Recueil
de
Chansons,
Vaudevilles, Sonnets,
Epigrammes, Epitaphes
Et autres vers
Satiriques & Historiques
avec des Remarques curieuses
Années 1643 à 1649.
Vol XXII
.
Chanson 1643 [1]
Sur l’Air de Fontarabie.
Madame d'Eguillon,
L'original des Saintes,
Va faire un bataillon
De pucelles enceintes;
Mais las! quand il faudra combattre,
Chacun f......e'
Mais las! quand il faudra combratte,
Chacun f........
Dame de Carignan
A troussé son bagage;
Pour n'avoir point mangé
Avec le Roy, potage.
Helas! n'est elle pas bien a plaindre?
Dans ce repas.
Helas! n'est elle pas bien aplaindre?
La femme à Thomas.
Dame de Saint Martin
Est partie paravance,
Avec tout le train
En grande diligence;
Helas! quand il fallut partir [2]
Elle en pleura;
Helas! elle est aplaindre
La femme à Thomas.
Chanson 1643 [3]
Sur l’Air de zeste.
Sur M.r le Duc de Beaufort* accuzé * Bourbon
d'avoir voulu faire tuer le cardinal Mazarin, fut arresté le 2
Septembre 1643 se sauva le 31 May 1648 avec
une corde qui lui fut portée dans un pasté.
Beaufort est dans le Donjon,
Du Bois de Vincennes
Pour suporter sa prison
Avec moins de peine,
Il aura la Montbazon.
Zeste(bis) trois fois la semaine.
Le Cardinal Mazarin
Homme de prudence,
A promis de mettre fin
Aux maux de la France,
C'est un homme de respect,
Zeste (bis) de conscience.
Chanson 1643 [5]
Sur l’Air......
Quant ces Reines sont Régentes,
Il leur faut un Cardinal;
Je ne scai si elles en sont contentes;
Mais il nous font bien du mal.
Autre 1643 [6]
Sur l’Air......
Chanson d'un grivois au Camp de Tortone.
M.r le Duc de Longuevillle fut......
devant Tortone, et la força enfin de se
rendrre, quoiqu'il y fut entré un renfort de
300 officiers reformez.
Tortone rendez vous,
Ou nous allons nous rendre;
Prenez pitié de nous,
Et nous vous promettons de ne revenir jamais
Dedans le Milanais;
Sans pain, sain vin, sans poudre, sans meches,
et sans boulets.
Chanson 1643 [7]
Sur l’Air de Mais.
Un mort causoit nôtre réjouissance, Louis XIII.
Des genes de bien vivoient en espérance;
Mais,
Je crains que dans la Regence,
On ne soit pis que jamais.
ou
Chacun êtpit en grande réjouissance,
Quant on vit mort un Chétif..... de France;
Mais
Je crois que sous la Regence
Tout ira pis que jamais.
On va disant que la Reyne est si bonne,
Qu'elle ne veut faire mal à personne.
Mais,
Si un Etranger ordonne, * le Cardinal Mazarin
Ce sera pis que jamais.
par Blot.
Songez y bien grande Reine de France,
Chacun vous veut porter obéissance;
Mais,
S'il y a de l'Eminence
Ce sera pis que jamais.
Rondeau 1643 [8]
Sur la retraite de François Sublet Sgr des
Noyers Sécretaire d'Estat; à Dangu le 10
Avril 1643.
Il a vuidé l'homme qu petit collet
Et du trio le malheureux subltet,
Est dépouillé ma foy de haute lute;
Et point ne l'a sauvé son chapellet.
Il est marry, quelque mine qu'il ait
Le Mazarin est un hardy poulet,
Le point d'honneur, qu'ils avoient en dispute.
Il a vuidé.
Que sa caballe en eut un grand soufflet,
Le mieux ancré ne tient que d'un fillet.
On s'attend bien à quelqu'autre culbute,
On pourroit dire, il êtoit trop replet.
Chanson 1643 [9]
Sur l'air: de Mais
Chanere est venu au C.... de Barbeziere,
Il a passé du devant au derriere;
Mais,
Pour si peu de chemin faire,
Il ne faut point de relais.
La Dartigny a pris dine verolle,
Chez d'Origny sa maîtresse d'Ecolle.
Mais,
Si Elle a la fesse molle,
Son C.... est comme un Marais.
Rondeau 1643 [10]
Sur le même sujet que le précédent.
Tenez vous bien loin de la cour,
Et choisissez vôtre séjour;
A Dangu où bien à Pontoise,
Si mieux vous n'aimez de la toise
Travailller à la basse cour.
C'est un voyage sans retour;
C'est pourquoi de force ou d'amour,
Ou que soyés sans qu'il avois poise.
Tenez vous bien.
Plusieurs ont festoyé rejour;
Mais tel rit qui aura son tour.
Le Prince à l'Ame bien matoise,
Et vous qui esmeutes la noise,
Et lui jouates ce bon tour.
Chanson 1643 [11]
Sur l'air....
C'est la A.re que fit Blot, au Colege.
Quoique je ne sois pas porté
A parler bien dignement du mistere de la Trinité.
Si faut il louer Jesus Christ, l'acte divin,
Qui changea l'Eau en vin.
Chanson 1643 [13 ]
Sur l'air: Gaigne petit.
Je veux que Dieu me damne
Si vous ne faites desloger
Bonne vieille Dame Anne *d'Autriche
Vôtre Estranger, * le Cardinal Mazarin
Les Barricades,
Et les Frondades,
Le feront bientost desloger ) Vous feront tous 2 enrager.
Quant à Monsieur le Comte,* *Louis de Bourbon Comte de Soissons
Il n'a ny vice, ny vertu;
Mais je fais bien moins de compte
Que d'un festu
Du branle pique
De frere unique
Et de l'autre bec f................
*alias Du frere unique Gaston frere de Louis XIII.
Du branle pique Henry de Bourbon Prince de Condé.
Et de nôtre Begue f.... Louis XIII. beguaioit.
Autre 1643 [14]
Sur le même Air.
Sire si vôtre Frere *Gaston d'Orleans.
Prend pour femme la Combalet,
Prenez un Monastere
C'est vôtre fait,
Ce mariage
Donne avantage.
A ce Cardinal qui le fait. * Mazarin
Monsieur dit qu'il enrage.
Son conseil lui a dit pourtant,
Faites le mariage.
Que l'on prétend,
Qui est a prendre,
Est bon a rendre.
Il faut s'accommoder au tems.
Chanson 1643 [15]
Sur l'air Gaigne petit.
Dis nous donc Fontrailles,
As tu jamais veu Marmouses?
Ny visage qui vaille.
La Fieubet;
Pilou lui cede;
Car Elle possede
Tout ceque le Diable a de lait.
Chanson 1644 [17]
Sur l'air de Graveline.
Sur Graveline assiegé le......... 1664
par Gaston -Jean Baptiste de France,
Duc d'Orleans frere du Roy Louis XIII.
et prise le............... * par Patrix.
A vous parler de Graveline,
En confidence (conscience), et vérité;
J'estime autant sa bonne mine,
Que je crains sa sévérité;
Et crois que cette demoiselle
En fera bien mourir pour elle;
Lorsque on regarde son visage
Pour en remarquer la beauté;
Ce n'est qu'yre, ce n'est que rage;
Elle est en de de tout côté;
Enfin jamais nulle autre prude
N'eût la négative plus rude.
Gaston dans l'amour qu'il lui porte,
Ne met plus ailleurs son désir.
Il n'en bouge et couche à sa porte.
C'est tout son soin, et son plaisir;
[18]
Il n'est jour ny nuit qu'il ne donne,
Quelque aubade à cette Mignone.
Qu'elle fasse un peu la cruelle,
Le premier et le second jour;
Ce n'est pas chose fort nouvelle,
A qui scait ceque c'est que d'amour.
La pluspart de celles qu'on aime,
N'en font-elle pas tout de même?
Ce que j'y trouve a redire,
C'est son peu de fidelité/civilité,
De se facher quand il l'admire;
Sans respecter sa qualité;
Comme une autre elle le repousse,
Et n'en a pas la voix plus douce.
Mais plus elle fait la chagrine,
Plus on rit de l'ouir tonner;
Elle a beau faire la mutine,
Tout cela n'est que façonner,
Et crois que cette Damoiselle/ Je suis trompé si la rebelle
Sera prise en dépit d'Elle./ N'est mise à bas en dépit d'elle.
Autre 1644 [19]
Sur le mesme Air,
Et le même sujet que la précédente.
Enfin Madame Graveline
Vous parlerez à cette fois;
Il ne faut plus faire la fine,
On vous tient reduite aux abois.
Allons, allons il se faut rendre,
Vous ne pouvez plus vois deffendre.
Vous serez la belle conqueste
De nôtre genereux Gaston.
Tenez sa chambre toute preste;
Car c'est vendredy, ce dit on
Que ce grand Prince vous doit prendre;
Vous ne pouvez plus vous deffendre.
Si vous avez quelqu' esperance
Au Seigneur Picolomini,
Ranguainez vôtre confiance
Puisqu'il n'est pas fort a demi.
Pour vous empescher de vous prendre,
Allons allons il se faut rendre.
[20]
Aussitôt que vous serés prise
Vous cherirez vôtre vainqueur,
Et dans une libre franchise
Vous lui donnerez votre coeur;
Demeurant ravie de vous rendre
Au grand Gaston qui vous peut prendre.
N'attendez donc point d'avantage
A gouter ces contentemens.
Hâtez vous si vous êtes sage;
Et sachés ménager le tems
Pour avoir grace de vous rendre
Au grand Gaston qui vous veut prendre.
Sitôt que nôtre bonne Reyne *Anne d'Autriche.
Scaura vôtre consentement,
Elle prendra bien cette peine,
De vous en faire compliment.
Dépêchez vous donc de vous rendre
Au grand Gaston qui vous veut prendre.
Epitaphe 1644 [21]
du Mareschal de St. Luc (Espinay) et de sa femme*; Elle morte en 1609, et lui le 12 7.bre 1644. *Bassompierre.
Sous ce marbre la mort rangea
Deux corps qui mangerent Brouage;
Ils eussent mangé d'avantage;
Mais la vérolle les mangea.
Chanson 1644 [23]
Sur l'air: Marais vray quartier de la réjouïssance.
Amy, quoi! les C.... te plaisent ils encore?
Pour moi je les abhore,
Et je fais veu desormais
De n'en f........ jamais.
Je fais profession
De cette belle et noble passion
Des gens de condition.
Il n'est point d'honneste homme
Qui n'ait Palais dans sodome.
Le bon sens
Luy rend malgré le ciel des habitans
Que j'envie l'illustre mort!
Et l'heureux sort!
De ce boug.... invaincu *Le Pape Urbain VIII Barberini
Ce sacré Pontif de Rome,
Qui mourut le v....... dans le cu.
Chanson 1644 [25]
Sur l'air de Mais.
Sur le M.al de la Meilleraye (la Porte) qu'on disoit petit fils d'un Not.re.
Il a conquis dessus nos adversaires,
Arras, hesdin, la forte ville d'Aire;
Mais
Il n'en est pas moins Notaire,
Cocu, jaloux et punaire.
Chanson 1644 [27]
Sur l'air: Laire la laire lanlaire.
Sur la Prise de Lerida.
L'Espagnol n'eusse pas crû
Que d'Anguien eut eu un cu;
S'il n'eut tourné le derrierre.
Laire la, laire lanlaire,
Laire la, lairelanla.
S'il eut attendu deux jours,
Il auroit eu du secours,
Conduit par la Basiniere * homme d'affaire fort riche
Laire la etc.
S'il eut mené ses Commis,
Sa femme et tous ses amis,
Et ses deuc soeurs et Barbeziere.
Laire la etc.
Quand la Moussaye arriva
Le Cardinal lui demanda * Mazarin
Le Prince est il dans biere?
Laire la etc.
La Moussaye a répondu
Bien attaqué, bien deffendu.
[28]
Il a manqué de matière.
Laire la, laire lanlaire
Laire la, laire lan la.
Chanson 1645 [29]
Sur l'air des Poupons
M.r le Prince de Condé, à Madame de Longueville.
Un Prince à sa beauté nouvelle
Se promenant dedans le cours;
Ses yeux parlent d'amour;
Elle n'est point cruelle.
Ils feront des Poupons;
Non pas comme les autres.
Ils feront des Poupons
Tous du sang de Bourbon.
Autre 1645 [30]
Sur l'air.....
La mode changea, et au lieu que l'on n'alloit
chez les Baigneurs que pour le ver et dégraisser
la teste, on n'y alloit plus que pour s'enfariner.
Enfarinez bien vôtre teste,
Et les colets de vos manteaux,
Vous en serez beaucoup plus beaux,
Et ferez bizn plus de conqueste;
Car si vous n'êtes enfarinez
Adieu l'amour de la coquette;
Car si vous n'êtes enfarinez
Vous n'aurez rien qu'un pied de nez.
Chanson 1645 [31]
Sur l'air des Poupons.
Sur Madame la Chanceliere Seguier
En grand fureur la Chanceliere,
Dit à Sully un jour
Ne faites plus l'amour
Comme la Lesdiguiere,
Et craignez les gascons,
Comme les, comme les prudes,
Et craignez les gascons
Comme les prudes font.
Vous êtes vieille, et je suis jeune,
A répondu Sully,
Vôtre avis est joly;
Allez il m'importune.
Dites vos oraisons,
Comme les, comme les Prudes
Dites vos Oraisons
Comme les Prudes font.
Autre 1645 [32]
Sur l'air des Ennuyeux
Pour Mad.e de Mikelbourg.
Les deux aimables rejettons
Du noble sang de Charlemagne,
Plus braves que des Scipions,
Veulent conquerir l'Allemagne.
Et la raison, la savez vous?
C'est pour la mettre à vos genoux.
Jugeant que ce n'est pas assez
Que le vandale vous admire,
Ils vont à vos Climats glacés
Ajouter un nouvel Empire.
Vous n'avez qu'a leur temoigner
En quel lieu vous voule regner.
Chanson 1645 [33]
Sur l'air Nous baisons tous les mains.
La Barrouilliere est en posession
De la Turgis son inclination;
Si son mary, ne venait dire hola.
A tous momens,
Ce beau couple d'amans,
Voudroit faire cela.
Belle Turgis, vous avez des appas;
Mais je scais bien ce que vous n'avez pas.
Vous n'avez pas dessein de me guérir,
Si vous l'avez
Donc résolu ainsi,
Faites moi donc mourir.
Belle Turgis, n'allez plus à Noyon,
Si vous voulez garder vôtre renom;
Vous scavez comme parlent les gens,
D'une action
Sainte et sans passion,
Parlent les médisans.
Autre 1645 [34]
Sur le même air.
Un médisant dit que la Ricouart,
Dans un jardin s'ebattoit à l'escart;
Mais on scait bien comme la chose va.
Un Damoiseau
Lui baisa le museau,
En lui faisant cela!
Autre 1645 [35]
Sur le même air.
Chacun scait bien l'estroite union,
D'entre Moniseur et Madame Coulon;
Un chacun d'eux fait cequ'il trouve bon.
Si d'Emery
Fait Cocu le mary
L'autre en conte à Ninon.
*Mr. D'Emery, Contrôleur général qui entretenoit Lenlcos et couchoit avec M.de Coulon.
Autre 1645 [36]
Sur le même air.
De Maridas ce grand adorateur,
A d'Eguilly dit qu'il est serviteur
Mais c'es un sot, on ne prend pas par là
Si cet amant
Entendoit la chanson,
Il lui feroit cela.
Vous vous vantez petite d'Eguilly,
Que dans l'amour jamais on ne vieillir,
Pourveu qu'on ait un amant fort discret;
Car bien souvent,
Et sans perdre le tems
L'on se joue en secret.
Autre 1645 [37]
Sur le même air.
La De Monchy se plaint que Belesbat,
Est part trop lent, à l'amoureux esbat,
Et par hazard, Neully passa par là
Qui entendit
Tout cequ'elle avoit dit,
Et nous conta cela.
Belle de Monchy je plains bien ton malheur,
Et compatis à ta juste douleur.
Chacun scait bien ton amour violent;
De Belesbat,
A donner de l'esbat
Sera toujours trop violent.
Autre 1645 [38]
Sur le même air.
Petit Beaupuis quitte là ton chagrin;
Laisse l'Estat à Monsieur Mazarin.
Les importans ne sont plus de saison,
Et chacun dit,
Qu'en perdant le crédit
Ils perdent la raison.
Autre 1645 [39]
Sur le même air.
Mr. de Brissac s'estoit mis en teste qu'il
descendoit de Cosseus nerva a cause qu'il
s'apel Cossé. Voyez une chanson en 1678 qui
commenece par ce 1.er vers N'estes vous pas un astre. il
y a une notte cottée 9. a ce sujet.
par Coriday
Petit Brissac, nous baisons tous les mains,
A vos Ayeux, les Empereurs Romains,
Lamy d'Hozier qui en scait le detail,
Dit comme on va
De Cossens Nerva
Jusqu'à Rocheportail
ou
Petit Brissac nous baisons tous les mains
A vos Ayeux, les Empereurs Romains,
Et pour montrer comme la chose va;
Il n'est Auteur
Qui ne soit serviteur
De Cosseus Nerva.
Votre cadet le Prince de Cossé,
Tranche le mot et franchit le fossé;
Et pour montrer comme l'histoire va,
[40]
Ce Damoiseau
Dit qu'il a le museau
De Cosseus Nerva.
Petits Messieurs, vous n'avez pas raison,
De tant prosner vôtre illustre Maison.
Un chacun scait comme l'histoire va.
Il n'est auteur,
Qui ne soit serviteur
De Cosseus Nerva.
Chanson 1645 [41]
Sur l'air: Si les Cocus ressemblent à Montbrun
ou Nous baison tous les mains.
Mad.e de Montbrun sous carriere avoit
une affaire avec Villandry le Breton Gentil
homme de la chambre. Le mary donna
i soufflet à Villandry dans les Grands
Augustins pendant le Messe. Il se battirent
ensuitte en duel à coups de Pistolets à la
Place Royalle. Villandry ayant manqué
son coup, demanda la vie à Montbrun, qui
l'ayant desarmé la luy donna, à condition
qu'il romproit tout commerce avec sa
femme.
Si les Cocus ressembloient à Montbrun,
Dans peu de tems l'on n'en verroit pas un;
Car Villandri dans l'accommodement,
Luy a promis
Devant tous ses amis
De n'estre plus amant.
Belle Montbrun, Ha! mon Dites nous,
Si un amant ne vaut pas un Epoux?
[42]
L'un vous chérit, l'autre baille des coups.
Sans vous presser,
Je dis avec vous
Qu'un amant est plus doux.
Belle Montbrun vôtre pere est heureux,
De n'avoir pas le nom de valeureux.
On dit partout qu'à la Table et au lit;
Jugez passant,
Sans être medisant,
Ce que chacun en dit.
Epigramme 1645 [43]
Sur le même sujet que la Chanson précédente.
par Gombault.
Il fut battu le bon Seigneur,
En presence de plus de quatre;
Et pour recouvrer son honneur
Il s'alla faire encore battre.
Chanson 1645 [44]
Sur l'air Nous baisons tous les mains.
Noire Feron, Ha! mon Dieu, dites nous,
Si dix Enfans vous ont fait un Espoux?
Pour votre teint, tantost blan, tantost brun,
Ce beau Marquis
Qui vous etoit acquis
S'est donné a Montbrun.
Chanson 1645 [45]
Sur l'air Ouyda, ouyda son corps de cotte.
Esguevilly n'oseroit plus paroître; *Hennequin d'Esguevilly
Elle à tout pris à ce pauvre;
Ouida ouida ce pauvre Preste. * Un de ses parents qui etoit fort galant.
Pour la Champré l'on feroit bien un crime,
Chacun voudroit être dans son,
Ouida ouida, dans son estime.
De la Ricouart, j'en aime toutes choses,
Le sein les bras; mais surtout son....
Ouida, ouida, son teint de roses.
Par charité la d"vote Caleste,
De son Epoux a fait un Jean,
Ouida, ouida un Janseniste.
Pour vôtre amour je vais je viens, je trote,
Et j'ay pour vous près d'un pié de
Ouida, ouida, d'un pié de crotte.
Est-ce un péché que dire je vous aime,
Et tout en feu vous montrer mon;
[46]
Ouida, ouida, mon mal extrême.
Dame Pilou pour mieux cacher son âge
A fait raset le poil de son
Ouida, ouida, de son visage.
Chanson 1645 [47]
Sur l'air...
Sur le Marquis de Menneville pere de la belle Dem.lle de Menneville
Menneville Cagot,
Dans son hipocrisie,
Est comme un Magot
En tire larigaut;
Boit de la Malvoisie.
Et bien souvent on le voit qui manie,
Le gigot,
De Margot,
Le bigot,
Disant ses Litanies.
Autre 1645 [48]
Sur l'air de Mais.
Le Comte de Gramont faisoit de l'eau,
en remarquant que M. lle de Bonnoeil fille
d'honneur de la Reine le regardoit faire,
il fit ce couplet qu'il lui chanta à sa Fenestre.
Ah! Bonnoeil bis
Je crois que tu le regarde
De ce petit coing de l'oeil.
Ah! Bonnoeil bis
Chanson 1645 [49]
Sur l'air: Il a battu son petit frere.
Coulon est un fort galant/honneste homme,
Qui malgré le maître de Rome
Donne chez lui de bons repas;
Beaucoup de vin, point de contrainte.
Ha! que j'aime le Mardi gras
Quand il tombe en semaine sainte.
Par Blot.
Chanson 1645 [51]
Sur l'air des Feuillantines.
Sur Mesdames de Noïon
Vous Mesdames de Noion,
Dont le nom
A par tout tant de renom.
Ma foy vous fûtes bien fines
D'esquiver les Feuillantines.
Autre 1645 [52]
Sur l'air de la Courante.
Mr. le Prince (de Condé) êtant amoureux
d'une D.lle de Mad.e de Ricouart, fit cette
chanson pour Elle.
J'ay partout fait chercher
Sans pouvoir rencontrer
La suivante de la Belle Ricouart.
Elle n'est plus à Elle,
Et fait bande a part:
J'ay parcouru tout le Marais,
Sans pouvoir aprendre
Où la friponne est.
Elle est de bonne foy
A tout le monde,
Et nest plus à moy.
Chanson 1646 [53]
Sur l'air: La Bergere Annette.
La jeune Caprette, / La petite Cabrette
Tout le long d'un Ruisseau, / Honneur de son troupeau
Bondissant sur l'herbette,/ Le long de ce ruisseau
Charmoit tout le troupeau./ Bondissant sur l'herbette.
Son Berger qui est Bonnelle * Bullion.
Quand elle besle, * Dit que dans un concert
Elle vaut bien Lambert.
Quitte ton herbage, /Quitte ton pasturage
Mange du Massepain./ Mange du Romarin.
Je veux que ton breuvage/ Je veux que ton breuvage
Soit d'Eau de Jasmin./ Soit de l'Eau de jassemin.
Viens ma chere barbe grise
Puisque je prise
Ta chevrialité
Plus que l'humanité.
Par le Ch. er de la Riviere.
Sonnet 1646 [54]
Pour M. le Chancelier Seguier
Séguier nôtre bonheur feroit bientôt nauffrage
Si tu cessois d'agir sur le trône des Loix.
Il n'apartient qu' à toy de prevenir l'orage,
Et de regner dans l'art qui fait regner les Rois.
Ne te lasse jamais de conseiller ton maître,
Et d'être favorable aux illustres scavans;
Qui pour montrer leur siecle à ceux qui doivent naître
En font dans leurs Ecris des Tableaux si vivans.
Le nom de ce héros de qui les sages testes,
Ont formé le dessein de toutes nos conquestes,
Méritent moins que toy de vivre dans nos vers.
Sans ta haute vertu le crime et l'ignorance
Nous rendroient malheureux et depuis douze hivers
Apollon et thémis auroient quitté la France.
Chanson 1646 [55]
Sur l'air des Feuillantines
Sur la Présidente l'Escalopier par
l'Abbé de Lafemas.
Elle êtoit soubçonnée de galanterie avec
le Marquis de Vassé en 1646.
Dans un amoureux dessein
Votre main
Doit commencer par le sein;
Puis après il faut descendre.
C'est le con, c'est le conseil qu'il faut prendre.
J'agis si discretement
En aimant,
Qu'on ignore mon tourment,
Et la seule interessée,
Scait le fonds, scait le fonds de ma pensée.
Monsieur sitôt que vous montrez
Votre nez,
On entend de tous côtz
S'ecrier la populace.
Voila le co, voila le cocu qui passe
[56]
C'est Monsieur l'Escalopier * C.er au Parlement depuis President des Enquêtes.
Chevrepied,
Qui n'a point de cornes au pied;
Mais il en a à la teste,
Comme en ont certaines bestes.
J'ay donné cinquante Francs
Aux Feuillans,
Pour prier Dieu tous les ans,
Qu'il donne la patience,
A tous les Cocus de la France.
Les recors et les Sergens
Sont des gens,
Qui ne sont point obligeans.
Pour gagner pinte et Chopine
Ils vous fourent aux Feuillantines.
Et vous Madame Ricouart,
Tost ou tard,
Vous en aurez vôtre part.
Vôtre mary à la mine
De vous met, de vous mettre aux Feuillantines.
Autre 1646 [57]
Sur le même Air:
Et les mêmes personnes que la précédente.
Ce fut entre deux et trois
Qu'une voix,
S'ecria vers Sainte Croix;
Au secours on m'assassine.
On me fou, on me foure aux Feuillantines.
On vit arriver Charost
Au grand trot,
Qui lui dit d'un ton fort haut.
Celles qui font les badines
Je les fou, je les foure aux Feuillantines.
Est-ce donc là la douceur,
Monseigneur,
Qu'on a pour sa belle soeur?
Belle soeur, tante ou cousine,
Je les fou, je les foureaux Feuillantines.
Voyant venir son epoux
En courroux,
Elle se jette à ses genoux.
Je ne seray plus mutine;
Sauvez moy, sauvez moy des Feuillantines. [58]
En ce moment a passé
Son Vassé
Criant comme un incensé.
Au secours voisins et voisines
On la foun on la foure aux Feuillantines.
Monieur de Bernay y vint,
En satin,
Tenant sa lardoire en main.
Helas! c'est nôtre voisine
Que l'on fou, que l'on foure aux Feuillantines.
Vray Dieu pour le passetems,
D'un moment,
Faut il que je souffre tant,
Pour avoir êté coquette.
Faut il que, faut il que je sois Nonette?
Encore si je l'avois fait
Tout a fait,
Je n'y aurois pas de regret; * J'en aurois moins de regret,
Pour en avoir fait la mine
On me fou, on foure aux Feuillantines.
Epigramme 1646 [59]
par Mr. de Laffemas
Monfigot faisant sa retraite,
Dit que si son maître eut vescu
Tel de la Chambre le maltraite,
Qui lui viendroit baise le cu;
Cependant il faut qu'il en sorte.
J'ay veu son congé sur la porte,
Il garde desja le mulet;
Voila ce que c'est, en pensant être
Tout ensemble valet et maître,
Il n'es n'y maître ny valet.
Distichon 1646 [61]
Tres ludunt, Regina parens, condoeus, Julus
Hoec proebet, rapit hic, hoc Mazarinus agit.
Chanson 1647 [63]
Sur un Air de Trompette.
Mr. le Prince (de Condé) êtant à l'Armée
en débauche, le verreà la main. Il fit sur
le champ cette chanson.
Chers amis, chantons tous ensemble, mal ou bien
Rimons sans ordre, ny mesure;
Sur b. Mol, b quatre et nature
Fagotons des vers,
Tous de travers
Sans rime et sans raison;
Frest tout est bon.
Frin frin pour le seigneur Arlequin,
Fran, fron, fran,
Pour ce seigneur Gracian
Fron, fron, fron,
Pour le Seigneur Pantalon;
Oh! le beau concert, et la belle harmonie!
Chanson 1647 [67]
Sur l'air.....
Sur Madame Cornuel
Une Dame du tems
Qui ne croit nullement
A la métamorphose,
Disoit en saluant
Le Benoist Sacrement
Dieu vous gard donc la rose.
Chanson 1647 [69]
Sur l'air de la my voie.
Pour Mad.lle de Manneville.
En vain Philis toute la cour s'employe.
A vous donner les plaisirs les plus doux;
Si vous aimez la véritable joye,
Que ne la cherchez vous
A la my voie?
Lieux escartez, agréable boccage,
Heureux témoins des misteres d'amour
Qu'eussiez vous crû que des Lys la plus sage,
Chez vous d'eust perdre un jour
Son pucelage?
Dedans ce bois ce doux, et si commode
Pour célebrer les victoires d'amour
Si la vertu, belle, vous incommode,
Allez y tour à tour, à tour;
Car c'est la mode.
Autre 1647 [70]
Sur l'air Drelin din.
Sur le cardinal Mazarin et la Reyne
Mazarin et la Reine
S'en vont dans le Poitou;
Faire payer la Taille,
Sane en rabattre un sol.
Faut sonner le Toscin
Drelin din
Pour prendre Mazarin.
Chanson 1647 [71]
Sur l'air: Vous charmez tout et le teint, et l'Aurore, ou ô beau Jardin.
Par Marigny à Bruxelles, lorsque D. Juan II (Autriche) y arriva pour gouverner les
Païs bas.
Lorsque Dom Juan tout brillant de lumiere,
Vint pour régir cet aimable séjour;
Chaque Dame dit à la cour,
Plaise à Vénus que je sois la premiere
Qui l'introduise au temple de l'amour.
Alors Dom Juan voyant que sa présence,
Alloit troubler les Dames de la cour,
Pour correspondre à leur amour,
Leur dit, beautez donnez vous patience,
Avec le temps chacune aura son tour.
Vous avez tort de vous plaindre Amarante?
De vos beaux yeux, qui cause le trépas?
Si les Blondins n'en meurent pas;
Je scais des bruns dont la flame s'augmente,
Qui par respect ne vous le disent pas.
Chanson 1647 [73]
Sur l'air de Jean de vert.
Pour Monsieur de Moulinrobert
Cet homme d'hyperbole;
On dit qu'il est fort expert
A conter faribole;
Pour ne pas connôitre qu'il ment,
Il fait être plus Allement
Que Jean de vert, que jean de vert.
*On dit que ce couplet est de Blot.
Chanson 1647 [75]
Sur l'air: Cela m'est fort indifferent.
Sur Mr. le Duc de Bouisson.
Notre galant Duc de Bouisson
Pour se donner à Gravefon,
De chez Manneville déserte.
A cela tout le monde dit,
Que l'une fait petite perte,
L'autre ne fait pas grand profit.
Chanson 1648 [77]
Sur l'air: Reveillez vous belle endormie.
Par Blot.
Or escoutez peuple de France
Ce propre avis en terme exprès
Du grand Beaufort dit en presence
Du Parlement dans le Palais de Paris.
* Mr. de Beaufort voulut se facher contre ceux qui avoit mis son avis en vers et Mr. de
Guimené lui dit qu'il avoit tort parce qu'au paravant son avis n'avoit ny rime, ny raison.
Il salua la Compagnie
De son chapeau fort humblement,
Et puis d'une mine hardye,
Leur fit ce beau raisonnement.
Il y/est a trois point dans cette affaire,
Les Princes font le premier point;
Je les honore, et je les révere.
C'est pourquoy je n'en parle point
Le second est de l'Eminence par Blot
De Monsieur* ou du Mazarin. * Gaston:
Sans barguigner j'aime/j'ay la France,
Et vais toujours mon grand chemin.
J'ay le coeur franc comme la mine, par Blot
Je suis dans les bons sentimens.
[78]
Ainsin je conclus et j'opine
Comme fera Monsieur d'Orleans.
A ces beaux mots, la cour ravie,
Batit des mains, et dit tout haut.
Voicy comme pour la patrie
Beaufort opine comme il faut.
Remercions la vierge aimable,
Et le Redempteur souverain,
De quoy ce Duc n'est point capable
D'être comme on dit Mazarin.
Chanson 1647 [79]
Sur le même Air
Réponse critique de la précédente
par Blot.
Beaufort de bonne renommée
Qui sceut ravitailler Paris,
Doit toujours tirer son épée
Sans jamais dire son avis.
S'il veut servir toute la France,
Qu'il n'aproche plus du boureau,
Qu'il rengaîne son Eloquence
Et tire le fer du foureau.
Dans un combat il brûle, il tonne,
On le redoute avec raison;
Mais de la sorte qu'il raisonne,
On le prendroit pour un oison.
Gaston pour faire une harangue
Trouve beaucoup moins d'embarras.
Pourquoi Beaufort n'a t'il sa langue?
Pourquoi Gaston n'a t'il son bras?
[80]
Il tiendroit un autre langage
Par qui l'Estat se calmeroit.
Mazarin trousseroit bagage,
Ou le Diable l'emporteroit.
Les Bourdelois que l'on attaque
Seulement pour son interrest,
Et qui s'en vont tourner casaque,
Laisseroient l'habit comme il est.
Turenne qui du coeur de Flandre,
Ameine tant de cavaliers.
Ne feroit point tomber d'esclandre
Dessus les choux d'Aubervilliers.
Sur le cheval et sur l'asnesse,
De même qu'avec le charoy
Toujours le bon pain de Gonesse
Fera crier vive le Roy.
Chanson 1648 [81]
Sur l'air: Amy reglons nous sur etc.
ou Marais vray quartier de la rejouissance.
Marais vrai quartier de la rejouissance,
Séjour de l'innocence
Sur le reste de Paris
Turemporte le pris;
On ne voit point ailleurs
Gens mieux faisans,
Moins médisans,
Railleurs,
Enfin gens qui soient meilleurs
Tous les maris sont rudes.
Toutes les femmes sont prudes,
Et dit on,
Nulle ne fait faux bon
A son barbon.
La vertu regle les moeurs
Et les humeurs,
ô quartier du Marais,
Qu'agréable est ta renommée!
On parler partout de toy, mais.
Voicy tous les noms des M.rs et Dames,
Qui l'amoureuse flame,
Brûle chacun à son tour,
[82]
Et la nuit et le jour;
D'Amour et St. Simon,
Coulon, Hallain, ou Salins,
Lormes,* Gomin ou Germain, * ou de Termes
Scaron,
Villarceaux, le Roux, Carton, ou Charton,
Villiers et Bournonville,
Baradas et la Serville,
Du Tronchet,
Du Bencher, Cher/avigny, Chatelet,
Saucourt et la Bernicot,
Darbaux, Phelypeaux,
Tallement, le Riney,
Le vieux d'Antoin, et d'Arzilliere.
D'Aubeterre, Gruin/Grouin, Romere, Givry.
Voicy les noms d'autres M.rs. et Dames,
Que l'amoureuse flame
Brusle aussi fort à leur tour
Et la nuit et le jour.
Dénonville, Bouisson,
Neisle, Pertuis,
Dalidor, Paris,
Haton.
Lorton, le comte de Maugiron,
Des Fougerets, Meziere,
Sevin et la Marilliere,
[83]
Du Broussin,
La Gravelle, le Brun et Constantin,
Criblé, Maurevest, Baudouin, Nalot,
Choquese, Bodeau,
Mailly et le Rousset,
Drouart, Mossy, Brisset, et Sesve,
Le Blanc, la petite Coudret.
Voicy tous les noms des braves gens qu'on hante.
Et chez qui l'on fréquente,
Le soir, la nuit, et le jour,
Pour le jeu pour l'amour,
Carton, et Saint Simon,
De Sesve, Hallain,
Le Roux, Gomin,
Coulon,
Ponsuis, Gaveau d'Antoin,
Scaron, Marilly, Meziere,
Petival, et d'Arzilliere,
Constantin,
Bernicot, Baudouin, Phelypeaux et Sevin,
Du Rancher, Coudray, Lorton,
Rose et Buridan
Dalidor, Grouin, et Bournonville,
De Niesle, Lardy, Tallement.
Autre 1648 [84]
Sur le mesme Air.
La paix qui devoit contenter tout le monde,
Est pire que la Fronde;
On oste à chacun le sien,
Et l'on ne donne rien.
La liberté
Est une vertu de l'antiquité
Dont ce siecle est dégouté.
On tue, on assassine;
Avoir du bien c'est un crime.
Chaque Edit
Où l'on voit du profit
Est pain beny;
Au Diable le quart d'Escu
Qu'on a rendu.
Chanson 1648 [85]
Sur l'air des Triolets.
Hélas mon Dieu! qu'en avons ly
Durant cette belle équipée?
Soit pour Condé, soit pour Conty
Hélas mon Dieu! qu'en avons ly?
Chacun souhaite nostre party,
Plis par fourbe, que par l'Espeé,
Hélas mon Dieu! qu'en avons ly
Durant cette belle équipée?
Monsieur nôtre Coadjuteur Retz
Quitte la Crosse pour la fronde;
Il a secu qu'un petit Pasteur
Monsieur nôtre Coadjuteur,
Pour avoir êté bon frondeur
Devint le plus grand Roy du monde,
Monsieur nôtre Coadjuteur
Quitte la Crosse pour la fronde.
Le méchant qu'on craignoit si fort
Ne battra plus son petit frere,
Il fait gille devant Beaufort
Le méchant qu'on craignoit si fort
Charenton borne son effort.
[86]
Il a renguesné sa rapiere
Le méchant qu'on craignoit si fort,
Ne battra plus son petit frere.
Au dientre soient nos Généraux
Leurs Forteresses et leur milice;
Ils nous ont pris pour des badauts,
Au dientre soient nos Généraux;
Nous n'avoins plus de bons morceaux,
Ils ont fricassé nos Epices.
Au dientre soient nos Généraux
Leurs Forteresses et leur Milice.
Le pauvre Monseigneur d'Elbeuf, Lorraine
Qui n'avoit aucune ressource,
Et qui ne mangeoit que du beuf
Le pauvre Monseigneur d'Elbeuf.
Maintenant un habit neuf,
Et quelques Justes dans sa bource
Le pauvre Monseigneur d'Elbeuf
Qui n'avoit aucune ressource.
Triolets 1648 [87]
Sur les Maltotiers
Le bien est chez les Partisans,
Et chez les peuoles, l'indigence;
Tous les peuples/François en sont d"plaisans,
Le bien est chez les Partisans.
Est-ce là donc cet heureux tems;
Qu'on esperoit sous la Régence?
Le bien est chez les Partisans
Et chez les peuples l'indigence.
Par un équitable revers,
Leur fortune sera changée,
Et nous les verrons à l'envers
Par un équitable revers;
La France par eux mise aux fers
De leurs larcins sera vengée
Par un équitable revers
Leur fortune sera changée.
Tous ces beaux Palais enchantés
Bâtis de vols et de rapines,
Ils ne seront plus habitez,
Tous ces beaux Palais enchantez.
[88]
Ils sont de toutes nos citez,
Elevez dessus les ruines,
Tous ces beaux Palais enchantez
Bâtis de vols et de rapines.
Ces beaux ameublemens exquis
Qui faisoient honte à ceux des Princes,
Ne paieront plus leur logis
Ces beaux ameublements exquis.
On scait bien qu'ils les ont acquis
Du sang de toutes nos Provinces
Ces beaux ameublements exquis,
Qui faisoient honte à ceux des Princes.
Leurs Tables vont changer de mets,
Adieu Perdrix, adieu Bécasses;
Vous n'y paroitrez plus jamais.
Leurs Tables vont changer de mets;
Bienheureux s'ils ont desormais
Du pain bis dedans leurs besaces.
Leurs tables vont changer de mets,
Adieu Perdrix, adieu Bécasses.
Ces gros Messieurs nez Paysans,
Parmi les sabots et les guestres
Devenoient riches en deux ans,
[89]
Ces gros Messieurs nez Paysans,
Plus nobles que nos courtisans,
Ces coquins vantoient leurs ancestres
Ces gros Messieurs nez payfants
Parmi les sabots et les guestres.
Quand on les renvoyeroient tous nuds,
Ce n'est pas leur faire injustice,
Ils sont de la sorte venus;
Quand on les renvoyeroient tous nuds,
Leur oster bien et revenus;
C'est pour reux le moindre suplice,
Quand on les renvoyeroient tous nuds,
Ce n'est pas leur faire injustice.
Grande Reine on l'attend de vous,
Cette réforme est necessaire;
Ce suplice est encore trop doux,
Grande Reine on l'attend de vous.
De ces Tigres délivre nous.
Quoi qu'on vous prêche le contraire,
Grande Reine on l'attend de vous,
Cette réforme est nécessaire.
Leurs fortunes ils ont bâti,
De la France sur la ruine
Par la maltote et le party.
[90]
Leurs fortunes ils ont bâti,
Pour eux Paris est investi;
Pour vouloir punir leur rapine,
Leurs fortunes ils ont bâti
De la France sur la ruine.
Par un coup de vôtre équité,
Daignez retourner la médaille.
Changez leur luxe en pauvreté
Par un coup de vôtre équité,
Et changez en prospérité
Tant de douleur qui nous travaille,
Par un coup de vôtre équité
Daignés retourner la médaille.
Le Conseil n'est juste, ni bon, Anne d'Autriche
Qui fait craindre vôtre Régence; celle de Louis XIV.
Il fait grand tort à vôtre nom,
Le Conseil n'est juste ni bon,
Vous vous servez trop, ce dit on,
Comme vos Epoux, d'Eminence. le Card.l Mazarin.
Le Conseil n'est juste ni bon,
Qui fait craindre vôtre Régence.
Chanson 1648 [91]
Sur l'air: de la Fronde.
Sur Coulon Frondeur qui fut pendu.
Il êtoit Con.er au Parlement, fort débauché,
et du même esprit que les chefs de la Fronde.
Je te le dis sans raillerie,
Coulon il faut baiser les mains
A Messieurs de la Fronderie;
Car avant qu'il soit la Toussaints,
Tu seras sec, et tout le monde,
Dira sur le chant de la fronde;
Cy gist de son long étendu,
Coulon frondeur qui fut pendu.
Autre 1648 [92]
Sur le même air.
Ces quatre couplets sont faits par le
Cardinal de Retz, sue le Garde des
Sceaux de Chasteauneuf amoureux de
Mad.e de Boisdauphin, au paravant veuve
de M.r de Souvré. Elle le gouvernoit.
Petit Chapeau, courte Jaquette
Tu n'as que soixante et dix ans;
Cet âge est beau pour la fleurette.
L'expérience de longtemps
Rend ton esprit plus agréable,
Plus délicat, et plus sortable/stable,
Pour l'entretien subtil et fin
De Madame de Boisdauphin.
Plus de conseil plus de partie,
Cette Nimpje suplée à tous.
Bagues, Montres, galanterie
Soustiendront l'estat jusqu'au bout;
Le Parlement n'est que chimere.
Ton prédécesseur n'est qu'un haire;
Car tu escrits plus de poulets
Qu'il n'a jamais signé d'Arrests.
[93]
Tu pens Coulon en fantaisie,
En idée tu roues Guionet;
Mais ta brutale frénésie
N'aura jamais aucun effet.
Un demie jour de Barricade,
Un peu de graine de frondade,
Nonobstant tout ton micmac
Auroient pû sauver Marillac.
Pour parler sans qu'on articulle,
On ne fait pas grand peur aux gens.
Cette maniere est ridicule;
Mais on s'y fait avec le temps.
Epouvantail de Cheneviere,
Avec ton nom, tu n'as que faire
De nous venir épouvanter.
La mode n'est plus de trembler.
Chanson 1648 [94]
Sur l'air: Elle est revenuë Dame Anne
ou Un Chapeau de paille.
Sur la Reine Anne d'Autriche.
La Reine a dit, j'ay souffert en chrestienne
Un si sensible affront;
Je gageray, qu'avant que je revienne
Iles s'en repentiront.
Elle a ma foy sa gageurs perdüe
Elle est revenuë Dame Anne elle est revenuë.
Chanson 1648 [95]
Sur l'air: Qu'en dira-t'on?
Sur Madame la Comtesse de Fiesque.
Vous avez tort de vous mettre en colere,
Allez au bal sans colet ny gaudron;
May foy c'est faire
Trop de façon.
Quand vous iriez même sans cotillon,
Qu'en diroit-on?
Guerchy,* Nevillan, S.t Megrin, et Tiembrune,
Passent leur tems mieux que la pauvre Pont;
Si la fortune
D'un haneton,
Faisoit un Roy sensé comme un caton
Qu'en diroit-on?
*Fille de la Reyne, Elle s'appelloit Regnier. On dit qu'estant grosse
du Duc de Vitry, Elle se fit avorter par la Constantin fameuse sage Femme, qui
fut pendue pour ce fait: C'est à cette occasion qu'Esnaut fit un sonnet cité par Boileau des Prea dans ses satires. Il commence ainsi
Toy qui meurs avant que de naitre etc. et qui
finit, L'honneur malgré l'amour le fait donner la mort
+ M.lle de Pont aimée de Henry de Lorraine Duc de Guise qui fut à Naples dans l'esperance de se rendre maître de ce Royaume.
Autre 1648 [96]
Sur le même air.
Sur Madame de la Rocheguion.
On vous enleve adorable heritiere,
Vous qui m'aimez belle Rocheguion.*
Si l'humeur fiere
D'un vieux barbon/patron
Dans quelque tems vous faisoit dire non,
Qu'en diroit-on?
*Anne Elizabeth de Lannoy venue de Roger du Plessis-
Lioncourt comte de la Rocheguion. Elle etoit fort riche et belle;
le Marquis de Vardes en fut amoureux lorsqu'elle fut veuve, et crut l'epouser;
mais le Prince d'Harcourt depuis Duc d'Elbeuf l'enleva du consentement de ses
parens, et l'epousa le 7 Mars 1648 et Elle mourut en 1654.
Autre 1648 [97]
Sur le même air.
Naples, Coutray, Beaufort et la polette,
Et d'une Paix la publication,
Trouble la teste
De ce Coyon (1);
S'il est contraint d'abandonner Nanon (2)
Qu'en diroit-on?
(1) Le Cardinal Mazarin
(2) La Reyne
Autre 1648 [98]
Sur l'air de la Diablesse.
Sur Mons? de Jarzé.
Jarzé fais tu la cour, ou l'amour
A cette main fait au tour?
Quoique fasse
Ton audace
Un autre a pris ta place,
Cheval.
Ne scais tu pas que ce cardinal Mazarin
Ne souffrira jamais de rival?
On le dit de Marigny.
Chanson 1648 [99]
Sur l'air: Châtillon gardé vos apas.
M.r le Prince de Condé fit ce couplet.
Belle du Puis (1) j'ay quitté Lens (2)
Et toutes mes conquestes,
Pour être à la teste
De tous vos gallans.
Rien ne me peut plaire
Comme vôtre peau,
Et j'aime la bergere
Autant que le troupeau,
Quoiqu'il soit bon et beau.
Avoir Bregy de bas en haut
Le soir dans la Tribune,
Cette belle brune,
Brille comme il faut;
Elle prend sceance
Près des favoris.
Toujours près des puissances,
Qui lui font souris;
Mais bien loin des maris.
(1) Sousgouvernante des Filles de la Reine Anne d'Autriche
(2) Ville du pais bas en Artois; sa prise par Louis de Bourbon 11e du nom Prince de Condé en 1648.
Chanson 1648 [101]
Sur l'air de la Fronde.
Il faut malgré vous/toy Seigneur Julles, le cardinal Mazarin.
Que nôtre Abbé soit Cardinal, (de Retz) Le Coadjuteur de Paris obligea l
S'il n'a dans quinze jours ses Bulles; la Cour de le nominer pour être Card.l
Je prévois pour toy/vous bien du mal. et il le fut malgré les intentions de la
Vous n'aurez plus d'eschapatoire, Reine, et de son Con.el et on lui donna
Vôtre fourbe sera trop noire, l'Abbaye de St. Denis pour l'obliger à
Et devant le grand Jubilé, se demettre de l'Archevesché de Paris.
Vous pourrez bien être exilé.
De Guise la Noble pucelle, Elle aimoit Montréfor.
Ne scauroit trouver de mary;
De Mercoeur s'est éloigné d'Elle
Pour la Niéce d'un favory M.lle de Mancini.
De cette amour elle se moque,
Et dit souvent par équivoque,
Je te garderay Montrésor
Bien plus cherement que de l'Or.
Marin est un homme adorable,
Si l'on en croit Monsieur Perrin, ou Basin.
Perrin est un Poëte admirable
Si l'on en croit Monsieur Marin.
[102]
Mais tout le reste de la France
Dit de tous deux quand il y pense.
Marin est plus sot que Perrin,
Perrin est plus fat que Marin.
ou
Marin est un tres vaillant homme,
Aceque dit Monsieur Basin; ou Perrin
Basin passe pour un grand homme,
Ace que dit Monsieur Marin.
Voicy ceque toute la France,
Sur leur sujet cequ'elle en pense.
Marin est plus sot que Basin,
Basin est plus fat que Marin.
Quand Condé tira de sa poche
Sa fronde, et joignit son party
Aux Frondeurs de la vieille roche,
Qui frondoient avec Conty;
Jules Golia tant que terre
Fuyant devant ces coups de pierre;
On entendit de toutes parts
Crier adieu Mars, adieu Mars.
Chevalier je bois à ton maître,
Je luy ay obligation,
Et pour te le faire connoître,
C'est qu'il m'a donné pension,
[103]
La chose ne fut point frivole,
Il ma bien tenu sa parolle:
Car ce Jean scure me disoit bien,
Cela ne viendra lieu de rien.
Le Cardinal Mzarin avoit resolu de gagner Blot qui
avoit êté nourri Page de M.r le Duc d'Orleans, et dont il êtoit
chéry. Il lui offrit une pension en lui disant cela ne vous tiendra
lieu de rien. Il oublia de luy faire payer. Surquoi Blot fit ce couplet
disant avec le Ch.er d'Aubeterre, qui l'ayant redit au Card.l il fit payer
Blot tout aussitost.
Chanson 1648 [104]
Sur l'air des petits saults de Bord.x
Coadjuteur on s'etonne Gondy
Que vous vouliez tant de mal
A cette auguste personne
Que l'on nomme Cardinal.
Si la Reine Mazarine Anne d'Autriche
Veut élever un faquin le Card.l Mazarin
Souviens toy que Catherine de Medicis
Esleva un coquin.
Chanson 1648 [105]
Sur l'air des Triolets
Après la Guerre de Paris, Gerzé* avoit mal * ou Janzé
parlé du Duc de Beaufort qui fut lui faire
une insulte pendant qu'il disnoit aux Thuilleries, et
renversa les Tables.
Vertubleu que de bien perdu,
A dit Bautru! c'est grand dommage,
Tout le potage est répandu,
Vertu bleu que de bien perdu
+ + Au grand Diable soit le pendu,
Qui n'a pas voulu faire hommage,
Vertu bleu que de bien perdu
A dit Bautru! c'est grand dommage.
Valloit il pas mieux saluer
Le Roy de Paris dans sa ville,
Que de coups se faire eschigner,
Valloit il pas mieux saluer.
Quoi! le railler sur son pailler,
C'est être un sot et malhabille
Valloit il pas mieux saluer
Le Roy de Paris dans sa ville.
Pourquoi des Frondeurs, se railler?
[106]
Et se mocquer en leur présence?
Ils sont si bons maîtres a danser
Pourquoi des Frondeurs se railler?
La Boulaye les a fait dancer;
Beaufort a remis en cadence.
Pourquoi des Frondeurs se railler?
Et se mocquer en leur présence?
Chanson 1648 [107]
Sur l'air des Triolets
Ô la belle comparaison!
Du grand Beaufort et de Guiche;
L'un est vaillant, l'autre est poltron,
Ô la belle comparaison!
L'un est hardy comme un Lion,
L'autre est peureux comme une Biche.
Ô la belle comparaison!
Du grand Beaufort et de Guiche.
Autre
Sur le même Air.
Ce brave Mareschal lampon,
Avec sa Mazarine troupe.
Quand Beaufort donna tout de bon - Vint à nous d'impas de gascon.
Ce brave Mareschal lampon,
Soudain nous fit voir ses tallons, - Mais lorsque ce fut tout de bon,
Et nous tourna bientost la croupe
Ce brave Mareschal lampon
Avec sa Mazarine troupe.
Autre 1648 [108]
Sur l'air: Hogué
Par le Mqs de Jarzé sur le Baron de Jarzé son frere, soupans tous deux
avec M.r le Prince à S.te Menchoult. M.r le Prince ayant dit qu'il falloit que
chacun fit son couplet sans exception. Jarzé fit celui cy.
Le gros Baron de Jarzé,
Enfin n'est plus meprisé
De la Chastillon; Mad.lle de Boutteville
Comme de Marthon. M.lle du Vigean.
Il va prendre la place;
Si ce Rousseau n'a pas de c...
Il a la fesse grasse.
Hogué.
M.r le Prince n'ayant pas toujours consideré egalement le Baron de Jarré,
s'en etoit entesté lorsque la chanson fut faite, au point qu'il ne vouloit plus souper sans lui, ny faire aucune partie n'en fut. Ce Prince avoit cité fort amoureux de M.lle de Vigean qu'on appelloit Marthon. Il sen dégouta tout d'un coup. Ce Baron de Jarzé fut blessé au travers du corps au siege de Cambray, et son cheval tué sous lui, êtant à terre il cria a Virtemberg son ami, et dans le parti du Prince de Condé, qui passoit avec des chevaux demain, de lui en donner un, il lui repondit en fuyant au galop, cher ami ton valet. Ce n'est pas là l'occasion dont il fut fort blâmé.
Chanson 1648 [109]
Sur l'air: Parlement apaise toy.
Sur l'Enlevement du Roy.
Parlement apaise toy,
Il faut obéir au Roy,
Pour finir toute querelle
Ha! quand finira celle
De Philis et de moy.
Le Roy êtant en chemin
Pour aller à St. Germain;
Dit de fort triste mine;
Maman est Mazarine Le Cardinal Mazarin estoit aimé de la Reyne.
Et je suis Mazarin.
Nos soldats disent tout haut
Nargue pour nos Généraux,
Et tous ceux qui nous gouverne
Sans flambeau et lanterne,
Nous conduisent à l'assaut.
Chanson 1648 [111]
Sur l'air de Graveline
De tous les Princes de la terre,
Gaston est le plus malheureux.
Ses Armes ne sont que de verre,
Ses coups ne sont point dangereux:
Il est vaillant comme fidelle.
N'est-ce pas un fort beau modelle?
Autre pour Blot
Enfin puisqu'il faut que je quitte
Ce beau titre de débauché.
Je veux devenit hipocrite
Crainte qu'il me manque un peché,
Et quoique tard je m'en avise,
Je prétens qu'on me canonise.
[112]
Sur le Portrait de M.r de Brousselle. 1648
Ce Cagot ennemy de Rois,
A mis en feu toute la France,
De peur qu'on n'y trouvat du bois
Pour lui bastir une Potence.
Chanson 1648 [113]
Sur l'air: de Lanturlu
Si comme on espere
Monsieur quelque jour; Gaston d'Orleans
Et la Reyne mere; Anne d'Autriche
Reviennent à la cour;
Vogue la galere,
Le Cardinal est pendu, de Mazarin.
Lanturlu, lanturlu.
[114]
Etat present de la ville de Paris 1648
Le peuple est à la vallée de misere,
Le Parlement à la place aux veaux
Les Financiers à l'escorcherie.
Chanson 1648 [115]
Sur l'air O gay.
Helas! bon Dieu quel bonheur,
Nôtre Saint Pere est Frondeur; Panfilio pape sous le nom d'Innocent X
Je le bénirai
Je l'honoreray
Tout le rest de ma vie,
Et jure que je l'aimeray,
Plus qu'il n'aime Olimpie o gay,
Plus qu'il n'aime Olimpie.
S'il nous délivre à la fin
De ce boug.....de Mazarin,
Je le signeray,
Je le déclareray
Que je l'honore et le prise,
Et je crois que je deviendray
Grand Pillier de'Eglise o gay,
Grand pillier de l'Eglise.
Pape dont j'ay dit du bien.
Hé quoy! ne ferez vous rien?
C'est trop badinter,
C'est trop barguigner.
Quittez le Jansenisme.
[116]
Et ne parle d'exterminer
Que le Mazarinisme, o gay
Que le Mazarinisme.
Chanson 1648 [117]
Sur l'air des Rochelois ou de l'Eschelle du Temple.
Par Quillet Secretaire du Maal d'Estrées
amoureux de la soeur de Voiture.
Enfans de Bacchus et d'amour,
Baisons la nuit, beuvons le jour;
Reprenons des freres rigeurs nouvelles.
Je brûle d'un amour divin;
J'aime une fille des plus belles,
Et fille d'un Marchand de vin.
Son visage est rempli d'appas,
Son pere fournit aux repas
Les liqueurs/douceurs les plus naturelles.
Ha! que mon amour est divin!
J'aime une fille des plus belles,
Et fille d'un Marchant de vin.
Ceux qui pour tout volupté
Ne recherchent que la beauté,
Cessent bienstost d'être fidelles;
Mais mon amour sera sans fin;
Car ma maîtresse est des plus belles,
[118]
Et fille de Marchand de vin.
Chanson 1648 [119]
Sur l'air Adam êtant un jour etc.
Sur le Mareschal de Villeroy.
Monsieur de Villeroy,
Ce grand foudre de guerre,
A fait craindre le Roy
Aux deux bouts de la terre;
Car il a pris Trevouw, Viville de Dombes,
Sans canons, Bombarde ny Bombe.
Ville forte dont le mur tombe.
Il partit dès le soir
Pour cette haute entreprise;
Laissant au désespoir,
Et en pleurs, la Marquise;
Mais il l'a consola.
Dans dans l'espérance
De revenir bientôt en France
Sans gâter son Espée ny sa lance.
Il mena avec lui
Trois fort frans capitaines
Vernatel Micheli,
Et Valoigne a grand peine;
Et la cour savança.
[120]
Pour pour reconnoître.
Qui lui dit, donnons mon maître,
Il n'y a qu'une femme à la fenestre.
Autre 1648 [121]
Sur le même Air:
Sur le Cardinal Mazarin
par Blot
Pour moy je suis sous chagrin
Contre Julles Mazarin.
C'est un Estranger
Qui veut se venger.
Je pardonne à sa haine
Mais je voudrois bien étrangler,
Notre p..... de Reyne o guau Anne d'Autriche
Note etc.
Mazarin ce Bougeron,
De Paris chasse les C....
C'est un Rénégat,
C'est un b... ingrat
De les avoir en haine.
Il n'eut jamais êté qu'un gat
Sans celui de la Raine o gay
Sans celui de la Reine.
1648 [122]
Sur le contract de mariage de la ville de Paris avec le Parlement.
Dame Paris la bonne ville
Par un Contract d'un nouveau stile;
S'est mariée ouvertement.
A Monseigneur le Parlement
Si l'on peut dire ce qu'on pense
De cette fallotte alliance.
Pour moy qui l'ay veu marier
Sans se faire beaucoup prier;
Je pense où le Diable me tuë
Que la pauvre ville est perdue.
Chanson 1648 [123]
Sur l'air: Lairela laire lan laire.
Il n'est coeur qui ne soit lancé
Par la levrette Valencé.
Du moins elle n'en manque guere,
Lairela, laire lan laire
Laire la , laire lan la.
Autre
Lorsque Vigean* quitta la cour
Les jeux, les graces et l'amour,
Entrent dans le monastere.
Lairela etc.
Les jeux pleurerent cejour là,
Cejour la beauté se voila,
Et fit voeu d'être solitaire.
Laire la etc.
* La Rupture de Mr. le Prince avec Madame de Vigean, a êté écrite par M.lle Bernard sous les noms d'Aben amar et de Fatine Aba.
Autre 1648 [124]
Sur le même air
Sur le Cardinal Mazarin
Sire, vous n'estes qu'un enfant; Louis XIV
L'on vous dérobe impunement;
Et le Larron baise vôtre mere.
Laire la etc.
Mesme l'on dit qu'il a protesté
De baiser vôtre Majesté;
Aussi bien que son petit frere.
Laire la etc.
Autre 1648 [125]
Sur l'air des Feuillantines
Sur les Mesme.
Le fichu Sicilien
Ne vaut rien.
Il est boug...... comme un chien
Elle en a sur ma parolle
Dans le cu, dans le cu nôtre Espagnole.
1648 Juin [126]
Sur le Card. l de Mazarin.
On admire vôtre prudence
Grand Cardinal qui commandez.
Aux Orleans, et aux Condez
Et aux autres Faquins de France.
Encore que Naples soit perdu;
Et bien que Courtray soit rendu,
Vous méritez une Couronne.
La guerre n'est qu'aux Officiers;
Et la Campagne est assés bonne,
Puisqu'on apris dix conseillers.
Chanson 1649 [127]
Sur l'air: Poids et Dindons.
pendant les Guerres de Paris.
Que tu nous donne de tourment
Fâcheux Parlement.
Que tes Arrests
Sont ennemis de tous nos interrets.
Le Carnaval a perdu tous ses charmes;
Tout est en armes,
Et les amours
Sont effrayez par le son des Tambours.
La guerre va chasser l'amour,
Ainsi que la Cour,
Et de Paris,
La peur bannit et les jeux et les ris;
Adieu le bal, adieu les promenades,
Les Serenades;
Car les amours
Sont effrayez par le bruit des Tambours.
Mars est un fort mauvais galant,
Il est insolent,
Et la beauté
[128]
Perd tous ses droits auprés de sa fierté,
On ne scauroit accorder les fleurettes.
Et les trompettes,
Car les amours
Sont effrayez par le bruit des Tambours.
Mars ôte tous les revenus,
A Dame Venus,
Nos cheres soeurs,
N'ont à present, n'y argent, ny douceurs.
On séduiroit pour un sac de Farine,
La plus divine;
Car les amours
Qui sont enfants veulent manger toujours.
Place Royalle où tant d'amans
Montroient leurs tourmens,
Ou leur destin,
Estoient souvent flatté par Constantin.
Tu n'entends plus, au lieu de tant d'aubades,
Que Mousquetades,
Et les amours
Pour leurs jouets, n'ont plus que des Tambours.
Que de plaisirs fait le Blocus,
Aux pauvres Cocus;
[129]
Car desormais,
Ils n'auront plus chez eux de plumets.
Ces cajoleurs, ces diseurs de fleurettes,
Font leur retraite,
Et les amours.
Sont desertez par le bruit des Tambours.
On ne voit plus d'esprit sensé.
Tout est renversé
Le Sénateur
Tranche à présent du bon gladiateur.
Les Eschevins ont quitté la police,
Pour la milice.
Et le Bourgeois
Croit avoir droit de reformer les Loix.
Sur M.rs de Gesvres 1649 [130]
Gesvres pour sa Noblesse baille
En preuve de son noble sang,
Un Tombeau de pierre de taille
Du Cimetiere de St. Innocent
Triolets 1649 [131]
de Joye chantez dans Paris, pour chasser la mélancolie.
Il paroît enfin mon Soleil
Ce beau Louis qui me contente;
Ah! que son visage est vermeil,
Il paroît enfin mon soleil!
Ah! que je le vois de bon oeil
Après une si longue attente!
Il paroît enfin mon soleil,
Qui me contente.
A l'aspect d'un Astre si beau,
Qui tout charme, et que tout adore,
Mes soins s'en vont dans le Tombeau
A l'aspect d'un Astre si beau;
Et saisi d'un plaisir nouveau
Je benis sa divine Aurore,
A l'aspect d'un astre si beau
Que tout adore.
Chantez partout vive le fils,
Chantez par tout vive la mere;
Peuples qui vivez dans Paris;
Chantez par tout vive le fils,
[132]
Qu'on n'entende plus d'autres cris,
On ne verra plus de misere;
Chantez par tout vive le fils,
Vive la mere.
Qu'on s'aille divertir au cours,
Il vaut bien mieux qu'on se promene
Pour entretenir les amours,
Qu'on s'aille divertir au cours,
Qu'on passe doucement les jours,
S'il se peut toute la semaine
Qu'on s'aille divertir au cours;
Qu'on se promene.
Que chacun cherche du plaisir
A Luxembourg, aux Thuilleries,
Autant qu'on aura de loisir
Que chacun cherche du plaisir;
Galans selon vôtre desir
Débitez vos galanteries,
Que chacun cherche du plaisir
Aux Thuilleries.
Courage réjouissez vous,
Il en est tems belles coquettes,
Les voila de retour vos foux,
[133]
Courage réjouissez-vous;
Vous les verrez à vos genoux
Chargez de poudre et de fleurettes,
Courage réjouissez vous
Belles Coquettes.
Puisque mon cher Prince est icy,
Adieu chagrin, adieu tristesse,
Je ne veux plus être en soucy,
Puisque mon cher Prince est icy;
Mes maux dont finis, Dieu mercy,
Et je reprens mon allegresse
Puisque mon cher Prince est icy,
Adieu tristesse.
Mon Navire est en seureté
Plus que jamais dessus la seine,
Quoiqu'on m'ait tant persécuté
Mon Navire est enseureté;
Louis à tout vent arresté,
Et m'a mis hors de toute peine
Mon Navire est en seureté
Dessus la Seine.
Je ne crains plus aucun danger,
Puisqu'a present le Roy me garde
[134]
Du François ny de l'Estranger,
Je ne crains plus aucun danger;
Et si quelqu'un veut m'outrager,
N'ai je pas bonne sauvegarde?
Je ne crains plus aucun danger,
Le Roy me garde.
L'Archiduc n'a qu'à revenir
Pour m'endormir avec ses charmes,
Je l'ay bien dans mon souvenir,
L'Archiduc n'a qu'a revenir;
Paris méprise à l'avenir
Autant ses douceurs que ses armes
L'Archiduc n'a qu'a revenir.
Avec ses charmes.
Qu'il garde bien le pays bas,
A luy permis c'est son affaire,
S'il a bon oeil, s'il a bon bras,
Qu'il garde bien le pays bas,
Harcourt ne l'epargnera pas,
Et c'est un bien rude Adversaire
Qu'il garde bien le pays bas,
C'est son affaire.
N'en causez plus ingrats François
[135]
Du grand Harcourt, ny de l'Armée;
Son bras a vaincu tant de fois,
N'en causez plus ingrats François;
Faut il après cent beaux Exploits
Que sa conduite soit blâmée?
N'en causez plus ingrats Francois,
Ny de l'Armée.
Quand il partita de Condé,
Gare Tournay, gare Bruxelles,
Pourveu qu'il soit bien secondé
Quand il partira de Condé,
On verra qu'il est bien fondé
D'esperer des Palmes nouvelles
Quand il partira de Condé
Gare Bruxelles.
Qu'il fait beau voir nôtre Louis
Sur un cheval parmy les ruës,
Mes yeux en sont tous éblouis,
Qu'il fait beau voir nôtre Louis
Sur un cheval parmy les rues,
Mes yeux en sont tous éblouis,
Qu'il fait beau voir nôtre Louis.
J'entends les peuples réjouis
Pousser ces cris jusques aux nuës,
Qu'il fait beau voir nôtre Louis
Parmi les rues.
Qu'il fait beau voir ces Mariniers
[136]
A belles dents tirer une oye;
Qu'ils sont adroits, qu'ils font les fiers,
Qu'il fait beau voir ces Mariniers,
Ils ne seroint pas les derniers
Dedans mes Triolets de joye;
Qu'il fait beau voir ces Mariniers
Tirer une oye.
Riches Bourgeois vivez contens,
Sans rumeur et loin des allarmes,
Malgré les Esprits inconstans,
Riches bourgeois vivez ontens;
Il vaut mieux prendre du bon temps
Que non pas faire du vaccarmes
Riches Bourgeois vivez contens,
Loin des allarmes.
Quoique le Bled soit un peu cher,
N'importe pas la vigne est belle,
On trouve partout pain et chair,
Quoique le Bled soit un peu cher,
Beuvons toujours sans nous fâcher
Attendant la boissons nouvelle,
Quoique le Bled soit un peu cher,
La vigne est belle.
[137]
Beuvons à la santé du Roy,
Du petit Duc et de la Reine,
Francois plein de zele et de foy,
Beuvons à la santé du Roy;
Que chacun bénisse avec moy
Son Souverain et souveraine.
Beuvons à la santé du Roy,
Et de la Reyne.
Quand je n'aurois plus qu'un Teston,
Et moins encore en ma puissance;
Il faut brinder au grand Gaston,
Quand je n'aurois plus qu'un Teston
Je vais boire avec un Raton
Douze fois par réjouissance,
Quand je n'aurois plus qu'un teston
En ma puissance.
Ca ça du vin du plus exquis,Blanc et Clairet c'est pour Madame,Je lui suis de longtems acquis,Ca ça du vin du plus exquis.Je voudrois qu'elle eut un beau filsPour gage de sa belle flame;Ca ça du vin du plus exquis, C'est pour Madame. [138]Il faut boire à vôtre santéDix mille fois, Mademoiselle, Orleans,apellée Mademoiselle de MontpensierPrincesse pleine de beauté,Il faut boire a vôtre santé,Vous me montres tant de bonté,Je veux vous temoigner mon zele,Il faut boire à vôtre santé, Mademoiselle,Cher Condé c'est de tout mon coeur,Que je vay boire à vôtre Altesse;Permettez le moy grand vainqueur,Cher Condé c'est de tout mon coeur;Je n'ay plus de mal, ny de peur.Voicy pour netoyer ma tristesse,Cher Condé c'est de tout mon coeur A vôtre Altesse. Chanson 1649 [139]Sur l'air Il a battu son petit frere.Pour Madame de Sevigny, sur Tancrede,à Madame de Rohan. M.lle de Rohan- Chabot avoit epousé par amourettes, le comte de Jarnac, quipar là fut Duc de Rohan: sa mere, piquée de ce mariage, et dans le dessein de ladesheriter fit venir un jeune homme de Hollande, qu'elle disoit être son fils; ce quidonna lieu à un grand procès qui fut terminé par la mort de ce prétendu fils tué dansune sortie faite pendant les guerres civiles.Ouy, vous étiez de la partie,Lorsque l'on fit cette sortie,Et l'on peut dire avec raisonQue pour terminer cette affaireVous payates la garnisonQui tua vôtre petit frere. Autre.Quand on vous pend en effigieVous le tournez en raillerie,Ô beau Ministre sans égal! Le Card.l Mazarin.S'il plaist à Dieu la FronderieNous fera voir l'originalOù l'on a trouvé la copie.Je vous le dis sans raillerie, par Marigny qui brûle une figure du Cardinal MazarinC'est la véritable effigie,De Julles ce fourbe éternel.La Fronde jamais ne se raille,Le portrait est au naturelC'estoit un Ministre de paille.Autre 1649 [140]Sur le même airPar Marigny, sur Mad.e de Cominge qui se promenoit au cours avec Monsieurfrere du Roy.Jeune merveille sans seconde,Vous triomphez de tout le monde;Et rien ne résiste a vos coups.Qui diable auroit l'ame assez fiere?Puisque vous avez près de vousLe Dieu d'amour à la portiere?AutreGaston se va mettre en campagne,Adieu l'Empire, adieu l'Espagne;Il mene avec lui son pédant.Flandre ta ruine est certaine,Par les Conceils du confidensEt la valeur du capitaine. Par Blot.L'Abbé de Riviere, depuis Evesque de Langres.Autre 1649 [141]Sur le même AirIl a battu son petit frere etc.Sur le Cardinal Mazarin.Il court un bruit par la ville,Que l'esprit du gueux de SicileRevient à la Cour tous les joursPour chasser cer esprit immonde;Amy, il faut avoir recours,A l'Eau bénite de la Fronde.*Dans le tems que le Card.al Mazarin fut obligé de s'en fuir, il envoioit des mémoires àla Reine pour l'instruire de ce qu'elle devoit faire chaque jour;ainsi c'étoit toujours l'Esprit du Cardinal qui rêgnoit à la Cour.AutreLe Cardinal est fort en peine Le Card.l MazarinComment il doit f...... Chimene, La Reyne.N'ayant jamais f.....tu de C.....Il craint qu'au Consistoire on scacheQu'il a méprisé la leçonQu'on lui donnoit êtant bardache.Autre 1649 [142]Sur le même airM.r de Marsin qui êtoit Capitaine dans le Regiment de la Bloquerie peuauparavant.Cette Déesse vagabondeQui gouverne à son gré le monde,Dont les caprices sont des Loix;Pour monstrer sa bizarerieA fait Général des trois RoisUn Agent de la Bloquerie.Chanson 1649 [143]
Sur l'air: Il a battu son petit frere.
Les Conseillers de nôtre Reyne Anne d'Autriche
Dans leur faction souveraine,
Se trouvent si bien desormais,
Qu'on leur frote le cul d'ortie;
Quand on leur parle de paix
Et ou bien d'une bonne Amnistie.
Jean d'Estrées vôtre humeur discrete,
Ainsi que vôtre amour parfaite;
Vous causeront bien du tourment.
La femme de Monsieur le Page,
Trouve que c'est en son amant
Un grand défaut que d'être sage.
Quoique Philis en puisse dire,
Amour le tient sous son Empire.
Il est le maître et le vainqueur;
Mais Dieux! voyez la fine mouche;
Amour est un Dieu dans son coeur.
Et n'est qu'un faquin dans sa bouche.
Chanson 1649 [145]
Sur l'air: Laissez paître vos bestes
Sur le retour du Cardinal de Mazarin
Bourgeois à cette feste
On dit que Mazarin revient,
Faut lui casser la teste,
Ou nous ne vallons rien,
Et nôtre bon Coadjuteur Le Cardinal de Retz.
On dit qu'il se fera Frondeur,
Et de grand coeur dans son malheur.
Il tousse le pauvre homme;
Il est enrhumé du cerveau;
Car le Courrier de Rome
A perdu son chapeau.
Chanson 1649 [147]Sur l'air: Creusons tous le tombeau. ou l'hyver est au tombeau (Clef des Chansonniers)Le Comte de Bussy, sur Mad. e la Marquise de Monglas.Aprouvez un dessein,Que l'amour autorise.Vous resistez en vain,Madame la Marquise;Car Bussy RabutinNe quitte jamais prise.Ce n'est pas le cheminPar où l'on canonise;Mais qui veut être saint,Qu'il se donne à l'Eglise.Aprouvez un desseinQue l'amour autorise.Autre 1649 [148]
Sur le même Air
Par Hotman Capit.e de Cavalerie, qui en fut mis à la Bastille.
Voicy ce Mazarin.
Allons à sa rencontre
Qui vient à St. Guillin,
Donner un quart de montre.
Narfue de ce faquin,
Et de qui n'est pas contre.
Chanson 1649 [149]
Sur l'air de Jean de Vert.
Ce fut environ la minuit,
Qu'in courrier en allarmes,
S'en vint crier avec grand bruit;
Chacun prenne ses Armes;
Je vous le dis sans fiction
Dans le quartier de Cassion
Est Jean de vert.
Faut il se lever si matin,
Dit le Comte de Fiesque?
Je ne dors non plus qu'un lutin
Avec tous ces Tudesques,
Maugrebleu de la Nation,
Le Diable emporte Gassion
Et Jean de vert.
On vit sauter à bas du lit,
Messieurs les volontaires,
Qui quittant leur bonnet de nuit,
Disoient en grande colere.
Maugrebleu de la Nation,
Le Diable emporte Gassion
Et Jean de vert.
[150]
Saint Luc tout remply de fureur,
Dit qu'il faut tout détruire;
Mais il changea bientost d'humeur,
Lorsqu'il entendit dire
Quelfeld et Cassion,
Avoient receu correction
De Jean de vert.
Certain Gentilhomme Normant,
Nommé barbe de Couille,
Les poursuivit assez longtems;
Leur disant force pouille,
Et dit avec émotion,
Voyez la malversation
De Jean de vert.
Dessus le champ on fit venir
L'Intendant de Justice;
Qui a dit qu'il falloit punir
Un si grand malefice,
Et fit faire information
Contre la malversation
De Jean de vert.
Ecfeld tout en désaroy,
S'en fut en diligence,
[151]
Trouver Monsieur frere du Roy, d'Orleans
Pour avoir récompense
Il lui dit pour le consoler
Qu'il le vouloit bientost venger
De Jean de vert.
Indigne fils du grand Henry. Louis XIII.
Va tu n'est qu'un infame,
Si tu laisse périr ainsi
Et ta Mere* et Femme+, * Marie de Medicis. +Anne d'Autriche
Avant que de finir tes jours,
Il faut implorer secours
De Jean de vert.
Hé quoi! vous n'avez point d'Argent?
Vous êtes un si grand Prince;
Et vous souffrez qu'un Capelan
Pille tant de Provinces.
Délivrez nous du Cardinal, Mazarin
Qui nous a causé plus de mal,
Que Jean de Vert.
Un certain Cavalier gascon,
Apellé Fonterailles,
Juroit et renioit tout de bon,
Qu'il eut donné Bataille;
[152]
Mais il changea d'intention
Quand il vit battre Gassion
Par Jean de vert.
Chanson 1649 [153]Sur l'air: Vous charmez tout et le teint de l'aurore, ou Ô beau Jardin.Vous charmez tout et le teint de l'Aurore, Pour Madame de MontbazonAuprès de vous paroîtroit obscurcy. par Benserade.Des coeurs vous faites le soucy,Belle Duchesse, et vous regnez encore.Entre Beuvron, Chastillon, et Toucy.Ne vous plaignez pas (consolez vous) Guerchy si la/que Tiembrune* Tiembrune c'est Mad.e de MontloyAu dessus vous, le prix de la beauté;Car la chasse sévérité,Peut nuire autant à sa bonne fortune.Que vous y sert vôtre facilité.C'est à demain le premier pas de danceQue vous ferez Messieurs du Parlement;Conduisez vous bien sagement;Car vous aurez tous les yeux de la FrancePour les témoins de vos déportemens.Le Cardinal vous voyant chez la Reyne; MazarinIl vous dira salamalec, Frondeurs.D'où Diable vous vient cette humeur?Vous n'avez mis bien souvent en grand peine [154]A tous momens je me couchie de peur.Vous lui direz buongiorno Signor Guilio;Qu'avez vous fait d'un certain habit gris,Qu'aux Barricades de Paris,Vous pristes pour monter sur la Mulle?Hélas! mon Dieu, j'en croiois être quitte;Mais je vois bien que tout est confondu.Suivons, suivons, mon cher Bautru,Le plus seur est de gagné la Gueritte,Car sans cela j'en avons dans le cu.Hélas! mon Dieu, que deviendront mes niéces,Dont le C..... est si joliment placé?Ha! Madame de Senecé,De fort bon coeur j'abandonne ces pieces,Si à moy seul l'autre trou est laissé.C'est vainement que Coëtquen dissimule,Depuis longtems on connoist son amour,Et l'on dit dans toute la cour,Qu'il falloit bien un des enfans d'hercule* *M.r le Duc.Pour remplacer un des enfans d'Harcour+ + le Ch.er LorraineTon teint n'a rien qui ressemble à l'Aurore; Brégis [155]
Il n'est ny blanc, ny couleur de soucy,
Il n'est pas incarnat aussi,
Noire Brégy, et tu regnes encore
Entre la suye, et le noire à noircy.
Chanson 1649 [157]
Sur l'air des Triolets.
Sur le siege de Cambray.
On ne pouvoit prendre Cambray
Si proche de la Canicule;
A moins que d'estre au mois de May,
On ne pouvoit prendre Cambray.
Et certes à dire le vray.
Vous avez eu tout Seigner Julle. Mazarin Card.l
On ne pouvoit prendre Cambray
Si proche de la Canicule.
Monsiegneur le Comte d'Harcour
Voila de piteuse besogne,
Dans la Flandre sans un beau jour
Monseigneur le Comte d'Harcour,
La fortune vous fait le tour
Qu'elle vous fit en catalogne.
Monseigneur le Comte d'Harcour.
Voila de piteuse besogne.
Tous ces gros buffles d'Allemans
Ont dignement servy la France.
Ils ont fait plaisir aux Flamans;
[158]
Tous ces gros buffles d'Allemans
Il temoignent leur sentimens,
Dans cette derniere occurrence.
Tous ces gros buffles d'Allemans
Ont dignement servy la France.
Pour aller joindre Villequier
Qui ne compte point sans hoste,
Et qui combatit le premier.
Pour aller joindre villequier,
Dont on attaquoit le quartier.
Ils abandonnerent leur poste
Pour aller joindre villequier
Qui ne compte point sans son hoste.
Par cette bevuë il entra
Un grand secours dedans la ville,
Et sans crier le qui va la.
Par cette bevuë il entra
Tout de même qu'à Lerida,
Des soldats environ trois mille
Par cette bevuë il entra
Un grand secours dans la ville.
Chanson 1649 [159]
Sur l'air des Triolets.
Coadjuteur qu'il te sied mal Gondy de Retz.
De nous exciter à la guerre,
Quand tu fais le brave à cheval.
Coadjuteur qu'il te sied mal,
Tu devrois être le canal,
Des graces de Dieu sur la terre.
Coadjuteur qu'il te sied mal
De nous exciter à la guerre.
Le brave Monsieur de Bouillon,
Est incommodé de la goute;
Il est parti comme un Luin
Le brave Monsieur de Bouillon;
Mais s'il faut rompre un bataillon,
On mettre le Prince en deroutte,
Le brave Monsieur de Bouillon
Est incommodé de la goute.
Corinthien, c'est trop de chaleur, Le Coadjuteur, Evesque de Corinthe
Vous avez l'esprit trop alerte,
Un chapeau de rouge couleur
Corinthien c'est trop de chaleur,
[160]
Quand vous ne seriez pas Pasteur,
Il en faudroit de couleur verte.
Corinthien c'est trop de chaleur,
Vous avez l'esprit trop allerte.
Beaufort qui n'est point endormi
Alors qu'il s'agit de combattre,
Devoit craindre son ennemy.
Beaufort qui n'est point endormy,
A vaillant, vaillant et demy.
Je crains qu'il ne se fasse battre,
Beaufort qui n'est point endormi
Alors qu'il s'agit de combattre.
La Motte souvenez vous en
De la prison de Pieere-en-cise;
Il n'y a pas un tres longtems.
La Motte souvenez vous en,
L'on pourroit vous en faire autant
Si vôtre personne êtoit prise.
La Motte souvenez vous en
De la prison de Pierre-en seize.
Chanson 1649 [161]
Sur l'air..........
Sur les Barricades de Paris.
Mutins que vos Barricades,
Ont bien troublé nos amours
De vos horribles frondades.
Nous nous souvviendrons toujours
Que tout faiseur de Caballe
Se puisse rompre le cou.
Faut il quitter mon Candalle?
Faut il quitter ma Saint Clou?
J'aprouve assez la furie
Du peuple et du Parlement,
Sans cette mutinerie
Je ne vivrois qu'en tourment
Tout content et tout fidelle,
Que me serviroit may foy?
Je serois loin de ma belle,
Elle seroit loin de moy.
Autre 1649 [162]
Sur l'air: Il a battu son petit frere.
Sur le même sujet que la précédente.
Ils sont sortis de la grande ville,
De gens bien environ sept mille,
Estans en fort bel apareil,
Et s'etant rangez sous les armes.
Ils ont pris Paris pour Corbeil
Tout au rebours du Duc de Parme.
Esperez bien de vos conquestes,
Ayant tant se si bonnes testes.
Pour vos chefs et vos Généraux
Qui pour vôtre juste deffense
Ont mis en habits et chevaux
Tout le plus clair de vos Finances.
Chanson 1649 [163]
Sur l'air.........
Pauvre Gaston ne sois point envieux
Si ton Cousin est brave et glorieux.
Il est civil et à le coeur tres bon.
Il tient cela du côté maternel
Et non pas de Bourbon.
La Montbazon se vantera dans peu
Des protecteurs autant que la Neveu,
Et des Lorrains aussi de Savoyards;
Mais pour son nez Chipre et Jerusalem
Ne l'en sauveront pas.
Chanson 1649 [165]
Sur l'air: Daye d'an daye
Sur la guerre de Paris.
La belle Princesse n'est pas
Du rand des beautez d'icy bas;
Car une fraicheur immortelle
Se voit en elle, se voit en elle.
Dans son visage et dans ses traits,
Brillent quelques divins attraits,
Et dans sa mine et dans son geste,
Un air celeste, un air celeste.
De perles, d'astres, et de fleurs
Bourbon le ciel fit tes couleurs;
Puis il mit dans ce beau meslange
L'esprit d'un ange, l'esprit d'un ange.
Que de coeurs amour blesseroit!
Que de maux au monde il feroit!
Si cette belle moins contraire
Se laissoit faire, se laissoit faire.
La Duchesse a pris à l'amour
Ses traits, et ce Dieu tout le jour
[166]
Pour les ravoir de cette belle
Volle au tour d'Elle volle au tour d'Elle.
Elle les montre en ses appas;
Mais elle ne les lance pas,
Craignant trop, d'en blesser personne.
Tant elle est bonne, tant elle est bonne.
Mais ses coups seroient bien heureux;
Il n'est point de coeurs généreux,
Qui ne voulût mourir pour Elle;
Tant elle est belle, tant elle est belle.
Le Soleil cede à ses beaux yeux,
Et ne voit du plus haut des cieux
Que lui même dedans le monde
Qui les seconde, qui les seconde.
Rambouillet avec sa fierté
A certain air à sa beauté,
Qui fait qu'autant que l'on l'admire,
On la désire, on la désire.
Dessus sa bouche sont toujours,
Les graces avec les amours;
Où pour le plaisir de l'entendre,
Ou pour aprendre ou pour aprendre.
[167]
Que vois-je si plein de clarté!
D'attraits, de grace, de beauté!
Si ce n'est Diane, ou l'aurore,
C'est flore, c'est flore.
Les Oiseaux vont en toutes parts
Suivant sa voix et ses regards,
Zéphire la suit et l'adore
C'est Flore, c'est Flore.
Sur son visage et sous ses pas,
Naissent des fleurs et des appas;
Qu'ailleurs on ne voit point éclore;
C'est Flore, c'est flore.
Pour mettre leur pouvoir aujour,
Le Ciel, la nature et l'amour,
De Corail, d'ivoire et d'Ebene
Firent Brienne, firent Brienne.
Chanson 1649 [169]
Sur l'air: Un jour Pierror voyant Margot.
Sur l'âme de Neveux du Cardinal.
Mazarin qui fut tué à la Bataille de St. Antoine au siège de Paris.
Cy gist le petit Mancini,
Le Neveu de Mazarini.
L'oncle en pleure comme une vache.
Et s'escrie, hélas! quel malheur!
Il m'estoit neveu et bardache,
Et je leusse mis en faveur.
Ce faquin s'adressant au Roy.
Lui dit, Sire, hélas! plaignez, moy,
Avec grand raison je me fache.
Il fut aux coups sans mon aveu.
Il m'estoit Neveu et Bardache,
Il m'estoit Bardache et Neveau.
Sire, je vous l'avoir nourry, - Il êtoit beau il êtoit dous,
Pour être vôtre favory. - Je l'avois dressé pour vous.
Ô! la pitoyable avanture!
Je l'aimois cordialement,
Selon les loix de la nature,
Et je le faisois/foutois autrement.
Chanson 1649 [171]
Sur l'air: Un jour Pierrot voyant Margot
Le Mareschal de Villeroy
Ayant sceu élever le Roy,
Ne scauroit manquer de lumiere;
Les uns disent c'est un Drageoy,
Les autres une tabatiere,
Quelqu'autres un petit Bougeoy.*
*Mr. le Prince disoit que les cocus portoient comme des lumieres au bout de leurs
Cornes qui les faisoient connoitre d'une lieuie.
Chanson 1649 [173]
Sur l'air du petit Comte de Tallard.
Complainte de l'Eschelle du Temple
lorsque M.rs du Marais l'a brûlerent.
par Blot.
Or escoutez, nobles François
Les triste accens de ma voix;
Mon infortune avanture est sans exemple,
Venez gens de bal/robbe et de cour;
C'est la pauvre Eschelle du Temple
Qui vous apelle à son secours
Je faisois trembler autrefois
Le courtisan et le Bourgeois.
Tous ceux qui passoient dans la ruë,
Les Filoux et les garnemens,
Devant moy faisoient pied de gruë
Pour la crainte du chastiment.
Mais maintenant à/dans mon malheur,
Je suis sans force, et sans vigueur.
Helas! je n'ay plus de courage,
Et dans le mal que je ressens,
Tous les Laquais et tous les Pages,
Me font les cornes en passant.
[174]
Ce sont Messieurs du Marais
Qui m'ont causé tant de regrets;
C'est le brave Monsieur Rouville,
Candale, Brissac et de Gerzé,
Coulon, et le Marquis de Ville,
Camus, qui m'ont ainsi traité. fils d'un Notaire.
Pour asseurer les Combatans,
Et les rendre des plus vaillans
Candasse y déploya sa langue,
Et d'un ton qui n'eut point d'egal,
Leur fit une belle harangue,
En qualité de Général.
Messieurs, dit il si nôtre Roy,
Ne vous a point donné d'employ
Sans que vous sortiez de la France;
Vous avez au devant des yeux
Un sujet assez d'importance
Pour rendre vos noms glorieux.
Pour asseurer ce coup d'Estat,
Ils en passerent un contract,
Dont le Camus fut secretaire,
Par son zele leur temoignant
Qu'il est digne fils de son pere,
[175]
Et comme lui fort obligeant.
Fût present le grand général,
Le brave et généreux Candal,
Rouville Sergent de bataille,
Gerzé fait Mareschal de camp,
Et le malheureux Fonterailles
En la qualité d'Intendant.
Aussitôt dit, aussitôt fait,
L'on joint la parole a l'effet;
Nôtre grans général d'Armée,
Sans peur de mort, ny d'accident,
Brusquement la main à l'Espée
Tout le premier donna dedans.
L'on vit après de toutes parts
Accourir tous les jeunes gens;
Qui ayant la main à l'Espée,
Jeunes et vieux, petits et grands,
Plus rudement qu'à la Bassée
Choquerent le monstre arrogant.
Pendant tout ce fâcheux combat
Le brave et valeureux soldat.
Craquenelle l'Apoticaire
[176]
Quoiqu'il ne fut du compromis,
Accourut avec un clistaire.
Pour combattre les Ennemis.
Cependant on voyoit de loin
Le pauvre Coulon dans un coin,
Qui regardant cette entreprise
A genoux sous un petit toit;
Joignoit les mains comme Moyse
Lorsque la troupe combattoit.
Chanson 1649 [177]
Sur l'air: Ha que j'aime ma bergere.
Pendant la guerre de Paris le Comte de Bussy enleva Madame de Miramion, et
Marigny donna un soufflet à Boileve, a cause dequoy le cardinal le fit Evesque, et
Marigny fit cette chanson.
Pour aller à la Potence,
Il faut enlever quelqu'un,
Ou soufleter d'importance; un conseiller du commun;
Et pour aller à la greve,
Il faut avoir ce dit on;
Miramion, ou Boileve;
Boileve ou Miramion.
Chanson 1649 [178]
Sur l'air des rideaux de vôtre lit
ou Jardinier ne voit tu pas.
Le vaillant Duc de Beaufort,
Que tout le monde adore;
A pourfendu, ce dit on,
D'un grand coup d'estramaçon,
Un maure, un maure, un maure.
Or deviez la vertu
De ce Diable de mort/maure;
Quand Beaufort l'eut pour fendu,
Il couroit comme un perdu
Encore, encore, encore.
Autre 1649 [179]
Sur l'air: Quelle heure est il Margot?
Belle Comminge,
Rien n'est si beau
Dessous ce linge
Que vôtre peau.
Gardez vôtre chemise
Pour un autre corps
Elle n'est pas de mise
Sur tant de Tresors.
Chanson 1649 [181]
Sur l'air de la Fronde, ou de Coulon frondeur.
Sur Mr. le Duc de Beaufort après sa sortie de Vincennes. de Mr. du Fautres.
Brave Beaufort quoique l'on die,
Laissez le Roy courrir les champs;
Ne passez point en Normadie;
Ces peuples en sont trop méchants;
Qu'on y fasse paix, ou carnage,
Ne travaillez qu'en tricotage
Car les grands hommes comme vous
Ne doivent point aller aux coups.
De quelque gloire qu'on vous flatte,
Laissez là la flame et le fer;
Car votre Altesse délicate
N'a pas besoin de fort hiver.
Et puis nôtre badoderie
Pense encore à la fronderie;
Et dans ce grand nombre de fous,
Il faut des gens faits comme vous.
Hélas! que diroit la canaille,
Si vous trébuchiez à l'Assaut?
[182]
Ou bien si dans une Bataille,
Vous faisiez quelque soubresault?
N'exposez donc point vôtre vie
Aux traits de la Gendarmerie;
Car les bons chrestiens comme vous
Ne doivent mourir qu'à genoux.
Chanson 1649 [183]
Sur l'air Vous m'entendez bien.
Madame de Miramion
Donne une fort bonne leçcon;
Disant d'un ton sévere.
Hé bien!
Mentir est pire que faire
Vous m'entendez bien.
Autre 1649 [184]
Sur l'air...........
Impromptu de Marigny buvait à la santé
de la Duchesse de Sully, il se reprit ainsi,
la liberté ayant choqué la Duchesse.
Je bois à toy Sully;
Mais j'ay failly,
Je devois dire, à vous adorable Duchesse,
Et boire chapeau bas
A vos divins appas.
Colloque 1649 [185]
de Paquette et Jacqueline
Harangeres des Halles.
Jacqueline.
Il s'en va ma commere, et je ne burions pas,
Ce truand Cardinal, ce preneur dangrumelles, Mazarin
Qui pensoit renverse la pauvre France abas
En lichant le morviau de nos pauvres Donzelles;
Beuvons, tout est gaigné, beuvons à nôtre Roy,
Sus beuvons à Condé, sus beuvons à pleins verres,
A ce vaillant soudart, qui baille tant d'effroy
Aux Bastards et Flamans, etqui sauvit nos terres.
Boutons bas la Moruë, quittons nôtre Marlan;
Qu'est-ce! où sont nos maris? où sont donc ces yvrongnes?
Qu'ils boivent à la santé de nôtre Parlement,
Et voyons a plaisir en luminer leurs trognes.
Pacquette.
Comment donc ma commere! est-ce chose certaine?
Jacqueline
Ouy ma foy, je le scay
Pacquette.
Quoi! ne lui fait on rien?
Ce haran que voyez cassera sa babeine;
Et lui et ses supôts, ils auront nôtre bien?
Et je ne diriens mot? Saint Jean, non fera pas,
[186]
Non, je l'escouilleray à tout cette allumelle,
Et lui arracheray tout son pauvre tracas;
Je seriens de grands sots, tu me la baille belle;
Il faut nous assembler, et s'il vient a Paris
Avec un grand baquet je lui ferons sa biere,
Et puis après cela, nous avons nos maris
Je l'irons culbuter au fond de la riviere
Epigramme 1649 [187]
Sur le malheur du tems present
Ô! Carnaval épouvantable!
On ne sert que du souffre à table.
Ô! siecle de Tigres et d'ours;
Je n'entends rien que des tambours;
On ne se coiffe que de casques,
Et le peuple devient si fier
Qu'il ne se voit plus d'autres masques
Que des fronts d'Airain, et d'Acier.
Quatrain 1649 [188]
Contre le Parlement.
Le premier President n'est qu'un lâche poltron,
L'Avocat général, n'a pas moins de molesse.
Pourquoi donc craindre un corps malade foiblesse
Depuis le chef jusqu'au Talon?
Chanson 1649 [189]
Sur l'air: Revenez M.r le Card.l
Sur le Cardinal Mazarin
Revenez Monsieur le Cardinal,
Paris ne vous veut plus de mal.
Chacun vous y désire
L'on y voit rire,
Et vivre à gogo
Bartet, Brachet, Fouquet, zongo.
Réponse par Marigny
Demeurez Monsieur le cardinal,
Paris, sans vous, ne va pas mal.
Notre Roy n'a qu'a dire
Cequ'il désire,
Tout filera doux
Si il se peut passer de vous.
Sur les Armes du Sicilien 1649 [190]
Le Card.l Marazarin
Quid fasces, tristemque geris Romane securim
Lictor et in nostros dirigis arma sinus
Desine fatali Gallos terrere ruina,
In propriam recident tela retorta necem
Arma cuum hoec caput abscinderit et versa ministris
Fascibus in cineres Corpora ventus aget.
Chanson 1649 [191]
Sur l'air de grand guenipe.
Sur Madame de Montbazon
Grand Conasse, grand Conasse,
Pourquoi f.....tu tant?
Les v...... sont si petits,
Et ton C......... est si grand.
Je ne m'en scaurois lolanla,
Je ne m'en scaurois lonlanla
Je ne m'en scaurois passer.
Chanson 1649 [193]
Sur l'air.....
Tuteur des Rois de France, Le Parlement
Coulon, quoique l'on ait dit,
Jusqu'icy vous avés eu répit,
Jusqu'à la Potence;
Mais à l'avenir ma foy je trouve pourtant
Un peu de gibet à vôtre ascendant.
Blot
Vôtre charge est assez belle,
J'apréhende seulement,
Si vous rendez compte exactement
De vôtre tutelle,
Que vôtre Pupille êtant devenu majeur
Ne fasse brancher Monsieur son Tuteur.
Blot
Sixain 1649 [194]
Sur l'Enlevement du Roy
Ce beau cardinal Mazarin
Est un Ministre assez mal fin;
Il n'entend pas bien son affaire
D'oster le Roy le jour des Rois
Lorsque Dieu nous en donne trois,
Et qu'on souffre au peuple d'en faire.
Chanson 1649 [195]
Sur l'air de gage petits
Sur M.r de Fonterailles.
Cher amy Fonterailles;
Vis-tu jamais un marmouzet,
Ny visage qui vaille?
La Fieubet,
La Ficubet,
Pilou lui cede
Tout ceque le monde a de lui.
Anagrame 1649 [196]
Julius Mazarinus
Vilis asinus ruam.
Autre
Sur le nom de Mazarin
Voyez de Mazarin la plaisante Anagrame,
Il y a Sarazin mettant S. pour M.
Sonnet 1649 [197]
Du peuple de Paris
Peuple de qui les maux auront bien de la suite
Si vous ne prevenez par un juste attentat.
La mort de ce Tiran qui gouverne l'Etat le Card. l Mazarin
Avec plus de rigueur, que non pas de conduite.
Il faut exterminer cette engeance maudite,
Puisqu'il est condamné par Arrest du Senat;
Mais personne ne veut aprocher de ce fat
Pour nous en délivrer par un coup qui mérite.
Le dernier des hénris, le plus grand de nos Rois,
Fut assez malheureux de trouver un Francois,
Qui plongea dans son sang une main paricide.
Et maintenant Paris si remply de vaillants
Ne peut pas rencontrer un illustre homicide
Qui tuë en Mazarin le plus grand des Tirans.
Autre 1649 [198]
Sur un Portrait de St. Jean-Baptiste êtant
a Cheval sur un mouton, et le tenant en sa
main une Croix arboré d'une Enseigne,
où il y a Pro Rege.
Ce nouveau cavalier, cet enfant sans malice
Ce petit precurseur monté sur un Mouton,
Qui porte dans sa main la croix comme un bâton,
Vient pour être à Paris le chef de la Milice.
Les Armes de Paris, sont Armes de justice,
Le Palais est arme contre un rouge Démon Le Card.l de Mazarin
Qu'a vomi Montgibel pour être à Montfaucon.
Saint Jean vient à Cheval le conduire au suplice.
Messieurs du Parlement ont prononcé l'Arrest;
L'Executeur public est en Greve toutprest,
Pour y couper la teste au Tiran de Sicile.
Les vespres de Sicile ont mis la France aux abois.
Ne vous étonnez pas si tous les bons François
Passionnent la mort du monstre de cette Isle.
Placars 1649 [199]
Affiché à la porte de la Grand Chambre.
Peuple et senat traitte hardiment
Celuy cy comme l'autre cancre; le card. l Mazarin
Greffier éscris l'Arrest du Parlement
Et que tout y soit de même ancre.