1er
Chanson 1693
Au sujet du pain vendu au Louvre la chère année 1693
Par les grands soins du Pile , il réussit mal
Charitable autant qu’ habile ,
Gens des champs et de la ville ;
Pour deux sols auront du pain .
Le Boulanger mercenaire ,
Auteur detant de misères ,
Voyant reussir l’affaire
S’enva mourir de chagrin.
L’Usurier qui dit méchamment
Qu’en France il manque du Fromens ,
Il ment, il ment, il ment.
1693
Autre
Par Bachaumont
Mon Dieu le bon temps que c’estoit
A Paris pendant la Famine!
Tout le monde s’entref…..toit ;
Mon Dieu le bon tems que c’estoit
Le plus … se contentoit
D’un petit boisseau de Farine.
Mon Dieu le bon temps que c’estoit
A Paris pendant la Famine!
1693
Autre
Sur l’air: Si tu ne viens pres du Roy, Villeroy
Sur le même sujet que les précédentes.
Si on veut avoir du bled
Au Marché,
Et même en grand abondance;
Il est besoin seulement
Promptement
De planter une potence.
Il faudra pour l’etreiner
Lui donner
Certain homme d’importance; Caumartin
Je ne say que ce moyen,
Qui soit bien
Pour le salut de la France.
On portera ses quartiers,
Tous entiers
Montereau Fautionne
Tu n’aurois pas d’autre fin
Marcautin Caumartin
Si la justice étoit bonne.
1693
Autre
Sur l’air des Magiciens de la Mascarade
Mad’. de la Suse pour le Marquis de St
Thierry, qu’elle nommait dans tous ces vers Tircis
Tu vois dedans mes yeux
Les transports de mon ame.
Te-peux je exprimer mieux
Mes desirs amoureux?
Entre tes bras, cher Tircis; je me pame,
Par cent baisers, redouble mon ardeur.
Veux tu mal mourir quand je me meurs –
Quoi ne veux tu pas mourir quand je me meurs
Je sens une douce langeur;
Momens
Charmans
C’est vous qui faites les heureux amans;
Helas! bis
Ah! J’expire d’amour entre tes bras.
1693
Chanson
Sur l’air de Réveillez vous belle endormie.
Andre’ Bethoulat S. de Fromenteau, Comte de la Vauguyon, Chevalier des Ordres du Roy, Conseiller d’Estat, Ambassadeur en Espagne, se tua lui meme de deux coups de Pistollet le 29 Novembre 1693.
D’un Pistollet dans la cervelle,
Que Fromenteau se soit donné.
Il étoit fou; cette nouvelle
Ne m’a point de tout étonné.
Mais je ne puis que je ne pleure,
Comme d’un malheur sans pareil;
De voir que c’estoit la meilleure
Des bonnes testes du Conseil.
1693
Autre
Sur l’air des Landerirette.
Sur M. de Harlay 1er Président.
Avec sa barbe de Cochon,
Il pretend imiter Caton;
Landerirette.
Il en fait les grimaces aussi,
Landeriri
1693
Autre
Sur l’air Ha! Mon mal ne vient que d’aimer
Sur Madame de Grandville
De quel feu me sens je enflamer?
Ha! Mon mal ne vient que d’aimer.
Colo voudroit bien m’alarmer;
Il dit que j’ay la Pierre;
Mais mon mal ne vient que d’aimer.
Portez moy chez Bessiere.
1693
Autre
Sur l’air…
Sur M. le Comte des Muras
Des Muras n’as tu point de honte,
D’armer la Couronne de Comte?
Tu devois plustôt l’effacer.
Ta sotte vanité te gâte;
Chacun dit te voyant passer,
C’est un Comte fait à la hâte.
1693
Sur Mr. de Pontchartrain
Controlleur General
Ayant remercié Messieurs de l’Académie d’une place qu’ils lui offroient
Pontchartrain plein de modestie
Répondit à l’Académie.
Messieurs faites un meilleur choix;
Bien loin d’avoir de l’Eloquence,
Je n’écorche que le François,
Et c’est là toute ma science.
1693
Autre
Sur l’air…
Sur le Cardinal de Bouillon
Prenez la Génealogie
De Monsieur l’Evesque d’hostie,
Mettez-là dans un alambic,
Distilez toute vôtre vie;
Je veux qu’on me berne en public
S’il en sort qu’un grain de folie.
1693
Chanson
Sur l’air Réveillez vous belle endormie
Discours entre le P. Géneral des Jesuites et le Pere Recteur du College Romain, sur la Probabilité. Traduit de I’Italian.
Le P. Recteur.
Pere Général je vous prie
N’écrivez point contre nous tous;
Faut il ainsi qu’on nous décrie,
Et que cela vienne de vous?
Un Royaume qui se divise,
N’st il pas a moité perdu?
Et partout faudra t’il qu’on dise
Le Jesuitisme est confondu?
Vous scavez qu’on vout tient mon Pere
Comme un souverain parmi nous
Mais vôtre Escrit nous désespere
Et nous perce le coeur à tous.
Quoi! vous arrachés la Couronne
A notre Probabilité?
Et l’on voit en vôtre personne
Un Montalte ressuscité.
Songez combine on s’interesse
A cet Ouvrage sans pareil;
Et qui l’attaque nous blesse
En la prunelle de nôtre oeil.
Il est vray vous êtes le maître;
Mais tous nos péchez mutinez,
Pourrons bien vous priver, peut être
De la place que vous tenez.
Vous scavez que le Pape même,
Quand il vous porte quelques coups
Malgré son triple Diadème,
N’a plus aucun pouvoir sur nous.
Nous obéïssons au Saint Pere,
Quand il combat nos Ennemis;
Mais veut-il nous être contraire
Nous ne lui sommes plus soumis.
Ainsi mon Pere prenez garde,
Que toute la Sociéte,
Ne s’eveille et ne vous regarde
Comme êtant sans autorité.
Le P. Géneral
Mon Pere je vous remercie
Des avis que vous me donnez
Ce n’est pas que je me soucie
De tous ces Peres mutinez.
Le Pape et le Roy Catholique
Scauront me maintenir tous deux.
Nos gens ont trop de politique
Pour vouloir se heurter contre eux.
Le P. Recteur
Mais une vengeance secrette
Vous peut, sans éclat, et sans bruit,
Faire déloger sans trompette,
Et disparoître en une nuit.
Une Compagnie offensée
Est plus a craindre qu’in ne croit;
Surtout quand elle a la pensée
Qu’elle peut user de ce droit.
Le P. Géneral
Oui quand on veut donner atteinte
A son honneur, s’il est besoin,
Elle a droit de tuer sans crainte
Accusateur, Juge, et témoin.
Pour moy qui n’eût jamais envie
De faire tort à son honneur,
Je ne pense pas que ma vie
Soit exposée à sa fureur.
Le P. Recteur
A quoi songez vous de medire
Que vous ne lui faites point de tort?
Pouvez vous faire rien de pire?
Et qui mérite mieux la mort?
Vous scavez que la Compagnie
Veut dans tous les Pays divers,
Etablir sa gloire infinie,
En s’attirant tout l’univers.
Qu’elle veut sauver tous les hommes,
Et que par un pieux désir
Nous cherchons tout tant que nous sommes,
Le moyen d’y bien réussir.
Ce moyen est sur chaque affaire
D’avoir deux Auteurs à la fois,
Qui soient d’un sentiment contraire,
Et qu’on puisse suivre à son choix.
Nous avons sur toute matiere,
Comme nos Pere le vont voir,
Des Escrivains pleins de lumiere;
Dont l’un dit blanc et l’autre noir.
Si l’on veut ni l’un ni l’autre,
Pour contenter tous les Esprits.
Une Ecole comme la nôtre
Pourra lui presenter du gris.
Ces opinions différentes,
Attirent chez nous les coeurs;
Les bonnes ames, les méchantes
Trouvent leur fait dans nos autheurs.
Le P. Recteur
Mais mon Pere, est il veritable,
Que le monde eut, pour la pluspart,
Suivy la Doctrine admirable,
De Tambourin et d’Escobart?
Certaines gens trop difficiles
Nous disaient, que tous nos Docteurs
Ne citans Peres ny Conciles,
Devoient passer pour novateurs.
Qu’estans de sentiments contraires,
On devoit conclure d’abord,
Que si les uns êtoient sinceres,
Les autres au moins avoient tort.
Que la Morale Evangélique
Ne s’accordant point avec eux;
On ne pouvait dans la pratique
Suivre rien de plus dangereux.
Pour detruire tous ces obstacles,
Et pour vaincre tous ces Efforts,
Nos Peres ont fait des miracles
Et sont demeurez les plus forts.
Nous avons posé pour principe,
Qu’on pouvait suivre en tout seureté;
Tout sentiment qui participe
De quelque probabilité.
Qu’une opinion est probable
Quand elle est dans un grand auteur;
Qu’en suivant un Docteur semblable,
On est exempt de toute Erreur.
Qu’entre deux sentimens contraires,
Le coeur ne pouvait être impur;
Même en suivant selon nos Peres,
Le moins probable, et le moins seur.
Le P. Géneral
Par là, mon Pere, rien n’eschape
A nôtre Probablité.
Vous êtes plus grand que le Pape,
Avec cette subtilité.
Le P. Recteur,
Vous voyés, mon Réverend Pere,
Que pour notre société,
On ne pouvait jamais mieux faire,
Et que rien n’est mieux inventé.
Par là nous gagnons la victoire
Sur tous nos Ennemis jaloux;
Et par là nous avons la gloire
D’attirer tout le monde à nous.
Vous ne pouviez donc faire pire,
Contre nötre Société
Que de crier et d’écrire
Contre la Probabilité.
C’est vouloir nous faire la guerre
Avec un outrage cruel;
Et renverser ainsi par terre,
Toute la gloire d’Israël.
Quoi! Cette grande Compagnie,
Pleine de scavans et de Saints,
Par son Général est trahie?
Et voit tomber tous ses desseins?
Ô Malheur! Ô désastre extreme!
Ô sources de milles douleurs!
Nôtre Ordre est éteint par lui même.
Peut on verser assés de pleurs?
Le P. Géneral
Pere Recteur, point tant d’allarmes,
Je ne vous ay pas fait grand mal;
Car la Compagnie a des Armes
Plus fortes que son Général.
Il est vray que j’ay mis en poudre
Tous les principes qu’elle a faits,
Mais, pourra-t’elle se résoudre
A les abandonner jamais?
Contre ma voix, elle en a mille;
Je suis seul contre un monde entier
Et tout mon Livre est inutile
Elle scait trop bien son métier.
Cette Troupe si redoutable,
Dira que mon autorité,
Ne fait qu’un sentiment probable
Contre la Probabilité.
Ainsi conservant son sistême
Contre la force de mes coups,
Elle sera toujours la même;
Mais cependant je vous plains tous.
Je vous plains par trois conséquences,
La premiere regarde Dieu,
Qu’on peut, suivant vos connoissances,
N’aimer jamais en ce bas lieu.
La seconde que l’on peut même
Tuer les Princes quelques fois.
Cette pensée est un blaspheme
Contre la Loy du Roy des Rois.
La troisiême conséquence
Est qu’on peut, suivant vos auteurs,
Tenir en seure conscience
Que vous êtes des Corrupteurs.
Je crains donc que Dieu n’abandonne,
Des hommes qui ne l’aiment pas;
Que chaque Prince ne s’estonne
D’être si proche du trépas.
Que toute la terre en colere
De voir tant de corruption,
Ne vous couvre, à la fin, mon Pere,
D’une entiere confusion.
Le P. Recteur
Puisque vous êtes inéxorable
Contre la Probabilité.
Nous allons rendre tres probable
Que vous parlés sans charité.
Que vous êtes un homme colere,
Un coeur superbe, un esprit haut;
Et qu’enfin vous avez fait faire
Vôtre Escrit par M. Arnaut.
1693
Chanson
Sur l’air de l’Echelle du Temple
Sur la cherté du pain de 1693
Par l’Abbé Martines.
Au Louvre nôtre Souverain
A deux sols fait donner le pain
Scachant des peuples la misére.
Pour paroître encore plus humain
La grace seroit toute entiere,
Si il donnait à ce prix le vin.
1693
Chanson
Sur l’air Reveillez vous belle endormie
Critique de l'Opéra d’Alcide de Capistron, et la Musique de M.rs de Lully et Marais.
Autrefois je chantois Achille ,
Et son homere Capistron ;
Muse rend ma voix fertile ,
Pour une seconde Chanson.
J’ay besoin d’une aide puissante ,
Mon projet est des plus hardis ;
Il faut aujourd’hui que je chante
Hercule à la voix* d’Adonis.
*C'estoit une haute contre
Le Prologue est à la commune ,
Et Louis ce rare héros ,
Et Roy maître de la fortune ;
N’y a que du vent et des mots.
C’est ensuite Yole la belle
Qui vient commencer l’Opéra ;
Elle a tout perdu nous dit elle ,
Quand elle a perdu son papa.
L’amour aussi pour sa défaite ,
Manquant d'attraits dans ses carquois ;
Emprunte ceux de Philotecte
Pour la brunette sous ses Loix.
AEglé vient se plaindre avec elle ,
Philotecte survient aussi ,
Aporte une bonne nouvelle
Et dit, Déjanire est icy.
Alcide chasse Philotecte ,
Qui s’en va sans repondre un mot ;
Et puis aprés conte fleurette ,
A la maîtresse de ce sot .
Les Peuples joüissent des Charmes
D’une nouvelle liberté ;
Yole verse encore des larmes
Et le premier Acte est chanté.
Acte Second
Par un coup de sifflet tout change ,
Et l’on voit un jardin fleury ;
Alcide vient, et trouve étrange
Que son épouse y vienne aussi.
Peu s’en faut qu’il ne la maltraite ;
Mais enfin il la plante là.
Déjanire avec Philotecte
Se plaint de ce procédé là.
Elle conspire contre Yore ,
Resout de la mettre au tombeau ;
Et Philotecte se désole.
Yole AEglé font un trio.
Tout trois entonnent tout de même ,
Que c’est le suprême des maux ,
De trembler pour ce que l’on aime.
Suprême est là bien a propos.
troisiême Acte
Testius la devinaresse
Paroist aprés dans son cachot ;
L’Epouse d’Alcide s’empresse
De décendre et lui dit un mot.
Maints sorciers et maintes sorcieres ,
Tracent les figures qu’il faut ;
Aux Diables ils font leurs prieres
Ou bien aux Dieux tout autant vaut.
De ces Dieux ou bien de ces Diables ,
Le pauvre Déjanire aprend
Qu’elle a un voile inestimable
Propre à faire un grand changement.
Acte 4
Alcide vient dans un bocage ,
Entendre chanter les Oiseaux.
Il va se coucher sous l’ombrage ,
Digne amusement d’un heros!
Ce Coeur farouche outré mesure ,
Dégénere en un doux berger ;
Le Ciel fait naître une avanture.
Exprés je crois pour se vanger.
Philotecte dans cette place,
Vient chercher l’objet de son mal ;
Alcide connoist sa disgrace
Par la bouche de son Rival.
Yole avec lui sans mistelle,
Vient pousser cinq ou six soupirs ;
Sans songer qu’ Alcide derriere
Est le temoin de leurs plaisirs.
Amans quelle crainte est la vôtre?
Vous vous croyés tous deux perdus ;
Il prend sur le fait l’un et l’autre ,
Et dit qu’il a tout entendu.
Mais laissez le tout seul se plaindre ,
Allez vous en causer plus loin ;
Pour lui c’est Junon qu’il doit craindre,
De la calmer il prend le soin.
Déjanire trouble la feste ;
Veut l’amour pour son favory ;
Et le dernier Acte s’apreste ;
Ma foy fut il deja fini.
5eme Acte
C’est Déjanire qui commence
Par des soûpirs interrompus ;
Elle attend en impatience
L’effet du voile de Nessus.
Les Prestres en Cérémonie
Viennent pour célebrer l’himen.
Elle de tristesse est remplie ,
Et n’a garde de dire amen.
Philotecte dans la tristesse ,
Du moins en marque t’il un peu ;
Vient contre mander l’allegresse ,
Et dit qu Alcide est tout en feu.
De bon coeur déjanire enrage ,
D’avoir cause l’embrasement.
Dans la mer se jette à la nage
Pour y terminer son tourment.
Alcide dans sa rage extreme
Voudroit la Scêne ensanglanter ;
Mais il périt enfin lui même ,
On entend la foudre éclater.
L’Epouse a perdu la lumiere ,
Est morte de froid dans les Eaux ;
L’Epoux cherche une mort contraire ,
Se jetter au feu et meurt de chaud.
C’est là que le spectacle cesse ;
Vous Auditeurs, que je vous plains ,
Qui n’allez pas aprés la Piece ,
Noyer vôtre ennuy dans le vin.
1693
Epitaphe
De Camille de Neuville Archevesque
de Lion
Passant n’escoute pas ceque la Calomnie
Te dira de ce grand Prélat.
Il a fait, quoiqu’on l’ait blamé de peculat ,
Deux grands miracles en sa vie.
Miracles, qui feront ton admiration ,
Et qu’il ne faut pas que l’on taise.
Il a fait son veneur Seneschal de Lion ,
Et Confesseur du Roy, le Pere de la Chaise.
1693
Sur L’Opéra de Médée en 1693
Par T. Corneille et Charpentier la Musique.
A L’Opéra Dieux! La belle Machine
Qu’ à fait faire Franchine
Pour y prendre un rat, pauvre Jason, c’est Francine
Qu’as tu fait à Corneille?
Pour te faire affront ;
Point de chanson ,
La Musique à l'Oreille,
Ne vaut pas Didon. Opéra qui avoit precede Médée
Jamais pour un Opéra si mauvais,
On ne fit plus d’aprest.
Croit on nous amuser ?
Et nous charmer ?
Avec si peu d’attraits ;
Aussi l’on est bientost désabusé
De ces Colifichets.
1693
Devise
Pour le Roy, un Soleil dans son midy brillant de lumiere, et éclairant seul toute la Terre et ces mots pour a me contemta fit uno, expliqués par le Couplet qui suit.
Louis par ses Exploits de guerre
Devient toujours plus glorieux ;
Et fait voir qu’il ne faut sur terre,
Qu’un Roy, comme un soleil aux Cieux.
1693
Argument des 24 Livres de l’Odissé, par Mr Perrault Medecin
sur l’air Réveillez vous belle endormie
Vous ne songez à m’engager
Que pour server à votre gloire ;
Mais vous aurez part au danger,
Ou vous n’aurez pas la victoire.
1er Livre
Minerve des sages l’apoy ,
Conseille au prudent Telemaque ,
De chaser des gens, qui chez luy ,
Vivoient comme on fait à la Maque*
*cabaret autrefois fort illustre à Paris
II e
Ce Sage fils fait l’enragé
Contre les galans de sa mere ,
Par qui tout son bien est mangé ,
Mais on se rit de sa colere.
IIIe
Il part et va dire à Nestor
De sa mere toutes les peines ;
Car bien qu’elle n’ait pas grand tort ,
On en conte bien des fredaines.
IVe
De son pere chez Menelas
Il apprend pour toute nouvelle ,
Que Calypso dont il est las ,
Le force à coucher avec elle.
Ve
La Nimphe pour faire un vaisseau ,
Lui fournit et bois et cognée :
Un naufrage le eu dans l’eau ,
Le fait jeûner mainte journée.
VIe
De là sortant cahin caha ,
Un Fleuve l’endort sur la rive ,
Où l’Infante Nausicaa
L’eveille en battant la lessive
VIIe
Chez la Reine Arete aux blancs bras ,
On couche le prudent Ulisse
Dans un lit garni de blancs darps ,
Qui lui fut fait par la nourrice.
VIIIe
Il pleure au milieu d’un repas ,
Oyant conter ses hauts faits d’Armes ;
Le Roy qui ne le connoît pas ,
Veut scavoir d’où viennent ces larmes.
IXe
Il conte comme il arriva
Sur les epouvantables Costes
De Sicile , où l’oeil il creva
A l’homme qui mangeoit ses hostes.
X
Comme il mit passant sur les Eaux
Tous les vents dans la Gibeciere ;
Comme à ses gens , grouins de pourceaux
Furent faits par une sorciere.
XIe
Comme Circée fait qu’il descend ,
En Enfer forcant la nature ,
Où Tiresias en passant Lui prédit
Sa bonne avanture.
XIIe
Comme des Enfers retourné ,
Il s’embarque et voit les Sirennes ;
Et quoi qu’il ne fut pas damné
Il souffre encore beacoup de peines.
XIIIe
Aux Pheaciens ébahis ,
Ulisse ayant dit son histoire ,
On le remene en son pays
Après l’avoir fait très bien boire.
XIVe
Entrant en ce pays si cher ,
Il adore ses Dieux Penates ,
Puis il s’en va chez son Porcher
Qui racommondoit ses savates.
XVe
Ce Noble hôte lui fait mâcher
Maints Aloyaux , maintes Eclanches
Et puis il le mene coucher
Avec les Pourceaux aux dents* blanches *Argiododez
XVIe
Les fils d’Ulisse croît rêver ,
Ou que de lui l’on se goberge ,
Quand on lui dit d’aller trouver
Son pere en cette belle auberge.
XVIIe
Ulisse fort mauvais garçon ;
Mais prudent encore d’avantage ,
Se travestit en polisson
Pour rentrer dans son héritage.
XVIIIe
Cependant lorsqu’il ne croit point
Qu’en cet état on le rebute ,
Un autre gueux à coup de poing
Toutes ses bribes lui dispute .
XIXe
Par ses gens il est reconnue ,
Quoiqu’il leur dit cent choses fausses ;
Car la servant vit à nud
Sa marque en lui tirant ses chausses.
XXe
Ayant apris qu’un insolent ,
Chez lui s’estoit donné carriere ;
Il dit qu’il tuera ce galand ,
Et qu’il pendra la Chambriere.
XXIe
Sa femme qui se sent presser ,
Amuse avecque des cognées
Les fens qu’elle n’a pû chasser
Avec ses façons refrognées.
XXIIe
Tandis qu’un jeu sot et badin
Amuse la troupe gaillarde ;
Le sage Ulisse l’Arc en main ,
L’un après l’autre les canarde.
XVIIIe
Les ayant tous poussés à bout ,
A sa femme il se fait connoître ;
Qu’il eroit innocente de tous
Comme l’enfant qui vient de naître.
XXIV
Tous les parents des trépassez ,
Trouvent l’action peu courtoise ;
Mais Minerve dit , c’est assez ,
Et vient apaiser cette noise .
1693
Chanson
Sur l’air Rochers vous êtes sourds.
Affaire des Jesuites et de l’Archevesque de Reims, accommodée par Mr le 1er President de Harlay.
Je ne m’estonne plus que les Enfans d’Ignace
Gouvernent à leur gré Charlequin de Thémis
Je scais par quel endroit il leur est si soûmis.
Ils ont absous le Roy de l’avoir mis en place.
Chanson
Sur l’air …
Par Mlle Itier.
Bons François réjouissons nous ,
Nos Ennemis ont du dessous ;
Quoique le frondeur raisonne ,
L’Année est bonne.
Lorsqu’ils croyoient que nos vaisseaux
N’osoient paroître sur les Eaux ;
Tourville sur leur Flotte donne, à Lagos
L’Année est bonne.
Sitost qu’on voit note Dauphin,
Paroître sur les bords du Rhin ;
L’Aigle se cache elle en frissonne
L’année est bonne.
Nassau dans son Camp bien gité , à Nerwinde
Y croyoit être en seureté ;
On va l’y forcer en personne ,
L’année est bonne.
L’obstine Prince Savoyard
A nous s’en venoit tout gaillard à Lignerol
Disant je fulmine et jetonne ,
L’année est bonne.
S’en retournant avec éclat
Aprés n’avoir rien pris qu’un rat ;
Catinat le bat* et l’estonne. * à la Marsaille
L’année est bonne.
Ce Mareschal mettant a bas
Ses Alliez et ses Soldats ;
Canons, Drapeaux, tout il moissonne ,
L’année est bonne.
Jusque dans les murs de Thurin
Il se fait suivre à sibon train ;
Qu’ a peine il sauve sa personne , l’année etc.
Allemands, Flamans, hollondois ,
De Louis voila les Exploits ;
Permettez qu’icy l’on entonne , l’année etc.
Peuples que l’on voit irritez ,
Il vient du bled de tous côtez ;
Cependant Louis vous en donne. l’année etc.
Rasseurez vous foibles esprits
Que nos Ennemis ont surprise ;
Priez Dieu qu’il vous le pardonne. l’année etc.
1693
Chanson
Sur l’air des feuillantines
Monsieur de L’Escalopier
Ayés pitié
De vôtre chere moitié ;
On la tuë, on l’assasssine ,
On la met aux Feuillantines.
Encore si je l’avois fait
Tous à fait ,
Je n’aurois point de regret ;
Pour en avoir fait la mine,
On me foure aux feuillantines.
Autre
1693
Sur l’air….
Sur Madme de Benouville.
Ah! que j’aime avoir Benouville,
Et qu’elle me rend amoureux;
A s’enflamer mon cœur est difficile ;
Mais la voyant je suis tout plein de feux.
Que son air est aimable !
Et qu’elle a de douceur !
Quand l’amour fit ce chef d’œuvre adorable,
Que ne prit il quelque soin de cœur ?
Elle paroît sincere et tendre,
L’amour brille dans ses beaux yeux,
Mais dans son cœur il ne scauroit descendre,
C’est un glacon qui se rit des nos feux.
Une voix douce et belle
Augmente ses attraits ;
Par mille endroits on s’engage aupres d’elle ,
Sans trouver lien de l’engager jamais.
1693
Chanson
Sur Mr de Harlay 1er President
D’Harlay le 1er President
Remplit fort bien sa place ;
Il a tout l’air d’un vieil pedant
Au milieu de sa Classes ;
Il est bon pour de jeunes gens ;
Mais il n’eut rien vallû de tems
De jean de vert.
Autre
1693
Sur l’air du Traquenar.
Dites nous pour quoi Fouilloux
Pourquoi les recevoir ches vous ?
Las c’est qu’un amy,
Ne m’en donne ,
Ne m’en donne
Las c’est qu’ un amy
Ne m’en donne qu’ a demy.
1693
Chanson
Faite aux Noces de Made de Goüsuel alors malade des Fievres tierces; à la louange de Mimi chiene de Mad.lle d’Enghien en 1693.
Jadis un Auteur fort galand
Aux Princesses de vôtre sang ,
Landerirette,
Escrivoit sur ses rimes cy ,
Landeriri.
Voiture est le nom qu’il avoit ;
Mieux que pas un autre il rimoit ,
Landerirette.
Je voudroit rimer comme lui ,
Landeriri.
Car Princesse il faut avouer ,
Que pour dignement vous louer ;
Landerirette ;
Il faudroit avoir son espris ,
Landeriri.
Car Princesse il faut avouer ,
Que pour dignement vous louer ;
Landerirette ;
Il faudroit avoir son espris ,
Landeriri.
J’admire en vous cet air charmant ,
Cette humeur pleine d’agrément ;
Landerirette
Par qui ces lieux sont réjouis
Landeriri.
Vos bontez ravissent noscœurs ;
Aussi voyés vous que nos sœurs,
Landerirette
Veulent à l’envie vous servir
Landeriri.
Heureuse, dit on chaque jour,
Celle de vos dames d’Atour ,
Landerirette ;
Qui passent près de vous les nuits ,
Landeriri.
Mais plus heureuse qu’elles encore
Une qui vaut son pesant d’or ,
Landerirette
Cette toute charmante Mimi ,
Landeriri.
Elle vous voit à tout moment ,
Vous l’embrassez tres tendrément ,
Landerirette.
Elle partage vôtre Lit
Landeriri.
Fut il jamais un sort pareil ,
Qu’une Chienne ait à son reveil ,
Landerirette
Près d’elle un morceau si joly
Landeriri.
On voit des Princes aspirer
A l’honneur de vous posseder ,
Landerirette :
Mimi vous a toute la nuit ,
Landeriri.
Tout le jour vous la caressez
Vous la flattez , vous la baisez ,
Landerirette.
Et vous lui donnez du Biscuit ,
Landeriri.
Quand Mimi danse vous dansez ,
Quand elle saute vous sautez ,
Landerirette.
Et sur vous elle à tout crédis ,
Landeriri.
Aussi disons sinceremens
Qu’elle est digne d’attachemens ,
Landerirette.
Jamais chienne n’eut tant d’espris,
Landeriri.
Vous lui parlez elle l’entend ;
On s’apercoit qu’elle comprend ,
Landerirette ,
Ce que vôtre bouche lui dis ,
Landeriri.
Sans même qu’il faille parler
Vous n’avez qu’à la regarder.
Landerirette.
Au moindre signe elle obeit,
Landeriri.
Si la joye éclate en ces yeux ,
Vous la voyés d’un air joyeux ,
Landerirette ;
Ne demander, que jeux, que ris ,
Landeriri.
Mais si par malheur le matin
Mimi vous voit un aire chagrin ,
Landerirette.
Tout le jour elle est dans l’ennui ;
Landeriri.
Lorsque vous riez, elle rit ;
Gémissez vous, elle gémit.
Landerirette.
Est il rien de plus accompli ?
Landeriri.
Elle trouve qu’il est si doux ,
Princesse, d ‘être auprés de vous,
Landerirette.
Qu’en tous les lieux elle vous soit
Landeriri.
Vous seule possedez son cœur
Jamais amant par sa douceur ,
Landerirette
N’a pû tirer d’elle un soupir.
Landeriri.
Mille ont soupiré vainement ,
Ont marqué de l’empressement ;
Landerirette.
A l’aimer et à la servir,
Landeriri.
Elle a méprisé leurs ardeurs ,
N’ayans pour eux que des froideurs ,
Landerirette
Et suivans ces amans transis
Landeriri.
C’est un prodige de vertu ,
Qu’en un siecle si corrompû ,
Landerirette ;
On trouve une chaste Mimu
Landeriri.
Aussi est ce par sa pudeur
Qu’elle a mérité cet honneur ,
Landerirette ;
D’être couchée en vôtre lit ,
Landeriri.
Mais lorsqu’un Prince vous aura ,
Que sa place il occupera ;
Landerirette
Faudra lui donner un mari ,
Landeriri.
Qui lui fasse de beaux petits ,
Comme elle charmans et jolis
Landerirette ;
Pour à leur tour vous réjourir
Landeriri.
Que dans soixante & dix neuf ans ,
Les fils de ses petits Enfans ,
Landerirette ,
Contribuent à vôtre plaisir ,
Landeriri.
En regrettant vôtre mimi ,
Vous bous regretterez aussi ,
Landerirette ;
Sur tout celle qui vous escrit ,
Landeriri.
Car jusqu’à mon dernier soupir ,
Je n’aurai point d’autre désir ,
Landerirette.
Que celui de vous divertir ,
Landeriri.
Et au plus fort de mes accés ,
Que j’ ay rimaillé ces couplets ,
Landerirette.
Pour charmer par là mon ennui ,
Landeriri.
Heureuse si pour un momens ,
Il augmente vôtre enjouëment ;
Landerirette
Jeune Princesse , ainsi soit il.
Landeriri.
1693
Chanson
Sur l’air : Non, non, Je ne suis pas seul à médire.
A.S.A.R. Mad lle Duchesse de Montpensier , en lui envoyant un Livre de ses Chansons, qu’elle lui avoit demandé avec empressement par plusieurs fois.
par Coulanges
Enfin, c’est à vous, adorable Princesse ,
Que le Livre s’adresse ;
Ce sont toute mes chansons
Couplets mauvais & bons.
J’ay resisté longtems
A vous presenter ces pauvres enfans ;
Car les gouts sont differents.
Si sa Royalle altesse
Les estime et les caresse.
En ce cas
D’Horace je croiray suivre les pas ;
Mais je seray bien encore plus satisfait ,
Si selon mon souhait,
Pour s’acquitter de sa promesse ,
Elle me donne son Portrait.
1693
Requeste
A Madame de Louvois pour sortir de Bourbon par Coulanges.
A qui peut vivre sans maladie
Que Bourbon est un triste séjour ,
Quant pourai-je à ma fantaisie ,
Boire frais , mener joyeuse vie ,
Courir la nuit et dormir tout le jour ?
D’eau chaude vous n’avez que trop pris ;
Laissez en repos vôtre derriere ;
Renoncez à Griffer, belle Iris ;
Remenons la pauvre Berniere
Nous avons tous besoin de Paris.
1693
Chanson
Sur l’air des Trembleurs d’Isis
Sur le Prince d’Orange.
Le brave Prince d’Orange ,
Deux fois après la vendange
Sans consulter son bon âge ,
Sur Charles-Roy se rua ; * ville
Chacun disoit il se vange ,
Il est digne de louange ;
Mais par un malheur étrange
Il prit Binche , et s’en tint là, la la.
Le dessein en êtoit fort grand ,
Et quiconque dit autrement Evénement rare et charmant,
Il ment, il ment, il ment. si quelqu’un dit qu’il est gourmand.
1693
Autre
Sur l’air Reveillez vous belle endormie
Sur une Ode de des Préaux en 1693 imité de Pindare.
A un langage si bizarre ,
A ces traits d’une esprit si faux ;
Je reconnois le vieux Pindare ;
Mais je ne reconnois pas de Préaux.
Chanson
1693
Sur l’air: Sommes nous pas trop heureux
A Mad. e la Marquise de Louvois Le Tellier
Voyage de Flandres en 1693.
Pour l’intelligence, il faut scavoir que Mad. e de Louvois s’y en étant oposée, et que ne le pouvant empescher , Elle dit à M. de Coulanges qu’il auroit la même destine du Pigeon de la jolie fable de la Fontaine, qui voulut voyager, et qui s’en repentit par toutes les mauvaises avantures qui lui arriverent.
Enfin charmante Louvois, par Coulanges
Le Pigeon avait sans peine
Cambray, Mons, Valencienne,
Et la Cour dans le Quesnoys.
Content d’un tel avantage ,
Cet outrecuidé Pigeon ,
Ne songe plus qu’au voyage
Du Colombier de Meudon. Meudon étoit à Elle en ce tems là.
Le Pigeon vient d’arriver ,
Ce Pigeon tendre et fidelle.
Voyez comme il bat de l’aîle
D’aise de vous retrouver ;
Mais souffrez qu’il se rengorge ;
Quoiqu’il n’ait point combattu.
Depuis sa course il se forge
Qu’il est un Pigeon battu.
1693
Autre
Sur l’air Sommes pas trop heureux
Aristote & Gaboury ,
Noailles et Sardanapale ,
Genlis et le beau Cephale ,
Balde , Cujas et Thury.
Cicéron et Bensserade ,
Démostene et Bellefons.
Quinteurce et la Feuillade ,
Montpezat et Xénophon.
1693
Chanson
Il faut renoncer à l’amour ,
Boire la nuit, boire le jour ,
Parceque Solus et Morinville
Quand elles sont à Moulineaux
Se moquent des gens de la ville
Et n’escoutent que les oyseaux.
1693
Autre
Sur l’air: Ma mere mariez moy.
Quand je vois la Vaubécour,
Je dis f…… de l’amour ,
Qui lui fait est bien vaillans ,
Et c’est Villeroy souvenez vous en ,
Qui lui fait est bienvaillans
Je n’en serois pas autans.
1693
Chanson
Sur l’air des Folies d’Espagne
Pour Mlle F …. À Mr d’ U….
Mes pauvres yeux sont tout plein de tristesse ,
Et nuit et jour il répandent des pleurs ;
Si vous avez pour moi de la tendresse ,
Plaignez du moins mes cruelles douleurs.
Vous recevrez un ruban pour Estrennes ,
Je l’ay brodé , mais pour payer mes soins ,
L’amour devroit augmenter vôtre chaine ,
D’autant de nœuds qu’on y verra de points.
1693
Autre
Sur le même Air
Et les memes personnes que la précédente
Pleurez mes yeux a fondez vous en larmes ,
Qu’ à present ce soit là tout vôtre employ ;
L’ingrat Tircis méprise tous vos charmes ,
Et ce traitre ne pense plus à moy.
Faut il hélas ‘ qu après tant de promesses ,
Et ces Serments qu’il m’a fait tant de fois ;
Il aille ailleurs prodiguer ses tendresses.
Amour tu vois comme on viole tes loix.
Il promettoit d’adorer Célimene
Et de l’aimer du mois jusqu’ à la mort ;
Il vit pourtant et une autre l’entraine.
Je meritois hélas ! un autre sort.
Encore si celle que vous occupe ,
Me surpassoit par sa fidélité ;
Mais je scay que vous en êtes la dupe ,
Et qu’elle aime à l’universalité.
Oui je t’aimois ingrate je te l’avoüe ,
Et je contois dessus ta bonne foy :
De tes sermens laschement tu te jouë ;
Aprés cela dois-je être à toy ?
Vous êtes trois après cette coquette ,
Un Muletier [1], un galant Suisse [2] et vous ; 1. M. Orry Capitaine des Mulets
N’en falloit pas tant a une Chouëtte 2. Mr. Hessy colonel Suisse.
Pour mettre au rang des Coucous, son Epoux.
Elle a trop bien fait mentir le proverbe ,
En faisant voir par sa fecondité ,
Que quelque fois il peut croître de l’herbe ,
Dans un chemin quoique tres fréquenté.
Tout Pignerol se rit de cette affaire
L’Enfant d’un Suisse à la teste, dit ‘on ;
D’un gros Mulet il a tout le derriere ,
Et l’on jure qu son ventre est de son.
C’estoit la Pasquinade qui fut faite à Pignerol ,
Faisant allusion aux qualities et au noms de Mrs.
1693
Autre
Sur l’air : Scavez vous bien beauté cruelle
Sur les mêmes personnes.
Quand mon Berger pour la gloire ,
Veut faire la treve à l’amour ;
Il jure par la victoire
Qu’il sera bientost de retour ;
Je lui dis vive ailleurs la gloire ,
Vive vive icy l’amour.
1693
Autre
Sur le même Air.
Et les mêmes personnes.
Malgré vôtre indifference,
Et malgré vôtre mépris
Je veux rompre le silence
Et n’escouter plus mon dépit.
Quelque grande que soit l’offense ,
D’un Cœur qui se voit trahi.
Puis-je exprimer les allarmes
Que j’ay eu sur vôtre sort ?
Combien j’ay versé de larmes ,
Dans la crainte de vôtre mort ?
Vous scachant au mileu des armes ,
De gemir avois-je tort?
Enfin les grandes nouvelles
Ont terminé mon chagrin ;
Puisque j’ay apris par Elles
Que vous battant comme un lutin,
Vous avez poussé les Rebelles
Jusques aux Portes de Thurin.
L’on dit qu’ à cette victoire
Vous avez bien contribute ;
Qu’on doit vous donner la gloire
De tant d’Ennemis qu’on a tué ,
Et que vôtre nom dans l’histoire ,
Va être immortalisé.
Quel plaisir pour Celimene
De revoir Tircis vainqueur ;
Mais helas! Sa joye est vaine ,
Si il ne vient lui render son cœur.
Qu’ ai-je fait pour avoir sa haine?
Et d’ où me vient sa froideur ?
Ah! cessez de me poursuivre
Par toute vôtre rigueur ;
Je ne scaurois plus survivre ,
A la perte de vôtre cœur ,
Et vôtre injuste oubli me livre
A la plus rude douleur.
Année 1694
Chanson
Sur l’air de l’ouverture du grand Ballet, au Marais beau séjour de la réjouissance.
Mr. de Coulanges sur les figures antiques de Rome.
L’on voit dans ces lieux La Motte d’agripine ,
Le C… de Messaline,
Le Croupion d’Antinoüs ,
Les Couilles de Brutus
Le V…….. de Ciceron
Le Prépuce du vieux censeur Caton.
Le trou du cul de Neron ,
Le clitoris de Julie,
Du poil du C… de Clelie
Et Lanus
De Bérénice putain de Titus ,
Les deux fesses du fameux Coriolan ,
Du f…. de Trajan ,
Le Godemichy de Lucrece ,
Et l’autrefesson de Sejan.
Oreste f…. son cher amis Pilade ,
Socrate , Alcibiade ,
Caton Alexorus ,
Pradutus Iritus ,
Les plus grands des Grecs et des Affriquains ,
Ne f…. que des Blondins.
Le C…. dans Carthage
Fut traité de gargotage
Asdrubal
Ne fou… t’il pas le grand Annibal?
Thales foutoit toujours anacréon,
Et pour le beau Gestion ,
Lon faisoit la lubrique rage ,
Dans Phion et dans Colphion.
Amis reglons nous sur ces grands personnages ,
La gloire de leurs ages.
Qui préféroient au C….
Le Cu d’un beau garçon ;
Néron aima Pirus.
Le Roy Henry Quatre épousa Quelus ,
Galba f…. Tibulus ;
Cezar fut d’un V… roide
Enfilé par Nicomede ,
Et Platon
Ne déculoit pas le bel Agathon ;
Alexandre brûloit pour Ephestion ,
Et quand le grand Ammon.
Eut gouté du beau Ganimede
Il ne f…. qu’en cu Junon.
Autre sur le même Air.
Héros qui voulez graver vôtre mémoire
Au Temple de la gloire ;
Laissez les vains ornemens ;
Ces pompeux monumens
La superfluité
Ne sert de rien a l’immortalité ,
Et ce n’est que vanité ;
Quand une fois la Parque
Nous a fait passer la Barque
Bien ou mal ;
De tous les humains je tiens le sort égal ,
Quoique Paris ait au bord de son canal
Un grand original Henry quatre qui est sur le Pontneuf.
On ne dit plus rien du Monarque ,
On ne parle que du cheval .
Autre sur le même Air
Amis ne songeons qu’à bien passer la vie ,
Car dés qu’elle est ravie ,
Fût on la même vertu ,
Morbleu tout est perdu.
Infidelle ou Chrestien ,
Grand scélérat ou grand homme de bien ,
Ou Diable l’un qui revient ;
On nous fait bien entendre ,
Qu’il faut monter ou descendre ;
Qu’un reveil
Nous doit tirer de ce profound sommeil ;
Mais a dire vray, le cas est fort douteux ;
Et qui veut vivre heureux
A ses propres sens , se doit rendre
Et ne rien croire qu’avec eux.
Autre id
Le grand Salomon dans son Ecclesiaste
Ne veut pas qu’on soit chaste.
Ni quel l’on ait du chagrin ,
Avec ce jus divin.
L’avis de Salomon ,
Est un avis qui me semble tres bon ,
Et qui vaut mieux qu’un Sermon.
Ce Patriarche habile
Qui precede l’Evangile ,
Nous écrit
Qu’il ne scait si l’esprit vit ou périt ;
Mais ce Docteur merveilleux ,
En cas douteux ,
Nous dit en deux mots comme en mille ,
Qu’il faut vivre pour être heureux.
Sonnet
1694
à des Preaux
Des Preaux monté sur Parnasse
Sans que personne en sceût rien ,
Trouvant Renier avec Horace ,
Y rechercha leur entretien.
Sans choix et de mauvaise grace ,
Il pilla presque tout leur bien ,
Il s’en servit avec audace ,
Et s’empara comme du sien.
Jaloux de nos meilleurs Poëtes
Par des Satires indiscrettes ,
Il choque leur gloire aujourd’huy.
En verité je lui pardonne;
S’il n’eût mal parlé de personne ,
On n’eut jamais parlé de luy
Par St. Pavin
1694 Réponse
Saint Pavin guindé sur sa chaise ,
Médisant du Ciel à son aise ;
Peut bien médire aussi de moy.
Je ris de ses discours frivolles ;
Chacun scait bien que ses parolles
Ne sont pas Article de Foy.
1694
Chanson
Sur l’air Reveillez vous belle endormie
Ode Pindarique burlesque par Chevalier de S. Gilles
Quel movement sublime et rare
M’enleve aujourd’huy dans les aires
Est l’esprit du grand Pindare
Qui me force a faire ce vers?
Ouy c’est Pindare, c’est lui même ,
Je le connois à ce beau feu ;
Mais quoi ! je suis hors de moy même ;
Laisse moy respire un peu.
Plus prompt que l’eclat du tonnerre ,
Plus éblouissant que l’aire ;
Je m’elance loin de la terre ,
Et je vois sous mes pieds la mer.
Laissons donc les humbles Mirices
A chanter aux moindres esprits ;
Il faut par de nobles caprices
M’elever aux Cieux de Philis.
Dieux! Quell éclat quand on l’aproche
Frape l’ame, éblouit les yeux ;
La foudre sur la Roche ,
Tombe d’un coup impétueux.
Je n’y vois qu’une difference
L’Ame que Philis scait toucher ;
Par un regard qu’elle lui lance ,
N’est alors rien moins que Rocher.
Ou bien s’il faut qu’il soit possible ,
Que ce soit un Rocher ; je dis ,
Que c’est un Rocher insensible ,
Pour tout ce qui n’est point Philis ;
Je fus frapé de la tempeste ,
Dés le moment que je la vis ;
Dieux! Témoins de cette conqueste ;
Est-ce donc pour vous que je vis?
Ce n’est point par vous , c’est par elle
Car par un prodige parfait ,
Me portant l’atteinte mortelle ,
Elle me fait vivre en effet.
Oui par un Acte de Magie ,
Qu’en voyant on ne connoît pas ;
Sa beauté m’attache à la vie ;
Sa rigeur me livre au trépas .
Que tout l’univers parle d’Elle ,
Qu’on entende dire aux Echos ;
C’est une Déesse mortelle ;
C’est un Ange en chair et en os.
Mais desja d’une aisle pesante ,
Je frappe l’air qui me soustient ;
Joy masse terrestre et roulante
Voy ton deserteur qui reviens.
C’en est fait, ce nouvel Icare ,
Las de voler je m’affoiblis ;
Je retombe humains, gare gare ;
Ah! prenez garde à vous Philis.
Chanson
1694
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie.
Sur ce qu’on promit mil Escus à celui qui feroit mieux des vers, sur la gloire de feu Mr. le Prince (Louis-Bourbon-Condé).
Pour raconteur tant de vertus ,
Tant de hauts faits, et tant de gloire ;
Mille Escus, rien que mille Escus,
Ce n’est pas un soû par victoire.
1694
Autre
Sur le mesme Air
Sur Mr de Harlay Archevesque de Paris porté sur une chaise à la Procession de Ste Genevieve le 27 May 1694
Ne prendroit on pas ce Prélat ,
S’il n’estoit pas si magnifique ,
Estant assis sur son grabas ,
Pour un pauvre paralitique ?
Son mal vient de l’ambition ,
Et de la rage et de la haine ;
D’estre à gauche en procession
Avec sa Métropolitaine .
Par orgueil il se fait porter ,
Comme autrefois on portoit l’Arche ;
Et par là il croit mériter
Le beau titre de Patriarche.
Il ne peut celler ses desseins ,
Il veut être Pape de France ;
Puisqu’il s’est mis au rang des saints ;
Le voila saint par excellence.
Autre
1694
Sur l’air de la grosse Bourgogne
Pour Mlle de Marizi, avec un bouquet d’une veste de Marseille garnie de Dentelles de Maline qu’elle donnoit à un de ses amis le jour de St. Jean 1694
Au jour de vôtre feste ,
Il nous faut rejouir
Puisqu’un chacun s’apreste ,
A s’y bien diverter ;
Un ange nous asseure
Dans la sainte Ecriture
Qu’en ce jour où naquit nôtre Patron
Plusieurs se réjouirons.
Si ce Saint tres austere
Ne bûvoit que de l’Eau ;
S’il portrait d’ordinaire ,
Une peau de Chameau.
Il faudroit que tout homme ,
Qui comme lui se nomme ,
Pût l’imiter dans tout ce qu’il a fait ;
Mais vous êtes un peu douillet.
Vôtre delicatesse
Ma toujours fait pitié ;
A vous je m’interesse ,
Et par bonne amitié
Je vous offre une veste ,
Qui vous plaira de reste
Puisqu’elle est plus douce pour vôtre peau
Que celle d’un chameau.
Un habit si sauvage
Ne nous conviendroit point ;
Il vous faut à votre âge
De Dentelles de points ;
La Toille de Marseille ,
Fera sur vous merveille ;
Et vous seres bien plus joli garcon
Vestu de la façon.
La blancheur naturelle ,
De cet ajustemens ,
Pour être toujours belle ,
Veut qu’on soit propremens ;
De plus elle nous montre
Qu’il faut en toute rencontre
De nôtre ame conserver la candeur ,
Dit un Prédicateur .
Quand à vôtre breuvage
Je scay mon beau blondin
Que vous êtes assés sage
Pour vouloir du bon vin ;
Même dans la Campagne ,
Il vous faut du Champagne ;
Et Pantin auroit pour vous moins d’appas ,
S’il n’y en avoit pas.
Mon cher soyés tranquille ;
L’on vous en fournira ;
Aux Champs comme à la ville ,
Du meilleur l’on aura ;
Dont vous pourrez bien boire ;
Mais voulés vous me croire ,
Noyez l’amour de ce petit Dieu malin
Dans cent verres de vin.
Un amour trop sensible ,
Cause trop de pitié ;
Pour être plus paisible
Jaime mieux l’amitié ;
Aussi toute ma vie
Je seray vôtre amie
Témoin en soit ce ruban gris de lin ,
Qui dit amour sans fin.
Ma Muse icy s’arreste ,
Et ne me dit plus moi ;
Dieu vous doint bonne feste
Mon biau petit Jeannot ;
Dès que je seray mere
Vous serez mon compere ;
Heureuse si vôtre petit fillot
Vous ressemble Jeannot.
Pour Mlle de Marisi en lui donnant 1694
une fort belle pelote de toilette le jour
de Ste Anne sa feste en 1694.
Sur different Airs.
Buvons à nous quatre.
Sur vôtre Toilette En voyant ce matin (c’est son cousin qui parle)
Un petit ouvrage fin ;
Croyez vous Nannette
Qu’il vient du Cousin
Sur l’air: Rochers vous êtes sourds
Vous ne vous trompez pas c’est lui qui le presente ,
Comme un gage asseuré de zele de son cœur ;
Heureux s’il a pû vous marquer son ardeur ,
D’une facon plus noble ou du moins plus galante.
Sur l’air: Puissant Roy qui donnez chaque jour.
Mais un pauvre garcon comme luy ,
Ne pouvant s’acquitter aujourdhuy
De ce qu’il auroit bien voulu faire ,
Pour avoir un bouquet digne de vous ;
A cru qu’il pourroit vous satisfaire
En vous presentant ce petit bijou.
Sur l’air Landerirette
Puisse t’il quelque fois server
A vous faire ressouvenir
Du plus tendre de vos amis.
Landeriri.
Sur l’air Lerela
Vous auriez tort de l’oublier ,
Lui qui va par tout publier .
Qu’il ne veut songer qu’à vous plaire
Lere La lere lan laire ,
Lere la lere lan la.
Sur l’air de Joconde
Mais reprenons un autre ton
Pour chanter vos loüanges ;
Vous avez autant de raison ,
Et d’Esprit que les Anges ;
Votre humeur pleine d’agrémens
Et toujours bienfaisante ;
Vôtre air joint à vôtre enjouemens
Vous sont toute charmante.
Sur l’air: Un grand calme est bien facheux
Je ne m’en tairay jamais ;
Qu’on scache par tout le monde
Que la femme au beau Joconde
Avoir moins que vous d’attraits ,
Et qu’en vous l’esprit abonde ;
Je ne m’en tairay jamais
Qu’on scache par tout le monde.
Sur l’air Jardinier ne vois tu pas...
Qu’auusi vrai que je le dis
Le long de la semaine
L’on peur aimier Marizi
Du Dimanche au samedy ,
Sans peine, sans peine, sans peine.
Sur l’air: Les Bergers de Maintenon
Et quoiqu’elle ait à son ventre une bosse ,
Et que depuis sept ans elle soit grosse ;
Elle nous plaist comme au jour de ses noces.
Sur l’air des Ennuyeux
Mais je pourrois être ennuyeux ,
Si je m’obstinois d’avantage ;
A louër moy seul en ces lieux
Ce que vous avez en partage ;
Qu’un chacun donc se joigne à moy ,
Et chantons tous à haute voix
Sur l’air Jean Girard est bon Compagnon
Chorus
Puisque nous sommes à Pantin ,
Pour solemniser grande feste ;
Banissons loin tout le chagrin
Que nous pourrions avoir en teste.
Celebrons ce jour à l’honneur de la grosse Anne
Qui nous reçoit de tres bon cœur ,
Dans sa magnifique cabane.
Chanson
1694
Sur l’air Reveillez vous belle endormie
Sur Louis Quatorze
Estre fier quand il faut combattre ,
Et en paix, doux et benin ;
C’est ressember à henry quatre ,
Et point du tout à Mazarin.
Autre
1694
Sur le même Air
Elle fut trouvée dans la Toilette du Roy.
Tu est issu de race Auguste ,
Ton Ayeul est henry le Grand henry IV
Et ton Pere Louis le Juste ; Louis XIII
Pour toy tu n’est qu’un Louis d’Argent. Louis XIV
1694
Sur les nouvelles Pieces de Théatres qui parroissent depuis quelques années.
Les belles Pieces Dramatiques
Que le Théatre et l’impression
N’ont jamais pû rendre publiques.
1694
A M.rs de L’Académie
Françoise
J’aprouve que chez vous M.rs on examine ,
Qui du pompeux Corneille et du tendre Racine ,
Dans Paris excita plus d’aplaudissemens ;
Mais je voudrois qu’on cherchât tout d’un tems ;
La Question n’est pas moins belle ,
Qui du fade Boyer , ou du sec la Chapelle ,
Excita plus de sifflemens.
Chanson
1694
Sur l’air …..
Ce Couplet est de Mad. e de Furftemberg
La Chanoinesse.
J’ay beaucoup de tendresse ,
Mais que veux tu?
Elle n’est pas maîtresse
De ma vertu ;
Ce n’est pas qu’elle n’ait bien combattu.
1694
Autre
Sur l’air….
Sur les mauvaises pieces de Dancourt
La sérieuse Comédie ;
Oubliant son grave maintien ,
Donne à present dans la folie
Du théatre italien.
Sur l’air ….
Sur le mariage du Duc de Villeroy, avec
Mad. lle de Louvois
L’amour de l’himen est jaloux ,
Et de la pompe qu’il apreste.
Tu veut ordonner de la feste
Et des plaisirs de nos Epoux.
A tant d’ardeurs à cet air tendre ,
Aux transports, aux empressemens
Il les a prit pour des amans ;
Puisse –t’il toujours s’y méprendre !
Autre
1694
Sur L’air: Toute roule à l’avanture
Sur la vacance du Parlement
Que j’aime la vacance
Au Parlement ;
J’ay la grande audiance
Bien plus longtems
Car le mari ny vient point , ny l’amant.
Mon rang qui vient ensuite ;
Des Bas Normands
Me rend celui d’élite
De dans ce tems
Que j’aime la vacance au Parlement!
Chanson
1694
Sur l’air Tarerlarira
Sully a beau dire
Qu’il meurt de langueur ;
Servient [1] sceût l’instruire
A négliger son ta la lira………………. cœur.
Piteuse Princesse [2],
Quel est ton guignon?
Qu’on chante sans cesse
La grandeur de ton…………………….. front.
De soixante et douze ,
Le beau Chastillon ,
A dit qu’on recouse
Les trois quart de leur ……………… front.
Autre
1694
La Richelieu quoique charmante ,
Fait peu de passion constante.
N’en scavez vous point la raison ?
Est-ce qu’elle n’est pas traitable ?
C’est que sa bouche et son C…….
Ont une odeur insuportable.
Richelieu est belle et charmante ,
Mais lorsque sa beauté me tente ,
Sa facilité me fait peur
Je trouve trop peu de délice ,
De courir risqué, êtant payeur ,
De gagner une Chaudepice.
Sur le Con. el des Finances
1694
Messieurs du Conseil des Finances ,
Font voit par un Edit nouveau
Que l’on a tant saigné la France
Qu’on n’en tire plus que de l’Eau.
1694
Sur les Comediens
À qui l’on refusent l’inhumation lorsqu’ils meurent
dans la Troupe.
Puisque l’Eglise dénie
La terre apres le trépas
A ceux qui passent leur vie
A jouer la Comedie.
Pourquoi ne jette-ton pas
Les Bigots à la voirie
Qui sont tous dans le même cas?
Logemens
1694
de la cour
Monsieur,
Au Perroquet, rue Lorraine, sur le derriere
Le duc du Maine,
Rue des Enfans Trouvés, à la Fortune.
Le Prince de Conty.
Rue de l’oublie , à la Renommée.
Le M.al de Villeroy
Rue Montorgueuil à l’Espeé de Bois
M. le M. al de Catinat.
Rue des Francs Bourgeois au heros
Le M. al de Bouflers.
Rue Tourmente au point du jour.
Le 1er President, harlay
Rue des Marmousets au Masque de venise.
Mad.e de Lefdiguieres
Rue Tirechape au bon Pasteur.
Mr de Lauzun
Rue Courteau villain, à la Fortune ,
Mr de la Carte (Thibault)
Rue d’orleans à la fille Capitaine.
Les Loisons
Rue del’ Université.
La Chambonneau.
A la Providence.
Le M.al de Choifeuil
A la vertu prés des quinze vingts.
Sur Mad.e de Maintenon
1694
par M.lle Bernard
On ne scait si vous êtes Reine ,
In comparable Maintenon ;
Mais que vous le soyés, ou non ,
C’est une chose fort certaine
Qu’il est beau d’en faire douter ,
D’en fuir le rang , l’honneur , et de le mériter.
Chanson
1694
Sur l’air des Ennuyeux
Avis par Coulanges
Public, volontiers je consens ,
Que tous mes sixains l’on imprime ,
Si tu les trouve de bon sens ,
Et fais assez de cas de ma rime ;
Pour qu’ils soient mis en même sac ,
Avec les quatrains de Pibrac.
Chanson
1694
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie
Les Petits Mâures, à Mr. Blot valet
De Chambre du Roy, Auteur de la Satire ,
contre Eux.
Ces Couplets sont de Mr. de Sénecey
1er valet de Chambre de la Reyne.
Vraiment vous êtes fort honneste ,
Bellot et vous avez raison ,
De nous avout lave la teste
En enfans de bonne maison.
Depuis le trépas de Moliere
De nôtre mérite entestez ,
Sans jugement et sans lumiere ,
Nous devenons enfans gatez.
Tel qui nous aime, nous Châtie ,
Nous devons beaucoup à ce soin ;
D’un Professueur en modestie ,
Nous avions un fort grand besoin.
Vous mérites qu’on vous écoute
Vos traits penetrant jusqu’au vif ,
Et nous obligeront sans doute
A prendre un air moins decisif.
La Poësier, et la Musique ,
Et leurs éleves ourages ,
Auront un destin moins inique ,
Et libres de nos préjugez.
Pour vos avis de consequence ,
Dont le profit est singulier ,
Recevez la reconnaissance
D’un remerciment Cavalier.
Mais ne croyez pas pouvoir faire ,
Qu’aprés nous avoir corrigez ;
Des gens de notre caractere ,
Les tems avenir soient purgez.
C’est une espérance inutile ,
Et pour vous le dire en deux mots ,
La Cour aussi bien que la ville
Aura toujours de jeunes sots.
Belot ton nom devoit paroître
Aubas de tes charmans Escrits ;
Tu scais y parler en grand Maître ,
En parlant si bien des petits.
Autre
1694
Le dernier cadet de Clermont
D’un esprit peu sublime ,
Prit ces jours passes dans Lion
L’umble habit de Minime.
Ce choix a du Prélat Noyon Clermons
Fort échauffé la bile ;
Car pour son illustre Maison ,
C’est une tache d’huille.
1694
Autre
Sur l’air …
Pour Mad. e du Bocage
Mon berger me fait souffrir ,
Il est jaloux et collere ;
Mais mon cœur loin de guérir
Par des soins cherche à lui plaire ;
L’amour a tissue ces nœuds
Pour durer toute ma vie ,
Rt pourveu qu’il soit amoureux ,
Mon sort est toujours heureux.
Chanson
1694
Sur Madame Passart
Malgré vous Madame Passart
Vous vous apellerez Toussart ;
Vous avez beau vous en dédire
Votre procédé tout nouveau
Apreste à tout le monde a rire
A la ville comme au Barreau.
A vôtre âge se méprend-on?
Et dit on jamais ouy pour non?
Quant il s’agit de l’hymenée.
Ce fut avec tout l’agrement
Bien loin de vous y voir force
Contre vôtre consentement.
Je ne vous vis point de dépit ,
Quand il falut vous mettre au lit ,
Pour consommer ce doux mistere ;
L’amour m’en ouvrit le Rideau
Pour être temoin de l’affaire ,
Et m’éclaira de son flambeau.
Autre
1694
Sur l’autre de la Fronde
Ce grand Mareschal de Tourville
Des ennemis di redouté
Est donc destine pour la ville
Il passera icy l’Esté
Grande joye en est chez les belles ,
Et l’on vient d’arrester entre elles.
Que la Grandville ira demain
En rendre graces à Pontchartrain
Mais de ce projet tout le monde
Ne scauroit être satisfait ;
Tous Messieurs les maris en grondens ,
Et dissent qu’on doit sur ce fais
Un peur douter de la prudence ,
Du premier Ministre de France.
Que les Anglois lui doivent aussi,
Comme les Dames, un grand mercy.
Chanson
1694
Sur l’air: D’Olonne
Sur la femme du Ministre Jurieu.
La du Moulin sur son teint
L’Amour est à son aise ;
On entend soir et matin
Qui te dit, quitte Calvin.
Et bese.
Autre
1694
Sur L’air….
Ce Couplet fait par M.lle Poirée
Je ne veux point de Berger
Qui je borne à sa tendresse ;
Je veux que pour m’engager
Son cœur travaille sans cesse
Et qu’il me mette en danger
D’avoir un peu de foiblesse ;
Car enfin s’il est amoureux ,
Il doit tâcher d’être heureux.
Chanson
1694
Sur l’air de la grosse Bourguignone
Sur l’Ecureuil de Mad.lle d’Albert Luine
Sur un Air agréable ,
Chantons bien hautement ,
Le charmant enjoüment,
Chantons sa gentillesse ,
Chantons sa politesse ,
Car jamais on n’en vit un plus joly,
Jamais un si joly.
Son illustre maîtresse ,
N’a pour lui que douceur ,
Par ses tours de souplesse
Il a gagné son cœur ,
Nul ni pourra prétendre
Pour lui seul elle est tendre ;
Fut il jamais Ecureuil plus glorieux?
Que son sort fait d’envieux!
Soutient fort à son aise ,
Il dort dessus son sein ,
Aprés elle le baise
Et le prend en sa main.
Pour lui elle est allerte .
Et toujours inquiette ;
Apréhendant quelqu’accident facheux ,
Pour l’objet de ses vœux.
Si quelqu’autre le touché ,
Ou le veut carresser.
Il deviant tout farouche ,
On ne peut l’apaiser ;
Il s’erisse , et il gronde ,
Il veut mordre le monde ,
Et pour échaper le coup de sa dent ,
Il faut être vigilant.
Quoiqu’il soit si sauvage
Quant il fait le méchant ,
Sa maîtresse plus sage
La privoise à l’instant.
Auprès d’Elle il s’a bouche ,
Ou lui saute à la bouche ,
La flatte et la baise aussi tendrement ,
Que feroit un amant.
D’Albert de tous vos charmes ,
Connoissez le pouvoir ;
Chacun vous rend les Armes ,
Vous n’avez qu’ a vouloir ,
Les animaux sauvages .
Les hommes les plus sages
Jusques aux Anges tant se soumet à vous ,
Est il rien de plus doux ?
Au Bonheur de vous plaire
L’on voudroit parvenir ;
Mais c’est la grande affaire
D’y pouvoir réussir ;
Je tremble quand j’ y songe ,
Ce n’est point un mensonge ,
Car un homme qui scait le peu qu’il vaut ,
N’ose voler si haut.
Tout ce qu’il vous demande
Avec beaucoup d’ardeur
C’est d’agréer l’offrande
Qu’il vous fait de son cœur:
S’il a de la tendresse ,
Il a de la sagesse ;
Vous le verrez jusqu’au dernier moment ,
Vous aimer sagement.
Par le mot de tendresse ,
Loin de vous allarmer ,
Songés sans qu’on vous blesse ,
Qu’on peut bien vous aimer:
On aime les Déesses
On aime les Princesses ;
Quand le respect a l’amour est uni ,
Le dernier est permis.
Au jour de vôtre feste , * St. Jean
Je n’offre point de fleurs
Pour orner vôtre teste ;
Vous en avez ailleurs
Qui sont beaucoup plus belles
Elle sont naturelles .
Les roses et les lys de vôtre teint ,
Ont un éclat plus fin.
C’est par la belle Luines ,
Et par vôtre douceur ,
Par vos maniere fines ,
Que vous gagnez mon cœur.
Il n’a pû s’en deffendre ,
Il a falu se rendre .
Trop heureux si le present que j’en fais ,
Ne vous déplaît jamais.
Chanson
1694
Belle Soissons* d’Albergoti
A cessé de vous plaire ,
Et vous sacrifiez Crouy
Pour le moindre ordinaire.
N’attribuez point ces oublis
A leur trop longue absence.
De vôtre cœur ils sont partis
Aussitost que la France.
Peut être ces Guerriers adroits
A regagner un poste ,
Rentrevient ils dans tous leurs droits
Dés qu’ils prendront la poste ;
Alors Charmois sans dire mot ,
Ira payer les dettes
En hommes qui n’est pas un sot ,
Que la belle aura faites.
* Olimpe Mancini femme d’Eugene de Savoye Comte de Soissons.
Chanson
1694
Sur le Pere Bouhours Jesuite
Ne craignez point Pere Bouhours ,
Tout l’éclat qu’on fait vos amours
Avec une jeune bergere.
Les Disciples de Loyola les Jesuites
Ont tant fait de portes de derriere
Qu’ils vois tireront bien de là.
Autre
1694
Sur l’air le Soleil vagabond
Les Boufleurs vagabond jamais ne se repose ,
Il va toujours de valon en valon.
Si Luxembourg faisoit la même chose
Personne ne voudroit sortir de la maison ;
Mais de Boufleurs la conduit est certaine ,
Quelque chemin qu’il prenne ,
Qu’il aille, ou qu’il vienne ;
Son ascendant
Toujours l’entraîne ,
Dans un nouveau Camp!
Chanson
1694
Réponses à M.r de Coulanges,
sur les Modes
Pour blamer dans vos chansons ,
Nos usages les plus comodes ,
Il faudroit bien d’autres leçons
Pour reformer toutes nos modes ,
Qui ne scauroit toucher nos cœurs ,
Ne scauroit reformer nos mœurs.
Faites nous voit que nos amans
N’ont n’y méritz, n’y tendresse.
Otez leurs tous leurs agrémens ,
Et vous nous verrez sans foiblesse.
Avoit leur air et leur valeur
Pourrons nous tenir nostre cœur?
Ne scait on pas que nos guerriers
Ont des vertus bien reconnües ;
Ils nous raportent leurs Lauriers ,
Et nous n’en sommes point émeues.
Chez nous qui se fait estimer
N’est pas loin de se faire aimer.
Dans nôtre fauxbourg St Germain
Nous n’aimons pas les vieux usages ,
Croyez vous qu’en vertugadins ,
Nos grands meres fussent plus sages.
Que set quand on est sans temoin ,
Un peu d’etoffe plus ou moins.
Feuilletez bien votre Almanach
Vous trouverez que les matrons ,
Sans Mules, sans vin, sans Tabac ,
Faisoient plus que nous les dragons ,
Et que sous leur gothique harnois
L’amour cachoit un feu gregeois.
Les hommes sont faits pour aimer ,
Les femmes sont faites pour plaire.
Quand deux beaux yeux scavent charmer ;
L’habit ne fait rien à l’affaire.
Les vrais amans dans leurs combats ,
Se sont toujours veus pour point bas.
Les hommes sont de trop bien gout
Pour s’arrester à la parure.
On ne les voit que trop partout
Quitter le velours pour la bure ;
Et nos amans et nos maris
Courent la grisette à Paris.
Pourquoi
Pourquoi de tous nos jeux galans
Se faire un sujet de satire?
Pourquoi des coquettes du tems
Dans les Chancosn chercher à rire?
Coulanges si tu n’estois vieux
Des jeunes tu parlerois mieux.
Ce qui fut bon au tems jadis ,
N’est plus de mise dans le nôtre.
Vous qui du Siècle d’Amadis ;
Citez mal à propos le vôtre
Scachez donneur d’enseignemens
Que toutes choses ont leurs tems
La vertu qui seule est de tous
Regne aujourd’huy parmi les femmes ;
Quoique l’on en dise chez vous ;
On est convaincu que les Dames ,
Ne scavent que prendre des cœurs ;
Mais sans accorder des faveurs.
Quoi! Pensez vous que les habits ,
Don't s’accommodoient nos grands-meres ,
Pussent garentir leurs maris
D’estre d’Actéon les Confreres?
Défaites vous de cette erreur
L’habit ne reticent pas le cœur.
La contrainte excite a chercher
Du remede aux maux qu’elle cause.
La femme qu’on veut empescher ;
D’être libre en certaines choses ,
En vient à bout malgé nos soins ,
Eut elle un monde de témoins.
Aussi scavons nous qu’autrefois ,
Prés des Reines, et des Bergeres ;
Depuis les Bergers jusqu’aux Rois ,
Chacun faisoit bien ses Affaires.
On scavoit tromper un Epoux ,
Fut il le plus fin des jaloux.
Tournez contre les jeunes gens
Vos Armes demy poëtiques ;
Tachez en termes plus coulans
Que vos derniers archigotiques.
De leur inspirer que nos cœurs
Sont seuls dignes de leurs ardeurs.
Faites leur voir que le chemin
De la vertu qui fait le sage ,
N’est celui du jeu ny du vin ,
N’i de certain vice en usage ;
Mais que c’est par nôtre entretien
Que l’on peut acquerir ce bien.
Pour cajoler et cetera
Va ton chercher Dame Cigogne ,
Les Infantes de l’Opera
Ne sont pas pour un vieux yvrogne.
Hélas! La plus jeune catin
Te renvoye au vertugadin.
Qu’une femme soit en manteaux ,
En fontange, en escharpe ou mule ,
En machine à patron nouveau.
Est ce un atout si ridicule?
Ouy, si c’estoit pour ton état
Qu’elle se tint preste au combat.
Ta critique est un Almanach
Du tems passé qu’on le lit guieres ;
Laisse à nos femmes le Tabac ,
Tu fronde en vain leur Tabatiere ;
Que t’ont fait les modes du tems ?
Puisque les maris sont contens.
Autre
1694
Sur le petit Air de la Fronde
Sur le bruit qui s’eleva contre la Comédie
Que pour deffendre les Spectacles
On aille consulter l’oracle :
Ami je le trouve tres bon ;
Car ne vous doit il pas suffire
De voir regner la Maintenon
Pour nous faire crever de rire.
Autre
1694
Sur le petit Air de la Fronde
Sur Paul de Chaumont, Evesque d’Acq, de l’Académie Françoise.
Le Prelat dont l’Aquitaine
A souffert le depart sans peine
Etablit icy son séjour ;
C’est pour prendre a loisir vengeance
Des vœux que Paris et la Cour
Avoient fait pour sa residence.
Il renounce à son Dioceze
Pour ennuyer plus à son aise
Toute la Cour et tout Paris.
A quoi la fortune ennemie
Réduit elle les beaux Esprits ?
Il reside à l’Académie.
Pour avoir pris soin de rentraire
Tantost Pascal, tantost un Pere ,
Tanstost un Ministre sense ;
Puisse t’il comme il en est digne ,
Estre bientost recompense
D’un Archevesché sous la Ligne.
Autre
1694
Sur l’air de Lampon
Le Duc de Chevreuse au Duc de Montfort son fils
Chevreuse a dit à Jeannot ,
Mon fils soyez bien dévot ;
De ce Conseil je vous quitte ,
Je veux être sodomite.
Lampon, Lampon ,
Comrade Lampon.
Chanson
1694
Sur l’air….
Sur la grossesse de la Raisin
Muses célebrons la gloire
De nôtre Illustre Dauphin ;
Eternisons la mémoire
Des mais de la Raisin.
Elle porte dans son sein
Un Comédien d’importance ;
On dit mait je n’en scai rien
Que c’est un enfant de France.
Elle a sceu dans le silence,
Former ce noble tendron ;
Qui l’eût crû qu’elle eut eu la chance,
D’estre la mere d’un Bourbon.
Afin qu’un jour ce poupon
A preste à rire à son pere ;
Je veux qu’il soit plus bufon,
Que le mari de sa mere.
Sur la scene, il scaura plaire,
Sans crainte d’aucun sifflet,
Jamais facheux Mousquetaires,
Ne troublera son roles.
Je prévois qu’un tel sujet
Joüera plus d’un personnage;
Mais de peur du Chasteles
N’en disons pas davantage.
Souvent pareil badinage
A fait pleurer le railleur
Taisez-vous Muse peu sage,
Allez badiner ailleurs.
Autre
1694
Sur l’air des Ennuyeux
Sur Mr. de Toureil de l’Accadémie Françoise
N’avez-vous point veu de Toureil
Le Compliment Accadémique?
Ce beau parlour est sans pareil ;
Aucun comme lui ne s’explique,
Et depuis que Nerveze est mort
L’on n’avoit rien veu de si fort.
Autre
1694
Sur l’air Avez vous veu le héros
Sur le Duc et Maal de Noailles
Il est revenue le héros,
De Rigault ;
Qu’a jamais Dieu le bénisse ;
Il ne pouvait sur ma foy,
Rendre au Roy,
Un plus important service.
Tel quand de l’Usurpateur
Le Bonheur,
Sembla ménancer la France ;
Le Pelletier promptement,
Finement ;
Abandonna la Finance.
Messieurs je répons du fruit,
Que produit
Une conduitte semblable ;
Nous verrons le Pelletier,
Chancelier,
Et Noailles Connestable.
Autre
1694
Sur l’air: Belle brune
On attribuë une Chanson à Madame la Duchesse,
Contre Mr. Le Prince son beaupere qui croyait quelque fois être Loup, Lapin, Sanglier, Canard etc.
Quelle fortune,
Quelle fortune ;
N’etre ni Loup, ni Lapin,
Pendant le cours d’une Lune;
Quelle fortune etc.
Quelle fortune,
Quelle fortune ;
Quoi! Sans être sanglier
Vous avés passé deux Lunes,
Quelle fortune etc.
Quelle fortune,
Quelle fortune;
Je ne suis point sanglier,
Je n’ay point quitté mes plumes,
Cette Lune;
Quelle fortune etc.
Autre
1694
Sur l’air Tardarira
Sur ….. de Clermont-Roussillon
A dessein de plaire
A l’aîné Clermont
La Melun veut faire
Alonger son la la lira….. menton.
Autre
1694
Sur l’air Voicy le jour solemnel
Avez-vous veu ce héros
Dans Palamos?
Avec sa mine Commune.
On crioit en le voyons
Triomphant
C’est l’Empereur de la Lune.
Son Dauphin marchoit devant
Fiérement,
Sur un Cheval d’importance,
Qui ne lui avoit coûté ;
Quel marché!
Qu’un moment de complaisance.
Pour rendre vôtre Conseil
Sans pareil;
Sire, il ne faut qu’une chose;
Renvoyant le Pontchartrain,
Dés demain,
Prenez le vainqueur de Rose.
Avec un esprit égal,
Et Légal,
Vos affaires gouvernées,
Vous conduiront securement
Dans un an
Au Traitté des Pirennées.
Chanson
1694
Sur l’air des Lampons
Sur le Passage du Rhin par le Prince de Bade.
Bade n’a t’il pas bien fait
D’avoir pris Lorges au…..?
Pendant qu’en en pleure en France
Bade en rit, et Bade en chante;
Lampon, lampon,
Camarade lampon.
Pour avoir mal raisonné,
Et plus mal exécuté ;
Nous sommes tous en souffrance ;
Bade en rit et Bade en chante.
Lampon etc.
Le Mareschal endormy,
Est pris comme une souris;
L’Alsace en fait penitence,
Bade en rit et Bade en chante.
Lampon etc.
Il est entré conquerant,
Il s’en reviendra fuyant.
Grand Dieu! quelle décandence!
Bade en rit et Bade en chante.
Lampon etc.
La Grange est bien étonné
De ce que Bade est passé
Paris l’est bien d’avantage,
Qu’on en ait crû ce visage,
Lampon etc.
Chanson
1694
Sur l’air: Cette Anne si belle
Voyage de Mad.e de Louvois pour voir ses Terres aux environs de Tonnerre et d’Anci le franc.
Cette Anne si belle
Qu’on vante si fort,
Me meine avec Elle.
Qu’heureux est mort sort!
Madame voyage
Pour voir ses Estats ;
Mon amour m’engage
A suivre ses pas.
De son apanage,
Est tout ce païs,
Forests et village,
Chasteaux infinis.
Chacun la reclame ;
Et vous n’entendez,
Que vive Madame
De tous les côtez.
Mais Madame crie
En faisant chemin;
Elle est moins hardie,
Qu’un jeune lapin.
La peur l’accompagne,
Les moindres fossés,
La moindre Montagne
Rend ses sens glacez.
Mais Madame chante,
Le peril passé.
Et paroist contente
D’avoir veu Nicé.
Ce Chastel antique
Peut tenir son rang ;
Quoiqu’il ne se pique
D’être Anci le Franc.
Pacy le Domaine
Des vieux Mandelots,
Se voit de la plaine
Grimpé sur un hault.
Ce Château se montre
La fae en plaît fort ;
Mais c’est belle montre,
Et peu de raport.
J’estime à Lezine,
Et flute Tambour,
Gasteaux et Tartine,
Qui sortent du four.
Fuyons de Ravieres
Les tristes objets ;
Ce ne sont qu’ornieres,
Et bourbiers épais.
Vivent nos Prairies,
Dans tous ces Cantons,
Bergeres Jolies,
Ont leurs Céladons.
De nôtre Riviere,
En suivant le cours;
La moindre Bruyere,
S’offre à leurs amours.
Par Coulanges
Autre
1694
Sur l’air….
La Baume est peu cruelle ;
On peut tout hazarder,
Le cœur de la donzelle,
N’est point a marchander.
Ce cœur est infidele,
On ne le peut garder,
Et trop d’honneur pour Elle
Que de le demander.
La Baume etc.
Chanson
1694
Sur l’air des folies d’Espagne
Aparition de Marguerite de Bourgogne, Comtesse de Tonnerre et Reyne de Sicile, a Mad.e de Louvois, êtant à Tonnerre. Mascarade. La Cronique du l’Hospital *
*ou on met les malades
dit, que cette Reyne qui l’avoit fondé y vescut retiree avec L’Emperiere de Constantinople, et la Reyne d’Antioche, fille de son mary, frère de St. Louis, d’autres Princesses, et qu’elle y finit ses jours.
Sage Souvré seul rejetton de Gilles [1]
De servir Dieu qui fais ton Capital ;
Entre les mains la Reyne de Sicile,
Remet enfin les Clefs [2] de l’hospital
L’Emperiere et la Reyne d’Antioche [3]
De mon travail sont fideles témoins ;
Pour l’augmenter mets la main à la poche,
Pour le regler aporte tous ses soins.
Adieu Souré, la lumiere nous blesse,
Nous retournons dans l’Empire des mots.
Passe tes jours sans ennuy, sans tristesse ;
Mais saintement dépense tes Trésors.
Par Coulanges
Chanson
1694
Sur l’air ….
Impromptu par Mr. Thibouville la Lorris; fait chez
Mesd. lles Poirée filles d’un Medecin de Rouen
Ça ça pour rire un peu
Sous la cheminée ;
Faison quelqu’himence ;
Prenez que ces trois tisons,
Soient autant de garcons.
Examinez-les tous
Jeune henriette, *L’aînée Poirée
Et dites nous
Qui vous prenez pour Epoux?
+Sans balancer d’avantage, + Que vous dit le courage?
Choisissez
Ils sont tous trois en ordre bien placez.
Est-ce celui du hault,
La belle, qu’il vous faut?
Il paroist le moins chaud,
Non, l’autre vous plaît mieux, je gage;
Justement c’est Monsieur Ferault.
Con. er à la Cour des Aides amant de la Dem.lle
Sonnet
1694
Sur le Roy Louis XIV
Le Prophete Natan à David fit connoître
Sans des noms empruntés l’horreur de son peché,
Et ce Prince contrit sur la Cendre couché
Fit aux yeux du public, son repentir paroître.
Un Prince des plus grands, que le Ciel ait veu naître,
Mais à sa passion fortement attaché,
A des bras d’un Epoux la Compagne arraché.
Annat en ce péril, sois Natan à ton Maître. Mad.e de Montespan
Vous ne répondez rien bonhomme, vous dormes?
Faites que vos discours saintement animez
Retirent ce grand Roy d’un profond précipice.
Je crains repondez-vous, de la cour, les revers;
Ah! je vois bien qu’Annat n’est Natan qu’à l’envers
Et d’un impenitent l’infidelle complice.
Ecrit et donné par le P. Galois.
Autre
1694
Sur le même Air
Apparition de la meme Reyne à Mr. de Coulanges qui êtoit loge à Tonnerre dans une Chambre qui donnoit par une fenestre, sur l’Eglise, et d’où il voyoit le Tombeau de bronze de la Reine, où Elle est representée.
Il conte son aventure à Mad.e de Louvois
Sur le minuit la Reyne de Sicile,
En qualité de son proche voison ;
Prés de mon lit, fort honneste et civile,
M’a dit ces mots, en me serrant la main.
Enfin, Souvré toujours incomparable,
M’a sceu charmer par un bienfait nouveau;
Elle prend soin quanf la rouille m’accable
Qu’un Chaudronnier écure mon Tombeau.
Adieu, bon soir, mon cher voisin Coulanges, *Mad.e de Louvois avoit
Je m’en revais chercher nos sombre bords ; fait écurer le Tombeau de la
Vous faites bien de chanter ses louanges ; Reine qui êtoit fort salle.
Elle est l’amour des vivans et des morts.
Autre
1694
Sur le même Air
Tous les Tomes de l’Amadis trouvez dans Anci le Franc, parmy d’autres vieux Livres, Trésor jusque là inconnu à Mad. e de Louvois.
Autre Apparition
Encorchier avanture nouvelle
Gradafilée* avec un air benin, *une Géante
Nous apparut, et n’avoit avec elle
Pour Escuier que Busando le nain.
Elle venoit pour averter Madame,
Qu’en ce Chasteau le plus beau du pais.
Un vieux Clermont Dieu veuille avoir son ame
Avoit cache le bon homme Amadis.
Nous le cherchons, & ne le pouvions croire ;
Mais la Géante instruire du Trésor
Nous le fit voir dans le fonds d’une armoire,
Où pour le moins depuis cent ans il dort.
Au bruit qu’on fait, le héros se reveille
Baaille d’abord, frotte ensuite ses yeux,
Se leve, et dit en secouant l’Oreille,
Pour quoy venir me troubler en ces lieux.
Mais regardant du Château la maîtresse.
Troublé, confus, il demande pardon ;
Voyant Louvois, il croit voir Grimanesse
Dans le fameux Palais d’Apolidon.
Plein de respect, il se rend à Madame,
En frissans tous les Enchantement,
Nous découvrons Oriane sa femme,
Esplandian & tous ses descendans.
par Coulanges
Chanson
1694
Sur l’air Rochers vous êtes sourds.
Pour les Moines de tous Ordres, qui se trouvent dqns les Foires pour quester.
Mes Peres croyez moy, les S.ts Anachoretes
Songeoient a prier Dieu, ne couroient point les champs
Couroient encore moins la Foire St. Laurent
Et n’importunoient point pour avoir des Burettes.
Chanson
1694
Sur l’air du chateau de gaillardin
M.lle Bernard êtant à Roune, pria Mr. de Thibouville qui faisoit des vers sur tout le monde d’en faire sur Elle, où Elle ne futpoint flatée. Voicy ce qu’il fit.
Quand le Sgr eut fait éclore
Tout vôtre esprit,
Et ce bon air qu’en vous j’adore ;
Sans doute il dis.
Cette mortemme en vérité
Se passera bien de beauté.
Autre
1694
Sur le même Air
Par Thibouville qu’une jeune femme agassoit.
Vous inspirez de la tendresse;
Mais par malheur
Vous entrez dans vôtre jeunesse,
Lorsque mon cœur,
Est presque le cœur d’un vieillard
Ha! Pourquoi veniez vous si tard?
Autre
1694
Sur le même Air
Thibouville êtant à table cajolet des Dames en présence de leurs maris, et il y en autan qui lui dit, qu’il faisoit le coquet, à quoi il répondit.
Si j’ay pour vos aimables femmes
Le cœur espris ;
Scachez moy gré de tant de flames,
Heureux maris ;
Mon amour flate vôtre choix
Et leur vertu sauve vos droits.
Autre
1694
Sur l’air …
Sur Mr de Toureil.
N’avez vous point lû de Toureil
Le Compliment Accadémique?
Ce beau parleur est sans pareil ;
Aucun comme lui ne s’explique ;
Et depuis que Nervaize est mort,
On n’avoit rien veu de si fort.
Epigrame
1694
Rome, clergé, Sorbonne, Cour
La Societé, vous chagrine [les Jesuites]
Avec sa nouvelle Doctrine.
Voulez-vous finir sans retour?
Croyez-moy jouez leur d’un tour
Envoyez les tous à la Chine.
Autre
1694
Je ne comprends point ce que c’est
Que cet ordre et que sa Doctrine;
Il a fait condemner le Rituel d’Ales [les Jesuites]
Et il est le deffenseur de celui de la Chine.
Autre
1694
Sur le mesme sujet
Si la société sous qui l’Univers tremble,
Sur les mêmes Autels veut allier ensemble ;
Jesus, Confucius, L’Erreur, la vérité,
Quelle Etrange Sociéte!
Sur l’Anagrame
1694
D’Annat à Satan
Jesuite et
Confesseur
du Roy.
Pourquoi nommer Annat le satan de la France?
Ce sobriquet, Messieurs, est fort mal inventé.
Satan tenta jadis toute l’humaine engeance;
Baptiste dit qu’Annat ne l’a jamais tenté. [Lully]
Sue Mr. de Coulanges
1694
repetent trop ses Chansons de Mendians
à Pomponne
Vous demandez d’où vient que Coulanges décrie
Si fort dans ses Chanson, les Moines Mendians?
Quoi? Ne scavez vous pas Philis, que de tout tems
On voit entre les gueux beaucoup de jalousie.
Chanosn
1694
Sur l’air…..
Accablés d’Impots et de Tailles ;
Nous n’avons plus ni sol, ni maille,
Et nous allons manquer de pain ;
C’est achepter cherement la victoire,
Et j’ose dire que je crains,
Quand les sujets meurent de faim,
Qu’un Roy ne peut briller de gloire.
Epigramme
1694
Par Maucroix
Il est mort le pauvre Crouys,
Qui pour amasser des Louis,
S’epargna jusqu’au nécessaire
Le pauvre homme repose en paix,
Son fils ne le vaudra jamais,
C’est un bourreau de Luminaire.
Contre le Satire des Femmes par des Préaux
1694
Quand Boileau répand son venin
Contre le Sexe Féminin ;
Il est intrigue dans l’affaire ;
Car tout le monde est convaincu
Qu’on a souvent repris sa mere,
D’avoir fait son mary cocu.
Epigramme
1694
Du S.r Cornuel Intendant des Finances
Ô Dieu quell étrange avanture!
Un Loup gisant dans un marais ;
Avec un Agneau fait la paix ;
Qui changeant l’ordre de nature
Aprivoise cet animal,
Afin qu’il le pense du mal,
Qui le range et qui le dévore ;
Mais l’Agneau n’est pas le plus fin,
Car si le Loup échape encore,
Il manger son Medecin.
Epitaphe
Du S.r Cornuel Intendant des Finances
Cy git ce fameux Gabelleur,
Ce grand dénicheur de harpies ;
Qui plus subtil qu’in Bateleur ;
De son vol fit des œuvres pics,
Rafinant sur le Paradis
Comme il faisoit sur les Edits.
Passant quoique l’on puisse dire,
Et gloser sur son Testament,
Il est mort glorieusement.
A mal employé bien escrire
En mourant, il s’est résolu
Au mépris des choses plus cheres,
Ne voulant plus parler d’encheres,
Si ce n’estoit pour son salut,
Aussi le Traittez et les Offres,
Sources vivantes de ses coffres,
Firent un Pont d’or de son bien ;
Il donna beaucoup; mais je gage
Qu’il eût pû donner d’avantage,
Sans donner un double du sien.
Par Laffermail
1695
Chanson
1695
Contre le Duc de Ventadour
De l’objet le plus bizarre,
Du corps le plus contrefait,
Je vais tracer le portrait
Si mon pinceau ne s’égare,
Je n’en diray pas le nom
Or escoutez ma Chanson.
Il est parent d’un grand Prince,
Son pere jusqu’à la fin ;
Gouverna le Limosin,
Quoique d’un esprit fort mince,
Je n’en dirai pas le nom,
Son titre est dans sa Province.
Je n’en diray pas le nom.
Or escoutez ma Chanson.
Sa femme qui par prudence
L’a quitté depuis vingt ans ;
N’a souffert que trop longtems
Son importune presence ;
Je n’en diray pas le nom,
Elle a soin des fils de France ;
Je n’en dirai pas le nom
Or escoutez ma Chanson.
Sa femme qui par prudence
L’a quitté depuis vingt ans ;
N’a souffer que trop longtems
Son importune presence ;
Je n’en diray pas le nom,
Elle a soin des fils de France ;
Je n’en dirai pas le nom
Or escoutez ma Chanson.
Dans une illustre famille,
Il a porté tout son bien.
Sans se garder presque rien,
Pour qu’on accepta sa fille.
Je n’en diray pas le nom
Elle porte une bequille ;
Je n’en diray pas le nom
Or escoutez ma Chanson.
De la boîte de Pandore,
Il est sorti moins de maux,
Que n’enferme de défauts,
Le Magot que l’on abhore.
Je nen diray pas le nom,
La Fillon est son aurore,
Je n’en dirai pas le nom,
Or escoutez ma Chanson.
Ses impudiques manieres,
L’ont fait chaser de la Cour.
Aux plus braves en amour
Il y tailloit des Croupieres;
Je n’en diray pas le nom,
Il est peint aux Tabatieres.
Je n’en dirai pas le nom,
Or escoutez ma Chanson.
Cette ame pleine de Crasse
Dont le Corps est le miroir,
Marque ce qu’elle a de noir
Dans cette vilaine glace.
Je n’en diray pas le nom,
Dans salem êtoit sa race ;
Je n’en diray pas le nom,
Or escoutez ma Chanson.
Il a d’un singe la mine,
Pire que n’est le démon ;
Du pere de Salomon.
Il tire son origine.
Je n’en diray pas le nom,
La vierge êtoit sa Cousine.
Je n’en diray pas le nom,
Or escoutez ma chanson.
Comme celui que je drape,
Ne peut nêtre point fâché;
Je ne m’en suis point cache,
Que m’importe qu’il m’attrape.
Il peut deviner mon nom
Dont la moitié forge un Pape.
Il peut deviner mon nom
Pour la fin de ma Chanson.
Par Mr. de Nurae
Pour la Comtesse de Beaujeu déguisée
en Egiptienne
1695
Ta gorge fait honte à la neige,
Les lys auprés de toy perdent leur privilege,
Et ton tein efface le leur ;
Belle Beaujeu, qu’elle erreur est la tienne,
De croire avec tant de blancheur
Passer pour une Egiptienne?
Par Maucroix
Pour Mad.e de Beaujeau déguisée en Avocat
1695
Aux plus celebres Avocats,
Don't le Barreau fait tant de cas,
Ce bel Avocat fait la nique.
Que ses yeux ont un vif éclat!
Si vous vouliés bel Avocat,
Dieu! Que vous auriez de pratique.
Aimable et gentile Fournier,
Mon cœur est vôtre prisonnier ;
Mais comme il est un peu volage,
Et qu’il aime a courir les champs.
Gardez lz bizn, quinze ou vingt ans
Pour l’aprendre à devenir sage.
Par Maucroix
Sur Drillon
1695
par Maucroix
On dit qu’on voit Drillon pretender
De son galant, faire son gendre.
Cela veut dire que Drillon
En sage mere de famille,
Fera de son vieux Cotillon
Une Robe neuve à sa fille.
Pour la Comtesse de l’Hery déguiséé
en Reteloise
1695
par Maucroix
Cette Reteloise mignonne
A bien quelque postérité ;
Mais toutefois le tems qui n’epargne personne
A du respect pour sa beauté.
Les plus jeunes, les plus gentiles
N’ont point de plus jeunes apas,
Et qui ne la connoit vit pas,
Sans doute, la prendroit pour une de ses filles.
Chanson
1695
Sur l’air des Triolets
Sur le choix que Monsieur fit de Mr. de la Carte, pour son 1er Maitre d’hostel, cy devant son page auquel il avoit achepté une charge de Capitaine aux Gardes.
* Companie
La Carte est donc Mâitre d’hostel?
En Exploits d’amour tout lui cede;
Du moins Monsieur le trouve tel,
La Carte st donc Maître d’hostel ;
D’un pareil employ dans le Ciel,
Jupiter pourvînt Ganimede.
La Carte est donc Maître d’hostel!
En Exploits d’amour tout lui cede!
Autre
1695
Sur l’air de l’Echelle du temple.
Sur la Campagne de 1695 Mr. de Villeroy succeda au Générelat de Mr. de Luxembourg; que l’on disoit sorcier.
Si nous battons nos Ennemis
Comme nous avons fait jadis,
Ils n’auront plus le mot à dire ;
Et ne pourront plus s’escrier
Qu’avec nous le Diable conspire,
Car Villeroy n’est pas sorcier.
Autre
1695
Sur l’air Reveillés vous belle endormie
Sur la mort de Chasteaufort, Auditeur de Comptes; c’estoit un fameux débauché.
Si feu nôtre ami Chasteaufort
Dans une Lettre pouvoit mettre,
Ce que l’on fait quand on est mort ;
Je payerois le port de la Lettre.
Autre
1695
Sur l’air Y a tant de différence
Y a toute difference
De Boufflers à Villeroy,
Croyez moy
Boufflers par sa vaillance
A bien servi le Roy,
Croyez moy ;
Mais non par Villeroy.
Chanson
1695
Sur l’air des Bourgeois de Châtre
De glorieux en Flandres
Je n’ay jamais rien fait ;
Mons et Namur en Cendre,
Font que chacun me haït ; [ C’est Mr. de Boufflers ou Villeroy qui parle]
Je ny puis plus rester ;
Il n’est ny Bourg ny ville
Où je puisse bien me cacher ;
Taschons donc de nous rembarquer ;
Cherchons un autre azille.
Le Grand Seigneur refuse
Harbord l’Ambassadeur ;
Depuis longtems j’abuse
L’Espagne et l’Empereur,
La Haollande se plaint,
L’Angleterre se mutine ;
L’Ecosse ne veut point de Roy ;
L’Irlande a méprisé ma Loy ;
Chacun me fait la mine.
Trop haït sur la Terre ,
Cherchons donc un Couvent ;
Serai-je Solitaire?
Cordelier, ou Feullant?
Augustin, Jacobin,
Capucin, Barnabite ;
Tous ont de la Religion ;
Et beaucoup d’horreur pour mon nom.
Faisons nous donc Jesuite.
Chanson
1695
Sur l’air…..
Mad.e la Duchesse de Noailles mere de Mr. l’Archevesque de Paris, revenuë de Chaalons avec son fils et loge à l’ Archevesché
Paris avoit plaint Chaalons ;
Il regretted Chanvallon ; [Harlay]
Car la mere de Noailles
Va conduire ses Ouailles.
Autre
1695
Sur l’air des Triolets
Sur Mr. de Boufflers et de Villeroy
Ho! La belle comparaison
De nos deux Généraux d’Armées!
Boufflers se bat comme un Lion ,
Ho! La belle comparaison!
Et Villeroy comme un Oison
Se retire et fuit la meslée.
Ho! La belle comparaison
De nos deux généraux d’Armée!
Chanson
1695
Sur l’air: Robin turelurelure
La du Roure au Parlement
Vient de montre sa figure ;
Mais dans ce facheux moment
Ture lure
Elle a perdu sa parure ,
Robin turelurelure.
Martinault a triomphé
Des beauties de la nature,
Son procés il a gagné
Ture lure.
L’amour tout haut en murmure.
Robin turelurelure.
Sur la maladie de Mr. de Harlay
1er Président
1695
Harlay le President assigné par la mort
En vertu d’une Apoplexie,
A chicané sur le resort
D’une pareille maladie.
Son bizarre minois et son chetif squelet ;
Son langage hargneux, sa figure gotique ,
Devant tous Medecins devoient être en effet ,
Du vrai resort de la Colique.
En vain son poux se perd, son sang est assoupy,
Sa bouche de travers, sa langue est épaissie.
Ennemie declare des Lettres de répie.
Il en obtient, il est en vie.
Mais ce n’est qu’un petit délay,
La mort en attendant cet Arrest qu’il difere,
Au milieu des plaisirs prend un autre Harlay,
Qui la craignoit beaucoup et qui ny pensoit guere ;
Que la mort aime la surprise,!
Elle en veut à tous les harlais ;
Elle attaque d’abord le singe du Palais ;
Et suspendant son entreprise,
Elle revient sur nouveaux frais
A la Pagode* de l’Eglise. *L’Archevesque de Paris
Sur le M.al de Villeroy
1695
Toy qui parle de villeroy,
Scache qu’il a le cœur d’un Roy ;
Il fut pris à cheval, et conduit à vienne.
C’est le sort des héros.
Tu seras pris au lit et conduit à vincennes ;
C’est le destin des sots.
Chanson
1695
Sur l’air; Mon Confesseur toujours me crie
Chez du Roure une grosse bource,
Est une tres bonne resource ;
C’est par là qu’un petit bourgeois,
Dont le mérite est assez mince
A fait cocu plus de cent fois
Le heros[1], le Moine [2], et le Prince[3].
1. Mr. de Turenne.
2. Mr. de Mauroy Curé des Invalides
3. Mr. Le Prince Philippe
Chanson
1695
Sur l’air: Il a battu son petit frère.
Sur N….. Boucher d’Orsay Gouvernante desfilles de Mad.e la Dauphine, felle de N…… de Mornay sgr de Monchevreuil.
Enfin la mort nous l’a ravie,
Nous ne verrons plus l’effigie
De la funeste Monchevreuil.
De triste augure êtoit sa mine,
Et sa Carcasse est au Cercueil,
En horreur même à la vermine.
Ô vous qui regretez/deplorez sa perte,
Puisque la porte/route en est ouverte.
Allez dessus les sombre bords
Luy tenir vîte compagnie ,
Lorsque vous serez chez les morts,
Nous gouterons bien mieux la vie.
Autre
1695
Sur l’air…..
L’on avoit jusqu’à ce jour
Pour un bon sorcier Luxembourg,
Et pour un mauvais Capitaine ;
Mais le Diable en prend tant de soin
Qu’il en fait un second Turenne
Dont la France avoit grand besoin.
On auroit grand tort de douter
Qu’Atlas, le monde ait pû porter,
Comme dit la metamorphose ;
Puisque nous voyons en ce jour
Que toute la France repose
Sur la bosse de Luxembourg.
Chanson
1695
Sur l’air de Joconde
Lorsque Mad.e de Soissons Brulart quitta le Paraclet pour venir à Paris. On lui donna l’Abaye de Soissons.
J’aurois quitté pour toy
Dix mille escus de rente ;
De quoi s’est avisé le Roy,
De m’en redonner trente.
Quoiqu’il m’asseure du pain, & de l’Eau.
Une Chambre garnie
Fut elle au Fauxbourg st. Marceau
Je lui rends l’Abbaye.
Cette Abesse disoit qu’elle croyoit qur le Fauxbourg st. Marceau avoit êté fait pour etre mis dans la Chanson.
Autre
1695
Sur l’air Réveillez vous belle endormie
Sur Mr. Perrault
Perrault nous donne sa peau d’asne,
Qu’on la prenne, ou qu’on la condamne ;
Pour moi je dis avec Boileau,
Perrault nous a donné as peau.
Autre
1695
Sur l’air Réveillez vous belle endormie
France vivez en asseurance,
Sous l’Estendart de Villeroi ;
Il n’agira qu’avec prudence
Croyez zn son premier employ.
Un Luxembourg plus téméraire
Sans même attendre son Canon ;
De Corps morts auroit fait barriere
Au passage de Vaudémont.
Mais que cette grande victoire
Eut coûté des testes et des bras ;
Ne trouve t’on pas plus de gloire
A bien conserver ses soldats.
A se battre cette journée,
But a but on couroit hazard ;
La chose êtoit plus asseurée
En se battant un jour plus tard.
Cependant pouvoit-on s’attendre
Qu’un brave ennemi décampast?
Et qu’ avancant pour le surprendre,
On ne dût rien prendre qu’un rat?
Chanson
1695
Sur l’air : Laissés paître vos bêtes.
Sur Mr. le Mareschal de Villeroy
Admirez la science
De nôtre prudent Villeroy ;
En lui prend confiance,
La sagesse du Roy.
Sans cette prudente vertu
Vaudemont eût êté battu,
Namur eût êté secouru.
Il faut tourner la chance,
Cet entreprenant general,
Et sans L’orges, la France
L’auroit veu sans égal.
Autre
1695
Sur le petit Air de la Fronde.
Si Boufflers jamais ne sommeil,
Si dés minuit il vous éveille ;
Ce n’est point pour en imposer.
Il pense peu à la victoire;
Mais il ne peut se reposer
Tant il est surpris de sa gloire.
Chanson
1695
aoust
Sur l’air de Jean de vert
Couplets faits à St. Martin*, par Mr. de Coulanges.
*Abaye à Pontoise
Remerciment à Mr. le Duc de Bouillon
d’un bonnet de taffetas.
Votre Bonnet est merveilleux ;
C’est un present honneste.
Quel plaisir d’être sans cheveux!
Ce Bonnet sur la teste!
Je m’en pare soir, & matin,
Et fais briller à Saint Martin,
Ce beau Bonnet etc.
Non, vous n’avez point pris un rat,
Votre magnificence
Partout ne fait pas plus d’éclat,
Que ma reconnaissance ;
Dans Pontoise et dans Maubuisson,
On chante, il vient du grand Bouillon
Ce beau Bonnet etc.
Duc, il faut pour me render heureux
Que je me trouve encore
Dans le voisinage d’Evreux [dans son Chateau de Navarre]
Prés de vous j’adore ,
Et que dans ces Jardins charmans,
Je puisse montrer aux Normans,
Ce beau Bonnet etc.
Mais je ne pourray m’en parer,
Ce mois cy dans Navarre,
Du moins je n’ose l’espérer ;
De mon destin bizarre.
En tout cas, à Chaulnes à choisy
Ce beau Bonnet, etc.
Autre
Sur le même air
1695
aoust
Adieux faits à St. Martin le 6 aoust.
1695 par Coulanges
Adieu mon charmant St. Martin,
La douceur de ma vie,
Faut il vous quitter ce matin?
Que de mélancholie!
Jamais chez vous aucun ennui,
Aucun chagrin, aucun soucy.
Toujours bontemps etc.
Adieu les Rozes et les Lys,
De la jeune Princesse,
Elle va cueillir des soucys
Au jardin d’une Abesse* ; *Mlle d’Albres qui revenoit à Paris à Port-Royal
Et le teint plus jaune qu’un coin, où elle demeuroit et où elle est morte depuis
Dira tristement dans mon coin.
Adieu bontemps etc.
Adieu mon amiable Amilton,* *Richard Hamilton Grand Maître de la Garderobe
Soyés toujouts amiable ; du Roy d’Angleterre.
Quand entiers avec un Jambon ;
Chanterons-nous à Table?
Mais hélas! hors de St. Martin
On a plus de gout pour le vin
Adieu bontemps etc
Autre
Sur le même air
1695
A Monsieur Hamilton, pour l’inviter de venir
à St. Martin, le 17e Aoust 1695
par Coulanges
Venez adorable Richard, [Amilton]
Accourez au plus vite ;
Pressez vous, vous viendrez trop tard
Dans cet amiable giste ;
On ne peut vivre à St. Martin ,
Sans Richard et sans le bon vin.
Venez Richard etc.
Nous possédons en ce pays
Tres bonne Compagnie ;
Vous trouverez de vos amis,
Une troupe choisie.
Tout au plus tard, venez demain,
Coulanges le verre à la main,
Attend Richard; etc.
Autre
1695
Sur l’air s’il eut vécu Prince du haut mérite.
Impromptu à St. Martin en mangeant d’un excellent ragout.
Par Coulanges
Mon cher Sion,* on devroit vous deffendre *Il êtoit le Chef de Cuisine
La passion que vous avez d’aprendre; de M. le Card.l de Bouillon
Car de tous vos mets bons et tendres
Nous creverons tost ou tard.
Sonnet
1695
Sur Mauroy, cure des Tuvaludier
Le méchant tost ou tard rencontre enfin son maître
Le faux dévot ne peut se déguiser si bien,
Que celui qui voit tout ne le fasse paroître,
Et qu’in ne crie haro sur luy comme un vaurien.
En vain pour se cacher il veut se méconnoître,
Lorgueil qui suit toujours les gens venus de rien,
L’esclave par l’abatre au moment que le traitre,
Ose braver aussi son unique soûtien.
Veuve, pauvre, orphelin, le clergé, la Noblesse,
Vous tous qu’il a pillé, accourez de vitesse ;
Vous avez interrest à sa confession.
Peut-être qu’à la mort il fera penitence,
Et qu’ayant sceu duper toute la Mission,
Il la détrompera montant à la Potence.
Madrigal
1695
Sur le même sujet
A quoi bon la Prose et la Rime
Que vous faites pour un vaurien?
Tout le monde connoist bien.
Ceux de la Mission, seuls excusent son crime,
Vous ne les détromperez pas.
De ce voleur ils font un si grand cas,
Que quand même ils entendroient lire
L’Arrest qui le doit faire aux Galeres ramer;
Bien loin que cela pût chez eux le diffamer,
Dans leur calendrier, il seroit un martire.
Chanson
1695
Sur l’air: savez vous la difference
Mad.e la Princesse de Montauba, aprés bien des efforts inutiles pour être des voyages de Marly, s’adressa enfin à Mad. e la Princesse d’Harcourt qui a une heureuse facilité de faire argent de tout, et que pour 500 Ecus lui fit avoir l’honneur d’y aller. Mad.e de Grancey et Mad.e de Montauban briguoient depuis longtems cette félicité.
Cette chanson est du Ch.er de la Ferté.
Puisque tous les grands Fr….. de France
Veullent bien se metre en depense,
Pour les voyages de Marly.
Gardez vous de finir la guerre,
Grand Roy ; faites en un parti,
Vous serez maître de la terre.
Autre
1695
Sur l’air de Jean de Vert
Sur Mad.e de Maintenon
Certaine Dame a beau chercher
Des attraits de jeunesse,
Elle ne nous scauroit cacher
Ses rides et sa vieillesse.
Elle enfantoit en Canadas
Du tems qu’on craignoit les fracas
De Jean de Vert.
Chanson
1695
Sur l’air du Bransle de Metz
Ce n’estoit que par l’Espée
Qu’on êtoit jadis Mareschal ;
Mais a present que tout va mal,
On fait par brigue et par menée ;
Mais a present que tout va mal,
D’un Courtisan un Général. La Maal de Villeroy
De son Ayeul le secretaire,
Tu remplirois bien mieux l’Employ,
Reprens la plume Villeroy ;
Le baston n’est pas ton affaire ;
Reprens la plume Villeroy
Tu serviras mieux le Roy.
Crainte d’un revers sinister,
Grand Roy traite incessament ,
Qu’espere tu faire a présent?
Sans Général, sans Ministre
Qu’espere tu faire a présent?
Guillaume a le dessus du vent.
Villeroy comme Pompée
Marche en rapide guerrier,
Arborant son grand Baudrier ;
Mais par malheur son Epée
Pend en la rüe Montorgueil
Pour le sauver du Cercueil.
Sur le Prince de Lorraine,
Fondons comme des Lions.
Je suis le Roy des Penons,
Et de plus grand Capitaine ;
Mais mon cœur est aux abois,
Mon Epée n’est que de Bois.
D’où vient donc que l’on s’estonne ,
Que le vaillant Villeroy
Pour le service du Roy,
Empesche que l’on ne donne?
Tout iroit en désarois
S’il hazardoit sa personne.
Tout iroit en désarois,
Sans la grande Epée de bois.
Contre le Prince d’Orange,
Je vais secourir Namur
Le réduire au pied du mur;
Mais c’est une chose étrange;
Mon Epée n’est pas de fer;
Il faudroit que je la change
Avec celle de Boufflers
Que l’on dit être de fer.
Je suis Chevalier de l’Ordre,
Duc, Gouverneur, Mareschal ;
De Flandres le Général ;
Mais je vois tout en désordre ,
Si mon pauvre Durandal
Ne se transforme en métal.
Ce n’est un grand vitupere
De corner tout mes ayeux ;
Je suis beaucoup plus peureux.
Il n’estoient que des Secretaires;
Mon front plus chargé de bois
Bref plus cocû que mon pere ;
Mon front plus chargé de bois
De plus une Epée de bois.
D’où vient donc quel’on me pince?
Suis-je pas grands conquerant,
Si sans coup férir je prens,
Trois Chasteaux, Dixmude et Dinse?
N’osant m’y montrer pourtant ;
J’ay conquis cette Province.
N’osant m’y montrer pourtant
Que Boufflers en fasse autant.
Ma fortune est incroyable,
Bâtard d’un chetif chartier,
En vertu d’un grand Baudrier,
Je vais être Connestable ;
J’oserai prendre du Roy
Cette Epée si redoutable,
J’oserai prendre du Roy
Pourveu qu’elle soit de bois.
Voyant le Prince d’Orange
Dedans ses retranchement ;
Il me prend des tremblement,
Tant j’ay peur qu’il ne me mange.
Il me prens des tremblemens,
Et de plus des conchiment.
Si tu veux donner bataille,
Laisse sortir un moment
Boufflers avec son trenchant.
Je serai sur les Murailles ;
Boufflers avec son trenchant;
Le mien n’a point de taillant.
Je ferai fort bien la guerre,
Cet hiver à l’Opéra.
Et dès qu’on ne me sifflera,
Du bois de mon cimetere,
Avec mes Gardes du Corps,
J’assommeray le Parterre.
Avec mes Gardes du Corps
L’on me craindra bien alors.
Epitaphe
1695
de la Fontaine par luy mesme
Jean s’en alla comme il êtoit venu,
Mangea le fonds avec le revenue,
Croyant le Bien chose peu necessaire.
Quand à son tems bien sceut le dispense
Deux parts en fit, dont il souloit passer;
L’une a dormer, l’autre à ne rien faire.
Chanson
1695
Sur l’air des Rochellois
Le grand Luxembourg en mourant
A fait un fort beau Testament,
Et digne d’un grand Capitaine,
Il a laissé son ame a Dieu ;
Mais je doute fort qu’il l’a prenne,
C’est ce qui nous importe peu.
Il rend tout le monde contens,
Sur le fait le plus importans.
La chose est tres bien digérée.
Ce heros pleine de bonne foy,
Laisse au grand Conty son Epée
Son beaudrier à Villeroy..
Si nous battons nos Ennemis,
Comme nous avons fait jadis;
Ils n’auront plus le mot à dire;
Et ne pourront plus s’ecrier
Qu’avec nous le Diable conspire;
Car Villeroy n’est pas sorcier.
Autre
1695
Sur L’air de Mais
Sur Mr. Le Mareschal de Villeroy
Grand Villeroy favori de la gloire,
C’est avec toy qu’on court à la victoire;
Mais,
Il ne faut pas toujours croire
Prendre, quand on court aprés.
Tu prends ton tems quand on te laisse faire,
Aux conquérant tu crois n’en devoir guere;
Car,
Tu dis à demain l’affaire ;
C’est pour imiter Cézar.
Autre
1695
Sur le même air
Sur la Prise de la ville de Namur
par les Ennemi.
Si Luxembourg êtoit encore au monde,
Toute la Cour riroit de joye profonde ;
Mais
Ce grand homme a passé l’onde
On ne le verra jamais.
Adieu Namur nous t’avons laissé prendre ;
Un chef sans cœur n’ose rien entreprende,
Mais
Il peut bien ma foy prétendre
De ne commander jamais.
Namur est pris Villeroy l’a veu prendre ; Neuville Maal de Villeroy
Louis surpris voudroit le faire pendre ;
Mais
Certaine vieille, au cœur tendre, Mad.e de Maintenon
Ne le souffrira jamais.
Autre
1695
Sur l’air de Lampon
Sur le même sujet que la précédente
C’estoit un morceau bien dur
Que le Château de Namur ;
Mais avec un jus d’Orange,
Il n’est rien qui ne se mange
Lampon, lampon,
Camarade, Lampon.
Ne dis mot de Villeroy,
Il faut choisi par le Roy ;
Il faut s’en prendre à ce Prince
D’avoit fait un choix si mince.
Lampon, lampon,
Camarade, Lampon.
Chanson
1695
Sur l’air depuis Jan.er jusqu’en avril
Sur le Comte de Grignan
Monsieur le Comte de Grignan
S’en va ronfler dans un moment.
C’est un Gouverneur de Province,
Pendant qu’il est entre deux draps ,
Je suis bien plus heureux qu’un Prince
Je tiens sa femme entre mes bras.
Verse
1695
Par Mr. de la Fontaine, pour Mad.lle
Simon tres belle personne, et tres sage,
fille d’un Architecte du Roy.
Qui void, Iris, vos traits charmans,
Pousse loin l’ardeur de son zele.
Tous vos amis sont vos amans ;
Quel dessein avez vous la belle?
Quel pouvoir sur tous nose sprits?
Tous vos amans sont vos amis.
Chanson
1695
May
Sur l’air des Ennuyeux
Couplet fait à Chaulnes, par Coulanges
*Il y a icy une dizaine de …
Il fait aussi froid qu’en hiver,
Les Eaux vont inonder la terre.
Est il un Oracle plus clair?
Que le Ciel ne veut plus la guerre.
Il nous rejette en Février,
En dépit du Calendrier.
Autre
1695
Sur l’air des Triolets
A Mr. le Duc de Chaulnes,
par Mr. de Coulanges
Acheptez le Mesnil montant,
C’est le repos de vôtre vie.
Vous avez de l’Argent comptant
Acheptez le Mesnil montant ;
Madame n’en dit pas autant ;
Mais satisfaite vôtre envie.
Acheptez le Mesnil montant
C’est le repos de vôtre vie.
Autre
1695
Sur l’air la prudence de Villeroy,
Ou Joconde en joignant 2 couplets en un.
Sur la creation de charges d’Inspectrs
des Fontaines etc.
Ô vous Censeurs impertinens
De qui l’humeur caustiques ;
Sur les nouveaux partis du tems ,
Toujours glose et critique.
Vous qui jadis sur le Traité *On faisoit alors quantité d’Edits et de
Du parti de la Glace ; Créations de charges ridicules, et dans
Disiez, on veut nôtre santé, le préambule de l’Edit il y avoit
Ah! qu’on nous fait de grace! toujours pour l’utilité publique.
Heureux Parisiens loüés vous
De l’Edit d’importance,
Qui va render tous les égouts
Fontaines de jouvence.
L’on vient chez vous que tous conduits,
Jusqu’à eux de Cithere,
Ne donneront par leurs permis
Qu’une Onde pure et claire.
Ah! que j’entrevois de travaux!
Que de soins! Que de peines!
Pour la visite des Canaux,
Des Philis des Climenes.
Les beaux, les généreux desseins,
Vray Dieu, la noble Charge,
Qui defend des conduits mal sains,
L’entrée et la décharge.
Amour pour de si grands progrés,
Inspire du courage ;
Fais si bien qu’un heureux succés
Couronne un tel ouvrage.
Autre
1695
Sur le petit Air de la Fronde
Au sujet de l’Edit des Fontaines
Nayades bouchez vous Fontaines,
Et cesses d’embellir nos plaines,
Par le Cristal de vos ruisseaux ;
On vous déclare la guerre.
Faites renter toutes vos Eaux
Jusques au centre de la terre.
Les Muses les voyant si pures,
Ont feint dans leurs nobles figures,
Qu’elles êtoient de pur Argent ;
Cette douche et flateuse idée
A fait penser au Partisan
D’avoir de vous une lipée.
Que si le Dieu qui vous fait vivre,
Nimphes, vous ordonne de suivre
L’Ordre qu’il ne veut pas troubler.
Obéissez à la nature
Qui vous commande de couler ;
Mais qui vous permet de murmurer.
Autre
1695
Sur l’air de Mai
Grand Luxembourg des héros le modele
Pour les deux trous l’on scait bien vôtre zele;
Mais ;
Pour les trois troux de Bruxelle,
Ne vous y frottez jamais.
Chanson
1695
Sur l’air: quand on a passé quarante ans
Pour feu Mad.e Dontemps peu avant son marriage.
Belle qui n’avez que quinze ans,
Prenez Bontems,
Prenez Bontems ;
Renvoyez tous vos prétendans
Ces gens du Code
Sont hors de mode.
Prenez Bontemps.
Autre
1695
Sur l’air de Joconde
Sur Mr. le Comte de Tourville
En vain par mille exploits divers
Tu te flatte Tourville
D’être fameux dessus/dedans les Mers ;
Ta peine est inutile ;
Mais si par tout comme un heros
Tu prétens qu’on t’estime
Etudie du Docte Renaut
Les nouvelles maximes.
Autre
1695
Sur le petit Air de la Fronde
Que vous sert de meure sur l’onde
Tant de vaisseaux, d’Armes, et de monde?
Tout cela n’etant du vent.
Anglois vôtre perte est certaine,
Par les Conseils du Confident
Et la valeur du Capitaine.
Accablez nous de vos menaces,
Chargez vos vaisseaux de Carcasses
Armez les d’horribles Canons ;
Cele ne nous étonne guere.
Renaut par démonstrations,
Nous promet votre perte entiere.
Ouy, nous irons peuples perfides
Conduits par ce second Eucledis,
Sans avoir d’autre arme à la main,
Que le Compas et l’Equerre,
Vous montrer que tous vos desseins,
Ne sont que de vaines chimeres.
Autre
1695
Sur l’air Voicy les Dragons qui viennent
Les François vienne en grande bande,
Allemans sauvons nous ;
Bon, dit Nassau qu’on attente ;
C’est Villeroy qui commande.
Je m’en f…..
Je m’en f…..
Chanson
1695
Sur l’air Reveillez vous belle endormie
Maupeou * la Reine des harpies, *La Chanceliere Pont-Chartrain
Triompe des malheurs du tems ,
Et convertit en œuvres pies
Les dons infames des Traitt
Un petit Baron à l’aumosne, Tonnelier Baron de Bret
Par la faveur de Pontchartrain
Tient table ouverte dans Charonne,
D’un Duc et Pair il a le train.
Ce fier Intendant de Finance
Marchant de bléds à Montereau,
Qui voulut affamer la France,
N’a plus de crédit au bureau.
Que dit on de d’Armenonville*
Digne patron de Bourvallais?
On dit à la Cour à la ville ;
Qu’il scait bien houer des goblets.
* Fleuriau d’Armenonville et Florent d’Argouges Mr des Requestes avoient fait amas de Bled à Montereau par Miotte.
Que Maltote êtoit a plaindre
D’avoir de sic hers protecteurs ;
Je doute qu’il fut plus à craindre
De la justice, ou des voleurs.
Le Ciel d’un horrible ravage
A bien vengé nos Ennemis,
En donnant la France au pillage,
Des Partisans et des Commis.
Chanson
1695
Sur l’air: L’autre jour compere Colin
Sur le Prince de Vaudemont (Lorraine)
A ce coup vaudemont est pris,
Il est dedans la plaine,
La victoire est pour nous certaine.
Qu’il a manqué d’esprit ;
Allons promptement le défaire,
Il pourroit décamper.
Villeroy quelle heureuse affaire!
Ah! tu peux si bien l’attraper,
Que pas un en puisse échaper.
Que la ruse à la France va plaire!
Mais ce grand Mareschal de villeroy,
Leur dit tremblant d’effroy:
Messieurs je scais faire la guerre ;
Reposez vous sur moy.
Attendez à demain nous n’aurons rien à faire.
Autre
1695
Sur l’air du bransle de Metz.
Sur la Prise de Namur par les Alliez du Prince de Nassau.
Villeroy qu’on veut réprendre
De s’excuser a raison;
Il eut battu Vaudemont [bis]
S’il avoit voulu l’attendre.
S’il laisse prendre Namur
Il en a l’ordre à coup sûr.
Chanson
1695
Sur l’air: Un jour Pierrot voyant Margot
Riches Abbez attendez vous
A devenir gueux comme nous.
Vos Députez donnent à la France,
Tant d’argent que tout vôtre éclat,
Va tomber dans la décadence,
Comme le reste de l’Estat.
Jadis le plus fort de vos Dons
N’excedoit pas quatre millions ;
Encore êtoient ils volontaires.
Vous n’estes plus dans ce bon tems,
Et quatre illustres Commissaires
Vous dissent que le Roy veut tant,
Les gens de Robes sont àbout,
Et la Noblesse à vendu tout;
Pendant une guerre si rude,
Il est juste que le Clergé
Perde un peu sa plenitude;
Pour ce coup il est bien purgé.
Votre feu ruse Président *Harlay, Archev. De Paris mort au
Estoit devenu gros Marchans, mois d’Aoust 1695
Pour trafiquer le bien d’Eglise ;
Il auroit vendu votre peau,
Si pour pareille merchandise
Il eut pû avoir un Chapeau.
Autre
1695
Sur l’air depuis Janvier jusqu’en Avril
Sur Mr. Boileau
Boileau répandant son venin
Contre le sexe Féminin ;
Est intrigué dans cette affaire:
Car tout Paris est convaincu
Que Madale Boileau sa mere
Faisoit Monsieur Boileau cocu.
Autre
1695
Sur l’air ….
Sur la Capitation
Payons la taxe par teste,
Si nous voulons être au rang
Des Contens.
Tous les soirs le Roy arreste
Le mémoire des payans,
Et regarde tout le reste
Comme de mauvais Courtisans.
Chanson
1695
Sur l’air de Vive les Gueux
Si le Roy scavoit la vie
Que font les gueux,
Ils vendroient Châteaux en villes
Vive le Roy - Pour être heureux
Pour s’en aller avec eux,
Vive les gueux.
Quand ils entrent en débauche
Au Cabaret,
Ils boivent a droite, et a gauche,
Blanc et claires
Et s’en donnent jusques aux yeux,
Vive les gueux.
Quand ils content leur misere,
On les plaint fort ;
Mais ils vivent sans rien faire
Jusques à la mort ;
Ils sont libres & paresseux
Vive les gueux.
Quoique Bourvalais & Pronde ,
Fassent en Tirans
Persécuter dans le monde
Petits et grands;
Il n’est point d’Impots pour eux,
Vive les gueux.
Touche-t’on à la finance?
S’en soucient-ils?
Ils vivent sans dependence
Du bien d’autrui.
L’Impost n’est pas fait pour eux,
Vive les gueux.
Autre
1695
Sur l’air du Noël des don don don
Sur la Maison de Noailles
De la Maison de Noailles
Si fertille en héros;
On choisit à versailles,
Assés mal a propos.
L’inhabile Pasteur
De ce grand Dioceze
Il fallout à Chalons, don don,
Laisser ce Cagot là, la la,
Prosner tout à son aise.
Autre
1695
Sur l’air de la Fronde
Couplets faits sur le séjour de l’Armée navale à Toulon
Le grand Mareschal de Tourville,
Des Ennemis si redouté,
N’est plus qu’un Mareschal de ville ;
Il passera icy l’Esté;
Il en est grande joye chés les belles,
Et il est résolu entre elles
Que Florenzac et la Chouin
En remercieront Pontchartrain
De ce projet dont tout le monde
Ne peut pas êtree satisfait ;
Grand nombre de Marins en grondent,
En disant qu’on peut en effet
Douter un peu de la prudence
Du premier Ministre de France,
Que les Anglois lui doivent aussi,
Comme les Dames un grand mercy.
Chanson
1695
Sur l’air du Confiteor
Quand Villeroy vit les Soldats
De ce fameux Prince d’Orange,
Il dit à son amy tout bas,
Il faut donc que les miens je range;
Mais hélas! je crains bien la mort
Dirai-je mon Confiteor.
Aprés avoir bien ruminé,
Il leur fit sonner la retraite
De vingt lieux s’etant éloigné
Il criagnoit encore la défaite.
May foy je croy qu’il tremble encore
Et qu’il dit son Confiteor.
L’annéé prochaine villeroy,
En toy nous aurons confiance,
Puisque toujours avec effroy,
Tu prens soin de nôtre deffense;
Et si par hazard on te bat
N’en dit pas ton mea culpa.
Autre
1695
Sur le même Air
Le Mareschal* dit à Guiseart
Rendon nous vîte, je vous prie,
Et ne mettons plus au hazard.
Notre fortune et nôtre vie;
Je connoît le Roy, c’est assez,
Nous serons bien récompensez.
* de Boufflers êtoit dans Namur en 1695. Le comte de Guiseart y êtoit aussi, ils ne deffendirent point la ville comme ils auroient pû faire, cependant Guiscard eut pour recompense le Cordon bleu
Chanson
1695
Sur l’air: Il est avis à ma maîtresse
Il est avis au petit Gesvres on croit que ceste chanson est de 1650
Que pour un peu de bien qu’il a
Il est avis au petit Gesvres
Que son bien l’Annoblira ;
Hélas! ma mere, les Poitiers
Firent ils jamais desverres?
Hélas! ma mere, les Poitiers
Furent ils jamais Verriers.
Autre
1695
Sur l’air du Confiteor
Par ma foy vous êtes trop vif,
Disoit le comte de Tourville,
A ce Ministre décisif [Les Mgs de Seignelay]
Qui n’a jamais veu que la ville.
De la Mer laissez là le soin,
Et gouvernez le port au foin.
Chanson
1695
Sur l’air de daye dan daye
Les nouvelles de l’Isle de Guindaye dans l’Amadis. A Mad.e la Mareschale de Villeroy
Par Coulanges
Diane à tant et tant d’appas
Son portrait fait tant de fracas
Qu’on se rend en foule en Guindaye ;
Daye dandaye, daye dandaye.
La Reyne y tient fort grosse Cour; *Sidonie
Mais Diane est dans une Tour ;
Nul ne la peut voir en guindaye
Daye dandaye, daye dandaye.
Deux Princes de loingtain pays
Y sont entrés sous les habits
De Darayde et de Garaye
Daye dandaye, daye dandaye.
Darayde est Agesilan, *Aegesilan de C
Qui brûle d’un amour ardent
Pour la Princesse de Guindaye *Diane
Daye etc.
Cleofile a donné son cœur *Cleofile Reine de Lemnos
A Garaye, et pour son Bonheur ;
Arlange, est la fausse Garaye ; *Arlange d’Espagne
Daye dandaye daye dandaye.
Cette Reyne par se beaux yeux
A rendu ce Prince amoureux ;
Tout est en feu dans la guindaye.
Daye etc.
Le fraudeur y fait tous les jours,
Par ses ruzes de si bon tours,
Que nul ne s’en sauve en Guindaye.
Daye etc.
Chanson
1695
Sur l’air Robin turelurelure
Sur un repas donné par Mr. de Noailles Archevesque de Paris, aux Chanoines de N.e D.e
Notre Archevesque nouveau
Prélat de grave figure,
L’autre jour fit un cadeau,
Turelure
Où l’on ne but point d’eau pure,
Robin turelurelure.
Un Chanoine gros et gras,
De fort épaisse encolure.
Fit le plaisir du repas,
Turelure;
J’en vais conter l’aventure,
Robin turelurelure.
Assis sur un perroquet,
Trop étroit pour sa carrure ;
Il mesura le parquet,
Turelure.
Sans se faire de blessure,
Robin turelurelure.
Estendu comme un crapaut,
Tout prest a crever d’enflure.
Il lacha un peu trop haut,
Turelure.
Un vent de mauvaise augure,
Robin etc.
Au bruit de cet imprudent,
Chacun rit outre mesure;
Monseigneur dit à l’instant,
Turelure.
Buvez-en je vous conjure,
Robin turelurelure.
Sur la Tragédie de Judith
1695
compose par Claude Boyer de l’Académie Françoise
Qu’importe, dit Boyer, qu’un censeur me lantern,
Qu’improuve mes vers, qu’il ne m’estime pas;
Que las scene en deux lieux fasse quelqu’un embaras,
Tout Paris pour Judith a les yeux d’Oloferne.
*Eschouée à Versailles et ensuite à Paris
Chanson
1695
Sur l’air les Bergers dans leur amour
Sur François de Harlay de Chanvalon
Archevesque de Paris
Les médisant disent aujourdhuy
Que l’Archevesque a mal au v…..
Ils dissent tous vrai,
Car il a poivré
La Duchesse de Lesdiguières
Son pauve C….. mene a present
Une vie bien austere lanla
Une vie bien austere.
Chanson
1695
Sur l’air Robin turlurlure
Mr. de Noailles Archevesque de Paris deffendit aux Porteurs d’Eau de marcher festes & Dimanches.
De l’Archevesque nouveau
Célébrons tous la censure ;
Il veut qu’on se passé d’Eau,
Turlure,
Feste et Dimanche je jure,
Robin turelurelure.
Autre
1695
Sur l’air de Joconde
Sur ce que le M.al de Villeroy manquât à batter en Flandre Mr. de Vaudémont pendant que le Prince d’Oranges assiégeoit Namur.
Il n’est plus temps cher Villeroy,
On peut bien te le dire;
Et d’un si généreux exploit,
Vaudémont va bien rire;
Luxembourg auroit dés midi,
En Général habille
A coup seur battu l’Ennemi
Et secouru la ville.
Autre
1695
Sur l’air: C’est la pure vérité
On dit que nostre Pasteur, *Mr. de Noailles, Archeveque de Paris
Fait l’amour de bon cœur ;
Ce n’est qu’une médisance ;
On dit que par conscience
Soûtenant sa dignité,
Il bastit à toute outrance,
C’est la pure vérité
1696
Chanson
1696
Sur l’air des Fées de Roland
Sur Mr. Godart
Godart a dans sa famille
Dix enfants se portant bien.
Il court un bruit par la ville
Que s’il en avoit dix mille,
Et que chacun reprit le sien,
Monsieur Godart n’auroit plus rien.
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Commission donnée à Mad. e de Manneville, à Rouen
Faites de tous vos Ouvriers,
Chercher le plus habille ;
Ordonnez lui des Muscadiers,
Charmante Manneville.
Un Muscadier est proprement
Un E pour Muscades
Que l’on rape agréablement
Dans du vin sur rasades.
Mais pour menvoyer ce bijoux
Dont je crains la dépense ;
Il faut bien que je vous dise où
Je fais ma résidence ;
Ma maison est fort à l’ecart ;
Mais elle est des plus belles,
Elle donne sur le rampart
Au quartier des Tournelles.
Chanson
1696
Sur l’air du Confiteor
Confession de Mad.e du C….
Mon pere je viens devant vous
Avec une ame repentante.
Me prosterner à vos genoux
Dans l’état d’une penitence.
Pour un amant qui ma fait tort,
Dirai mon Confiteor.
Pour faire ma Confession
Je m’en vais commencer mon pere
Par l’aveu d’une passion
Qui fut toujours tendre et sincere.
Jamais amour ne fut plus fort
Dirai-je etc.
En premier lieu je me reprens
D’avoir trop aimé ce volage ;
Hélas! c’est bien à mes depens
Qu’il a fait son aprentissage.
Je ne le puis haïr encore,
Dirai-je etc.
Celui que j’aime à le secret
De savoir comme il me faut prendre ;
Il est charmant jeune et discret,
Et son cœur est sensible et tendre.
Il se fait aimer sans effort,
Dirai-je etc.
Contre tout autre ma vertu-
Auroit pû soûtenir sa gloire ;
Mais sitost qu’il a combattu,
Mon cœur a cedé la victoire
Mon fier s’est démenti d’abord
Dirai-je etc.
Ha mon peres si vous scaviez
Quels charmes avaoit cettinfidelle
Sans doutte vous m’excuseriez.
Il me disoit que j’estois belle ;
Peut on ne pas l’aimer encore?
Dirai-je etc.
Les prez et les bois d’alentour
Ont mû nos flames mutuelles.
Ils sont de nos tendres amours
Les temoins secrets et fidelles,
Et les Juges de mes transports,
Dirai-je etc.
Mon pere s’il vient devant vous,
Vous confesser son inconstance ;
Surtout ne lui soyez pas doux,
Et lui donnez pour penitence
De m’aimer jusqu’à la mort
Dirai-je etc.
Il me souvient qu’un matin
En mettant ma chemise blanche
Il mit sa main de sur mon sein
Et aussi par dessus ma hanche,
Et encore un petit plus bas
Dirai-je mon mea culpa.
Horsus ma fille allez en paix
Que toutes vos fautes premieres
Vous servent d’exemples à jamais
Pour finir ces fausses lumieres.
Trompez celui qui vous trompa
Dites vôtre mea culpa.
Chanson
Sur L’air……
1696
Faite à Caën, sur ce que Mr. de Bourgeauville Trésorier de France à Caën et Envoyé du Roy à …… fort enfflé de ces Emploi, se trouvoit mortifié d’etre place au Bureau des Finances aprés 2 autres Trésoriers de France, qu’il regardoit comme ses inférieurs, quoique ses anciens en charge.
Chastillon [1] gros camart,
Et Blanchar [2]
Tous deux tombez par hazar
Dans le Bureau des Finances
Précedent, précedent son Excellence [3].
[1] Marchand de Dentelles puis Tresorier de France.
[2] Bourgeois de Caën, puis Tresorier de France.
[3] Mr. De Bourgeauville.
Autre
1696
Sur l’air de Joconde
Le Prince de Rohan qui epousa en 1694 la veuve du Prince de Turenne. Le Prince de Conty qui le vit à l’Armée en 1695 disoit de lui, que c’estoit le plus beau Jean f……. du Royaume.
Prince fade, tres ennuyeux
Que viens-je hélas d’aprendre?
Tu renne a parû dans ces lieux.
Ta pudeur ta sceu prendre.
Ah! Dieux! Que je plains ton destin!
Si ta bonté divine
Ta fait un second marmotin
Pour cette autre héroine.
Vera
1696
Chez les Peres fameux de la Société *les Jesuites
Maints Abbez entendoient un habile Jesuite
Se plaindre qu’un Bourbon en France regreté,
De ce monde avoit pris la fuite.
Dans l’Eglise êtoient assemblez
Bien plus d’Elus, que d’appelez.
(Eslus, chez ces Reverends Peres)
Ce sont leurs partisans, sectateurs, Emissaires)
On parloit alors d’un grand Schisme,
Entre Prélats de deux partis.
Ah! dit un partisant du severe Thomiste,
Si l’Eglise tomboit avant qu’ils soient sortis,
L’Eglise accableroit enfin le Molinisme.
Sur Mad.e de Melson
1696
Chez nos Minimes tous les jours
J’admire le fier estalage
Et de drap noir et de velours,
Et d’Ecussons à double estage
Pour Dame Charlotte Melson,
Veuve de Camus Pantalon.
Chanson
1696
Sur l’air de la Gigue d’Ariane
Que Louis le Grand
Soit Maistre de la Terre ;
Que l’Empereur cede au Turban ;
Que Jacques ait bon vent,
Pour revoir l’Angleterre.
Tout cela m’est indifferent.
Je n’yray point avide de guain
Sur le Sein,
Trompeur de Neptune
Chercher la fortune.
Je ne veux des Dieux
Pour tous leurs bienfaits,
Que de vivre en paix,
Sans desirs, sans regrets,
Point de Procez
De ce vin frais
Pour moy fait exprés.
Autre
1696
Sur l’air de la folie
Un héros aime la gloire,
Et le Roy Guillaume, l’Argent,
Jupiter de l’Ecens ;
Pour moy je n’aime qu’à boire.
Ai-je tort? Non ce me semble;
Pourquoi?
J’ay tous les biens ensemble
Lorsque je bois ;
Je suis un Dieu, je suis un Roy,
Je suis plus fier que Villeroy.
Chanson
1696
Sur l’air…..
Sur la Foire de Bezons
L’amour content de sa Moisson
Disoit au retour de Bezons ;
Grands Dieux que cette foire est belle !
Chacun a trouvé sa Toison ,
Et l’on n’a point veu de rebelle,
Qui n’ait fait un heureux Jason.
Du Divertisesement donné à
Mad.e la Princesse de Conty par la Duchesse
De la Ferté
1696
L’amour dans cet azile,
Pour la voir rassemble tous les Dieux.
Un coeur en l’a voyant, peut il être tranquile?
Heureux en ce moment qui n’auroit que des yeux!
Le double de l’air, de M.r Lambert.
Quoi! Ne voulez vous pas entendre
Le langage de mes soupirs?
L’amour n’en a point de plus tendre
Pour vous exprimer mes désirs.
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Au Marquis du Bellay
Il n’est plus tems, mon cher Marquis,
De vanter tes ancestres ;
Depuis six ans dans le païs
Tu nous en rons la teste ;
Quitte là tes grands Escussons ,
Ta Couronne pointuë ;
Prens une plune et des Jettons,
Ta Noblesse est perduë.
Va t’en de chaque Directeur
Chercher les bienveillances ;
Estre le fade adulateur
D’Intendant des Finances.
Sois leur plaisant, sois leur boufon,
Parasite ou Mercure,
Tu rends méprisable ton nom,
Et tu lui fais injure.
Chanson
1696
Sur l’air l’autre jour m’allant promener
Icy l’on voit un Cabaret,
Où l’on trouve tout à souhait.
Quel Chocolat! Comme il est fait! *Mad.e de St. Pierre (Castel)
Comme est faite l’hotesse!
De l’Aurore c’est le portrait
Et des Rées la jeunesse
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Au Marquis du Bellay
Il n’est plus tems, mon cher Marquis,
De vanter tes ancestres ;
Depuis six ans dans le païs
Tu nous en rons la teste ;
Quitte là tes grands Escussons ,
Ta Couronne pointuë ;
Prens une plune et des Jettons,
Ta Noblesse est perduë.
Va t’en de chaque Directeur
Chercher les bienveillances ;
Estre le fade adulateur
D’Intendant des Finances.
Sois leur plaisant, sois leur boufon,
Parasite ou Mercure,
Tu rends méprisable ton nom,
Et tu lui fais injure.
L’Impromptu
1696
fait au sermon des Jesuites,
le jour de St. Ignace
D’Ignace ce fameux Jesuite
Le prescheur dit beaucoup de bien.
Voicy ce qu’on en croit; le Chef a du mérite,
Le reste n’en vaut rien.
Chanson
1696
Sur l’air des Folies d’Espagne
Sur …. De Crequi-Canaples
Beau Canaples rompés vôtre silence;
Depuis quatre ans vos yeux ont assez dit,
En doux propos faites quelque dépense,
C’est trop longtems soûpirer a crédit.
Autre
Le printems paroist moins jeune qu’elle,
D’un beau jour la naissance rit moins;
Les yeux dissent qu’elle est plus belle
Tous les cœurs en servent de témoins.
L’autre jour assis sur l’herbette tendre,
Je chantois son nom dans ces beaux lieux,
Les zéphirs accourent pour l’entendre,
Et le porterent aux Oreilles des Dieux.
Autre
1696
Sur le même Air
Sur une Religieuse de l’Ave Maria, et un Jesuite.
Il êtoit une Religieuse
Du Couvent de l’Ave Maria ;
Qui devint par hazard amoureuze
D’un Caffard enfant de Loyola.
Un jour de Pasques, à ceque dit l’histoire,
Le pater dans sa celule entra,
Ce fut ainsi qu’on le peut croire,
Pour chanter ensemble Alleluya.
Aux doux soupirs qu’ils poussoient l’un et l’autre,
La Prieure accourut et trouva
Enflez come des Patenostres
Le Pater et l’Ave Maria.
Autre
1696
Sur le même Air
Sur l’histoire profane
Talestris cette Reine si tendre,
Cette beauté qui n’avoit qu’un testor,
Vint de bien loin visiter Alex
Pour le prier de lui fourbir le C….
Ce qui tenta nôtre premiere mere
Ce ne fut pomme, poire, ny fruit,
Et le demon n’eut jamais pû lui plaire
S’il n’eût parû sous la forme d’un v…..
Pour Davis prit il une pucelle,
Etant si vieux, et froid comme un glaçon?
C’est qu’il prenoit en couchant avec Elle
Le doux plaisir de patiner son C….
Il s’empara de la femme d’Urie ;
Mais quoi! Jamais ce genereux garcon
N’eut commis ce crime de sa vie,
Si Bersabté n’eut pas montre son C…
Quand de Sabà cette Reine jolie
De Salomon vint tenter la vertu ;
Elle lui dit, que je serois ravie,
Pour tous mes dons sit u m’avois fou…..
Didon disoit en se voyant trompée
Par le Troyen qui partegeoit son lit
Dedans mon sein je mettray ton Epée
Puisqu’en mon C…. tu ne mets plus ton v…
Lorsque Parus voyant les trois Déesses,
N’eût que mépris pour Pallas et Junon ;
C’est qu’il n’en pût tirer que des promesses
Et que venus d’abord donna son C…
Et ce héros que la charmante Omphale
De si terrible avoit rendu si doux,
Estoit rempli de vertu sans égalle
Et la baisoit par jour quinze ou vingt coups.
Diane enfin se lassant d’être sage,
De bois en bois un chasseur la poursuit ;
Ce n’estoit pas un fort beau personnage;
Mais il avoit plus d’un grand pied de v.
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Réponse à une Chanson qui commence par ce 1er vers Princesse en perdant tes appas. Vol. 9 pag. 4
Sur N…….de Clermont et N…… de Cominges
Vous mettez toute la vertu,
L’Esprit et la sagesse
Aqui peut s’enyvrer le plus ;
Mais croyez moy Duchesse.
La femme qui se prend de vin
Ne peut être modeste,
Elle est des Soldats le butin
Et des Laquais le reste.
M.r de la Farre
1696
Pour Mad.e de uc
Au fond d’un bois, au borde d’une fontaine
Dans des lieux sacrés à l’amour,
L’insensible Iris se promene.
Ô! Toy qui voles à l’entour,
Dieu, que méprise l’inhumaine,
Force-là d’aimer à son tour ;
Son orgueil te fait trop d’injure,
Et sit u ne peux l’enflamer.
De quoi te sert il d’animer
Tout le reste de la nature?
Pour la Même
1696
que la précédente
Il est vray je suis pas à pas
La secte du bon Epicure,
Iris , je ne m’en deffend pas;
Car c’est la Loy de la nature;
Fidele à tous ses mouvemens,
J’aime en vous son plus bel ouvrage,
Et c’est par là que je prétenss
Mériter le titre de sage.
Chanson
1696
Sur l’air: Je gage de boire autant qu’un Suisse
Un Carme en amour est bon emplette ;
Il baise autant qu’un franc Moineau :
Un jour je rencontray Lizette,
Un Carme en amour est bon emplette,
Laquelle disoit a Nanette,
Crois moy prend le Pere Moreau,
Un Carme en amour est bon emplette,
Laquelle disoit Nanette,
Un Carme en amour est bon emplette,
Laquelle disoit Nanette,
Un Carme en amour est bon emplette;
Pour moy j’ay fait choix d’un Billette
Qu’on nomme pere Gratereau;
Un Carme en amour est bon emplette,
Pour moy j’ay fait choix d’un Billette.
Un Carme en amour est bon emplette ;
Cette nuit il ma satisfaite;
Il est du Couvent le Taureau,
Cette nuit il ma satisfaite ;
Un Carme en amour est bon emplette ;
Ah! je crois que de sa brayette
Il en est sorti plus d’un sceau.
Un Carme en amour est bon emplette.
Autre
1696
Sur Madame d’O.
Quoique vous soyez à la Cour
De Madame de Guise ,
Ne renoncez pas à l’amour,
Agéable Marquise ;
L’estat de la devotion
Sauve les aparences,
Et l’on donne à sa passion
De secretes licences.
Autre
1696
Sur l’air…..
Sur M.r l’Abbé Testu
Connois tu
Cet Abbé laid comme un Cocu?
Ce bouru, ce testu?
Qui fait le bon Apostre
Devant nous?
Il fait au Ciel les yeux doux.
Se mettant à deux genoux,
Disant sa Patenotre.
Au Bordel,
Il fait un péché mortel,
Tout comme un autre.
En secret
Il s’en donne au Cabaret
Tout comme un autre.
1696
Chanson
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie
Par Mr. Vergier Commissaire de la Marine, sur lui et Mr. L empereur autre Comm. Re de Marine. Tous deux à Dunk.e Envoyez à Calais lors du Bombardement par les Ennemis
Deux héros affamés de gloire
Volent au secours de Calais ; [Cette ville fut Bombardéé en 1695 et 1696]
L’un est armé d’une Ecritoite,
L’autre a taillé sa plume exprés.
Ce sont deux fameux Commissaires,
Remplis de valeur & de soin.
Don't la presence est necessaire
Pour calculer les coups de loin.
On ne scauroit les méconnoître,
Le premier ordonne toujours; [Lempereur]
Des Matelots il est le mâitre,
Et croit l’estre aussi des amours.
Le second, son petit Novice, [Vergier]
Des honneurs n’est guerre jaloux ;
C’est un bon homme, il n’a de vice
Que celui de les avoir tous.
Chanson
1696
Sur l’air: Or nous dites Marie
Faite sur les Prevost des Marchands 1 Eschevins de Paris qui présenterent un Tableau à Ste Genevieve en 1696.
Ô la rare merveille
Que l’on voit dans Paris ;
Qui n’eut point de pareille
Dedans le tems jadis.
Le Prevost de la ville
Et les quatre Eschevins
Vont tous en souquenille
Au païs des Latins.
Chacun d’eux de la Gréve
Chargé de son harnois
A Sainte Genevieve,
Va montre son minois,
Pour offrir à la sainte
Un merveilleux Tableau,
Où leur trogne est dépeinte
En Robe de Bedeau.
En bizarre parure
Tel qu’en chair et en os,
Dans sa ronde figure,
Est Monsieur le Prevost ; [Bose Procureur general de la Cour des Aides-
Où d’une ame devote Prevost des Marchands].
Il est à deux genoux,
Sans chapeau ny Calotte,
En Carreau de veloux.
Pour sortir de la crasse [Vendeur de Marée 1er Eschevin Con. er de ville].
Qu’il receut en naissant,
En donner à sa race
Un titre Florissant.
Bazin a fait la feinte
Par un detour nouveau,
D’un voeu fait à la sainte,
De ce fameux Tableau.
D’un air de fanatique
Le Medecin Pilon, [2er Eschevin].
Fait aux passans la nique,
Par un regard felon.
En faisant la menace
De les soufletter tous,
Si quelqu’un à l’audace
De le metre en couroux.
Sainfray plus fin qu’un Diable, [Echevin et Notaire].
Quoique fils d’un pied plat ;
D’un air inimitable
Contrefait le béat.
On lui voit les mains jointes,
Les yeux levés au Ciel
Damander à la Sainte
Un pardon solemnel.
Par un regard douçatre
Le Substitut Baudran, [substitut du Procureur general de la Cour des
Aveque son emplâtre, Aides, Echevin].
Montre un air obligeant.
Tel qu’à la Cour des Aides
Ont ceux de son métier,
Pour mieux, quand ils y plaident,
Plumer le Financier.
Sous as perruque blonde
Tuton en maureblanc ; [Procureur du Roy de la ville, fils de Titon
Porte sur tout le monde, Armurier à St. Estienne en Forest, puis
Un regard méprisant ; Fournisseur d’Armes, et ayant la garde
Fier que seul de sa race, du Magazin de l’Arsenal à Paris].
Il se soit intrigué,
Jusqu’à prendre une place
Qui l’en a distingué.
Santeuil* bouffy de gloire
Avide des honneurs;
Paroist dans cette histoire ;
Mais en triste couleur.
Rêveur, chagrin, et sombre,
Depuis la mort d’Arnaud
S’est fait metre dans l’imbre,
Comme un simple badaut.
*Il fit l’Inscription du Tableau, à condition d’y être peint.
Les Religieux de St. Genevieve lui firent ajouter un manteaux noir, a cause qu’il êtoit de St. victor.
Chanson
1696
Sur l’air de la grosse Bourguignone,
ou du cours de Rome
La Rivière de Seine à Choisy.
Sur Mad.e de Louvois.
Par Coulanges
Nous voyons sur la Seine,
Batteaux petits et grands.
Des Coches à douzaine
Chargez de mille gens ;
Qui méprisant la terre,
Vont et viennent d’Auxerre,
De Montereaux, de Melu, de Joigny
Reindre hommage à Choisy.
Dés qu’il paroît un Coche,
La Divine Louvois,
Promptement s’en aproche ;
Puis élevant sa voix.
D’où venez vous, dit elle?
Parlez, Mademoiselle.
Parlez, Monsieur,qui sont ces moines blance?
Avez vous eu beau temps?
D’une belle Terrasse,
D’un joly cabinet,
A qui passe & repasse.
Chacun donne son fait.
Nous admirons en France,
Avec quelle abundance ;
Foin, bois, Charbon, et vins de tous païx
Arrivent à Paris
Le tems ne dure gueres,
Dans ce Charmant séjour,
Où tout est fait pour plaire.
Que béni soit le jour,
Qu’ un Prince autant amiable
Que juste, et redoutable,
Faisant toujours à ses sujets raison
Donna cette Maison.
Chanson
1696
Sur l’air Catin la belle Jardiniere
Pour Madame de Louvois malade à
Nevers au retour de Bourbon en octobre
1696 tous les Moines de la ville venoient
soigneusement scavoir de ses nouvelles,
et se recommander à ses Charitez, et ces
Couplets furent faits quand elle fut guérie.
Le Cordelier par tout publie,
Que son saint vous rend la santé.
Le carme dit, qu’au bon Elie,
Vous la devés, en vérité.
Le Jacobin en fait sa plainte,
Et dit que c’est à Saint Hiacinthe.
Le Cordelier, de son saint Pere,
Veut nous attacher le Cordon ;
Le Jacobin d’un beau Rosaire
Vous faire le précieux don ;
En le Carme d’un scapulaire
Vous couvrir devant et derriere.
Ces Peres tendent leur Ecuelle;
Ce seroit pour vous un affront.
De partir, sans payer leur zelle;
Madame, il faut remplir leur tronc;
Car moyennant leur Litanie
Vous aurez pour cent ans de vie.
Par Coulanges
Chanson
1696
Sur l’air des Ennuyeux
Par Coulanges
Sur la Sotte vanité des gens qui se croyent
plus qu’ils ne sont
Pourquoi sans rime et sans raison,
Toujours citer vôtre grand Pere?
Pourquoi vanter vôtre Maison?
Vous feriez bien mieux de vous taire.
Scachez que trop de vanité
Fait rechercher la vérité.
Au contraire l’humilité,
Fait qu’on nous laisse en patience.
Les gens de grande qualité
Ne parlent point de leur naissance ;
Civils, honnestes, obligeans,
Ils vivent avec les vivens.
Il faut être de bonne foy.
Hé bien, vôtre origine est mince,
Si cela dépendoit de soy,
Qui ne voudroit pas être Prince?
Pour moi sans en faire à deux fois,
Je serois du sang de nos Rois.
La Noblesse à la vérité,
Dont la Preuve est bien établie,
Est une libéralité ;
Un doit du Ciel digne d’envie.
Le sort nous en a-t’il exclus?
Retranchons nous sur les vertus.
La Bourgeois qui de la Cour,
Sottement se trouve entestée ;
Ne manqué jamais jour par jour
De conter qui l’a visitée ,
Un Cardinal, un Duc et Pair,
Et des femmes d’un certain air.
Du siècle les plus beaux Esprits,
Sont nommez dans sa Litanie ;
Elle a de leurs brillants Escrits
Sa Cassette toujours remplie,
Et se fait un sensible honneur
Qu’ils lui soient donnés par l’Auteur.
Des Lettres de plus d’un païs
Elle vous tire de sa poche
D’Ambassadeurs ses bons amis ;
D’un Duc & Pair son parent proche ;
Car Dieu mercy sa parenté
Sert encore à sa vanité.
Pour s’informer de sa santé,
Le matin elle a cent messages
De gens de grande qualité ;
Ce ne sont que Laquais et Pages
C’est tout dire, que son portier
Est plus occupé qu’un Greffier.
Hé! Cependant combine de gens
Abusez par ce faux mérite
Se font des devoirs tres pressans
De lui render souvent visite ;
Cette femme enfin bien ou mal
Se fait chez elle un Tribunal.
Une vanité de tout tems,
Qui me choque encore et m’irrite,
Est celle de certaines gens,
Qui de tout, se font un mérite.
Il semble que chez leurs amis,
Rien ne se fait sans leur avis.
Cest, disent ils, par leur canal
Qu’on est Courtois, qu’on est affable ;
Qu’en vers vous, on est liberal,
Que de plaisirs on vous accable!
Et ce n’est jamais que par eux
Qu’il arrive un succés heureux.
Cette Satire asseurement,
M’attirera plus d’affaire.
J’aurois fait bien plus sagement,
Sur ce Chapitre, de me taire ;
Aussi bien toutes mes leçons
Ne passent que pour des Chansons.
Autre
1696
Sur le même Air
Par Coulanges
Les manieres d’aujour’huy
1696
Je trouve que les jeunes gens
Aujourd’huy cherchent trop leur aise.
Chez les Dames au bon vieux temps,
Prenoient-ils les meilleurs Chaises?
Les y voyoit-on renversés?
Les jambes et les genoux croisés?
La Perruque dans ce temps cy,
Qu’on oste dés qu’elle incommode,
Et le Tabac, qui, Dieu mercy
Est devenu fort à la mode ;
Font qu’ils se montrent dans cheveux,
Et barbouillés jusques aux yeux.
Un homme incivil et grossier,
Qui volontiers rompt en visiere ;
Qui vous dit des mots de Charetier,
Est aprouvé dans sa maniere.
Il passé pour avoir du Ciel.
Le don d’un esprit naturel.
Le jeu, le vin, et cétéra,
Ont gâté toute la jeunesse.
Les Infantes de l’Opéra,
Ont dégoûté de la tigresse ;
La politesse de la Cour
Venoit d’un plus parfait amour.
La femme d’un autre côté
A pris part au libertinage ;
Et s’est par son habileté,
Soustraite au facheux esclavage
De tous ces habots contraignant
Que l’on portoit un certain temps.
Le Corps de Jupe est aboly,
La Collerette est suprimée;
Le grand habit noir est banni ,
La Robe la plus negligée
La met dans une liberté
Dont nos mere n’ont point tâté.
Ceintes d’un grand vertugadin ,
Elles n’estoient point à leur aise.
Le Colet monté de Quintin ;
L’agraffe, le lacet, la fraize,
Et les Souliers à pontlevis
Leur causoient mil et mil ennuys.
Au lieu que l’écharpe aujourd’huy,
Dont la mode est bien établie
Passe dans la maison d’autruy
Pour habit de Cérémonie ;
On ne se fait plus un devoir
De visiter en habit noir.
Meme la femme sans façon
Depuis Janvier jusqu’en Décembre ;
Va vient et sort de sa Maison
Tres souvent en mulles de Chambre ,
Et preste à tout événement,
Semble attendre un heureux moment.
Veut elle chercher ses amis?
Aller où son plaisir l’apelle?
On lui voit courir tout Paris,
Sans Escuier, sans Demoiselle,
Et recevoir beaucoup de soins
Chez elle et sans aucuns témoins.
Le Lansquenet n’estoit connu
Jadis, que des Laquais et Pages ;
Maintenant il est devenu,
Le jeuu des folles et des sages,
L’on s’y querelle, on parle haut,
Et c’est la Cour du Roy Petaut.
La femme decide du vin,
Scait où le meilleur se débite ;
Elle se pique d’un gout fin ;
Elle s’en fait un grand mérite.
Bacchus releve ses appas ;
Les Canapés sont à deux pas:
Elle tire négligemment
Du Tabac de sa Tabatiere ;
C’est un petit amusement,
C’est un air, c’est une maniere ;
Si les maris en sont content,
Vivent les modes de ce tems.
Autre
1696
Sur l’air de Joconde
Par Coulanges
Sur les Mésalliances
On voit plus de grand Seigneur
Qui ne se mésallie ;
Il ny va plus de son honneur,
La mode est établie,
Son fils ne compte de parens
Que du côté du pere ;
Car de l’autre, il traite les gens
De parens de sa mere.
Est-il rien aussi de plus fol,
Que certaines Familles?
Qui donnent jusqu’au dernier sol
Pour établir leurs filles;
Il leur fait des partis brillants,
Dues, Mareschaux de France,
Pour être leurs petits parens,
Et leur mésalliance.
Autre
1696
Sur l’air de la Duchesse
Par Coulanges
Sur un ancient Lit de la Maison de Brissac
Vieux lit presque tout effacé ;
Mais qui fait voir malgré ta decadence
La magnificence
Des anciens Coffé ;
De ces Brissacs, de leur tems la merveille.
Entretiens moy, pour téscouter je veille;
Conte moy je te prie,
De tous ces guerriers
La valeur infinie,
Et tous les Lauriers ;
Car à ta broderie ;
A ton vieil or, je parie
Qu’au moins les Mareschaux
Sont nés sous tes Rideaux.
Autre
1696
Sur l’air de la faridondaine
La Moreau retire son coeur
Du Grand Prieur qu’elle aime,
C’est pour le donner au Seigneur,
Comme une Madelaine,
Elle est dans la dévotion
La faridondaine, la faridondaine ;
Un Jesuitte l’a convertie, biribi
A la façon de barbarie, mon ami.
Villiers l’ trouvant à son gré
Se marie avec Elle;
Il croit être fort asseuré
Qu’elle sera fidelle,
Le Pere Gaillard en répond
La faridondaine etc.
Elle pourra bien le tenir, biribi
A la façon etc.
Tandis que Vendôme est absent
Elle tient sa promesse ;
Mais au retour de cet amant,
Toujours plein de tendresse
La nouvelle épouse Fanchon,
La faridondaine, etc.
Sera fidelle à son mary, biribi,
A la façon etc.
On seroit fort étonné
Qu’elle eut quitté le monde,
Si le Jesuitte n’eut juré
Qu’elle n’est plus féconde;
Mais qu’elle fera tout de bon,
La faidondaine etc.
Son salut avec un mari, biribi
A la façon de barbarie mon ami.
Autre
1696
Sur l’air des Maintenons
Sur Mad.e Asselin fille de M.r le Bas
Qui n’a que des yeux noirs et du teint.
Sont-ce vos dents qui les yeux vous noircissent?
Sont-ce vous yeux qui les dents vous blanchissent?
Je n’en scais rien, car vos mains m’eblouissent.
Autre
1696
Sur l’air….
Mr. de Coulanges pour Madame de Manneville, dont le nom est Vaignon et celui de Mr. de Manneville est du Val, famille du païs de Caux. Son grand Oncle êtoit Commandeur.
Mignonette, bis
Ne danseront nous jamais sur ton lit
Les Olivettes.
Autre
1696
Sur l’air du Confiteor
Tant que Canillac eut du bien, *Montboissier
Il fut determine culiste ;
Mais à present qu’il n’a plus rien,
Le Boug… est devenu coniste :
Voyez a quelle extémité
Nous réduit la nécessité.
Autre
1696
Sur l’air des Noels faits en 1696
Les trois Rois sont en peine
Pour adorer l’Enfant,
N’ayant rien pour étrênne
Que la Mirthe et l’Encens,
N’ozant lui presenter les Billets en usage.
Car le boeuf et l’Anon, don don
De tous ces Papiers là, lala
N’auroient pas du Fourage.
Autre
1696
Sur l’Edit des Armoirie
Vous qui morde sur tout par mille voleries,
Marchands d’Edits, D’Arrêts, de Sceaux, et d’Armoiries,
Infames Maltotiers, vous paye qui voudra,
Je veux porter de gueule à 3. Etrons en face.
Nous verrons qui de vous le 1er y mordra.
Chanson
1696
Sur l’air Vous m’entendez bien.
Sur Mr. Delphini Nonce en France
Si le Nonce est au desespoir
Qu’on ait retranché son pouvoir.
Qu’on lui rende son Page,
Hé bien!
Il fera bon ménage,
Vous m’entendez bien.
Autre
Sur L’air L’Année est bonne
1696
Mad.e la Duchesse, à Mad. e la Princesse
De Conty fille du Roy.
Quoi! Vous nous reprochez le vin?
Nous vous verrons à la fin.
Vous êtes déja qu fromage
De Sassenage de Sassenage.
Autre
Sur L’air des Ennuyeux
1696
Sur la rupture du voyage de l’Abbé
Dangeau à Bourbon
Quoiqu’on ne sache qui perdroit
De l’Alcoran ou de la bible,
Si l’Abbé de Dangeau mourrot ;
Je n’en aurois un regret sensible.
Je scais mieux son mal, j’en répons
Que les Daquins & les Fagons.
Il ne peut encore digérer
Qu’au grand mépris de sa férule
On ait osé lui préfere
Un saibt selon lui trop crédule.
Une telle indigenstion
Ne se guerit point à Bourbon.
Le seul remede souverain,
Je le tiens d’un bon Empirique;
Mais il me paroist inhumain,
Et j’en déteste la pratique.
Faut pour sauver un Coursillon,
Décanoniser, Fenelon.
Chanson
1696
Sur L’air: Réveillez vous etc.
La Chambonneau est fort aimée
De son mari le Feuilladin;
La chose n’est pas decide,
S’il est plus fou qu’elle putain.
Autre
1696
Sur l’air depuis Janvier etc.
La femme du jeune Daquin,
Aussi géante ,qu’il est nain.
Nous a dit que depuis sa couche
Elle êtoit cruë de quatre doigts ;
Si c’est ailleurs que par la bouche,
C’est trop pour la premiere fois.
Chanson
1696
Sur l’air…..
Ah! quelle comparaison
De Ragotin [1] à la Divine [2]!
La Divine à un pie’ de C…
Ragotin n’a qu doit de pine.
Ah! quelle comparaison
De Ragotin à la Divine.
[1] Castelmoron
[2] Mlle. Chambonneau
Autre
1696
Sur le petit Air de la Fronde.
Aprés un illustre himencé
Laffey se voyait destinée,
A metre au jour des Coligny.
Sa fécondité se ravalle,
Et ne sert qu’à peupler Paris
De Décroteurs à la Royalle.
[1] …. Laffey femme de Mr. de Coligny, Colonel du Regiment de Condé Infanterie, dont le pere étoit attaché à Mr. le Prince.
Autre
1696
Sur l’air Vous m’entendez bien.
Termes ne parle plus au Roy.
Scavez vous la raison pourquoi?
C’est qu’a force de dire,
Hé bien!
Quelque fois on s’attire
Vous m’entendez bien.
Autre
1696
Sur l’air de Joconde
Quoique vous soyez à la Cour
De Madame de Guise. [fille de Gaflon une dévote.]
Ne renoncés pas à l’amour
Agréable Marquise; [La Marquise d’O.]
L’estat de la devotion,
Sauve les apparences,
Et l’on donne à sa passion
De secrettes licences.
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Contre le Roy Louis XIV
Que t’ont fair les pauvres humains?
Pour infecter Versailles,
Des Termes et des Flamarins, [Ils impar au Roy cequi se disoit.]
Et de telle Canaille.
Prétens-tu nous render dévoits?
Et banner la bouteille?
Crois moy, Louis, vit en repos
Et ca baiser ta vieille [La Maintenon]
Autre
1696
Sur l’air du Confiteor
Du tems d’un Empereur Romain,
On eut crû Termes un vray narcisse,
Accompagné de Flamarin,
Il eût soûtenu l’injustice,
L’exil, le fer et le poison;
Mais nous n’avons pas un Neron.
Autre
1696
Sur le petit Air de La Fronde
On dit que dessus la Frontiere,
Villeroy imittant Caillieres
Va nous render heureux à jamais;
Dieu bénisse son Ministere.
Qu’il scache au moins faire la paix
Un peu mieux qu’il n’a fait la guerre.
Autre
1696
Sur l’air: Ma mere mariez moy. Etc.
Par la Duchesse de Foix: sur la Princesse de Furstemberg
Ma Commere à tant de trous
Qu’on ne peut les boucher tous.
On l’entend toujours crier
Il me faut un vi…….. [bis]
On l’entend toujours crier
Il me faut un vitrier.
Chanson
1696
Sur l’air du Gaillardin
Sur M.lle Florence.
Mon Dieu que Florence est jolie?
Je voudrois bien
Pour contenter ma phantaisie,
Soir & matin,
Mettre mon petit Grimaudin
Dans son Château du Gaillardin.
Crie
1696
des Filles de St. Cir
Sainte vierge,
Ostez-nous Monsieur Thiberge.
Chanson
1696
Sur l’air…….
Madame de Mirepoix. Levys
Je suis fourbe, escroc au jeu ;
Yvrognesse effrontée,
Du moins j’ay ma dévotion;
Chaque jour je récite
Du bon Saint Julien l’Oraison;
Jugez si j’ay bongiste.
Autre
1696
Sur l’air: Robin Turelure lure.
Sur le Jubilé de l’année 1696
Vous mettez le Jubilé
En plaisant temps, je vous jure ;
Mais la pluspart des jeunes gens,
Turelure,
Ne le feront qu’en peinture,
Robin turelure lure.
Chanson
1696
Sur l’air des Rochelois
Sur……….de Verjus Comte de Crecy
Monsieur le Comte de Crecy,
Croyez moy tirez vous d’icy ;
Nous n’aimons que le vin d’Espagne.
Vos beaux discours sont superflus ;
Jamais les Princes d’Allemagne
Ne s’enyvreront de verjus.
Autre
1696
Sur l’air….
Par le Duc de la Ferté.
Je f….. sans cesse.
Castelmoron.
C’est ma maîtresse.
Fou…….du C……
C’est ma maîtresse.
Chanson
1696
Sur l’air des Ennuyeux, ou du Confiteor
Sur M.R de Barbezieux.
Moy qui suis Ministre d’Estat,
Si renommé par ma prudence,
Et qui posse avec éclat
Du Roy l’entiere confiance.
En vain je veux être cocu ; [Il se vantoit d’avoir trouvé le
Je le suis, et n’en suis point crû. Duc d’Elboeuf couché avec sa femme]
Cependant on a toujours crû,
Et c’est un droit du Cocuage,
Que qui se declare cocu
En est crû sur son témoignage;
C’est donc à moi seul aujourd’huy
Qu’un droit si juste est interdit.
C’est ce qu’au gros Rheims disoit,
Barbezieux écumant de rage,
Ce bon prélat le consoloit ;
Lui disant vous n’êtes pas sage,
Et puisque le Roy vous a crû,
C’est assés, vous êtes cocu.
Il avoit épousé en 1er le 12 sept. 1691. M.lle d’Uzés, et en 2er le n. Jan. er 1696 . Mlle d’Aligre dont il estoit jaloux a cause du Duc d’Elbeuf. On pretend qu’elle est morte, empoisonnée d’un poison lent, et la 1re aussi. Il a toujours êté aussi jaloux que brutal.
Chanson
1696
Sur l’air du Medecin Osane de Chaudrais
Qui dit a un homme qui lui demandoit reme-
De pour les vents, qu’il avoit plein le Coprs,
Qu’il allât à Dampmartin, ce que là les
Asnes qui pettoient le mieux y êtoient les
Mieux vendus.
Ces vers ont êté fais par une Religieuse
Du Tresor à 14 leies de Paris dans le vexin;
soeur, ou parente de M.lle de Vieuxpont sur
7 peteuses du Couvent.
Nous avons au Tresor, bis
Douzaine de Bouriques, bis
Et des asnes si forts
Qu’ils peteront en musique,
Enfin,
Qu’ils petteront en musique
A Dampmartin.
Celui que j’aime mieux bis [la superieure tres âgée à demy sourde].
Que j’espere bien vendre, bis
Helas! Il est si vieux,
Qu’il ne peut plus entendre
Enfin,
Qu’il ne peut plus entendre,
Qu’il pette bien.
La Bourique de Caen, bis [fille de Caen.]
Est bien la plus adroite, bis
Et tient le premier rang
Entre celles qui pettent.
Enfin
Entre celles qui pettent, [elle pette ingenieusement.]
Toujours tres bien.
Voyez ce grand baudet, [fille grande et fiere qui pette de
Quand je prends ma houssine, hautelutte quoiqu’on lui puisse dire]
Il jette le jarret,
Faut voir comme il roussine.
Enfin
Faut voir comme il roussine
Par le chemin.
L’autre d’un pas plus lent,
Et d’une grave mine ;
Elle jette tous ses vents,
En trompette Marine. [une prude qui pette melodieusement].
Enfin,
En trompette Marine
Soir & matin.
Le doux Rossingnoles bis [Elle chante bien et pette quand elle veut haut et
Du pais d’Arcadie, bas].
Pette gros et claires
Comme il lui prend envie,
Enfin
Comme il lui prend envie.
Fait il pas bien?
Chanson
1696
Sur l’air L’aire de lairelanlaire
Sur le depart du Roy d’Angleterre pour Calais le 28 Fevrier 1696.
Le bon Roy Jacques à cequ’on dit,
De st. Germain hier partis ;
Pour retourner en Angleterre :
Laire la, lairelanlaire,
Lairela, l’air lanla.
Je ne suis point épouvanté,
De son depart précipité;
Mais je crains pour lui quelque orniere.
Laire etc.
Ce n’est pas la premiere fois,
Que son gendre fin et matois,
Lui aura taillé des Croupieres;
Laire etc.
Dieu lui donne un voyage heureux;
Qu’a jamais lui et ses neveux,
Ne reviennent sur notre terre.
Laire etc.
Chanson
1696
Sur l’air des Diables d’Alcceste, ou Tout mortel doit icy paroître
Sur le Jubilé de 1696
Tout péché doit icy paroître
Si l’on veut être en Paradis,
Jubilé de tout maux deliver.
Il fait revivre
Les plus maudits;
Venez tous dedans ces saints lieux
Visiterent une Eglise,
La peine est remise;
Et l’on v adroit dans les Cieux.
Aussitôt que le Jubilé passé
Le péché s’efface,
Le Diable s’enfuit ;
Au pécheur le plus execrable,
Le plus detestable,
Tous le Ciel lui rit.
La Médaille,
Vaille que vaille,
Sans qu’on travaille,
Fait tant de fruit.
Qu’aussitôt que le Jubile passé
Le péché s’efface.
Le Diable s’enfuit;
Quelque flame
Qu’il reste en l’ame,
Pour homme ou femme
Jamais ne nuit ;
Car sitost que le Jubilé passé,
Le pésché s’efface,
Le Diable s’enfuit.
Chanson
1696
Sur l’air Vous m’entendés bien.
L’autre jour la jeune Isabeau,
En parlant du Pere Moreau ;
Disoit à sa Commere , Carme
Hé bien!
Vive un carme pour faire,
Vous m’entendez bien.
Un certain Marchant du Palais
Que l’on apelle la Frenais.
A fait à sa servante ;
Hé bien!
Une poupée qui chante,
Vous m’entendez bien.
Autre
1696
Sur l’air…..
Pour Madame la Comtesse de Quelus.
Faire vers le Ciel un prompt retour,
Ce n’est pas là vôtre affaire;
Laisser gronder tout le long du jour
Un Directeur trop sévere.
C’est son metier de blamer l’amour,
Et le vôtre de le faire.
Chanson
1696
Sur l’air des Ennuyeux
Par Coulanges
Sur la vanité mal placée des gens de rien qui font fortune.
Il ne faut point se deschaîner,
Contre un galopin qui prospere;
Mais au contraire, il faut loüer
Son esprit et son scavoir faire.
Aprés tout, a-t’il fort grand tort
De profiter d’un heureux sort?
Je lui laisse ses Coffres forts,
Je ne blame point sa dépense ;
Mais je veux avec ses trésors,
Toujours humble sur sa naissance,
Quand il bâtit une maison,
Qu’il y suprime l’Escusson.
Pourquoi l’arborer en tous lieux?
Et le promener par la ville?
Pourquoi presenter à nos yeux
Un Ornement qui n’est utile,
Que pour faire dire aux passans,
Son nom, son pais, ses parens?
Cette marque de vanité,
Fait parler de son origine,
En découvrant la vérité ;
En un mot, elle l’assassine;
Mais à qui ne se connoît plus,
Les bons avis sont superflus.
Celui cy, pour tous ces Messieurs,
Seroit encore nécessaire,
Comme entre eux, j’en connois plusieurs,
De mérite, et d’esprit; j’espere
Qu’ils recevront docilement,
Un second avertissement.
Quand vous possédés des Maisons,
Des Terres, d’antiques Noblesse ;
Laissés en refroidir les noms ;
Car quant on demande, qui est-ce?
Et qu’on vous donne un nom d’éclat,
La Montagne enfante le rat.
Encor ce changement de nom,
Loin de vous hausser, vous abbaisse,
Par là, comme par l’Escusson.
On vous drape sans fin, sans cesse ;
Soyez modeste, faites bien,
Le public ne dira plus rien.
Autre
1696
Sur le même Air
Par Coulanges
Sur la vanité des Baptesmes de Province.
Pour faire tenir vos Enfans,
J’entends, sur les Fonds de Batême;
Vous allez quester des parens
D’une condition suprême;
Et vos tirez de vos Ayeux
Ces parentez par les Cheveux.
Je scais qu’en Province on fait cas
D’estre allié d’une Princesse,
Qui vous Cousine a tour de bras;
Lorsque vous la traitez d’Altesse ;
Mais ce fade honneur, en un mot,
Est du tems du Roy Guillemot.
Ne remontez point dans les Cieux
Pour y chercher une Maraine;
Baissez modestement les yeux,
Vous en trouverez dans la plaine.
La Cousine avec le voisin,
La voisine avec le Cousin.
Autre
1696
Sur l’air des Cloches
Faite au camp de Compiegne, sur les cinq fils du Gendre qui alloient souvent de compagnie.
Megremint, Romilly,
Quincarnon, Berville aussi,
Colandre. Bis
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Bourbon* est a mon sentiment [lieu où l’on prend des Eaux].
Le plus beau lieu du monde ;
J’en veux célébrer l’agrément
Sur le ton de Joconde.
Mille beautez, qu’en ce séjour
Un même soin amene,
Nous font croire que de l’amour
C’est icy la Fontaine.
Vassé*, de vos premiers regards, [Grognes de Vassé].
On ne peut se deffendre ;
On court encore plus de hazards
Quand on peut vous entendre.
Nous sentons mille feux nouveaux
S’emparer de nos ames.
De Bourbon les Bains et les Eaux,
N’ eteignent point les flames.
Avec ce teint vif et fleury,
Ces yeux si seurs de plaire ;
La belle Lauzun est icy.
Dieux! Qui vient elle faire?
Vient elle chercher la santé,
Dans le sein de cette Onde?
Ou par les traits de sa beauté
Y blesser tout le monde?
Avoir de l’aimable Monfort,
Et l’air et la Noblesse ;
Qui de nous ne croiroit d’abord
Que c’est une Déesse?
Diane à moins de Majesté;
La Reine de Cithére
A mille fois moins de beauté
Et scait moins l’art de plaire.
Nous aurions besoin du Berger
Qui jugea les Déesses,
Pour pouvoir dans ce lieu juger
Entre nos deux Duchesses
Des Amours des ris et des jeux
La troupe se partage,
Et l’on ne scait chez qui des deux
On en voit d’avantage.
Les jours passent comme un moment,
Avec l’Ambassadrice ; [Mad.e de Meyereron Danoise].
Chacun à son esprit charmant,
A l’envie rend justice.
Les yeux les plus empresses
Sont toujours sur ces traces.
Ciel! Vient-il des Climats glacez
Tant de feu, tant de graces?
Charmante Abbesse en ce séjour, [Mad.e de Fontevraud].
Quand chacun vous révere;
Croyez moy l’on cache l’amour
Sous ce respect sincere.
A vôtre esprit comme à vos yeux,
Qui ne rendroit les armes?
Mais c’est seulement pour les Dieux
Que sont faits tant de charmes.
Vous avez pour nous enflamer
Un droit trop légitime;
Vous voir et ne vous pas aimer,
Comtesse, c’est un Crime; [de Sors]
Mais aussitost qu’on voit vos yeux ;
Un certain trouble aimable
Nous fait trop sentir qu’en ces lieux,
Personne n’est coupable.
La jeune de Sors sur ces bords
Paroît incomparable ;
Elle joint aux charmes du corps,
Un esprit adorable.
Que son entretien est charmant !
Notre Ame en est ravie.
Qui peut la voir un seul moment,
L’aime toute sa vie.
Jeune Pessard dans mes Portraits,
Vôtre esprit, vôtre grace,
Vôtre douceur ; et vos attraits
Demandent une place ;
Mais j’ay de trop foibles couleurs
Pour un si bel ouvrage ;
C’est l’amour qui dans tous les cœurs
Gravera vôtre image.
Muse, il nous faut trouver encor
Quelques graces nouvelles ;
Peignons un précieux trésor
De graces naturelles ,
Un esprit amusant, & doux,
Une beauté touchante.
Ces traits font reconnoitre à tous
L’aimable Lieutenante. [Mad. e Pasquier Lieutenante
particulière du Chastelet]
Ah ! que l’on gôute de douceur
Lorsque l’on vous écôute ; [Mad. e Rafard Religieuse de Vernon dont la
Que vôtre voix de nôtre cœur voix est admirable].
Découvre bien la route ;
Mais vous consacrez aux autels
Ces talens admirables.
Hélas! Pour les foibles mortels
Ils sont trop redoutables.
Chanson
1696
Sur l’air Elle est au Regiment des
Gardes comme un cadet
Faites à Sully par Coulanges
Les Dames d’Orleans
Prévoyans la froidure,
Ont pris dés le printems,
Et velours ,& fourure.
Voila les plus grandes nouvelles
De ce pays.
Et que les amans de ces belles,
Sont tous transis.
Autre
1696
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie
A Madame la Duchesse de Sully:
Par Coulanges
N’allez point à la grande Messe,
Il pleut dés la pointe du jour ;
La plus courte suffit, Duchesse ,
Pour peu qu’on soit loin de la Cour.
Autre
1696
Sur l’air: Il faut pour Dandermonde
Sur Mad.e la Duchesse de Sully.
Par Coulanges
Aller à grande Messe,
A Vespres, au Sermon,
A la Procession;
Je vois fort bien, Duchesse,
Que vous voulez un jour
Figurer à la Cour.
Autre
1696
Sur l’air; Car me maîtresse est jeune et belle
Sur la même
Par Coulanges
A Sully d’un coup d filet,
On prend Carpe, Perche & Brochet;
Mon Dieu qu’on y fait bonne chere!
Tous les Mets y sont à souhait;
Et la Duchesse qu’on révere
Y prend les coeurs au trébuchet.
Autre
1696
Sur l’air: Catin la belle jardinière
Par Coulanges
Les Dames de Sully pour prendre
De petits Oiseaux seurement;
De petits filets ont fait tendre ;
Mais leur manquant un Chathuant,
Une Cigogne* s’est trouvée
Tout à propos pour leur pipée.
* Une Bourgeoise de Sully de ce nom, hayë de toute la ville.
Autre
1696
Sur l’air des Ennuyeux
Réponse de M.r de Coulanges, à Mr. de Corbinelli, qui lui demandoit presentement son sentiment sur les Auteurs anciens et modernes.
Pour un tres vulgaire Rimeur,
Pour un insecte du Parnasse,
Vous me faites beaucoup d’honneur,
Corbinelli, je vous rends grace ;
Vous demandez mon sentiment,
Hélas! En ai-je un seulement?
Mon illustre amy, je me tiens
Dans mon ressort de balivernes ;
Quoi! Moy juger des modernes,
Je les honore au dernier point,
C’est pourquoi je n’en parle point.
Autre
1696
Sur l’air des Triolets
Faits à Pontroise par Coulanges
Pour Mesdemoiselles de Bouillon
La voyez vous? Vous dites non; [Mad.lle de Bouillon absente].
Hélas! J’en dis autant moy même
La belle & charmante Bouillon.
La voyez vous? Vous dites non.
Je ne la vois plus tout de bon
Celle que j’adore, et que j’aime ;
La voyez vous? Vous dites non.
Hélas! J’en dis autant moy même.
La voyez vous? Vous dites ouy, [M.lle dAlbres présente].
D’Albret cette belle Princesse ;
Car pour moy, j’en suis éblouy.
La voyez vous? Vous dites ouy;
Ses yeux, son teint épanouy
Inspirent certaine tendresse ;
La voyés vous? Vous dites ouy
D’Albret cette belle Princesse.
Jeune et belle Chasteauthierry, [M.lle de Chateauthierry est à Paris au
Vous tiendra-ton toujours en cage? Port Royal].
Il n’est cœur qu n’en soit mary
Jeune & belle Chasteauthierry.
Oyse en attendant un mary, [C’est à dire l’Abaye se St. Martin qui est sur
Vous demande sur son rivage les bords de la rivière de l’Oyse].
Jeune et belle Châteauthierry
Vous tiendra-t’on toujours en cage ?
Chanson
1696
Sur l’air: Il a battu son ….. frere
Réponse de Mr. de Coulanges, à Mad.e de Louvois, qui lui demandoit, en lui voyant lire l’Amadis, où il en êtoit?
Pour nouvelle et qui n’est pas fausse,
D’Amadis, Oriane est grosse,
Et Mabile en a le secret,
Qui répond à qui le demande,
Qu’elle à toujours crû sur ce fait,
Qu’à tel Saint viendroit telle offrande. [Ce sont tes propres Termes].
De Dannemarck la Damoiselle
Autant que Mabile fidelle,
Par scrupuleuse par bonheur.
Attend, dit on, que l’Enfant sorte
Pour l’emporteur à Mirefleur,
Et l’exposer à quelque porte.
Autre
1696
Sur le même Air:
Réponse à une pareille question, un autre jour, à Ancy le Franc.
Amadis par les soins d’Urgande,
Avec sa race belle et grande,
Dans l’Isle ferme, dort enfin;
Comme aussi le nain et Carmele
Maître Elizabeth, Gandalin,
Et la Danoise Damoiselle.
Maintenant un épais nuage,
Nous cache Palais et village,
Envelope bestes, & gens;
Mais Urgande nous fait promesse
Qu’on les reverra dans le tems
Que viendra Lizuard de Grece.
Par Coulanges
Autre
1696
Sur l’air de Joconde
A Madame la Marquise de Louvois par Coulanges
Avec les Chiens et les Guenons,
Joliment on badine ;
Mais on leur parle avec des tons
Qui blessent la poitrine,
Sans compter la malpropreté ;
L’on est toujours en peine
Quand la Guenon va d’un côté,
Et de l’autre la Chienne.
Autre
1696
Sur l’air: Tranquilles coeurs
Faite à Choisi, depuis que Madame de Louvois en est maîtresse, par Mr. de Coulanges.
Vous qui voyagez en batteau,
Et vous qui courez dans la plaine,
Respectés toujours ce Château,
Son origine est Souveraine;
A grands frais, le bâtit Louise d’Orleans.
Croyant vivre cent ans.
A la Princesse succeda
Monseigneur le Dauphin de France ;
Il y prit plaisir et l’aima ;
Ce fut sa Maison de plaisance ;
Mais un lieu plus Royal, et plus digne de lui,
A détrosné Choisy.
Chanson
1696
Sur l’air: Je gage de boire autans qu’un Suisse
Le séjour de St. Martin en Juillet * Abbaye prés Pontoise
1696
Non, il n’est point de douce vie
Que celle qu’on mene à Saint Martin;
Je le soutiens et le publie; non etc.
Dans celieu mon ame est ravie.
Non, il n’est point etc.
Toujours tres bonne Compagnie
Un Cardinal toujours serain. [De Bouillon]
Non, il n’est point etc.
Toujours tres bonne Compagnie ;
Non, il n’est point etc.
Une Table des mieux servie,
Et tres propres a chasser la faim.
Non, il n’est point etc.
Une table des mieux servie.
Non, il n’est point etc.
De boire, avez vous quelque envie ?
Où trouve-t’on de meilleur vin ?
Non, il n’est point etc.
De boire avec vous quelqu’ envie ?
On le peut sans Cérémonie ;
Mais ne soyez pas libetin.
Non, il n’est point etc.
On le peut sans Cérémonie.
Voulez vous de la simphonie,
Non, il n’est point etc.
Des fleurs, avec vous la manie ?
Parlez au Prieur Mercurin*. [Ce Prieur est curieux en fleurs, et prend soin
Des Jardins de St. Martin].
Non, il n’est point etc.
Des fleurs avec vous la manie ?
Vous vient il dans la fantaisie,
De vous baigner ? allez au baing.* *[le plus beau baing du monde dans la
Non, il n’est point etc. Riviere d’Oyse].
Vous vient il dans la fantaisie
De faire un tour dans la prairie ?
D’en faire cent dans le Jardin ?
Non, il n’est point etc.
De faire un tour dans la Prairie ;
Calesche et Chevaux d’Italie
Se trouvent toujours sous la main.
Non, il n’est point etc.
Calesche et Chevaux d’Italie ;
Non, il n’est point etc.
Dieu me preserve que j’oublie
La liberté qui regne enfin.
Non il n’est point de plus douce vie
Que celle qu’on mene à Saint Martin.
Autre
1696
Sur l’air de Joconde
Pour Madame de Bouillon, par Coulanges
Je ne suis point un papillon,
Ma taille est différente ;
Aussi pour l’aimable Bouillon
Mon amour est constante.
Content du trait qui m’a blessé,
Je le benis sans cesse ;
Pour peu que je sois caressé
Du Chien de ma maîtresse. ou Princesse
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Le petit Comte de Nicey enfant imaginaire des 2.des Noces imaginaires aussi de Mr. De Coulanges avec Mad.e de Louvois. Pour entendre ces Couplets et plusieurs autres qui roulent sur la même plaisanterie ; Il faut scavoir, Qu’il y avoit autrefois dans l’Abaye de Tarascon une Religieuse qui devint folle pour avoir veu le feu Comte de Moret fils naturel d’Henry IV. dans ses accés de folie, Elle ne parloit que de ses amours, et s’estoit persuadée qu’elle en avoit deux Enfans, un fils et une fille, quoiqu’elle ne l’eut veu qu’en passant, et comme on l’alloit voir souvent pour se réjouir, on la faisoit tomber sur ce Chapitre, aussitost Elle contoit son amour, toutes les perfections du Comte. Elle le pleuroit, et puis de ces deux mains elle montroit ses deux Enfans imaginaires, en disant qu’ils faisoient toute sa consolation. Voilà mon fils, voilà ma fille, les beaux enfans ! elle contoit en les montrant, com bien ils êtoient parfaits. Ce discours ne finissoit point, Et pluis après avoir bien parlé, elle disoit à la Dame qui l’entretenoit, les voyez vous, Madame ? non, Madame, repondoit l’Etrangere, ny moi non plus. Et sur cela elle versoit un torrent de Larmes.
Il faut scavoir encore que le Comté de Nicey en Bourgogne appartient à Madame de Louvois.
Le petit Comte de Nicé,
Est un petit prodige.
Un petit garçon fort bien né,
Qu’aisement on corrige.
Il a la douceur d’un Mouton,
Et de la grandeur d’Ame
Le voyez vous ? vous dites non ;
Ny moi non plus, Madame.
Et cependant de nos amours,
C’est le précieux gage
Madame, il faut l’aimer toujours,
Et lui faire avantage
Sitost qu’il sera grand garçon,
Lui donner une femme.
Le voyez vous ? vous dites non,
N’y moi non plus, Madame.
Courtenvaux, Barbezieux, Souvré,
Abbé ce petit frere,
A+ de Villeroy la beauté. + Et le port de sa mere
N’avez vous pas, Rocheguyon
Pour lui quelque tendresse?
Le voyez vous? Vous dites non,
Ny moy non plus, Duchesse.
Mareschale que j’aime tant,
Dites moy sans finesse,
Ne voyez vous point cet Enfant,
L’apoy de ma vieillesse?
Seroit il vrai que ce Poupon
Ne fût que fantaisie,
De la None de Tarascon,
Aurois-je la folie ?
Sur Mr. de Tonnerre
1696
Evesque de Noyon
Un jour de feste un Prélat d’importance ;
Mais un Prélat de sa haute naissance
Fort entesté, pour faire honneur au saint
Disoit la Messe ; et ce dévot contraint
Vouloit du peuple et respect et silence.
Lors dans l’Eglise entendant un grand bruit,
Qui lui parut profaner sa Noblesse,
Il se retourne, et d’un air brusque dit,
Feriez vous pis, peuple vil et maudit,
Quand un Laquais diroit icy la Messe ?
Chanson
1696
Sur l’air: L aire la, lairelanlaire
Sur les Courtisans
Au dehors ils semblemt heureux,
Et tout semble être fait pour eux ;
Au dedans ce n’est que misére.
Laire la, lairelanlaire,
Laire la lairelanla.
Chaque passion tour à tour,
Comme une espece de vautour,
Les déchire et les désespere.
Laire la etc.
D’une sotte gloire bouffis ;
Des Dieux ils s’estiment les fils ;
Sosie est peut être leur pere ?
Laire la etc.
Ce sont des Ballons que le sort
Pousse en l’air plus ou moins fort ;
Dont il se jouë en sa maniere
Laire la etc.
Des enfans à l’erreur livres,
Et de la vérité sévrés
Ils se repaissent de chimere.
Laire la etc.
Chanson
1696
Sur l’air: Depuis Jan.er jusqu’en avril
Le Chtr de St. Gilles sur l’Opéra de la Naissance de Venus. Les parolles de Mr. Pic la Musique de Mr. Colasse.
L’Abbé Pic, Colasse et Pécour,
Vont charmer la ville et la Cour.
Ils font sortir Venus de l’Onde;
La bonne Dame dit tout net
Je viens rendre heureux tout le monde ;
Chacun répond, c’est fort bien fait.
Pour ne point faire de jaloux,
Vénus prend Vulcain pour Epoux.
Que cette fin est admirable !
Chacun criant voyant cela ;
Peut on sans se donner au Diable
Faire un si charmant Opéra ?
Autre
1696
Sur l’air: Depuis Jan.er jusqu’en avril
Sur les Devotes du Pere Baudran, un peu accusées de Quietiseme
N’en riez point petit Baudran
Vous en avez au même rang,
Et je connois plus d’une Dame
Qui par vos devotes raisons
Se croyant au Chateau de l’ame
Va droit aux petits Maison.
Chanson
1696
Sur l’air: de Joconde
Mr. de la Monoye fit cet impromptu à laTable de M. le Duc aux Estats de Bourgogne peu de tems avant l’avanture du pauvre Santeuil.
Ne rimons jamais à Santeuil,
La Rime est trop funeste ;
Car c’est deuil, e’cueil, ou Cercueil,
Trois chose qu’on déteste ;
Rimons plustost au victorin,
Ce nom digne d’estime,
A l’honneur de rimer à vin,
Nous goutons cette rime.
Autre
1696
Sur l’air….
Sur M.lle Vagnon.
Vous êtes petite Vagnon
Votre nom du Prétoire,
Pour être mis dans l’histoire
Du grand Duc de Bouillon.
Chanson
1696
Sur l’air de la grosse Bourguignone.
Sur l’Apartement de M.r du Vivier à l’Arsenal
Chez le Prince des charmes,
Tout y paroît charmant ;
Il faut rendre les Armes
Dans son Apartement ;
Surtout son gout raffine,
Ce qu’il a de la Chine ;
Tous ses Miroirs, Tableaux et Cabinets
Sont chefs d’oeuvres parfaits.
Par Coulanges
Autre
1696
Sur l’air Sommes nous pas trop heureux
Faite à Sully en Novembre
1696.
Quand on est bien accueilly
D’une adorable Duchesse*, *La Duchesse Douairiere de Sully
Digne de toute tendresse,
On ne quitte point Sully.
Je déclare à qui s’estonne
De tous mes retardemens*, *On me demondoit ed d’autres lieux
Que sur la fin de l’Autonne
J’ay retrouvé le printems.
Par Coulanges
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Les Noces imaginaires de M.lle d’Albret avec le fils unique de M.r le Duc de Chaulnes qui n’a point d’Enfant.
Plaisanterie faite à St. Martin
Par Coulanges
La belle d’Albret pour certain,
Dans deux jours se marie;
Tout se prepare à saint Martin
Pour la Cérémonie.
Elle épouse un joly garçon,
Fait comme une peinture.
Le voyez vous? Vous dites non,
Ny moy, je vous le jure.
Il est fils d’un fort grand Seigneur,
Homme de conséquence.
Trois fois à Rome Ambassadeur,
Et Duc et Pair de France.
Son épouse dans Trianon,
Fera bonne figure.
Le voyez vous? Vous dites non,
Ny moy, je vous le jure.
Le petit Comte de Nicé * *Autre petit Sgr. Imaginaire
Qui bien loin d être beste,
Pour son âge est fort avancé,
Doit venir à la feste.
Il y brillera, ce dit on,
D’une riche parure.
Le voyez vous? Vous ditez non,
Ny moy je vous le jure.
On dit deja que dans un an,
La nouvelle Duchesse,
Pourra nous donner un Enfant
Digne de sa noblesse.
Qu’il sera joy ce poupon ;
L’aimable Créature!
Le voyés vous? Je croi que non,
Ny moy je vous le jure.
Que Chaulnes sera satisfait
De voir sa belle fille,
D’un rejetton aussi parfait
Augmenter sa famille;
Mais tout ce cy n’est que Chanson,
Qu’une pure chimere
Nous ne verrons rien, tout de bon,
Et je m’en desespere.
Chanson
1696
Sur l’air de Lampon
Sur St. Alire Peintre
Par Coulanges
Hé quoi! N’avez vous pas veu bis
Un Peintre nouveau venu? bis
Dans Vichy* chacun admire * lieu
Les Portraits de Saint Alire;
Lampons, lampons
Camara des lampons.
Ce peintre est des plus exquis, bis
Renommé par tout païs. bis
La nature toute pure
Est l’objet de sa peinture.
Lampons etc.
Il peint dans les Cabarets, bis
Ses pinceaux sont toujours prests; bis *Toutes les sottises qu’on voit
On ne peut les voir sans rire charbons nées sur les murailles
Le peintre de saint Alire;
Lampons etc.
Il prend pour six sols de pain, bis
Il boit pour six sols de vin. bis
Jamais rien pour la servant,
Dont elle n’est pas contente.
Lampons etc.
Il ne fait rien de perclus, bis
Il entend bien le rebus ; bis
Il fait le païsage,
Et l’hermite et l’hermitage.
Lampons etc.
Chanson
1696
Sur l’air: Creusons tous le Tombeau
Pour Mad. lle de Chasteauthierry* qui avoit si mal à la Machoire, un soir à St. Martin, qu’elle ne pouvoit, ni rire, ni manger. Ces Couplets furent faits en la voyant guerie le lendemain matin.
* Bouillon
Jeune Chastrauthierry*, *Depuis mariée au Duc de Montbazon, aîné
Comment va la Machoire? De la Maison de Rohan.
Vous avez bien dormie?
Vos yeux me le font croire,
Vous pourrez aujourd’huy
Rire, manger, et boire.
Non, vous ne serez pas
Encore longtemps pucelle;
L’himen à vous appas
Ne peut être rebelle.
Il renonce aux Ducats
Quand on est aussi belle.
Par Coulanges
Autre
1696
Sur le même Air
Le depart de Vichy.
Par Coulanges
Faut il déja revoir Paris?
Mon Dieu que la saison est belle!
Quoi! Quitter ce joly pais?
Où j’ay tant pris de Pimprenelle.
Abandonner ces prez, ces ruisseaux et ces bois
Et Madame de Foix. La Duchesse
Chanson
1696
Sur l’air de Joconde
Faite à Navarre prés Evreux; par Mr. de Coulanges.
Remerciment d’un Chapeau, à Mlle de Bouillon
D’un Chapeau fort bien étoffé,
Le present est honneste.
Princesse, vous m’avez coëffé,
Je sens tourner ma teste.
Est il rien qui le prouve mieux?
Et rien de plus bizarre,
Que destimé pour d’autres lieux
Je vous suive à Navare?
Autre
1696
Sur le même Air.
A Mr. le Duc de Bouillon au retour d’une malheureuse Chasse.
par Coulanges.
En dépit de tous vos projets,
Et de vos Equipages,
Quand vous faites dans vos forets
D’inutiles voyages,
Aprés vous être bien lassé
Quabd aucun cerf ne passe;
C’est que le comte de Nicé
Le détourne et le chasse. Ce Comte est invisible.
Chanson
1696
Sur l’air de la grosse Bourguignone.
Faite à St. Martin où sont nommez quatre Gentilshommes de Mr. le Cardinal de Bouillon, plus honnestes gens l’un que l’autre, les deux Chefs d’Office, les 2 de Cuisine, et le Maistre d’hostel, tous aussi plus habiles l’un que l’autre.
Je veux, c’est ma folie,
Chanter à Saint Martin ;
Sertes, Sainte Marie,
Raousset, Saint Germain; = les 4 Gentilhommes
Et da,s la bonne chere,
Chanter le scavoir faire,
De Damoiseau, du Puys, Sion, Fromont
Et du vrave du Mont. *M. d’hostel
Par Coulanges
Autre
1696
Sur l’air: J’aperçeus l’autre nuit en songe
Par Mad.lle de Bouillon
Par Coulanges
J’ay monté comme Philomele,
Mon tournebroche sur ce ton : *C’est a dire ma voix aussi rude
Mais pour y faire une Chanson, et discordante qu’un Tournebroche.
Je me creuse en vain la Cervelle.
Six vers ne suffisent pas
Pour chanter vos divins appas.
Une complaisance charmante,
De la douceur, de la bonté,
Beaucoup d’esprit, & de beauté ;
Une sagesse surprenante.
Six vers ne me suffisent pas
Pour chanter tant et tant d’appas
Chanson
1696
Sur l’air Et bon bon bon que le vin est bon
Sur les Moines
Par Mr. de Coulanges
Un Moine sécularisé, bis
Las d’avoir êté disguise ;
Un jour faisant débauche,
A ceux qui buvoient avec luy
De tous les Moines d’aujourd’huy,
Voulut faire une ébauche ;
Sachez, dit il qu’ils aiment tous
A chanter aussi bien que nous,
Et bonbonbon que le vin est bon
Par ma foy j’en veux boire.
Commençons par les Mendiant, bis
Tous gens doctes ou soy disant ;
C’est la crême des Moines.
Loin d’aller parmy les deserts
Imiter les feraces airs
Des Pauls et des Anotines ;
Retirez du monde et du bruit ,
Il chantent le jour et la nuit
Et bon etc.
Les vénérables Cordeliers bis
Montrent bien qu’ils sont les premiers
Des Couvens a Scandales ;
Surtout quand on les voit trinquer,
Il est aisé de remarquer
Qu’aucuns ne les égalle.
Des Disciples de St. Francois
Nul ne chante à plus haute voix,
Et bon etc.
Les Carmes qui par vanité, bis
De la plus haute antiquité,
Tirent leur origine
Par cet endroit édifiant,
Montrent qu’ Elie êtoit friant ;
On dit Carme en cuisine,
S’il faisoit comme ils font icy,
Sans doute qu’il chantoit aussi,
Et bon etc.
Les Révérends frères Prescheurs,
Fulminent contre le pecheurs,
Quand il sont dans la Chaire;
Mais ventre a table et dos au feu
Ils s’en ressouviennent si peu,
Qu’ils font tout le contraire
Quant ils ont fini leurs sermons,
Ils disent sur un autre ton,
Et bon etc.
Les Augustins du grand Couvent,
Sont ceux qui suivent les plus souvent
L’exemple de leur pere;
Sa vie aprend à ses enfans,
Qu’à son corps dans les jeunes ans
Il ne fut pas sévere
Ils suivront son austérité,
Aprés qu’ils auront bien chanté
Et bon etc.
Chez la Patronne de Paris,
Que les moines sont bien nourris,
Que les portions sont amples.
Exempts du soin de leurs pareils,
Il ne pechent point par conseils ;
Ils pechent par Exemples,
Et pour se mieux faire imiter,
Ils sont les premiers à chanter,
Et bon etc.
Les severes Bénédictins
Pour se remplir les intestins
Epuisent les Rivieres,
Tanches, Carpes, Truites et Brochets,
A chaque repas qu’on y fait,
Sont les mets ordinaires,
Qu’ils vont au Ciel l’esprit content,
En beuvant, mangeant et chantant
Et bon etc.
Les Celestins matin et soir
Sont plus longtems au réfectoir
Que dans leur Oratoire.
Par les regles de ce Couvent,
Ils n’est permis d’etre scavant
Qu’à branler la machoire ;
Quant ils ont beu tanquam sponsus,
Ils dissent pour leur Agimus.
Et bon etc.
Les jours de recreation,
Mettant bas la devotion,
Les Capucins austéres,
A rouge bord boivent trés bien
A la Santé de leur gardien
Qui fait raison aux Peres,
Et comme ils n’osent fredonner
On les entend naziller
Et bon etc.
C’est a Chaillot ce haut séjour,
Où je me rencontray un jour
De Saint François de Paule,
Qu’on y fait maigre grassement
Et qu’on y mange proprement,
Et la vive et la solle;
Les Minimes entre deux vins,
Chantent du ton des Capucins,
En bon etc.
De bons Escraseurs de raisins,
Ce sont parmy les Augustins
Des Capucins d’Ebenne ;
Boire le jour, mettre la nuit.
Leur longue barbe en des Etuis
Est leur plus grande peine.
Ils chantent dans tous les pays
Ainsi qu’ils le font à Paris,
Et bon etc.
A Rome l’on fut tres surprise
Quand les Théatins de Paris
Eurent changé de note ;
D’où vient qu’ils ont change d’accent
Demanda le Pape Innocent,
Aux Auditeurs de Roue?
Ils ont crû qu’avec le pleinechant
Ils diroient d’un ton plus touchant
Et bon etc.
Les Disciples de Loyola* *Les Jesuittes
Plus habiles que tous ceux là,
Ménagent leurs poitrines,
De peur d’altérer leurs Palais.
Ces Peres ne chantent jamais,
Ny vespres, ny Matines ;
Mais le jus qu’enferme l’ozier,
Leur fait chanter a plein gozier
Et bon etc.
Chanson
1696
Sur l’air du Ballet de la naissance de Venus
Vos yeux Brancas
Font bien du fracas
Sur les coeurs de tout le monde ;
On craint pourtant vos appas ;
Mais craignez charmante blonde,
Qu’à la Cour,
En donnant de l’amour,
Vous n’en preniez à vôtre tour.
Autre
1696
Raillerie de l’Opéra de la naissance
de Venus
Enfin nous verrons ce Balet qu’on nous vante;
La Musique est charmante ;
Elle est du petit Colas,
Dont le public fait cas :
Aprés son Céladon,
Il dit qu’il n’a rien fait qui soit si bon,
Et je crois qu’il a raison.
Mais pour la Simphonie,
Elle est d’un autre genie.
Dieu mercy on y voit par morceaux
Le grand Lully, Pécours ce beau jouvençeau,
Dans son cerveau prit ce dessein nouveau
L’Abé Pique a fait la Poësie; voila qui êtoit biau!
Chanson
1696
Sur l’air: Reveillés vous belle endormie
Malgré la vendange frugale,
Quand nôtre invincible Louis ;
Conclura la paix générale,
Combien nous vuiderons de maids.
Autre
1696
Sur le mesme Air
D’une Comedie Italienne
Comme l’hyver a des roupies ;
Cérés des bleds, Flore des fleurs ;
Ainsi Paris a des harpies ,
Greffiers, Sergents et Procureurs.
Comme on voit pancher la balance
Du costé du poids le plus fort :
Ainsi l’eclat du plumet chasse
La Robe et les petits Colets.
Comme on voit que la pleine Lune
Vient par Dégrez au Firmament ;
Ainsi j’en scay dont la fortune
A commencé par le Croissant.
Comme le vers hors sa Coquille
Se change en Papillon brillant ;
Ainsi hors sa Mandille ,
Paroist en Marquis important.
Comme un Coucou que l’amour presse,
Prend un nid que n’est pas à luy ;
Ainsi l’Officier a l’adresse
De pondre dans le nid d’autruy.
Comme l’air, cet Elément fade
Donne à vivre au Caméléon ;
Ainsi mainte fanfaronade
Sert a souper à maint Gascon.
Le fétu d’abord pirouëtte
Qu’il est auprés de l’ambre chaud ;
L’Ambre à Paris c’est la Grisette,
Et le fétu c’est maint Courtaut.
Chanson
1697
Sur l’air: Sommes nous pas trop heureux
Sur le Duc de Chaulnes
Par Coulanges
Quand reverrons nous Bercy?
Et les rives de la Seine?
Quand reverrai-je la plaine
Qui me conduit à Choisi?
Bien que Chaulnes en Picardie
Méritz quelque séjour.
Pour l’usage de la vie,
Vive l’enfant du fauxbourg.*
*La petite Maison de Mr. le Duc de Chaulnes à Bercy.
1697 Vers mis par Mr. d’Aubigni
au bas du portrait que ce Prince
lui avoit donné.
Ce Prince est d’etrange nature ;
Je ne scay qui diable la fait ,
Car il recompense en peinture
Ceux qui le servent en effet.
Autre
1697
Sur l’air: Vivez comme vos peres.
La révolte des Châteaux de Chaulnes, Picquigny, & Magny en 1697. Contre une petite Maison acquise par Mr. le Duc de Chaulnes, fort augmentée et fort embellie depuis, sur les bords de la Riviere de Seine à Bercy.
Par Coulanges
Quoi! ce Pere si sage,
Par nous si respecté!
Rogne nôtre appanage.
L’avons nous mérité ?
Et fait d’un enfant du fauxbourg
L’objet de son amour.
Il lui faut des Fontaines,
Des Meubles, des Tableaux,
Des Pots des Caisses pleines,
D’Orangers les plus beaux :
Enfin ce petit nouveau né
Va devenir l’aisné.
Emportez de colere,
Et Chaulnes et Picquigny.
Souffrirons-nous, mon frere,
Disent ils, à Magny,
Qu’in petit Cadet de deux ans,
S’esleve à nos dépens ?
Autre
1697
Sur le même Air
Réponse de la petite Maison, autredite, la vigne de Bercy, pour parler à la mode d’Italie.
Par Coulanges
Pourquoi tant de colere ?
Freres, filez plus doux ,
Enfant d’un même Pere :
Sans bruit accordons nous ;
Car tout au plus je ne prétens
Que des jouets d’enfans.
Soyez en Picardie
Superbement bastis ;
Voyez moy sans envie.
A deux pas de Paris
Donner des fleurs dans leur saison
A mon papa Mignon.
Enfant de bonne chere,
Enfant de liberté ;
Je suis plus nécessaire
Que vous pour sa santé.
A t’il besoin d’amusement ?
Il me trouve en tout temps.
Autre
1697
Sur le même Air
Réponse du petit enfant de Bercy.
Par Coulanges
* Cette chanson doit aller aprés celle qui suit, en êtant la Reponse.
Pourquoi me faire outrage ?
Vous qui m’estes si cher,
D’un Cruel voisinage
Si je souffre en hiver,
De ce voisinage en Eté
Vient toute ma beauté.
Qui du baing fait usage ,
En a le teint plus frais.
Le printems me ménage
Mille nouveaux attraits ,
Et s’en va meparer de fleurs
Des plus vives couleurs.
Je vous laisse, mon frere,
Vos Ifs et vos Ciprés ;
Jouissez de l’Eau clair,*
Qui vous vient a grands frais ;
Mais surtout profitez du vent,
Pour en avoir souvent.
* Les fontaines de Chaunes ne vont que par Machines à Chevaux, et à vent par un Moulin à vent.
Soyez bien encolere,
Mécontens et jaloux ;
Je n’y scaurois que faire,
Je me moque de vous.
Tous vos mépris sont superflus ,
Je n’y repondray plus.
Autre
1697
Sur le même Air
Le Château de Chaulnes aux autres Châteaux ses frères, au mois de Decembre 1697 sur le premier débordement de la Riviere de Seine.
Par Coulanges
De nôtre petit frere
Il court un villain bruit ;
On ne scaït que luy faire ;
L’on dit qu’il pisse au lit.
Mais aussi ce petit garcon
Boit plus que de raison.
Sur le 2.d Débordement
Scavez vous la nouvelle
Qui se répand icy?
Qu’encore de plus belle
L’Enfant pisse à Bercy,
Vingt Forests ne suffiroient pas
Pour lui sêcher des draps.
Cet enfant nécessaire
Pour les amusemens.
Toujours prest à bien faire,
Et qu’on trouve en tout temps.
Hélas! Ce beau petit garçon
L’hiver est un poisson.
1697
On pretend que l’on trouva sous la Table de
Louis le Grand, une piece de trente sols envelope dans un papier sur lequel êtoit escrit
LOUIS fils de Louis le juste,
Et petit fils de Henry le grand,
Vous series plus grand, et plus juste
Si vous n’etiez Louis d’Argent.
Souhait des Protestant François
pour le repos de Louis.
1697
LOUIS dedans ce siecle a present estimé ;
Plus sage que Caton, plus vaillant qu’ Alexandre ;
On dit que Dieu nous l’a donné,
Hélas! S’il le voulait le reprendre.
1697
Sur la mort du P. Joseph Capucin d’Apoplexie, sans Confession.
Sous ce Tombeau gist un bon pere,
Qui eut tant de discrétion ;
Que pour être bon sécretaire,
Il mourut sans Confession.
Chanson
Sur l’air d’un Noël
1697
Sur M.rs le Noble, et de Vizé*
* Donneau s.r de Vizé est le 1er Auteur du Mercure
De vos nouveaux Mareschaux
Les travaux,
Seront écrits dans l’histoire ,
Et le Noble et de Vizé ,
Si prisez.
Les couronneront de gloire.
Pater des Quiétistes
1697
Sur l’Air du Confiteor
Pater noster qui es in caelis.
Chrestiens avides du pur amour,
Et pleins d’un espoir mercenaire ;
Charmez du celeste séjour,
Vous y chercherez votre pere ;
Mais pour nous il est en tous lieux,
Et dans les Enfers comme aux Cieux.
Sanctificetur nomen tuum.
Je ne demande aucunement
Que vôtre nom l’on sanctifie ;
Si vous voulez absolument ,
Seigneur, que l’on le glorifie ;
On glorifiera ce saint nom,
Soit que je le demande ou nom.
Adveniat regnum tuum.
Vôtre Royaume a des appas,
Pour des Ames interressés ;
Les nôtres d’un motif si bas ,
Se sont enfin débarrasseés ;
S’il vient il nous fera plaisir ;
Mais Dieu nous garde du désir.
fiat volontas tua, sicut etc.
Afin qu’en terre comme aux Cieux,
Vôtre volonté s’effectüe ;
Vainement nous feronds des voeux.
Cette demande est superflüe,
Elle arrive infailliblement,
Résignons nous y seulement.
Panem nostrum etc.
Seigneur, nôtre pain quotidien,
Ne peut être que vôtre grace ;
Donnez-la moy je le veux bien ;
Ne la donnez pas, je m’en passe.
Quoique je l’aye ou ne l’aye pas,
Je suis content dans ces deux cas.
& dimitte nobis etc.
Si vous pardonnez mon péché,
Comme je pardonne à mon frere ;
Tant mieux, je n’en suis pas fâché.
Mais si pour moy plein de colere,
Vous me réprouvez à jamais,
Vous le voulés, je m’y soumets.
& ne nos etc.
Seigneur si vôtre volonté
Me met à ces grandes Epreuves
Qui désesperent le Tenté;
Mon Coeur pour vous donner des preuves
De mon humble Soûmission,
Consent à la tentation.
Sed libera etc.
Délivrez du mal temporel,
Et du vice, et de l’Enfer même ;
Ce Chrestien encore charnel.
Qui pour vôtre bonté vous aime.
Pour nous, soûmis à vos Arrêts,
Nous vous aimons sans interrêts.
Chanson
Sur l’air : C’est la pure vérité
1697
Sur M.r Puylon Medecin mort en 1697;
Laissant 120000 de bien. Il avoit esté Eschevin de Paris, n’estoit point marié.
On dit que le grand Paylon
A vecû comme un Caton.
Ce n’est qu’une médisance ;
On dit que son opulence ,
Ne vient que d’avoir presté
Sous bon gage sa finance,
C’est la pure vérité.
Chanson
1697
Sur l’air de Joconde
Sur M. de Fenelon Archevesque de Cambray
Pourquoi Prélat est tu resté
Si longtems en Province ,
Esloigné de ta parenté?
Esloigné de ton Prince?
N’aime-tu plus rien à la Cour?
Cesse-tu de lui plaire?
Que t’at’on dit à ton retour?
Explique ce mistere.
Tu fais paroître un Mandement
Digne fruit de tes veilles ,
Où se débite doctement
De profondes merveilles ;
Mais d’un ouvrage de ce prix,
Le monde est peu capable.
En ce tems en veut des Ecrits,
Contre un cas detestable.
Le bruit est que ce mot fameux
Respectueux Silence ,
N’est pas si mauvais à tes yeux,
Comme on le trouve en France ;
Mais ceux qui te consultant bien
Te font plus de justice ;
Un moment de ton entretien
Te purge de ce vice.
Chanson
1697
Sur l’air de Mai
Sur M. de Salignac Archevesque de Cambray.
Si de Cambray donne dans la Chimere,
Monsieur de Meaux* ne s’en écarte guere; * Bossuet, Evesque de Meaux
Paix!
Rome a decide l’affaire
Qu’elle n’entendit jamais.
Chanson
1697 Février
Sur l’air: C’est la pure vérité
Sur M.r de Noailles Archevesque de Paris
L’Archevesque à ce qu’on dit
Veut convertir tout Paris ;
Ce n’est qu’une médisance.
Au Seigneur point il ne pense,
Ce n’est qu’un zele affecté ,
Pour mieux plaire au Roy de France,
C’est la pure vérité.
On dit que nostre Pasteur
Fait l’aumosne de bon coeur ;
Ce n’est qu’une médisance.
L’On dit que par Conscience ,
Soûtenant sa dignité
Il bâtit* à toute outrance .
C’est la pure vérité.
* Mr. l’Archevesque fit alors rebastir l’Archevesché.
Autre
1697
Sur le mesme Air
Sur le Duc de la Feuillade (Aubusson)
La Feuillade, cedit on,
A renounce aux guenons ;
Ce n’est qu’une médisance.
Coligny (1) a de l’absence
De Chambonneau (2) profite ;
Le Duc paye, et d’autres dansent,
C’est la pure vérité.
(1) Marie-Constance-Adelaide de Madaillan de l’Espace, venue de M.r de Coligny en 1694.
(2) N……. Palustre de Chambonneau, d’une noblesse de Poitou. Elle avoit êté maitresse de Monsieur, et du Prince Philippe.
Autre
1697
Sur le même Air
On dit que le Parlement
Passe tout aveuglement ;
Ce n’est qu’une médisance.
On dit que pour récompence
De Harlay est asseuré 1er President
D’etre Chancelier de France
C’est la pure vérité.
Autre
1697
Sur le même Air
Sur M.r Pilon Medecin mort en 1697 laissé 1200 mt de bien.
Il avoit êté Eschevin de Paris, et n’êtoit point marié.
On dit que le grand Pilon
A vécu comme un Caton,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit que son Opulence
Ne vient que d’avoir presté
Sous bon gage sa Finance ,
C’est la pure vérité.
Chanson
1697
Sur l’air: C’est la pure vérité.
Sur Achille de Harlay fair Con. er d’Estat.
On dit qu’ Harlay au Conseil,
Va briller comme un soleil,
Ce n’est qu’une médisance.
On dit qu’a son ignorance,
Il doit cette vérité,
Bien mieux qu’ à son éloquence ;
C’est la pure vérité.
Autre
1697
Sur le même Air
Sur la du Rieux
On dit que la Durieux,
Aux hommes fait les doux yeux,
Ce n’est qu’une médisance.
+Elle se laisseroit baiser, + On dit que sans répugnance.
Si l’on faisoit les avances,
C’est la pure vérité.
Autre
1697
Sur l’air: Il a batu son petit frere.
De la Brou et de la Vieuville
Les deux plus grands C… de la ville.
Petit Gaston que prétends tu? Le duc de Foix
Croi moi, quitte ces deux Bougresses.
Je tiens ton pauvre V……. perdu
S’il ne se sauve entre leurs fesses.
Autre
1697
Sur l’air la vieille certain se fâche.
Ferrant a dans sa famille
Quatre enfants se portant bien ;
Il court un bruit par la ville,
Que s’il en avoit dix mille,
Et que chacun reprit le sien
Monsieur Ferrant n’auroit plus rien.
Chanson
1697
Sur l’air de Graveline
Sur les Jesuites
Pour ces Boug… de Sodomites
Que le feu du Ciel consomma ;
C’est l’avis des Peres Jesuites
Que ce ne fut pas pour cela ;
Mais c’est qu’ils vouloient f…. un ange
Dont le Cul sent la fleur d’Orange.
Autre
1697
Sur l’air de Griselidis
Sont-ce là les merveilles,
Que l’on ait à Paris,
Chassé les Maquerelles
Par un sévére Edit?
Puisqu’aujourd’huy
En plein repos chez Elles
J’ay trouvé la de Brou et la d’Alluy.
Acrostiche sur le nom de Philberte du Mas
1697
Pressé de ton amour charmante Philiberte
Hélas! Je vais tenter ma fortune ou ma perte,
Implorant de ton oiel arbiter de mon sort,
L’arrest de mon Bonheur, ou celui de ma mort;
Ie ne puis plus souffrir les rigeurs de ta flame,
Belle accorde à mon mal son unique didame.
Et sit u es sensible aux traits de la pitié,
Repassant dans un Coeur ma parfait amitié
Ta rigueur, mes douleurs, tes mépris, ma souffrance,
Et dans ta cruauté ma longue patience
Donne une recompense à ma fidélité.
Uerse sur mes travaux un don de ta beauté;
Montre toy aujourd’huy aussi juste que belle ;
Adorant mon amour d’un amour mutuelle
Soit joint ton Coeur au mien inséparablement.
A L’Ombre de Mr. de Turenne
1697
Sur la Victoire de
M.r le Duc de Vendosme
Héros dont la cendre est meslée
Avec celle de tous nos Rois ;
De ton superbe Mausolée,
Daigne écouter ma faible voix.
Je chante ta guerriere audace ;
Mais qui pourra suivre la trace
De tes illustres actions?
Je cherche en vain cette vaillance,
Qui soûmit jadis à la France
Les moins domptables nations.
Où sont les brillantes années
De tes triomphes éclatans?
Quelles fatales destinées
Ont fait changer ces heureux temps ;
Où la valeur et la prudence
Etant chez toy d’intelligence ,
Fournissoient à tous nos besoins,
Où ta troupe troujours tranquile,
Prenant ton Camp pour un azile,
Dormoit a l’abry de tes soins.
Habile en l’art de la retraite,
Comme dans celui des combats ;
D’une inévitable défaite
Tu scavois sauver tes soldats.
Jamais tu ne vis ton Armée
Par un plus grand nombre allarmée.
Les coeurs par ta voix rafermis,
Cherchoient à te combler de gloire ;
Si tu n’avois pas la victoire,
Tu l’ostois à tes ennemis.
Quand pour le malheur de la France
Tu descendis aux sombres bords
Dans Luxembourg, de ta vaillance,
Nous vîmes tes Nobles efforts ;
Catinat redoutable et sage,
Nous montroit encore ton image;
L’un par la Parque est abatu,
Et l’autre sans perdre la vie ,
Noble victim de l’envie ;
Cache son oisive vertu.
Avec ces héros la victoire
Semble avoir quitté nos Estats ;
De tant de hauts faits la mémoire
Fait en vain rougir nos soldats ;
L’art de vaincre n’est plus d’usage ;
Foible comme en son dernier âge
La France languit sans ardeur ;
Et sous cet inconstant Empire,
Presqu’en même tems l’on admire,
Et le courage et la tiedeur.
Ombre de ce grand Capitaine
Force donc l’Empire des morts,
Valeureux et sage Turenne
Reviens paroître sur nos bords ;
Entends de ta triste Patrie
La voix gémissante qui crie ;
Daigne encore venir nous aider.
Héros d’une gloire immortelle,
Dis nous au moins sur ton modele,
Quel mortel peut te succéder?
Mais de quelle eclarté soudaine
Mes sens tout à coup sont surpris?
J’entends la voix du grand Turenne
Qui répond à mes justes cris.
Elle vient à moi sans obstacle,
Escoûtons l’infaillible oracle.
Il veut nous parler clairement
Puisse enfin l’avis salutaire
Qu’ouvrira le Dieu tutélaire
Guérir nôtre assoupissement.
Si vous voulés de vôtre Empire
Voir renâitre les beaux jours,
Un mortel parmi vous respire,
Aqui l’on doit avoir recours.
Il est d’une race Royalle,
Sa valeur à la mienne égale,
Fera refleurir vos Estats ;
Mais gardez vous, quand il moissonne
Des Lauriers aux champs de Bellonne,
De détourner ailleurs ses pas.
C’est devant lui que Barcelonne,
Vid tomber ses forts boulevards,
Devant lui le Germain s’etonne,
Et l’Aigle baisse ses regards.
Tant qu’il resta dans l’Ausonie,
Dans tous les champs de Lavinie,
Il fit arborer vos Drapeaux.
Dés qu’il partit, la destinée
Vous remit dans une journée
Les fruits de ses Nobles travaux.
Ainsi dit l’Ombre fugitive,
Et puis repassant l’Achéron
Elle reprit bientost la rive
Qui mene au Palais de Pluton;
Pour elle la route est aisée
Aux lieux sacrés de l’Elizée,
Séjour pour les héros fondé ;
Aprés avoir suivi leur trace,
Elle fut reprendre sa place
Prés de Coezar et de Condé.
Chanson
1697
Sur l’air Mon Confesseur m’est rude.
Sur la mere de M.r de Caillieres qui a êté Plénipotentiaire à Riswick.
La vieille Cailliere,
En sortant d’un verger ;
Adit toute en colere,
Vous me faites enrager ;
Je scay cequ’il faut faire
Pour se bien satisfaire
Sans se mettre en danger.
Chanson
1697
Sur l’air: Reveillez vous belle endormie
Pour M.r le Prince de Conty, aux Polonois.
Peuple guerrier dont la vaillance,
Mérite un Roy de vôtre humeur.
N’en cherchez point d’autre qu’en France,
C’est le Pays de la valeur.
Aux appas de vôtre Couronne,
Plus d’un héros fait les yeux doux.
Si c’est la vertu qui la donne,
Conty doit l’emporter sur tous.
Il est brave, vaillant et juste,
Universellement aimé.
Il est du sang de nôtre auguste,
Sur ce modele il est formé.
Quand vous dissipates l’orage,
Preste a fonder sur vos Climats.
Cézar eut il fait d’avantage,
Que cequ’il fit dans ces Combats?
Depuis ce tems la Renommée
Nous a répeté millefois,
Que toute la France est charmée,
De la grandeur de ses Exploits.
Nos plus fiers soldats admirent
Sa fermeté dans les hazards ;
Nos Ennemis s’en étonnerent,
Et le prirent pour le Dieu Mars.
Haute Noblesse prospolite,
Si vos interrêts vous sont chers ;
Donnez vous un Roy qui mérite
L’Empire de tout l’univers.
Chanson
1697
Sur l’air de Pierre Bagnolet.
Admirés la valeur guerriere
Du grand Guillaume de Nassau,
Pour arrester cette ame altiere
Il ne faut qu’un petit ruisseau.
Ah! qu’il fait beau ;
Le voir, et le Duc de Baviere
Comme un Chat avoir peur de l’eau.
Là d’un esprit doux et tranquille,
En vain il faut dresser des Ponts ;
Lorsque Louis prent une ville
Aux yeux de ses fiers Escadrons
Fi du Poltron,
Qui n’ose aprocher d’une ville
Avec cent mille Compagnons.
Excusez son peu de courage
En pareilles occasions ;
Il est politique, il est sage ;
Il avoit son mal de poulmons,
Et ses raisons,
Pour n’en pas faire d’avantage
Devant Namur, que devant Mons.
Il eut un jour une infortune
Don't le souvenir est amer,
Lorsqu’il fit deux pertes pour une
Voulant secourir Saint Omer ;
Ce Stadhouder,
Prend toujours a bourse commune,
Pour ne scavoir tirer le fer.
Il scait ce ruse Capitaine
Espargner le sang des soldats ;
Quelle methode est plus certaine,
Que d’eviter tous les Combats?
Qui suit ses pas,
Ne se voit jamais à la peine
De perdre ny jambes, ny bras.
N’est-ce pas ester assés habille ?
Que lui serviroit plus de Coeur?
Il ne prétend point d’une ville
Se faire voir le deffenseur ;
Frivolle honneur;
Mais il est plus hardy qu’Achille,
Quand il faut être usurpateur.
Autre
1697
Sur le même Air
François zélés pour l’Evangile,
L’honneur de la Religion ;
Si devant vous on ne fait gille ;
Massacrez sans compassion,
Tois les Dragons
Qui vous ont arraché la Bible,
Et fait faire abjuration.
Autre
1697
Sur l’air du bransle de Metz
Pour les plaisirs des Coquettes,
Vive Marseille et son Cours ;
C’est le séjour des amours,
Et des intrigues secrettes ;
Et dés qu’on a fait le marché,
On va sous l’Arbre du péché.
Gros Arbre dans le cours, autour duquel on s’assemble.
On disoit que c’est la foire,
Où se vendent les beautez ;
On y vient de tous côtez,
Pour la blanche et pour la noire.
Et dés etc.
Belle et bonne Marchandise,
Est offerte à tous venans ;
Quand c’est de l’Argent comptant ,
On ne fait point de remise ;
Et dés etc.
Tout le monde de peut sans crainte,
S’y donner des rendez vous ;
La presence d’un Epoux,
N’y tient personne en contrainte ;
Et des etc.
Chanson
1697
Sur l’air: Tetigué si je tenois la fille à M.e Gervais
Sur Mr. Tambonneau
Tambonneau cebeau garçon,
A toujours le mot pour rire.
S’il se fait quelque Chanson ;
C’est lui qui la scait mieux dire ,
Je veux avoir le Moineau
De Nicolas Tambonneau ;
Vray Dieu le plaisant Oiseau.
Il en fit une sur moy,
Il disoit que j’estois belle ;
Mais je ne scais pas pourquoi,
Il dit que j’estois cruelle?
Je veux avoir le moineau
De Nicolas Tambonneau,
Vrai Dieu le plaisant oyseau.
Il me vint baiser, hélas!
Un jour faisant l’endormie ;
J’entendis qu’il dit tout bas ,
Ne voudrois-tu pas ma mie ,
Loger le pauvre moineau,
De Nicolas Tambonneau?
Vrai Dieu le plaisant Oiseau.
Tambonneau reconnut bien
Que je n’estois pas trop morte ;
Tant fit, qu’il trouva moyen
De me mettre de telle sorte
Que je logeay le moineau
De Nicolas Tambonneau.
Vray Dieu le plaisant oiseau.
Autre
1697
Sur l’air: Je ne boy plus, je vis comme un reclus
Pauvre Grisel,
Quand ton mal seroit tel,
Et que dans ton hostel,
Ta femme avec un tel
Etu fait péché mortel.
Falloit-il pas bien mieux cacher son vice,
Que de le faire éclater en justice?
Ton front
En at’il moins d’affront?
Ah! par ma foy
J’en use mieux que toi ;
Sitost que j’aperçoy
Quelque galand chez moy,
Je sort et me tient coy ;
Et cependant qu’on cajolle ma femme ;
Bacchus à soin de contenter mon ame.
Ainsi
Je n’ay point de soucy.
Pauvre Cressé,
N’est tu pas insensé?
De te croire offensé,
D’avoir ête fessé
Par un mari blessé ;
Les coups de fouët donnés dedans la forme;
Ne valent pas la peine qu’on informe;
Son Cul
En fut il moins battu?