pour Madame d'Heudicourt qui lui demandoit une Chanson sur l'air des folies d'Espagne.
Vous aimez donc les folies d'Espagne?
L'Air vous en plaît, il est charmant et doux;
Si vous aimiez celles de nos campagnes,
Que j'en ferois de jolies avec vous!
[379]
Catalogue
1673
des Livres qui se sont trouvés dans la
Biblioteque de Chevalier de Fourille
L'Art de seigner par M. Jean-Baptiste
Chirurgien du Roy.
L'impossibilité de la circulation du sang,
trouvé et éprouvé par le même.
De inventione libri centum edicti impensis et
cura fratrum sodalitatis erecta parisÿs
sub inventione sancti Mathesi.
Factum pour les Filles Repenties demanderesses
en déguerpissement et restitution de Dame
Louise-Marie de la Baume-le Blanc,
Contre les Religieuses Carmelites
Bardacos Epiphanos, ouvrage Italien et grec
par frere Louis Lotheren.
Le voyage de St. Mathurin, fait par Julie
d'Angennes.
Le bon Laron ou les dévotes intentions de
M. de Pomponne, Auteur d'une Maltote
nouvelle.
Recueil des plus belles pensées du Prince de
Marcillac.
Almanach pour l'année prochaine, promettant
un redoublement du mal de St. Francois.
La Grande Ecurie de Balarri, où le nom
des Asnes qu'on a depuis peu receus à
l'Academie Francoise.
De concordia Religionis et injustitiae quatuor
Authore Guillelmo Lamonio Curice parisien
si praeposito.
Le mauvais Laron ou le Concussionnaire
découvert, par M.r Betault.
Les Libertez de l'Eglise Gallicanne, ou la
vie dissolue des Prelats suivant la Cour,
decouverte par les discrettes du Marais, c'est
un grand Livre inf. e dans lequel se trouve
encore l'Echo de S.te Varenne, redisant jus-
-qu'a sept fois les soupirs amoureux de
M.r de Rispa.
Le Cuisinier François commenté par Mr. de
Toulouze.
L'Oraison funebre du Celibat prononcée chez
Mad.e de Bretonvilliers le jeudy 1.er Fevrier
en l'Assemblée des belles par, M.re Francois*.... * On n'a point-voulu Duc et Pair de France. mettre icy le nom de Famille.
Les Sermons de Moliere.
Les comédies de Mascaron
Harangue faite au Roy par le S.r des Chiens
au nom et à la teste des Coupeurs de bourse
de Paris, depuis longtems sans employ et
[381]
s'offrant de servir auprés de M.rs des
Finances.
Les Mémoires de M.r de Montauzier, concer
nant la véritable raison de beaucoup
d'incidens.
Nuptiae disparatae. Ouvrage posthume de
Johannes Baraldus traduit en Francois,
par M. Guilloire cy devant Secretaire des
Commandemens de S.A.R. Mad.lle
L'Establissement des mariages de conscience
par le Comte de Montresor Docteur endroit;
dedié à son Altesse M.lle de Guise.
Monitoire décerné par le Légat de Vendôme,
à la Requeste des Parlemens de France;
pour avoir révélation des malveillants,
qui leur ont enlevé clandestinement leur
souverainté.
Un Mémoire qui a pour titre, la vie rustique
de M.re Francois de Medavi Archevesque
de Rouen, reveu de nouveau, et augmenté
d'un traité, contenant la maniere de faire
venir le sainfoin dans les Jardins de
Gaillon.
Les Portraits de plusieurs hommes, sui de nos
jours se sont élevés aux plus grandes
fortunes, quoique sans mérite, sans naissance
et sans vertu; les mieux faits sont ceux
de M.r Servien et de M.r Berrier, placés
en regard et mis en profil.
[383]
Chanson
1673
Sur l'air: Daye dan daye.
Sur l'Abbé de Gramont.
En hiver l'Abbé de Gramont
N'a pas le courage trop bon:
Mais ma foy dans la Caniculle
C'est un Hercule, c'est un Herculle.
Autre
1673
Sur le même Air.
Admirons tous à haute voix
La bonté du plus grand des Rois.
Il est descendu aux Entrailles
De Fontrailles, de Fontrailles.
[385]
Chanson
1673
Sur l'air du Ballet.
Le Comte de Gramont alais Bussy pour
La Comtesse de Fiesque.
Plus je presse,
La Comtesse,
De s'attendrir;
Et plus cette inhumaine
Dit que ma peine
Est folle & vaine,
Et qu'il m'en faudra mourir
Un moins entesté que moy,
Par cette rigueur,
De coeur,
Se dégageroit de sa foy;
Mais je suis trop heureux
Sans espoir,
De jamais rien avoir
D'en être seulement amoureux.
Autre
1673
Sur le même air.
Fait par le Comte de Bussy, sur son exil
aprés le voyage de la fameuse débauche
de Roissi, la Semaine sainte.
Je déteste,
Comme peste,
L'Ordre du Roy,
Qui parceque je raille,
Vaille que vaille,
Me dit que j'aille,
A tous les Diables chez moy.
Quoi! pour m'estre réjouy,
Pour avoir chanté,
Dancé.
La Semaine Sainte à Roissy,
On me chasse helas?
Je promets,
Si j'en reviens jamais,
De faire bien des Alleluyas.
[387]
Chanson
1673
Sur l'hymne Ut queant lacis etc.
Enfin Montbazon,
A changé de Maison;
Voulant à ce prix
S'aprocher de Paris;
Elle a sa raison;
Mais l'argent qu'elle apris,
Aigrit nos Esprits.
[389]
Chanson
1673
Sur l'air: Ah petit a petit.
Marie-Louise Pot-de Rhodes, Duchesse
de Vitry, fit ce couplet pour le Marquis de
Renel ou Revel.
Que Monsieur de Renel
Me conte des sotises;
Si je croyois ce mortel,
Adieu ma pauvre franchise.
Ah! je ferois à sa guise
Un gros péché mortel.
[391]
Chanson
1674
Sur l'air de l'Echelle du Temple
Sur les noces de Mr. d'Amboille fils
de Mr. d'Ormesson.
Par Mr. de Coulanges.
Le soir de ses noces un garçon,
Mais un garçon déja barbon,
Fit cette démande à son pere.
Dites moy ceque c'est qu'un C.......?
A quoi sert il? qu'en faut il fair?
Dites le moy papa Mignon?
Mon fils j'aprouve ta pudeur,
Tu seras béni du Seigneur,
Pour une si sainte ignorance.
Qu'un C...... ne te fasse point de peur;
Fait tout doucement connoissance,
Et tu seras bientost Docteur.
Mon fils tu feras comme moy,
J'etois ignorant comme toy.
Le jour que j'epousai ta mere,
Je redoutois ce premier pas;
Mais sa main conduisant l'affaire,
Me tira de cet embarras.
Aussitost il se mit au lit;
Mais se sentant roidir le V......
Il se crut possédé du Diable.
Tobie lui vint en l'esprit.
Et trouvant le cas tout semblable.
Il pria Dieu toute la nuit.
[393]
Chanson
1674
Sur l'air de l'Echelle du Temple
Par Dangeau.
Tous nos souhaits sont accomplis,
Madame a fait un second Fils. Philippes Duc de Chartres.
Dieu bénisse Monsieur son pere,
Quoiqu'il soit content aujourdhuy,
Si je plaisois à ma bergere
Je serois plus heureux que luy.
Réponse par M.r de Luxembourg
(alias le Ch.er de Lorraine.)
Dangeau rime facilement,
Dés la je crois qu'il est amant,
Et voicy surquoi je me fonde,
Pour faire des vers chaque jour
Dont le tour plaise à tout le monde,
Il faut les devoir à l'amour.
Autre
1674
Sur un Air de Lambert.
Les parolles sont de l'Abbé de Saintot, pour
Mad.e D......
Ah! ne voulés vous pas entendre
Le langage de mes soupirs?
L'amour n'en a point de plus tendre
Pour vous exprimer mes désirs.
Je ne vous demande pas de l'aprendre,
Pour le parler; mais pour l'entendre.
Mais si pour exprimer ma peine
Mes soupirent ne suffisent pas;
Je veux trop aimable inhumaine
Vous l'aprendre par mon trépas.
Je ne vous demande pas de l'aprendre
Pour le parler; mais pour l'entendre.
[395]
Chanson
1674
Sur l'air: Peut on mieux faire, quand
on scait plaire, de l'Opéra,
de Cadmus.
Vous serez Reine,
Belle Climene.
Vous serez Reine
Belle Norry:
Puisque déja le ciel vous donne
Un petit Louvre pour logis,
Et pour amant une teste à couronne;
Vous serez Reine je vous le dis.
[397]
Chanson
1674
Sur l'air: Vous étonnez vous etc.
de la Comédie de Circé.
Chalopin le soir,
Orné de feuillage,
Voit un sot visage,
Dedans son miroir;
Son air est farouche,
Son esprit mutin.
Il a beaucoup de bouche,
Et peu d'Escarpin.
[399]
Chanson
1674
Sur l'air.....
Au sujet du mariage de Mad.lle du
Bose soeur du Prevost des Marchands;
avec M.r Bontemps.
Beauté qui n'avez que quinze ans,
Prenez Bontemps,
Laissez là ces Intendans;
Ces gens de Code
Sont hors de mode.
Prenés Bontemps.
[401]
Chanson
1674
Sur l'air des Ennuyeux.
Sur Mr. Dangeau.
Dangeau se voyant trop frondé, il passa en Ang. re pour se battre.
Sur les bruits venus d'Angleterre;
Assembla Turenne et Condé,
Pour former son Conseil de guerre.
Le Roy l'ayant sceu, dit, Pourquoi
N'a t'il pas consulté Louvois?
Autre
1674
Sur l'air: M.r de la Palisse est mort.
Sur le voyage de Dangeau en Angleterre
en 1674.
Adieu ma femme et ma soeur,
Adieu mon frere et ma fille.
Priez tous nôtre seigneur
Pour le Chef de la famille.
Je m'en vais exterminer
Peterboroug en Angleterre.
Il faut m'y déterminer,
Ou bien quitter cette terre.
Mes Amis* veulent ma mort,
Un Mareschal & un Prince,
N'ont point pitié du sort
D'un Gouverneur de Province.
* Il consulta M.r le Prince et le Mareschal de Turenne qui lui conseillerent de s'aller battre contre Peterboroug.
[403]
Autre
1674
Sur l'air: Que la vieillesse est lente!
dans l'Opera d'Alceste.
Ô Dieux quel prodige nouveau!
Le paisible berger Dangeau,
N'ayant pour tout second que le pédant Briolle,
Pretend faire payer par l'effort de son bras,
Jusqu'à la derniere pistolle,
A Peterboroug, qui n'en a pas.
Si ces foudres de guerre
Conquestent l'Angleterre;
Grand Roy portés vos Loix
D'un bout à l'autre de la terre;
Ce sont là vos moindres François.
Autre
1674
Sur l'air: Daye dan daye.
Nous te verrons dans l'Almanac,
Grace aux soins qu'en a pris Sessac, (a)
En Chaussons/caleçons et en camisolle,
Avec Briolle, avec Briolle.
(a) Le Marquis de Sessac revenant d'Angleterre en ce temps là, conta l'affaire s'estoit passée.
[405]
Satire
1674
Contre les Moines.
Tous les donneurs d'avis ne sont point encore morts,
Si ceux de St. Ignace ont droit dessus nos Ports;
Si chaque muid de vin leur doit pour relever leur Temple
Tous les autres Couvens n’ont ils pas bel exemple?
François ne vaut il autant que Loyola?
Et doit on faire moins à ceux cy qu’a ceux là?
Dès que les Mandians furent soufferts en France,
Le Crédule Bourgeois fournit à leur dépense;
Ces adroits fainéants ont milles inventions,
Pour leur faire donner certaines pensions;
Et quatre grands Couvents pleins de cette canaille,
Mettent adroitement le Bourgeois à la taille.
Un gros frere questeur plus exact qu’un rentier,
Luy vient à tous momens demander son quartier,
Et quand il a recue l’aumône qu’il demande
Il paye le donneur d’un grand Dieu vous le rende;
On diroit à le voir comme il croise les bras,
Comme il baisse les yeux et conduit tois ses pas,
Comme il scait composer sa voix et son visage;
Qu’aussitost qu’on est Moine, il faut que l’on soit sage;
Mais tout est contrefait, tout est fardé chez eux;
Ils sont tous opulens et feignent d’etre gueux.
Les Jesuites de la rue St. Antoine obtinrent 5.eme d’Entrée sur chaque maid de vin pour relever leur Eglise et pendant qu’on la benissoit une femme s’avisa de dire fy fy qu’il put icy, qu’il y sent le vin.
[406]
Et malgré la couleur d’une feinte indigence,
Il faut meilleur chez eux qu’en aucun lieu de France:
Ces Moines en tout tems ont leur dépens payez,
Sans faire aucun travail ils sont tous deffrayez:
Enfin il n’est rien de plus faineant qu’un Moine;
Je lisois qu’autrefois le bon Saint Antoine
Se plaisot a nourrir quelque cochon chez luy,
Et le plus saint d’entre eux dans le siècle où nous sommes,
Nourrir plus de Pourceaux que nôtre Roy n’a d’hommes.
Chaque St. a sa bande et sa marque au pourpoinr,
Affin que son troupeau ne ss dissipe point.
Certains troupeaux d’entre eux ont une barbe de chevre,
Et d’autres n’ont jamais aucun barbe sur la levre.
L’un se trouve fort bien quand il est comme un ours,
Et l’autre prend plaisir à se raser toujours,
L’un est comme un corbeau, l’autre comme une pie,
L’un porte des habits qui souvent en cherpie.
Un va toujours nuds pieds, l’autre a de beaux habits,
L’un est blanc, l’autre est noir, et l’autre sera gris;
En un mot chaque bande est differemment mise;
L’un n’a pas de cheveux et l’autre de Chemise;
L’un n’a point de souliers dans la rigeur de froid,
L’autre ne voudroit pas souffrir un mal au doigt,
L’un porte la bezace et plus adroit qu’in boesme
Attrape le Bourgeois par une adresse extrême
[407]
L’autre a plusieurs moyens pour attraper du bien
Et le meilleur d’entre eux, bien souvent ne vaut rien.
Le Quinquina se vend chez ceux de St. Ignace;
Le frere Ange a cent fois trompé la populace;
Il a fait plus déclat avec un peu d’onguent,
Que s’il ressusitoit un mort, ou guerrissoit un Grand.
Le frere valerian a d’une petite Essence
Qui guerit de tout maux meme de l’impuissance.
Il en scait plus cent fois que Brayer et Vallots *Medecins
Et le plus habile home après luy n’est qu’un sot.
Enfin qu’est-ce qu’un Moine? Un animal a craindre,
Un adroit faineant, un homme qui scait feindre,
Un fourbe, un charlatan, un ruse courtesan,
Un grand donneur d’avis, un fameux partisan,
Un brigueur d’Evesché, un affamé de crosse,
Un vendeur de castor, de Bled, de Quinquina,
Un traître à son Monarque, et pire que tout cela;
Temoin ce scélérat, ce perfide et ce traître;
Cet homme aussi méchant qu’aucun autre peut être;
Ce demon infernal, ce perfide assassin,
Qui dans le sang Royal a trempé sa main, * Jacques Clement qui tua Henry III
N’est-ce pas un Moine? Ah? Quel autre homme en France
A moin que d’etre Moine, auroit eu cette insolence?
Les Moines en un mot sont des gens dangereux;
Le plus seur est toujours de se méfier d’eux.
Ils entreprennent tout, et tout leur est possible,
[408]
Ils scavent la chicane encore mieux que la Bible,
Leur Pere Procureur plus fourbe que Rolet,
A tous ces grands fripons presteroit le collet:
Lorsqu’il craint quelque chose avoir de la surprise,
Il scait comme l’on rentre en tous les biens d’Eglise.
S’il y trouve son bon, le bon pere s’y tient,
S’il ne l’y trouve pas le Chapitre y revient;
Il marque sans décret et sans main de Notaire;
Il s’embarque avec eux, a toujours des affaires.
Pour moy, je suis un Moine autant qu’un Partisan,
L’une est l’autre a mon gré sont toujours malfaisant;
Que l’un puisse attraper une Mittre une Crosse,
Que l’autre dans Paris fasse rouler Carosse,
Ces honneurs et ces biens ne me peuvent tenter,
D’un petit revenue je me veux contenter.
[409]
Chanson
1674
Sur l’air: Jeunes Zephirs, ou des Pellerins.
Pour M.lle de Rochebonne.
Gens du bel air qui, croyez que personne,
Loin de la cour ne peut avoir d’amans.
Vous changeriez bientost de sentimens,
Et prendriez ceux que l’amour me donne,
Si comme moy vous voyez Rochebonne.
Beaux Courtisans que la constance étonne;
Troupe d’amans qu’on ne fixe jamais.
Vous quitteriez tous les autres objets,
Et guéririez de vôtre humeur friponne,
Si comme moy vous voyez Rochebonne.
[410]
Chanson
1674
Sur l’air de la Bourée.
Madame d’Avesne donne Mad.lle de Menisglaise à la vieille Marquise d’O pour la mener à Paris.
Ces couplets sont du Marquis d’O le borgne.
Pour Meniglaise vous avez bien raison,
De prendre à vôtre aise,
Le Coeur de Cauvisson;
Vous êtes bien rusée,
De tromper cette Fée,
Qui vous suit pas à pas.
Nonobstant la Marquise
Vous prenez vous ébats
Toute nuë en chemise,
Et meme entre deux draps.
Vous êtes bien rusée
De tromper cette Fée,
Qui vous suit pas à pas.
[411]
Chanson
1674
Sur l’air: Daye dan Daye.
Lou Prince n’a pas pris un pou/pont *de Conty
Dans le plaine de Roussillon.
Lou passa desdin le Biscaye,
Daye dan daye et daye dans daye.
La Milice du Languedoc
Estoit preste à donner le choc.
Lou Prince n’a rien fait qui vaille.
Daye etc.
Schomberg ce vaillant général,
Dit qu’il nous dera bien du mal,
Qu’il chassera toutes les canailles.
Daye etc.
[412]
Autre
1674
Sur l’air………..
Mr. le Prince fit cette chanson à Senf en faisant mettre en bataille les Gardes du Roy, don't il êtoit mécontent.
Amarcés vos carabines,
Messieurs les Gardes du corps;
Et faites une autre mine
Que quand le Roy entre, ou qu’il sort.
[413]
Chanson
1674
Sur l’air: Moy
Sur…… la Baume le Blanc Duchesse de la Vatiere, lorsqu’elle se retira aux Carmelites.
Adieu Chambort, Trianon et Versailles,
Beaux Palais enchantez,
Je vais pleurer entre quatre murailles
Mes infidélitez;
Ceque je prends vaut bien ceque je quitte,
Je suis Carmélite moy. Bis
Jeunes Aiglons Enfans d’Auguste race,
Brillans de mille appas:
Pour mes pechez j’ay choisi cette place,
Ne m’en detournez pas;
Ayez pitié d’une mere séduitte.
Je suis carmélite moy Bis
[414]
Autre
1674
Sur l’air: A ta santé camarade ou
Il fait tout cequ’il defend l’Archevesq. de Rouen.
Dudreville (a) et Panisseuse (b)
Parmy les verre et les Pots ;
Tous deux d’une humeur joyeuse
Se disoient à tous propos.
A ta santé camarade;
A ta femme prens bien garde.
Taupe et tinc, grand merci,
Prens garde à la tienne aussi.
(a) Le 1.er mari de Mad.e de Villars, qui eut le cou coupé pour l’affaire du Ch.er de Rohan en 1674.
(b) Avoit sa Terre près de Vernon.
[415]
Chanson
1674
Sur l’air de l’Adieu de Cadmus.
Sur l’Arriereban.
Je vais partir ma chere femme,
Puisque l’Arriereban en tous lieux se proclame;
Je crains trop d’être Roturier.
Les deux cheveux entire qui labourent ma terre,
Pourront bien me porter pour aller à la guerre.
Pour valet j’aurai mon chartier.
Ah! Mon Coeur que j’ay de soucy;
Si tu prens nos chevaux adieu le labourage;
Que ferai je dans mon ménage,
Quand tu ne seras plus icy?
Tu scais que ton fusil nous faisoit si bien vivre;
Et pourquoi ne te puis je suivre?
Ah! Mon coeur, que j’ay souci!
Ton soucy ny fait rien, il faut que je m’en aille
C’est un Ordre du Roy qu’il etait executer.
Comment partiras-tu, toi qui n’a pas la maille?
Qui pourras-tu trouver qui t’en veuille prester?
Nous n’avons icy rien qui vaille,
[416]
Surquoi nous puissions emprunter.
Tu m’enverras l’argent qui viendra de la vente
Que tu feras demain du troupeau de Moutons;
Des Poulets, des Oisons, des Cannes, et des Cochons;
Que de la basse cour enfin, rien ne s’exempte.
Ne crains tu point pour nous la Famine presente?
Que ferons nous après que tu seras parti?
Mon coeur, croi moi, demeure icy.
Si tu pars, que j’aurai d’allarmes!
De te voir exposer ainsi!
Toy qui n’est pas né pour les armes;
J’ay besoin de secours; quoi! Veux tu m’accabler?
Ah! Ma femme, est-il tems de me faire trembler?
Mon Dieu que je souffre de peines!
Je ne sens que trop tes douleurs.
Partira-tu malgé mes pleurs?
Demeure ici, ton espérance est vaine.
Quoi! Tu me veux quitter?
Il faut bien obéir, Ah!
Je reviendray demain.
[417]
Vera
1674
A la Neusgermain.
Sans vous chercher tant d’alibis,
Je vais vous dire tout mon cas,
Je mets des rubans sur mes bras,
Et dans mon doigt un beau rubis,
Pour plaire aux yeux de Biscaras.
Ce n’est point pour ces beaux habits
Que le monde en fait tant de cas;
Ils ne sont point de velours ras;
Mais de simple poile de Brebis
Les vestemens de Biscaras.
Je l’aime bien mieux que pain bis,
Et quoique des plus délicats;
Si nous êtions entre deux dras,
J’irois je crois jusqu’à bis
Pour la charmante Biscaras.
Par Maucroix Chanoine de Reims.
[419]
Sur la mode
1674
Des grands chapeux.
Les Jesuites
Chacun en ce monde à son tour,
Au lieu d’Arnaud, partout on loüe
L’incomparable Bourdaloue;
Au grand Ferrier, on fait la cour.
Depuis quelque tems les bons Peres,
Sont du people chestiens, les plus vives lumieres;
Ils scavent le chemin, qui mene droit qux cieux.
Ces Messieurs tant vantez, ne sont rien auprés d’Eux;
Les grands Chapeaux sont à la mode.
[421]
Chanson
1675
Sur l’air: Je suis Cassandre
Messieurs Coulange,
Compagnon d’Almeras;
La fleur d’Orange
Ne vous empesche pas,
Messieurs Coulange
D’être comme Almeras,
Fort peu de cas.
Chanson
1675
Sur l’air: Je suis Cassandre
Messieurs Coulange,
Compagnon d’Almeras;
La fleur d’Orange
Ne vous empesche pas,
Messieurs Coulange
D’être comme Almeras,
Fort peu de cas.
[422]
Autre
1675
Sur l’air de la place Royalle
Sur Mr. Courtin
Le Courtinet désperé,
Disoit à la Romere,
Faut il qur l’on m’ait préféré
Tous les nains mes confreres?
Plus galand que le Pelletier,
Plus fourbe que son frere,
Grand discoureur de mon métier,
Et je ne scaurois plaire.
[423]
Chanson
1675
Sur l’air du branle de Metz.
Quand vous fûtes infidelle,
Crûtes vous pauvre Monglas
Que Bussi suffriroit cela,
Comme une simple bagatelle?
Si vous le crûtes ainsi,
Vous eûtes peu de cruelle.
Si vous le crûtes ainsi,
Vous ne connûtes pas Bussi.
[424]
Autre
1675
Sur l’air….
Le Comte de Stiron
Avec sa fiere mine,
Croyoiy avoit de la farine,
Mais il n’ai trouvé que d’Usson.
Gronel.
[425]
Chanson
1675
Sur l’air de grand guenipe
Bensserade, Bensserade,
Pourquoi pus tut ant?
J’ay le pied fin, et le gousset suant,
Et je n’ay point d’argent
Pour avoir des chaussons blancs.
Je ne m’en scaurois lon lan la
Je ne m’en scaurois lon lan la
Je ne m’en scaurois passer.
par Blet.
[426]
Autre
1675
Sur l’air: Vous m’entendez bien.
L’Avocat général Talon
Conserve toujours son renom;
Il soustient les coquettes,
Hé bien!
Et leurs fait en cachette,
Vous m’entendez bien.
La St. Romain a un mary,
Qui n’est ni gentil, ny polu;
Donnez lui pour devise,
Hé bien.
Les Cornes de Moyse;
Vous m’entendez bien.
Tous les Messieurs du Parlement
Jugent des causes bien souvent,
En faveur des coquettes,
Hé bien!
Iront faire en cachette,
Vous m’entendez bien.
[427]
Chanson
1675
[Partition]
One faut point de guiarre,
A noutre gou gou gou gou gou gou gou gou Gouverneur,
Our, our, our
O feroit mieux sen affaire que gle gle gle gle gle gle gle,
Plianté dans choux, ou ou ous,
Ou ben que glenge en ville à Poitez ou à Paris,
[428]
Gle passeroit pren habil;
Mais que que que que que que que que que gitefand aupoy
Y Y Y.
De Nermouty les feilles,
Ont perdu du du du du du du du du du lour honnour,
Our, our, our,
Pre la sotte condute de noutre gou gou gou gou
Gou gou gou gou Gouvernoit ou, ou, ou;
Present feilles bien sages
Ne veza fligé ja.
Pre voutre pusselage
Veza za za za za za za za za re dau soudart a a a.
[429]
Pour un petit chien envoyé à Mad. E l’Abesse de St. Estienne.
1675
par Maucroix.
Je suis un fidele espion,
Et dans un petit Corps, j’ay le coeur d’un Lion;
Illustre Rambouillet, honneur de nos Bergeres, d’Angennes
Du soin de nos Brebis, reposes vous sur moy,
Et je vous engage ma foy,
Que le loup n’en mangera gueres.
[430]
Sonnet
1675
Sur la Comedie de Phedre et d’Hipolite.
Racine et des Preaux, l’oeil triste, l’eteint blême,
Viennent demander grace et ne confesse rien;
Il faut leur pardoner, parcequ’on est chrestien;
Mais on scait cequ’on doit au public à soy meme.
Le Duc qui pour l’honneur de cette soeur qu’il aime;
Voit de ces insolens abattre le maintien;
Deviendroit le mépris de tous les gens de bien,
S’il ne punissoit pas leur insolence extrême.
Ce fut une furie aux crains plus noirs que blons;
Qui leur coula du pus de ses affreux testons,
Ce Sonnet qu’en secret leur caballe idolatre.
On en verra punir ces satiriques ingrats,
Non pas en trahison d’une bol de mort aux rats;
Mais de coups de baton donnez sur le Théatre.
[431]
Chanson
Sur l’air de Mr. de Beaufort
1675
Sur Madame Huré Chanteuse, bonne amie du 1.er
President de Novion.
Si jamais Madame Huré,
Me peut rendre fidelle,
Je serai bien abusé,
Car j’ay le coeur trop usé
Pour elle, pour elle, pour elle.
[432]
Autre
Sur l’air de Jean de vert.
1675
Sur le Ban et Arriereban.
On nous fait pour aller au ban
Sortir de nôtre ville.
Tout aussitôt en revenant
Nous payons l’Ustencile.
Dites moy Monsieur l’Intendant,
Cela se faisoit il du tems
De Jean de vert?
Il est vray qu’a Messieurs du Ban
C’est faire une injustice,
C’est se moquer honnestement
D’un si noble service;
Mais quand le Roy veut de l’Argent
On n’en use pas comme au tems
De Jean de vert.
[433]
Chanson
Sur l’air: A la venue de Noel
1675
L’Arriereban d’Anjou fut enlevé par Mercy a Raon.
Le curé du lieu les vendit.
Retournez vous-en en Anjou
Camper dessus vôtre pallier
Planter par escadron des choux;
Ou gardez mieux vôtre quartier.
[435]
Autre
Sur l’air: de Mai
Sur le même sujet que les précédente.
Dis moy Louvois, dis moy donc qui nous sommes?
Pendant l’Esté, tu nous crois Gentilshommes:
Mais
L’hiver tu nous traite comme
Tout le reste des Bourgeois.
[435]
Plainte
De Madame de la Valliere* au Roy
*d’autres dissent Mad.e de Montespan.
Tous se détruit, tous passe, et le coeur le plus tendre,
Ne peur d’un même objet se contenter toujours.
Le passé n’a point veu d’eternelles amours,
Et les siecles futurs n’en doivent point attendre.
La Constance à des Loix qu’on ne veut plus entendre,
De nos desirs errans, rien n’arreste le cours.
Cequi plaist aujourd’huy déplaist dans peu de jours,
Nôtre inégalité ne scauroit se comprendre.
Tous ces défauts, Tircis, sont joints à nos vertus,
Vous m’aimiez autrefois, et vous ne m’aimes plus.
Ah! Que mes sentimens sont differents des vôtres.
Amour à qui je dois, et mon mal, et mon bien,
Que ne lui faisiés vous un coeur comme le mien,
Ou que ne faisiez vous le mien comme les autres.
[436]
Réponses
1675
au precedent sonnet sur les memes rimes.
J’ay le coeur, belle Iris, aussi constant que tendre,
Ceque je dois aimer, je l’aimeray toujours:
Mais puisque mon devoir condamne mes amours
De ma fidélité, Iris on ne doit rien attendre.
L’honneur à des raisons qui se font trop entendre;
Il scait de mes plaisirs suspendre l’heureux cours;
J’immole à ce tiran la douceur de mes jours,
Et je fais ces efforts sans le pouvoir comprendre.
Je renonce à l’amour qui ternit les vertus;
N’allégués plus ses Loix, je ne les connois plus,
La gloire à des appas qui triomphent des vôtres;
C’est elle qui m’entraîne, et qui fait tout mon bien,
Et le coeur qu’elle peut toucher comme le mien,
Donne à l’amour des Loix que l’amour donne aux autres.
[437]
Chanson
1675
Sur l’air: Condé que partout on révere.
Sur le Prince de Condé.
Condé que partout on revere
Comme nôtre Dieu tutelaire;
O toy! Le plus grand des gueriers.
Je te suivray par toute terre;
Car a l’abry de tes Lauriers,
Je ne craindray point le Tonnerre.
[438]
Sur la Médaille
1675
d’Armand Bouthillier de Rance Abé de la Trape.
De quelle gloire dès ce monde
Dieu ne comble-t’il pas ses humbles serviteurs,
Lorsqu’une humilité profonde,
Leur en fait mépriser les frivoles grandeurs?
Il les égalle aux Rois, aux plus grands Empereurs,
Et toute chose en eux, avec la grace abonde
Dans le fond d’un desert, favorisé des Cieux,
D’un humble pénitent, la Medaille se frape;
Aussitost pour l’avoir on s’empresse en tous lieux
Et déja chez les curieux.
Un Othon vaut moins qu’un la Trape.
[439]
Chanson
1675
Sur l’air………….
Noblesse de l’Arrierrban,
Matignon vous fait compliment;
Il a raffermi son courage;
Il vous promet qu’ à l’avenir,
Jamais pour pareil voyage,
Il ne vous fera revenir.
Il enrage dedans son coeur,
D’avoir eu pareille frayeur;
Il vous en fait à tous excuse.
On n’est pas maître de sa peur,
Ainsi le plus juste s’abuze;
On doit excuser ce seigneur.
[440]
Autre
1675
Sur l’air d’une gavotte
Quand de la Baume on veut plaire
En faisant le doucereux,
Elle se met en colere,
Et prende son ton rigoureux;
Mais sitost que l’on la presse,
Sans faire d’autre façon;
Jamais on n’a veu tigresse
Devenir Mouton.
[441]
Autre
1675
Sur l’air de l’Alleluya.
Quand la Baume de quelque amant
Veut bien soulager le tourment
Comme elle il n’en est pas bien gras,
Alleluya.
[442]
Autre
1675
Sur l’air des Lancelots.
La Baume fait fras
Par l’amour qu’elle cause;
Ses yeux ont des appas,
Et da bouche a des roses.
De la ceinture en bas,
Ce n’est pas même chose
Bourcé.
[443]
Chanson
1675
Sur l’air: Inexorable Mars de L’Opéra de Thezée.
Dialogue entre la Présidente de Perigny veuve du Précepteur de Mgr le Dauphin, et un de ses amis.
Sa fille, femme de chambre de la Reyne.
Si putain qu’on la chassa de la Cour, on a crû que sa mere n’en ignoroit rien.
La Présidente.
Mon charitable amy, que me conseillez vous?
Milles amans sont contens, et pas un n’est jaloux.
Cependant contre nous toute le Cour conspire.
Et l’on veut que je me retire
D’un séjour qui m’est si doux.
Ma fille hors de celieu, jamais peut elle attendre
De beaux jours, ny d’heureux moments?
Elle a le coeur trop tendre,
Et de trop Nobles sentimens
Pour se pouvoir forcer a prendre
Des Bourgeois pour amans.
Réponse.
Que hors de ce beau séjour rien ne vous epouvante,
D’autres amans viendront, dont vous serés contente,
Esloignez de chez vous tous vos anciens amis.
Il s’en presente
Un dont vous connoissez le prix,
Mr. le Mary de Seignelay ou M. de Marsillac, qui coucha avec elle quant Elle fut à Paris.
[444]
Qui rendra votre fille encore plus éclatante.
Quelqu’un d’un vain espoir, n’est il point abusé?
La Présidente.
Ma fille, ny mon fils, n’ont jamais refusé,
tous deux.
Malheur, Malheur à qui pourra se plaindre,
De n’avoir pû se faire aimer.
Il faut brusquer.
Que peut on craindre?
La Présidente.
Passer sans sortir du logis,
De ma fille à mon fils,
De mon fils à ma fille.
Venez enfans,* venez beaux de la cour.
* La Presidente apelloit ainsy le bel air de la Cour.
Choisissés dans ma famille
Et contentez vôtre amour.
Qu’aisement on moissonne
Dans ce champ des amours.
Amans, que rien ne vous étonne
La mere est à vôtre secours:
Mais quand on a cueilly les fruits que l’amour donne,
On est sou pour jamais, et l’on fuit pour toujours.
Qu’aisement on moissonne. Etc.
[445]
Chanson
1675
Sur l’air: Sur le Rhin
M.r de Vaureal Capit.e aux Gardes, fit cette chanson pour M.lle Chouan qui devoit épouser……… et qui épousa M.r de Boisselot capit.e aux Gardes.
Pour Loiseau je n’estois pas née,
J’ay du coeur et de la vertu.
Je ne l’aurois pas fait cocu,
Et c’est sa destinée.
[446]
Vera
1675
Contre le fameux Théodose, Eugêne autrefois s’eleva
Cequ’alors il en arriva,
Sous vos yeux l’histoires l’expose;
D’abord tout cequ’il se propose;
Heureusement il acheva;
Mais dans la suitte il éprouva
Une étrange métamorphose.
Rien de nouveau sous le soleil.
Un évenement tout pareil
Revient aujourd’huy sur la scêne.
Louis êtoit prédestiné,
A rencontre un autre Eugêne,
Un autre Dieudonné.
[447]
Chanson
1675
Sur l’air. Or nous dites Marie.
Dites nous la Valiere
Quan vous êtes (Louis est) en rut,
Va t’il de sa matiere
Vous porter le tribut?
Ouy le Roy tout de braise
M’ l’aporte tout droit
Et la pauvre Thereze la Reyne
N’en a qu’a lèche doigt.
[448]
Autre
1675
Sur le même Air.
Or dis-nous Savonnieres
Ô dis-nous franchement;
Qui fait mieux tes affaires
Dans ton emportement?
Mon mary, mon beaufrere,
Croisil, et mon parent, Catinal S.r de Croisil
Dans l’amoureux mistere
Ne valent point Morant. Morant Intendant en Bourbonnois.
[449]
Autre
1675
Sur le même Air.
Fais nous scavoir encore
Par quels facheux discours
La belle Roquelaure.
A chassé ses amours?
Un amant téméraire,
Grand Seigneur indiscret,
A dit en sa colere,
Cequ’il n’avoit pas fait.
[450]
Autre
1675
Sur l’air: Un Chapeau de paille
Sur le Pere Ferrier Jesuite Confesseur du Roy après le pere Annat.
Le grand Ferrier accoura de Toulouze
Pour tromper un Prélat
Voyant l’effet de sa subtile rouse/russe,
Chantoit avec éclat,
Je suis venu j’ay veu j’ay mis en fuitte
Suis-je pas Jesuitte moy, suis-je pas Jesuitte.
[451]
Chanson
1675
Sur l’air: Or nous dites Marie.
Or nous dites la Baume,
Pourquoi venir loger, Le Comte Duplessis étant brouillé avec la Comtesse de la
Baume, mere du Maal de Tallard.
Près l’hostel de Vendosme,
Pour nous faire enrager?
J’estois par trop connue
Au fauxbourg St. Germain,
Les enfants dans la rue
Crioient, à la putain )- Partoient de St. Romain.
Or nous dites la Baume,
Où étiez vous alors;
Quand ce fils de sodome
Vous grimpa sur le corps?
J’estois dessus ma couche
En contemplation;
Jamais je ne vis B…….
Avoir le V……. plus long.
[452]
Autre
1675
Sur le même air.
Sur Madame la Princesse de Conty.
Or dites nous Princesse,
Croyez vous faire bien,
A l’ardeur qui vous presse
De ne refuser rien?
Ouy suivant la maxime
De nôtre Pere Arnaud.
Ce n’est pas faire un crime,
Quand la grace deffaut.
Mais avec sa science,
Et tous ses bons propos:
Met il la conscience )- A vôtre conscience
Dans un entier repose? )- Donne t’il du repos?
Ouy tout scrupule il m’oste,
Et fort commodement,
Il rejette la faute
Sur mon tempéramment.
[453]
Chanson
1675
Sur le mesme Air.
On nous dites de Luynes La Duchesse de Luynes.
Le Bourgeois Tambonneau;
A’t’il si bonne mine?
Vous paroist-il si beau?
Helas! Tout le mistere,
C’est qu’il est bon voisin;
Il fait bien mes affaires,
Le soir et le matin.
[454]
Autre
Sur le même Air
1675
Dites nous la Vieuville,
Et d’un ton sérieux,
Dans Paris la grand ville
Celuy qui f….. le mieux?
C’est un homme à soutane, Sanguin, Evesque de Senlis.
Un Prelat gracieux,
Qui me f…… comme un asne,
Et quasi comme deux.
[455]
Sur l’Eloge du Vicomte de Turenne mis dans la Gazette par Guillerague.
1675
juillet
De Guillerague au stile obscure,
A crû d’un grand heros, nous donner l’Epitaphe;
Mais las! Il s’est trompé, Lecteur, le cas est seur.
Et le pauvre historiographe
Nous a donné dans cet Ecrit,
L’Epitaphe de son Esprit.
[457]
Chanson
Sur l’air. Catau la belle Jardiniere.
1675
Mon cher Chevalier de Riviere,
Enfin je m’en suis consolé;
S’il ne l’eut fait que par derriere,
Jamais il n’eut êté bruslé;
Mais puisqu’il prend la volaille
Parbleu j’eusse allumé la paille.
[458]
Autre
Sur l’air…..
1675
Scavez vous bien pourquoi Bussy
Se fait le Tiran de sa Fille? Madame de Coligny
Ce n’est pas qu’il ait du soucy,
Que l’on baise dans sa famille,
Lui qui nous a décrit tant de sortes d’amours,
Est le Pere Loth de nos jours.
[459]
Chanson
Sur l’air: Il dort, il est de glace.
Ou Ah! vangez vous Madame.
1675
Chez la fausse Duchesse, *
Jamais Boissy,
Ne mit qu’entre deux fesses,
Son pauvre v…………..
Et cependant la chaudepisse
Il y prit.
* C’estoit une putain à qui l’on avoit donné ce nom là parcqu’Elle ressembloit a la Duchesse de Sully.
[460]
Autre
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie