[1]
Chanson
Sur l’Air…………….
1680
Il ne veut pas qu’on joute
Ny en C……. ny en C……..,
S’il scait une autre route,
Qu’il nous l’a montre donc;
Faut il que tout soit aujourd’huy
Pour son Frere et pour luy.
[3]
Chanson
1680
Sur le Roy, et M.lle de Fontanges
Notre Prince [1] grand et bienfait,
Qui ne fait rien de parfait
Landerirette;
Ne travaille qu’a demi
Landriri.
Sa jeune Maîtresse dit-on,
A mis au monde un avorton,
Landrirette
La grosse[3] en a le coeur bouffi
Landriri.
[1] Louis XIV.
[2] Marie Angelique d’Escorailles nouvelle Maîtressed du Roy en 1679 honoré de la qualité de Duchesse en 1680. Fit une fausse couche dont il lui resta une perte de sang qui lui causa la mort a 22 ans le 28 Juin 1680.
[3] Madame de Montespan jalousie.
[5]
Chanson
1680
A Louis Bazin S.r de Bezons M.e des Req.tes Intendant
À Limoges à qui un accident apoplectique avoit mis la bouche de travers et qui etoti alors à Bourbon où il prenoit la Dousche et les Eaux pour se guerir.
Consolez vous mon cher Bezons,
Griffet [1], dit que la Dousche,
Scaura bien mettre la raison,
Dans fort peu votre bouche;
Que nous la reverrons enfin
Dans son poste ordinaire;
Mais qu’il croit lair du Limousin
Aux bouches fort contraires.
Sur vôtre bouche de travers,
Tout le monde raisonne,
Tous les sentimens sont divers,
Cette aventure étonne
[1] C’estoit le medecin qui prenoit le soin des maladies qui etoient a Bourbon pendant la saison des Eaux.
[6]
Pour moy je ne m’etonne pas
D’aventure pareille;
Votre bouche a voulu tout bas
Vous parler à l’Oreille.
[7]
Chanson
1680
A Joseph François de Blanchefort, Gentilz homme de
Rivernois qui croit a Bourbon en même temps que l’auteur,
Blanchefort avecque raison,
Vous plaisez à nos belles
Mais vit-on jamais dans Bourbon
Plus de Bouches rebelles, [1]
Vôtre visage de côté [2]
Marque votre conqueste
Asseurement quelque beauté
Vous fait tourner la teste.
[1] Lisez la Chanson suivante.
[2] Il avoit la teste de Costé et c’estoit pour s’en guerir qu’il etoit à Bourbon.
[8]
Autre
Sur la meme personne que la precedente.
Blanchefort, c’est la verité
Que ton visage est de côté,
Pourquoy nous en faire finesse
On le dit tout haut dans Bourbon [1]
Et le dernier jour a la Messe
On te prit pour le bon Bezons.
[1] Où Blanchefort et l’auteur etoient alors
[2] Lisez la Chanson precedente ou penultime.
[9]
Chanson
1680
A Marie Anne Princesse Legitimée de France,
après son mariage celebré le 16 Janvier 1680.
Avec Louis-Armand de Bourbon Prince de Conty et du sang.
Conty de vôtre jeune Epoux
Ne faites pas un maître,
Suivez le penchant tendre et doux
Du Dieu qui vous fit naitre[1]
Vous êtes faite pour donner
Des Loix a l’hymenée [2]
L’amour a seul droit d’ordonner
De votre destinée.
[1] L’amour dont cette Princesse etoit la fille puisqu’ Elle etoit fille naturelle du Roy Louis XIV et de Jeanne de la Baume le Blanc, autrefois Duchesse de la Valliere et alors Carmelite sous le nom de soeur Louise de la Misericorde.
[2] C’est a dire au mariage en langage poetique. Cette Princesse etoit belle et pleine d’Agrement.
[11]
Parodie
D’un sonnet de voiture, qui commence par ces
Mots. Des Portes du matin l’Amante de Cephale.
1680
Sur……… Nompar de Caumont de la Force, de la
Branche de Castelmoron, appellee Madem.lle de la Force.
Un jour de grand matin, la Force au teint d’Opale,
De fleurs blanches semoit ses linceuils decouverts,
Parfumant ses rideaux nouvellement ouverts,
De ce qu’un noir gousset a son reveil cochale.
Sa chemise entr’ouverte et sa cornette sale
Lui donnoit tant de frace et tant d’attraits divers
Qu’un Peintre qui la vit eclairant l’univers
La peignit comme on peint l’amante de Cephale.
Tout brille en ce tableau…..
Et le rouge gluant qui lui borde les yeux
Lui donnent une grace a nulle autre semblable;
Le Peintre en cent façons la peint et l’embellit,
Mais quand chacun la voit, on la prend pour une Diable
Qui veut chasser le jour pour amener la nuit.
[12]
Il est aisé de juger par ce Sonnet combien M.lle de la Force etoit laide et degoutante, Elle avoit d’ailleurs un esprit vif a la verité, mais faux, Romanesque et aussi desagreable que sa figure, avec cela personne n’a cause de si grandes passions. Elle a pensé enlever a leur famille 3 ou 4 fils aîmés qui l’ont voulu epouser et le fils d’un President de la Cour des aides appellé Briou l’avoit meme epousée; mais le pere fit casser le mariage qui etoit une pure seduction, et ce qui est d’extraordinaire c’est que cette avanturiere etoit fort vieille outré sa difformite, et connue pour une des plus grandes Putains de France.
[13]
Chanson
1680
A Elizabeth-Madelaine-Fare d’Aumont,
Femme de Jacques Marquis de Beringhen
1.er Escuier du Roy et Gouverneur de la
Citadelle de Marseille en survivance de henry
De Beringhen son pere.
Divine [1] tous les jours me dit
De vous rendre visite;
Que vous avez beaucoup d’esprit,
Une aimable conduit,
Que je ne puis voir sous les Cieux
De femme plus charmante;
Mais aimez vous les malheureux, [2]
Estes vous leur parente [3]
[1] C’estoit une vieille fille appellée Madem.lle d’Outrelaise, qu’on appelloit Divine et qui etoit aussi connuë sous ce titre que sous son nom, c’etoit une personne de beaucoup de merite et de vertu.
[2] L’auteur de cette Chanson, est Philippes-Emanuel de Coulanges qui etoit ruiné et qui l’an 1679. Avoit êté obligé de vendre sa charge de M.e des Requestes pour payer des dettes, c’est lui qu’il entend sous l’Epithete malheureux.
[3] La Marquise de Beringhen et Coulanges etoient parents car elle etoit fille de Louis Marie Duc d’Aumont Pair de France etc. et de Madelene Fare le Tellier sa Premiere femme; Or Coulanges de son coste avoit epousé…….du Gué cousine
[14]
germaine de celle cy, ainsy Coulanges etoit oncle a la mode de Bretagne par sa femme de la Marquise de Beringhen, cequi le fait douter que cette Marquise le veuille reconnoitre pour son parent, c’est que dans la famille des le Tellier.
Coulanges y etoit parfaitement meprisé.
[15]
Chanson
1680
Sur ceque le Lundy gras de l’an 1680.
Thomas Gobelin S.r du Quesnoy M.e des Req. tes
Donnant a souper a Marie Phelypeaux veuve de Jean Claude de Rochechouart Marquis de Tonnay-Charente sa Cousine, le feu prit a sa maison dans la Place Royalle a Paris et brula une partie de celle de son voisin.
Le Quesnoy faisant fort grand cas
De la Tonne propice,[1]
Voulut enfin le Lundy gras
Luy faire un sacrifice.
Comme il n’est feu que de grand bois,
Son ame liberale,
Resolut de bruler les toits
De la place Royale.
Aussitot le feu s’alluma;
Mais voyant ce desastre
[1] On appelloit par plaisanterie Mad.e de Tonnay-Charente, la Tonne-Charmante, non qu’elle fut belle, car Elle etoit l’aide a l’excés, mais elle aimoit le plaisir. Elle etoit gaye et par consequent d’assez bonne compagnie.
[16]
La Deesse [2] se contenta
Du Pavillon de Castres [3],
C’en est assez mes chers enfans,
Je reçois votre offrande,
Vos feux sont pour moy trop ardens,
Je crains pour vous l’amende [4].
[2] Ce cy est encore une Plaisanterie, Car rien ne convenoit moins a Mad.e de Tonnay Charente que le nom de Deesse puis qu’elle etoit l’aide a faire peur.
[3] Ceque l’auteur appelle le Pavillon de Castres ou de Castries est un Pavillon plus elevé que les autres de la place Royalle, et qui fait partie d’une Maison appartenante a Nicolas Jeannin de Castille autrefois Tresorier de l’Epargne et Greffier de l’Ordre du S.t Esprit. Pierre de Bonzy, cardinal logeoit en cette Maison et la Marquise de Castries sa soeur qui y demeuroit avec lui occupoit ce Pavillon qui joignoit la Maison de M. e du Quesnoy, et qui fut le plus endommagé par le feu, voila pourquoy l’auteur qui plaisante dans toute cette Chanson, dit que Mad.e de Tonnay-Charente se contenta de l’incendie de ce Pavillon.
[4] On condamne a l’amende ceux qui mettent le feu a leur Maison et il est assez plaisant de voir une Deesse qui craint l’amende pour quelqu’un.
[17]
Autre
Sur le même Air que la precedente,
Et la même personne.
1680
Si j’avois tout l’or des Qesnois [1]
Je brulerois la place, [2]
Je ferois de ses vilains toits
De fort belles terrasses
On y verroit un beau jardin
Sans plaider l’Eminence [3]
Ce lieu seroit en moins de rien
Le plus beau de la France.
[1] Ils etoient 2 Freres, scavoir…….Gobelin Abé et l’aisné, puis Thomas Gobelin S.r du Quesnoy M.er des Requestes cadet.
Ils demeuroient dans la meme Maison place Royalle.
[2] Liséz la Chanson precedente avec son Commentaire, et vous verrez comme quoy le feu prit a la Maison de M.re du Quesnoy le Lundy Gras de l’an 1680 et comme la Maison voisine où logeoit le Cardinal de Bonzy en fut en dommagée.
[3] C’est qu’a cause que cet Incendie il y eut un Procés entre le Cardinal de Bonzy et M.re du Quesnoy. Ceux cy pretendant n’etre pas obligez de faire rebastir le Pavillon du Logis de cette Eminence où ils etoient la cause que le feu avoit pris.
Chanson 1680 [19]
Faite par Philippe-Emanuel de Coulanges et adressée à François Adhemar de Monteil Comte de Grignan, Lieutenant general pour le Roy en Provence sur l'Etat dans lequel se trouvoient à lors tous ses freres.
Nota que cette Chanson a êté faite sur ce que le Roy Louis XIV venoit de nommer Louis-Joseph Adhemar de Monteil Abbé de Grignan à l'Evesché d'Evreux le 24 Fevrier 1680.
L'infortuné devient heureux
Sitôt que le Roy parle,
Un Grignan Evesque d'Evreux, (1)
L'autre Archevesque d'Arles, (2)
Le Chevalier (3) prés Monseigneur (4)
Dans un poste qui brille (5)
Repondent bientost du bonheur
Du chef de la Famille. (6)
(1) Il eut l'Evesché de Carcassonne, comme on verra plus bas avant que d'etre sacré.
(2) Jean-Baptiste Adhemar de Monteil de Grignan frere puiné du Comte etoit Archevesque de Claudiopolis et Coadjuteur d'Arles dont François son Oncle paternel etoit alors Archevesque.
(3) .... Adhemar de Monteil dit le Chtr de Grignan.
(4) Louis Dauphin de France.
[20]
[5] Le Chtr de Grignan etoit l’un des six Gentilshommes nommés par le Roy pour se tenir toujours auprés de Monseigneur.
[6] Le Comte de Grignan l’aisné de tous ceux mentionnez cy-dessus.
[21]
Chanson
1680
Servant de reponse a la precedente, faite par
François Adhemar de Monteil Comte de Grignan, Chef de sa Maison, et addressee a Philippes-Emanuel de Coulanges, qui en etoit l’auteur.
J’ay trop de quoi borner mes voeux,
C’est mon coeur qui te parle;
Un Grignan Evesque d’Evreux,
L’autre Archevesque d’Arles,
Le Chevalier près Monseigneur
Dans un poste qui brille,
Coulanges, c’est le vray Bonheur
Du chef de la Famille.
Je n’ay plus rien a desirer
Que de te voir Coulanges [1]
Ne me laisse pas soupirer
Jusqu’au temps de vendanges [2]
[1] Philippes Emanuel de Coulanges auteur de la Chanson preced.te
[2] Le temps de la Vendange est celui de l’automne dans lequel Coulanges avoit promis au Comte de Grignan de l’aller voir en Provence où il etoit alors.
[22]
Je t’offre pour te faire honneur
Et ma femme [3] et ma femme [4]
Et pour te combler de Bonheur
Le chef de la Croustille [5].
[3] Françoise de sevigné une des aimables femme du monde.
[4] ……. Adhemar de Monteil de Grignan appellée Mad.lle d’Alerac.
[5]……………….
[23]
Chanson
1680
Sur le même Air , et
Servant de replique a la precedente faite par Philippes Emanuel de Coulanges et addressee a François Adhemar de Monteil
Comte de Grignan etc. qui en etoit l’auteur.
Grignan je bois toujours des mieux,
Je mange comme un Diable,
Je dors tout autant que je veux
D’un sommeil agreeable,
Je n’ay point de mal au poumon;
Ma poitrine est fort saine;
Cependant je vais a Bourbon
Je pars cette semaine [1],
Avec la charmante Louvois [2]
J’entreprens ce voyage,
Et je suis plus content qu’un Roy
De quitter mon menage,
Heureux qui n’a ny feux ni lieux
Ny femme qui le gesne
[1-2] Anne de Souvré femme de François-Michel le Tellier Marquis de Louvois Ministre et secretaire d’Etat etc. alloit aux Eaux de Bourbon et Coulanges qui n’en avoit pas besoin alloit avec Elle seulement pour lui tenir Compagnie.
[24]
Le fortune me laissant peu [3]
Me laisse a qui m’en mene.
J’accepte volontiers Grignan
Et ta femme, et ta fille, [4]
La moitié d’un si beau present,
Vaut toute la croustille, [5]
Je n’ay point de fille a t’offrir;
Mais si tu veux ma femme [6]
Tu peux sans me faire mourir
Lui parler de ta flame [7].
[3] Coulanges etoit lors ruiné et avoit eté obligé l’an 1679 de vendre sa charge de M.e des Requestes pour payer ses dettes.
[4] Lisez le 3 et 4eme articles de la chanson precedente.
[5] Lisez l’article 5 de la chanson precedente.
[6] ……. Du Gué.
[7] Madame de Coulanges faisoit fort peu de cas de son mary qui etoit un petit homme puerile, plaisant de profession et qui passion meme pour etre impuissant. Il le scavoit bien et qu’Elle ne lui demandoit pas permission pour avoir des amans, aussi ne s’en mettoit il pas en peine.
[25]
Chanson
1680
Faite par Philippes-Emanuel de Coulanges;
Sur Marie Phelypeaux veuve de Jean-Claude
de Rochechouard Marquis de Tonnay Charente,
et sur Auguste-Robert de Pommereu Prevost des Marchands
de la ville de Paris qui etoient a Bourbon en meme temps que lui.
Nous avons la Tonne [1] a Bourbon,
Mais si bonne Princesse
Qu’on n’y brule aucune maison
Pour plaire a la Déese [2],
Elle ne veut en ce pais
Encens n’y sacrifice,
Les seuls feux qui sortent des puits [3],
Nous la rendent propice.
Elle ne veut que des Chansons [4],
Pour marque de tendresse
Beuveurs d’Eau [5], sur differens tons
[1] C’est la Marquise de Tonnay Charente, lisés l’article 1er du commentaire de la 2eme chanson de ce volume.
[2] Cecy est dit ironiquement sur ce qu’Elle etoit excessivement laide.
[3] Les Eaux de Bourbons sont chaudes et fument dans les puits où Elles sont.
[4] Coulanges etoit grand faiseur de Chansons et il y en a beaucoup d’autres de lui dans tout ce Recueil, apparement que Mad.e de Tonnay Charente lui en avoit demandé quelqu’une de sa façon.
[5] Coulanges s’adresse icy a tous ceux qui buvoient des Eaux de Bourbon.
[26]
Honorons la Deese;
C’est a Pommereu a sauter [6]
Pour le petit Coulanges,
Il est toujours prest de chanter.
Chantons a sa louange.
[6] Mr. De Pommereu etoit vif et plaisant et meme trop pour un Magistrat.
[27]
Chanson
1680
Dans laquelle sont les noms de ceux qui prenoient des
Eaux a Bourbon l’an 1680 pendant que Philippes Emanuel de
Coulanges auteur de cette Chanson y etoit pour tenir Compagnie a Anne de Souvré femme de Francois-Michel le Tellier Marquis de Louvois, Ministre et Secretaire d’Etat, etc.
Le Chapelet est defilé [1],
Monsieur de la Vrilliere [2],
Le Maréchal de la Ferté, [3]
La belle la Riviere,
Querjean, Tubeuf, et Vaurouys,
Charlet, Tonnay-charente,
Ont desja quitté ce payz,
Leur fortune est charmante.
Nous avons encore à Bourbon,
Rubelle et Sebbeville,
[1] C’est a dire une partie des gens qui etoient icy a Bourbon sont desja partis
+
[3] Henry de Senetter Duc de la Ferté Pair et Maal de France, Chlr des Ordres du Roy etc. Gouverneur des ville et Citadelle et Evesché de Metz, païs Messin Evesché de Verdun, Vic et Moyenvic.
+[2] Louis Phelypeaux S.r de la Vrilliere Secret.re d’Etat, Prevost des ordres du Roy. etc.
[28]
Tilly, Pommereu, et Bezuns,
Doujat et Guedreville,
Du Ker, Bouligneux, Valavoir,
Du Candal, et Langlée,
Gesvres seroit fort bonne a voir,
Tresmes, la tient cachée.
Quant à la Divine Louvois,
Comme Elle est grande Dame,
Elle boira cinq ou six mois,
Pour purger corps et ame,
Ainsy le veut Monsieur Griffet,
Ainsy le veut Baudiere,
J’en mouray, c’en est desja fait,
De la pauvre Berniere.
[29]
Chanson
Sur l’Air du Traquenard.
1680
Sur une visite que l’auteur fit avec Françoise de Sevigné
Comtesse de Grignan au Château de S.t Gervais chez….. de….
Mqs. De Chasteaubriand en Provence.
Chat qui brille, ou chat brillant,
Cela m’est indifferent,
J’ayme tout autant
Chat qui luit, que chat qui brille,
J’aime tout autant
Chat luisant que chat brillant.
Cette Chanson n’a pas besoin de commentaire. Le lecteur verra aisement que l’auteur joue assez platement sur le nom de chat-brillant.
[30]
Autre
Sur l’Air: Quand la Bergere va aux champs
Sur le même sujet que la precedente.
Quand Grignan marche à S.t Gervais [1],
Temps fait exprès [2],
Noblesse après [3],
Chevaux, littieres et Mulets,
Grand Equipage,
Force baggage,
Force valets.
Chatbrillant pour la recevoir
Fait son devoir
Matin et soir,
Et son Epouse [4] en habit noir
Près la comtesse,
Elle s’empresse,
Il faut scavoir.
[1] C’est le nom du Chateau ou demeure le Marquis de Chatbrillant.
[2] Il faisoit beau temps le jour que l’auteur fut a St. Gervais avec le Comte et la Comtesse de Grignan.
[3] Beaucoup de Noblesse Provencale vint audevant du Comte de Grignan qui en qualité de Lieutenant gnal en Provence commandoit en la Province.
[4]…….
[31]
Chanson
Sur l’Air: Qu’il est doux aimable Silvie
Envoyée de Lion par l’auteur au retour de
Grignan, a ……… de Adhemar de Monteil
Dam.lle d’Alerac 2.de fille de François Adhemar
De Monteil Comte de Grignan Etc. et de……..
d’Angennes de Rambouillet sa 2.de femme.
Allerac avecque tendresse,
Songez vous a cercher Epoux [1],
Qui le coeur percé de mille coups
Dit, redit, et chante dans cesse
Ah ah ma petite maitresse
Que je suis loin de vous.
Beau Chateau [2], belle Architecture
Cabinets frequentez souvent,
Terrasses, Balcons batus du vent,
Bon Thian [3] charmante nourriture
Ah, ah ah que le temps me dure,
Eloigné de Grignan.
[1] L’auteur appelloit par plaisanterie Mad.lle d’Alerac sa femme et Elle l’appelloit de meme son mary.
[2] Le Chateau de Grignan qui est parfaitement beau.
[3] Ragoust de Provence que l’auteur aimoit et dont il avoit mangé a Grignan.
[32]
Maintenant quand sur quelque table,
L’on y sert quelque mets exquis,
Des Chapons, des Faisans, des Perdrix
Je dis d’un ton tres lamentable,
Ah ah, chere, autrefois aimable,
Que n’etes vous du Ris.
[33]
Chanson
Sur l’Air: Qu’il est doux aimable Silvie
1680
A …………………de Bailleul veuve de…… du
Blé Marquis d’Huxelles.
Marquiese mon Dieu qu’il me tarde
De vous voie, d’etre auprés de vous,
Pour chanter le chateau des ragouts,
De votre bon amy la Garde; [1]
Mais, mais cet amy vous regarde
D’un oeil un peu trop doux. [2]
[1]……..d’Escalin Marquis de la Garde qui a une fort belle maison en Provence, où l’auteur avoit êté et d’où il revenoit.
[2] Cecy est une Plaisanterie, car le Marquis de la Garde, qui etoit deja vieux ou si bien que le Marquis d’Huxelles n’etoit que son amy.
[35]
Chanson
1681
Sur l’air: Marais vrai quartier de la rejouissance
Allegorique sur le mariage de Catherine
Amelot au mois de Novebre 1680 avec
………….. de Nettancourt Comte de Vaubecour
Colonel d’un Regiment d’Infanterie, Lieut. gnal pour
Le Royau Gouvernement de la ville de Metz, pais Messin, Evesché de Verdun, et Gouverneur de Chaalons.
Nota que cette chansons est une Fable de Jean de la Fontaine, reduite en chanson.
Lise [1] a de hauts partis pouvoit pretendre [2];
Mais a force d’attendre [3],
Les plus beaux et les meilleurs;
Se pourveurent ailleurs.
Il en vint de moins bons
S’ils n’etoient Marquis, ils etoient Barons,
Et portiuent encor des noms;
Lise en est offensée,
[1] C’est la Comtesse de Vaubecourt.
[2] C’est qu’Elle etoit fort riche.
[3] Elle etoit difficile et refusa plusieurs bons partis qui lui seroient convenus et qui valoient mieux qu’Elle, car au bout du compte, ce n’etoit qu’une Bourgeoise de Paris, deserte qu’Elle n’etoit plus jeune, et que les pretendans commençoient a l’abandonner quand Elle se maria avec le comte de Vaubercourt.
[36]
Dit qu’Elle n’est point pressée
Que l’hiver
Lui fournira des Gens d’un plus grand air;
Mais le tems n’offrit plus rien a tous ses attraits
Que Maris au rabais,
Et la pauvrette delaissée,
N’eut qu’un Provincial epais. [4]
[4] Le Comte de Vaubecourt etoit de fort bonne Maison, riche, et bien etably, brave et d’une valeur marquée, mais il n’y a jamais eu un si sot homme, son seul mariage, avec Mad.lle Amelot en est un temoignage. Car quoiqu’il fut d’un temperament fort jaloux comme sont Presque tous les sots. Il se maria avec une des plus parfaites coquettes de Paris, et connue pour telle de tout le monde. Cependant ce Comte n’en savait rien, tant il etoti bien instruit d’une chose aussi publique, et qui la touchoit d’aussi près.
[37]
Chanson
Allegorique sur le même sujet et le même
Air que la precedente.
1680
Nota que cette Chanson est aussi une Fable de Jean de le Fontaine reduite
en chanson comme la precedente.
Le Heron [1] côtoyant une Riviere,
Vit Poissons dans l’eau Claire,
Dont il eut fait son profit
Avec quelque appetit;
Mais fort mal apropos,
Il negligea si bien petits et gros
Ou il en vint aux Escargots,
Ainsi Lize [2] insensée
N’etant point d’hymen pressée,
Laisse aller
Tous les partis qu’on lui vient proposer;
Mais helas après avoit bien attend
Qui l’auroit jamais crû
La pauvrette fut delaissée
Et n’epousa qu’un malotru.
[1] C’est Catherine Amelot Comtesse de Vaubercourt, dont l’auteur parle sous le nom du Heron.
[2] Lisez la chanson precedente.
[39]
Chanson
1680
Sur la femme du S.r de la Grange Intend.t
en Alsace, et homme du neant.
Pour avoir fait avec Bursard, [1]
Un assaut de tendresse,
Il ne faut pas prendre un poignard
Pour imiter Lucrece;
Mais s’il est vray ceque l’on dit
Qu’avec la Chetardie [2]
Vous ayez tâté du deduit,
Poignardez vous Silvie.
[1]…………… de Busard Colonel d’un Regiment de Dragons.
[2]…………… de la Chetardie Lieutenant de Roy de Brisac, borgne, laid, vieux et tres impertinent.
[41]
Chanson
Sur l’Air: Or nous dits Marie
Sur Soeur…….de Rotonfi de Biscaras Religieuse
Benedictine de l’Abaye de St. Pierre de Reims, qui demeuroit a Paris dans une petite Abbaye du fauxbourg St. Germains appellee N.e D.e des Prez dont sa soeur etoit abesse.
Or nous dites la Rousse [1],
Parlez la Biscaras,
Lorsqu’un amant vous trousse
Tombez vous jusqu’a bas.
Ouy dea, repond la none;
Mais sans aucun effet
Personne ne m’enconne
A cause du Gousset.
[1] Elle etoit fort rousse.
[43]
Chanson
1680
Sur Marguerite Gabrielle-Louise de St. Simon, femme de Henry Albert de Cossé Duc de Brissac, Pair de France.
La Brissac avec son air doux,
N’est pas si reservée
Le beau Marquis d’ Harcourt [1] la f………
Et ne craint point l’ondée [2]
Si le galant est indigent
La Dame est prevoyante,
Et de Bechameil [3] paye comptant
Les Cornes qu’il luy plante.
[1] Henry Marquis de Harcourt Colonel du Regiment de Picardie.
[2] C’est qu’on discoit que la Duchesse de Brissac pissoit sous Elle et ne pouvoit retenir son urine.
[3] Louis Bechameil Secretaire du Conseil du Roy, Bourgeois puissament riche et qui avoit eté longtems financier, il etoit amoureux de la Duchesse de Brissac, et lui donnoit de l’argent a ceque vouloit la medisance, ainsy c’estoit payer les Cornes qui lui faisoit porter couchant avec le Marquis d’Harcourt.
[45]
Chanson
Sur l’Air de Joconde: Je suis bon soldat tilala.
1680
Sur ………. De Bailleul femme de…………
Marquis de Franquetot.
Madame de Franquetot
Tiquetot,
On dit que vous êtes belle,
Mais on ajoute un mot
Tiquetot
Que c’est à la Chandelle*.
* Il y a un quolibet du peuple qui dit belle à la Chandelle, mais le jour gate tout, ce quolibet convenoit asséz a Mad.e de Franquetot qui avoit asséz bonne mine quoique grosse et d’assez beaux traits avec de la blancheur, mais qui etoit fort marquée de la petit verolle.
[47]
Chanson
1680
Sur………… de Bullion de Longchesne
Marquis de Villiers.
Villiers n’est pas entreprenant
Auprés de sa maîtresse [1],
Il n’a pas même le talent
D’exprimer sa tendresse;
Il est bien fait, il est galand;
Mais il passe pour dupe,
Et ce n’est que chez le Marchand
Qu’il scait lever la Jupe.
Il faut parler d’or en ces lieux
Plustost que de tendresse,
Croy moy, le langage des yeux
Touche peu ta Maitresse,
Il faudroit de frequens repas
Et donner dans l’Etoffe,
Pauvre Villiers, ce n’est donc pas
Pour toy que le four chauffe.
Certao, Bourgeoise de Paris et joueuse de Clavessin.
[49]
Chanson
1680
Sur la méchante justice qui se rendoit dans la
Grand’Chambre du Parlement de Paris, depuis que
Nicolas Potier S.r de Novion en êtoit 1.er President.
Nota Qu’il fut nommé 1.er President le 6e de May 1678 après la mort de Guillaume de Lamoignon et qu’il prêta serment entre les mains de sa Majesté le 6 du meme mois.
Amy, gardes toy de plaider,
L’injustice est trop grande,
Resous toy plustost d’accorder
Ce que l’on te demande,
Le Palais [1] est plein de brigants
Sauve toy de leurs pates
Et la Grand’ Chambre dans ce temps
Fourniroit vingt pirates [2].
Ce n’est pas seulement sur mer
Qu’on trouve des Corsaires,
[1] Le Palais où l’on rend la justice a Paris.
[2] Les Pirates sont des voleurs ausquels l’auteur compare les mauvais Juges dont le Parlement et surtout la Grand’Chambre etoit remplie, et qui voloient les parties en pregnant de l’argent d’Elles pour leur vendre justice. Le 2.d couplet qui suit explique cela plus particulierement.
[50]
Le Palais en a comme Alger,
C’en est un Seminiaire,
Ces miserable tous les jours
Y vont faire leurs courses,
Et surprendre par cent detours
Les plaideurs et leurs bourses.
Grand Roy, [3] le modele des Roys
L’arbitre de la terre, [4]
L’injustice malgré les loix, [5]
Nous fait encore la guerre
Parmy tant de divers forfaits,
Dont tu purges le monde, [6]
Vange nous des Marchands d’Arrests [7]
Dont notre siecle abonde. [8]
[3] Le 3.e Couplet s’adresse au Roy Louis XIV.
[4] Ce Roy lors le plus puissant et le plus heureux du monde, venoit de donner la paix a l’Europe dans le traité de Nimègue qui ne s’etoit concluy que par la crainte que ses Ennemis avoient de sa puissance.
[5] Ce Roy avoit fait des Ordonnances pour la reformation des abus qui se commettent dans la justice. Il y a des pieces de l’an 1667 dans le 1.er de ce Recueil sur ces Ordonnances lors quelles furent registrées en Parlement le Roy y seant.
[6] Le Roy Louis XIV avoit aboly les duels et purge beaucoup de forfaits par sa justice et son application.
[7] De ceux qui font avoir des Arrests de la Grand Chambre du Parlement de Paris pour de l’argent.
[8] C’est qu’il y en avoit beaucoup depuis que l’ S.r de Novion etoit 1. er President de ce Parlement.
[51]
Chanson
1680
Sur les Mariages que fit l’an 16…… Nicolas
Potier S.r de Novion 1 er President du Parlement de Paris,
de……… Potier sa petite fille, avec Jean Baptiste Louis Berrier S.r de la Ferriere Con.er au Parlement, et d’André Potier S.r de Novion* fille d’un fameux financier l’an 16…….
* son petit fils avec Berthelot,
Le premier President Potier
Enrichit sa famille,
Au fils du bon homme Berryer, [1]
Il a donné sa fille,
A/Et Berthelot [2] son Petit fils
Trouve un sort plus propice;
Jugez a present dans Paris
Comme il rendra justice. [3]
[1] L’an 167… le 1er President de Novion n’etant encore que President a Mortier du Parlement avoit marié……. Potier sa petite fille avec Jean Baptiste-Louis Berrier S.r de la Ferriere , Con.er au Parlement de Paris, fils aîné de Louis Berryer Secret.re du Conseil du Roy, homme de basse naissance enrichy dans les maltotes par une infinie de friponneries.
[2] Il avoit marié depuis peu André Potier S.r de Novion son petit fils a ……… Berthelot fille d’un autre maltrotier et par consequent fripon.
[3] Ce 1. er President ne passoit pas pour integre et l’auteur juge avec raison que l’alliance contractée avec des fripons, tels que Berryer
[52]
et Berthelot ne fera qu’augmenter les friponneries qu’il faisoit ou laissoit faire dans le Palais ou le Brigandage etoit grand depuis qu’il etoit a la teste du Parlement de Paris.
[53]
Chanson
Sur l’Air: Enfin graces au depit.
A Bernard dela Guiche Comte de S.t Geran
Lorsque le Roy Louis XIV. L’eut fait Lieuten.t
General de ses Armées.
Comte de S.t Geran Lieutenant général,
Vous voila comme on dit, assez bien a cheval,
Vous allez commander les Royales Armées,
Vous faire elever des trophées;
Et meriter enfin par de fameux exploits,
D’etre dans peu de temps un Marêchal François, [1]
Nous reverrons en vous votre illustre Grandpere, [2]
Qui ne dedaigna pas de visiter le mien. [3]
Quant a moy qui vous considere
Comme mon appuy mon soutien,
Croyez, si le Roy [4] me veut plaire
Qu’il vous fera toujours du bien.
[1] C’est a dire Marechal de France
[2] Jean-Francois de la Guiche Comte de St. Geran Maal de France Chlr des Ordres du Roy, Gouverneur de Bourbonnois Grandpere des Bernard de la Guiche Comte de St. Geran Lieut. gnal des Armées du Roy etc. pour qui cette chanson a été faite.
[3] L’auteur de cette chanson est Philippes Emanuel de Coulanges dont le pere M.r des Comptes a Paris avoit eté autrefois visité par le Maal de S.t Geran.
[4] Le Roy Louis XIV des graces duquel le Comte de St. Geran avoit grand besoing, car il etoit mal dans ses affaires.
[57]
Chanson
Sur l’Air de l’Ouverture de l’Opera
De Bellerophon.
1680
Sur plusieurs fameux Marchands de vin
de Paris.
Arboulin,
Faux Marchand de Vin,
Gros Boucingaut,
Rousseau, Baron, Lamy, Beraut,
Ardivilliers, Souche et Crené,
Vieux malpeigné;
C’est en ce jour [1]
Que sans nul retour
Pour les forfaits, [2]
Que vous avez faits
La Chambre contre vous rendra mil arrest,
Tremblez, tremblez empoisonneurs,
De vos malheurs
On ne dira
Pour vous nul libera,
On maudira,
[1] C’est a dire en ce tems cy.
[2] C’est a dire pour avoir frelaté le vin.
[3] La Chambre de Justice extraordinairement formée a l’arsenal pour juger des
[58]
Empoisonneurs. Cette Chambre en avoit desja fait mourir quelques uns avec des Sorciers, des Avorteurs et autres Garnemens.
[4] On chante le Salve Regina quand on execute quelqu’un par ordre de la Justice.
[5] C’est le nom de celui qui donne la question aux Criminels a Paris.
[6] On donne ordinairement. la question a Paris avec des Pots d’Eau qu’on fait boire de force aux Criminels après les avoir etendus avec cordres attachées aux mains et aux pieds.
[7] C’est a dire que vous avez tué en leur faisant boire du vin sophistiqué.
[8] Le Stix etoit selon le Payens un fleuve qui couloit dans les Enfers.
[59]
Chanson
Sur l’Air de la Rochelle
1680
Sur Henry de Montmorency-Luxembourg,
Duc de Pincy, Pair et Maal de France Capit.e des Gardes du Corps du Roy Louis XIV. leg.l fut emprisonné a la Bastille, et mis entre les
Mains de la justice, accusé d’avoir fait des sortileges chez une femme appellée la Voisin laquelle fut brulée comme sorciere et pour avoir fait avorter des femmes et des Filles.
La gloire ne fut point son but,
De son pacte avec Belzebut [1];
Mais je tiens pour fort veritable
Que ce fut l’argent ou l’amour [2],
Falloit il se donner au Diable
Pour laisser prendre Philisbourg. [3]
[1] Le Maal de Luxembourg avoit fait disoit on un pacte avec le Diable, pour n’etre jamais blesse a la guerre et reussir en toutes ses entreprises militaires.
[2] D’autres vouloient que son pacte avec le Diable fut, ou pour avoir toujours de l’argent, ou pour reussir en amour.
[3] Lisez les pieces de 1676 dans le volume precedent et vous y verrez comme quoy en cette année le Maal Duc de Luxembourg Commandant l’armée Françoise en Allemagne manqua le secours de
[60]
de Philisbourg que les Imperieux avoient assiegé l’auteur qui est persuadé que c’est par la faute de ce general que la place ne fut pas secourue, asseure qu’il n’avoit pas fait pacte avec le Diable par raport a la gloire puisque la sienna souffrit certainement quelque attaque en cette occasion.
Nota que ce cy fut une piece que Francois Michel le Tellier Marquis de Louvois Ministre et secret.re d’Etat etc. joua au Maal Duc de Luxembourg qu’il hayssoit car ayant trouvé dans les papiers de la Voisin que ce Duc y avoit eté la consulter. Il le defera au Roy comme un Criminel d’Etat, le Roy lui en ayant parlé non seulement il se mit a la Bastillle lui meme. Mais renonçant au droit des Ducs et Pairs de France et des off.res de la Couronne de n’etre jugés que par la Cour des Pairs il se soumit au Jugement des Commissions etablis dans l’Arsenal de Paris pour connoître se ces sortes d’affaires, Et il fut renvoyé absous, aussi tout cequ’il avoit fait et demandé a la Voisin, n’etoit qu’une pure badinerie. M.r de Louvois non content de la mortification qu’un Bourgeois comme lui avoit donné a un Sgt de ce merite et de cette naissance, eut encore la cruauté après l’arrest des justification rendu, de le faire exiler dans ses terres, où il fut quelques mois.
[61]
Chanson
1680
Sur……….. de Sainclot femme de Phlipes Dreux M.e des Requestes laquelle avoit êté longuement prisonniere à la Bastille, accuse d’empoisonnement et en venoit de sortir, declarée innocente par Arrest de la Chambre. Royale etablie a l’Arsenal pour juger extraordinairement ces sortes d’Affaires.
Le bon Robin [1] avoit grand peur
Qu’on mît sa femme en poudre, [2]
Lorqu’il a prit qu’un Confesseur
Suffisoit pour l’absoudre [3]
Robin est content et Cocu, [4]
La chose est claire et nette
S’il faut qu’un jour il soit battu,
Son histoire est complette [5].
[1] L’auteur entend parler de M.r Dreux on apelle par plaisanterie les gens de robe des Robin ainsi le bon Robin veut dire le bon homme de robe.
[2] C’est a dire qu’on la fit mourir. Car Elle etoit accuse d’avoir empoisonné un de ses amans qui etoit jaloux d’Elle.
[3] C’est que cette accusation se trouva reduitte a rien et Elle fut renvoyée absoute.
[4] Tout ce qui parut dans le cours de ce proces fut que Mad.e Dreux avoit
[62]
eu des amans en assez grand nombre, et qu’elle les avoit bien traiter. Cela n’etoit pas nouveau, ainsi son mary se trouve cocu et de plus content puisqu’il sollicitoit l’absolution de sa femme qu’il eut par arrest.
L’auteur veut parler icy d’un Conte de Boccace que Jean de la Fontaine a mis en vers et qui est intitulé le Batu, cocu et content; il dit que si M.r Dreux etoit batu, le conte se trouveroit en lui puisqu’il est desja cocu et content.
[63]
Chanson
1680
Sur Claire-Clemence Raguier de Poussé.
A la Requeste de Venus;
Cessez d’etre cruelle
Belle Poussé, c’est un abus
D’etre insensible et belle,
Laissez vous aprendre en ce jour
Ceque c’est que tendresse
Votre ignorance sur l’amour
Offense la Deesse.
Cette Chanson n’a pas besoin de commentaire.
[65]
Chanson
1680
Sur Jean Baptiste Colbert Marquis de
Seignelay, Secret.re d’Etat, Tresorier des Ordres
du Roy. etc.
Seignelay vetu de velours, [1]
Chargé de Pierreries;
Nous cache de sales amours [2]
Sous son hipocrisie [3],
S’il ne veut plaire qu’au Seigneur,
Pourquoy tant de parure,
Qu’il porte avec un humble coeur
De ses pere la bure.
[1] Il êtoit toujours fort pare et êtoit magnifique en tout.
[2] C’est qu’il êtoit sodomite (cela est faux)
[3] Il avoit êté quelque tems devot.
[4] Jean Baptiste Colbert, Ministre d’Etat, et controlleur gnal des finances pere du Marquis de Seignelay, etot fils d’un Payeur des Rentes de l’hostel de Ville de Paris et petit fils d’un Marchaud de la ville de Reims.
[67]
Chanson
1680
Sur Isabelle Hamilton, femme de Philbert
Comte de Grammont.
De la Comtesse de Grammont
Plaignons la decadence,
Jadis rien n’etoit assez bon
Pour sa rare excellence [1],
Maintenant la putain partout
Par vanité publie
Que le fat de Charmel la f……
Et le Charmel le nie.
[1] C’est qu’Elle avoit autrefois êté belle, et qu’Elle avoit eu toujours beaucoup d’Esprit. Elle êtoit d’une Illustre Maison d’Ecosse, et le Comte de Grammont en etant devenu amoureux en Ang.res crût qu’il en seroit quitte pour la galanterie qu’il lui avoit faite en ce pais là; Mais les freres de cette Dame le forcerent a l’epouser comme il êtoit prest de revenir en France.
[2] …….. de Ligny Comte de Charmel Capitaine des 100 Gentilhommes de la Maison du Roy Lieutenant gnal de L’Isle de France.
[3] Le ridicule qu’on donne icy a la Comtesse de Grammont, est assez plaisant, de dire qu’un fat soit bien traité d’Elle et qu’il le nie, lorsqu’Elle s’envante.
[69]
Chanson
1680
Sur Francois de Harlay Archevesque de
Paris, Duc et Pair de France, Commandeur
Des Ordres du Roy, Proviseur de Sorbonne.
De l’Archevesque de Paris,
Plaignons la decadence;
Rien n’etoit assez bon jadis,
Pour sa Presque Eminence [1],
Aux Chanteuses [2] sur son retour,
Il prodigue ses charmes,
Grisettes, voice votre tour,
Mettez vous sous les armes.
[1] Il visoit fort au cardinalat.
[2] L’auteur entend par là Mad.lle de la Varenne maniere de Courtisanne dont l’Archevesque de Paris etoit amoureux, au veu et au sceu de tout le monde. Il alloit publiquement souper chez Elle ou Elle venoit souper al’Archevesché tous les soirs. Ils ne se quittoient que fort tard. Ils passoient des journées entieres dans sa belle Maison de Constans. Il lui donnoit un argent considerable jusque la qu’elle s’etoit fait 12 000 de rente sans compter les meubles, L’Argenterie et les Bijoux dont etoit ornée la charmante maison qu’elle avoit achetée au fauxbourg St. Germain. Elle jouoit du luth en perfection et scavoit fort bien la musique.
[71]
Chanson
1680
Sur Galliotte de Gourdon de Genouillac, appellée
M.lle de Vaillac et depuis Comtesse de Montaut
De Villeroy [1] et de Grammont [2]
Si j’avois la figure, [3]
La naissance de Chastillon [4],
Et l’esprit de voiture, [5]
Si j’etois comme Marsillac [6],
Du Roy l’amy fidelle [7],
Tout cela seroit pour vaillac
Et seroit peu pour Elle.
[1] Francois de Neusville Duc de Villeroy, Pair de France Gouverneur de la ville de Lyon, pais de Lionnois, Forêts et Beaujolois.
[2] Atoine-Charles Duc de Grammont Pair de France, Gouverneur de Bearnville, et Chateau de Pau, ville et citadelle de Bayonne, Viceroy de Navarre.
[3] Ils sont parfaitement bienfaits l’un et l’autre.
[4] Alexis Heney de Chastillon 1er Gentilhomme de la Chambre de Philippes Duc d’Orleans frère unique du Roy Louis XIV il a un frère aîné et ils se peuvent vanter l’un et l’autree d’etre de la meilleure…. Moison de France.
[5] Les ouvrages de Voiture sont imprimés où l’on voit merveilleusement le tour galant de son esprit.
[6]-[7] Francois de la Rochefoucault Prince de Marsillac grand Veneur de France et Grand M.e de la Garderobe du Roy Louis XIV, son maître qui avoit alors grande confiance en lui. Il fut le confident des amours de ce Prince avec Mad.lle de Fontanges.
[72]
Autre
Et servant de reponse a la precedente;
Adressée a Philipes de Coursillon Mqs.
De Dangeau qui est l’autheur.
Quand tu aurois des Chastillons
La naissance éclatante,
Des Villerois, et des Grammonts
Les figures charmantes;
Quand tu serois de nôtre Roy
Le seul amy fidele;
Dangeau, ce seroit trop pour toy,
Et pas assez pour Elle.
Cette Chanson n’a pas besoin de commentaire.
Nota qu’on pourroit bien s’etre trompé au nom de Dangeau. Car N……. Galant Secretaire du Cabinet du Roy a toujours passé pour etre l’auteur de la chanson precedente l’on dit même que le Prince de Marsillac que l’on y dit etre* cité de cette sorte parceque cela lui pouvoit nuire auprès du Roy qui se piquoit de n’avoir ny favory ny Ministres qui le gouvernassent comme ses predecesseurs et que c’etoit un Prince fort soubçonneux de maniere que Galant fut obligé de lui en demander pardon.
* L’amy fidelle du Roy fut fort faché dit etre.
[73]
Chanson
1680
Sur Galliotte Gourdon de Genouillac, appellee M.lle de
Vaillac qui epousa l’an 16….le See
Con.er au Parlement de Paris et fils d’un Marchand
Qui prit le nom de Comte de Montaut en ayant
Acheté la terre et pris l’Epée, l’auteur fait parler
M.r le Sec.
De Villeroy et de Grammont
Je n’ay point la figure;
La naissance de Chastillon,
Ny l’esprit de voiture,
Je ne suis point un Marsillac
Du Roy l’amy fidelle,
Cependant j’epouse vaillac
Et je couche avec Elle.
N. a Que cette chanson est sur les memes noms que les 2 precedents ainsy Elle n’a pas besoin de commentaire.
[75]
Chanson
1680
Sur Marie de Bautru Marq.se de Rambures.
De Gesvres, [1] ou de Villeroy, [2]
Si j’avois la naissance, [3]
Autant d’esprit qu’en a Cavoys, [4]
De Fiesque la prudence [5]
La probité de gros Broussin, [6]
[1] Leon Potier Duc de Gesvres Pair de France 1. er Gentilhomme de la Chambre du Roy, depuis Gouverneur de Paris et Chlr des Ordres de S. M.te
[2] Francois de Neusville Duc de Villeroy Pair de France, Gouverneur de la ville de Lyon, puis de Lyonnois, Forets et Beaujolois, Lieutenant gnal des armées du Roy, et depuis Chlr de ses ordres.
[3] La naissance de ces Ducs et Pairs ne peut être gueres plus basse qu’Elle est car le 1.er descend en droite ligne de Pierre Petier Marchand Pelletier ou Peautier a Paris l’an 1450 et l’autre de Nicolas de Neusville, Marchand de Poisson de mer a Paris l’an 1469.
[4] Louis D’oger Marquis de Cavoys Grand Maal des Logis de la Maison du Roy, c’est un fort honneste et un fort brave homme, mais il a fort peu d’esprit.
[5] Jean Louis de Fiesque appellee le Comte de Fiesque et par ses amis le petit Bon. C’est un fort bon enfant chantant a merveilles avec de l’esprit et de l’agrement dans toute sa personne; Mais sans aucune conduit pour ses affaires ny pour sa fortune. Il n’a pas laissé de la faire depuis d’une maniere extraordinaire. Le Roy Louis XIV ayant oblige la Republique de Gennes l’an 1685 a lui donner cent mil ecus pour le recompense du bien qui ont perdu ses ancestres que cette Republique leur confisqua l’an 1547, lorsque la Branche ainée des cette maison se retira en France après la mort de Jean Louis de Fiesque Comte de Lavagne mort en voulant se rendre maistre de Gennes le 1.er jour de l’an 1547.
[6] N….. Bruslard S.r du Broussin homme sans honneur et dont tout
[76]
le merite consiste a se connoitre en bonne chere en ragoust vin ets. Ce qu’on appelle être Costeau, et dont il tire grande vanité.
De Cessac la droiture. [7]
Ce seroit beacoup pour Certain; [8]
Et trop peu pour Rambures. [9]
[7] N……… de Clermont-Lodeve Marquis de Cessac, grand pipeur au jeu. Il eut l’insolence l’an 1669 de friponner le Roy même qui avoit eté averti de l’intelligence qu’il avoit avec le Caetier qui faisoit les Cartes pour sa Majesté et que cette homme les marquoit d’une maniere qu’il ny avoit que le Marquis de Cessac qui connût. Il connossoit ainsi le jeu du Roy. Il fut chasse pour cela et etant depuis revenue il fut oblige de s’enfuit en Ang. re a cause que la Chambre des Poisons etablie a l’Arsenal decreta contre luy.
[8] Madelaine de Certain fille de rien qui joue admirablement du Clavessin et se connoist parfaitement en musique. Elle est aimable d’ailleurs pour sa figure, son esprit, et son scavoir vivre, aussi a t’ Elle cause de grandes passions.
[9] L’auteur veut dire par là que la Marquise de Rambures ne merite l’attachement que des derniers miserables.
[77]
Chanson
1680
Sur N……… de Ligny comte de Charmel
Lieutenant de Roy de l’Isle de France.
De Richelieu [1] et Bauffremont, [2]
Si j’avois la figure, [3]
La jeunesse de Theobon, [4]
Les Boules de Rambures, [5]
[1] Anne Poussart de Fors 1.er femme d’Armand Jean du Plessis de Richelieu, Pair de France, Pair de France Duc de Richelieu D.e d’honneur de Marie-Anne Christine-Victoire de Baviere Dauphine de France. Elle avoit êté auparavant aussi Dame d’honneur de la Reine Marie Thereze d’Autriche, et lorsque Mad.e la Dauphine vint en France on la mit au prés de cette Princesse comme une Dame de merite et de vertu et a qui on se confiait.
[2] N….. de Beaussremont vieille fille dont etoit amoureux Henry de Durfort Duc de Duras Maal de France. Elle logeoit dans l’hostel de Duras, où la Duchesse de Duras la souffroit par complaisance pour son mary; nonobstant cette bonté, Elle brouilla le Duc et la Duchesse. Ce qui l’obligea de sortir de chez Eux. Elle se retira dans un Couvent où le Maal Duc de Duras continuait toujours de la voir.
[3] Comme cette chanson a êté faite contre le Comte de Charmel, Il est aisé de juger que la Duchesse de Richelieu et M.lle de Baussremont êtoient laides.
[4] N……….de Theobon D.lles de Gascogne, Elle vint a la Cour au commencement de l’année 1669, qu’Elle fut fille d’honneur de la Reine-Marie –Thereze d’Autriche après la mort de cette Princesse, Charlotte Elizabeth de Baviere Duchesse d’Orleans la prit. Elle a êté sa favorite, et c’etoit Elle qui conduisit l’intrigue de Madame avec un Enseigne des Gardes du Corps du Roy apellé le Chtr de Sinsaut homme fort bien fait. Philippe fils de france Duc d’Orleans la chassa pour cele aussi bien que le Vhtr de Beuvron l’un des Capit.ne de ses Gardes et amant de M.lle de Theobon. Ils se sont mariés depuis.
[5] Marie de Bautru Marquise de Rambures dont il est parlé en
[78]
plusieurs endroits de ce Receuil comme Elle vouloit plaire, qu’ Elle etoit fort maigre et que avancé desja en age Elle maigrissoit toujours de plus en plus. Elle portoit 2 Boules de cire dans sa bouche qu’Elle tenoit de 2 costez de ses jours pour les soutenir.
[6] N……… des Adrets D.lle de Dauphine fille d’honneur de Charlotte Elisabeth de Baviere Duchesse d’Orleans.
[7] N……… de Poitiers D.lle Liegeoise autre fille d’honneur de Madame. Sa conduite fut telle qu’on la chassa de la Chambre des filles pour avoir accouché a Versailles au milieu de ses compagnes. Antoine de Ruzé Marquis d’Essiat et l.er Escuer de Monsieur lui avoit fait cet Enfant qui ne vint pas a terme ce qui suprit la pauvre fille. Cet accident est arrivé longtems avant la chanson; mais quand elle a eté faite la reputation de M.lle de Poitiers etoit desja retablie.
[8] Comme cette Chanson est ironique, c’est a dire que son merite est fort petit.
[79]
Chanson
1680
Sur…… Potier de Novion femme de Jean Baptiste-
Louis Berryer S.r de la Ferriere, M.e des Requestes
que Nicolas Potier S.r de Novion 1.er President du Parlement de Paris son grand pere, fit enfermer dans
un Couvent, parcequ’Elle etoit amoureuse d’un Lacquais.
M.r de Rothelin se déguisait en laquais pout aller la voir.
Pourquoy sévere President, [1]
Condamner vôtre fille, [2]
Et la mettre dans un Couvent
Pour une peccadille,
Ce grand Laquais, ce beau garcon
Qui sceut si bien lui plaire,
Est d’une aussi bonne Maison
Que Berryer son beaupere. [3]
[1] Ce complet s’adresse au 1.er President du Parlement.
[2] Ce fut par son ordre que sa petite fille et non sa fille comme dit l’auteur, fut enfermée dans un couvent.
[3] Louis Berryer pere de Jean Baptiste Louis Berryer* etoit un homme de fort basse naissance, car il etoit né paysan de basse normandie.
*S.r de la Ferriere mary de… Potiers.
Il avoit eté sergent, M.e de Forges, ouis s’etant mis dans les maltotes il s’y etoit prodigieusement enrichi, et s’etoit fait secret.re du Con.el du Roy et son fils M.r des Requestes; ayant besoin d’alliances. Il avoit marié ses filles a des gens de qualité, et avoit allié ce fils cy dans la Robe, en lui faisant epouser la petite fille du 1.er Presid.t
[80]
du Parlement, ainsy l’auteur a raison de dire que le Laquais avec qui Madame de la Ferriere couchoit, etoit d’aussi bonne maison que Berryer son beau pere.
Venez ma Mere [4] a mon secours,
Je marche sur vos traces,
Quand pour contenter mes amours,
Je choisis dans la Crasse,
Ce gros rablu qui vous plut tant,
Etoit valet de Chambre, [5]
L’amour du premier President [6]
Ne pût vous en deffendre.
Qu’un Marquis, ou bien qu’un Jasmin
Mon pauvre la Ferriere, [7]
Sur mon honneur ait mis la main,
Cela n’importe guerrre,
[4] Ce couplet cy s’adresse a………… Malon de Bercy veuve de André Potier S.r de Novion, M.e des Requestes, et mere de Madame de Ferriere, de qui l’auteur feint que celle cy implore le secours lorsqu’on l’on ferme dans le couvent, en luy representant qu’Elle a suivi son exemple lorsqu’Elle a eté putain.
[5] L’auteur pretend que Madame de Novion avoit couché avec un valet de Chambre, comme sa fille avec un laquais.
[6] On a pû voir dans le volume precedent une Chanson qui parle de l’amour que le 1.er President, du tems qu’il n’etoit encore que President a Monrtier avoit pour Mad.e de Novion sa belle fille qui etoit alors encore fort aimable, mais grande, folle et raisonablement putain.
[7] Ce Couplet s’adresse au S.r de la Ferriere luy meme, sur ce que sa femme l’avoit fait cocu avec ce Laquais.
[81]
Quand vous n’auriez pas fait aquest
D’une femme coquette
L’on eut toujours dit qu’un Laquais [8]
Vous fit ceque vous êtes.
[8] L’auteur veut parler icy de Louis Berryer, le pere qu’on disoit aussi avoir eté Laquais en son pais avant que d’etre sergent, suppose qu’il l’eut eté comme il l’a pû etre sans deroger, son fils n’etant cequ’il etoit que par le bien que son pere avoit amassé, un Laquais l’auroit bien certainement fait ce su’il êtoit.
[83]
Chanson
1680
Sur Louis Joseph Marquis de Crequy
Si j’avois toute la beauté
Qui brille regne dans Fontange, [1]
Si j’avois la vivacité
Et l’Esprit de Coulanges, [2]
Si j’etois comme de Conty [3]
Des graces le modele,
Tout cela seroit pour Crequy, [4]
D êut il m’etre infidelle.
[1]………..de Roussille Duchesse de Fontanges, maitresse du Roy qui etoit fort belle.
[2] Philippes Emanuel de Coulanges qui avoit beaucoup de vivacité, mais peu d’Esprit, n’en deplaise a l’auteur.
[3] Marie Anne legitimée de France, femme de Louis-Armand de Bourbon Prince de Conty et du sang.
[4] Le Marquis de Crequi tué au combat de Luzara.
[84]
Autre
Sur François-Joseph Marquis de Crequy,
Colonel du Regiment Royal d’Infanterie.
Goûtez tous les plaisirs charmans,
Où l’âge vous emporte, [1]
Alcibiade [2] assez longtems
En usa de la sorte; [3]
Mais un sage regla les feux
De sa fiolle jeunesse, [4]
Je seray, Crequy, si tu veux
Ce sage de la Grece [5]
[1] Il etoit fort jeune et fort emporté dans la debauche.
[2] Alcibiade Athenien, disiple de Socrates, dont Plutarque a écrit la vie. Il est facheux par sa beauté aussi bien que par sa valeur et par son amour pour les plaisirs, aussi bien que pour la Philosophie.
[3] Alcibiade êtoit non seulement fort a donné a la volupté; mais fort emporté dans la debauche, et fort abandonné a ses passions. C’est n’en deplaise a l’auteur toute la conformité qu’on peut trouver entre et Grec, et le Marquis de Crequy.
[4] Socrates l’un des 7 sages de la Grece.
[5] Pour l’intelligence de cecy, il faut scavoir que l’amitié de Socrates pour Alcibiade, ne fut pas exempte de quelque soupçon de sodomites, l’auteur qui est certainement sodomite et qui trouve le Marquis de Crequy a son gré, ne veut pas douter que Socrates ne couchât, et ne jouit d’Alcibiade, et il offre le meme parly au Marquis de Crequy.
[85]
Chanson
1680
Sur……..de Montgomery femme de….
De Gouyon Comte de Quintin.
Belle [1] Quintin tous vos discours
Sont pleins de mignardise; [2]
Mais quand l’on veut parler toujours, [3]
L’on dit bien des sottises, [4]
Mettez sur vôtre teint du blanc, [5]
Que vous dents se raprochent, [6]
Si vous voulez tenir le rang
De la Reine d’Antioche. [7]
[1] Elle avoit êté plus belle qu’Elle n’etoit alors, car Elle commençoit a se passer.
[2] Elle parloit avec affectation.
[3] Elle etoit grande parleuse.
[4] Elle ne scavoit pour l’ord.re cequ’Elle disoit comme sont la pluspart des femmes.
[5] Le teint de la Comtesse de Quintin commençoit a brunir comme il arrive d’ordinaire aux femmes en vieillissant.
[6] Ses dents etoient eloignées les unes des autres.
[7] La Comtesse de Quintin etoit une maniere de pretieuse entestée de son esprit et de sa beauté voulant toujours avoir auprès d’Elle une foule d’adorateurs. De plus elle etoit mal seine; Mais Elle affectoit de paroitre encore plus malade qu’Elle n’etoit, tour cela joint ensemble lui faisoit prendre des airs si extraordinaires, que par plaisanterie on l’apelloit la Reine d’Antioche.
[86]
Quintin a tant leu les Romans,
Et la carte du tendre
Qu’elle étale à tous ses amans, [8]
Sans pouvoir les surprendre
Avec son jargon epuré,
L’on sçait que la Coquette
En secret se saoule a son gré
Du plaisir d’amourette.
Autrefois on a veu Ninon, [9]
A ses amans fidelle;
Mais Quintin a livré son C……
A toute une sequelle,
Reste du Bourgeois Tambonneau, [10]
Et rebut de tout’ autre,
[8] Malgré toutes ses affectations de precieuse, la Comtesse de Quintin, ne laissoit pas d’etre aussi coquette qu’une autre, et parmy tous ses adorateurs dont Elle vouloit toujours avoir un grand nombre, il y en avoit toujours quelq’un, qui moins fat que les autres, quittoit la simple admiration pour s’attacher a la matiere, et qui couchoit bravement avec Elle, ce qu’Elle souffroit et trouvoit fort bon.
[9] Anne de l’Enclis vulgairement appellée Ninon, fameuse par sa galanterie, qui posseda toutes les vertus, a la chasteté près et qui parmy un grand nombre d’amans qu’Elle eut, n’en a jamais trompé aucun, car des qu’Elle ne les aimoit plus, Elle le leur disoit avec franchise.
[10] L’auteur pretend qu’Antoine Tambonneau Bourgeois de Paris, lors Ambassad.r en Suisse, avoit eu les dernieres faveurs de la C.sses de Quintin.
[87]
L’affreux degôut de vôtre peau, [11]
Fait retirer la notre. [12]
Mareschal [13], qu’avez vous pensé!
En acheptant des Terres; [14]
Moins habile que n’est Gassé, [15]
Craignez les Pensionnaires; [16]
[11] On a desja dit que sa peau etoit vilaine.
[12] C’est a dire nous empesce de band…… pour vous.
[13] Ce coupet cy s’adresse a Guy de Durfort, Comte de Lorge, Maal de France, capitaine des Gardes du Corps du Roy, Cousin du Comte de Quintin.
[14] Le Comte et la Comtesse de Quintin avoient vendu au Mareschal de Lorges la Baronnie de Quintin en Bretagne, et comme ils n’avoient point d’Enfans, ils s’etoient contentés d’une mediocre somme comptant et avoient pris pour le surplus une grosse pension pendant leur vie que le Mareschal leur devoir payer par chaque année.
[15] Charles-Auguest de Goyon de Matignon, comte de Gassé, Cousin du Comte de Quintin avoit manqué le meme marché que le Maal de Lorges pour la Terre de Quintin trouvant la pension trop forte enquoy il eut grand tort, n’en deplaise a l’auteur, car c’etoit une fort bonne acquisition sur le pied que le Marechal de Lorges l’avoit acheptée.
[16] L’auteur entend parler par les Pensionnaires des amans de la Comtesse de Quintin, car comme une vente telle que celle de la terre de Quintin, ne pouvoit subsister selon les loix, si cette Comtesse avoit des Enfans, par la suite, parcequ’il y pourroient revenir, il etoit a craindre pour le Mareschal de Lorges, que les Pensionnaires n’en fissent au deffaut du Comte de Quintin, et qui auroient passé pour legitimes, puisque selon le droit, Filis est quem nuptiae demonstrans, ce fut une des raisons qui outre la trop grosse pension empêcha le Comte de Gassé d’achepter la Baronnie de Quintin aux mesmes conditions que le Mareschal de Lorges.
[88]
Il faut donner quelques Ducats,
Au petit bon de Fiesque, [17]
Afin qu’il ne vous fasse pas,
Un heritier burlesque. [18]
[17] Jean-Louis Maurice Comte de Fiesque, qui passoit pour être aimé et bien traité de la Comtesse de Quintin.
[18] C’est a dire quelque Enfant a cette Comtesse qui eut passé pour legitime puisque le Comte de Quintin vivoit, et qui fut rentré de droit dans la terre de Quintin nonobstant la vente qui en avoit eté faite au Maal de Lorges. Lisez la dessus l’article 16 de ce commentaire.
[89]
Chanson
1680
Sur François-Joseph Marquis de Crequy, fils aîné de
François de Crequy, Maak de France, lequel êtant au
Cabaret des trois Cueillers rue aux Ours à Paris, où il avoit
soupé avex quelques jeunes gens comme lui, fit monter un oublieux,
qu’ils violerent et qui en mourut,cequi fit un scandale épouvantable.
Beau Crequy, ton air gracieux, [1]
Ne touche point nos Dames,
Il te falloit un Oublieux
Pour contente ta flame,
Tu n’es qu’un homme du commun
Personne ne t’envie,
Et tu trouveras au lieu d’un
Cent Gadaignes [2] en ta vie.
[1] C’etoit un des hommes de la Cour, le plus beau et le mieux fait.
[2] C’est qu’autrefois…….de Gadaigne avoit battu François Sire de Crequy, Marechal de France, pere de ce Marquis.
[91]
Chanson
1680
Sur Antoine-Charles Duc de Grammont,
Pair de Francr Viceroy de Navarre, Gouvern.r
de Bearn des ville et chateau de Pau, ville et
citadelle de Bayonne.
Louvigny, [1] ton air gracieux,
Charme toutes les belles,
Ta beauté te fait en tous lieux,
Des Conquestes nouvelles
Tu peux t’asseurer du destin
De Lamy de Joconde
Ton epouse [2] a trouvé le Nain [3]
Va t’en courir le monde.
[1] Le Duc de Grammont s’est appellée le Comte de Louvigny jusqu’a la mort du Maal Duc de Grammont son pere.
[2] Marie Charlotte de Castelnan Duchesse de Grammont.
[3] L’auteur entend par ce mot Charles de Lorraine, comte de Marsan Chlr des Ordres du Roy qui avoit été amoureux de la Duchesse de Grammont et qu’Elle n’avoit pas haï; Ce Comte etoit fort petit. L’histoire de Joconde, ou plûtost le Conte est tire de l’Arioste, et portr entr’autres evenemens, que Joconde l’homme du monde le plus beau et le mieux fait, desesperé d’avoir surprise sa femme couchée avec un lourdaut de valer, s’en consola entrouvant quelque tems aprés la Reine de Lombardie, femme d’Astolphe, le plus bel homme de son siecle, couchée pareillement avec un Nain, su’il en avertit le Roy
[92]
et que tous deux quitterent leurs maisons et allerent par le monde chercher des aventures. C’est ce qui fait dire l’auteur au Duc de Grammont qu’il n’a plus qu’a courir le monde a l’exemple d’Astolphe et de Joconde, puisque sa femme a trouvé un Nain en la personne du Comte de Marsan qui etoit fort petit.
[93]
Chanson
1680
Sur…. femme de……… du Fresnoy
Dame de Lit de Marie-Thereze d’Autriche
Reine de France.
Estre putain depuis trente ans, [1]
N’est pas chose bien rare;
Quand avec du rouge et du blanc [2]
Ses Années on répare;
La du Fresnoy postiche entout [3]
Voudroit toujours nous plaire;
Mais il faudroit que le dessous
Fut moins porte cochere.
[1] Mad. e du Fresnoy êtoit de tres basse naissance, et la femme d’un simple Commis et Fronçois de Michel le Tellier Marquis de Louvois Ministre et Secretaire d’Etat etc. Ce du Fresnoy fils d’un Apoticaire de Paris. M.r de Louvois avoit êté quelques années auparavant long-tens amoureux de cette femme qui êtoit belle comme le jour, et qui n’etant plus jeune alors ne laissoit pas de se maintenir dans sa beauté. M.r de Louvois dans le tems de sa passion pour Rlle l’avoit comblé de biens elle et sa chetive famille, et la voulant elever pour la mettre de pair avec les femmes de la Cour; il avoit eu le credit de faire crier en sa faveur; par le Roy la Charge de Dame du Lit de la Reine; malgré tous les bienfaits de M.r de Louvois. Elle lui fut infidel, car……….d’Ancezune Duc de Caderousse pour se vanger du Marquis de Louvois qui lui avoit fait une injustice, parcequ’il etoit lié d’amitié avec Jean Baptiste
[94]
Colbert Secretaire d’Etat son Ennemy, Caderousse dis je fit l’amoureux de Mad. e du Fresnoy; Il etoit Jeune, bienfait aimable spirituel et fort eloquent. M.r de Louvois etoit desagreable et fort laid et l’interrest seul lui conservoit le coeur de sa maitresse. Caderousse en fut bientost vainqueur, Et se vengea pleinement, mais il fallut qu’il renonçat a sa fortune que Mr. de Louvois traversa depuis toujours depuis. Ces deux affaires n’etoient pas les seules qu’eut en Madame du Frsnoy, et Elle êtoit trop belle et trop exposée pour n’avoir pas eu des amans.
[2] Les femmes du temps de Mad.e du Fresnoy, soit que cela fut ou par envie disorient qu’Elle se fardoit, quoiqu’il en soit il n y a jamais eu de plus grande beauté, n’y qui ait plus duré que la sienne. Elle n’etoit plus jeune alors.
[3] Elle avoit les manieres precieuses, et par consequent fausses. Elle faisoit la femme de qualité, si avec cela Elle se fardoit, comme le dit l’auteur, Elle êtoit postiche en tout.
[95]
Chanson
1680
Sur………. Bertrand appellee le Chlr de la
Baziniere lequel fut chatré par Jacques de
La Baume Marquis de Montrevel qui l’avoit
surpris chez luy, ou malgré la defense en qu’il
lui avoit faite, il venoit voir……. de Lannoy sa femme.
La Baziniere fagotant
Dans le bois d’hymenée,
Son pauvre pain alloit gagnant
De contrée en Contrée, [1]
Mais Montrevel pour son Malheur,
Veillant une nuitée, [2]
De cet habile fagoteur,
Arracha la coignée. [3]
[1] Le Chevalier de la Baziniere êtoit fort beau, avoit quantité de bonnes fortunes de l’un et de l’autre sexe.
[2] Le Comte de Montrevel qui scavoit que le Chlr de la Bazinere venoit souvent voir sa femme malgré la defense qu’il lui en avoit faite, l’attendit la nuit, la surprit chez lui et le chatra impitoyablement.
[3] C’est a dire le V……..
Nota que plusieurs vouloient que le Chlr de la Baziniere avoit ete ainsi chastré par l’Ordre de Francois-Michel le Tellier,
[96]
Marquis de Louvois, Ministre et Secretaire d’Etat etc. pour un commerce particulier qu’il avoit avec Elizabeth le Tellier sa fille, femme de Francois de la Rochefoucault Duc de la Rocheguoin receu en survivance des charges de grand Veneur de France, et de Grand M.es de la Garderobe du Roy, qui possedoit François de la Rochefoucault Prince de Marsillac son pere, etqui est de certain, c’est que le Chevalier fut diâtré et en mourut.
[97]
Chanson
1680
Au Roy Louis XIV sur les jeunes gens
de sa Cour, qui êtoient pour la pluspart sodomites.
Les jeunes gens de vôtre cour,
De leurs corps font folie,
Et se regalent tour a tour,
Des plaisirs d’Italie,
Autrefois pareille action,
Eut merité la braise;
Mais il ont un trop bon patron
Dans le pere de la Chaise.*
* François de la Chaise, Jesuitte, Confesseur du Roy.
N.a Que la medisance qu’on pretend faire dans cette chanson du pere de la Chaise, n’est pas fondée. Ses moeurs êtoient reglées.
[99]
Chanson
1680
Adressée a Jean-Baptiste Lully surintend.t de la
Musique du Roy, pour lui demander quelque air nouveau
Sur lequel on put faire des Vaudevilles, aulieu de celuy de Joconde
dont on s’etoit servi pour faire beaucoup de chansons medisantes,
comme on peut voir dans ce Recueil.
Depuis qu’on a gasté le Airs
Qui couroient par le monde, [1]
Qu’on chante pouille a l’univers,
Sur celui de Joconde,
Fasse qui voudra des Chanson
J’abhorre la satyre,
Lully, donnez moy autres tons,
Ou bien je me retire.
[1] Lully avoit fait les plus beaux airs du monde qu’on estrepioit tous les jours pour faire des Vaudevilles et principallement ceux de Violon.
[2] C’est a dire un Air sur lequel on fasse des vaudevilles, autre que celuy de Joconde dont je suis importuné.
[101]
Chanson
Sur Jeanne de S.t Simon de Rouvroy, femme de Pierre
Felix de la Croix de Chevriere, comte de St. Vallier.
La Saïnt Vallier [1] aux grands seigneurs
De jeunesse a donnée,
A Xaintrailles [2] donn son coeur,
Sous ce faux nom [3] trompée;
Mais en vengeance du faquin,
[1] Elle fut coquette de fort bonne heure et êtant encore fille.
[2] Poton de Xaintrailles.
[3] Le Chevalier de Xaintrailles, car c’est ainsy qu’il se nommoit, de cette Maison, dont etoit le fameux Jean Poton de Xaintrailles, MAreschal de France si fameux sous les regnes de Charles VI et de Charles VII. Cette Illustre et Ancienne MAison est eteinte depuis longtemps, et celuy dont il est parlé ici est d’une famille noble de Vendosmois qppellée Roton; mais son pere, ou son grandpere au plus, trouvant la Maison de Poton meilleure que la sienna, effaca dans tous ses titres, qui avoient quelqu’ancienneté, la queue de l’Requi faisoit Roton, de maniere que le nom de Poton s’y trouva substitué partout. Il quitta avec cela ses Armes et prit celles de Poton, et fit appeller ses Enfans Xaintrailles, cequi lui fut aisé, puisque la maison de Xaintrailles ou de Poton etant finie, nul n’etoit en droit de l’en empescher que le Procureur gnal du Parlement; mais c’est dequoy ces gens là ne se soucient point en France, au contraire, comme ils sont tous Bourgeois, ils sont ravis que le desordre soit parmy la bonne et ancienne Noblesse pour
[102]
en profiter. Ce Chlr de Xaintrailles avoit êté amoureux et bien traité de la Comtesse de St. Vallier, l’auteur veut qu’Elle l’aimât a cause du beau nom qu’il portoit; Mais ce n’est pas d’Ordinaire la naissance que les femmes cherchent en amour.
Qui surprit sa tendresse,
Elle baise un Prince Lorrain, [4]
Pour relever noblesse.
[4] La Comtesse de S.t Vallier aimoit alors Henry de Lorraine Comte de Brionne, Grand Escuier de France en survivance de Louis de Lorraine Comte d’Armagnac son pere;-mais ce n’etoit pas comme pretend l’auteur pour se vanger du faux Xaintrailles, et il ne faut chercher la raison de ce changement que dans la legereté des femmes.
[103]
Chanson
1681
Sur les Filles de Jean-Baptiste Colbert Ministre
Et Secretaire d’Etat, Controlleur géneral des Finances qui
Êtoient, Jeanne Marie-Thereze Colbert, femme de Charles-honoré d’Albert
Duc de Chevreuse, Henriette Colbert femme de Paul Duc de Beauvilliers, Pair de France, et Marie-Anne Colbert, femme de Louis de Rochechourart, Duc de Mortemart, Pair de France.
Les Colbert n’en sont pas plus vaines
Quoiqu’en la Chambre de la Reine
On ait fait asseoir leur fessier; [1]
Car en Duchesses debonnaires
Aleur Cousin le Tapissier, [2]
Elles ont donné leur Dais a faire.
[1] Elles êtoient touts trois assises chez la Reine, puisqu’elle n’avoit chacune epousé un Duc et Pair.
[2] Elles êtoient toutes trois de basse naissance puisque les Colbert sont venus de MArchands de Reims, et il se peut fort bien qu’Elles eussent un Cousin Tapissier.
[105]
Chanson
1681
Sur les Partisans
Pretens tu, maudit Partisan
Le Ciel pour recompense
Du Vol du pauvre paysan,
Et de toute la France,
Si Dieu te fait un jour pardon,
A ton impertinence,
Ce sera comme au bon Larron
Au haut d’une potence.
Cette Chanson n’a pas besoin de Commentaire.
[107]
Chanson
Sur l’air des Folies d’Espagne.
1681
A Marie-Anne de Bourbon, Princesse…..
Legitimée de France, femme de Louis-Armand de
Bourbon, Prince de Conty et du sang.
De Junon vous avez la Noblesse, [1]
De Pallas vous avez la fierté, [2]
Et mon coeur trop aimable Princesse
Trouve en vous de venus la beauté. [3]
[1] Cette Princesse etoit fille naturelle du Roy Louis XIV et les Payens disorient que Junon etoit fille de Saturen pere de Jupiter.
[2] C’est a dire l’air majestueux de Pallas que les Payens peignaient armée.
[3] Venus êtoit selon les Payens la Déese de la Beauté, et la Princesse de Conty êtoit belle comme le jour, et encore plus aimable, et plus agreable.
[109]
Chanson
Sur l’Air de la Rochelle.
Sur le jeu de la Bassette qui êtoit fort à la mode
en ce temps là.
1681
Sire, [1] l’amour au desespoir,
Vient implorer vôtre pouvoir,
Il m’a pris piur son interprête,
J’oseray vous dire aujourd’huy
Qu’il faut defender la Bassette
Autrement que c’est fait de luy.
[1] Ces vers s’adressent au Roy Louis XIV.
Serviteur aux doux sentimens
On ne voit Presque plus d’amans,
Et quand la Dame la mieux faite
Leur sacrifioit son Epoux
Ils oublioient pour la Bassette
Tous les plaisirs du rendez vous.
Une Dame dernierement
En s’adressant à son amant,
Luy dit, renouez ma Manchette,
Elle eut beau luy montrer son bras;
Car quand on joue à la Bassette
[110]
On n’a point d’yeux pour les appas.
A l’entour d’un grand tapis vert;
On vous donne après le desert,
Une lecture peu Coquette,
Un Livre de treize feuillets,
Que l’on apelle la Bassette,
Livre, où je ne liray jamais.
[111]
Parodie
1681
De la 1.er Chanson du Prologue du Ballet
Du Triomphe de l’Amour; qui commence
par ces mots, un heros que le Ciel fit naître sur
………. Colbert du Teron, femme de………….de
Gassion President du Parlement de Pau.
Gassion que le Ciel fit naître,
Pour le plaisir de cent amans divers, [1]
Garde toy qu’avec tes grands airs,
Villeroy [2] de ton coeur ne soit/se rende le maître,
Il cherche a voir bientost tous les barons, [3], bannis,
Leur fuite charmeroit sa vanité [4] profonde;
Mais conserve sans choix ceux qu’amour t’a soumis
Il t’a faite pour tout le monde. [5]
[1] Elle etoit fort aimable; Elle etoit mariée a Pau, avoit êté elevée chez son pere a la Rochelle, et a Rochefort, où il avoit êté longtems Intendant, elle etoit alors a Paris et y etoit née. En tous ces lieux Elle avoit plû. C’est cequi fait die a l’auteur qu’Elle est née pour le plaisir de cent amans divers outré qu’alors qu’Elle etoit a Paris, les gens de la Cour les mieux faits lui en convient partout t la suivoient en tous lieux.
[2] Francois de Neuville Duc de Villeroy, Pair de France etc etoit un des plus assidus au près d’Elle.
[3] On appelloit par plaisanterie tous les amans de la Presidente de Gassion, les Barons. On a desja dit qu’ils la suivoient en tous lieux.
[4] Le Duc de Villeroy etoit assez vain.
[5] Ce cy est ironique et l’auteur veut dire en termes equivoques qu’Elle
[112]
peut facilement fournir au nombre d’Amans qu’Elle avoit quoique grand.
[113]
Parodie
1681
De la III. Chanson du Prologue du Ballet
Du Triomphe de l’Amour.
Sur Olimpe de Brouilly, D.lle de Piennes depuis Duchesse D’Aumont.
Prince Flamand né pour le cocuage [1]
Jeune Bourbon brillant de mille appas,
Harcourt, Nangis, suivez mes pas, Le Marquis d’Harcourt tué en Allemagne.
La Piennes vous engage
A celebtrer la gloire de mon fils,
Bougres qu’elle a domptez [4] yvrognes convertis, [5]
Venez luy rendrre homage
Heureux qui sera son vainqueur
Par l’entremise de sa soeur. [6]
[1] …….. de Montmoreney Prince de Robecq en Flandres qui après avoir servy longtems le Roy d’Espagne dans les païs bas s’etoit fait sujet de la France l’an 1678 et qui trouvoit M.lle de Piennes fort a son gré.
[2] Louis Duc de Bourbon Prince du Sang etc. qui n’avoit alors qu’onze ans et quelques mois, et qui trouvoit desja M.lle de Piennes a son gré.
[3] C’est a dire la gloire de l’amour, car c’est venus qui parle dans cet endroit ce la chanson parodiée, et que l’auteur fait aussi parler dans cette Parodie.
[4]- [5] L’auteur veut parler icy de Henry de Sennecterre Duc de la Ferté, Pair de France etc. homme tres debauché et grand yvrogne, qui etoit devenu amoureux de M.lle de Pienne malgré Elle, au point qu’il avoit renounce a toute debauche, et qu’il l’a suivoit partout, non seulement sans être aimé, mais aussi malgré un million de degouts qu’elle luy faisoit essuyer, et les duretez qu’Elle luy disoit en face pour se delivrer de ses importunitez.
[6]………………… de Brouilly soeur pairée de Mad.lle de Piennes.
[115]
de Godefroy Maurice de la Tour d’Auvergne Souverai Duc des Bouillon etc. la qu’êtoit de petite taille.
Scavante au métier de Cyprine, [8]
Enfin de tous côtez et derriere et devant
On la f….. fort souvent.
Bourgeoise a triple Carillon [9]
Qui fais icy de la Princesse, [10]
Dis combine de fois dans ton C……
As tum is le sang des Altesses, [11]
La vieille Tambonneau [12] t’a montré tout entier
Son antique métier. [13]
[8] C’est a dire le deduit amoureux, Venus appellée par les Poêtes cyprine, parcequ’elle etoit particulierement reverée par le Payens en L’Isle de Cypre, êtoit selon Eux la Deesse de la volupté et du plaisir amoureux aussi le métier de Cyprine est comme qui diroit le métier de Cyprine est comme qui diroit le métier de qui est le deduit.
[9] ………. De Ligny femme de…….. Landtgrave de Furstemberg Bourgeoise a triple carillon parceque sa famille de Ligny, est une famille Bourgeoise de Paris et que……… Boyer sa mere etoit la fille d’un Partisan.
[10] Elle s’apelloit la Princesse de Furstemberg et le Roy Louis XIV lui avoit donné les honneurs du Louvre.
[11] On pretend qu’avant que d’avoir repousé le Prince de Furstemberg, Elle avoit toiché avec les autres gens de cette maison dont le nombre êtoit lors assez grand en France et entr’autres Ferdinand Evesque et Prince de Strasbourg Oncle de son mary, c’etoit lui qui contre l’usage ordinaire d’Allemagne de ne se pont mesallier lui avoit fait epouser son neveu quoique Bourgeoise, ec cela parceque ce Prelat en etoit amoureux, aussi etoit Elle fort jolie, aussi bien que fort coquette, et dansoit fort bien quoique fort boiteuse.
[12]………. Boyer femme de………… Tambonneau Presidet en la Chambre des Comptes de Paris, Elle etoit soeur de la Marquise de Ligny et par consequent tante de la Princesse de Furstemberg.
[13] La Presidente Tambonneau lors fort vieille et toujours assez laide
[117]
avoit pourtant êté en son tems grande putain; Entr’autres amans, Elle avoit êté longtems a pain et a pot avec Gabriel de Rochechouart Duc de Mortemart. Pair de France etc. c’est ce métier là que l’auteur dit qu’elle avoit montré a la Princesse de Furstemberg sa niece.
Epargne, erpargne ton prochain,
Grosse putain, vieille Thiange, [14]
Pretens tu par ton air hautain,
Empescher quel on ne se vange;
Je veux dire de toy, que qui f…… au berceau
F……. jusques au tombeau. [15]
Mechant, [16] dont les vers odieux
Disent, qu’on baise la Thiange, [17]
Aprens a la connoître mieux,
Elle est aussi chaste qu’un ange, [18]
Eh qui diable veux tu qui puisse chevaucher
Cette masse de chair. [19]
[14] Ce couplet cy s’adresse a Gabrielle de Rochechouart, fille du Duc de Mortemar mentionné dans l’article precedent, et femme de Gaude Leonorde Damas Marquis de Thiange, Elle avoit beaucoup d’Esprit, mais elle etoit medisante et glorieuse a l’excès.
[15] Elle avoit eu toute sa vie des amans et en avoit encore quoiqu’Elle ne fut plus ny jeune ny aimable.
[16] Ce couplet cy est ironique, et s’adresse a l’auteur du precedent.
[17] Lisez le couplet precedent et l’article 15 de ce commentaire, et cy au surplus est ironique.
[18] Autre ironie
[19] Elle etoit fort grosse et passée.
[118]
Beau Montrevel, [20] ne croyez pas
Que la Vitry [21] paye vos charmes,
Vous vendez trop cher vos appas, [22]
Et donnez au coeur mil allarmes;
Mais son Palefrenier, son cocher, ses Laquais
La baisent a moins de frais.
Vous avez de riches Manteaux, [25]
Vous seule excellez en Cornettes, [26]
[20]………….. de la Baume Marquis de Montrevel Comm.re gnal de la cavalerie legere etc.
[21] Louise Elisabeth Aimée Pot de Rhodes, veuve de Francois-Marie Duc de Vitry etc.
[22] Les Mqs de Montrevel etoit de fort grande qualité, fort bien fait avec de l’esprit, et fort vigoureux, brave, mais fanfaron, parleurs, vain, presomptueux et entrprenant toutes qualities propres a seduire les femmes. Il avoit peu de bien, et beaucoup d’ambition de maniere que toute son application etoit d’en conter aux Dames pecunieuses pour entirer de l’argent et en subsister, c’est en quoy il reussissoit admirablement, car il en trompoit tant et de tant de facons qu’il vivoit depuis longtems tres honorablement a leurs depens voilà pourquoy l’auteur dit qu’il vend bien cher ses charmes.
[23] Il avoit le talent de se faire aimer des femmes qui ne pouvoient qu’estre jalouses de lui veu le decry où il etoit d’infidelité après en avoir autant trompé et pillé qu’il avoit fait toute sa vie. Car alors ils n’etoit plus dans une extreme jeunesse. Il etoit lors arraché a la Ducheese de Vitré a laquelle il sentoit de l’argent et un gros revenue; c’est la dessus que ce couplet est fait.
[24] C’est une chose horrible que la vie qur menoit la Duchesse de Vitry, Elle avoit toujours êté grande putain, meme du vivant de son mary; mais alors Elle en etoit aupoint qu’elle couchoit publiquement avec tous ses valets et qu’Elle s’enyvroit tous les jours avec Eux.
[25] Ce couplet cy s’adresse a………….. le Hardy de la Trousse D.lle de Mery.
[26] Elle se rainoit en Cornettes qu’elle ne trouvoit jamais ny assez belles n’y asseéq bien mises a sa fantaisie; Elle en etoit ridicule.
[119]
Tous les jours d’affiquets nouveaux,
Vous faites nouvelles emplettes, [27]
Mais de jeunesse Iris, d’embonpoint et d’attraits,
N’en ferez vous jamais.
Scavez vous bien pourquoi Bussy [29]
Se fait le Tiran de sa fille, [30]
Ce n’est pas qu’il ait de soucy
Que l’on baise dans sa famille,
Luy qui nous a decrit tant de sortes d’amours, [31]
Et le Loth de nos jours. [32]
Vieille Guenon qui cours partout, [33]
Crois tu te faire aimer par force [34]
En horreur l’amour se resout
[27] Elle avoit un bien mediocre, et cependant tous les jours Elle achetoit des breloques et choses inutiles.
[28] Elle eoit sur le retour, vieille, laide, et fort maigre, ce qui la rendoit plus ridicule de se parer comme Elle faisoit.
[29] Ce couplet cy est fait sur Roger de Rabutin, comte de Bussy, cy devant Mestre de camp gnal de la Cavalerie legere.
[30]……….. de Rabutin veuve de…………… Comte de Coligny a qui le comte de Bussy son pere empeschoit de voir persanne.
[31] C’est le Comte de Bussy qui a escrit l’histoire amoureuse, où sont tous les galanteries de France, pendant qu’il etoit a la Cour, ivre qui l’a fait exiler et ruiné sa fortune.
[32] L’autheur qu’il couchoit avec sa fille. Mad.e de Coligny, comme Loth fit avex les siennes suivant ce qu’en dit l’Ecriture sainte dans la Genese Chap. 19.
[33] Ce couplet cy s’adresse a……..de Caumont D.lle de la Ferce.
[34] Elle etoit extremement et monstrueusement laide, et grande putain et cherchoit partout qui lui en voulut conter etc.
[120]
Quand on entend nommer la force,
Si tu veux des amans qui te cherissent tes fers,
Cherche-les aux Enfers. [35]
Amorezan [36] que faites vous,
Les amans sont pour la jeunesse, [37]
En vain vous les briguerez tous,
Ils mepriseront vos largesses,
De vôtre C…… puant vangez tous les dedains
Allez aux Maroquins. [38]
Coulanges [39] en donnant des avis,
Veut passer pour homme fort sage,
Si les miens il avoit suivis,
Il l’auroit êté d’avantage,
[35] C’est a dire parmy les Diabeles qu’elle egaloit en laideur.
[36] Ce coupler cy s’adresse a…… femme de…… de Amorezan.
[37] Elle etoit desja vieille et fut toujours laide, et fort coquette et payoit ses amans.
[38] Les Ambassadeurs du Roy de Maroc qui etoient alors a Paris envoyez vers le Roy.
[39] Ce couplet cy est fait sur Philippes-Emanuel de Coulanges dont il est parlé, et duquel il y a des chansons en beaucoup d’endroits de ce Recueil, lequel apparemment vouloit donner quelques avis hors de propos a l’auteur de ce couplet.
[121]
Et tout petit [40] qu’il est, il seroit a present
Un fort grand Intendant. [41]
Toujours le Comte de Grammont [42]
D’un amant aura la figure, [43]
Il brûle comme Cupidon,
Il est plus galant que mercure,
Que coûtoit il aux Dieux bous l’ayant donné tel,
De le rendre immortel.
Ah que vous êtes malheureux [44]
Avec cent mil ecus de rente.
Eh quoy pour en amasser deux
A peine en depensez vous trente, [45]
[40] Il êtoit fort petit de taille et de sens.
[41] Si Coulanges avoit eu de la solidité dans lesprit qu’il eut êté laborieux et capable, et qu’il se fut attaché a son métier pendant qu’il etoit M. e des Requestes, il eut eu sans doute, l’une des deux Intend.tes de François du Gué Con.er d’Etat son beaupere, qui etoit tour a la fois Intendt des Generalitez de Lyon et de Grenoble d’autant plus que …….. du Gué sa femme etoit niece de Michel le Tellier Chan.er de France par Elizabeth Turpin Chanediere, soeur de Mad.e du Gué et par consequent Cousin germain de Francois-Michel le Tellier Marquis de Louvois , Ministre et Secretaire d’Etat etc.
[42] Philbert Comte de Grammont etc. qui a fait lui meme ce couplet cy sur luy.
[43] Le Comte de Grammont etoit alors fort vieux et etoit aussi vif et aussi sain qu’il eut jamais êté. Il se peut vanter d’avoir êté le plus joly courtesan qui ait jamais êté.
[44] Ce couplet cy s’adresse a Charles-Maurice le Tellier Archevesque Duc de Reims, Pair de France etc.
[45] Il avoit outre l’Archevesché de Reims, les Abbayes de S.t Estienne de
[122]
de Caen, de Lagnyn de Breteuil et de St. Benigne de Dijon; il êtoit Con.er d’Etat, et M. de la Chapelle du Roy, et avec tout ce bien, il vivoit avec une avarice de Bourgeois.
Mais vous avez de quoy vivre après votre ort,
J’en demeure d’accord, [46]
Severe jusqu’au bout des dents, [47]
On f….. dans toute ta famille,
Tes fils avec les jeunes gens,
Un nain [48] avec ta grosse fille,
Corrige la Maison de tant de saletez
Voila tes veritez.
De Nets, Je ne scay pas pourquoy
Tu te mets si fort en colere,
Je n’ay point mal parlé de toy,
Je t’honore et jete revere
En t’appellant putain je te traite fort bien
Tu n’est que Garce a chien.
[46] Cette pensée est assez plaisante et peint a merveille la conduite des avares, qui gardent leur argent pendant leur vie, vomme s’ils esperoient en avoir besoin après leur mort.
[47]……….
[48]……….
[123]
Chanson
Sur l’Air, ne troubles pas nos jeux importune raison.
1681
Adressée a Jean Baptiste Lully Con.er. Secret.re du Roy, Maison et
Couronne de France et de ses Finances Surintendant de la Musique de sa M.té qui tout sodomite connu qu’il êtoit, avoit de l’amour pour Marie-Françoise.
Certain Bourgeoise de Pris, connue par ses talents pour la Musique et le Clavessin.
Laisse là la Certain ragraffe ton pourpoint, [1]
Croy moy, mon cher Lully passe plus outre,
Voy sa vieille maman [2] la bas dedans un coin
Qui grate un C….. où tiendroit une pouter,
Laisse là tous ces C….. qui ne te f……ent point
Prens le V…… de Brunet [3] qui te va f…..tre.
[1] L’on disoit que Lully couchoit avec Elle; lisez la dessus le commentaire, l’auteur dit a Lully qu’il se rhabille comme s’il s’etoit deshabillé pour coucher avec cette fille.
[2] C’etoit une des laides, des impertinentes et des vieilles creatures qui fut au monde et qui neanmoins etoit fate, debauchée et trafiquoit sa fille.
[3] Brunet etoit un Page de la Musique du Roy, dont Lully etoit amoureux qui tantost lui servoit et a qui tantost Il servoit.
[124]
Chanson
Sur le même que la precedente.
Dans laquelle l’auteur fait parler Jean-Baptiste
Lully Suritendant de la Musique du Roy, au sujet de Marie-
Françoise Certain.
Nota que cette Chanson est fait peut être par Lully lui même.
La vieille [1] certain se fâche
Que Brunet [2] soit mon Mignon,
Elle est une vieilee vache,
Il est un joly Bardache,
Elle a le C…. large et prfonf
Il a le C…….. petit et rond.
[1] Lully tout sodolite connu qu’il etoit, ne laissoit pas d’etre amoureux, et aimé de M.lle Certain, fille de peu, mais fameuse par ses talens pour la musique et qui jouoit excellemment du Clavessin cela supleoit au declin de ses charmes qui baissoient car elle n’etoit plus jeune, c’est pourquoy l’auteur l’apelle la Vieille Certain.
[2] Brunet etoit un Page de la Musique du Roy que Lully tenoit chez luy mar cequ’il en etoit amoureux, cequi deplaisoit a Mad.lle Certain.
[125]
Chanson
Sur le même Air que la precedente,
et sur l’Air des Fées de Roland.
Il court un bruit par la ville
De vers faits sur la Certain, [1]
Que de Nesle [2] peu tranquille;
Plein de depit et de bile;
A dit en coureouc à Sonin, [3]
Pourquoy chantés vous ma putain. [4]
[1] C’est la Chanson precedente.
[2] …… de Mailly Marquis de Nesle, Colonel Lieutenant du Regiment de L’Infanterie de Louis de Bourbon Prince de Condé.
[3] C’estoit le fils d’un Financier homme de basse naissance.
[127]
Chanson
Sur le même Air que la precedente
1681
Sur Henry-Albert de Cossé Duc de Brissac
Pair de France, qui êtoit amoureux disoit on
De…… de Bailleul Marquise de Franquetot.
Brissac voulant f….. Franquetot
Luy trouva ses malles semaines,
Il l’encula, [1] mais qu’il fut sot
Des qu’il vit ses fesses mal saines, [2]
Comment dit il, faire/f….tre avec vous.
Si vous avez mal aux deux trous
[1] Le Duc de Brissac passoit publiquement pour sodomite
[2] Elle êtoit sujette aux hemoroides.
[129]
Chanson
Sur l’Air: Fillette a l’age de quinze ans, adieu bon temps
1681
Sur une danseuse de l’Opera de Paris, nomé
Mad.lle Pezant.
On dit que vous l’avez bien grand,
Vôtre devant
Belle Pezant,
Cabre* n’en a point eu les gands
De l’ouverture
Que la nature
Vous fit devant.
*Louis Cabre Provençal , l’un des 4 premiers Chambellans de Philippe fils de France, Duc d’Orleans, etc. qui etoit alors amoureux de la Pezant.
[131]
Chanson
Sur l’Air: Petite brunette
1681
Sur la Conqueste de Strasbourg en Alsace, et de Casal en
Italie, faite par le Roy Louis XIV l’an 1681. La 1.er de ces 2 Villes presta Serment par ses Deputés au Roy, le 14 Oct. a Schlestad et Louis-Francois Marquis de Boustera Colonel general des Dragons, et Lieutenant general des Armées du Roy, entra dans la Citadelle de Cazal le 3 Septembre avec des troupes de France en execution du trait fait avec le Duc de Mantoue a qui elle êtoit.
Nota Que ces 2 conquestes faites en plaine paix se firent par la negociation.
Desuus le bord du Rhin, [1]
Louis [2] le plus aimable
Le plus charmant souverain,
Comme le plus redoubtable [3]
D’un air incomparable
Reprend son vieux terrain. [4]
Du haut sommet des Cieux,
Tu vois grand Charlemagne; [5]
[1] Strasbourg est sur le Rhin.
[2] Louis XIV Roy de France.
[3]C’etoit alors le plus puissant Roy et le plus redoubtable de l’Europe.
[4] Strasbourg etoit autrefois de l’ancien Royaume des François.
[5] Charlesmagne Empereur et Roy de France quelques uns veulent être Saint et qui est meme celebre dans un office particulier du Dioceze de Paris
[132]
aussi a t’il eté canonisé par un Anti-Pape, quoiqu’il eu nombre de maitresses et de Bastards.
L’aîné de tous ses neveux, [6]
Reprendre chaque Campagne
En Flandres, en Allemagne, [7]
Le bien de ses Ayeux. [8]
Avec plaisir tu vois,
Louis en Italie
Porter ses Royalles Loix.
Il prendra quoique l’on dit,
Ceque la jalousie,
Nous fit perdre autrefois. [10]
[6] Le Roy Louis XIV que quelques historiens ont voulu faire descendre de Charlemagne, car neveux veut dire ny descendans; mais c’est une Fable, dont nos Rois n’ont pas besoin pout etre de la plus grande et de la meilleure maison deu monde.
[7] Il est mentionné dans ce Recueil tant de conquests du Roy Louis XIV en Flandres et en Allemagne; qu’il est inutile d’en faire icy l’Enumeration.
[8] Outre que ce Roy n’a point fait de Conquestes en Flandres et en Alemagne qui n’ait eté dans l’une des 3 Races de nos Rois du l’ancien Royaume des Francois; il s’est souvent servy de ce pretexte et des droits de la Reine Marie Thereze d’Autriche sa femme pour attaquer des places.
[9] La Prise de Casal en Italie; lisez l’argument.
[10] Pour l’intelligence de cy, il faut scavoit que l’an 1628 sous le regne du Roy de France Louis XIII. Charles de Gonzague Duc de Nevers Pair de France, alla sous la protection de ce Roy, prendre possession du Duché de Mantoue qui lui etoit retenu par la mort du Duc Vincent aussi bien que le Montferrat. Montouc lui fut contesté par Ferdinand Duc de Gastale, comme descendant de Frederic Marquis de Mantoue et Victor-Amé Duc de Savoy, aide de Philippe IV. Roy d’Espagne qui ne vouloit pas que la France
[133]
s’agrandit surtout en Italie ny par elle, n’y par ses Alliés pretendit au Montferrat, enquoy il fut encore soutenu par l’Empereur Ferdinan II qui vouloit que les Etats contestés, fussent mis en sequestre, cela fit naitre une guerre en Italie. Casal sans parler du reste qui ne fait rien icy fut affligé par D. Gonzales de Cordoue General Espagnol et deffendu par la France, et le Duc de Mantoue par le Marquis de Beauvron, et le S.r de Guron. Ils s’y deffendirent jusques au 16e mars 1629 avec toute la valeur possible que le Roy Louis XIII. ayant force le pas de Suze en personne attaqua la citadellle de cette cille icy, et forca le Duc de Savoye de lui ceder un passage pour aller au Montferrat. Les Espagnols leverent le siege de Casal a cette nouvelle, et depuis l’assiegerent encore en 1640 le 8 avril; maire Henry de Lorraine Comte de Harcourt general des Armées du Roy Louis XIII en Italie, attaque leurs lignes le 24 du meme mois, et secourut la place. La France l’auroit bien voulu garder, mais les Princes d’Italie ne le voulurent jamais souffrir, ainsy ou fut oblige de la remettre au Duc de Mantoue, voila comme la jalousie nous le fit perdre autrefois; elle avoit eté depuis ce tems là entre les maisn de Ducs de Mantoue jusques a ce que celay cy s’en etant accommodé avec le Roy pour de l’argent, les troupes de sa M.te y entrerent comme il a eté dit dans l’argument.
[11] Ce couplet icy s’adresse a Louis Dauphin de France, fils unique du Roy Louis XIV.
[12] Le Roy Louis XIV.
[13] A cause de la rapidité de ses conquestes.
[135]
Chanson
Sur les divertissemens qui etoient à Nantes pendant que
les Etats de Bretagne s’y tinrent en 1681.
1681
A Nantes pendant les Etats,
Nombreuse Compagnie,
Tous les jours de fort grand repas,
Jeu, bal & Commedie,
En Berry* des près des ruisseaux,
Liberté toute entiere;
Jamais de visages nouveaux
Une petite chere.
Philippes-Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson; en allant en Bretagne trouver le Duc de Chaunes qui y tenoit les Etats a Nantes avoit passé par Autry, chateau en Berry où demeuroit……….de Coulanges sa soeur, venue de……… Turpin-Crissé, comte de Sanzay; c’est de cette Maison en Berry qu’il parle icy.
[137]
Chanson
A……. de Coetlogon petite fill de 5 or 6 ans appellee Sinny qui
Avoit un Esprit surprenant.
Nota Que cette Chanson a eté faite en Bretagne ou demeuroit cette petite
Fille chez N…. Comte de Coetlogon son pere et où etoit l’auteur.
1681
Depuis quand les petits Enfans
N’ont ils plus de jeunesse;
Sinny, vous avez quarante ans, [1]
Vous m’en faites finesse
Vous avez tres bonne raison
De rebuter ma flame [2]
Je ne suis qu’un petit garçon [3]
Vous une vieille femme.
[1] A cause de son esprit audessus de son âge.
[2] L’auteur se feint amoureux d’elle.
[3] Philippes Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson, dit de lui avec plus de raison qu’il ne croit qu’il est un petit garcon, car outre qu’il etoit fort petit quoique vieux, c’est qu’il n’avoit pas plus sens et de conduitte qu’un enfant.
Autre
A…… le Breton S.r de Villandry qui appelloit la petit Sinny dont il est parlé dans la chanson precedente sa Maîtresse et lequel etant grand yvrogne se servoit du mot de, devider son peloton pour dire boire.
Tu veux être mon favory,
Et que je te caresse,
Cependant cruel Villandry
Tu me prens ma maîtresse,
Dans l’Empire amoureux vit on
Jamais plus grand desordre?
Tu me donnes avec ton peloton
Bien du fil a retordre.
Cette chanson n’a pas besoin de commentaire quand on a leu l’argument.
[139]
Chanson
A…….. des Cartes fille de Bretagne niece en heritiere du fameux René des Cartes natif de la haye en Touraine et grand Philosophe,
Laquelle travailloit en tapisserie.
1681
Penelope [1] passoit le temps
A coudre en son menage,
Et remettoit tous ses amans
A la fin de l’ouvrage, [2]
Des Cartes, ce siecle n’est plus,
Le nostre est plus commode,
Les pauvres amans sont receus,
L’ouvrage est hors mode.
[1-2] Penelople fille d’Ycare et feme d’Ulisse dont elle eut Telemaque, son mary oblige d’aller a la guerre de Troye avec les Grecs ses compatriotes, demeura 20 ans ce voyage divers sgrs charmés de la beauté de Penelope, lui firent accroire qu’Ulisse avoit pery, et la prioient de se declarer en leur faveur. Elle le promit pourveu qu’on luy donnât le tems, d’achever un ouvrage qu’elle avoit commencé, on le lui permit, et elle avoit accoutumé de defaire pendant la nuit le travail qu’elle faisoit pendant le jour, ainsy par cet artifice, elle eluda l’importunité de ses amans, jusqu’au retour de son mary; c’est sur ce voyage, et les avantures d’Ulisse, et sue la fidelité de Penelope qu’Homere a fait le Poeme de l’Odyssée.
[141]
Chanson
A…….. du Koseaer D.lle de Rosamnaut
heritiere de Bretagne fort riche.
1681
Vous pouvez fort bien Rosambaut,
Epouser Duc ou Prince,
Je croy meme qu’il vous le faut,
Gouverneur de Province;
Mais comme souvent sous leur loy,
Se repent qui s’engage,
Epousés nous m’a femme et moy, [1]
Nous ferons bon menage. [2]
[1] Philippes Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson parle icy de lui, et de …. Du Gué sa femme.
[2] Mr. et Mad.e de Coulanges etoient separés de biens quoiqu’ils….. demeurassent ensemble, chacun avoit ses amis, et sa societé particuliere et ne s’embarassoient pas trop l’un de l’autre, voila ce qu’il appellee faire bon menage.
[143]
Chanson
Sur l’Air: Tranquilles coeurs.
Aux Dames de Bretagne qui etoient venues
aux Etats de cette Province assembles à Nantes
l’an 1681 lorsqu’on les separa.
1681
Belles quittés vos beaux habits, [1]
Il faut retourner au village
Reprendre vos Cotillons gris,
Et les soins de vôtre menage.
Les festes seulement pour plaire a vos sujets
Parez de vos bouquets.
Ne songez plus a vos amans,
Il faut mener une autre vie
Entendre crier vos Enfans
Voir un mary qui vous ennuye,
Que vous direz souvent, ah! ce temps cy n’est pas
L’heureux temps des Etats.
[1] Les Dames de Bretagne se sont faire des habits neufs lors quelles vont avec leurs maris aux Etats. Le reste de cette chanson est un tableau de la vie de champagne que menent les femmes de Gentilhommes lorsqu’ils s’en retournent a leurs villages après la separation des Etats.
[145]
Chanson
Sur l’Air: Ne troublés pas nos jeux importune Saison.
Sur la separation des Etats de Bretagne
Assemblés à Nantes l’an 1681.
1681
Puisqu’enfin aujourd’huy finissent les Etats,
Adieu Prelats, [1] Barons, [2], ville de Nantes, [3]
Adieu Messieurs du tiers, [4] Adieu les grands repas, [5]
Dont il n’est malotru qui ne se sente,
Adieu tous les plaisirs, [6] adieu maris facheux,
Qu-je vous plains chez Eux,
Femmes galantes. [7]
[1] Les 9 Evesques de Bretagne chefs au corps du clergé dans les Etats.
[2] Les 9 Barons de Bretagne Chefs du Corps de la Noblesse dans les Estats.
[3] Les Etats s’etoient tenus cette année a Nantes.
[4] Le Corps du Tiers Etat 3.e member des Estats.
[5] Les Bretons aiment fort la bonne chere et ceux qui sont a la teste des Etats de Bretagne, les Commissaires du Con.el du Roy, les Presidents de chaque corps etc. y tiennent des tables magnifiques, sans les repas que donnent souvent les particuliers.
[6] Il y a aux Etats de Bretagne comediens, musique, jeu, Bal, bonne chere, galanterie, et beaucoup de plaisirs.
[7] Parceque leurs maris les empescheront de faire l’amour.
[146]
Detales promptement, Marchands de tous métiers, [8]
Voila les tems passé de la depense,
Balayés vos dortoirs, bons peres cordeliers, [9]
Il faut qu’au bruit succede le silence,
Rentrés dans le devoir, Novices dissipés,
Et vous Fardiens preschez
La Penitence.
[8] Il y a des Marchands de tous Metiers à la suitte de ces Etats.
[9] Les Etats s’assembloient dans le couvent des cordeliers.
[147]
Chanson
Sur l’Air: de l’Ouverture de l’Opera de Bellerophon.
Sur les Fermiers Generaux du Roy Louis XIV. Interressez
au Bail general des Fermes de sa M.té fait sous le nom de Fauconnet
l’an 1681.
Nota Que cette chanson a eté faite par un de leurs commis qu’ils avoient revoqué de son Employ.
1681
De Fremont,
Mallet, et Remond,
Rolland, Collin,
Brunet, Courchamp, Robert et Blin,
Benoit, Turgis,
Hocquart, Douilly,
Dodun, Lagny,
Moule, et Comery;
Pourquoi d’une commune voix
Me priver aujourd’huy de vos Emplois,
Le Boulanger, et le Tellier,
Ces grands Maltotiers,
Me vinrent supplier
Devant des Grassieres et l’Hullier
De travailler sous Pelissier,
[148]
Sont ils de bonne foy,
Le Juge, ils osnt tous comes toy,
Du Ruaupalu.
Tu m’as tenu
Le bec en l’eau,
Aussi bien que ce fichu Bastonneau,
Je ne suis Commis de Boutet,
Je quitte Fauconnet;
Mais je veux m’escrier tout haut
Nargue des Fermiers Generaux,
Puisqu’ils m’ont fait tant de maux.
Qu’ils aillent avec Arnauld
Au Diable;
Et que le chagrin Lucifer
Leur montrant sa mine effroyable,
Et tenant sa Fourche de fer
Leur fasse ressentir tous les maux de l’Enfer.
[149]
Chanson
A Marie-Anne Pageau fille d’un Celebre
Avocat de ce nom.
.
1681
Pageau le nombre des amans
Tous les jours diminué,
Point d’argent, point de Sacrement,
Le monde n’est plus grüe
Ce More,* son Collier d’argent
Ces Couronnes de Comtê,
Font peur au Bourgeois, au Marchand,
Comme au maître des Comptes.
* Elle se faisoit suivre par un More qu’elle avoit pour Laquais.
^Elle mettoit une Couronne de Comte sur ses Armes, cequi etoit fort ridicule a une petite Bourgeoise comme elle.
[151]
Chanson
Sur…….. de Brichanteau Marquis de Nangis.
1681
Aux Bordels et aux Cabarets,
Passer toute l’Année
A faire de mauvais couplets,
De chansons mal tournées, [1]
Etre cocu comme Vulcain,
Si Crequi [2] l’on veut croire
Heros comme l’est Trivelin [3]
C’est Nangis l’histoire.
[1] Il avoit fait quelque chanson qui avoit deplû a l’auteurs de celle cy, on ne peut dire, precisement laquelle c’est.
[2] François Joseph Marquis de Crequi qui etoit amoureux de…. D’Alongny de Rochefort Marquise de Nangis, et qui en etoit bien traité.
[3] Le Marquis de Nangis faisoit trop le plaisant, c’est ce qui fait dire a l’auteur qu’il est heros comme Trivelin, c’est a dire en Boufonneries.
[152]
Parodie
D’une Chanson du Prologue du Triomphe de l’amour,
qui commence par ces mots,
Tranquilles Coeurs preparés vous etc.
Sur……d’Alongny de Rochefort, femme de……
De Brichanteau Mqs de Nangis.
Vaine Nangis, retirez vous
Vous n’avez que de foibles charmes,
Vous nous faite en vain les yeux doux,
Vous ne causerez point d’allarmes
Allez porter ailleurs tous vos maigres attraits,
Laissez la Cour en paix.
Cette chanson n’a pas besoinde commentaire.
[153]
Chanson
Sur l’Air: Laissés paître vos bestes.
Sur le Pain beni que…….. Voisin femme de Chrestien de
Lamoignon Avocat gnal du Parlement de Paris, rendit le jour de Pâques de l’an 1681 dans l’Eglise parroissiale de leur Châterau de Basville appellée S.t Cheron.
Quittez, quittez la ville
Gens de Cour, et gens de Paris, [1]
Venez boir a Basville
Le Roy des Pains Benis,
C’est tout de beon qu’ a saint Cheron,
Belle [2] Dame de Lamoignon
Le donne a Pasques c edit on.
De riches Banderolles
Le Pain beny sera pare
Du Cierge les pistolles, [3]
Charmeront le Curé.
[1] M.r de Lamoignon frequentoit egalement les gens de Robbe et les gens d’Espée, les gens de la Cour, et le gens de la ville.
[2]………. Voisin mentionnée dans l’Argument, l’auteur l’apelle belle par plaisanterie, car elle etoit fort laide.
[3] Quand on rend le pain beny à Paris et aux environs, on va a l’offrandre tenan au cierge a la main, auquel il y a des pierces d’or pour le Curé.
[154]
Dès qu’il sera sorti du four
Nous danserons tous a l’entour
Au son du Fifre et du Tambour,
Qui menera la bande
Sera l’avocat general, [4]
Dansera Sarabande
La servant Pascal. [5]
De Saint Maurice[6] et de Courson, [7]
Tous les peuples viendront au son,
Coulanges [8] prendra Lamoignon, [9]
Pecquot [10] prendra Basville, [11]
Et le belle Olier, [12] Saint Germain, [13]
Suivis de Qhiessonville [14]
Et du pere Rapin. [15]
[4] Mr. de Lamoignon.
[5] Servante de M. de Lamoginon.
[6] Maison dans le voisinage de Basville appartenante a Pierre Pecquot Greffier du Conseil privé du Roy.
[7] Autre maison a une bonne lieue de Basville appartenante a Nicolas de Lamoignon M.e des Requestes, frère de M.r de Lamoignon et appellé Mr. de Basville.
[8] Philippes-Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson et qui etoit lors a Basville.
[9] Mad.e de Lamoignon.
[10] Pierre Pequot mentionné dans l’article 6. de ce commentaire.
[11] ……. De Chalueet femme de Nicolas de Lamoignon S.r de Basville mentionné dans l’article 7. de ce commentaire.
[12] Catherine Pecquot femme de Nicolas-Eduoard Ollier Conseiller au gd. Con. elle etoit fille de Pierre Pecquot mentionné en l’article 6. de ce commentaire.
[13] Louis Foucault Marquis de St. Germain Beaupré.
[14] ……. Voisin de Quessonville etc.
[15] …….. Rapin Jesuitte.
[155]
Le pere Bouhours [16] ira bon train,
Car il n’est point du tout chagrin,
Il chantera même au Lutrin;
Bagnols [17] plein de prudence
Nous fera connoitre en ce jour
Qu’un homme d’importance [18]
Peut vivre hors de la Cour.
Ainsi fut dit, ainsi fut fait,
Tout le monde fut satisfait,
Et le branle fut si parfait
L’on fit si bonne chere,
Et le pain beny fut si beau,
Qu’on en parle a Bruyeres, [19]
Et même a Longjumeau, [20]
[16] Jean Baptiste Bouhours Jesuitte.
[17] Dreux-Louis du Gué S.r de Bagnols M.e des Requestes.
[18] Bagnols etoit un homme plein d’ambition et d’un coeur pervers qui s’attachoit a la Cour parcequ’il avoit epousé la Niece du Chancelier Michel le Tellier Cousine germaine du Marquis de Louvois son fils qui l’aimoit non suelement a cause de la parenté, mais aussi parcequ’il leur etoit absolumment devoué. Cela lui faisoit faire l’homme d’importance parmy les autres gens de Robe, où il est aisé de le faire a bon marché; l’auteur son beaufrere s’en moque avec raison .
[19] Village près Basville appurtenant a Jean Louis le Mairat Con.er au Parlement de Paris.
[20] Autre village a 4 lieues de Basville sur le chemin de Paris à Orleans appurtenant a Antoine de Ruzé Marquis d’Essiat, 1.er Escuier de Philippe fils de France Duc d’Orleans etc.
[157]
Chanson
Sur Louis-Joseph Adheymar de Monteils de
Grignan nommé Evesque d’Evreux, à qui le Roy Louis
XIV donna l’Evesché de Carcassone de plus gros revenue que le
1.er l’an 1681 avant que d’estre sacré.
1681
Les Cadets Grignan sont heureux, [1]
A toute heure on leur donne;
Tel seroit Evesque d’Evreux,
Qui l’est de Carcassone, [2]
Verrai-je toujours sans bienfaits
Ecouler mes années, [3]
Ne me donnera t’on jamais
Que de Franches Lippées.
[1] Ils etoient tous bien places comme on peut voir dans une chanson sue ce même air, de 1680.
[2] Il fut sacré Evesque de Carcassone le 2 May 1681.
[159]
Chanson
Sur les Officiers de la 1.er Compagnie
Des Mousquetaires du Roy.
1681
Fourbin [1] est mal auprès du Roy,
Maupertuis [2] en profite,
Monpapoul [3] a dans son employ
Plus d’heur que de merite.
La Hoguette [4] sans ses parents
Seroit en belle passé,
C’est ainsi qu’aux honestes gens
On ne fait point de grace.
[1] Clr de Forbin, Lieutenant gnal des Armées du Roy et Capit.ne Lieutenant de la 1.ere Compagnie des Mousquetaires de sa M.té l’auteur pretend qu’en ce tems là, il n’etoit plus aussi bien auprès du Roy qu’il y avoit êté.
[2]………….de Melun S.r de Maupertuis, sous Lieutenant de cette compagnie, homme de merite et de valeur.
[3]
[4]…….. Fortin S.r de la Hoguette Enseigne de cette compagnie homme de valeur, de probité, et d’un grand genie pour la guerre, c’etoit un Gentilhomme de Xaintonge d’une simple Noblesse a la verité et 3.e garcon de P. Fortin S.r de la Hoguette, qui a fait le Livre intitulé Testament ou Conseils fideles d’un bon pere a ses Enfants; on peur voir par ce livre qu’lle est la vertu de cette famille, c’est a toir que l’auteur luy reproche ses parents, et par consequent sa naissance, puisqu’il etoit Gentilhomme d’extraction et qu’il ne pretendoit pas etre d’avantage. Il est toutefois certain que si sa naissance eut êté plus relevée, il eur deu faire une plus grosse et plus prompte fortune, avec le merite qu’il avoit.
[160]
Autre
Sur l’Air de la Rochelle.
Sur les Officiers de la 2.er Compagnie
des Mousquetaires du Roy.
Le gros Jauvelle [1] est un brutal,
Qui n’aime rien que son cheval, [2]
De Vins [3] a la mine trop fiere,
Rigoville [4] fait l’Intendant, [5]
Barriere [6] est un Apoticaire
Tout cela m’est indifferent.
[1]……….. Jauvelle capitaine Lieutenant de la 2.de compagnie des Mousquetaires du Roy, homme de courage mais brutal.
[2] Jauvelle aimoit eperdument les chevaux et avoit toujours une fort belle Ecurie.
[3] …… Marquis de Vins sous Lieutenant de cette Companie, jamais homme n’a eu plus de valeur et de sang froid, il n’etoit pas fier mais il etoit d’un frois a glacer tous ceux qui avoient a faire a lui, et il passoit des mois entiers sans parler, que pour demander le necessaire.
[4]……….. S.r de Rigauville, Cornete de cette Compagnie, homme de beaucoup de valeur et de probité.
[5] C’est que Jauvelle incapable d’aucun detail, faute d’esprit et d’aplication, se reposoit sur lui de cette compagnie d’ailleurs il êtoit le seul des hauts Officiers de cette Compagnie qui demeuroist dans le quartier, il etoit plus aportée qu’un autre de veiller atout, voila pourquoy les Mousquetaires disoient qu’il faisoit l’Intendant.
[6]………… S.r de Barriere Enseigne de cette Compagnie.
[161]
Chanson
Sur l’Air: Tranquilles Coeurs etc.
Sur quelques gens obscurs, ou de peu de naissance,
dont le lecteur verra les noms dans les commentaires.
1681
Le vaste C……. de la Gendron, [1]
Est le séjour de la verole;
Il est plain d’un affreux poison
Avec une gluante colle,
Et pour rendre ce C….. de tout point achevé,
Il put comme un privé.
D’un grand fripon nommé Gaffard, [2]
Voulez vous scavoir l’origine?
Il est d’un Curé le Bastard;
Sa mere y faisoit la cuisine,
Ce n’est point Conte en l’air, pour éclaircir ces faits
Allés à Saint Gervais. [3]
[1] C’est la femme de Martin Gendron Bourgeois de Paris, Procureur au Parlement, puis Argentier de la Grande Ecurie du Roy, c’etoit une femme de peu grande putain, folle etourdie, impertinente, qui se fouroit partout, a la cour, a la ville, et qui avant son mariage avoit eté femme de Chambre de Marie de Fourcy femme de Pierre Baltazar Phelypeaux Marquis de Chateauneuf Secretaire d’Eta.
[2] Ce couplet est fait sue un Maletotier nommé Grassard auteur de la Chanson precedente et il a êté fait en recriminant, quoiqu’il dise vray.
[3] C’est a dire voyez les Registres de la parroisse de St. Gervais à Paris. [162]
et vous y verrez que Gassard est le Batard du Curé et de sa cuisiniere.
Si la Chanson de la Gendron, [4]
Boucherat, [5] te paroît si belle,
Il en est d’autre sue ce ton,
Ta femme [6] en a une pour elle
Qui finit par ces mots, elle en a dans les os,
Je le scay des Malos. [7]
La Chanson de la Gendron [8]
Fait triompher le vaudeville,
Il n’est point de petit garcon
Qui ne la chante par la ville;
Boucherat est cocu, [9] Gassard est un fripon, [10]
Aussi bien que la Fons. [11]
[4-5] Ce couplet cy s’adresse a ……. Boucherat Con.er au Parlement de Paris qui avoit trouvé le 1.er couplet de tes Chansons fait sur la Gendron assés plaisant.
[6]……..
[7] Les Malos sont deux freres Bourgeois de Paris, garçons et dem.elles ensemble dans la rue St. Antoine, au surplus on n’a pû recouvrer cette chanson sur Mad. e Boucherat dont il est parlé en cet endroit.
[8] La 1.re de ces chansons
[9] Boucherat Con.er qu Parlement mentionné dans l’article 4 et 5 de ce commentaire.
[10] ……. Gassard maketotier mentionné dans les articles 2 et 3 de ce commentaire.
[11] ……. St. de la Fons fameux debauché, amant de la Gendron, c’est lui qui est auteur du 2.d et 3.e de ces couplets qu’il avoit fait pour vanger la Gendron sa maitresse.
[163]
Chanson
Sur l’Air: Tranquilles Coeurs etc.
Sur Francois Comte de Montbron Lieuten.t
Gnal en Flandres, Gouverneur du Tournaisis Ville et Citadelle de Tournay.
1681
Monsieur le Comte de Montbron
A d’un vray pedant la figure,
Il parle comme un Ciceron,
Il écrit comme à fait Voiture,
La nature à failly d’avoit d’un Advocat
Voulu faire un soldat
Ou
La nature a failly en le faisant soldat
Et non pad Avovat
Ou
La faute en est à ceux qui d’un fils d’Avocat
En ont fait un soldat.
Quelques gens pretendoient que ces ancestres avoient eté Officiers de justice a Provins, ce qui est de certain, c’est qu’il portoit le nom d’une maison eteinte, et dont il venoit du coté gauche, il fut pourtant fait Chevalier de l’Orde l’an 1689.
[164]
Chanson
Sur l’Air: Lere la, lere lau lere.
Sur la même personne que la precedente.
Monsieur le Comte de Montbron,
Est bavard, menteur, et poltron,
Emprunte fort et ne rend gueres
Lere la lere lan lere,
Lere la lere lan la.
Cette Chanson est assés Claire pour n’avoir pas besoin de commentaire./.
[165]
Chanson
Sur l’Air des Triolets.
1681
Surceque Francois Comte de Montbron
Lieutenant gnal en Flandres etc. eut un
Ordre pour preceder toutes sortes de personnes
Dans le Gouvernement de Flandres, et que sa femme
fut comprise sans cet Ordre qui obligeoit Duchesses et
Princesses a lui ceder le pas, et sur la vanité que le
S.r de Montbron en tiroit.
Grouin [1] femme du faux [2] Montbron
Doit marcher icy [3] la premiere,
Tout droit respecter, ce dit on,
Grouin femme du faux Montbron,
Son mary par un long sermon, [4]
Public a toute la Frontiere,
Grouin demme du faux Montbron
Doit marcher icy la premiere
[1] Mad.e de Montbron etoit fille d’un Financier nommé Grouin.
[2] La Maison de Montbron, dont cet homme cy portoit le nom et les Armes, etoit eteinte, il en venoit du costé gauche.
[3] Cette chanson a eté faite en Flandres.
[4] Il n’ya jamais eu un si granf et si ennuyeux parleur que luy.
[166]
Chanson
Sur l’Air de………..
Sur le même sujet que la precedente et sur la
Naissance de M.r et de Mad.e de Montbron.
Montbron [1] quand tu marche en Flandres la premiere [2]
Songe tu que ton pere,
S’il n’eut êté Maletotier, [3]
Fût mort Cabaretier [4]
Et que de ton pedant [5]
Le nom qu’il porte, et qu’il nous vante [6] tant
Est eteint depuis longtems. [7]
[1] L’auteur adresse sa chanson a Mad.e de Montbron.
[2] Sur l’Ordre qui vint de la Cour qu’elle precederoit Duchesse et Princesses dans l’etendue, du Gouvernement des Flandres cequi n’avoit point encore êté pratiqué.
[3] Grouin pere de Mad.e de Montbron êtoit dans les Maletotes.
[4] On verra plus bas qu’il fut garcon de Cabaret, un autre Financier l’y prit poir vallet, et le poussa dans les addaires, où il fit une grosse fortune. M.r Colbert pour sa faveur fit epouser sa 3.e fille a Mr. de Montbron malgré elle qui etoit riche et aimable, car pour lui il n’etoit rienmoins.
[5] L’auteur entend parler de M.r de Montbron, jamais Epithete n’a êté donné plus vaste.
[6] Il etoit toujours sur sa bonne Maison.
[7] Il est certain que la Maison de Montbron dont celuy cy porte hardiment le nom et les armes est eteint, et qu’il en vient du coste gauche comme il dit plus haut lorsqu’il fut fait chevalier de l’Ordre du St. Esprit au premier jour de l’an 1689 il prouva son nom et sa noblesse, jusques a un de ses ancestres, qui etoit Lieutenant de la garde Suisse du Roy Francois 1.er mais il en demeura là, car
[167]
justement celui là nommé Charles qui etoit batard de la Maison de Montbron.
On scait fort bien a Lille [8]
Que dans Provins [9] la ville
Ses parens,
Du Grenier a sel furent Presidents, [10]
Et que ton papa qui s’appelloit Grouin
A la Pomme de pin, [11]
Servoit d’une façon Civille
Ceux qui venoient boire du vin. [12]
[8] Ville Capitale du Gouvernement de Flandres dont M.r de Montbron etait Lieutenant general.
[9] Ville de Brie proche laquelle est une terre que M.r de Montbron a fait eriger en Comté sous le nom de Montbron.
[10] Ce bruit etoit public.
[11] Fameux Cabaret pris le Pont Notre Dame a Paris.
[12] Il y etoit garçon.
[168]
Chanson
Sur l’Air de………..
Sur le même comte de Montbron et sa femme
Montbron payés vos detes, [1]
Et retrenches votre train, [2]
Parlés peu, [3] Soyez moins vain [4]
La Chouette, [5]
Indisrette,
Vous predit mauvaise fin
Tout le monde vous blâme,
Et je crains que le destin,
Ne vous remene a Provins, [6]
Et Madame,
Vôtre femme,
Droit a la Pomme de Pain.
[1] Il empruntoit facilement et ne rendoit point.
[2] Il en avoit un fort grand.
[3] Jamais il ny a eu un si grand parleur.
[4] C’etoit l’homme du monde qui presumoit le plus de lui et de sa naissance avec le moins de fondement.
[5] Oiseau de mauvais augure.
[6] Petite ville de Bric près laquelle il etoit né et ou ses parents et ses ancestres avoient toujours fait une tres petite figure.
[7] Le pere de Madame de Montbron appellé Grouin avoit êté garçon de Cabaret a la Pomme de Pin. Voyez dans le commentaire de la chanson precedente, comment il fit fortune.
[169]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur…….. de Pas Abbé de Feuquieres.
1681
Est il Poëte plus fameux, [1]
Que l’Abbé de Feuquieres?
Est il quelqu’un qui fasse mieux
Des vers qu’il en scait faire?
Qu’importe par moins ou partrop
D’alterer la Cadence, [2]
Pourvey qu’au pas comme au gallop
L’on dise cequ’on pense.
Vous m’avez donné de l’Encens
Par dessus mon merite, [4]
Mais les gens de cour sont des gens
Grands donneurs d’Eau benite
[1-2] l’Abé de Fenquieres faisoit a toute heure des chansons; mais de chansons mauvaises au dernoer point, la rime la regle, la mesure, la justesse souffroient egalement, aussi bien que le bon sens.
[3] l’Auteur de cette chanson est Philipes-Emanuel de Coulanges qui parle en cet endroit a l’Abé de Fenquieres.
[4] C’est que cet Abé avoit fait la chanson precedente.
[170]
Loin de donner dans ce Panneau,
Pauvre Muse Solette, [5]
Songe bien que ton chalumeau
N’est pas une Trompette.
[5] Coulanges parle de sa Muse, qu’il appelle Solette parcequ’elle ne luy fournissoit que des Chansons.
[171]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur Philippes-Emanuel de Coulanges etc.
1681
Heureux qui peut être content
Sans chagrin, sans affaire;
Heureux, qui sans beaucoup d’argent
Peut faire bonne chere;
Heureux, qui dans chaque maison
En imitant Coulange
Avec un couplet de Chanson
Paye ce qu’il y mange.
Cette Chanson n’a pas besoing de commentaire, il suffit de dire que Coulanges etoit grand faiseur de Chansons.
[173]
Chanson
Sur l’Air: Buvons a nous quatre
Sur Renée-Suzanne de Longueil de Maisons Coudjutrice de L’Abbaye Royale de D.te Perrine de la Villette près Paris de l’Ordre de St. Augustin.
1681
Vive la Villette,
C’est un lieu parfait
Les bons repas qu’on y fait,
Chacun sa Galette,
Et son pot laict. [1]
Charmante Nonette [2]
Fait dire tout bas;
Ah mon Dieu quelle a d’appas, [3]
Et qu’elle est bien faite,
Quel dommage helas.
A travers la Grille
On la voit briller,
[1] C’etoit un regal qu’on avoit fait a l’aureur qui y etoit allé en lui donnant une Galette et un pot de laict.
[2] Mad.e de Longueil Coadjutrice.
[3] Elle etoit tres aimable de Corps et d’Esprit.
[4] Quel dommage qu’elle soit religieuse.
[175]
Je voudrois a vos surplus, [9]
Du point de Venise,
Qu’ils seroient jolis.
Vous avez des Anges,
L’aimable candeur, [10]
Au lieu d’aisles de couleur,
Mettez des Fontanges, [11]
Pour paroître au Choeur.
[9] Les Religieuses de ce Couvent, ont comme la pluspart de celles de cet Ordre un Rochet de toile par dessue une robe de Drap ou de serge blance. C’est ce Rochet que l’auteur appellee surplis.
[10] A cause de leurs habits blancs, et de leurs Rochets de toile.
[11] Les Fontanges sont des Rubans que les femmes mettent sur leur teste par dessus leurs Coisffures en devant la mode en etoit nouvelle et portoit le nom de…. Roussille Duchesse de Fontange Maitresses du Roy, qui l’avoit inventée.
[177]
Chanson
Sur l’Air: Il a batu son petit frère.
1681
Faite par Philippe-Emanuel de Coulanges
Sur luy même.
Que Bazin s’en aille en Suede [1]
Qu’en Portugal demeure Opede, [2]
C’est un effet de la faveur.
C’en est un de la Providence
Que je soir d’assez bonne humeur
Pour vivre heureux dans l’indigence. [3]
[1] Francois Bazin M.e des Requestes etoit nommé Ambassadeur en Suede près du Roy Charles IV mais il ny alla point a cause de quelques contestations pour le Ceremonial entre les 2 couronnes.
[2]……………. d’Opede President a Mortier du Parlement d’Aix avoit alors Ambassafeur en Portugal preès le Roy Pierre II. Il y avoit eu sans la participation de la Cour un demelé pour peu de chose avec l’Ambassadeur d’Espagne qu’il assiega dans se maison a Lisbonne accompagné de gens armez; cequi causa un grand desordre que le Nonce du Pape fut oblige fe faure cesser en allant luy meme sur le lieu accomoder ces deux Ministres, la Cour de France desavoua ce procedé du sien et le fit revenir.
[3] On a veu dans les pieces de l’an 1679 que Coulanges etoit ruiné et avoit eté oblige de vendre sa charge de M.e des Requestes pour payer ses debtes. Il n’en etoit pas moins gaillard puisque comme on voit icy et dans plusieurs endroits de ce Recueil, il n’en faisoit pas moins des Chansons.
[179]
Chanson
Sur l’Air des Ennuyeux.
1681
Aux Dames de la ville de Lyon lorsque N……..
Le Fevre-d’Ormesson S.r d’Amboille, M.e des
Requestes y fut envoyé.
Intendant l’an 16….
Epargnez, Mouches, rouge et fard
Mes dames vous m’en pouvez croire,
De la femme de Putiphar [1]
Ne renouvellez point l’histoire,
Laissee en paix ce Jouvenceau [2]
Vous n’en aurez que le Manteau. [3]
[1] Il est raporté dans le 39.e Chapitre de la Genese, que Joseph l’un des fils de Jacob avant eté vendu par ses frères a des March.ds d’Egipte, fut ensuitte vendu par ceux cy a Putiphar Eunuque du Roy Pharaon et que la femme de cet Eunuque en etant devenue amoureuse, etne l’ayant pû faire correspondre a sa passion, le trouva un jour seul dans sa maison, Elle le prit par ses habits pour le contraindre de coucher avec elle; mais le chaste Joseph lui laissa son manteau et s’en fuit.
[2] M.r d’Amboille.
[3] C’est a dire si vous luy temoigniez de l’amout, il ny correspondroit pas, et si vous vouliez le forcer de coucher avec vous, comme la femme de Putiphar, fit a Joseph en le pregnant par ces habits ou son manteau il vous le laisseroit plustost que de vous complaire tant il est devot et chaste.
[181]
Chanson
Sur l’Air l’Amour plaist malgré ses chaînes.
1681
A……… le Febvre d’Ormesson, femme de ……
Feydeau.
La fille de vôtre pere, [1]
Peut bien faire des Chanson, [2]
Puisque le fils de ma mere, [3]
En fait en tant de facons, [4]
Ce talent extraordinaire
Viendroit-il des Ormessons. [5]
[1] C’est Madame Feydeay elle même car elle est certainement fille de son pere.
[2] Elle avoit fait ou voulu faire quelque Chanson.
[3] C’est Philippes-Emanuel de Coulanges autheur de cette Chanson qui parle de lui même car il etoit certainement fils de sa mere.
[4] Coulanges a fait une infinite de Chansons et meme trop il y en a beaucoup de lui dans ce recueil.
[5] Ce cy est dit ironiquement, car tous les Ormessons ont peur d’esprit et par consequent tres mal propres a faire des Chansons, d’ailleurs ils sont presque tous devots.
[183]
Chanson
Sur l’Air de Jean de Werth.
1681
A Henry de Daillon Duc du Lude Grand
M.e de l’Artillerie de France Chtr des Ordres du Roy,
Lieutenant gnal de ses Armées, et Gouverneur de St. Germain en Laye sur son mariage avec Marguerite-Louise de Bethune de Sully veuve de Armand de Grammont Comte de Guiche sa 2.de femme après Renée Eleonor de Bouillé.
Après avoir pendant quinze ans,
Baisé sa Dulcinée, [1]
Ce n’est plus la mode en ce temps
De l’avoir epousée
Malgré les Conseils de Kergent, [2]
Monsieur le Duc vous etes Jean
Non pas de Werth.
[1] Le Duc du Lude etoit amoureux depuis longtemps de la comtesse de Guiche lorsqu’il lepousa.
[2]………..de Laubardemont Marquise de Kergent, etoit la confidente des amours du Duc du Lude et de la Comtesse de Guiche; cependant lorsqu’il fut question de conclure le mariage elle fit tout cequi dependoit d’elle pour l’empescher ses amis disorient avec elle que les grans avantages que le Duc faisoit a la Comtesse l’avoient oblige a s’y oppose; d’autres vouloient
[183]
que ce fut a cause de la conduitte de la Comtesse, qui n’avoit pas toujours êté scrupuleusement attachée aux plus severes regles de la vertu, et en qui entre autres amans on donnot le Maal Duc de Luxembourg, et le Comte de Fiesque sans compter le Duc du Lude. Enfin les Ennemis de Mad.e de Kergeot et le public disoient qu’elle etoit amoureuse du Duc du Lude quoiqu’elle fut un monstre en laideur, et qu’il lui faschoit de le perdre; Comme elle feroit absolument dès qu’il seroit marié avec la Comtesse de Guiche; quoiqu’il en soit l’un et l’autre la chasserent de l’arsenal où elle logeoit, et il seroit infini de dire les pieces sanglantes que la Kergent fit depuis au Duc et a la Duchesse du Lude car elle etoit aussi monstreuse en méchancté qu’en difformité.
[185]
Parodie
De la 1.re Scene du IV Acte de l’Opera de
Bellorophon sur le Chtr Talbot vulgairement
appellé le Medecin Anglais qui aporta en France
l’an 16….. la vertitable maniere de guerir la Fievre avec le
Quinquina.
1681
Quel spectacle charmant pour un pauvre fievreux,
Alors qu’il voit Talbot accourir a son aide,
Qui dit, lui presentant de son divin remede,
Ce n’est rien, tenez vous joyeux,
Laissés là le sené la Rhubarbe et la Casse,
Prenez du vin a pleine tasse
Nourrissez vous de bons morceaux, [1]
Chassez les Medecins [2] ce sont de vrais bourreaux;
Talbot l’on te doit un buste,
Dans Paris partous les endroits,
Les peules tous d’une voix
Disent que rien n’est plus juste.
Puisque les Medecins par toy sont aux abois,
Talbot on te doit un buste
Dans Paris partous les Endroits.
[1] Tout le monde scait que le Quinquina oblige a bien boire et a bien manger.
[2] Le Chtr Talbot ne vouloit point que les Medecins se melassent de donner des Remedes aux gens qu’il traitoit.
[186]
Ça qu’on dresse des Potences,
Pour pendre tous les Medecins,
Ce sont de vrais assassins,
Et qui n’ont d’autres sciences,
Que de faire des veuves et des Orphelins;
Ça qu’on dresse des Potences
Pout pendre tous les Medecins.
[187]
Parodie
D’un Recit du Prologue de l’Opera de Cadmus qui commence par ces mots.
Que chacun ressente.
Sur….. de Coulanges Abbé de Livry,
Gueri par le remede du Chte Talbot vulgairem.t
appellé le Medecin anglois.
1681
Que l’Abbé se ressente
De la liqueur charmante,
Qu’un Medecin anglois repand sur son cerveau, [1]
Que sa santé constant
Le dispute a Lezeau, [2]
Que d’Hyvers plus de trente
Nous puissent conserver sa peau.
[1] Le Quinquina se prenoit d’ordin.re dans du vin, et le vin porte au cerveau, c’est ainsi que l’Abbé de Coulanges avoit pris ce remede.
[2] André le Febvre d’Ormesson S.de Lezeau Con.er d’Etat, qui avoit vecu plus de cent années.
[189]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
A Elisabeth le Feron, femme de Charles d’Albert d’Ailly Duc de Chaunes, Pair de France Chtr des Ordres du Roy etc. au nom des Chanoines du Chap.e de Piquigny dont il est Seigneur.
1681
Les Chanoines de Péquigny,
Font humble remontrance
Que depuis un temps infiny
Leur orgue est en silence,
Des Tourbes, [1] les feroient chanter,
Le bel oeuvre Duchesse,
Daignez leur Requeste écouter
Et leur faire largesse.
Le Chapitre a representé
En posture soumise
Qu’une trop grande humidité
Fera tomber l’Eglise
[1] De Tourbes sont des Mottes d’une terre de Marais dont les petites gens se servent en Picardie et aux pais bas pour brûler au lieu de bois, les Chanoines de Pecquigny demandoient a la Duchesse de Chaunes permission d’en prendre et d’en vendre pour l’entretien de l’orgue de leur Eglise.
[190]
Comme là gisent en repos
Vos Illustres Ancestres, [2]
Faites pour egayer leur os,
Percer quelques fenestres.
Au surplus on est fort content
D’etre sous vôtre empire;
Mais on ne vous voit pas autant,
Que chacun le desite, [3]
Pequigny ne peut s’empescher
De pester contre chaunes
Et vous offre pour vous coucher
Un lit de Damas jeune. [4]
[2] Les Sgrs d’Ailly dont descendoit le Duc de Chaunes, par charité d’Ailly sa mere etoient Sgrs de Pequigny et dans l’Eglise Collegiale de cette terre il y avoit des Sgrs de cette Terre enterrez.
[3] C’estoit a chaunes et non a Pequigny que le Duc et la Duchesse de Chaunes alloient d’ordinaire.
[4] C’etoit le seul meuble qu’il y eut a Pequigny.
[191]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
A……. Molé femme de Georges de Monchy
Marquis d’Hocquincourt, Lieutenant gnal pour
Le Roy en Picardie, Gouverneur des Villes de Peronne,
Mondidier, et Roye.
1681
Pourquoy, Marquise d’Hocquincourt
Etes vous a Plainville,
Peronne est un si beau sejour
Une si bonne ville
Vous y passez dans les esprits
Pour tres sage personne,
Mais il faut là, comme a Paris
Qu’un jour je vous chifonne.
[193]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur le Clergé de France.
1681
Que chacun pleure comme il doit,
J’entens a toute outrance,
L’etat pitoyable où l’on voit
Ce Grand Clergé de France
Ce Corps que l’on vit si brillant,
De Lumieres si vives.
A recours à Saint Innocent [1]
Pour faire des Missives .[2]
[1-2] Pour l’intelligence de ce cy il faut scavoir qu’a Paris il ya sous les Charniers de l’Eglise des S.ts Innocents, vulgairement dite de S.t Innocent, des Escrivains qui escrivent des Lettres pour de l’argent. Le Pape s’apelloit Innocent, et l’auteur joue icy sur ce mot, et parle en cet endroit d’une Lettre que le Clergé assemble ecrivit au…………..
[195]
Chanson
Sur l’Air: O Filij & Filiae etc.
Sur les Propositions du Clergé de France assemble extraordinairement l’an 1682. Dans le couvent des Grands Augustins a Paris; touchant la superiorité du Concile Ecumenique, au dessus du Pape, les Libertez de l’Eglise Gallicane, et autres matieres contestées depuis longtems entre la France et la Cour de Rome, et renouvellées dans cette Assemblées qui en decida.
Nota que par Edit du Roy Louis XIV register au Parlement
De Paris, les Propositions et la decision du Clergé furent portées dans toutes les Universitez du Royaume, où elles furent enregistrées evec Ordre de les y enseigner on oblige de plus tous les Docteurs de les signer.
1682
Les Docteurs avoient de l’esprit,
Et l’on croyoit au Saint Esprit, [1]
L’Archevesque [2] a changé cela, [3]
Alleluya.
[1] L’auteur a sous entendu icy autrefois.
[2] Francois de Chanvallon Archevesque de Paris Duc et Pair de Fr. Etc.
[3] L’auteur veut dire icy que l’Archevesque de Paris a change par les Propositions que le Clergé a signees et qu’il a fait approuver a….. l’assemblée tout ce qe l’Eglise croyoit auparavant et qui etoit conforme aux Conciles Ecumeniques où il est de foy de croire que le St. Esprit preside. L’autheur se trompe en cecy, car l’Eglise Galliane a toujours eté de l’avis des Propositions signées, ainsi le Clergé de France ne changea point de sentiment en cette occasion, cequ’elle fit de mal fut d’avoir decide si solennellement, ces questions et d’avoir fait une loy si publique de ces sentiments, parceque cela acheva de revolter la cour de Rome contre la France, qui jusqu’alors s’etoit contentée de faire peur aux Papes dans les occasions, en les menancant de se declarer la dessus, et la crainte qu’ils en avoient eue les avoit toujours contenus
[196]
en faveur de la France mais cette Declaration cy faite par le Clergé assemble extraordinairem.t ratifiée ou pour mieux dire ordonnée par le Roy et enregistrée partout osta aux Rois le moyen de contenir les Papes en leur faisant le plus grand affront qu’on pût leur faire en France puisque cette Couronne n’avoit plus de mal a leur faire, qui fut comparable, a celuy cy on voit par là que la France ne pescha que par raport a la politique et point du tout par raport a la Religion ny a ce que nous enseigne le St. Esprit.
La Sorbonne defend la Loy [4]
Et le Clergé l’Edit du Roy, [5]
On ne scait qui l’emportera,
Alleluya.
Harlay, [6] la Chaise, [7] et Chanvallon, [8]
Et le President de Novion
N’ont voulu que le Roy cedass,
Alleluya.
Qu’on nous tienne pour insensez,
S’il sont jamais canonisez,
Amoins d’un bon mea culpa.
Alleluya.
[4] On a pû voit plus haut qu’en 1664 la faculté de Theologie de Paris assemblée en Sorbonne par Ordre du Roy en pace de Pierre Seguier Chan.er de France au sujet du Jansenisme avoit decide le contraire de ceque decida la Clergé en cette assemblée.
[5] C’est a dire l’Edit qui ordonne que les Propositions signées en 1682 par le Clergé assemble, seront enseignés et registrés par tout ou besoin sera.
[6] Achilles de Harlay Procureur gnal du Parlement de Paris.
[7] Francois de la Chaise, d’Aix, Jesuite; Confesseur du Roy Louis XIV.
[8] Francois de Harlay de Chanvatten Archevesque de Paris, President en cette Assemblée du Clergé de l’an 1682.
[9] Nicolas Potier S.r de Novion 1.er President du Parlement de Paris.
Nota que ces 4 hommes furent ceux qui conduisirent par ordre du Roy toute cette Declaration, et qu’ils cy envisageoient plus leur interest et agrément pour faire leur cour, que le bien de l’Etat qui en souffroit.
[197]
Chanson
Sur l’Air: Reveillés-vous belle endormie
1682
Sur ce qu’on exile plusieurs Docteurs de Sorbonne l’an 1682
Pour n’avoir pas voulu signer les Propositions que l’Assemblée du Clergé de France extraordinairement assemble cette même année, avoit avancées sur les Libertez de l’Eglise Gallicanne, contre les pretentions de la Cour de Rome.
Qu’on fait Messieurs de la Sorbonne,
Pourquoy les traite-on si mal;
Auroient ils, Dieu me le pardonne,
Débauché* Monisieur l’Amiral.
* Pour comprendre cette Chanson; il faut scavoir que ces Docteurs furent exilez en meme temps que plusieurs Sgrs de la cour qui avoient débauché Louis de Bourbon Comte de Vermondois Amiral de France fils naturel du Roy Louis XIV, et de Jeanne de la Baume le Blanc Duchesse de la Valliere.
[199]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur les Bulles de l’Abbaye de St. Germain des Prez, accordées
Par le Pape Innocent XI a Louis Cezar de Bourbon Prince legitimé
De France, Comte du Vexin, fils naturel du Roy Louis XIV.
1682
Le Saint Pere, [1] et Louis le Grand, [2]
Ne sont plus en querelle, [3]
Pour appaiser leur differend,
Il falloit une belle
Montespan [4] fait le Concordat
Sans que le Roy recule,
Le Pape qui n’est point ingrate
Donne a leur fils [5] des Bulles.
[1] Le Pape Innocent XI.
[2] Le Roy Louis XIV.
[3] On peut voir dans les pieces precedents quel etoit le sujet de cette querelle.
[4] Francoise Athenaise de Rochechouart de Mortemar femme de Henry Louis de Gondrin de Pardaillan Marquis de Montespan maitresse du Roy Louis XIV et mere du comte de Vexin. Elle ne finit pas laquerelles du Roy et du Pape, mais et fut elle qui pressa le Roy de demander ces Bulles a sa Sainteté, nonobstant les contestations qui etoient entr’eux. Car la querelle ne finit pas pour cela.
[5] Lisez l’Argument.
[201]
Epigramme
Sur la naissance de Mgr le Duc de Bourgogne,
fils âiné de Louis Daupin de France et de Marie-Anne
Cristine-Victoire de Bavieres son epouse, né a Versailles le 6 Aoust 1682.
1682
Du Fils, [1] du Pere, [2] et du Grandpere, [3]
Celebrons le Bonheur dans ce banquet fameux, [4]
Que le grandpere, est grand, [5] que le fils est heureux; [6]
Du petit fils il n’est rien qu’on n’espere;
Il aura les vertus et l’esprit de la mere, [7]
Il etonnera nos neveux,
S’il peut trouver encore des conquestes a faire. [8]
[1] Le Duc de Bourgogne qui venoit de naître.
[2] Louis Dauphin de France.
[3] Le Roy Louis XIV.
[4] Cette Chanson cy a eté apparemment faite a table pendant quelque repas.
[5] Le Roy etoit surnommé le Grand.
[6] Monseigneur le Dauphin.
[7] Madame la Dauphine Princesse tres vertueuse.
[8] Pas un des nos Rois n’a fait plus de Conquestes ny plus etendu les bornes de son Royaume que le Roy Louis XIV.
[203]
Chanson
Sur l’air Avallés les Lanternes
1682
Sur la naissance de Louis Duc de Bourgogne
fils de Louis Dauphin de France et de
Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavieres
sa femme, né a Versailles le 6 Aoust 1682.
Madame la Dauphine, [1]
A fait un Dauphineau [2]
N’est elle pas bien fine
De l’avoir fait si beau,
Car Monsieur son grandpere, [3]
Le fera elever
Sans qu’a pere ny mere
Il en coute un dernier.
[1] Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavieres Dauphin de France.
[2] Le Duc de Bourgogne qui venoit de naître.
[3] Le Roy Louis XIV.
[205]
Chanson
Sur l’Air Rochers vous etes Sourds
1682
A Uranie de la Crotte, appellée Mad. lle de
Beauvais sur son mariage avec Louis-Thomas
De Savoye, Comte de Soissons.
L’an 1682.
Pauvre Uranie, helas! tu n’est pas assés sotte,
Pour quitter a regret le nom de ta Maison, [1]
En depit du bons sens, sans rime et sans raison, [2]
Un Prince Savoyard aujourd’huy te decrotte. [3]
[1] Il est aisé de juger par le nom de la Crotte qu’elle n’est pas bien bonne.
[2] M.r le Comte de Soissons l’epousa par amour malgré l’avis de tous ses amis, et cela le brouilla avec toute la maison de Savoye et avec toute sa famille.
[3] Ce mot de decrotter est par allusion au nom de la Crotte.
[207]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Faite par Philippe-Emaniel de Coulanges,etant au Chateau
de Ancy-Le Franc en Bourgogne, que Francois-Michel le Tellier Ministre de Louvois, Ministre et Secret.re d’Etat etc. avoit acheté des Creanciers de….. de Clermont Comte de Tonnerre.
1682
Rien n’est plus beau, rien n’est plus grand,
Rien n’est plus magnifique,
Que le Chateau d’Ancy-le Franc.
Avec son air antique,
Les meubles, je l’avois bien crû,
Y sont de même espece,
Que ce Carosse tant connu,
De la vieille Comtesse.*
* Marie Vignier femme de Francois de Clermont Comte de Tonnerre, Chlr des Ordres du Roy etc. laquelle etoit grande Chicaneuse et femme d’un homme mal dans ses affaires, et de tres peu d’esprit, etoit Presque toujours a Paris pourdes process, avec un si mauvais Equipage et dans un Carosse si delabré et si vieux que tout le monde le connoissoit mieux que s’il eut êté bien magnifique.
Nota Que Francois de Clermont Comte de Tonnerre et Marie Vignier sa femme etoient grand pere et grande mere de……de Clermont qui avoit vendu le Comte de Tonnerre a M. de Louvois, car ce fut de son consentemt. que cette vente se dit et il en eut un pot de vin.
[208]
Autre
Sur le même air.
Sur……… de Clermont qui se fit Minime à
Lyon l’an 1680.
1682
Un jeune cadet de Clermont,
D’un esprit peu sublime,
Prit ces jours passez dans Lyon,
L’humble habit de Minime,
Ce choix du Prelat de Noyon, [1]
Doit echauffer la bile,
Car pour son illustre Maison [2]
C’est une tache d’huile.
[1] Francois de Clermont Evesque et Comte de Noyon, Pair de France.
[2] L’Evesque de Noyon etoit l’homme du monde le plus entesté de la grandeur de sa Maison et ne parloit d’autre chose.
[209]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
A Charles d’Albert d’Ailly Duc de Chaunes Pair de France Chlr des Ordres du Roy, Gouverneur de Bretagne etc. lequel etoit fort gros et fort replete et ne se purgeoit pas assez au gré de l’auteur.
1682
Purgez vous à chaunes, à Magny, [1]
Purgez vous en Bretagne,
Purgez vous a ville aussi,
Purgez vous en champagne,
Marchez un peu plus desormais,
Faites moins bonne chere,
Monsieur le Duc je vous promets
Une longue carrier.
[1] Magny est une Terre en Picardie avec un beau Chateau et appartenante au Duc de Chaunes.
[211]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur…... de Courtebourne fille qui êtoit desja sur le retout, avoit les manieres d’une tres jeune personne et vouloit être de tous les plaisirs des petites filles.
1682
Quand on a toujours quatorze ans
La plus solide affaire,
Est de se donner du Bontemps
Et de songer a plaire,
L’on a mil amans sous sa Loy [2]
On rit, on chante, on danse
Et l’on saute enfin pour le Roy
Ou d’Espagne, ou de France.
[1] Ce cy est dit ironiquement, sur ce que Mad.lle de Courtebourne deja âgée, vouloit faire lajeune, comme si ellle n’eut eu que 14 ans.
[2] Elle avoit des amans en nombre, et ne les rebutoit pas.
[3] Ce cy est dit pour donner une idée de l’affectation qu’avoit Mad.lle de Courtebourne pour paroître jeune, car par fois en fait sauter les petits enfants, comme de petits chiens pour le Roy de France. Il n’y a personne qui ne scache ceque c’est que cela.
[213]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Faite par Philippes-Emanuel de Coulanges, et addressee à Mr. l’Abbé Bigorre qui etoit logé dans le Chateau de Chaunes en Picardie dans l’appartement où logeoit d’ordinaire l’auteur.
1682
Vous avez pris mon logement,
Monsieur l’Abbé Bigorre,
Est ce un honneste traitement,
Pour moy aui vous adore,
Sans barguigner rendez le nous,
Le Duc* m’en a fait maître,
Ou bien que cinq cens mil hiboux
Entrent par la fenestre.
* Charles d’Albert d’Ailly Duc de Chaunes, Pair de France Chlr des Ordres du Roy, vidame d’Amiens Baron de Pequigny et de Briet, Sgr de Magny, Fliscourt, Vinacourt, la Broye, et autres lieux, Lieutenant gnal des Armées de sa M.té Gouverneur gnal et admiral de Bretagne.
Nota Que cette Chanson n’est pas historique, et qu’elle n’a êté mise dans ce Recueil, que parcequ’elle parle de l’Abbé Bigorre qu’on est bien aise de faire connoitre cet abbé Bigorre qu’on est bien aise de faire connoitre. Cet abbé etoit un homme de Guienne de peu de naissance avec de l’esprit. Il avoit toujours frequenté bonne compagnie et avoit reussi a Rome, ou il avoit negocié pour la France, et où il avoit eté plusieurs fois Conclaviste de Cardinaux Franvois; le Cardinal Pierre de Bouzi, se servit de lui pour solliciter son
[213]
chapeau et il y reussit si bien quoique cette Eminence n’est que la nommination de Pologne qu’il l’obtint avant celui du Card.l Cezar d’Estrées qui avoit celle de Portugal qui fut nommé avec celuy cy et qu’il eut passé devant si le Pape Clement X qui les fit tous deux Cardinau ne l’eut reserve in petto. Le Cardinal de Bonzi recompense l’abbé Bigorre de sa negociation avec une de ses Abbayes dont il se demit en sa faveur.
[215]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur la Noblesse.
Nota; Que cette chanson n’est pas du nombre des historiques
qui entrent dans ce Recueil; mais on l’y a mise a cause de la verité et du bon sens qu’elle renferme.
1682
D’Adam nous sommes tous enfans,
La prevue en est connue,
Et que tous nos premiers parens
Ont mené la Charue, [1]
Mais las de cultiver enfin
Leur terre infortunée,
L’un a detelé le matin,
L’autre l’après dinee. [2]
[1] Il est certain qu’autrefois tous les hommes labouroient la terre.
[2] Puisqu’il est vray que tous les hommes s’occupoient a labourer la terre, il est certain que toute la difference qu’il y a entre ceux d’apresent, est que les ancestres des uns ont cessé de labourer et ceux des autres plustard. C’est ceque l’auteur apelle avoir detelé le matin ou bien l’aprèsdisnée.
[217]
Chanson
Sur l’Air Catin la belle Jardiniere.
A Pelagie Chabot de Rohan, veuve d’Alexandre
Guillaume de Melun Prince d’Espinoy etc. surce que beaucoup de bonnes et de mediocres Maisons descendoient de Mathurin Gaillard Bourgeois de Blois, etc. de Jeanne Calipeau sa femme qui voient l’an 1453.
1682
Nota, Que pour scavoir quells sont les descendans de ce Mathurin Gaillard, et de cette Jeanne Calipeau, il faut lire la Genealogie de la Maison de Gaillard qui est a la fin du 2.d Volume des Memoires de Castelnau avec les additions de Jean le Laboureur Prieur de Juvigné imprimées a Paris infolio, l’an 1659.
Force gens divine Princesse,
Voyez ceque fait le hazard,
Quoique d’eclatante noblesse,
Viennent de Mathurin Gaillard,
Ils ont beau dire, ils ont beau faire,
Il faut avouer ce grand pere.
Ses descendans je le confesse
N’ont pas detelé même jour [1]
Trop grande auroit êté la presse;
Lisez la chanson precedente.
[218]
Ils ont detelé tour a tour,
Les premiers sont devenus Comtes, [2]
Et les derniers maîtres des Comtpes. [3]
[2] Non seulement des Comtes, mais des Marquis de plusieurs autres personnes tirées.
[3] Philippes-Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson veut parler icy de son pere qui etoit aussi descend par femmes de Mathurin Gaillard, ainsi que plusieurs personnes de la 1.re qualité qu’il seroit trop long de déduire icy.
[219]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur la Noblesse.
Faite par Philippes-Emanuel de Coulanges, et Adressée a Pelagie Chaot de Rohan, veuve d’Alexandre-Guillaume de Mehun, Prince d’Espinoy, etc. laquelle avoit fort bien receu chés elle l’auteur a l’Isle en Flandres où elle etoit pour lors, et où il l’etoit venu voir.
1682
De Melun, ou de Vaudetard,
J’ay chanté l’alliance, [1]
Et comme j’etois par hazard
Issu d’un Roy de France, [2]
A la Princesse d’Espinoy;
Jugez si je m’en vante
Qui des malheureux comme moy
Veut bien être parente. [3]
[1-2] Il y a dans ce Recueil une Chanson de l’an 1668, faite par le meme auteur qui dit qu’il detend de Louis le Gros Roy de France par les Maisons de Melun et de Vaudetard.
[3] La Princesse d’Espinoy etoit veuve de l’aisné de la Maison de Melun, et elle etoit par là parente de Coulanges, sit ant est qu’il y ait encore de la parenté a un degree si eloigné.
[220]
Temoigner pour un malheureux [4]
Une amitié sincere,
Le recevoir de tout son mieux
Bon lit et grande chere,
Un accueil egal et charmant,
Donner sans fin san cesse,
C’est ainsi qu’au pais Flamand, [5]
M’a traité la Princesse.
[4] Il est dit en plusieurs endroits de ce Recueil que Coulanges êtoit ruiné.
[5]……….
[221]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
A Anne-Tristan de la Baume de Suze Evesque de Tarbes nommé Evesque de S.t Omer l’an 1677 par le Roy Louis XIV aussitost qu’il en eut fait la Conqueste.
1682
Nota Que ce Prelat bien qu’il n’eut pas encore ses Bulles pour St. Omer, y residoit depuis qu’il y avoit êté nommé Evesq. Et y faisoit les fonctions Episcopales en qualité de Grand Vicaire du Chapitre de l’Eglise cathedrale, et avoit sa place aux Etats d’Artois, où il presida meme toujours tant qu’il fut Evesque nommé de St. Omer car il fut Archevesque d’Auch avant que ses Bulles fussent venues.
Quittez promptement S.t Omer
Grand Prelat que j’honore, [1]
La residence coûte cher,
Quand la fievre devore, [2]
Laissez le soin de vos Brebis
A vôtre grand Vicaire,
Et je vous promets dans Paris
Guerison toute entiere.
[1] Jamais il n’y a eu d’homme plus aimable et plus respectable que ce Prelat.
[2] Il avoit la Fievre a St. Omer.
[223]
Parodie
De la VI.e et VII.e Scene du III.e Acte de l’Opera
De Bellerophon, où l’auteur introduit Marie de Bautru veuve de Charles de Rambures accompagnée d’un coeur des Maquerelles de la butte S.t Roch, et de servants de Bordel, et invoquant des Putains pour evoquer des Enfers un vit monstrueux pour son usage.
Le Dialogue est entre Elle, et le choeur des servants.
1682
La Rambure.
Que ce Palais se change en un bordel affreux
Vieilles Putains de ce quartier fameux,
Pour ecouter mes Impudiques Farces,
Arretés s’il se peut le cultis de vos garces,
Et vous, a me servir employés tant de fois;
Servantes de bordel, accourez a ma voix.
Choeur de Servantes.
Parle, nous voila prestes tout nous sera possible.
La Rambure
Faisons sortir un vit terrible
Pour l’evoquer employés la Teron [1]
[1] Colbert fille de…….. Colbert S.r du Terron Con.er d’Etat elle avoit epousé…… Marquis de la Roche-Courbon, d’avec qu elle fut demariée et elle reprit le nom de M.lle du Teron, et le Prince de
[223]
Carpegna Romain, moins difficile que ses compatriottes, enpareil cas l’epousa depuis.
Royan, [2] la Rane [3] la Broon, [4]
Faites que votre voix chez les Fertés [5] raisonne
Rambure vous l’ordonne,
Choeur.
Pour ce C….. si large et si grand,
Par ce pressant commandement,
Promptement promptement;
Que les plus longs s’empressent,
Que les plus gros parroissent;
La Royan, la Teron, il nous faut du secours,
Pour nous entrendre, arrestés de vos culs le trop rapide cours
La Rambure.
Poursuivés qu’a mes voeux tout vôtre soin s’applique
Par la Baume, [6] et son front lubrique;
[2] ………..de la Trimouille femme de Francois de la Trimouille Marquis de Royan
[3] Charlotte de Bautru soeur de la Marquise de Rambures femme de Nicolas d’Argouges Marquis de Ranes, Colonel gnal des Dragons, il fut tué en Allemagne l’an 1678 où il servoit de….. Lieutenant gnal, et Charlotte de Bautru sa veuve epousa Jean Baptiste-Arman de Rohan appellé le Prince de Montauban.
[4] ……… Berrier femme de….. Marquis de Broon 1.er Escuier de Charlotte Elizabeth de Baviere Duchesse d’Orleans.
[5] Madelene d’Angennes veuve de Henry de Sennecterre Duc de la Ferté, Pair et Mareschal de France et sa belle fille Marie Isabelle-Gabrielle de la Moche-Houdancourt femme de Henry de Senneterre Duc de la Ferté, Pair de France.
[6]………….de Bonne femme de……..d’Hostun de la Baume.
[225]
Pressés, parlés, appellés a grand bruit
La Chaulieu [7] et d’Alluy. [8]
Choeur.
Comtesse de Grammont, [9] Thiange, [10] Lenclos, [11] d’Olonne, [12]
Vieille et noire Bregy, [13] et vous saffre Lionne [14]
Entendés nos pleurs et nos cris,
Nous demandons des lis.
La Rambure.
Le charme est fait, le vit montre sa teste,
Mon front qui souvre a l’engloutir sa preste,
Rendons a ce vit souhaité,
Les honneurs qui sont deus à son imancité.
Choeur.
Que la Rambure ouvre,
Son gouffre profond,
Le vit se decouvre
Grands Dieux qu’il est long
[7]……..femme de ……… S.r de Chaulieu.
[8] Benigne de Meaux de Feuilloux femme de Paul d’Escoubleau de Sourdis Marquis d’Halluye.
[9] Isabelle Hamilton femme de Philibert Comte de Grammont.
[10] Gabrielle de Rochechouart de Mortemart femme de Claude-Leoner de Damas Marquis de Thianges.
[11] Anne de Leuclos vulgairement dite Ninon famause Courtisane, dont l’esprit, la probité, et le merite, sont audessus de toutes sortes de louanges.
[12]………..d’Angennes femme de….. de la Trimouille, comte d’Olonne, et soeur de la M.lle de la Ferté.
[13]……….femme de……….de Flecelles, Marquis de Bregy.
[14] Paule Payen femme de Hugues de Lionne secret.re et Ministre d’Etat.
Que sa couille est noire,
Qu’il est souhaité.
Victoire, Victoire, Victoire,
Elle aura la gloire,
De le surmonter;
Triomphe Victoire,
Triomphe victoire,
Elle aura la gloire
De le surmonter,
Jamais vit n’a pû lui resister.
La Rambure.
Un vit tout seul seroit trop peu pour moy.
Il n’en est point d’une trempe si dure,
A l’aspect de mon front qui ne tremble d’effroy;
Il en faut trois pour ma nature,
Je vais les assembler pour en faire un parfait.
Qui tienne beaucoup du Mulet.
[229]
Chanson
Sur l’Air: Ah que l’amour paroît charmant
Adressée aux Filles d’honneur de Marie Anne-Christine-Victoire de Bavieres femme de Louis Dauphin de France.
1682
Croyes-moy Filles de la Cour,
Quittez cet ennuyeux sejour, [1]
On ne peut vous faire l’amour,
Devant vos Gouvernantes, [2]
Elles ont fait de si bons tours
Qu’elles sont trop scavantes. [3]
[1] C’est que ces Filles etoient tenues de si court, que bien qu’elles fussent au milieu de la Cour, le sehour leur en devoit paroitre ennuyeux.
[2] La Gouvernante de ces filles etoit Marguerite Boucher d’Orsay femme de Henry de Mornay. Marquis de Montchevreuil, elle avoit sous elle deux sous Gouvernantes de petite condition.
[3] L’auteur pretend ques ces 3 femmes preposées a veiller sur la conduitte de ces Filles avoient êté autrefois coquettes, et que connoissant par leur experience les tours et galanterie qu’elles ne pouvoient plus pratiquer alors, elles etoient bien plus capables d’empescher que les filles n’en fissent de pareils.
[230]
Autre
Sur l’Air de……….
Sur les mêmes que la precedente.
Nota . Que cette chanson est par contreverité.
La Laval a dans l’Oeil,
Je ne scais quoy d’agreable; [1]
Madame de Montchevreuil
Est douce et n’a point d’Orgueil; [2]
La Jarnac est aimable, [3]
La Biron n’est point traitable, [4]
La Rambure est sans deffaut, [5]
La Tonnerre n’a rien de chaud, [6]
Et la petit de Contaut
On dit qu’elle a le C…. haut. [7]
[1] Marie-Louise de Montmorency-Laval, dite M.lle de Laval, il est diffcile de scavoit ceque l’auteur lui trouvoit de desagreable dans les yeux, car elle les avoit asses beaux, elle etoit d’ailleurs de la plus belle taille, et de la meilleure mine du monde.
[2] Marguerite Boucher-d’Orsay, femme de Henry de Mornay Marquise de Montchevreuil Gouvernante des Filles d’honneur de Mad.e la Dauphine.
[3]…… Chabot D.lle de Jarnac, elle etoit fort laide et fort maigre.
[4] Marie Madeaine Agnés de Gontaut D.lle de Biron, non ne peut expliquer ce que l’auterur veur icy dire d’elle, car elle avoit de la vertu et meme de la pieté.
[5] Marie Françoise de Rambures assés jolie, mais folle et fort coquette.
[6] Louise de Clermont Tonnerre, dite M.lle de Tonnerre, l’auteur veut dire icy qu’elle avoit le C….. chaud, si quelqu’in en scavoit des nouvelles, c’estoit…. Pot Mqs de Rhodes Gd M.e des Ceremonies de France, qui l’aimoit, qu’elle aimoit aussi et qui vouloit l’epouser.
[7] Louise de Gontaut soeur cadette de M.lle de Biron. L’auteur veut qu’elle eut le C…. bas; mais qui le lui a dit.
[231]
Chanson
Sur l’Air de Joconde
Sur les mesmes que la precedente.
1682
Laval, [1] attire tous les yeux,
Avec sa bonne mine,
Les Birons [2] ont l’air un peu vieux,
Rambure [3] se croit fine,
La Tonnerre [4] au visage long,
Affecte/asseure un air fort prude;
Mais sans la crainte du Noyon, [5]
Elle seroit moins rude.
[1-4] Lisés les commentaires de la chanson precedente.
[5] François de Clermont-Tonnerre, Evesque et Comte de Noyon, Pair de France, Oncle paternal de M.lle de Tonnerre.
[233]
Chanson
Sur l’Air de la Rochelle.
A…………..d’Espinay Marquis de S.t
Luc qui ressembloit a un Chat.
1682
Tous les chats, et tous les matous, [1]
Aujourd’huy vont manger du mouts, [2]
Chez une Illustre Mareschalle, [3]
Cet avis vous vient de la part
De la miaulante cabale, [4]
Dont vous êtes le Rodillard. [5]
[1-2] Le moux est la nouriture ordinaire des chats, a qui l’auteur compare icy le Marquis de St. Luc, et aqui il parle, comme s’il etoit de leur espece, et a cause de la conformité que son visage avoit avec celui d’un chat il l’invite a un diner.
[3] Suzanne d’Aumale, femme de Frederic de Schomberg Maal de France.
[4] C’est a dire la joye des chats.
[5] Il y a un Poete Comique qui dans quelqu’un de ses ouvrages a appellee Rodillart un chat, qu’il faisoit le Roy des chats et Jean de la Fontaine dans l’une de ses Fables, a nommé un chat Rodillardus.
[235]
Chanson
Sur l’Air: Catin la belle Jardiniere.
A Pelagie Chabot de Rohan veuve d’Alexandre Guillaume de Melun Prince d’Espinoy, avec qui l’auteur devoit le lendemain disnera Meudon près Paris, appartenant à Francois-Michel le Tellier Marquis de Louvois, Ministre et Secret.re d’Etat.
1682
Pour aller à Meudon, Princesse
On ne peut partir trop matin,
Si le Ministre, [1] nous caresse
Il nous rafraîchira le tein,
Pour moy, [2] je ne veux autre chose
Qu’une mine couleur de Rose. [3]
[1] Mr. de Louvoix.
[2-3] Philippes-Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson a assez fade plaisant pour dire une mine agreeable, disoit une mine couleur de Rose, c’est ainsi qu’il desire que Mr. Louvois le receive a Meudon.
[237]
Epigramme.
Sur l’Air: Catin la belle Jardiniere.
Sur Jean le Mire Financier et fort riche, lequel êtoit fils dun Mareschal Ferrant et qui etant un jour malade, eut l’insollence de faire barrer la rue devant sa porte, de peur d’etre incommodé du bruit; mais Gabriel de la Reynie Lieutenant gnal de Police à Paris l’a fit debarrer.
1682
Le Mire, dont les jours sont à la Republique
De tres petite utilité;
Par un motif de vanité
A fait barrer la voix publique;
Mais ce magistrate politique
Qu’un esprit de sagesse incessamment conduit, [1]
A dait oster ces pieuc suivant cette Rubrique
Qu’un fils de Mareschal doit etre fait au bruit.
[1] Mr. de la Reynie.
[239]
Chanson
Sur l’Air: Cest le Prince d’Orange.
Faite en forme de Dialogue, par Antoine Gaston de Roquelaure Marquis de Biran, Colonel d’un Regiment de cavalerie, entre le S.r de la Pipane son Escuier et luy, lorsqu’il devoit partir pour aller servir dans un camp de cavalerie.
1682
Nota Que prendant toute les années que se passerent depuis la paix de Nimegue jusqu’a la paix de Luxembourg, l’an 1684, et depuis ce Siege, jusques a la guerre declare sur la fin de 1688 le Roy Louis XIV faisoit camper chaque printemps sa cavalerie en plusieurs camps, commandés par differents Genereaux, tant pour herber les chevaux, que pour epargner le fourage qu’on leur donnoit dans les Places, et que pour les maintenir dans l’habitude de camper. Il est vray que le Roy payoit aux Proprietaires des Terres sur lesquelles on campoit et des Prez qu’on coupoit, le dommage que leur faisoient les troupes. Cela n’empeschoit pas que sa M.te n’y profitast.
Biran.
Partons cher la Pipane
La trompette [1] a sonné
Et j’entendes la Diane, [2]
Qui bat partout;
Que maudit soit la guerre
Qui bat de tous costez.
[1] C’est a dire la Trompette a sonné pour assembler et faire marcher la cavalerie qui doit camper cette année.
[2] La Diane, est ceque les Tambours batten les matins, on ne scait pourquoy l’auteur parle de la Diane qu sujet d’un camp de cavalerie, a moins qu’il ny eut des Dragons.
[240]
la Pipane.
Quand on va à la gloire,
J’y cours dedans l’instant;
Mais pour nôtre Equipage,
Nous n’avons point;
Que maudit soit la guerre,
Nous n’avons point d’argent.
Biran.
Nous n’avons pas la maille,
Mais je crains troup Louvois, [3]
Il romproit la paille
Et le diroit;
Que maudit soit la guerre,
Et le diroit au Roy.
La Pipane.
Partés donc mon cher maître,
Vous n’allez qu’au Fauxbourg, [4]
Vous escrivés des Lettres
[3] Francois Michel le Tellier Marquis de Louvois, Ministre et Secretaire d’Etat au Departement de la Guerre homme dur et austere.
[4] Cela etoit desja arrive au Marquis de Biran, il avoit fait semblant d’aller a son Regiment et n’etoit allé qu’a quelques postes de Paris. Il y etoit revenue la nuit, s’etoit cache chez ses amis et au bordel, et escrivoit de là comme s’il avoit eté au camp, iù il devoit servir et ses amis montroient ses Lettres a tout le monde, luy cependant sortoit habillé en femme masque et il en savoit si bien contrefaire la voix et les manieres qu’on y etoit aisement trompé, à moins de le scavoir.
[241]
Que l’on croira
Que maudit soit la guerre
Ecrites de Strasbourg. [5]
Pour trouver un azile
Où vous soyez caché,
Vous pouvez comme Achille, [6]
Danser, filer,
Que maudit soit la guerre,
Chez Madelon du Pré. [7]
Biran.
J’estime cette amie
Et j’y cours a l’instant
Planter ma colonie,
Va me chercher,
Que maudit soit la guerre,
Villiers [8] et Manicamp.
[5] Le Camp où servoit le Regiment de Piemont Royal de Cavalerie, dans lequel Biran etoit incorporé, etoit cette année du côté de Strasbourg.
[6] Homere raporte dans son Iliade que Thetis scachant que Achilles fils d’elle et de Pélée devoit perir au siege de Troyes pour lequel les Princes Grecs s’assembloient l’habilla en femme, et le mot sous ce deguisement a la Cour du Roy Licomede, afin que les delices d’une vie faineante lui ôtassent l’envie d’aller a la guerre, dans laquelle il avoit eté elevé par le centaure Chiron qui ne l’avoit nourry que de mouelle de Lion, ce fut en cette cour que sous l’habit de femmes il trompa la Princesses Deidamie l’engrossa et en eut Pirrhus, l’ingenieux Ulisse qui scavoit que Troye ne se pouvoit prendre sans Achilles, le decouvrit a la cour de Licomedes et l’emmena où les Princes Grecs s’assembloient pour ce siege.
[7] Fameuese maquerelle de Paris, où le Marquis de Biran alloit souvent et où il avoit desja demeuré cache lorsqu’il revint sur ses pas, comme il a eté dit dans l’article 4 de ce commentaire.
[8]………… S.r de Villiers debauché et amy du Marquis de Biron.
[9] ……… de Longueval Comte de Maniramp un des hommes de son siecle
[242]
qui a eu le plus de sens et d’esprit, et amy de Biron.
Amy que je t’embrasse,
Tu n’as pas ton pareil,
Je quitte la Cuirasse
Et t’establis,
Que maudit soit la guerre,
Le chef de mon conseil.
La Pipane.
Habillés vous en femme, [10]
Parlez d’accouchement, [11]
Faites des contes aux Dames, [12]
Et vous aurez,
Que maudit soit la guerre,
Vous aurez de l’argent.
[10-12] On a desja dit de le Marquis de Biran scavoit a merveilles se deguiser en femme et qu’on y etoit trompé quand il etoit ainsy masque il faisoit les plus plaisants contes du monde, car il tenoit des discours de femmes, parloit de couches et comme auroit fait une sage femme on ne finiroit jamais si on vouloit dire toutes les avantures qui lui sont arrives sous ce deguisement, et avec ce talent de contrefaire celles dont il portoit l’habit.
[243]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Au Pape Innocent XI. sur le refus qu’il faisoit au Roy Louis XIV de lui accorder ceque sa Majesté prétendoit lui être deu, au sujet de la Regale, et sur quelques autres Articles, cequi par la suitte brouilla cruellemt. la cour de Rome, et celle de France, comme on verra, plus bas par plusieurs pieces ecrites sur ce sujet.
1682
Pourquoy chagrine Sainteté [1]
Choquer nôtre Monarque; [2]
Vous qui vous toujours de sa bonté
Recevez quelque marque, [3]
[1] Le Pape Innocent XI homme devot et parfois trop zelé. Ennemy du Roy qui l’an 1669 lui avoit donné l’exclusion pour etre Paper dans le Conclave de Clement X sans quoy il eut eté eleu des lors au lieu de celuy cy. Ce Paper apellé alors le Cardinal Benoist Odescalchi etoit Italien et devôt; on peut juger delà qu’il n’oublia pas cette injure, et qu’il fit paroitre son ressentiment dèsqu’il eut eté eleu Pape après Clement C. le 21. Septembre 1676.
[2] Le Roy Louis 14.
[3] Ce Prince a toujours eu beaucoup de Religion et a toujours eté fortement attaché au St. Siege.
[244]
Laissés vivre en sa liberté
Ce Vainqueur de la terre, [4]
Car si le Coq [5] alloit chanter
Il feroit pleurer Pierre. [6]
[4] Tout le monde scait et on a pû voir dans les pieces precedentes de ce Recueil toutes les Conquestes du Roy et la superiorité qu’il avoit eu jusqu’alors sur ces Ennemis.
[5-6] Le Cocq est le simbole des Francois, et par St. Poerre en entend le Paper, ainsy la Metaphore icy prise de ces deux noms qui veulent dire le Roy de France et le Paper vient aussi de ceque dans la Passion de J.C. St. Pierre reconnut au chant du coq qu’il avoit renié N.S et pleura sa faute, cela suposé, l’auteur veut dire icy en termes allegoriques que si le Roy se fachhe, le Pape pourroit bien s’en repentir.
[245]
Parodie
De la Scene 1.re du 4.e Acte de Bellerophon;
Sur l’Assemblée generale du Clergé de France
convoquée extraordinairement l’an 1682 par
Ordre du Roy Louis XIV pour trouver des
moyens d’accommoder les differents qui naissoient entre
La Courde Rome et celle de Fr. Te etc. s’opposer aux pretentions injuste de la 1.re.
1682
Quel spectacle nouveau se presente a mes yeux,
Prelats [1] de tous cotez, quittant leurs Dioceses
Viennent pour preparer un triomphe a la Chaise [2]
Tout flechit pour le rendre heureux.
[1] Ce sont les Evesques deputez pour l’Assemblée.
[2] Francois de la Chaise Jesuite Confesseur du Roy, c’estoit lui qui etoit le grand ressort de cette Affaire, le Roy se reposant sur lui, non seulement de cequi regardoit sa conscience; mais aussi de toutes les affaires Ecclesiastiques du Royaume; ce n’etoit pourtant pas ce pere qui etoit le plus echauffé à aigrir le Roy contre la Cour de Rome, quoique le Pape Innocent XI temoignât de l’antipatie pour la Societé des Jesuites, mais c’estoit Francois de Harlay Archevesque de Paris, lequel a cequ’on pretend n’eut pas eté fâché de faire un schisme en France pour se faire vouloir auprès du Roy, et être par là Patriarche du Royaume ce qui ne pouvoit regarder que luy.
[246]
Cerles, [3] obeissez, soumettez vous [4] Saint Pere,
Craignez ce Jesuitte en colere,
Tous les Monseigneurs [5] que je voy,
Sont autant de sujets qui vient sous sa Loy; [6]
[3] C’etoit un Chanoine de l’Eglise de Pamiers; mais pour entendre ce que l’Auteur de la chanson veut dire en cet endroit que Estienne Caulet Evesque de Pamiers, persuade que les Fiefs des Benefices consistoriaux de Guienne et de Languedoc etoitent attachés aux Eglises et ne relevoient pas du Roy, ne voulut jamais prester servant de fidelité a sa M.té comme les Evesques de France ont accoutumé de faire; le Roy après l’avoir plusieurs fois averty de s’acquitter sement, et nomma en vertu du droit Regalien à tous les Benefices qui vacquerent en la presentation de ce Prelat; celuy cy qui ne croyoit pas non plus que le Roy eut droit de Regale en Guyenne et en Languedoc, regarda touts les Chanoines et autres Benefices nommés par S. M.té comes des Intrus, et des Excommuniés. Cela fit de plus un Schisme dans son chapitre qui est Regulier en telle sorte qu’après la mort de cet Evesye 3 autres chanoines qui seuls n’avoient pas êté nommés par le Roy, se regardent comme tout le chapitre, s’assemblernt et nommerent capitulairemment le Perecertes l’un d’Eux pour être Grand Vicaire pendant la vacance du siege de Pamiers. Cette Election faite entre Eux, ils se retirent tous 3 erignant les ordres de la cour, et le Pere Cerles du lieu de sa retraite fit un Mandem.t comme Grand Vicaire de Pamiers, qu’il fit tenir aux Chanoines nommés par le Roy, et par lequel il les declares Intrus et Excommuniés, leur deffendoit de s’assembler, leur ordonnoit même de quitter leurs Prebendes, de les rendre aux veritables chanoines, cassoit et annulloit tous cequ’ils auroient fait ou feroient eux le Grand Vicaire nommé par eux pour le Gouvernement de l’Eglise de Pamiers.
[4]….. Innocent XI qui soutenoit Estienne Caulet Evesque de Pamiers et le Pere Cerles pretendant comme Eux que les Ros de France n’avoient point droit de Regale en Guyenne et en Languedoc.
[5]…….. Les Evesques qui s’apemment entr’Eux Mgr et s’y font apeller par les autres.
[6] Le Pere de la Chaise comme Confesseur du Roy tient la feuille des pretendans aux Archeveschés, Eveschés et autres Benefies en presentation Royale, il l’a presenté a sa M.té donne son avis, et comme d’ailleurs les autres affaires Ecclesistiques passent par son canal, l’auteur a raison de dire que les Archevesques et Evesques du Royaume vivent sous sa Loy.
[246]
Quand on obtient la Regale, [7]
Qu’importe a quel prix;
Que le Saint Pere surprise,
Condamne l’erreur fatale,
Qui coûte tant argent, d’Assemblées et d’Ecrits, [8]
Quand on obtient la Régale
Qu’importe a quell prix.
[7] C’etoit pour maintenir le droit de Régale en Guienne et en Languedoc contre les pretentions du Pape que l’Assemblée gnale du clergé de France etoit principalement convoquée, il y avoit encore d’autres sujets de brouillerie entre la cour de Rome et la Cour de France, qu’il seroit trop long de deduire icy.
[8] Il est aisé de juger combine ces demeslés couterent d’argent, firent d’Assemblées et produisirent d’Ecrits de part et d’autre.
[249]
Parodie
D’une partie du 1.er recit chanté par Venus
Dans le Balet du Triomphe de l’Amour,
Addressee au clergé de France extraordinairement assemble l’an 1682 dans le Couvent des Grands Augustins à Paris par l’ordre du Roy Louis XIV pour trouver des remedes et s’oposer en meme temps aux pretentions du Pape Innocent XI qui contestoit a sa M.té le droit de Regale sur les Eglises de la Province de Languedoc.
1682
Air: Tranquiles coeurs.
Prelats, [1] Abbés, préparez vous
A bien soutenir la Régale,
Craignez peu le Paoe en courroux, [2]
Suivés la Chaise, [3] et sa cabale, [4]
Ce Jesuite a pour vous millefois plus d’attraits [5]
Que le sacré Palais. [6]
[1] Les Archevesques Evesques, Abés, et autres deputes a cette Assemblée.
[2] Le Pape Innocent XI irrité contre le Roy et les Prelats Assemblée par son Ordre contre les pretentions de sa sainteté.
[3] Francois de la Chaise d’Aix, Jesuitte Confesseur du Royn lisés les Articles 2 et 6 du Commentaire de la Parodie precedente.
[4] La societé des Jesuittes.
[5] Liseés l’article 6 du Commentaire de la parodie precedente.
[6] Les Palais du Pape s’apelle le sacré Palais, ce la veut dire icy la cour de Rome n’a les interrets du Pape.
[250]
Parodie
De la Chanson precedente et sur le même sujet.
Prelats, Abbés separez vous,
Laissés en paix Rome et l’Eglise, [1]
Un chacun se moque de vous
Et toute le Cour vous meprise; [2]
Ma foy l’on vous feroit avant qu’il fut un an
Signer a l’Alcoran. [3]
[1] En la personne du Pape que vous persecutez outrageusement en vous assemblant ainsy, et en faisant des Deliberations aussi injurieuses au St. Siege.
[2] Cela etoit vray.
[3] l’Alcoran est le Livre fait par Mahomet, qui contient sa Religion; les Prelats assemblez avoient signé au gré de la cour, beaucoup de propositions contraires et meme injurieises au St. Siege le detail en seroit trop long icy, il suffit de dire qu’ils deciderent le contraire de cequ’ils avoient signé en 1664 sur l’infaillibilité du Pape, et des Questions touchant la superiorité de Concile sur sa Sainté, ausquels jamais on n’avoit voulu toucher auparavant.
[251]
Chanson
Sur l’Air: du Prince d’Orange.
1683
Vous remportez Coulanges,
De nos Etats Bretons,
Pistolles et louanges,
Et nous laissés que maudit soit l’echange,
De mauvaises chansons.
[253]
Chanson
Sur L’Air de la Rochelle.
Sur…..de……femme de……….de Coetlogon Lieutenant pour le Roy en Bretagne, et Gouverneur de Rennes.
1683
La Marquise de Coetlogon;
Veut qu’on la chante sur ce ton, [1]
Sur ce ton je l’a remercie
De ses soins et de ses bontés
Car pour moy dans ma maladie [2]
Tous ses Laquais se sont croués
[1] Sur cet air de la Rochelle.
[2] L’Auteur qui est Philippes Emanuel de Coulanges avoit eté malade en Bretagne, ou cette Chanson cy a eté faite.
[255]
Epitaphe
De Jean-Baptiste Colbert Ministre et Secretaire d’Etat,
Tresorier des Ordres du Roy, Controlleur gnal des Finances SurIntendant des Bastimens du Roy, Arts et Manufactures de France, mort a Paris le 6. Septembre 1683.
1683
Cy gist qui peu dormit, et beaucoup travailla, [1]
Pendant son facheux Ministre. [2]
Que ne fit il tout le contraire,
Et que ne dormit il tout le temps qu’il veilla.
[1] M.r Colbert etoit l’homme du monde le plus laborieux.
[2] Le Ministre de M.r Colber fut tres facheux pour la Reforme qu’il fut oblige de faire dans les Finances attend le mauvais etat des Affaires du Roy qui etoit oberé lorsqu’il enprit connoissance car sans parler de la chambre de Justice qu’il fit etablir pour juger M.r Fouquet et qui ruina aussi un grand nombre de particuliers, il oblige sa M.té a faire banqueroute a tous ses creanciers qui lui avoient prêté de l’argent de bonne foy dans les desordres et les pressantes necessites de l’Etat. Il fut l’auteur de l’imputation; c’est a dire que le Roy a qui on avoit presté de l’argent a un dernier plus haut que le denier vingt imputois sur le capital cequ’il avoit payé d’interrest plus haut que le denier 20. Il fit faire une Declaration qui portoit que le Roy seroit toujours le 1.er Creancier partout où il auroit interest. Il crea un grand nombre de nouveaux droits, augmenta les anciens, et se rendit ainsy l’execration du Royayme au point que lorsque l’on le porta enterre a St. Eustache sa parroisse où l’on voit son tombeau, le peuple de Paris l’auroit dechiré en pieces
[256]
si l’on n’eut la precaution d’assembler tous les Archers de la Ville pour garder son corps, au surplus il êtoit laborieux, penetrant, hardy, vif, clairvoyant et le meilleur serviteur et le plus fidelle qui ait jamais êté.
Jean Baptiste Colbert Marquis de Seignelay son fils lui succeda dans les charges de Secretaire d’Etat et de Tresorier des Ordres du Roy, où il avoit êté receu en survivance et qu’il exerçoit du vivant de son pere.
Francois-Michel le Tellier Marquis de Louvois Ministre et Secretaire d’Etat, Chancelier des Ordres du Roy, surintend.t des Postes et Chevaux de Relais de France, eut la Surinten.te de Bastiments, Arts et Manufactures.
Claude le Pelletier Con.er d’Etat eut le controlle gnal des Finances et la place de Ministre d’Etat, par le credit de Michel le Tellier Chancelier de France et du Marquis de Louvois son fils qui etoient ses parens. Cequi faisoit dire que le Lezard avoit ecorché la Coleuvre, et que la peau en etoit chez le Pelletier, faisant allusion aux Armes des le Tellier qui sont.
[257]
Chanson
Sur l’Air: de Lampon.
Sur la mort de Jean Baptiste Colbert Ministre & Secretaire d’Etat,
Tresoriers des Ordres du Royn Controlleur gnal des Finances, Sur-Intendant des Bastiments, Arts et Manufactures de France mort à Paris le 6 Septembre 1683.
1683
Quand Colbert rendit l’esprit,
Quand Colbert rendit l’esprit
Lucifer a cequ’on dit
Lucifer a cequ’on dit
L’enleva sur la Moustache
Du Curé de Saint Eustache*
Lampon, Lampon,
Camarades, Lampon.
* Mr. Combert demeuroit a Paris rue neuve des petites champs parroisse St. Eustache.
[258]
Autre
Sur l’Air: Quand le peril est agreable.
Sur le meme sujet que la precedente.
Quand Caron [1] vit sur le rivage, [2]
Colbert, [3] venir, dit aussitost,
Ne vient il pas mettre un Impost,
Sur mon pauvre passage. [4]
[1] Les Payens croyoient que les Ames après leur mort, alloent toutes dans un lieu appellee les Enfers, et que pour y parvenir il falloit passer dans la Barque d’un Nautonnier appellé Caron, le Fleuve Acheron qui en fermoit l’entrée. L’auteur feint icy que M.r Colbert après sa mort pass ace Fleuve pour aller aux Enfers.
[2] Sur le Rivage de l’Acheron.
[3] Jean-Baptiste Colbert Ministre et Secretaire d’Etat, Controlleur gnal des Finances etc. mort le 6 septembre 1683.
[4] Il avoit mist ant d’Impots, et sur tant de choses pendant son Ministre que l’auteur fait assez plaisamment semblant de craindre qu’il n’en mette un sur le passage des Enfers; Il est encore plus plaisant de le faire craindre à Caron.
[259]
Chanson
Sur l’Air de Bechameil
Sur Louis de Bechameil Con.er Secretaire du Roy, Maison et Couronne de France et de ses Finances; Secret.re du Con.el de sa M.té lorsqu’il alla prendre possession du Marquisat de Nointel près Compiegne qu’il avoit acheté………et qui a appartenu a Olier. …………
1683
De Paris la grande ville,
A cequ’on dit
Avec sa noble Famille,
Il est party,
Pour son Marquisat de Nointel.
Vive le Roy et Bechameil
Son favory; son favory.
Ce fut oar un lundy matin
Qu’il est party,
Avec sa noble Famille
Comme l’on dit
Pour qon Marquisat de Nointel,
Vive etc.
[260]
Lorsque le Carrosse aproche,
Du Pont levis,
Le Capitaine la Roche, [1]
Fort bien apris,
Cria, Tambour, battés l’appel.
Vive etc.
Après que l’Infanterie
Eut bientiré,
Un gros de cavallerie
S’est avancé;
Vous eussiez dit d’un Carrousel.
Vive etc.
Un vieux bourgeois, qui les meine,
Marchoit devant,
Tenant dans sa main une Enseigne,
De satin blanc,
Portant écrit dans un Cartel.
Vive etc.
Les Enfans comme les anges
De blanc vestus,
[1] Il faut que ce soit quelque Domestique de Bechameil.
[261]
Alloient chantant les louanges
Et les vertus,
Du nouveau Marquis de Nointel.
Vive etc.
Un des apparens du village,
Nommé Turpin,
Est venu rendre son homage,
Tout en latin
Au noble Marquis de Nointel.
Vive etc.
Mais comme ny l’un, n’y l’autre
Ne l’entendoit,
Le Secretaire Alleaume, [2]
Tout expliquoit
Au scavant Marquis de Nointel.
Vive etc.
Vous êtes de Noble* origine * Il est fils d’un March.d a Rouen a l’Enseigne du Roy Priam
Asseurement,
Vous descendés en droite ligne,
Du Roy Priam, [3]
[2] C’est le secretaire de Bechameil.
[3] Voyez la note qu’est a la marge.
[262]
Aussi bien que Charles Martel.
Vive etc.
Quand il entra dans l’Eglise,
Cloche on sonna,
Et a plus d’une reprise,
L’on encensa
Le grave Marquis de Nointel.
Vive etc.
Le Curé la Messe dite,
Se presenta,
Et avec de l’eau benite,
Il aspergea
Le devot Marquis de Nointel.
Vive etc.
Les Bedeaux le ramenerent
Dans son logis,
Et les Marquilliers porterent,
Le pain benis,
Au digne Marquis de Nointel.
Vive etc.
Cependant qu’il fut a table
[263]
Ses bon sujets,
En propos delectable
Contoient leurs faits,
Au joyeux Marquis de Nointel.
Vive etc.
Une troupe composée
De six hautbois;
Pendant son repas posée,
Dedans un bois
Faisoit redire a tout Nointel.
Vive etc.
De sa presence a la halle
Le bon Marquis,
Après le diné regale
Grands et petits,
Et se fit voir atout Nointel.
Vive etc.
Amis soyez moy fidelles
Leur a t’il dit,
Je connois Messieurs des Gabelles, [4]
[4] Bechameil etoit un homme de Neant, il avoit commence par etre simple commis, et etant parvenu a etre Fermier gnal des Gabelles.
[264]
après avoir passé par des Sousfermes. Il fut enfin Secrtetaire du Roy, cequi l’annoblit et enfin Secret.re du Con.el et tout cela par la protection de Jean Baptiste Colbert Ministre et Secte.re d’Etat et Controlleur gnal des Finances de qui il etoit parent.
J’ay du credit,
Vous n’aurez ny taille, ny sel.
Vive etc.
Le Roy pour ma recompense
M’a tout promis,
Il signe mes Ordonnances;
Sans contredit,
Car nôtre bon plaisir est tel.
Vive etc.
Pour rendre la cité fameuse,
Je fais venir,
Un couvent de Religieuses,
Et fais bâtir;
Trois cabarets et un Bordel.
Vive etc.
La populace s’escrie,
Que de Bonheur
Dieu lui donne bonne vie
Le bon seigneur,
[265]
Voyez c’est tout sucre et tout miel. [5]
Vive etc.
Avec une grace divine,
Il haranguoit,
Et chacun charmé de sa mine,
Se repetoit,
Voyez c’est tout sucre et tout miel.
Vive etc.
Il revint sa course faite
Se renfermer
Tout seul dans sa Chambrette.
Pour mieux rester
Sur les affaires de Nointel.
Vive etc.
Mais ne pouvant sans migraine,
D’un tel effort,
Longtems soutenir la peine,
Trois heures il dort.
[5] Bechameil faisoit la petite bouche enparlant, cequi le faisoit nommer par raillerie bec a meil, il fut longtems amoureux de Marguerite-Louise de S.t Simon Duchesse de Brissac qui etoit fort medisante cela faisoit dire aux plaisans, que bec a miel aimoit bec a fiel.
[266]
Et ne regle rien pour Nointel.
Vive etc.
Les femmes du voisinage
Firent venir,
Un pretend pucelage, [6]
Pour diverter
Le Paillard Marquis de Nointel.
Vive etc.
La jeunesse en quatre quadrilles,
Se separa,
Et celui qui fit plus de quilles,
Et mieux mangea,
Gaigna a le prix du carrousel.
Vive etc.
Ce prix parut dans le village,
Des plus exquis,
C’estoit la ressemblante Image,
Du fier Marquis,
Il êtoit peine en colonel
Vive etc.
[6] Bechameil etoit fat, luxurieux car non seulement il avoit toujours quelque belle passion, mais il avoit outré cela un grand commerce avec les Maquerelles qui lui faisoient souvent passer pour pucelles de tres grandes Garces.
[267]
Ce fut une grande detresse,
Quand il partit;
Mais pour apaiser leur tristesse,
Il leur promit,
A tous l’Ordre se Saint Michel.
Vive etc.
Aux filles du voisinage,
Son air poly
Faisoit tenir celangage,
C’est Louvigny [7]
Qui s’est fait Marquis de Nointel.
Vive etc.
On contoit dans les prousses,
Du beau Louvigny
Un coup de pied dans les fesses,
Pour Louvigny,
Parcequ’un jour il se crut tel.
Vive etc.
[7] Bechameil s’etoit imaginé qu’il ressembloit parfaitement a Antoine-Charles de Grammont Comte de Louvigny qui fut depuis Duc de Grammint, Pair de France, et qui etoit un des hommes de la Cour le plus aimable, cette fantaisie dont Bechameil etoit prevenu en sa faveur, etoit au point qu’un jour Philbert Comte de Grammont Oncle de Louvigny rencontrant a St.
[268]
Germain en Laye, Bechameil qui marchoit devant lui et lui donna esprès un coup de pied au cul de toute sa force, et depuis faisant semblant de s’estre mepris s’ecria ah! Mr. je vous demande pardon, je vous prenois pour mon Neveu de Louvigny. Bechameil donnot dans le panneau, crût qu’effectivement la parfaite ressemblance avec le Comte de Louvigny avoit surpris le comte de Grammont, et loin de se fâcher du coup de pied, lui en sceut le meilleur gré du monde.
[269]
Chanson
Sur l’Air: Vive le Roy & Bechameil.
Sur l’acquisition de la terre de Chambon que fit Claude Ticquet Con.er au Parlement de Paris.
1683
Fatigué de la Roture
Du Menilles,
Pour faire pour noble figure,
Le bon Ticquet,
Vient d’achepter avec raison
L’ancienne terre de Chambon, [2]
Il est Baron, il est Baron. [3]
Pouvoit il jamais mieux faire
Que cequ’il fait,
S’appeller comme son pere, [4]
Etoit trop laid.
Ne doit il pas changer de nom,
Pourveu de ce fief de Chambon:
Il est etc.
[1] Petite terre appartenante a ce Conseiller.
[2] Grosse Terre près la Forest d’Orleans.
[3] La Terre de Chambon est Baronie.
[4] Son pere s’appelloit simplement Ticquet.
[270]
Il aura dans son village
Bannalité,
Et c’est le juste partage
De sa moitié,
Pour les voysins qu’il y fait bon, [6]
On verra grand presse a Chambon;
Il est etc:
Dedans la Forest [7] sans bornes,
Il peut jetter,
Tant qu’il veut de bestes a Cornes
Sans se compter, [8]
Ce droit convient a son renom; [9]
Il est logé dedans Chambon;
Il est etc.
[5]…….. Carrelier grand Putain.
[6] Lisés l’article precedent de ce commentaire.
[7] La Forest d’Orleans.
[8] On a desja dit que Mad.e Triquet sa femme etoit grande putain. Il etoit par consequent cornard.
[9] Les cornes de Mr. Triquet estoient tres pubpliques aussi bien que sa femme.
[271]
Chanson
Sur L’Air de Joconde.
A…... Carrelier, femme de Claude Tiequet Conseiller du Parlement de Paris.
1683
Pauvre Tiequet que ferez vous
Si Rothelin [1] s’offense,
Et qu’il s’en aille à vôtre epoux
Conter toute sa Chance, [2]
Ce sot Bourgeois [3] le plus cocu,
Que le ciel ait fait naitre;
Ne scait pas qu’a lever le cul
Sa femme est toujours preste.
[1]…….. d’Orleans Marquis de Rothelin, Enseigne des Gensdarmes du Roy etc.
[2] Il avoit eté amant et bien traité de Mad.e Ticquet.
[3] Mr. Ticquet.
[273]
Chanson
Sur L’Air de Joconde.
Dans laquelle l’auteur fait parler Cezar Auguste de Choiseuil Comte du Plessis, Lieutenant gnal des Armées du Roy, Gouverneur de Thoulois sur son mariage avec N…… de la Baume-le Blanc de la Valliere.
1683
Seigneur, [1] vous avez bien voulu
Me donner une femme [2]
De votre main je l’ay receu,
Pour contenter ma flamme; [3]
Mais so vous en avez besoin
Vous pouvez la reprendre, [4]
Aujourd’huy plustost que demain
Je suis prest à la rendre.
[1] C’est une Priere a Dieu.
[2] Ce mariage se fit le 30 Juillet 1681.
[3] Lorsque le Comte du Plessis se maria, il n’avoit du revenue qu’en charges et benefices, et ce fut la seule envie de se marier qui lui fit choisir cette femme tres coquette et plus jeune que luy de 20 ans pour le moins, elle etoit dès lors tres coquette, et fut depuis grande putain.
[4] Le Comte du Plessis s’etant aperceu de la conduitte de sa femme eut voulu en etre defait.
[275]
Chanson
Sur L’Air de Joconde.
Dans laquelle l’auteur fait parler Charlers –Belgique-Hllande de la Trimouille, Duc de Thouars, Pair de France etc. 1.er Gentilhome de la Chambre du Roy en survivance de Charles Duc de Crequy Pair de France etc. son beaupere.
1683
Jay la figure d’un heros [1]
Mais j’ay quelque foiblesse, [2]
Dans l’occasion le coeur me faut,
Même près ma maitresse,
La Beringhen [3] souvent s’en plait,
Et me dit en colere,
Le beau Crequy votre Cousin, [4]
Etoit mieux mon affaire.
[1] Le Duc de la Trimouille etoit l’un des Seig.rs de la Cour le mieux fait et de la meilleure mine; mais fort laid de visage.
[2] Il passoit pour être peu vigoureux en amour.
[3] Elisabeth-Madelene-Fare d’Aumont, femme de Jacques Mq.s de Beringhen, 1.er Escuier de la petite Ecurie du Roy.
[4] Francois-Joseph, Marquis de Crequy, Colonel du Regiment Royal de l’Infanterie, Cousin germain du Duc de la Trimouille, par Madeleine de Crequy sa femme, que la Marquise de Beringhen avoit aimé avant le Duc.
[277]
Chanson
Sur L’Air: O Filij & Filiae.
A Françoise de Rabutin Marquise de Sevigné, sur la guerison de Charles d’Albert d’Ailly Duc de Chaune, Pair de France Chlr des Ordres du Roy, lequel avoit la Fievre, et seroit guery par le Quinquina.
1683
En dépit de la faculté, [1]
Notre Duc, [2] est ressuscité,
Par la vertu du Quinquina,
Alleluya.
Nous le mitonons a present
Comme l’on fait un tendre enfant,
Qu’avec soin on eslevera,
Alleluya.
Il est guay quand il a teté, [3]
Il dort avec tranquilité,
Le gros paté [4] que ce sera,
Alleluia.
[1-2] La faculté de Medecine qui ne vouloit pas que le Duc de Chaunes prît du Quinquina.
[3] L’auteur qui dans le couplet precedent compare le Duc de Chaunes a un petit enfant, continue pendant toute cette plaisanterie quoiqu’asses fade.
[4] Le Duc de Chaunes etoit fort replet.
[278]
On le va mener à Paris, [5]
Où Maraine et Parain choisir, [6]
Je croy qu’on le baisera
Alleluia.
Ce ne seront plus que repas,
En jours maigres, comme en jours gras,
Honoré [7] se signalera,
Alleluia.
Mais si par hazar il pretend,
Faire quelque fois le mechant
Sa Nourrice [9] le fouttera,
Alleluia.
N’estes vous pas de cet avis,
Revenés, Marquise à Paris,
Pour Gouvernante, [10] on vous prendra,
Alleluia.
[5] Ce Duc êtoit sur le point de s’en retourner de Bretagne, où il êtoit à Paris.
[6] Autre plaisanterie sur la comparaison du Duc de Chaulnes a un petit enfant.
[7] C’estoit le M.e d’hostel du Duc de Chaulnes.
[8] C’est toujours le Duc de Chaulnes.
[9] Autre mauvaise plaisanterie sur le Duc de Chaune comparé a un petit enfant.
[10] Cequ”il ya de plaisant en cecy, n’est pas la chanson, mais c’est que
[279]
depuis qu’elle fut faite, le Duc et la Duchesse de Chaulnes apellerent toujours la Marquise de Sevigné la Gouvernante.
Astres et devins consultez,
L’on nous predit de tous côtez,
Qu’un jour cet enfant parviendra,
Alleluia.
Que change de biens et d’honneur,
Deux fois à Rome Ambassadeur,
Deux Papers il nommera; [11]
Alleluia.
Qu’il verra du Rhin les Cantons, [12]
Qu’il Gouvernera les Bretons, [13]
Que nôtre fortune il fera, [14]
Alleluia.
[11] Le Duc de Chaunes avoit êté 2 fois Ambassadeur à Rome et avoit fort contribute a l’exaltation des Papes Clement IX et Clement X.
[12] Ce Duc alla en 1673 à Cologne sur le Rhin en qualité de 1.er Plenipotentiaire de France pour y faire la paix entre la France et l’Angleterre unies ensemble et l’Empereur, l’Espagne et les Etats Generaux des Provinces unies; mais cette paix ne se fit pas, et les Plenipotentiaires revinrent sans la conclure, sur ceque l’Empereur contre le droit des gens a ce que la France pretendoit, fit arrester le Prince Guillaume de Furstemberg qui etoit dand les interrets du Roy.
[13] Le Duc de Chaulnes etoit alors Gouverneur de Bretagne.
[14] Il faisoit toujours faire quelque present par la Bretagne a Philippes Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson, a chaque tenue d’Etats. Cequi lui faisoit grand plaisir ses affaires etant en mechant êtat.
[280]
Quittés donc promptement vos bois, [15]
L’aimable autonne est aux abois,
La ville nous rassemblera.
Alleluia.
[15] La Marquise de Sevigné etoit alors a l’Abbaye de Livry près Paris chez…… de Coulanges son oncle maternel qui en etoit abbé.
[281]
Chanson
Sur l’Air de………………
Dans laquelle l’auteur introduit François Joseph Marquis de Crequy Colonel du Regim.t Royal d’Infanterie qui parle a d’Alonguy, femme de ……. Brichanteau Marquis de Nangis dont il etoit alors amoureux.
1683
Ce gros iyvrogne [1] à qui tu cherche a plaire,
Sent pour Poitiers, [2] et pour toy même ardeur,
Quand je l’aimois, Madame la premiere, [3]
Neut pas trouvé de place dans mon coeur.
[1] Henry-Louis de Crevant Marquis de Humières, Colonel d’un Regiment d’Infanterie qui aimoit alors la Marquise de Nangis.
[2] Marie-Joseph de Poitiers l’ainé des filles d’honneur de Charlotte, Elizabeth de Baviere Duchesse d’Orleans.
[3]………. Elizabeth Madelaine-Fare d’Aumont, femme de Jacques Marquis de Beringhen 1.er Escuier de la petite Ecurie du Roy, appellee Mr. le Premier.
[283]
Chanson
Sur l’Air de………………
Sur Philippes Chlr de Lorraine, a qui la D.lle Pezant Danseuse de l’Opera de Paris, fut infidelle.
1683
Fort peu d’argent que l’on tire avec peine, [1]
Un vieux visage, [2] une bouche sans dents, [3]
Un v…..mollet des Coüilles de Lorraine, [4]
N’ont pû tenir le coeur de la Pezant.
[1] Le Chlr de Lorraine avoit de fort gros reveus en Benefices et enpensions, et cependant il n’avoit jamais d’argent, tant il etoit grand dissipateur.
[2] Il commençoit a être vieux.
[3] Il n’avoit plus de dents.
[4] On pretend que tous les Lorrains ont la Couille……..
[285]
Parodie
D’un Air de la 11.e Scene du IV.e Acte de l’Opera
de Prosperine, lequel commence par ces mots:
Aimés qui vous aime.
Sur Charles-François-Frederic de Montmorency-Luxembourg Prince de Tingry, fils de Henry de Montmorency-Luxembourg, Duc de Pincy, Pair et Marêchal de France, lequel êtant au College êtoit amoureux de………. de Riants.
1683
Aimez qui vous aime
Belle de Riants,
Tingry ce jeune amant vous aime tendrement,
Il vous offre son coeur avec son livre a Thême,
Aimez qui vous aime,
Belle de Riants.
Cette Chanson n’a pas besoin de commentaire quand on a leu l’Argument.
[287]
Chanson
Sur l’Air: Reveillés vous belle endormie
A Marie-Anne Mazarini femme de Louis Christophe de Gigault Marquis de Bellefond, 1.er Escuier de Marie-Anne-Christone-Victoire de Baviere Dauphine de France, en survivance de Bernardin de Gigault Marquis de Bellefons, Maal de France, son pere, et Gouverneur du Château et Parc de Vincennes.
1683
Vous, soyez l’a bien revenüe, [1]
Marquise, vous et vos grands yeux, [2]
Cet enfant qui desja remüe, [3]
A t’il fait un voyage heureux,
Fille de la charmante hortense, [4]
Je m’en vais vous faire ma cour,
J’ay tant pleuré de votre absence,
Que je ris de vôtre retour.
[1] Elle revenoit d’un voyage.
[2] Elle avoit les plus beaux yeaux du monde.
[3] Elle etoit grosse.
[4] Elle etoit fille de Charles de la Porte-Mazarini, Duc de Mazarini, Pair de France etc. et de Hortense Mancini la plus belle femme de son tems.
[288]
Je ressens un plaisir extreme,
De revoir vos divins appas,
Belle, scachez que je vous aime;
Mais surtout, ne le dites pas.
Il faut redouter votre pere, [5]
Quoique nous ne le voyons plus, [6]
Crainte qu’il vint dans sa colere
Me briser comme Romulus. [7]
Ne montres point ces chansonetes,
Vous me feriez un mauvais tour;
Mais ne traitez point de sornetes,
Ma passion ny mon amour.
[5] Le Duc de Mazarini mentionné dans l’article precedent.
[6] Le Duc de Mazarini un des grands fols qui fut jamais, alloit toujours d’une de ses terres a l’autre, et n’etoit Presque plus à Paris.
[7] Pour l’intelligence de ce cy; Il faut scavoir que le Duc de Mazarini heritier par sa femme du nom, armes et biens excessifs de Jules Mazarini Cardinal etc. eut de cette succession les places belles statues du monde antiques et modernes. Il etoit né avec un esprit foibles que la devotion acheva d’alterer; Il eut serupule d’avoir che lui quelques unes de ces statues qui etoient nues, et ne pouvant s’en defaire parceque le Cardinal Mazaeerin les avoit substituées, il resolut de les mutiler et d’en oster luy même les parties honteuses, cequ’il executa sur plusieurs , et entr’autres, sur une statue de Romulus d’une grande beauté. L’auteur fait icy semblant de craindre que si le Duc de Mazarin venoit a scavoir qu’il aimât la Mqse de Bellefonds sa fille, il ne le traitât comme il avoit fait cette statue de Romulus.
[289]
Parodie
De la 1.re Scene de 2.d Acte de L’opera d’Amadis.
Amour que veux tu de moy.
1683
M.r de Louvois.
Dieu Mars que veux tu de moy,
Mon coeur n’est pas fait pour toy,
Non, je ne pretends point une gloire immortelle,
Je n’eus jamais pour toy de veritable zele;
Je haïssois Colbert, je voulois son employ;
Dieu Mars que veux tu de moy,
J’entens Mansard qui m’appelle
Il faut ramener le Roy,
C’est mon fait que la truelle.
[291]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
A Marie-Anne Mazarini femme de Louis-Cristophe de Gigault Marquis de Bellefons Colonel d’un Regiment d’Infanterie Gouverneur de Vincennes 1.Escuier de Marie-Anne-Christine-Victoire de Baviere Dauphine de France.
1683
Nota Que cette Chanson est une suitte de la precedente.
Vous avez fait acte inhumain,
Ou me le vient d’aprendre,
Vous avez mis à Saint Germain, [1]
Toute le Cour en Cendre,
Aussi pourquoi de vos grands yeux, [2]
Vous laisser la Maitresse,
Vôtre pere [3] eut fait beaucoup mieux,
De vous rendre borgnesse. [4]
[1] St. Germain en Laye où etoit alors la Cour.
[2] La Marquise de Bellefonds avoit les plus beaux yeux du monde.
[3] Charles de Porte Mazarini Duc de Mazarini Pair de France.
[4] Lisez dans l’Article 7. De la chanson precedente et le commentaire ceque le Duc de Mazarin fit a des statues
[292]
Hier pour vous voir un certain chat, [5]
Sortit de sa goutiere;
Mais helas il ne prit qu’un Rat;
Sa douleur fut entiere,
Saint Geran [6] pour le consoler,
Employa son adresse,
Mais il ne fit que miauler
D’amour et de tendresse.
[5] Par ce mot de chat, l’auteur veut parler de luy mêmes.
[6] Madelene de Wargnés de Monferville, femme de Bernard de la Guiche Comte de St. Geran etc.
[293]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur les mariages de François-Joseph, Marquis de Crequy; avec Anne Charlotte d’Aumont; et de……..de Saulx Mqs de Tavannes, avec…….. d’Aguesseau, l’un et l’autre celebre le 4. Fevrier 1683.
1683
Quand je vois entrer tous les miens, [1]
Dans un haut parentage,
Privé des plus solides biens, [2]
Ce faux bien me soulage;
Je me suis tiré Dieu mercy,
De ces gens a soutane, [3]
Si ma femme me dit Crequy, [4]
Je lui reponds, Tavannes. [5]
[1] C’est a dire mes parens.
[2] L’auteur de cette chanson est Philippe-Emanuel de Coulanges qui êtoit ruiné.
[3] Il avoit êté M.es de Requestes, et avoit êté oblige de vendre sa charge pour payer ses dettes, son pere etoit M.es de Comptes a Paris, et tous ses parents etoient de Robe aussi bien que ceux de Marie Angelique du Gué sa femme; et sont les gens de Robe qu’il apelle fens a soutane.
[4] C’est que la nouvelle Marquise de Crequy etoit niece a la mode de Vretagne de Mad.e de Coulanges.
[5] C’est que la nouvelle Marquise de Tavannes etoit aussi niece a la mode de Bretagne de l’auteur.
[295]
Chanson
Sur l’Air: Croyés moy hastons nous ma Silvie
Faite par Philippes-Emanuel de Coulanges etc. sur les
Alliances qu’il avoit avec de bonnes Maisons.
1683
Je fais cas de Genealogie,
Et j’adore les vieilles Maisons,
Je les chante et je les publie,
M’en dût on accuser de folie,
Et d’etre un peut sujet aux visions,
Adheymar de Monteil-de Grignan; [1]
Ces trois noms entestez sur Castelane. [2]
[1] François Adhemar de Monteil, Comte de Grignan, Lieut.t general en Provence, avoit epousé Françoise de Sevigné niece a la mode de Bretagne de Coulanges.
[2] La Maison de Adhemar de Monteil en Dauphiné qui est cequ’on appellee l’ancienne Maison de Grignan, parcequ’elle possedoit cette terre, finit l’an 1557 par la mort sans enfans masles de Louis Adhemar de Monteil, et d’Anne de St. Chamond sa femme. Blanche Adhemar sa soeur ainée et son heritiere, espse Gaspard de Castelane don't la posterité porta le nom et les armes de Adhemar de Monteil reservant seulement un quartier des Armes de Castelane sa veriables Maison. C’est cette posterité de Gaspard de Castelane et de Blanche Adhemar de Monteil qui forme la nouvelle Maison de Grignan, dont François mentionné dans l’article precedent est le chef et l’aiîné. Voila ceque l’auteur appellee Adhemar de Monteil de Grignan entré sur Castellanc.
[296]
Font une Maison du premier rang,
Rabutin [3] marche avec Tavanne, [4]
Sevigné [5] marche avec Guerbriant. [6]
[3] Françoise de Sevigné comtesse de Grignan, mentionnée dans l’Article 1.er de cec commentaire etoit fill de Françoise de Rabutin et celle-cy fille de…… de Coulanges, femes de…..Rabutin S.r de Chantal. Voila ceaui fait la parenté de l’autheur avec Grignan, Sevigné, et Rabutin.
[4]…….. de Saulx Marquis de Tavannes avoit epousé….. d’Aguesseau niece a la mode de Bretagne de l’auteur.
[5] Lisés l’article 3 de ce commentaire, et vous verrez comment l’auteur est proche parent de la Maison de Sevigné.
[6] La Maison de Sevigné vient de celle de Guebriant.
[297]
Chanson
Sur l’Air……
Sur Antoine-Gaston de Roquelaure fait Duc a Brevet, par le Roy Louis XIV au mois de May 1683.
1683
Le Roy venant de faire
Duc a Brevet Biran, [1]
L’on dit que l’on espere
Qui’il pourra bien encore le faire pere, [2]
Avant la fin de l’an
[1] Le Duc de Roquelaure se nommoit le Marquis de Biran avant le mort de Gaston-Jean Baptiste Duc de Roquelaure son pere arrivée au mois de Mars de la même année 1683.
[2] Le Duc de Roquelaure fut fait Duc a condition d’epouser Marie Louise de Laval-Montmorency fille d’honneur de Marie-Anne-Christine-Victoire de Baviere Dauphine de France, cequ’il fit le 20 May 1684, la medisance vouloit que le Roy eut eu commerce avec elle, et qu’elle en fut grosse; mais cela se trouva faux, car elle accoucha d’une fille 13 mois après son mariage, et elle a toujours fait paroistre beaucoup de vertu.
[299]
Chanson
Sur l’air: Vive le Roy et Bechameil
Sur Roger de Rabutin Marquis de Bussy, qui contestoit au Parlement de Paris le mariage de Louse de Rabutin sa fille, veuve de Gilbert de Laugeac S.r de Cologny, avec ……… de la Riviere, et qui perdit son process l’an 1684 par Arrest.
1683
Amis, scavez vous l’affaire,
De Rabutin,
Contre le Sieur de la Riviere,
Qui pour certain
De sa fille est le vray mary,
Et Rabutin le favory, le favory.*
* On disoit que le Marquis de Bussy Rabutin etoit amoreux de Louise de Rabutin sa fille, et que c’etoit par cette raison qu’il vouloit faire rompre ce mariage.
[301]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur le camp d’Infanterie, que le Roy fit faire l’Esté de l’année 1683, en Allemagne sur la Riviere de la Saare près Bokemhom commandé par Francois de Neusville Duc de Villeroy, Pair de France etc, et Lieutenant general de sa Majesté.
1683
Nota Que le Roy, la Reyne et toute la Cour aller visiter ce camp, et y arriverent le 30 Juin de la même année, après avoit passé par la Bourgogne où il y avoit aussi un Camp de Cavalerie sue la saone près Bellegarde sous les Ordres de Philippes le Hardy Marquis de la Trousse Lieutenant gnal des Armées de sa M.té que le Roy visita, puis vint en Franchecomté, et de là en Alsace puis a en Bokemhom.
Cesar après tous ses combats,
Fatigué de la Guerre,
Fit occuper tous ses soldats,
A remuer la terre,
Pour imiter ce Conquerant,
Qui vainquit le Barbare;
Nous avons vaincu l’Allemand, [1]
Nous allons sur la Saare.
[1] On a pû voir dans les pieces precedents depuis l’an 1673, jusqu’en 1679.
[301]
les avantages que le Roy Louis XIV, avoit remportez par ses generaux en Allemagne quant au surplus de la Chanson voyés dans les commentaires de Cesar, comme quoi il occupoit ses soldats a travailler a la terre.
[303]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur le camp d’Infanterie, que le Roy fit faire l’Esté de l’année 1683, en Allemagne sur la Riviere de la Saare près Bokemhom commandé par Francois de Neusville Duc de Villeroy, Pair de France etc, et Lieutenant general de sa Majesté.
1683
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
A François de Neufville Duc de Villeroy Pair de France, Gouverneur de Lion, Lionnois, Forez et Beaujollois, Lieutenant general des Armées du Roy, et commandant le corps d’Infanterie qui campoit sur la Saare près Bokemhom l’an 1683.
1683
Tu veux remettre en bon état
Tous les Prez de la Saare; [1]
Est-ce a l’esgard du Potentas, [2]
Que tes soins sont si rares?
Helas! pourqouy s’en fasche t’on?
C’est que Festes & Dimanches,
Tu fais pour avoit un Baston, [3]
Arracher tant de Branches. [4]
[1] Le Duc de Villeroy veilloit a ceque les Prez de la Riviere de Saare du long delaquelle etoit le camp qu’il commondoit, souffrissent le moins que faire se pourroit de ce campement, et pour cela il contenoit les troupes dans une exacte discipline cequi ne leur plaisoit pas.
[2] L’auteur temoigne être en doute si le Duc de Villeroy conservoit ces Prez pour le bien des Proprietaires, ou bien pour faire sa Cour au Roy, et passer dans son esprit pour un homme exact et Vigilant.
[3-4] Le Duc de Villeroy occupoit Festes et Dimanches les troupes a divers
[304]
Ouvrages, et faisoit souvent arracher des Branches pour mettre a la teste du Camp, et les aligner les unes sur les autres enforme d’allées, cequi faisoit le plus bel effet du monde d’ailleurs ces sortes de propretez plaisoient infiniment au Roy Louis XIV. L’auteur qui est sans doute un des Officiers de ce camp veut que le Duc de Villeroy n’au toute cette aplication que pour avoit un jour le Baron de Mareschal de France qu’il etoit alors en passe d’obtenir.
[305]
Chanson
Sur l’air: lere la lere lanlere.
A Charles d’Albert dit d’Ailly Duc de Chaulnes Pair de France, Chlr des Ordres du Roy, Gouverneur general de Bretagne sur les Etats de cette Province, convoquez a Vitré pour l’année 1683:
1683
Les Estats sont donc à vitré,
Et notre President mitré [1]
Sera Rennes [2] que je revere
Lere la, lere lan lere, lere la lerelanla.
Mandez moy sans faire la fin
Ne sera-ce pas Caumartin, [3]
Qui sera nôtre Commissaire, [4]
Lere la etc.
[1] C’est a dire l’Evesque qui preside aux Estats et qui est toujours le Diocezain, et en cas d’absence le plus ancient des 9 Evesques de Bretagne.
[2] Jean Baptiste de Beaumanoir Evesque de Rennes dans le Dioceze duquel est Vitré.
[3] Louis-Franois le Febvre de Caumartin, conseiller d’Etat ordinaire.
[4] Commissaire du Conseil du Roy pir la tenuë de ces Etats.
[306]
Et n’aurez vous pas ce Chateau [5]
Commode, magnifique et beau,
Si propre a tenir cour pleniere; [6]
Lere la etc.
Je m’en vais escrire a Bonnart [7]
Pour me loger en quelque part.
Un lit me sera necessaire;
Lere la etc.
Mais je crois qu’il ne le faut pas,
Ne serai-je pas aux Estats,
Comme à Chaulnes vôtre Confrere; [8]
Lere la etc.
Ainsi je compte asseurement,
Sur quelque honneste appartement,
Il faut bien qu’on me considere.
Lere la etc.
[5] C’est a dire votre logement dans le chateau de Vitré.
[6] Le Chatreau de Vitré est fort grand, fort beau et fort commode.
[7] Le Mareschal des Logis des Etats.
[8] Philippes Emanuel de Coulanges auteur de cette chanson etoit fort bien avec le Duc de Chaunes et vivoit fort familierement avec lui; quand il alloit a Chaunes en Picardie avec ce Duc celui cy lui disoit toujours qu’il etoit le petit Duc de Chaunes, comme luy et l’appelloit son confrere. Coulanges qui scavoit que la familiarité
[307]
ne devoir pas être si grande en Bretagne, ou le Duc de Chaunes cepresentoit le Roy, lui demande par plaisanterie s’il sera encore son Confrere aux Etats où il se preparoit pour aller joindre ce Duc.
Messieurs les Lieutenans de Roy, [9]
Perdent leur procés avec moy,
Le pas je ne donneray gueres; [10]
Lere la etc.
N’avez vous point de differend,
Je vous cede le 1.er rand,
Tout ainsi qu’un cadet doit faire; [11]
Lere la etc.
Mais je veux avoir les honneurs,
Qu’on doit aux Demi-Gouverneurs,
Le profit, c’est une autre affaire.
Lere la etc.
[9] Les Lieutenans de Roy en Bretagne qui etoient les Marquis de la Coste et de Coetlogou venoient de gagner au Conseil du Roy, le process qu’ils avoient avec le Parlement de Bretagne, et il avoit eté dit que le 1.er President, et par consequent les Presidents a Mortier leur cederoient le pas en lieu tiers, chacun en particulier lorsqu’ils commanderoient en l’absence de Gouverneur de la Province et des Lieutenans gnaux cequi avoit fait grand bruit en ce pais là, et bien mortifié le Parlement.
[10] Ce cy est une plaisanterie au sujet de ce procés.
[11] Lisez pour l’intelligence de ce cy l’article 8 de ce commentaire. Coulanges appellee le petit Duc de Chaunes dit qu’il ne cedera le pas au Duc de Chaunes que comme a son aisné.
[308]
Nous les reglerons entre nous,
Je seray raisonnable et doux,
Et tres facile a satisfaire.
Lere la etc.
[309]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur la Généalogie de la Maison de Beaumanoir qui est dans le Châteay de Malicorne dans le pais du Maine et qui appartient a Henry-Charles de Beaumanoir Marquis de Lavardin chef de cette Maison et Lieutenant general pour le Roy en Bretagne.
1683
Nota Que l’Auteur fit cette Chanson a Malicorne en regardant cette Genealogie et allant aux Estats de Bretagne qui s’assembloient a vitré.
Depuis Hervé de Beaumanoir [1]
Jusques a Henry-Charles,
Chaque Ecusson fait son devoir, [2]
Son antiquité parle,
Si ce Charles tient du destin,
Tant d’ancestres de marque;
[1] Hervé de Beaumanoir est selon quelques Genealogistes la souche de la Maison de Beaumanoir; mais les bons historiens ne parlent nullepart de cet hervé marquee dans la Genealogie de cette Maison qui est a Malicorne, cela n’empesche pas que cette Maison originaire de Bretagne où elle tenoit un rang considerable et etablie dans le Maine avant l’an 1400 ne soit une des plus illustres des plus anciennes et des plus distinguées du Royaume.
[2] C’est que dans cette Genealogie qui est a Malicorne tous les
[310]
Ecussons des femmes qui sont entrées dans la Maison de Beaumanoir depuis cet hervé jusques au Marquis de Lavardin y sont marquéz et peints de leurs Armes.
La bonne maman de Rostaing, [3]
A bien conduit la barque. [4]
[3] Marguerite-Renée de Rostaing veuve de Henry de Beaumanoir Marquis de Lavardin et mere de Henry Charles lors Mqs de Lavardin et Lieutenant gnal en Bretagne.
[4] Cette Marquise Douairiere de Lavardin a êté une des plus habiles femmes au monde , elle vivoit encore en ce temps là, et c’est elle qui outré les grands biens qu’elle a apportez en cette maison en a retably les affaires qui en etoient delabrées par son application et son scavoir faire.
[311]
Chanson
Sur l’Air de la Rochelle.
Sur……de Murinet, femme de………. de la Bedoyere Procureur gnal au Parlement de Bretagne, laquelle accouchoit souvent.
1683
L’on a raison en verité,
D’honorer la fecondité,
Car quand la fecondité donne,
L’on trouve qu’en moins de deux ans,
Une tres petite personne, [1]
A deja deux petits Enfans.
Ce prodige est en ce pais, [2]
Et je n’en suis pas peu surprise,
La belle n’en est point faschée,
Ses Entrailles font leur devoir,
Pour leur mary pour sa niche,
Depuis le matin jusqu’au soir.
Elle n’en a pas moins d’attraits,
[1] On l’appelloit vulgairement, la petite perfoune, pendant qu’elle êtoit fille.
[2] En Bretagne où etoit l’auteur.
[312]
Et son tein n’en est pas moins frais;
Mais les Dieux la firent trop sage,
Ah que la sagesse a d’Ennuis,
Divine Comtesse [3] je gage,
Que vous êtes de cet avis.
[3] Gillonne de Harcourt veuve de Charles-Leon Comte des Fiesque, a laquelle cette Chanson cy est adressée.
[313]
Chanson
Sur l’Air: Il etoit un petit bon homme
Sur la naissance de Armande-Jeanne de Rohan, fille de Armand-Jean de Rohan, Prince de Montauban et de Charloue de Bautru sa femme l’an 1683.
1683
La Princesse de mes fesses, [1]
A fait un petit enfant,
Au retour de son Altesse, [2]
Ils seront tous bien contens,
Et bran bran, bran de la Princesse,
Et de son petit enfant.
Boucher [3] voyant son Altesse,
Accoucher si promptement,
S’ecria que votre Altesse
Les met au monde aisement.
Et bran etc.
[1] On ne peut gueres traiter plus impudemment une femme de ce rang, mais en verité il n’y en a jamais eu aussi une plus indigne.
[2] Au retour du Prince de Montauban qui etoit alors a l’armée assemblée en Flandres et campée a Lessines sous les Ordres de Louis de Crevant de Humieres Marechal de France, Gouverneur general de Flandres etc. don’t s’ensuivit le siege de Courtray par ce Maal pris le 7 Novembre et ensuitte la prise de Dioemude par le meme sans resistance, le 10 du meme mois.
[3] Fameux chirigien de Paris pour accoucher les femmes.
[314]
Si la petite Princesse, [4]
Tient du Papa Montauban,
N’en deplaise a son Altesse,
Ce sera un sot enfant.
Et bran etc.
Si la petite Princesse
F……. autant que sa Maman,
Ma foy, sa petite Altesse
N’employera pas mal son temps.
Et bran etc.
Si la petite Princesse,
A le C…… de sa Maman,
N’en deplaise a son Altesse,
Elle aura le C…. bien grand
Et bran etc.
[4] Armande Jeanne de Rohan qui venoit de naitre.
[315]
Chanson
Sur l’Air de Joconde.
Sur Henry de Seneterre Duc de la Ferté Pair de France, Gouverneur de la ville, Citadelle et Evesché de Metz, pais Messin etc. qui etoit l’auteur de la Chanson Precedente.
1683
La Montauban [1] d’un air tres doux,
Dit au beau Senecterre, [2]
Monsieur, pourquoy me chantez vous, [3]
Devant toute la terre;
Quittez, quittez ces airs malins,
Il est de la prudence
Que les Cocus, [4] et les putains, [5]
Vivent d’intelligence.
[1-2] L’auteur fait icy parler……..de Bautru Princesse de Montauban au Duc de la Ferté au sujet de la Chanson precedente qu’il avoit faite sur elle.
[3] C’est a dire pourquoy avec vous fait sur moy la Chanson precedente.
[4-5] Ce cy est assez plaisant, le Duc de la Ferté etoit bien certainement Cocu et la Princesse de Montauban bien certainement putain, et l’auteur fait dire assés plaisamment a cette Princesses qu’il est de la Prudence aux cocus et aux Putains d’etre d’intelligence, parcequ s’ils s’attaquoient l’un l’autre, et
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qu’ils vinssent a s’aigrir ils augmenteroient par leurs discours et leurs chansons leur turpitude aulieu de la cacher, cela ne laisse pas d’etre sensé.
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Chanson
Sur l’Air: Il etoit un petit bon homme.
Sur Galliotte de Gourdon de Genouillac femme de……. Le Sec Comte de Montaut
1683
Venez tous voir la Comtesse,
Qui prend d’un ton si haut, [1]
Elle fait de la Duchesse,
Son mary n’est qu’un Courtaut, [2]
Et bran, bran, bran de la Comtesse,
Et du Comte de Montaut.
Boucher [3] verra la Comtesse
Accoucher sans dire mot, [4]
[1] La Comtesse de Montaut etoit fort glorieuse nonobstant sa mésalliance, car son mary qui etoit Con.er au Parlement de Paris êtoit fils d’un Marchand. Il vendit sa charge et prit l’Espée et le titre de Comte de Montaut en l’epousant, ce cy est desja raporté dans un chanson de 1680.
[2] Courtaut de Boutique, parcequ’il etoit fils d’un Marchand.
[3] Chirugien de Paris habile pour accoucher les femmes.
[4] Parcque selon l’auteur elle avoit le C…… grand.
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Il dira comme a l’Altesse. [5]
Par honneur, criez bien haut,
Et bran, bran, bran de la Comtesse,
Et du Comte de Montaut.
[5] Voyés pour l’intellifence de cecy la Chanson penultieme sur le meme air, et sur…….. de Bautru Princesse de Montauban au sujet de sa couche; c’est la Princesse de Montauban qui est cette altesse.
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Chanson
Sur l’Air des Bergers de Maintenon.
Faite à la naissance de Philippe de France Duc d’Anjou 2.d fils de Louis Dauphin de France, et de Marie-Anne-Christine-Victoire de Baviere sa femme né a Versailles le 19 Decembre 1683.
1683
Beau Duc d’Anjou, fils d’un illustre pere,
De tous les voeux que pour toy l’on peut daire,
Je n’en fais qu’un; Ressemble a ton grand
pere.*
* Le Roy Louis XIV glorieusement regnant.
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Chanson
Sur l’Air de Mais.
Sur Louis de Crevant de Humieres Maal de France, Gouverneur gnal de Flandres etc. lequel commandant un corps de Troupes sur la fin de l’année 1683 s’avança jusques sur le bord du Canal de Bruges à Gand, et s’en êtant rendu le maître malgré quelques postes que les Ennemis tenoient de l’autre costé, pour le deffendre, envoya des detachhemens, qui brûlerent tout le pais du vieuxbourg de Gand du pais de Waës, et du Franc de Bruges qui ne vouloit pas contribuer. Cet incendie fut horrible par le nombre et la beauté des Bourgs et des Villages qui furent reduits en Cendres, cependant les contributions ne laisserent pas d’etre payées l’an 1684, et de se monter a 7 millions.
1683
Sous l’Entendart du Maal d’Humieres,
On a brûlé quantité de Chaumieres;
Mais,
Sous cette noble Banniere
Je ne m’enrolle jamais.*
*C’est que le Mareschal D’Humieres etoit un tres mauvais general.
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Chanson
Sur l’Air: Retournez au marais.
Sur deux parentes de Mad.e de Ris qui logeoient au Marais, ayant 1 procès a Rouen, le firent solliciter par Mad.e de Bernieres soeur du 1.er President de Ris, Mad.e de la Ferté faschée de cequ’on ne l’avoit pas employee pour solliciter aussi; fit a Paris avec l’Abbé cette chanson sur la perte du procès.
1683
Pour vos amis Berniere
Votre credit est court,
Ils perdent leurs affaires
Dans votre propre Cour;
Vos brusques gentillesses,
N’ont point assez d’adresses
Pour Messieurs du Palais,
Car leur maudit Arrest
Les renvoye au Marais,
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Pour eux avec grand joye
Vous employez vos pas,
Cependant leur monnoye
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Ne s’en augmente pas,
Vos brusques gentillesses etc.
Pour plaire à la jeunesse
Vos complimens sont bons,
Mais faut de la sagesse,
Pour plaire aux vieux barbons,
Vos brusques etc.
Cette chanson fut envoyée par l’Abbé de la Ferté a Mad.e de Brecy sa soeur, qui se trouvant a diner avec plusieurs des Juges leur chanta cette Chanson comme la faisant sur le champ.
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